エピソード

  • France: à quoi sert le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) ?
    2025/03/06
    Trois lettres sèment la discorde dans les campagnes françaises : ZAN pour « Zéro Artificialisation Nette ». Un objectif fixé par l’État pour 2050 afin de stopper la destruction de la biodiversité liée à l’étalement des villes et villages. Mais cette politique rencontre l’opposition d’une partie des élus locaux qui doivent l’appliquer et la droite veut continuer à la détricoter avec une proposition de loi attendue au Sénat le 12 mars prochain. Un sol est artificialisé quand l’occupation ou l’usage qu’en fait l’être humain altère durablement ses fonctions écologiques (ses fonctions hydriques, climatiques, agronomiques notamment).L’artificialisation totale, c’est la ville. On a imperméabilisé la terre en la recouvrant de béton ou de bitume pour y construire des immeubles, des routes. Un champ agricole est aussi une zone artificialisée – moins, mais tout de même – parce qu’on y utilise des produits chimiques, qu’on laboure, qu’on laisse la terre à nu. Enfin, une artificialisation moins intense, ce sont nos jardins. Même s’ils hébergent des animaux et des plantes, la végétation ne s’y développe pas librement puisqu’on coupe l’herbe, on retire le bois mort, etc. Pourquoi est-ce un problème d’artificialiser les sols ? Le problème est que notre consommation de sols naturels, agricoles et forestiers est trop gourmande. Chaque année en France, on prend environ 20 000 hectares à la nature. C’est d’abord néfaste pour la biodiversité. En construisant des routes, des villes ou des centres commerciaux, on détruit des espèces – on coupe des arbres, on tue la vie dans les sols, on assèche des zones humides – et on fragmente le terrain de jeu des animaux, ce qui participe à leur disparition. En urbanisant, on réduit aussi la capacité des terres agricoles à nous nourrir, indique le portail du gouvernement français sur l’artificialisation des sols. Et puis en étalant nos villes, on augmente les distances parcourues en voiture – cela contribue au changement climatique – et on réduit la capacité des sols à absorber l’eau, ce qui favorise les inondations. Réutiliser des terres déjà artificialisées L’idée du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) d’ici 2050 est donc d’être plus sobre. Il s’agit de pousser les communes à réutiliser des espaces déjà artificialisés : réutiliser les friches industrielles, récupérer les logements vacants, densifier l’habitat, et restaurer de la nature quand on en a détruit à côté. « Pour stopper l’effondrement de la biodiversité, il faut qu’on apprenne à lui faire de la place », affirme Brian Padilla, écologue au Muséum National d’Histoire Naturelle et spécialiste de l’artificialisation des sols. Au fond, c'est partager l’espace avec le reste du monde vivant.La loi climat et résilience de 2021 qui instaure le ZAN prévoit une étape intermédiaire : moins 50 % d’artificialisation d’ici 2031. Mais certains élus locaux grincent des dents, car cela questionne le modèle d’aménagement actuel.Jusqu’à maintenant, les règles d’urbanisme pour éviter l’étalement des villes n’exigeaient des élus que des obligations de moyens, désormais« il y a une obligation de résultats et des sanctions », indique Maylis Desrousseaux, maîtresse de conférences à l'École d’urbanisme de Paris et spécialisée dans les domaines du droit de l'environnement et de l'urbanisme. « Jusqu’à présent les études d’impact environnemental contenaient très peu de données qualitatives sur les sols, poursuit-elle, on se contentait d’expliquer qu’une Zone d’Aménagement Concerté allait utiliser tant d’hectares, on ne se rendait pas compte de l’impact du projet sur les fonctionnalités et la santé des sols. Le ZAN est donc fondamental pour amorcer une politique publique plus générale sur la dégradation des sols ».Effet de surprise, droit de propriété et maintien des écolesLes maires qui critiquent le ZAN considèrent que le délai de dix ans pour atteindre la première étape d’une réduction de 50% de l’artificialisation est trop court. Même si la France est plutôt pionnière en Europe avec l’application du Zéro Artificialisation Nette, cette politique découle « d’une feuille de route de l’Union européenne de 2011 qui poussait déjà les États membres à se mettre sur une trajectoire de ‘zero land take’ ou zéro changement d’usage des sols », rappelle Maylis Desrousseaux. Le changement d’usage des sols, c'est lorsque l’on prend des sols naturels, agricoles ou forestiers pour les urbaniser ou y installer des infrastructures ou des jardins. À lire aussiFrance: la justice administrative annule l'arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’autoroute A69Comme c’est souvent le cas lorsque des règles s’occupent de protéger les sols, certains élus ...
