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サマリー
あらすじ・解説
Au cœur de la forêt régnait un méchant roi appelé Hediala (onomatopée peule exprimant l’angoisse). Sourcils toujours froncés, Hediala n’ouvrait la bouche que pour insulter et ne levait le bras que pour frapper.
Chaque matin, il prenait un malin plaisir à tourmenter ses sujets avec des questions qui faisaient bouillir d’angoisse leurs cervelles. Il demandait aux uns d’avaler des flammes, aux autres de lécher un couteau tranchant, et Dieu seul sait quoi encore ! Ses conseillers avaient beau faire, Hediala têtu comme une mule avait décidé une fois pour toutes de torturer tous ceux qui faisaient parler d’eux.
Or, dans la région, vivait un homme réputé connaître beaucoup de choses : les enfants, les femmes, les jeunes, les hommes, les veillards. Tout le monde ne parlait que de sa grande sagesse.
Il n’en fallait pas plus pour que Hediala le roi tyran veuille le tracasser ; aussi le fit-il venir auprès de lui.
Le jour de la rencontre, la foule nombreuse s’assembla, du plus petit au plus grand, du dignitaire à l’esclave, personne ne voulait se faire conter cette histoire, chacun tenant à assister à ce qui allait se passer.
Le Roi : Il m’est revenu que tu te piques de tout connaître ?
Le sage : Seigneur, je n’ai jamais prétendu à la connaissance totale. Je ne connais que ce que je sais. Et ce que je ne sais pas est un océan immense.
Le Roi : Hummm ! Tu ne sais donc rien. Pourtant tu fais le malin au milieu de tes prétendus disciples ! Eh bien, tu vas devoir faire un plongeon dans la petite goutte de ton savoir pour y trouver la réponse à cette question : quand on laisse tomber un pilon dans un mortier vide, le bruit qui en résulte vient-il du mortier ou du pilon ? Réfléchis bien et réponds, sinon je te ferai pendre immédiatement ! ».
On dit que le silence est un ami qui ne trahit jamais.
Le sage garda un moment le silence, puis il dit : Le bruit vient des deux.
Le Roi : Mais dans quelle proportion d’intensité ?
Le sage, ne sachant quoi répondre, resta muet.
Hediala reprit : Dépêchons-nous donc, prétendu sage, dont la connaissance se situe en-deçà d’un mortier et d’un pilon !
Au même moment, un homme sale, bizarre, crasseux, avec des habits tout déchirés fendit la foule et s’avança vers Hediala.
Le fou : Ô Roi ! Aucun homme n’ayant jamais été frappé de commotion cérébrale ne poserait pareille question, et pour y répondre il faut avoir l’esprit fêlé. Ainsi, c’est moi qui vais te donner satisfaction.
Et, levant le bras, il assena au Roi une gifle si sonore que même les oiseaux qui se reposaient sur les branches des arbres s’envolèrent. Une gifle si sonore que chacun l’entendit dans tout le village. Puis il éclata de rire :
Le Fou : Eh bien, ô Roi ! Est-ce de ma main ou de ta joue qu’est sorti le bruit, et dans quelle proportion ?
Chant
Il faut souvent un fou pour instruire un tyran.
Crédits
Le Roi et le fou
Extrait de "Petit bodiel et autres contes de la savane" de Amadou Hampâté Bâ.
Interprété par Rebecca Kompaoré, Charles Kohoury, Jean-Marc Kouasi Kouadio et Vincent Kouamé.
Musique : Jean Sempé Ake Olloé.
Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.
Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson
Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,
Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.
Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.
Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.
Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.
Une production Making Waves et Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire