エピソード

  • Comment l'Europe compte se défendre face à la Chine dans la bataille des semi-conducteurs
    2023/10/21

    Début octobre, la Commission européenne a dévoilé une liste de quatre secteurs stratégiques qui devront être mieux défendus face à des puissances rivales. C'est le cas des semi-conducteurs. Les Pays-Bas sont aujourd'hui le seul pays européen à produire ces puces électroniques. Mais une nouvelle usine sera construite à Dresde, en Allemagne, et l’université de la ville formera ses futurs cadres en partenariat avec le géant taïwanais TSMC.

    L’image est restée dans les mémoires : des chaînes de production à l’arrêt dans l’industrie automobile lors de la pandémie de la Covid. La cause : la rupture des stocks de semi-conducteurs venant de Taïwan via la Chine. Pour l’Union européenne, ce fut un électrochoc, mais un choc salvateur, si l’on en croit Angela Stanzel de la Fondation allemande pour la science et la politique. « Ça a commencé avec la pandémie, et la guerre en Ukraine a enfoncé le clou. À Bruxelles et dans les capitales européennes, on s’est rendu compte qu’il fallait agir de façon plus géostratégique, diversifier nos relations économiques avec la Chine et ainsi réduire nos risques », explique-t-elle.

    La construction d’une usine de semi-conducteurs au cœur de l’Europe vient donc à point nommé. Le géant taïwanais des puces électroniques TSMC, qui contrôle plus de la moitié de la production mondiale, investira près de 4 milliards d’euros dans l’État fédéral allemand de la Saxe, avec à la clé la création de 2000 emplois.

    Problème : il manque du personnel qualifié. « Ce manque de personnel qualifié dans l’industrie des semi-conducteurs se fait sentir partout dans le monde, et même à Taïwan. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle TSMC s’installe à Dresde, son expansion à Taïwan est aujourd’hui compromise. À Dresde, nous formons déjà des étudiants, mais ils ne sont pas assez nombreux pour répondre aux besoins de l’industrie à l’avenir », précise Josef Goldberger, coordinateur d’un tout nouveau programme d’échange entre l’université technique de Dresde et Taïwan.

    L'Allemagne, précurseur mondial du marché des semi-conducteurs

    D’où l’idée du projet de l’université technique de Dresde et de l’entreprise TSMC. À moyen terme, une centaine d’étudiants allemands y participeront chaque année. Sur le bureau de Josef Goldberger à Taipei, les candidatures s’accumulent déjà. « Les proportions de cette coopération avec TSMC feront de l’Allemagne le précurseur mondial. Les étudiants viendront à Taïwan à partir de février 2024. Ils seront formés en deux phases : d’abord, ils passeront quatre mois à l’université, ensuite, ils iront pendant deux mois dans le centre de formation de TSMC et puis dans leur usine de Taichung, semblable à celle qui sera construite à Dresde », énonce-t-il.

    De tels partenariats internationaux font d’ailleurs partie de la boîte à outil proposée par l’Union européenne. L’idée étant de mieux armer le continent pour défendre ses intérêts face à la Chine. « Cela veut dire que nous ne miserons plus exclusivement sur la Chine. Taïwan produit les semi-conducteurs, mais pour l’acheminement de ces puces vers l’Europe, nous dépendons des routes et des ports chinois. Par ailleurs, Taïwan est menacé par la Chine et nous envisageons l’éventualité d’une guerre. Dans ce cas, le commerce maritime s’écroulerait. Nous devons donc devenir plus indépendants. Cela passe par une relation directe et plus étroite avec Taïwan, mais aussi par notre volonté de prendre pied dans cette technologie d’avenir », assure Angela Stanzel.

    Comme l’a expliqué le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, il s’agit de « mettre fin à l’ère de la naïveté et d’agir comme une véritable puissance géopolitique ». Les étudiants de Dresde doivent devenir les nouvelles têtes de pont de cette stratégie.

