• Ghana: les fermes à trolls, un fléau russe et national

  • 2024/07/31
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Ghana: les fermes à trolls, un fléau russe et national

  • サマリー

  • À l’ère d’internet et des réseaux sociaux, un risque prévaut : les fake news, des fausses informations qui peuvent être produites et partagées en masse sur les réseaux sociaux. Ces opérations sont organisées dans des fermes à trolls, jargon pour des personnes payées pour créer des faux contenus. Une de ces fermes, au Ghana, a provoqué un scandale international lorsqu'une enquête du média américain CNN a révélé son existence en 2020 et son but : perturber les élections américaines. Des fermes à trolls qui existent encore aujourd’hui au Ghana, et qui font craindre un risque de déstabilisation du pays en décembre, lors des élections générales. Nous sommes en mars 2020 : face caméra, Clarissa Ward, journaliste américaine émérite, s’adresse aux téléspectateurs de CNN depuis l’aéroport d’Accra. « Depuis des mois, nous enquêtons sur un réseau de trolls, visant des citoyens afro-américains. Nous nous sommes donc rendus ici, au Ghana, pour essayer d’obtenir toute l’histoire ».Au total, l’enquête a révélé plus de 200 comptes Facebook, Instagram ou Twitter alimentés au Ghana, dans un seul but : déstabiliser les élections américaines opposant Joe Biden à Donald Trump. Le tout, sous couvert d’une ONG dont l’enquête de CNN a révélé des liens avec la Russie. Neuf mois plus tard, le média américain The Daily Beast a publié une nouvelle enquête sur une autre ferme à trolls, toujours au Ghana.« Il y a ce soi-disant consultant médiatique connu sous le nom de Caliwax media, explique le journaliste nigérian Philip Obaji Junior, à l’origine de l’article. Ce que j’ai découvert, c'est qu’ils utilisaient des articles commandés à des auteurs pour créer des messages WhatsApp, qu’ils envoyaient à des personnes aux États-Unis. »Le mode opératoire : de jeunes ghanéens sont recrutés pour écrire, parfois sans le savoir, des articles mensongers sur les États-Unis. Cela à partir de sources peu fiables, voire conspirationnistes, envoyées par des supérieurs presque anonymes. « Il y a très peu d’informations sur eux sur internet, à part le fait qu’ils ont fait leurs études en Russie et qu’ils parlent russe. On pouvait déduire qu’à la manière dont ils opéraient, ils suivaient un but précis : propager de la désinformation en faveur de la candidature de Donald Trump. »Pourquoi le Ghana ?Une question subsiste : pourquoi la Russie choisirait le Ghana comme base de ses campagnes de trolls ? Les explications du journaliste ghanéen spécialisé dans le fact-checking, Rabiu Alhassan. « Les difficultés économiques, un taux de chômage croissant de la jeunesse, une augmentation de l’accès à internet. Tous ces facteurs ont un rôle à jouer dans le fait que ces jeunes se laissent utiliser en ligne pour promouvoir ce genre d’activités qui peuvent être liées à la Russie. »Mais, les opérations de désinformation ne sont pas uniquement l’apanage de puissances extérieures. Selon Kwaku Krobea Asante, responsable éditorial du site Fact-Check Ghana, le pays d’Afrique de l’Ouest compte ses propres fermes à trolls. « Lorsque l’on regarde les acteurs clefs et les forces en présence dans la désinformation, on voit majoritairement des politiciens, des partis politiques, on voit le gouvernement, ainsi que ses institutions et agences qui jouent un rôle là-dedans ».Un risque pour les élections futuresUn phénomène déjà bien présent lors des élections générales du Ghana en 2020, mais qui risque de s’aggraver pour les prochaines, le 7 décembre 2024. Accès internet quasi généralisé, émergence de l’intelligence artificielle… Les conséquences pourront être lourdes. « Si la désinformation s’intègre trop profondément dans le processus, que tu gagnes les élections ou non, les gens penseront que tu n’as pas gagné de manière équitable. Le danger, c’est que cela peut provoquer une certaine violence, certaines perturbations, et affecter la stabilité du pays. »Lui et ses collègues de sites de vérifications de fausses nouvelles l’avouent : ils ne pourront lutter seuls face à la masse de désinformation. Contactée par RFI sur un éventuel plan d’action, l’autorité de cybersécurité du Ghana a quant à elle déclaré ne pas s’occuper directement des fermes à trolls.À lire aussiLutte contre la désinformation en Afrique de l’Ouest, des outils à disposition
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あらすじ・解説

