エピソード

  • Les fondements traditionnels et sociaux de l’écologie indienne
    2025/04/19
    Annie Montaut est linguiste de formation et spécialiste de la civilisation indienne. Son nouvel ouvrage Trois mille ans d’écologie indienne : Penser autrement la nature est un livre érudit et passionnant sur la pensée et les pratiques de l’écologie dans la civilisation indienne depuis ses lointaines origines. Entretien. Alors que l’Inde moderne est souvent montrée du doigt comme mauvais élève écologique à cause de ses records de pollution non-maîtrisée, les penseurs indiens n’ont cessé de réfléchir depuis des temps anciens sur les liens de l’homme avec son environnement. Faisant sienne l’affirmation de l’écologiste indienne Vandana Shiva selon laquelle l’Inde est dans ses « principes civilisationnels profonds » une civilisation fondamentalement écologique dans la mesure où elle ne sépare pas l’être humain des autres êtres vivants, l’essayiste Annie Montaut revient dans son nouvel opus sur les tenants et les aboutissants de la pensée écologique indienne. Le hiatus et le prolongement entre les fondements philosophiques et les pratiques écologiques contemporaines sont le sujet de ces pages.RFI : Comment est née l’idée de ce livre ?Annie Montaut : L’idée, elle est née, il y a très longtemps. Ce n’était pas l’idée d’un livre, c’était d’abord un intérêt, qui a été suscité, je dirais, dès mon arrivée en Inde où j’ai travaillé entre 1981 et 1987 en tant qu’enseignante dans une université à New Delhi. Il se trouve qu’à l’université j’étais collègue de Maya Jani qui était la secrétaire d’une association qui s’appelle « Navdanya ». C’est l’association de Vandana Shiva, connue pour son combat contre le brevetage des semences et pour avoir placé la femme et l’écologie au cœur du discours sur le développement moderne. J’ai donc connu très rapidement Vandana Shiva, en fait dès mon arrivée en Inde en 1981. A la suite, j’ai rencontré l’écologiste gandhien Anupam Mishra, qui, lui aussi, a beaucoup contribué à mener à bien ma réflexion sur les stratégies de protection de l’environnement en Inde. Mishra est l’homme de l’eau, de collecte, de gestion et de préservation de l’eau en milieu aride, notamment au Rajasthan. Quant à l’écologie tout court, pour ça il a fallu que j’aille puiser dans mon archéologie personnelle, familiale en particulier. Je suis d’origine rurale, à seulement deux générations. J’ai eu aussi un père qui m’a beaucoup sensibilisé aux dégradations commises dans nos campagnes françaises dès les années 1950. Ce livre est un mix de tout ça. C’est vrai qu’il y a beaucoup de militantisme dans ces pages, mais il y a aussi l’envie de faire découvrir ce qui se passait en Inde dans ce domaine à un public non-spécialisé, c’est-à-dire à d’autres que des indologistes.Annie Montaut, vous convoquez la linguistique, la littérature, la philosophie, les arts de l’Inde antique pour montrer que la conscience écologique existait en Inde depuis les débuts de la civilisation indienne. Mais vous dîtes aussi qu’en Inde il n’y avait pas de mots pour désigner autrefois l’environnement ou l’écologie. C’est plutôt paradoxal, non ?Non, non, si vous y réfléchissez, le mot « écologie » est moderne, le mot « environnement » au sens qu’il a aujourd’hui, c’est aussi un néologisme. Donc, je pense que dans aucune culture traditionnelle, qu’elle soit orientale ou occidentale, il n’y avait pas de mot jusqu’à encore très récemment pour désigner ce qu’on appelle la discipline écologique ou environnementale. Oui, maintenant, il y a des mots pour le dire ces choses-là. En Inde aussi, où on emploie beaucoup la terminologie anglaise. Le mot « environment » est couramment utilisé, « ecology » un peu moins. Il existe aussi des mots en hindi, souvent des mots savants que personne dans la rue n’emploie, mais qui sont des calques de l’« environment » anglais. On dira, par exemple, paristhiti, qui signifie la nature qui est autour, dont on est par définition extérieur, à l’écart, alors que selon la vision qui est particulièrement prégnante en Inde, l’homme n’est pas à l’extérieur de quelque chose qu’on appelle « nature » et qui nous environnerait. L’homme n’en est pas le maître, mais il en fait partie.La question fondamentale qui se pose alors : comment les Indiens pensent la nature ? C’est un sujet auquel vous avez consacré tout un chapitre de votre livre. Pourriez-vous nous en parler ?En Occident comme en Inde, avant « environment », on avait « nature » et « culture ». Chez nous, en Occident, les deux concepts s’opposent. Même linguistiquement, si les deux mots ont les mêmes suffixes, leurs racines sont différentes. En Inde, ça ne se passe pas du tout comme ça. Lexicalement déjà, dans les langues indo-aryennes, le mot pour dire « nature », c...
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  • En 1825, la France impose «un pacte néocolonial qui a enfermé Haïti dans un cycle de dépendance»
    2025/04/12

    C’était le 17 avril 1825. Par une ordonnance signée de sa main ce jour-là, le roi de France Charles X impose à son ancienne colonie Haïti le paiement d’une dette colossale en échange de son indépendance, pourtant acquise 21 ans plus tôt par une révolution. Comment cet acte historique préfigure-t-il de la situation que traverse Haïti en 2025, 200 ans plus tard ? C’est la question à laquelle répond le chercheur Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques au Centre continental à Louvain Cetri, en Belgique, dans son livre Haïti : notre dette, aux éditions Syllepse.