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  • Japon: pourquoi le 8e émetteur mondial de gaz à effet de serre traîne à se décarboner?
    2025/03/05
    Des feux de forêts comme en ce moment dans le nord du pays, des étés de plus en plus chauds, des inondations. À l’image du reste du monde, le Japon vit les effets du réchauffement mondial. Face à ce défi, le gouvernement de Shigeru Ishiba vient de fournir à l’ONU son nouveau plan climat avec un objectif revu à la hausse : d'ici 2035, réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2013. Mais cela ne semble pas suffisant. Comme toute économie développée, le Japon a une responsabilité historique dans le réchauffement climatique et celle-ci perdure. L'archipel est aujourd'hui 8ᵉ émetteur mondial. « Il a longtemps été le 5ᵉ pays à émettre le plus de gaz à effet de serre [responsables du changement climatique], souligne Hanna Hakko, spécialiste de la décarbonation du secteur énergétique au Japon au sein du groupe de réflexion européen E3G. Mais ces dernières années, des pays émergents comme l’Indonésie et le Brésil se sont mis à émettre encore plus ».Le Japon est très dépendant des énergies fossiles qu’ils importent massivement (d’Australie et de pays asiatiques notamment) pour produire de l’électricité, pour l'industrie et pour les transports. Et la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 a eu un triple effet.L'accident nucléaire — le pire au niveau mondial depuis Tchernobyl — qui a suivi le séisme et le tsunami « a ouvert les yeux aux Japonais sur l'importance d'économiser l'énergie et sur les dangers du nucléaire », explique Masayoshi Iyoda, porte-parole au Japon de l'ONG environnementale 350.org. « Après Fukushima, les gens ont cherché à maximiser l'efficacité énergétique des bâtiments, des écoles, partout au Japon. Et de nombreux groupes de la société civile ont lancé des projets communautaires d'énergies renouvelables dans leurs villes ».Après le choc de Fukushima et ses 18 000 morts, le gouvernement a aussi fermé temporairement ses réacteurs et pour compenser, il s'est mis à construire des centrales à charbon et à gaz. Résultat : « un pic d'émissions carbone en 2013 et depuis le pays lutte pour faire redescendre ses émissions », explique Hanna Hakko.Les entreprises d’énergies fossiles ont freiné la décarbonationMalgré tout, les énergies renouvelables se développent. « Aujourd’hui, les lieux publics regorgent de publicités de l’État et d’entreprises qui vantent leur décarbonation via les énergies renouvelables et le nucléaire et il est commun de voir des panneaux solaires sur les toits », décrit l’experte qui revient de sept années passées dans le pays. Entre 2013 et 2022, les émissions ont baissé de 19 %, selon le dernier rapport officiel japonais.Mais cela ne va pas assez vite. Et selon les scientifiques, le nouvel objectif de moins 60 % d'ici à dix ans ne permet pas d'être dans les clous de l’Accord de Paris qui vise à contenir le réchauffement global à +1,5° par rapport à l’ère industrielle.« D’après le Climate Action Tracker, un groupe indépendant de scientifiques du climat, la cible du Japon devrait être d’atteindre au moins 81 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 », presse Masayoshi Iyoda, de l’ONG 350.org.Qu’est-ce qui coince ? Pour développer les énergies décarbonées, le Japon a fait face à un « problème d’accès aux terres limité », mais il a aussi manqué de volonté politique, estime Hanna Hakko, du groupe de réflexion E3G. « Certaines grandes entreprises japonaises ont pendant longtemps plaidé pour continuer à utiliser les énergies fossiles. Elles ont priorisé des bénéfices à court terme, liés à ce modèle-là. Cette façon de penser a eu une influence significative sur les politiques publiques et cela a ralenti la décarbonation et les objectifs et réglementations du gouvernement », analyse-t-elle. Elle se réjouit qu'aujourd'hui d'autres entreprises fassent rimer décarbonation et croissance économique.Selon les plans climat et énergie présentés par Tokyo en février, le Japon veut développer les panneaux solaires et les éoliennes en mer et innover en la matière. « Ils travaillent notamment sur des panneaux solaires plus légers et sur des éoliennes flottantes », détaille Hanna Hakko. Objectif du pays : faire des renouvelables sa première source d'énergie d'ici 2040.Le gouvernement nippon entend aussi rouvrir davantage de centrales nucléaires, mais il se heurte aux craintes d'une partie de la population.Alors que l’Accord de Paris fêtera ses dix ans à la fin de l’année, le militant écologiste Masayoshi Iyoda insiste : pour tous les projets énergétiques, « les voix locales doivent être entendues ». Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’un enjeu climatique, mais aussi de démocratie.
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  • «Evaluation nationale de la nature»: comment les scientifiques résistent à Donald Trump
    2025/03/04

    Ces chercheurs travaillent depuis des mois à la première « Évaluation nationale de la nature » aux États-Unis, un grand rapport commandé en 2022 par Joe Biden et qui devait faire date en 2026. Mais Donald Trump a tout annulé

    C’est l’une des nombreuses mesures prises par le président américain pour bloquer l’information sur les enjeux environnementaux et leur financement, et pour supprimer ce qu’il considère comme des obstacles à l’utilisation de combustibles fossiles comme le pétrole et le gaz naturel. À peine installé à la Maison Blanche, Donald Trump a annulé la première « Évaluation nationale de la nature » aux États-Unis, un grand rapport commandé en 2022 par Joe Biden et qui devait faire date en 2026. 150 scientifiques, employés fédéraux, membres d’ONG et du secteur privé y travaillent depuis des mois.

    Pourquoi ce rapport est-il important ?

    Pour la première fois aux États-Unis, ce document scientifique et fédéral fait un état des lieux de la santé des sols, de l’eau et de la vie sauvage sur tout le territoire américain. Des parcs urbains comme Central Park à New-York, aux grands espaces sauvages comme les montagnes Rocheuses. Et il évalue comment tout cela va évoluer, notamment sous l'effet du changement climatique.

    L’objectif est aussi d’estimer tous les bénéfices que la nature apporte aux Américains : à l’économie, au climat, à la sécurité du pays, mais aussi à la santé de ses habitants ou en matière de justice sociale.

    C’est important parce que c’est inédit, mais aussi parce que ces liens entre nos vies et la biodiversité sont encore mal connus, que ce soit chez les citoyens américains ou dans les couloirs du Congrès à Washington. Ce rapport doit aussi permettre aux acteurs publics, entreprises et communautés locales de s’adapter à l’avenir, par exemple face aux feux.

    Quels sont les liens entre biodiversité et économie ?

    Les connexions entre le monde vivant et l’économie sont considérables. Plus de la moitié du PIB mondial dépend modérément ou fortement de la nature et des services que nous rendent les écosystèmes.

    « On pense à la pêche, à l’industrie du bois, aux industries pharmaceutiques ou à l’agriculture, mais il n’y a pas que ça », explique Rajat Panwar, professeur de business durable à l’Université de l’Oregon, dans l’ouest des États-Unis. C’est lui qui dirige le chapitre « économie et nature » au sein de ce travail.

    « Les chauves-souris sont par exemple indispensables pour fabriquer de la téquila, car elles pollinisent l’agave, la plante à partir de laquelle on fabrique cet alcool », détaille-t-il. L’objectif du rapport est notamment d’établir la part du PIB des États-Unis qui dépend de la nature.

    Les scientifiques ont donc décidé de publier ce travail malgré Donald Trump

    Les employés fédéraux qui y travaillaient ne peuvent plus le faire, mais de nombreux scientifiques et autres participants le faisaient de manière bénévole. Ils s’organisent donc pour terminer le travail.

    Rajat Panwar précise qu'ils vont choisir « un nouveau nom, une nouvelle structure » mais que le travail aura le même sérieux, avec une « révision par les pairs » et le même objectif de parler au grand public. « Beaucoup de maisons d’édition nous ont approchés, le soutien du public est incroyable et des privés sont prêts à donner des fonds, si besoin », d'après lui.

    Et, libéré des longs mécanismes fédéraux, le rapport pourrait même sortir plus vite que prévu.