    À lire aussiSemi-conducteurs, IA, biotech... L'UE dévoile ses technologies clés à défendre

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  • Quelles sont les positions de l'Indonésie sur le conflit israélo-palestinien?
    2023/10/14

    La guerre entre Israël et le Hamas et ses résonances en Asie du sud-est… L'Indonésie, le plus grand pays musulman de l'Asie du Sud-Est, n'a jamais établi de relations formelles avec l'État hébreu et s'est toujours montrée solidaire de la cause palestinienne. Quelques mois avant l'élection présidentielle prévue en février 2024, les autorités indonésiennes sont de nouveau confrontées à cette question brûlante : faut-il, comme certaines voix le réclamaient encore, il y a quelques mois, engager un rapprochement Israël ?

    Entretien avec Delphine Allès, vice-présidente de l'Inalco et spécialiste de l'Indonésie.

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  • Australie: un référendum historique sur le droit des Aborigènes
    2023/10/07

    Les Aborigènes australiens seront-ils enfin reconnus dans la Constitution ? Auront-ils « une voix » au Parlement ? Verdict le 14 octobre prochain à l’issue d’un vote historique. Mais l’amendement à la Constitution, qui devrait réparer en partie des siècles d’injustice, fait l’objet d’un vif débat. Retour sur le long processus de reconnaissance des populations autochtones sur l’île-continent avec l’anthropologue Martin Préaud.

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  • «Carrousel eurasiatique»: comment les sanctions internationales font tourner le commerce au Kazakhstan
    2023/09/30

    Le Kazakhstan viole-t-il les sanctions occidentales imposées à la Russie depuis la guerre en Ukraine ? Le gouvernement, officiellement neutre dans ce conflit, le dément. Mais comment expliquer que le commerce entre la plus grande économie d’Asie centrale et son alliée historique russe est en plein essor ? Que des lave-linges, des imprimantes ou des drones continuent de passer par la frontière longue de plus de 7 000 kilomètres ? À Almaty, la capitale économique du Kazakhstan, des entrepreneurs en témoignent.

    De notre envoyée spéciale à Almaty,

    Assis dans le jardin d’un hôtel international, Askar tripote un mouchoir dans sa main. Il est nerveux. Trentenaire en t-shirt et baskets, ce patron d’un fonds d’investissement ne s’appelle pas vraiment Askar. Mais ce n’est qu’à condition de rester anonyme que ce jeune entrepreneur est prêt à se confier à RFI :« Le gouvernement essaie de respecter les sanctions, mais pour nous, entrepreneurs, les affaires sont les affaires. Bien sûr qu’il existe des importations parallèles. Il y a notamment une grande demande de nos voisins russes pour des marchandises à double utilisation. On retire certaines pièces pour les réutiliser ensuite dans le secteur militaire. »

    Un exemple : depuis la guerre en Ukraine, le Kazakhstan a multiplié par quatre ses importations de lave-linges depuis l’Union européenne. Bruxelles soupçonne la Russie d’en extraire les précieux semi-conducteurs, sous embargo, pour réparer par exemple ses chars.

    Des lave-linges pour la guerre de Poutine ?

    Des lave-linges pour la guerre de Poutine ? « Personnellement, je n’ai jamais entendu parler de lave-linges, mais c’est vrai, le transport de produits pouvant servir pour la guerre a nettement augmenté », nous explique la responsable d’une entreprise de transport international d’Almaty, qui préfère, elle aussi, rester anonyme. « Des sacs de couchage, des vêtements militaires, tout cela vient directement de Chine. Je le reconnais : trop de nos concurrents ferment les yeux et transportent des produits interdits. Mais nous, non, on préfère rester honnêtes. »

    La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) parle d’un véritable « carrousel eurasiatique » : en 2022, les exportations vers le Kazakhstan depuis l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni ont augmenté de 80%. Pendant cette même période, celles du Kazakhstan vers la Russie ont augmenté de 22%.

