エピソード

  • Les Restos Bébés du cœur, une structure singulière pour les familles précaires
    2024/11/25

    Des mamans africaines et leurs bébés aux Restos du Cœur. Environ 10 % des bénéficiaires des Restos du Cœur sont des bébés et 128 000 enfants de moins de 3 ans ont passé les portes des Restos en 2023-2024. Devant une hausse préoccupante des demandes, les Restos du Cœur élargissent leur accompagnement des familles précaires, notamment des plus petits, et lancent leur 40ème campagne nationale. L'association Resto Bébé du cœur située au centre de Paris, à deux pas de l'église saint Roch, est unique en son genre, car elle reçoit les bénéficiaires – essentiellement des mamans étrangères sans ressources – sur inscription, toute l'année. Avec une permanence le mardi et le jeudi. La structure compte 120 familles inscrites et reçoit environ 35 mamans par semaine.

    Opération Restos Bébés du Coeur

    À écouter aussiFrance : les pouvoirs publics ont-ils abandonné les classes populaires ?

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  • En France, des femmes ukrainiennes, mères de famille, face aux difficultés du quotidien
    2024/11/24

    Arrivées en France pour fuir la guerre en Ukraine, ce sont majoritairement des mères de familles, des personnes âgées ou à la santé vulnérable. Depuis mars 2022, l’Union européenne leur accorde le statut de protection temporaire, une autorisation de séjour provisoire avec laquelle les ressortissants ukrainiens peuvent travailler. Mais dans certains cas, l’insertion professionnelle, nécessaire à leur émancipation et à leur survie, est difficile.

    De notre envoyée spéciale à Metz, en Moselle, à l’est de la France,

    Chaque jeudi après-midi, dans le petit local du Centre ukrainien de Metz, Olga vient prendre quelques leçons de français, mais elle ne reste jamais très longtemps. Elle est arrivée de Kharkiv en mars 2022 avec son fils de 10 ans, qui a ramené dans ses valises le traumatisme de la guerre. « Son niveau est excellent, mais il ne parle pas, il ne mange pas, il ne reste pas déjeuner à la cantine et je dois chaque jour aller quatre fois à l’école, témoigne Olga. Parfois, il a une crise de panique quand il y a beaucoup de gens. Sa jambe est paralysée. Je pense que ce n’est pas psychologique, c’est psychiatrique... »

    Olga vit avec son fils, sa seule famille, dans un foyer. Pharmacienne en Ukraine, elle rêve d’un appartement à eux pour se reconstruire en toute intimité. Mais pour ça, il faut un emploi. « Je devrais faire une formation de trois ans pour valider que je suis pharmacienne. Maintenant, c’est impossible, regrette-t-elle. Je travaille comme femme de ménage. Avant de déjeuner, je fais un nettoyage. Après, je prends mon fils. Après déjeuner, je retourne à l’école et après, je fais encore un ménage. Tous ces obstacles, c’est dur. Parfois, je n’y arrive pas. »

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    « Mon diplôme, mon expérience maintenant, c’est rien. »

    À côté d’elle, Valentina est arrivée en France avec ses quatre enfants sous le bras et ne trouve pas de travail. C’est la gorge nouée qu’elle raconte sa nouvelle vie. « Je travaillais comme infirmière ou assistante médicale. J’adore mon métier. Malheureusement, ce n’est pas possible d’avoir un équivalent ici. Parce que mon diplôme, mon expérience maintenant, ça ne marche pas. C’est rien. »

    Sa seule solution, repasser les concours du médical. Mais pour ça, il faut obtenir un certificat de langue française et donc suivre des cours. Difficile à caser quand on est seule. « Quatre enfants, c’est beaucoup de travail. À la maison, je suis très occupée avec les enfants. Il y a toujours quelqu’un de malade. »

    Comme de nombreuses familles, Valentina devra quitter le logement social qu’elle occupe à la fin de la trêve hivernale, en mars 2025, date à laquelle la protection temporaire des Ukrainiens en Europe prend officiellement fin.