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  • La disparition des animaux sauvages affaiblit la capacité des forêts à stocker du carbone
    2025/02/27
    Une étude publiée dans la revue The Conservation Biology fait le lien entre la perte des grands mammifères dans les forêts tropicales et les arbres qui stockent du CO2. Les animaux sauvages vont disperser moins de graines de fruitiers pourtant indispensables au développement des arbres qui capturent le dioxyde de carbone. Dans les forêts tropicales, en Afrique centrale ou en Amazonie, les grands animaux, comme les éléphants ou les orangs-outans sont très frugivores. Grâce à leur digestion, ces espèces dispersent les graines et les noyaux des arbres fruitiers un peu partout dans la forêt. « Cela permet aux plantes et aux arbres de se déplacer un peu partout dans l’environnement », explique Hadrien Vanthomme chercheur au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. « Ce phénomène va même plus loin. Certaines espèces d’arbres ont besoin du tube digestif d’un animal pour se développer ». C’est le cas de l’arbre du Balanites wilsoniana, l’arbre de Boko en Afrique de l’Ouest. Il a besoin de l'éléphant pour disperser ses graines. Sans lui, cet arbre n'a presque aucune chance de se développer. « Il y a des endroits où 90% des espèces d’arbres dépendent des animaux », détaille l’écologue.La surexploitation de la faune sauvageCes grands animaux sauvages, pour la plupart des mammifères sont les cibles privilégiées des braconniers. Par exemple, en trente ans, la population d'éléphants dans le monde a chuté de 86%. Cette disparition est particulièrement néfaste pour l’écosystème forestier.Ce sont les espèces sauvages de grande et moyenne taille qui sont les plus chassées. Ces mêmes animaux expulsent les graines d'arbres qui stockent le plus de carbone. Contrairement aux petits vertébrés, qui remplissent par ailleurs d'autres fonctions dans la forêt, les grands animaux comme les éléphants ou les chimpanzés avalent de plus gros noyaux d'arbres fruitiers car leur tube digestif est plus développé. De ces noyaux, poussent des arbres à forte densité de bois et ce sont eux qui captent le mieux le carbone. L’étude montre que l’extinction des plus grands arbres à graines entraîne des pertes de 2 à 12 % de carbone dans les forêts tropicales d’Afrique et d’Amérique du Sud. Caroline Milson, une des autrices de l’étude, précise : « Il faudra beaucoup de temps pour que ces changements s'opèrent, mais à terme, les forêts tropicales pourraient ne plus être en mesure d'absorber autant d'émissions de dioxyde de carbone qu'aujourd'hui. Cela pourrait être désastreux pour la lutte contre le changement climatique ».Cette perte des grands mammifères dans les forêts tropicales est connue sous le nom du « syndrome de la forêt vide » théorisé par des biologistes dans les années 1990. Sans interactions entre la faune et la flore, l’équilibre de la forêt se rompt peu à peu. In fine, la perte de biodiversité entraîne une baisse de la croissance des arbres et donne des forêts qui captent moins de dioxyde de carbone. Elles ne remplissent plus leur rôle de puits de carbone.À lire aussiComment la biodiversité affecte-t-elle le climat?Une cohabitation difficile entre animaux et populations localesLa disparition des grands animaux sauvages des forêts tropicales n'est pas seulement due au braconnage. Les humains s'emparent de plus en plus de l'habitat naturel des animaux. En Afrique centrale, la population est aujourd'hui en conflit avec l'éléphant « il peut sortir de la forêt et dévaster des plantations. Les gens peuvent perdre en une nuit le fruit de leur travail de plusieurs années », explique Hadrien Vanthomme. « Ça peut aussi causer des problèmes de sécurité, des blessures voire des morts dans les populations humaines ».La cohabitation entre l'homme et la nature est donc au cœur du problème. Pour protéger les grands mammifères et ainsi permettre à la forêt tropicale de remplir son rôle de puits de carbone, il est indispensable d'inclure les populations locales et donc prendre en compte leurs besoins dans l'ensemble des mesures de conservations.Caroline Milson, aussi chercheuse à l’Université de Kent en Angleterre, propose avec ses confrères des pistes de solutions pour éviter la surexploitation des espèces : garantir aux populations autochtones et aux communautés locales la sécurité d'occupation pour gérer leurs forêts ; travailler avec les communautés locales pour réduire la surexploitation ; et recourir davantage à la régénération naturelle, le cas échéant, plutôt qu'à la plantation de restauration. « Si ces mesures sont mises en œuvre correctement, avec le soutien et l'engagement des populations autochtones et des communautés locales, ces solutions pourraient permettre de libérer des fonds précieux pour le financement de la lutte contre le changement climatique afin de s'attaquer aux effets de la surexploitation sur les ...
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  • Une nouvelle variété de riz pourrait révolutionner la culture mondiale
    2025/02/26

    Des chercheurs chinois et suédois ont mis au point une variété de riz à haut rendement qui émet jusqu'à 70 % de méthane en moins que le riz normal, après avoir découvert comment les substances chimiques libérées par les racines du riz influencent les émissions.