    Haïti : notre dette, de Frédéric Thomas, publié aux éditions Syllepse le 16 janvier 2025.

    À lire aussiPierre-Yves Bocquet: «La "dette haïtienne" (de 1825) a des effets encore aujourd’hui»

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  • «Palestine, notre blessure», d'Edwy Plenel
    2025/04/05

    Alors que la guerre nouvelle menée par Israël dans la bande de Gaza ne semble pas voir de fin, le journaliste Edwy Plenel a rassemblé tous les articles qu'il a publiés dans Mediapart sur la question palestinienne, précédés d'une introduction inédite sur la dimension universelle de cette cause. Dans Palestine, notre blessure, il nous rappelle que tout n'a pas commencé le 7 octobre 2023, qu'Israël commet des crimes contre l'humanité en toute impunité et explique les graves conséquences sur l'humanité que pourrait avoir l'impassibilité du reste du monde.

    Palestine, notre blessure, d'Edwy Plenel, 160 pages, paru aux éditions La Découverte le 6 mars 2025.

    Toute l'actualité sur la Guerre Israël-Gaza sur notre site.

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  • Avec «Radio Vladimir», l'écrivain russe Filipp Dzyadko met la lumière sur les opposants à Poutine
    2025/03/28
    Une plongée dans une Russie différente, une Russie d'opposants à la guerre et au régime de Vladimir Poutine et qui se battent souvent en silence et dans la solitude : c'est ce que nous propose l'écrivain russe en exil Filipp Dzyadko, petit-fils et fils de dissidents. Dans son livre Radio Vladimir (éditions Stock), il raconte les actes de résistance de ceux qui, aujourd'hui comme hier, osent s'opposer. Filipp Dzyadko est interrogé par Anastasia Becchio. RFI : Le titre de votre livre fait référence à une radio, une radio pirate d'un homme, Vladimir Roumiantsev, qui a décidé de créer sa propre radio. Vous avez entretenu une correspondance avec lui, lorsqu'il s'est retrouvé en prison.Filipp Dzyatko : Oui, c'est un homme étonnant. Il a plus de 60 ans. Il vivait seul dans la ville de Vologda. C'est une petite ville de province, située à 500 kilomètres de Moscou. Vladimir a travaillé toute sa vie dans des usines, il était ouvrier de chaufferie. Et il était lui-même issu d'une famille ouvrière. Son père a travaillé à l'usine pendant 50 ans. Il a commencé à travailler sous Staline et a terminé sa carrière sous Poutine. C'est donc un homme du peuple, un homme de la classe laborieuse.Un jour, cet homme décide qu'il n'est pas d'accord avec ce qui se passe autour de lui. Toute sa vie, il a été amoureux de la radio. Lorsque la Russie a annexé la Crimée en 2014, il a décidé qu'il ne voulait plus écouter la propagande de l'État qui était diffusée sur les ondes, et il a tout éteint dans son appartement. Et comme il le raconte, le silence s'est alors installé. Il fallait bien remplir ce vide et il a donc commandé différents composants sur internet et il a construit sa propre station de radio, dont le rayon de diffusion se cantonnait à son appartement et à plusieurs appartements voisins.Et malgré le fait que sa radio pirate était vraiment confidentielle, il a été arrêté à l'été 2022 et incarcéré. Dans votre livre, vous parlez de ces personnes, anonymes pour la plupart, qui continuent de s'opposer au régime, à la guerre. Mais dans un environnement de plus en plus répressif, comment exprimer son désaccord sans risquer de finir en prison ?C'est très dangereux, et peu de gens réalisent à quel point c'est dangereux. Dans mon livre, je parle de cette société secrète, parce que ces gens ne se connaissent pas les uns les autres. Il y a des personnes connues, comme Alexei Navalny. Cela fait plus d'un an qu'il n'est plus avec nous. Il y a aussi l'élu municipal d'opposition Alexei Gorinov, qui est un véritable héros et qui est la première personne à avoir été condamnée pour avoir dénoncé la guerre. Il est torturé en prison. Nous devons faire pression pour qu'il soit libéré. Plusieurs milliers d'autres personnes sont persécutées pour leurs opinions anti-guerre.Mais il y a aussi tous ceux qui sont impliqués dans une résistance discrète. Nous ne connaissons pas leur nombre. D'une manière générale, la Russie est, aujourd'hui, à bien des égards, une boîte noire. Ce que disent les autorités, en citant les chiffres du soutien à la guerre, est certainement un mensonge. Et nous ne savons pas vraiment ce que pense la société russe. Mais nous avons divers témoignages d'actes de résistance. C'est parfois une résistance ouverte, comme dans le cas des célèbres prisonniers politiques, mais parfois, elle est peu visible. Mais elle existe.Il y a aussi toutes ces lettres, ces milliers de lettres de soutien que reçoivent ces prisonniers politiques.Oui, écrire aux prisonniers politiques, c'est l'un des moyens de soutenir et de prendre part à cette société secrète. On peut leur écrire des courriers électroniques par l'intermédiaire du système pénitentiaire. Les prisonniers politiques racontent que c'est un soutien incroyable pour eux. Et à leur tour, ils soutiennent ceux qui sont à l'extérieur. C'est d'ailleurs un paradoxe frappant : les prisonniers politiques sont souvent beaucoup plus optimistes que les personnes qui sont à l'extérieur et qui sont déprimées du fait de cette guerre. En quelque sorte, les prisonniers politiques soutiennent ceux qui sont à l'extérieur.Vous avez quitté la Russie dès mars 2022, juste après le début de l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine. Vous vivez à Berlin. Comment vous sentez vous aujourd'hui ? Les deux premières années après mon départ de Russie, j'avais le sentiment que je n'avais pas le droit d'avoir des états d'âme et que je ne devais pas penser à moi. Une guerre terrible est en cours, en Russie. On enferme des prisonniers politiques derrière des barreaux, et moi, je vais penser à ma tranquillité d'esprit. C'est inconvenant. Mais ensuite, j'ai mûri et j'ai compris que pour pouvoir faire quelque chose pour les autres, il faut aussi s'occuper de soi. C'est un peu comme dans un avion : on doit d'abord mettre le masque à oxygène sur soi avant de le mettre à son ...
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  • 2025: le «moment polonais»
    2025/03/22

