エピソード

  • Comment Dian Fossey, assassinée au Rwanda il y a 40 ans, a-t-elle sorti les gorilles de la brume?
    2025/12/25
    Le 26 décembre 1985, la primatologue américaine était sauvagement tuée dans le Virunga. Elle avait bouleversé les connaissances et l’image de ces grands singes et luttait pour leur protection. Depuis 40 ans, la question reste sans réponse : qui a assassiné Dian Fossey, la primatologue américaine qui étudiait les gorilles au Rwanda, dans les montagnes du Virunga, et pourquoi ? Quarante ans après sa mort, le nom de Dian Fossey reste associé à ces grands singes fascinants, et son héritage est extrêmement important, au même titre que celui de la Britannique Jane Goodall, qui étudiait les chimpanzés en Tanzanie, et qui est morte cette année. Dian Fossey est devenue célèbre dans le monde entier lorsqu'elle a fait la couverture du magazine National Geographic, en 1970. On la voit porter un jeune gorille dans ses bras – c'est la première photo à montrer un tel contact entre un humain et un gorille. Au prix de milliers d’heures d’approche et d’observation, Dian Fossey avait patiemment établi une relation de confiance avec « ses » gorilles. Grimaces de singe « La semaine dernière, de jeunes gorilles ont joué autour de moi pendant une heure. Je ne puis vous dire mon émotion. Je les crois fort perturbés par mon espèce. Je les ai amadoués en les imitant. Ils sont fascinés par mes grimaces. Du fait de ce rapprochement, je glane une masse d’observations, du jamais-vu », raconte-t-elle dans le film Gorilles dans la brume, sorti en 1988, où Dian Fossey est incarnée par Sigourney Weaver. Un film inspiré de son autobiographie, qui a contribué à entretenir sa légende. Dian Fossey a d'abord révolutionné la connaissance de ces grands singes, alors même qu’elle n’a pas de formation scientifique. L'Afrique et les animaux l'attirent et elle finit par s'installer au Rwanda dans les années 60 pour fonder un centre de recherche et consacrer le reste de sa vie aux gorilles des montagnes. La « femme gorille » Elle a ainsi changé le regard des humains sur leurs cousins lointains, perçus à l’époque comme de grands singes féroces et agressifs. « Dian Fossey a été la première à s'apercevoir qu’il s’agit d’animaux gentils, capables de sensibilité, d’être doux. Elle a découvert que chaque individu avait sa personnalité, ce qui n’était pas du tout accepté à l’époque. Elle a aussi mis en lumière différents comportements, comme l’infanticide, ainsi que des relations sociales beaucoup plus intenses que ce qu’on pensait jusqu’alors », souligne la primatologue italienne Shelly Masi, qui étudie les gorilles de l'Ouest en Centrafrique. L'autre héritage de Dian Fossey, c'est la sauvegarde des gorilles, dont on fait des trophées de chasse. Des animaux tués par les braconniers ou capturés pour rejoindre des zoos. La « femme-gorille », comme on l’appelait, se battait contre les chasseurs pour sauver ses protégés. « Elle a lutté pour leur préservation, à tel point que les gorilles de montagne sont la seule sous-espèce de grands singes qui n’est pas en train de disparaitre. C’est même la seule espèce dont la population augmente », précise Shelly Masi. Controversée Mais sa vision de la conservation et de la sauvegarde des animaux, n'était pas consensuelle. Elle s’était fait beaucoup d’ennemis, et c’est la face sombre de Dian Fossey. À la différence de Jane Goodall, qui avait compris qu'on ne peut protéger les animaux sans aider les humains, comme fonctionnent aujourd’hui les politiques de conservation partout dans le monde, Dian Fossey entra très vite en conflit avec les villageois. Elle fut aussi accusée de racisme et d'avoir torturé des braconniers. « C’était une femme un peu bizarre, dans la façon dont elle se comportait, dans la façon dont elle défendait ces animaux, à juste titre peut-être, mais avec une telle agressivité, témoigne Robert Arnaud, le journaliste de Radio France qui l'avait rencontrée au Rwanda, interviewé par Kamel Djaider dans Afrique matin sur RFI en 1988. Ces gorilles, c’était ses gorilles. Ce n’était pas des gorilles, c’était les siens. Si on y touchait d’une manière quelconque, on touchait à ses enfants, on touchait à son bien. Elle devenait furieuse. À la fin, elle devenait furieuse. » Dian Fossey était un personnage controversé, mais elle a sorti les gorilles de la brume. À lire aussiAu Rwanda, la population grandissante de gorilles en danger à cause du manque d'espace
