• Déficit: la majorité se divise, le gouvernement menacé

  • 2024/04/07
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Déficit: la majorité se divise, le gouvernement menacé

  • サマリー

  • Bien supérieur aux prévisions gouvernementales (4,9%), le déficit de la France - 5,5% du PIB en 2023 - peut avoir des conséquences potentiellement explosives.

    Le gouvernement français ne peut faire autrement que de le dire, il cherche dix milliards d'euros d’économie pour cette année, vingt milliards pour l’an prochain. Avec ce dérapage budgétaire, les conséquences financières peuvent s’avérer terribles. Le 26 avril prochain, deux agences de notations, Fitch et Moody’s vont se pencher sur la note de l'exorbitante dette française, de plus de 3 000 milliards d'euros. C’est dire si la pression est forte et à cela s’ajoute un contexte politique délicat.

    Convaincre sa propre majorité

    Ça commence déjà en interne. Le 2 avril, le Premier ministre a dû, comme la semaine précédente, arriver de bonne heure à l’Assemblée nationale. Gabriel Attal a été contraint de s’inviter à la traditionnelle réunion de groupes des députés Renaissance, contraint de rassurer ses troupes, divisées sur la méthode à adopter pour trouver de l’argent.

    Les élus les plus à gauche s'interrogent sur la ligne Attal. Quand ce dernier refuse des hausses d’impôts, plusieurs députés macronistes appellent à instaurer une taxe sur les superprofits. Dans leurs rangs, on retrouve notamment Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.

    Autre divergence notable : la réforme de l’assurance chômage, annoncée par Gabriel Attal sur TF1, fin mars. Si le Premier ministre se défend d’une mesure de finance et plaide pour un hasard du calendrier, certains dans l’aile gauche craignent que cela ne soit pas perçu autrement « que comme des économies sur le dos des chômeurs ».

    Pour rassurer, le chef du gouvernement s'est dit prêt à adoucir sa réforme - potentiellement réduire la durée d’indemnisation à 14 ou 15 mois contre les 12 initialement envisagés. Il a également annoncé la création d’une « task force », un groupe de députés chargés de réfléchir à ce qu'il appelle la « taxation des rentes ». Il faut comprendre : les revenus indus à la faveur de la crise ukrainienne notamment des énergéticiens.

    Méfiants, plusieurs députés ont boycotté la réunion de ce mardi. L’un deux, contacté par RFI, s’agace notamment de « l’excès de communication » de Gabriel Attal. Il se demande aussi si c'est bien lui qui décide de la politique économique, s'étonnant de la confiance accordée au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui porte, selon lui, « une grande part de responsabilité » dans l'état des finances publiques.

    Le patron de Bercy, qui vise une candidature en 2027 et bien que recadré plusieurs fois fin mars par le président, se permet effectivement quelques libertés. La dernière en date, une tribune publiée le 2 avril dans les Échos dans laquelle il refuse catégoriquement toute hausse d'impôts et nuance les effets d'une taxe sur les rentes. Ambiance.

    La droite prête à renverser le gouvernement

    L’autre menace, prise très au sérieux par l’exécutif, c’est la motion de censure envisagée par Les Républicains (LR), parti historiquement attaché à la rigueur budgétaire. Le président des LR évoque ouvertement cette possibilité, reste à connaitre le calcul des troupes d’Eric Ciotti.

    Est-ce pour forcer l'exécutif à inclure dans un projet de loi de finance rectificatif, les mesures d'économies défendues chaque année par les Républicains lors de l'examen du Budget ? LR envisage-t-il sincèrement de renvoyer le gouvernement pour imposer un premier ministre de sa famille ? Sans écarter le risque d'une dissolution.

    Et puis quel tempo, quand déposer cette motion ? Maintenant ? Au risque d'être taxer d'opportuniste à l'approche des européennes. Après les élections ? Avant ou après les Jeux olympiques ? L'incertitude est savamment entretenue et on s’inquiète en haut lieux.

    Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a tenté de réunir plusieurs cadres LR la semaine dernière pour commencer à négocier. Ils l'ont poliment éconduit. Les prochaines semaines s'annoncent pleines de turbulences.