    Les scientifiques savent depuis longtemps que les rizières produisent du méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, libéré lorsque des microbes décomposent les composés organiques des racines du riz. Mais jusqu’ici, ils ne savaient pas exactement quels composés en étaient responsables.

    Aujourd’hui, une équipe de chercheurs chinois et suédois a identifié deux acteurs clés : le fumarate et l’éthanol. Ils ont découvert que les plants de riz libérant moins de fumarate et plus d’éthanol réduisent considérablement la production de méthane.

    Des essais menés sur le terrain vont encore plus loin. En traitant les rizières avec de l’éthanol ou de l’oxantel, un composé qui empêche la dégradation du fumarate, les chercheurs ont réussi à réduire les émissions de méthane d’environ 60 % – sans aucun impact sur les rendements agricoles.

    À lire aussiChine: un riz marin pour assurer la sécurité alimentaire

    D’ailleurs, ces essais ont montré des résultats impressionnants : en moyenne, le rendement atteint 8,13 tonnes par hectare, soit près du double de la moyenne mondiale de 4,27 tonnes.

    Des avancées significatives

    Le méthane est bien plus redoutable que le CO2 : sur vingt ans, son potentiel de réchauffement est 80 fois supérieur. Et les rizières en sont une source majeure, responsables de 12 % des émissions de méthane d’origine humaine. C’est donc un véritable enjeu pour le climat.

    Une réduction de 70 % des émissions de méthane, c’est considérable. Si cette nouvelle variété de riz est adoptée à grande échelle, elle pourrait faire baisser de manière significative les émissions mondiales, un atout clé pour aider les pays à atteindre leurs objectifs climatiques, notamment ceux fixés par l’Accord de Paris.

    Mais ce n’est pas tout. La population mondiale augmente, et la demande en riz aussi. Jusqu’ici, produire plus signifiait aussi polluer plus. Cette fois, la donne change : cette variété offre de hauts rendements tout en réduisant les émissions, garantissant la sécurité alimentaire sans aggraver le réchauffement climatique.

    Révolution de la culture mondiale du riz

    Les agriculteurs pourront continuer à cultiver le riz dans des champs inondés, qui protègent naturellement les cultures contre les parasites, tout en réduisant les émissions de méthane grâce à la chimie des racines, sans interventions complexes.

    À lire aussiChine: alerte sur l'épuisement des terres céréalières du nord-est

    Et son intégration dans l’agriculture mondiale pourrait être rapide. Des pays comme la Chine, l’Inde et l’Indonésie ont déjà des programmes bien établis de sélection de riz hybride. Cette innovation pourrait donc s’intégrer facilement dans les systèmes agricoles existants.

    Mais l’impact ne s’arrête pas là. Les chercheurs travaillent aussi sur des engrais enrichis en éthanol ou oxantel, capables de réduire encore davantage les émissions de méthane. C’est une solution qui pourrait s’étendre à d’autres variétés de riz dans le monde entier.