    À écouter dans L'invité international«Nous ne démantèlerons pas les outils de solidarité pour l’accueil des Ukrainiens», assure Joseph Zimet

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  • Procès Mazan: des formations pour sensibiliser les professionnels de santé à la soumission chimique
    2024/11/21
    C’est le procès dont on parle le plus en ce moment en France : celui des viols de Mazan. Cinquante hommes jugés à Avignon et accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, droguée à son insu par son ex-mari avec des anxiolytiques pendant 10 ans. Droguer une personne sans qu’elle ne s’en rende compte, à des fins délictuels, c’est ce que l’on appelle la soumission chimique. Une pratique loin d’être nouvelle, mais davantage médiatisée à l’occasion du procès Mazan. Pourtant, elle reste largement méconnue des professionnels de santé. Alors pour les aider à repérer et accompagner les victimes, des formations leur sont proposées, comme à l’Assemblée nationale. Ils sont médecins, sage-femmes, urgentistes et, pour beaucoup, toujours en études. Ils arrivent avec leurs interrogations. « Si on a une suspicion de soumission chimique, ne vaut-il pas mieux faire des prélèvements sanguins et urinaires dès les urgences ? », s’interroge une participante. Pour lui répondre, une médecin-légiste, spécialisée dans la prise en charge des victimes de soumission chimique : « Il faudrait former des professionnels, des infirmiers dans votre service qui soient en mesure de s’assurer que ce qui a été prélevé, a été prélevé correctement, dans les bons tubes. » Au dernier rang, Flavie griffonne quelques notes sur son carnet. En septième année de médecine générale à Paris, en France, elle n’a jamais étudié la soumission chimique : « On nous parle beaucoup des violences conjugales, des cycles de violence, mais c’est vrai que la soumission chimique, on n'en a pas entendu parler dans le cadre de nos études », observe l’étudiante.La soumission chimique est un impensé des manuels scolaires. Si bien que Margaux, étudiante sage-femme, l’assure : elle aurait bien du mal à déceler les symptômes d’une victime et à la prendre en charge : « Je n’en suis clairement pas capable et c’est pour cela aussi que j’ai choisi de venir, pour me former à cela, car je n’étais pas du tout à l’aise avec la question. C’est essentiel pour notre formation et pour que l’on puisse voir des femmes dans n’importe quel cabinet, dans n’importe quel service et pouvoir les aider. » « Il faut en parler et vulgariser »Aider, conseiller la victime, l’orienter vers le meilleur interlocuteur, c’est l’objectif de cette formation. L’intérêt est aussi d’éviter les errances médicales identifiées au procès Mazan. Gisèle Pelicot avait alerté ses médecins, évoquant des douleurs gynécologiques, des pertes de mémoire, mais aucun n’avait établi de lien avec la soumission chimique. Pour la gynécologue Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes, ce sont donc de nouveaux réflexes qu’il faut acquérir : « Quand une personne va voir le médecin et lui dit : "Je me sens bizarre, je m’endors facilement", au lieu de dire : "Elle est folle", il faudrait tout de suite penser à des substances qu’elle prend malgré elle. Il faut toujours interroger le patient qui, peut-être, vit des choses dont il ne va pas vous parler spontanément. Mais si vous posez la question, il va vous les dire. »L’autre question posée par le procès Mazan est de savoir comment l’ex-mari de Gisèle Pelicot s’est procuré autant d’anxiolytiques, sans que cela alerte son pharmacien. Pour Ghada Hatem, il faut engager une réflexion autour du médicament : « Vous pouvez aller avec une ordonnance dans quatre pharmacies ou bien chez trois médecins différents en disant : "J'ai du mal à dormir". Chaque médecin, en toute bonne foi, va vous prescrire une, deux ou trois boîtes d’un médicament. Donc, il faut réduire les stocks. Et malheureusement, aujourd’hui, on ne contrôle pas trop ce que les gens achètent. C’est pour ça qu’il faut en parler, et vulgariser. »Après une journée d’écoute attentive, Flavie confirme l’intérêt de cette formation : « C'est intéressant de savoir comment cela fonctionne et comment les patientes sont prises en charge. Ça devient plus concret. » L’étudiante promet de partager ce qu’elle a appris avec d’autres étudiants.À lire aussiAffaire Mazan: Gisèle Pelicot fustige une société «machiste» qui doit «changer de regard sur le viol»
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  • À Toul, la statue du général Marcel Bigeard, tortionnaire de la guerre d'Algérie, fait polémique
    2024/11/20

    C’est une statue qui fait polémique. À Toul, dans la région Grand Est, une sculpture du Général Marcel Bigeard a été érigée le mois dernier. Célébré comme héros de la résistance et de la guerre d'Indochine, le militaire cache aussi un passé de tortionnaire au temps de l’occupation française de l’Algérie. Un visage terrifiant que n'ont pas oublié les Algériens victimes de ses méthodes et leurs descendants, dont certains résidents aujourd'hui, à Toul, à deux pas de la statue récemment sortie de terre.