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あらすじ・解説

Bien supérieur aux prévisions gouvernementales (4,9%), le déficit de la France - 5,5% du PIB en 2023 - peut avoir des conséquences potentiellement explosives.

Le gouvernement français ne peut faire autrement que de le dire, il cherche dix milliards d'euros d’économie pour cette année, vingt milliards pour l’an prochain. Avec ce dérapage budgétaire, les conséquences financières peuvent s’avérer terribles. Le 26 avril prochain, deux agences de notations, Fitch et Moody’s vont se pencher sur la note de l'exorbitante dette française, de plus de 3 000 milliards d'euros. C’est dire si la pression est forte et à cela s’ajoute un contexte politique délicat.

Convaincre sa propre majorité

Ça commence déjà en interne. Le 2 avril, le Premier ministre a dû, comme la semaine précédente, arriver de bonne heure à l’Assemblée nationale. Gabriel Attal a été contraint de s’inviter à la traditionnelle réunion de groupes des députés Renaissance, contraint de rassurer ses troupes, divisées sur la méthode à adopter pour trouver de l’argent.

Les élus les plus à gauche s'interrogent sur la ligne Attal. Quand ce dernier refuse des hausses d’impôts, plusieurs députés macronistes appellent à instaurer une taxe sur les superprofits. Dans leurs rangs, on retrouve notamment Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.

Autre divergence notable : la réforme de l’assurance chômage, annoncée par Gabriel Attal sur TF1, fin mars. Si le Premier ministre se défend d’une mesure de finance et plaide pour un hasard du calendrier, certains dans l’aile gauche craignent que cela ne soit pas perçu autrement « que comme des économies sur le dos des chômeurs ».

Pour rassurer, le chef du gouvernement s'est dit prêt à adoucir sa réforme - potentiellement réduire la durée d’indemnisation à 14 ou 15 mois contre les 12 initialement envisagés. Il a également annoncé la création d’une « task force », un groupe de députés chargés de réfléchir à ce qu'il appelle la « taxation des rentes ». Il faut comprendre : les revenus indus à la faveur de la crise ukrainienne notamment des énergéticiens.

Méfiants, plusieurs députés ont boycotté la réunion de ce mardi. L’un deux, contacté par RFI, s’agace notamment de « l’excès de communication » de Gabriel Attal. Il se demande aussi si c'est bien lui qui décide de la politique économique, s'étonnant de la confiance accordée au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui porte, selon lui, « une grande part de responsabilité » dans l'état des finances publiques.

Le patron de Bercy, qui vise une candidature en 2027 et bien que recadré plusieurs fois fin mars par le président, se permet effectivement quelques libertés. La dernière en date, une tribune publiée le 2 avril dans les Échos dans laquelle il refuse catégoriquement toute hausse d'impôts et nuance les effets d'une taxe sur les rentes. Ambiance.

La droite prête à renverser le gouvernement

L’autre menace, prise très au sérieux par l’exécutif, c’est la motion de censure envisagée par Les Républicains (LR), parti historiquement attaché à la rigueur budgétaire. Le président des LR évoque ouvertement cette possibilité, reste à connaitre le calcul des troupes d’Eric Ciotti.

Est-ce pour forcer l'exécutif à inclure dans un projet de loi de finance rectificatif, les mesures d'économies défendues chaque année par les Républicains lors de l'examen du Budget ? LR envisage-t-il sincèrement de renvoyer le gouvernement pour imposer un premier ministre de sa famille ? Sans écarter le risque d'une dissolution.

Et puis quel tempo, quand déposer cette motion ? Maintenant ? Au risque d'être taxer d'opportuniste à l'approche des européennes. Après les élections ? Avant ou après les Jeux olympiques ? L'incertitude est savamment entretenue et on s’inquiète en haut lieux.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a tenté de réunir plusieurs cadres LR la semaine dernière pour commencer à négocier. Ils l'ont poliment éconduit. Les prochaines semaines s'annoncent pleines de turbulences.

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