À l’ère d’internet et des réseaux sociaux, un risque prévaut : les fake news, des fausses informations qui peuvent être produites et partagées en masse sur les réseaux sociaux. Ces opérations sont organisées dans des fermes à trolls, jargon pour des personnes payées pour créer des faux contenus. Une de ces fermes, au Ghana, a provoqué un scandale international lorsqu'une enquête du média américain CNN a révélé son existence en 2020 et son but : perturber les élections américaines. Des fermes à trolls qui existent encore aujourd’hui au Ghana, et qui font craindre un risque de déstabilisation du pays en décembre, lors des élections générales. Nous sommes en mars 2020 : face caméra, Clarissa Ward, journaliste américaine émérite, s’adresse aux téléspectateurs de CNN depuis l’aéroport d’Accra. « Depuis des mois, nous enquêtons sur un réseau de trolls, visant des citoyens afro-américains. Nous nous sommes donc rendus ici, au Ghana, pour essayer d’obtenir toute l’histoire ».Au total, l’enquête a révélé plus de 200 comptes Facebook, Instagram ou Twitter alimentés au Ghana, dans un seul but : déstabiliser les élections américaines opposant Joe Biden à Donald Trump. Le tout, sous couvert d’une ONG dont l’enquête de CNN a révélé des liens avec la Russie. Neuf mois plus tard, le média américain The Daily Beast a publié une nouvelle enquête sur une autre ferme à trolls, toujours au Ghana.« Il y a ce soi-disant consultant médiatique connu sous le nom de Caliwax media, explique le journaliste nigérian Philip Obaji Junior, à l’origine de l’article. Ce que j’ai découvert, c'est qu’ils utilisaient des articles commandés à des auteurs pour créer des messages WhatsApp, qu’ils envoyaient à des personnes aux États-Unis. »Le mode opératoire : de jeunes ghanéens sont recrutés pour écrire, parfois sans le savoir, des articles mensongers sur les États-Unis. Cela à partir de sources peu fiables, voire conspirationnistes, envoyées par des supérieurs presque anonymes. « Il y a très peu d’informations sur eux sur internet, à part le fait qu’ils ont fait leurs études en Russie et qu’ils parlent russe. On pouvait déduire qu’à la manière dont ils opéraient, ils suivaient un but précis : propager de la désinformation en faveur de la candidature de Donald Trump. »Pourquoi le Ghana ?Une question subsiste : pourquoi la Russie choisirait le Ghana comme base de ses campagnes de trolls ? Les explications du journaliste ghanéen spécialisé dans le fact-checking, Rabiu Alhassan. « Les difficultés économiques, un taux de chômage croissant de la jeunesse, une augmentation de l’accès à internet. Tous ces facteurs ont un rôle à jouer dans le fait que ces jeunes se laissent utiliser en ligne pour promouvoir ce genre d’activités qui peuvent être liées à la Russie. »Mais, les opérations de désinformation ne sont pas uniquement l’apanage de puissances extérieures. Selon Kwaku Krobea Asante, responsable éditorial du site Fact-Check Ghana, le pays d’Afrique de l’Ouest compte ses propres fermes à trolls. « Lorsque l’on regarde les acteurs clefs et les forces en présence dans la désinformation, on voit majoritairement des politiciens, des partis politiques, on voit le gouvernement, ainsi que ses institutions et agences qui jouent un rôle là-dedans ».Un risque pour les élections futuresUn phénomène déjà bien présent lors des élections générales du Ghana en 2020, mais qui risque de s’aggraver pour les prochaines, le 7 décembre 2024. Accès internet quasi généralisé, émergence de l’intelligence artificielle… Les conséquences pourront être lourdes. « Si la désinformation s’intègre trop profondément dans le processus, que tu gagnes les élections ou non, les gens penseront que tu n’as pas gagné de manière équitable. Le danger, c’est que cela peut provoquer une certaine violence, certaines perturbations, et affecter la stabilité du pays. »Lui et ses collègues de sites de vérifications de fausses nouvelles l’avouent : ils ne pourront lutter seuls face à la masse de désinformation. Contactée par RFI sur un éventuel plan d’action, l’autorité de cybersécurité du Ghana a quant à elle déclaré ne pas s’occuper directement des fermes à trolls.À lire aussiLutte contre la désinformation en Afrique de l’Ouest, des outils à disposition

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