    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Pourquoi l'écologie est-elle d'abord une science?
    2025/12/24
    Le même terme, « écologie », désigne un courant de pensée politique et une science. Cette possible confusion est exploitée par les climatosceptiques pour dénigrer à la fois la science et les écologistes. Quand on dit « écologie », on pense sûrement d’abord à un parti politique, comme Europe-Écologie-Les Verts en France. On peut aussi penser à des femmes et des hommes politiques, comme René Dumont, premier candidat de l’écologie à une présidentielle, en 1974. « La voiture, ça pue, ça pollue, ça rend con », lâchait-il pendant sa campagne. Mais, l’écologie, avant d’être un courant de pensée, ou un courant politique, c’est d’abord de la science. L’écologie se définit comme l’étude des interactions entre les êtres vivants et leurs milieux, et entre les êtres vivants eux-mêmes. Une science qui s’appuie d’ailleurs sur d’autres sciences : la biologie, la climatologie, la physique ou la chimie. Il y a des biologistes, et il y a des écologues, à ne pas confondre donc avec des écologistes. À lire aussiPhilippe Grandcolas (écologue): «Il faut absolument stopper l'effondrement de la biodiversité» Écologues et écologistes sont complémentaires L’écologie politique et les écologistes défendent des politiques environnementalistes. Mais, dans les faits, les écologistes dépendent du travail des écologues. « Les partis politiques qui ont une vision environnementale s’appuient sur les connaissances développées en écologie pour avancer leurs idées et l’idée d’une transformation écologique de la société. Ils ne s’opposent donc pas », défend l’écologue Sébastien Barot, chercheur à l’IRD (l’Institut de recherche pour le développement), et auteur d’un livre intitulé L'Écologie est une science aux éditions Belin. Écologues et écologistes sont complémentaires. Mais un même mot, écologie, pour désigner une science et un courant de pensée politique, cela peut prêter à confusion. Une confusion volontairement entretenue d’ailleurs par les climatosceptiques. « On oublie trop souvent que derrière les idées environnementalistes il y a une science, qui produit des données, qui fait des statistiques, qui fonctionne comme les autres sciences, rappelle Sébastien Barot. Ce qui rend la critique des courants environnementalistes plus facile en disant : "C’est juste de l’idéologie, il n’y a pas de crise de la biodiversité, donc il n’y a rien à faire". » Trump contre l'écologie À ce petit jeu, il y a un champion du monde, Donald Trump, président des États-Unis, président de l’internationale climato-négationniste. « Ça finira par se refroidir, vous verrez. Je ne pense pas que la science le sache vraiment », a-t-il un jour lâché devant des scientifiques médusés. Nier la crise climatique, c’est nier la science, et il y a d’ailleurs une certaine cohérence chez Donald Trump, lui qui a multiplié les attaques et le démantèlement des agences scientifiques aux États-Unis. « Le propos de mon livre est de rappeler que l’écologie est une science à un moment où les sciences sont remises en cause, souligne Sébastien Barot. Quand on met en doute le changement climatique et le fait que les humains sont à l’origine du changement climatique, on va à l’encontre de ce que dit la science climatique et le consensus scientifique. » Sébastien Barot, écologue, travaille sur les savanes africaines. Mais un écologue est-il aussi un écologiste ? « Vu que les données de l’écologie scientifique sont finalement assez peu prises en compte dans la décision politique, cela pousse beaucoup de mes collègues et moi-même à nous engager dans la société, ce qui veut dire diffuser nos connaissances et essayer d’aider les pouvoirs publics à prendre de bonnes décisions. Ce n’est pas forcément du militantisme », répond l’intéressé. Parce qu’il n'y a pas d'écologie sans écologie. À lire aussiGreenbacklash, qui veut la peau de l'écologie ?
    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Menaces sur le cacao: y aura-t-il toujours du chocolat à Noël?