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  • Crédits biodiversité: peut-on compenser le vivant?
    2025/02/25
    Session de rattrapage à Rome pour les pays membres de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique. La COP16 reprend du 25 au 27 février pour tenter de dénouer le blocage sur les financements. Les pays du Sud souhaitent un nouveau fonds dédié à la biodiversité. Ceux du Nord s’y opposent. En parallèle, des mécanismes alternatifs sont imaginés. Parmi les pistes : les crédits biodiversité. C’est un concept récent qui gagne du terrain. Ces « crédits biodiversités » sont censés servir à financer des projets de restauration ou de préservation de la nature. D’un côté, une entité protège la biodiversité, d’un autre, un acteur privé paie et reçoit un crédit ou un certificat. « On a un projet de protection des forêts, on veut protéger 15 000 hectares de forêts en France. Une entreprise va donc payer plusieurs centaines de milliers d’euros pour protéger des hectares de forêt pendant 30 ans. Ça, c’est un crédit biodiversité », illustre Jean Burkard, directeur du plaidoyer de WWF France.À lire aussiReprise de la COP16 biodiversité à Rome: les pays dépasseront-ils leurs différends?Marchandisation de la nature ?Le prix dépendrait de l’offre — les terres ou mers à protéger — et de la demande, à savoir les entreprises qui souhaitent ou doivent acquérir ces crédits. Cela a nourri des craintes d’une marchandisation de la nature. Car « toute cette nature que l’on considère comme gratuite, on lui donne un prix. » Mais, « pour nous, il est mieux d’avoir une nature à qui l’on donne un prix plutôt qu’une nature considérée comme gratuite », estime Jean Burkard. Le concept et la terminologie ne font pas l’unanimité. L’expression est calquée sur les crédits carbone. Ces derniers sont échangés entre entreprises de secteurs différents et de pays différents. Mais, Sébastien Treyer, directeur général du centre de réflexion l’IDDRI, jugeait à Cali que cette universalité ne pouvait être transposée à la biodiversité. Il préfèrerait donc l’expression de « certificat d’impact positif pour la biodiversité ».Elle comporte l’idée « qu’une entreprise se dise “dans mon rapport de responsabilité sociétale, je veux montrer que j’ai aussi contribué à protéger la biodiversité à l’autre bout du monde” », commente Sébastien Treyer. « Cela me paraît exact. En revanche, on ne peut pas dire qu’en finançant un projet de restauration de la biodiversité dans la forêt amazonienne, une entreprise basée en France peut compenser un impact sur la biodiversité en France. » À écouter dans Éco d'ici, éco d'ailleursBiodiversité: des financements pour l'éternité ?Sauver des éléphants ne remplacera pas les dommages subis par une espèce de libellules et inversement. En outre, une zone qui vient d’être restaurée n’accueille pas la même biodiversité qu’une forêt séculaire, par exemple.Dans une feuille de route publiée en octobre à Cali, le Panel consultatif international sur les crédits biodiversité estime que la « compensation » ne peut être que « locale » et « porter sur des écosystèmes similaires ».Mais si les entreprises ne peuvent pas effacer comptablement leurs impacts négatifs, pourquoi dépenseraient-elles de l’argent ? C’est une question qui risque de freiner la demande. Plusieurs arguments peuvent pourtant les y pousser. À commencer par la préservation de leurs intérêts. « 72 % des entreprises de la zone euro dépendent des services écosystémiques », rappelle Jean Burkard. Par ailleurs, certaines obligations réglementaires pourraient les y inciter. La directive européenne dite CSRD, par exemple, est en train de réformer le contenu des rapports extra-financiers de certaines entreprises. L’impact sur la biodiversité peut faire partie des thématiques.Et ces entreprises, « quand elles vont devoir mettre dans une colonne tous les impacts négatifs sur la biodiversité, elles vont probablement avoir envie de mettre en face, dans une autre colonne qui ne viendra pas compenser, des impacts positifs pour quand même montrer qu’ils contribuent à autre chose ailleurs », souligne Sébastien Treyer.Crainte de greenwashing Mais pour cela, il faudra que ces certificats soient crédibles. L’enjeu est donc d’en assurer l’intégrité. Le nom évoque les « crédits carbone » et cela ne sert pas nécessairement l’image de ces dispositifs. Certes, il existe beaucoup de crédits carbone différents et ils peuvent avoir une utilité, mais ce mécanisme a été entaché de plusieurs scandales. Certains craignent que ce soit un outil de greenwashing et s’opposent aux crédits biodiversité. « Le grand risque avec ce marché, c’est de reproduire les mêmes erreurs que celui des crédits carbone. Et c’est pour cela qu’il faut accorder la plus grande attention aux conditions dans lesquelles on va créer ce ...
