Du Cours Florent à la Comédie Française, de "Classe Mannequin" à ses one man show délirants au théâtre, Laurent Lafitte est un acteur inclassable, insaisissable, aussi à l’aise dans le drame que la comédie, et peut-être encore plus lorsque les deux se mélangent. Cette ambiguïté, cette capacité a être aussi charismatique qu’inquiétant est à l’origine de ses plus beaux rôles au cinéma. Je pense au chanteur de charme de "Elle l’adore" de Jeanne Herry, au père de famille psychopathe de "Elle" de Paul Verhoeven. Ou à l’odieux Henri d’Aulnay-Pradelle dans "Au revoir là-haut" d’Albert Dupontel.
C’est sur les planches, où il s’est fait connaître, que Laurent Lafitte a trouvé l’inspiration pour son premier film en tant que réalisateur. "L’Origine du monde", en salles le 15 septembre, est au départ une pièce de Sébastien Thiéry. C’est l’histoire de Jean-Louis Bordier, un quadra à côté de ses pompes qui réalise un soir que son cœur ne bat plus. Littéralement. Michel, son meilleur ami vétérinaire, est bien incapable de le soigner. Alors Valérie, sa femme, l’emmène voir Margaux, une gourou new age qui lui recommande un remède pour le moins surprenant…
Si vous en avez marre des comédies gentillettes et propres sur elle, "L’Origine du monde" est faite pour vous. C’est truculent, gonflé, provocateur. Aussi malaisant qu’irrésistible. C’est l’un de ces rares films où on se demande souvent si on a le droit de rire, ou pas... et j’avais hâte d’en parler avec son auteur.