    Récemment encore, les douanes ont intercepté des drones destinés à la Russie, affirme le politologue Dosym Satpayev : « Il n’y a pas de doute : la Russie utilise le Kazakhstan comme pays de transit pour ses importations grises. L’an dernier, au 1ᵉʳ septembre, 15 000 nouvelles sociétés russes s’étaient déjà implantées chez nous. Quand on l’a découvert, le gouvernement a rétorqué qu’il respectait les sanctions. Mais comment contrôler 7 000 km de frontière commune ? Il n’y a pas que les Russes qui en profitent, des Kazakhstanais aussi ! C’est lorsque les Américains et les Ukrainiens ont évoqué des sanctions secondaires que le Kazakhstan a enfin commencé à renforcer ses contrôles. »

    « Nous sommes devenus un pont entre la Russie et le monde occidental »

    Depuis, un système de traçage a été établi, mais il reste des trous dans la raquette. D’autant que l’élite au pouvoir est connue pour être notoirement corrompue. Comme beaucoup d’autres, le jeune entrepreneur Askar sait en tirer bénéfice : « Je ne vous cache pas que notre fonds d’investissement a gagné beaucoup d’argent. De nombreux Russes qui se trouvent sur la liste des personnes sanctionnées et qui veulent acheter des actions d’entreprises cotées en Bourse passent par nous. Comme nous ne figurons pas sur la liste, nous achetons les titres pour eux. Nous sommes devenus un véritable pont entre la Russie et le monde occidental. »

    Des hommes d’affaires kazakhstanais aident leurs ex-frères russes à contourner les sanctions, sous les yeux de Bruxelles et de Washington qui n’osent pas sanctionner durement les pays d’Asie centrale, par crainte de les pousser encore plus dans les bras de Moscou.

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  • La saga Pita Limjaroenrat ou les limites du progressisme thaïlandais
    2023/09/23

    À la tête du Move Forward, son parti progressiste, Pita Limjaroenrat a raflé le vote populaire aux dernières législatives thaïlandaises et a failli renverser la table en devenant Premier ministre. Il a raté la nomination d'un cheveu face au poids des élites conservatrices. Cependant, son programme infuse déjà la société et pourrait déboucher sur une mini révolution politique d'ici à quelques années.

    Démilitariser, démonopoliser, décentraliser. En trois mots, il a décapé la campagne des législatives. La jeunesse thaïlandaise a bien sûr voté pour lui. Tous les étudiants qui ont grandi avec la junte militaire et qui n'en peuvent plus d'un système corseté par les généraux ont cru jusqu'au bout en ce député de 42 ans, formé dans les meilleures universités thaïlandaises, intello diplômé d'Harvard et du MIT. Mais Pita a séduit au-delà de son électorat naturel. Son parti, le Move Forward, est allé gratter des voix à Bangkok et dans le nord du pays. Avec 151 sièges sur 500, une coalition progressiste semblait possible et l'ancien monde tout près de disparaître, jusqu'à ce qu'il se réveille.

    « La Constitution telle qu'elle est actuellement a justement été faite pour pouvoir bloquer les propositions jugées inacceptables et il n'a pas eu suffisamment de soutien au Sénat pour passer », affirme Marie-Sybille de Vienne, professeure émérite à l'Inalco et spécialiste de la Thaïlande. « Lorsque le Move Forward, un parti d'une réforme constitutionnelle, a voulu toucher à ce qui tournait autour de la monarchie, d'abord abolir l'article 112 sur le lèse-majesté, a été une ligne rouge. C'était radical, alors que ce qu'il fallait, c'était en modifier l'application, en la restreignant de manière considérable, sans la supprimer », ajoute-t-elle.

    Par deux fois, Pita se heurte au mur du réel. Il a besoin des sénateurs pour devenir Premier ministre, mais ces derniers, aux ordres de l'armée, ne le laisseront jamais passer. Deux votes, deux échecs, et pas le temps de respirer. La Cour constitutionnelle thaïlandaise l'accuse très opportunément d'avoir violé la loi électorale et ordonne la suspension de son mandat de député. Il ne sera pas chef du gouvernement. En tout cas, pas cette fois-ci.

    Pita l'étoile filante a-t-il fait tout cela pour rien ?