    2025/12/23
    C'est pendant les fêtes de fin d'année que l'on consomme le plus de chocolat, issu du cacaoyer, un petit arbre dont la culture est confrontée, en particulier en Afrique de l'Ouest, aux ravageurs et au changement climatique. Mais des solutions existent. Gare à la crise de foie. Noël est la période où l'on mange le plus de chocolat, surtout en Europe et en Amérique du Nord. Le cacaoyer fait en effet partie de ces plantes cultivées au sud et surtout consommées au nord. C'est en Suisse où l'on mange le plus de chocolat. La France n'est pas loin derrière, avec plus de 30 000 tonnes achetées au moment de Noël – et c'est peut-être pour ça qu'on grossit pendant les fêtes ! La consommation de chocolat a pourtant diminué ces derniers temps, avec l’explosion des prix, en raison de la loi de l'offre et de la demande. Il y a deux ans, la production de cacao a chuté en particulier en Afrique de l’Ouest, alors que la Côte d’Ivoire, le premier producteur mondial, et le Ghana représentent 70 % de la production mondiale de cacao. C'est une conséquence du changement climatique, mais pas dans le sens où on le redoutait. À lire aussiPâques: à cause du changement climatique, les prix des chocolats s'envolent Trop de pluie « On a craint pendant longtemps des sécheresses dans certaines zones de Côte d’Ivoire et du Ghana, explique Christian Cilas, chercheur et correspondant cacao au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Mais, en fait, la plus grosse crise est venue en 2023 par des excès de pluie qui ont entrainé des problèmes de floraison, de chute de fleurs, de manque de pollinisation et surtout la pourriture brune des cabosses, une maladie causée par un champignon qui s’est propagée de façon très importante avec les pluies. » Ça devient chaud pour le cacao qui doit aussi affronter outre le changement climatique d’autres menaces : des maladies, des ravageurs et en premier lieu le swollen shoot, un virus transmis par un insecte, la cochenille. « Ce virus existe dans la flore africaine sur d’autres espèces végétales et il y a eu ce qu’on appelle en épidémiologie un saut d’hôte : le virus est passé sur le cacao par l’intermédiaire d’un vecteur que sont les cochenilles. La maladie est en progression et provoque la mort de parcelles d’arbres », précise Christian Cilas. Solutions hybrides Mais face à ces menaces, la recherche agronomique n'est pas inerte et il existe des solutions. D'abord l'agroforesterie, qui a fait ses preuves : des cultures vivrières au milieu d'arbres, ce qui procure de nombreux avantages pour les cultures et pour le climat. Les scientifiques mettent aussi au point des cacaoyers hybrides. « Par le biais de croisements, il est possible d’avoir du matériel végétal qui soit plus résistant à certaines maladies notamment. C’est une solution, mais une solution à long terme parce que lorsqu’il y a des problèmes climatiques ou des maladies qui émergent, mettre au point des variétés plus résilientes prend un certain temps », souligne Christian Cilas. Mais pourrait-on imaginer à terme un Noël sans chocolat ? « A priori non, répond Christian Cilas, du Cirad. Ce qui se passe souvent, c’est que les zones de production bougent. Il y a des pays qui se mettent à faire plus de cacao maintenant, au Libéria, ou en Afrique centrale. Le Pérou a aussi augmenté sa production. Et des pays asiatiques sont également intéressés à produire du cacao. » Nous voilà rassurés : ce n’est pas encore cette année qu’on mangera moins de chocolat. À lire aussiPremière cotation d'une plantation de cacao
    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Comment les activités humaines ont aggravé les inondations meurtrières en Asie du Sud-Est
    2025/12/22