    De notre envoyée spéciale à Toul,

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  • Face aux fermetures d'usines, les salariés de Michelin s'organisent
    2024/11/19

    L’hiver en France s’annonce difficile sur le plan social. D’après les services de l’État, plus de 50 000 entreprises seraient en difficulté en France. Le ministre de l’Industrie dit s’attendre à des milliers de suppressions d’emplois dans les mois à venir. La CGT avance même le chiffre de 150 000 emplois menacés. Début novembre, Auchan et Michelin ont donné le « » avec des plans sociaux qui laissent plusieurs milliers de salariés sur le carreau. Le spécialiste du pneu va fermer deux usines à l’ouest de la France, à Vannes et Cholet. Cholet où les salariés tentent de faire face.

    Devant l’usine, les salariés en colère ont amassé un gigantesque tas de pneu surplombé d’une potence, où se balance au bout d’une corde un mannequin vêtu du bleu de travail des ouvriers d’ici. « Michelin assassin » est tagué avec rage à côté du pendu.

    À l’arrière, les grilles sont fermées, protégées de part et d’autre par les salariés. Bastien You, ouvrier et militant CGT, explique que le camion qui devait livrer les matières premières à l’usine est empêché de rentrer : « On est quelques-uns à être en grève ou en absence indemnisée. C'est protéiforme, cela ne rentre pas das des cases. Mais ce qui est sûr, c'est que depuis deux semaines, il y a 150, 200 travailleurs qui se relaient pour tenir le piquet, le jour et la nuit. Là, on a des camarades qui sont venus pour empêcher le camion de rentrer. Parce que, même s'ils se disaient qu'aujourd'hui, ils n'avaient pas les moyens de faire grève, ils n'ont aucune envie que les camions repartent, car c'est leur seul moyen de pression face à Michelin. »

    Un sentiment d'abandon

    Dans la foule des ouvriers, Mohamed, 36 ans chez Michelin : « C'est un dégout total parce qu'en 36 ans, on pensait connaître la boîte, mais on s'aperçoit qu'ils n'ont aucun respect pour l'humain, ils nous ont pressé comme des citrons. J'étais en équipe, donc on est complètement usés : des problèmes de tendinite aux épaules, aux genoux, et puis maintenant qu'on est détruits, ils nous balancent vulgairement quoi ! »

    Xavier Cailloux, délégué syndical CFDT, est résigné. Pour lui, l’avenir du site est scellé, la production ne reprendra après 2026 : « C'est donner un faux espoir aux salariés et les salariés n'ont pas besoin d'avoir de faux espoirs. Il faut avoir une certitude. Une certitude de partir avec un chèque décent, une certitude d'avoir une formation à la hauteur de ce qu'ils ont besoin pour pouvoir se reconvertir, C'est quand même une population – comme beaucoup d'usines françaises – assez vieillissante. Donc, on ne se reconvertit pas comme cela, il faut se donner les moyens. Il n'est pas question que 20 %, 25 % des gens qui sont là, moi y compris, après tout ce qu'on a donné, finissions notre carrière au chômage, comme des malpropres. »

    « Préparé depuis très longtemps »

    L’usine de Cholet a 60 ans, les locaux sont vétustes, et malgré plus de 3 milliards d’euros de bénéfices en 2023, Michelin n’a pas investi dans le site, déplore Richard Grangien, délégué syndical CGT : « Nous avons des bâtiments qui sont vétustes, l'atelier des cuissons qui s'écroule même, c'est un atelier qui est sur deux étages. C'est bourré d'amiante, le sol s'écroule. Donc, oui, il n'y a pas eu d'investissement du tout, cela est sûr. C'est préparé depuis très longtemps, cela ne vient pas du marché chinois qui se réveille ou quoi que ce soit ! »

    Après quelques heures, le camion finit par rebrousser chemin sous les applaudissements des ouvriers, les huissiers mandatés par la direction ont acté le blocage. Une joie de courte durée, car beaucoup s’inquiètent pour l’avenir.

