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サマリー
あらすじ・解説
Les pays baltes, dans le nord de l’Europe, se trouvent être la cible de campagnes de désinformation, principalement orchestrées par la Russie, voisine immédiate. Quel est le contenu de ces campagnes ? Comment est-il produit ? Notre correspondante à Vilnius nous livre quelques pistes de réponses.
Dans les bureaux du département de communication stratégique de l’armée lituanienne, Ingrida passe sa journée les yeux rivés sur son ordinateur. Elle travaille comme analyste et traque les campagnes de désinformation qui ciblent la Lituanie. « Les propagandistes ont diffusé l’information via les réseaux sociaux, des faux documents et photos, il y avait des décrets officiels falsifiés qui ordonnaient l’envoi de soldats en Ukraine. Avec ces fausses informations, on cherche à distiller la peur et à provoquer la méfiance vis-à-vis des autorités locales. »
Mais d’où viennent ces fausses informations ? Nerijus Maliukevicius est chercheur à l’université de Vilnius. Les fausses informations, c’est sa spécialité. « En 2005, on pouvait remarquer que certaines institutions de l’administration présidentielle sous Poutine étaient responsables, par exemple le département pour les liens culturels avec les pays voisins. On y développait la stratégie, les thèmes et même les outils. Ce département fournissait des articles gratuitement pour la presse en russe dans les pays baltes. Ainsi, une nouvelle réalité a été formée. »
Utilisation de l'intelligence artificielleEnsuite, il y a eu l’étape des usines à trolls, ces lieux où les employés inondaient de commentaires pro-russes les publications en ligne. Désormais, l’intelligence artificielle alimente les faux comptes sur les réseaux sociaux. Janis Sarts dirige le centre d’excellence de l’Otan sur la communication stratégique en Lettonie. « Les autorités baltes sont très volontaires sur cette question, être un maillon de la diffusion de la propagande russe a des conséquences. C’est une des raisons à mon avis pour laquelle on ne trouve pas d’usines à trolls ici dans les pays baltes. »
Pour limiter la diffusion, les États baltes ont aussi interdit la retransmission des chaines de télévision russes. Daniela Vukcevic travaille pour Debunk, une organisation lituanienne luttant contre les fausses informations. S’il est impossible de les désamorcer avant leur apparition, il n’existe qu’une solution : « Les mensonges circulent toujours plus vite que la vérité. L’éducation aux médias est essentielle et il faut que cela fasse partie des programmes scolaires. »
Pour le chercheur Nerijus Maliukevicius, la question de la responsabilité n’est jamais soulevée. « Pourquoi les autorités ne pourraient-elles pas révéler, comme elles l’ont fait avant l’attaque russe sur l’Ukraine, en février 2022, comment ces opérations de désinformation sont menées ?, interroge-t-il. Je pense que nous sommes impliqués dans un nouveau type de guerre. »
Une guerre que les pays baltes subissent depuis longtemps et qu’ils prennent très au sérieux.