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  • Trois ans de guerre en Ukraine: un lourd bilan pour le climat également
    2025/02/24
    Ce lundi 24 février 2025 marque les trois ans de l'invasion russe en Ukraine, avec un bilan lourd. Au plan humain, des infrastructures, mais aussi environnemental. Peut-on chiffrer les conséquences climatiques de la guerre en Ukraine ? Un rapport publié ce lundi 24 février dresse l’inventaire du coût climatique de la guerre. Un enjeu loin d’être négligeable. Éclairage. « La question est légitime ». Lennard de Klerk sait que la question du coût climatique de la guerre en Ukraine n’est pas la première qui vient à l’esprit face à l’énormité du bilan humain de trois ans de conflit. « Évidemment, la préoccupation principale se porte sur les victimes et les dégâts causés aux infrastructures telles que les hôpitaux. Mais dès le début du conflit, l’Ukraine a émis le souhait de documenter tous les dégâts. Cela inclut donc ceux faits à l’environnement : la pollution des sols, de l’eau, de l’air … », explique l’auteur principal d’un rapport sur le sujet, membre de l’initiative sur la comptabilisation des gaz à effet de serre de la guerre. « Cette guerre a également un impact sur le climat. On voit énormément d’émission de CO2 et ces dernières ne font pas seulement du tort aux ukrainiens. Elles participent du réchauffement climatique et ont donc un effet sur le monde entier. »À lire aussiUkraine: trois ans après, Ivankiv poursuit sa reconstruction malgré la guerreL’inventaire le plus large possibleLennard de Klerk et son équipe ont donc compté : le conflit en lui-même, ses munitions, ses missiles, le déplacement des troupes. Ils ont estimé les conséquences des destructions d’infrastructures énergétiques, telles que les dépôts de pétrole, les raffineries. Des éléments moins évidents ont également été pris en compte : le surplus de consommation du trafic aérien en raison des détours provoqués par la fermeture de l’espace aérien. Il y a aussi les feux de forêts engendrés par le conflit : « en raison des combats, nous observons beaucoup de départs de feux. Il s’agit souvent de petits incendies, mais qui prennent rapidement de l’ampleur : les pompiers ne peuvent pas intervenir, il y a des mines, c’est trop dangereux. Ils sont donc bien plus grands et intenses qu’ils ne l’auraient été sans la guerre. Par ailleurs, en 2024, la météo a été bien plus sèche et chaude, probablement en raison du réchauffement climatique. Tout cela a mené à une année record en la matière. » Ces incendies ravagent les écosystèmes ukrainiens : « la nature est une victime silencieuse de cette guerre », dénonçait Svitalana Grynchuk, la ministre ukrainienne de l’Environnement, lors de la dernière COP29 en novembre 2024. Cette destruction des forêts, qui régulent naturellement les émissions de carbone, est l’un des exemples de destructions locales aux conséquences mondiales.Ainsi, en cumulant toutes ces données, les auteurs de ce rapport parviennent à une estimation du coût climatique du conflit engendré par la Russie : ce sont ainsi 230 millions de tonnes de dioxyde de carbone ou équivalent qui ont été émises dans l’atmosphère depuis le 24 février 2022. C’est équivalent à ce qu’émet un pays comme l’Espagne en un an.Prendre en compte ce coût cachéAvec ce travail, Lennard de Kelerk et ses collègues espèrent sensibiliser la communauté internationale à ce « coût caché » des conflits. Les climatologues sont également destinataires : on trouve en effet parmi ses auteurs Svitlana Krakovska, membre du GIEC, qui doit présenter ses conclusions ce lundi à l’occasion de l’ouverture de la 62ᵉ session du Groupe d’experts intergouvernementaux sur les changements climatiques. « Jusqu’à présent, les émissions engendrées par les conflits armés étaient négligées », précise Lennard de Klerk. « Elles sont là, mais personnes ne les recense. C’est donc important de partager nos résultats avec la communauté scientifique internationale. Il ne s’agit en effet pas que de l’Ukraine. Des recherches préliminaires ont été menées sur la guerre à Gaza. Au total, il y a plus de 150 conflits armés dans le monde aujourd’hui. Jusqu’à présent, personne n’étudiait leurs conséquences, pourtant loin d’être anodines, sur le climat. »Lennard de Klerk et ses collègues ont également souhaité parvenir à une estimation du coût financier de ce coût climatique. « 2024 a été l’année où le climat et le conflit se sont combinés, entraînant des étendues de forêts brûlées dépassant tout ce que nous avons vu auparavant en Ukraine et en Europe cette année. Avec des négociations pour la paix dans l’air, les coûts climatiques ne devraient pas être oubliés. La Russie a commencé cette guerre et devrait assumer le coût de ses émissions climatiques. », explique Lennard de Klerk. En prenant en compte le prix de la tonne de carbone ...