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  • Faute de place spécialisée, Kahil est privé d'école, à neuf ans et gravement handicapé
    2024/11/18

    En France, certains parents sont en grand désarroi. Alors qu'une dizaine de millions d'élèves sont scolarisés, d'autres enfants restent sur le banc de touche et peinent à trouver une place dans un établissement en raison de leur handicap. On estime qu'ils sont au total 11 000 à attendre une place dans un Institut médico-éducatif. Parmi eux, il y a Kahil, 9 ans qui est né avec un handicap moteur et mental. Rencontre avec Kahil, ses parents Iteb et Jean-Christophe Moreno et sa sœur Inaya, dans un parc de jeux à Gênas, dans la banlieue lyonnaise.

    C'est un petit bonhomme de neuf ans qui ne tient pas en place, nous dit sa maman : « Il adore jouer, il bouge beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il a vraiment besoin de contact avec les gens. Il est demandeur de cela. C’est un enfant qui a la joie de vivre. » Et c’est aussi l’avis de son père Jean-Christophe : « On a du mal à l'arrêter, c'est le genre de petit garçon où l'on cherche le bouton pour l'éteindre, parce qu'il est toujours en train de courir, sauter. »

    Khalil souffre du syndrome de Rubinstein-Taybi (SRT), une maladie rare qui engendre un retard physique et mental. Âgé de neuf ans, Kahil a l'âge mental d'un enfant d'un an et demi, il ne parle pas. On comprend facilement que même le dispositif Ulis, qui propose au sein de l'établissement scolaire un enseignement adapté, n'est pas fait pour lui. « C’est un bon dispositif, mais ce n'est pas adapté au handicap de Kahil, parce que Kahil est handicapé à 80 %, déplore sa maman, Iteb. C'est pour cela qu'il lui faut une école adaptée. Il est inscrit dans plusieurs écoles spécialisées. On appelle des IME (Institut médico-éducatif, NDLR) Il est sur liste d'attente, cela fait six ans. On a eu beaucoup de refus, personne ne prend Kahil. »

    Pourtant, le petit garçon pourrait progresser et s'épanouir. Mais pour cela, il a besoin d'une approche pluridisciplinaire dispensée justement par un IME, comme l'explique Jean-Christophe, son papa : « Dans ces instituts, on a des professionnels de chaque métier, des psychomotriciens, des psychologues, des kinésithérapeutes et du coup un corps médical qui va pouvoir l'accompagner tout au long de sa "scolarisation", pour qu'au moins, ils puissent le faire progresser. »

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    « Rien n'est adapté pour les enfants handicapés »

    Seulement, le nombre de places en IME n’a pas évolué depuis 20 ans. Iteb dénonce l’hypocrisie des dirigeants quand ils parlent d'écoles inclusives : « Dans leurs discours, c'est "On inclut les enfants handicapés". Dans la réalité, ce n'est pas du tout le cas, rien n'est adapté pour les enfants handicapés, c'est un calvaire. Donc ce n'est pas de l'inclusion, c'est tout l'inverse. »

    Faute de solution, Iteb et Jean-Christophe ont eu l'idée d'ouvrir un Big Top, un immense parc de jeux pour occuper et s'occuper de leur fils. « Il faut toujours être sur le qui-vive. Regardez, depuis tout à l'heure, je reste avec Kahil, je le surveille parce qu'on ne sait jamais. Il n'y a pas de moment de répit, à part quand il dort. »

    Pas de scolarisation donc pour Kahil et forcément des conséquences sur la vie familiale. L'enfant de neuf ans prend beaucoup de place. Mais Inaya, sa petite sœur en robe de princesse ce jour-là, n'éprouve pas de jalousie. Du haut de ses six ans, elle comprend que ses parents s'occupent particulièrement de Kahil. « Ce n'est pas grave. Moi, je sais faire, je n'ai pas besoin d’aide et j'aime mon grand frère, plus que tout. »

    La petite fille prend les mains de Kahil, qui balance ses bras, et lui chante une chanson.