    Investissements massifs dans les infrastructures et l'armement, formation civile et militaire à la défense, soutien renforcé à l'Ukraine : la Pologne, qui assure en ce moment la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne, est, dans la crise actuelle, un acteur majeur au sein des 27. Face à la Russie, et en particulier depuis le désengagement des États-Unis, la priorité à Varsovie est à la sécurité du territoire national, mais aussi de l'Europe. Dans son dernier ouvrage, Pologne, histoire d'une ambition, publié aux éditions Tallandier, le diplomate Pierre Buhler, ambassadeur à Varsovie de 2012 à 2016, plonge dans l'histoire pour expliquer comment ce pays se retrouve aujourd'hui au centre du jeu européen.

    À écouter dans GéopolitiqueLa Pologne en position d'équilibriste

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  • « Comprendre la Palestine », avec Xavier Guignard et Alizée De Pin
    2025/03/15

    Comprendre la Palestine, du chercheur Xavier Guignard et de l'illustratrice Alizée De Pin, décrypte un siècle d'histoire en Palestine afin de comprendre la réalité palestinienne de dépossession lente et progressive. À l'origine de ce projet pour les deux auteurs, le plan Trump, celui de son premier mandat et nommé « le deal du siècle », et qui leur permet d'explorer dans leur ouvrage toutes les options diplomatiques discutées depuis ce siècle d'histoire tragique pour les Palestiniens.

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  • «Beyrouth, 13 avril 1975: autopsie d’une étincelle», de Marwan Chahine
    2025/03/08

    Le 13 avril 1975, un bus transportant des Palestiniens est pris pour cible à Beyrouth par des miliciens chrétiens. Le massacre est entré dans l’histoire comme l’élément déclencheur de la guerre civile libanaise qui durera quinze ans. Mais que s’est-il réellement passé ce 13 avril 1975 ? Dans cet ouvrage, au croisement de l'enquête journalistique, de l'essai historique et du récit autobiographique, le journaliste Marwan Chahine part sur les traces du massacre, rencontre témoins et protagonistes et interroge sur le rapport tourmenté des Libanais à la mémoire.

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  • «Quand la Chine parle», les nouveaux mots de la langue chinoise, par Gilles Guiheux et Lu Shi
    2025/02/28

    À l'heure de l'Amérique de Trump, la Chine veut profiter du retrait de Washington des organisations internationales et de l’aide au développement pour combler le vide. Depuis 20 ans, la Chine se transforme pour devenir une superpuissance globale, et cette transformation a laissé des marques dans le langage des Chinois. C'est un foisonnement de mots nouveaux, de néologismes surgis sur internet, et grâce à ce nouvel espace numérique, des mots qui témoignent de la Chine actuelle. C'est ce que raconte l'ouvrage collectif Quand la Chine parle, co-dirigé par les sinologues Lu Shi et Gilles Guiheux. Ce dernier, professeur à l'université Paris-Cité, est notre invité.

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