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  • Les PFAS sont-ils suffisamment réglementés?
    2025/02/20
    En France, la proposition de loi interdisant certains « polluants éternels » dans les cosmétiques et les textiles a été définitivement adoptée à l'Assemblée nationale. Proposé par les députés écologistes, le texte bénéficie également du soutien du gouvernement. Ce sont des molécules qui cumulent les superlatifs. Elles ont des noms « super » compliqués à prononcer : ce sont des substances per- et polyfluoroalkylées. Les PFAS ont de super-pouvoirs : c'est un PFAS qui rend les poêles antiadhésives, ils sont utilisés dans les avions et les éoliennes pour leur résistance aux températures extrêmes et à la corrosion. Et c'est pour ces mêmes raisons qu'ils sont super durs à éliminer d'où leur petit nom de « polluant éternel ».Or, au moins certains d'entre eux sont reconnus ou suspectés d'être cancérogène, suspectés également de provoquer des lésions au foie, d’affecter la fertilité et le développement du fœtus, ou encore favoriser les risques d'obésité, selon diverses études.Mais pour l'instant, ils ne sont pas « super réglementés ». Même si progressivement des restrictions se mettent en place. Et il y en aura donc davantage en France dès 2026 si les députés adoptent la loi, loi qui n'étend pas l'interdiction aux ustensiles de cuisine, comme le souhaitaient les écologistes.Débuts de règlementationLe rapporteur de la proposition de loi Nicolas Thierry a vanté en commission un texte qui ferait de la France « l'un des pionniers en Europe ».Mais plusieurs pays ont déjà pris des mesures. « En 2020, le Danemark, » cite Emma Feyeux, de l'association Notre Affaire à tous, en exemple, « le gouvernement a interdit les PFAS dans les emballages alimentaires. En 2024, le Danemark a ensuite promulgué une interdiction d’importer, vendre et utiliser des mousses anti-incendie qui contiennent des PFAS. Aux États-Unis, on retrouve, par exemple, en Californie la même interdiction des PFAS dans les mousses anti-incendie. On retrouve dans le Maine une interdiction des PFAS dans tous les textiles à partir de 2030. À Washington, il y a une interdiction depuis 2023 des PFAS dans les emballages alimentaires ». Quelques polluants éternels, les PFOA et les PFOS, sont restreints ou interdits au niveau international.Le coût de la dépollution s'annonce faramineux, en particulier si on n'arrête pas d'en produire. Alors pourquoi est-ce que les règlementations ne vont pas plus loin aujourd'hui ?À lire aussiPFAS: une vaste enquête journalistique révèle le coût astronomique de la dépollution en EuropeDes milliers de PFAS et une recherche à approfondirEn partie pour des raisons économiques de court terme. Le mois dernier, une enquête d'une trentaine de médias européens, dont le quotidien Le Monde, a pointé du doigt le poids des lobbies pour édulcorer voire tuer dans l'œuf un projet européen d'interdiction.Autre difficulté : bien que la problématique des PFAS ait émergé il y a déjà plusieurs décennies, elle nécessite encore beaucoup de recherche pour trouver des alternatives et pour mieux les connaître. De l'avis même d'autorités sanitaires, les connaissances sur les risques sanitaires associés aux différents PFAS sont insuffisantes, voire absentes.Or, les PFAS sont aussi « super nombreux ». Il en existe des milliers.« Souvent, la recherche se concentre sur un petit nombre de ces molécules, explique Emma Feyeux. On va donc par exemple étudier le lien entre cancer du sein et PFOA. Mais il y a quand même un fort consensus scientifique qui appuie le fait que même si les études concluent sur une molécule par rapport à une maladie, on doit aujourd'hui réfléchir par famille » de molécules. En outre, il arrive qu'un PFAS soit substitué par un autre.Si la réglementation est encore en cours d'évolution. Les polluants éternels se sont déjà retrouvés aux cœurs de litiges judiciaires. En Italie, un procès est en cours. Aux États-Unis, le groupe 3M a accepté de verser jusqu'à 12,5 milliards de dollars pour mettre fin à des poursuites.À lire aussiComment les PFAS, « polluants éternels », ont contaminé le monde?
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