    Fin novembre, deux tempêtes tropicales ont frappé l'Asie du Sud-Est. En quelques jours, des torrents de pluie ont dévasté le Sri Lanka, une partie de la Malaisie, de la Thaïlande et de l'Indonésie, faisant plus de 1 800 morts. C'est la catastrophe naturelle la plus meurtrière depuis le tsunami de 2004. L'île indonésienne de Sumatra a été particulièrement touchée, avec plus de 1 000 morts et des centaines de personnes toujours disparues. L'Homme est en partie responsable de ces évènements. Ditwah au Sri Lanka, Senyar en Indonésie. Deux tempêtes tropicales exceptionnelles qui ont déversé fin novembre de fortes pluies. Inondations, coulées de boue et glissements de terrain ont fait au moins 1 800 morts et des milliards de dollars de dégâts. Un groupe international de scientifiques vient de réaliser une analyse de tous les facteurs qui ont mené à la catastrophe. Si les pluies de mousson sont naturelles dans cette partie du globe, les chercheurs sont formels : leur intensité, elle, a été anormale. Ils assurent que les inondations meurtrières ont bien été favorisées par le dérèglement climatique. Or l'Homme est le responsable de la crise climatique. Mais notre responsabilité ne s’arrête pas là. En Indonésie notamment, de plus en plus de voix s'élèvent pour accuser la déforestation. Mauvaise gestion de crise Salsabila est membre de l’association de femmes Solidaritas Perempuan à Sumatra. Elle revient tout juste de la région d'Aceh, l'une des plus touchées. Elle décrit une situation critique : l'accès à l'eau et à la nourriture est difficile, des maladies émergent et les rescapés manquent de médicaments. Selon elle, le gouvernement ne fait pas assez pour secourir les sinistrés : le président refuse de déclarer l’état de catastrophe naturelle, ce qui empêche le décaissement de fonds. « En tant que citoyenne indonésienne, je suis profondément déçue et honteuse de leur réaction, raconte Salsabila. Un village du district de Sekarat a même été déclaré complètement perdu. Toutes les maisons et les environs ont été emportés par les inondations. Je n'imagine même pas la peur que les habitants ont dû ressentir lorsque l'eau a atteint la hauteur des cocotiers, soit environ 6 mètres, et a dévasté tout leur village. » « Aceh Tamiang est l'un des endroits qui compte le plus grand nombre de plantations de palmiers à huile de la région, c'est l'une des principales raisons qui expliquent que les inondations ne se soient pas résorbées. » Les forêts sont des éponges Dans le pays, la déforestation est massive. L'île de Sumatra a perdu presque 4,5 hectares de forêt en 25 ans, une surface plus grande que la Suisse, pour l'exploitation minière et surtout pour l'agriculture industrielle de palmiers à huile et faire place à des villes qui s'étendent de manière anarchique. Pour Salsabila, « il ne s'agit pas seulement d'une catastrophe climatique, mais aussi d'une catastrophe environnementale et si cela continue, les conséquences dans le futur seront sans aucun doute bien pires. » Les forêts intactes agissent en effet comme des boucliers face aux inondations Les feuilles et les branches ralentissent la chute de la pluie, la couche de feuilles au sol protège la surface et les racines, avec tous les tunnels créés par les petits animaux comme les vers de terre, font de minuscules chemins qui permettent à l'eau de s'infiltrer. Les plantes absorbent aussi une partie de l'eau. Puissants lobbys industriels « Une forêt est une éponge naturelle », expliquent des chercheurs dans The Conversation. Si on la coupe, si on tue la vie du sol avec toute sorte de pesticides pour l'agriculture, alors le paysage perd sa capacité à absorber l'eau. La pluie s’accumule et fait déborder les rivières, l'eau qui ruisselle emporte le sol, ce qui engendre des inondations et des glissements de terrain. Au Parlement, le ministre indonésien des Forêts a bien mis en cause « une mauvaise gestion forestière ». Le ministre de l’Environnement a, lui, suspendu quelques permis d'exploitation à Sumatra. Ils promettent de mieux contrôler et de punir les entreprises qui ne respectent pas les permis. Mais il va falloir bien plus « face aux intérêts puissants » et à l'impunité des exploitants d'huiles de palme, de bois et de minerais, souligne l'Institut Lowy, un think tank australien, très critique lui aussi de la politique indonésienne. Changement climatique, destruction de la nature et destruction des sols : l'Homme est responsable de cette triple crise. Il faut donc agir sur ces trois facteurs pour éviter ces terribles catastrophes et ces milliers de morts.
    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Pourquoi de plus en plus de tortues sont piégées par le froid sur les plages du Massachusetts
    2025/12/17