    « Quand vous lisez le programme déposé et lu par l'actuel Premier ministre devant l'Assemblée, il a bien annoncé une réforme constitutionnelle et il a annoncé une réforme majeure de l'armée en reprenant une des grandes revendications du mouvement roi qui était la suppression du service militaire, qui est par conscription et par tirage au sort et qui dure deux ans. Donc, on ne peut pas dire que le Move Forward ait perdu son audience, tant s'en faut. Et la réforme constitutionnelle avec un comité d'experts juridiques qui va travailler dessus, il est évident qu'elle va supprimer la désignation du Premier ministre par les deux chambres réunies. À la limite, je dirais que la composition de Sénat est secondaire. Ce qui est essentiel, c'est qu'il soit dégagé du choix d'un Premier ministre que le choix du Premier ministre repose exclusivement sur une Chambre des députés élus. Et c'est bien ça qui est sous le coude dans la réforme constitutionnelle », explique Marie-Sybille de Vienne.

    On verra d'ici à la fin de la mandature si le progressisme à la Pita a de l'avenir, lui n'a que 42 ans et reste très populaire. Il n'a pas dit son dernier mot.

    À lire aussiThaïlande : la candidature de Pita Limjaroenrat au poste de Premier ministre déclarée illégale par les parlementaires

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  • L'île d'Okinawa au cœur de la géopolitique asiatique
    2023/09/16
    Direction Okinawa, réputée pour sa gastronomie, ses centenaires et ses plages de sable blanc. Située entre l’océan Pacifique et la mer de Chine, l'île la plus méridionale du Japon abrite encore 32 bases militaires américaines plus de 50 ans après la rétrocession au Japon. Pour comprendre la colère des Okinawais et le rôle géostratégique de l’archipel, Emilie Guyonnet, autrice de Okinawa, une île au cœur de la géopolitique asiatique (Éditions Géorama), répond aux questions de RFI. RFI : Votre livre est une mine d’informations, en particulier sur l’histoire récente et tourmentée de l’île. Le destin d’Okinawa, ancien royaume Ryukyu, bascule de manière irrévocable en 1945. Que s’est-il passé ?Emilie Guyonnet : En 1945, Okinawa est le site d’une terrible bataille entre les Américains et les Japonais. C'est la bataille d’Okinawa. Les combats durent trois mois d’avril à juin 1945. Les soldats japonais se battent avec beaucoup d’acharnement, plus que d’habitude, parce que c’est la première bataille sur le sol japonais. Les Japonais finissent par perdre.La bataille fait 240 000 morts, parmi lesquels 123 000 civils, et elle marque le début de la construction des bases américaines à Okinawa. En effet, les Américains avaient prévu un débarquement sur les îles principales du Japon pour novembre 1945 et Okinawa devait servir de tête de pont à ce débarquement. Finalement, au vu de la résistance acharnée des Japonais, les Américains choisissent d’utiliser la bombe atomique et les civils de l’île, qui n’avaient pas pu être évacués à temps, se sont retrouvés pris sous les bombes et c’est ce qui explique le nombre très élevé de victimes civiles.Autre date clé, 1972, lorsque Okinawa retrouve enfin son indépendance de l’occupant américain, et ce, deux décennies après le reste du Japon. Un événement qui n’aura pourtant que peu d’incidence sur la présence des bases américaines. Pourquoi ?Les habitants de l’île ont l’habitude de dire qu’elle a été sacrifiée trois fois. Une première fois en 1945 avec la bataille d’Okinawa, une deuxième fois en 1951 lors de la signature du traité de San Francisco qui met fin à l’occupation américaine du Japon, mais qui prolonge celle d’Okinawa sans limite dans le temps, et une troisième fois en 1972. En effet, en 1972, les locaux tiennent la rétrocession de l’île au Japon et ils s’attendent au minimum à une réduction des bases américaines, mais en fait, il n’en est rien. La rétrocession a pour conséquence la fermeture de nombreuses bases américaines sur les îles principales du Japon qui sont redéployées partiellement à Okinawa. Donc la présence américaine à Okinawa augmente après 1972.Du fait de cette volonté de concentrer les bases