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Fernando Cerimedo, l’homme de l’ombre derrière la désinformation en Amérique latine
- 2024/08/09
- 再生時間: 3 分
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サマリー
あらすじ・解説
Notre série sur la fabrique fakes news nous emmène aujourd’hui en Amérique du Sud, sur les traces de Fernando Cerimedo… Cet Argentin de 43 ans se présente comme le nouveau consultant de la droite latino-américaine, mais s’est surtout fait remarquer pour les fakes news qu’il a diffusé lors des dernières élections en Argentine, au Chili et au Brésil. Son portrait, par Théo Conscience.
Un mystère… Même pour les journalistes qui ont enquêté sur lui, Fernando Cerimedo reste insaisissable. « Il est apparu de manière presque fantomatique : il est sorti de nulle part, et il a réussi à s’installer sans qu’on sache grand-chose sur lui ». Ivan Ruiz appartient au Clip, le Centre latino-américain d’Investigation journalistique, qui a dirigé une enquête à laquelle ont participé des médias d’une quinzaine de pays sur celui qui se revendique comme le nouveau consultant de la droite latino-américaine. « Il est passé d’être employé d’une agence de publicité en 2018 à avoir quatre ans plus tard plusieurs entreprises qui emploient selon lui près de 200 personnes », dit-il.
Un empire médiatique au service de la désinformationParmi ces entreprises, on trouve notamment une agence de publicité, une académie de marketing digital et politique, une entreprise de sécurité privée, et une trentaine de sites web, dont le média La Derecha Diario. « La Derecha Diario a clairement désinformé pendant les élections au Chili, en Argentine et au Brésil. À partir du suivi de tous les fakes news que nous vérifions, nous avons identifié ce média comme un désinformateur important ». Martin Slipczuk est coordinateur des éditions spéciales chez Chequeado, un média de fact-checking argentin qui a participé à l’enquête du Clip. Après avoir désinformé pendant la pandémie de Covid-19, Fernando Cerimedo se fait remarquer en 2020 en diffusant de fausses informations durant le processus référendaire au Chili. Mais son véritable coup d’éclat intervient lors de l’élection présidentielle brésilienne de 2022. « Beaucoup des émeutes pro-Bolsonaro qui ont eu lieu après l’élection ont été alimentées par des fausses informations diffusées par Cerimedo au sujet du système de vote et de supposées fraudes. La justice brésilienne enquête d’ailleurs actuellement sur le rôle qu’a joué Cerimedo ».
L'ombre de Cerimedo plane sur la présidence de Javier MileiQuelques mois plus tard, alors que Fernando Cerimedo est désormais en charge de la communication de la campagne présidentielle de Javier Milei, le même narratif de la fraude électorale s’installe en Argentine observe Martin Slipczuk. « Des secteurs proches de Javier Milei ont commencé à remettre en cause le système électoral et à dénoncer des supposées fraudes. Il y a eu beaucoup de désinformation à ce sujet, mais ce discours n’est pas allé aussi loin qu’au Brésil ou aux États-Unis, certainement en raison du résultat des élections qui a donné Milei vainqueur ».
Depuis l’élection de Javier Milei, l’ombre de Fernando Cerimedo continue de planer au-dessus du gouvernement argentin. Si lui-même n’occupe aucun poste officiel, le directeur de la communication digitale de la présidence, Juan Pablo Carreira, est l’un des fondateurs de la Derecha Diario. Selon la sociologue et spécialiste de la communication sur les réseaux sociaux Natalia Aruguete, son profil de troll, ou d’agitateur sur les réseaux sociaux est l’une des caractéristiques de l’équipe de communication de Javier Milei. « Carreira est un exemple, mais il a plusieurs autres jeunes influenceurs qui ont intégré l’équipe de communication du gouvernement, tout en conservant les pratiques qu’ils avaient auparavant ».
Natalia Aruguete souligne qu’au-delà de la désinformation, ces influenceurs se caractérisent également par leur agressivité sur les réseaux sociaux et se coordonnent pour mener des campagnes de harcèlement destinées à amplifier les attaques contre les adversaires de Javier Milei.