    Aux États-Unis, un phénomène fait couler beaucoup d'encre et mobilise de nombreuses équipes de télévision : dans la baie du Cap Cod, sur la côte Est, des centaines de jeunes tortues marines s'échouent sur les plages.

    La baie du Cap Cod se situe au sud-est de la ville de Boston. Elle constitue l’extrémité sud du golfe du Maine dont les eaux chaudes attirent durant l'été des jeunes tortues marines qui y trouvent de la nourriture en abondance. Mais quand l'hiver arrive, la température chute. Les tortues se dirigent alors instinctivement vers le sud pour rejoindre les eaux plus chaudes. Seulement voilà : la baie du Cap Cod est délimitée au sud et à l'est par une presqu'île. La baie a de facto la forme d'un immense bassin dont la seule issue se situe au nord. Pour les jeunes tortues qui tentent de nager vers le sud, c'est un piège fatal.

    À lire aussiAllo docteur, c'est pour une tortue marine

    Quand la température chute en hiver, les tortues sont en hypothermie

    Quand la température chute avec l’arrivée de l’hiver, les tortues se retrouvent en hypothermie. En tant que reptiles, ces animaux ne peuvent pas auto-réguler leur température corporelle mais dépendent entièrement des sources externes de chaleur. Quand l'eau de mer passe en dessous de 10 degrés, la situation devient critique : les tortues sont alors comme paralysées. Elles n'arrivent plus à nager, sont désorientées et dérivent jusqu'à ce que les vagues rejettent certaines d'entre elles sur les plages.

    Un phénomène habituel aggravé par le changement climatique

    En hiver, les riverains ont l’habitude de sauver les tortues paralysées des plages glaciales autour de la baie du Cap Cod. Il y a trente ans, randonneurs et défenseurs de l'environnement retrouvaient en moyenne une centaine de tortues par saison, entre novembre et janvier. Mais cette année, les autorités comptabilisent jusqu’à cent tortues par jour !

    Le changement climatique est en grande partie responsable de cette augmentation impressionnante. Durant les mois d'été, le Gulf Stream emporte les jeunes tortues des côtes du Texas et de la Floride vers le nord le long de la côte est américaine. Ces animaux marins se dirigent instinctivement vers les eaux les plus chaudes en quête de nourriture. Et la baie du Cap Cod se réchauffe plus rapidement que 99% des masses d'eau dans le monde, selon les données de la NOAA, l’agence américaine chargée de l’étude des océans et de l’atmosphère. La faute au changement climatique qui affaiblit le courant du Labrador, qui - normalement - devrait transporter les eaux froides de l'Arctique vers le sud et ainsi maintenir une certaine fraîcheur dans le Golfe du Maine. Donc plus la température de l'eau est au-dessus des normales en été et en automne, et plus de jeunes tortues débarquent dans la baie du Cap Cod.

    Opération de sauvetage de grande envergure

    Sur les plages du Massachusetts, une incroyable opération de sauvetage est en cours depuis plusieurs semaines déjà. Des centaines de bénévoles ratissent des plages jour et nuit pour retrouver ces animaux inertes. Les télévisions diffusent même des numéros d'urgence, joignables 24h sur 24, pour signaler des tortues en détresse. Elles sont ensuite prises en charge par des vétérinaires. Les soins sont longs. Les tortues doivent être réchauffées très lentement. Et il faut compter entre 6 et 8 mois avant qu'elles puissent regagner la mer. Or, les vétérinaires sont débordés par l'affluence autour du Cap Cod où l'on commence à manquer de place. Des chauffeurs et même des pilotes d'avion bénévoles ont donc commencé à transférer des tortues vers d'autres États américains.