à Okinawa, les locaux se sentent discriminés par rapport au reste du territoire japonais. C’est difficile de savoir s’ils ont raison parce que les dirigeants japonais ne diront bien sûr jamais la vérité sur cette question. Il semble toutefois que ces bases soient surtout concentrées à Okinawa pour des raisons stratégiques. D’après les experts, Okinawa est mieux placée, parce qu’elle est plus centrale par rapport aux pays asiatiques et aux différentes zones de tension. L’autre explication, c’est la nécessité de regrouper les forces sur un seul site pour des raisons d’organisation, de coordination ou pour des raisons stratégiques.Dans votre ouvrage, vous donnez la parole aux Okinawais. Quels sont les témoignages qui vous ont le plus marqué ?C’est le témoignage du deuxième chapitre, celui de Monsieur Uehara qui a perdu presque toute sa famille pendant la bataille d’Okinawa. Ce Monsieur est un véritable exemple de résilience. Il raconte tout cela avec beaucoup de patience et de calme, il est très apaisé. Il explique notamment qu’il n’a pas pu faire d’études, alors qu’il aurait aimé devenir professeur. Il a fondé une famille et a attendu que ses trois enfants terminent leurs études pour reprendre les siennes à l’âge de 48 ans.L’autre témoignage qui constitue le chapitre cinq, c’est celui de Madame Takazato, une militante féministe et travailleuse sociale qui raconte l’état de santé très grave dans lequel se trouvaient les prostituées en 1972, lors de la rétrocession d’Okinawa au Japon, puisqu’en effet, il y avait beaucoup de prostitution aux abords des bases américaines. En 1972, la loi japonaise de prévention de la prostitution est entrée en vigueur à Okinawa, donc les maisons closes ont fermé et Mme Takazato raconte que de nombreuses prostituées ont dû être hospitalisées, car elles étaient très malades physiquement et psychologiquement. Ces deux témoignages m’ont le plus marqué.Dans quel état d’esprit est la population aujourd’hui, dans un contexte géopolitique tendu, notamment en raison des rivalités sino-américaines ?Les ...
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  • Les tensions en mer de Chine méridionale ne cessent de s'accroître
    2023/09/09
    Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais le ton monte entre les Philippines et la Chine. Des tensions renouvelées ces dernières semaines autour du navire que les autorités philippines ont fait échouer il y a deux décennies sur un atoll disputé en mer de Chine méridionale. La Chine se montre de plus en plus présente dans l’espace maritime, entrant en conflit avec plusieurs nations dans la région. Jusqu’où cela pourrait-il aller ? La Chine, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Brunei et Taïwan revendiquent des parties de la mer de Chine méridionale, où transitent chaque année, selon les estimations, 3,37 milliards de dollars, soit 21 % du commerce mondial.La Chine se montre de plus en plus revendicatrice dans la région : « Cette partie de l'océan Pacifique est extrêmement riche en ressources naturelles diverses : pétrole, gaz, nourriture et tant d’autres choses », souligne Mats Engman, ancien haut gradé de la marine suédoise, expert à l'institut du développement et la sécurité.C'est aussi une voie maritime très importante qui traverse cette région. Si vous étendez votre contrôle à cette partie de l'océan, vous pouvez également contrôler des lignes de communication vitales pour la paix et la sécurité et pour le commerce international.Mats Engman poursuit en expliquant qu’il y a aussi la volonté d'isoler davantage Taïwan en essayant de réduire le nombre de pays qui entretiennent actuellement des relations diplomatiques avec cet archipel, tenter de persuader certains pays de changer leur reconnaissance diplomatique de Taipei : « Il y a ensuite les aspects militaires et stratégiques : en étendant son contrôle aux eaux profondes, récifs et îles artificiels, la Chine peut alors créer des infrastructures militaires, déployer des forces. Le rayon d'action de l'armée chinoise s’étend et, de ce fait, rend beaucoup plus difficile et dangereux pour les forces