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  • Agriculteurs en colère: l'accord avec «le Mercosur est une goutte qui va faire déborder un vase déjà plein»
    2024/11/17

    La principale organisation agricole appelle à la mobilisation lundi 18 novembre partout en France : La FNSEA veut dénoncer le Mercosur. Le traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays d’Amérique du Sud, examiné à Rio au G20, porterait atteinte à la souveraineté alimentaire de la France, clament-ils. Mais dix mois après une mobilisation historique, les agriculteurs réclament aussi des actes du nouveau gouvernement pour leurs revenus. Reportage au nord de Paris dans le département de l'Oise

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  • À Nantes, l'un des plus grands bidonvilles de France doit être évacué
    2024/11/14

    À Nantes, entre 700 et 1000 Roumains vivent dans des conditions extrêmement précaires sur une ancienne déchetterie. C’est l’un des plus grands bidonvilles de France. Mais la métropole veut récupérer l’emplacement. Son plan d’évacuation, « une résorption » selon ses termes, prévoit d’accompagner les familles en leur proposant des logements. Un projet ambitieux de 80 millions d’euros qui vient de débuter et un immense défi humain.

    De notre correspondant à Nantes,

    C’est au pied de la cheminée bleue d’une usine de traitement de déchets qu’Adrian, 26 ans, a construit sa vie avec sa femme, ses deux enfants et ses parents. Sous leurs pieds, une ancienne décharge à ciel ouvert. Ils étaient parmi les premiers installés en 2018.

    Philippe Barbo est le fondateur de plusieurs associations d’accompagnement de familles roms. Témoin de l’installation de 700 à 1 000 personnes, dont 40 % d’enfants, non scolarisés pour la plupart, dans ce bidonville, pour lui cette situation est le résultat d’une politique d’une vingtaine d’années : « Un, une politique de la patate chaude : des familles qui sont venues d’autres communes qui les ont expulsées. Deux, de la politique de l’immobilisme : pendant quinze ans, on n’a rien fait. Et puis, c’est la politique du pourrissement. »

    Peu, comme Philippe Barbo, se sont intéressés au sort de ces Roms. Ils n'ont pas choisi la région nantaise par hasard pour s'installer : « La région nantaise offre des perspectives de travail non qualifié. Ils ont des origines rurales agricoles en Roumanie et donc [ils connaissent] le travail dans le maraîchage, dans la viticulture. Et ils ont des parcours d’activité annuelle quasiment complets. »

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    « L’insertion par le logement »

    Mais cette main-d’œuvre va devoir partir. Nantes métropole veut récupérer l’emplacement pour son pôle d’écologie urbaine qui prévoit notamment d’agrandir la déchèterie attenante. Une résorption plutôt qu’une expulsion, selon ses termes, avec un diagnostic social des familles qui vient de débuter.

    « Le but de Nantes métropole, qui défend l’insertion par le logement, c’est : ceux qui peuvent entrer directement en logement y entrent et ça, ça représente 10, 20, 30 % maximum », explique Philippe Barbo.

    Les autres pourraient s’installer sur des terrains d’insertion temporaire, toujours dans l’optique d’intégrer des logements ordinaires pour favoriser leur inclusion. Mais cela a ses limites, selon Philippe Barbo. « Bien sûr qu’on défend le droit commun, mais on voit bien que ça ne répond pas forcément à la demande de ces familles-là qui ont des modes de vie très familiale. Et les logements sociaux aujourd’hui ne peuvent pas répondre à ce type d’habitudes de vie. Donc on pourrait aussi imaginer d’autres modes d’habitat, par exemple des terrains familiaux où là, ils pourraient vivre avec la grande famille. »

    Autre frein : le loyer. Certains font des allers-retours en Roumanie et ne sont pas en capacité de payer lors de ces 2-3 mois d’absence. Mais ce n’est pas le cas d’Adrian. Lui rêve d’un logement pour sa famille et peut verser un loyer. « Si on travaille, c’est normal, si on veut être intégrés en France, il faut suivre les règles de la France, il faut payer tout, comme tout le monde », assure Adrian. Mais il devra être patient, l’opération doit durer 4 ans.

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