américaines d'opérer dans cette zone. »À lire aussiMer de Chine méridionale: tirs de canon à eau chinois sur des navires philippinsVers une possible fragmentation de l'Asean ?Pour lui, l’un des risques que cette conquête de l’espace maritime fait courir, c’est une possible fragmentation de l’Asean, car d’un côté se trouve un groupe de nations qui sont politiquement et économiquement dépendantes de la Chine, et de l’autre, un autre groupe de nations qui, de la même manière, sont tournées vers l'Occident et les États-Unis. L'Asean dans son ensemble s'efforce vraiment de s'affirmer en tant qu'organisation indépendante dans le contexte actuel de tensions entre les États-Unis et la Chine. Il s’agit, selon l’expert, d’y trouver son équilibre. Pékin cherche indéniablement à étendre son influence mondiale, mais il s’agit également de réaffirmer son pouvoir au sein de la Chine continentale. L'analyse de Gregory Poling, chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales :Pékin s'est laissée séduire par son propre conte de fées, pensant que ces eaux, l'espace aérien et les fonds marins ont toujours été chinois et qu'ils ont été volés à la Chine par ses voisins d'Asie du Sud-Est au cours de la période que la Chine qualifie de "siècle d'humiliation".« C’est devenu un récit politiquement plus saillant sous la direction de Xi Jinping. Il s'agit donc d'une question de légitimité politique et de nationalisme à l'intérieur du pays. Peu importe si cette Histoire est fausse. Peu importe qu'elle soit illégale. Ce qui compte, c'est que le parti s'est convaincu et a convaincu son public que c'était vrai », souligne encore le chercheur. À lire aussiAsie du Sud-Est: au sommet de l'Asean, la mer de Chine méridionale et la Birmanie polarisentIntimidation chinoiseGregory Poling rappelle que beaucoup de gens en Asie du Sud aiment se remémorer une anecdote révélatrice de l’attitude de la Chine. « Il y a une dizaine d'années, lors d'un des forums régionaux de l'Asean, plus particulièrement lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères, la mer de Chine méridionale a été longuement débattue. La délégation chinoise, alors dirigée par Yang Jiechi, aujourd'hui directeur de la commission centrale des Affaires étrangères du Parti communiste chinois, s'est mis en colère, a fait irruption dans la salle et a pointé du doigt tous les pays d'Asie du Sud-Est, et en particulier George Yeo, le ministre des Affaires étrangères de Singapour, la plus petite ville-État et a crié : “Certains pays sont de grands pays, d'autres sont petits. Ce qui sous-entend que la Chine a un ensemble de règles et que tous les autres en ont un autre." »Selon l’expert, cela en dit long sur la façon dont la Chine voit l'avenir de la région, que ces pays vont vivre dans l'orbite de la Chine et qu'ils feraient mieux de s'y habituer. « Ce que cela implique, c'est que la Chine pense qu'il y a des règles pour elle et d’...
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  • Fonte des glaciers de l'Himalaya: «Il y a une partie de toute façon irréversible»
    2023/09/02

    La température de l’air a augmenté de plus d’un degré depuis le début du XXe siècle, ce qui provoque une fonte des glaciers dont les conséquences pourraient être dantesques d’ici la fin du siècle. Échange avec Patrick Wagnon, glaciologue à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble.

    (Rediffusion du 30 avril 2023)

    Les deux tiers des glaciers de l'Himalaya et de l'Hindou Kouch pourraient fondre d'ici 2100 si la planète restait sur la même trajectoire d'émissions de gaz à effet de serre, avec des conséquences dramatiques pour les millions d’habitants qui dépendent des ressources en eau jusqu’ici fiables. Près de 60 millions de personnes vivant autour de l'Himalaya souffriront de pénuries alimentaires dans les décennies à venir, alors que les glaciers rétrécissent et que les sources d'eau dont ils dépendent pour arroser leurs cultures se tarissent.

    À lire aussiLes glaciers de l'Himalaya fondent à une vitesse inattendue selon une étude

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