    Parmi les espèces qui s'échouent sur les plages, on retrouve des tortues vertes et des tortues caouannes, mais dans la majeure partie des cas il s'agit de tortues de Kemp, classées « en danger critique d’extinction ». Dans ce contexte, chaque tortue sauvée est un espoir de reconstituer sa population et donc d'assurer la survie de l'espèce.

    À lire aussiQue nous enseignent les tortues marines ?

    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Comment les universités britanniques coupent leurs liens avec l'industrie fossile
    2025/12/16

    Dans la transition écologique, les universités se doivent d'être exemplaires. C'est en tout cas l'avis de nombreux étudiants à travers le monde qui mettent la pression sur leurs établissements de l'enseignement supérieur. Sous le slogan « Université sans fossiles », ils réclament que leurs facultés coupent les liens avec les grandes entreprises pétro-gazières, principales responsables du changement climatique. Et au Royaume-Uni de plus en plus d'universités y répondent favorablement.

    Après plus d'une décennie de mobilisation des étudiants, les résultats sont là : le plus important, c'est qu'une large majorité des 147 universités britanniques ont fini par retirer leur argent de l'industrie fossile. « Au Royaume-Uni, les études universitaires coûtent très cher aux étudiants. Cet argent est ensuite investi par l'université dans le but de générer davantage de profits. Et historiquement, beaucoup d'universités ont investi dans des entreprises du secteur des énergies fossiles », explique Josie Mizen, co-directrice de People & Planet, le plus grand réseau étudiant au Royaume-Uni dédié aux campagnes pour la justice sociale et environnementale. « Au cours des dix dernières années, les étudiants ont mené une campagne majeure pour que leurs universités retirent ces investissements des énergies fossiles. Aujourd'hui environ 80% des universités britanniques l'ont fait ou se sont engagées à le faire. Cela représente environ 23 milliards de livres britanniques (soit plus de 26 milliards d'euros, ndlr) qui sont désormais hors de portée de l'industrie des combustibles fossiles ».

    Des liens profonds

    C'est un pas important. Mais les imbrications entre industrie fossile et les universités ne s’arrêtent pas là. Le secteur des énergies fossiles a par exemple influencé pendant des décennies le contenu même de ce qui est enseigné aux étudiants. « Des universités comme celles d’Oxford, d’Edimbourg et d’autres ont toutes invité des entreprises du secteur des énergies fossiles à les conseiller dans la construction de leurs cursus universitaires. Ou elles ont invité des cadres supérieurs d'entreprises pétro-gazières à occuper carrément des postes d'enseignants dans leurs facultés », détaille Josie Mizen. L'industrie fossile a aussi pour habitude de profiter des salons de recrutement organisés par les universités pour attirer les jeunes diplômés. Un piège, estiment les étudiants britanniques mobilisés, car il s'agit là, selon eux, d'un secteur sans avenir.

    Les entreprises pétro-gazières exclues des salons de recrutement

    « Dix-huit universités britanniques ont donc décidé de ne plus publier d'offres d'emploi de l'industrie des combustibles fossiles. Huit de ces engagements ont été pris rien qu’au cours de l’année dernière. C'est un mouvement qui prend vraiment de l'ampleur ».

    Pourtant les universités britanniques ont encore du chemin à faire, estime Josie Mizen. Notamment en ce qui concerne les projets de recherches universitaires, dont bon nombre sont financés par l'industrie fossile. « Il est évident que de nombreuses universités britanniques connaissent des difficultés financières », fait remarquer la co-directrice du réseau étudiant People and Planet. « Par conséquent, il peut être difficile de leur demander de refuser ces financements pour la recherche. Mais nous savons que l'industrie des combustibles fossiles au Royaume-Uni investit des millions dans la recherche universitaire qui sert ses propres intérêts et objectifs. Ces financements ne sont pas neutres. L'industrie fossile s'achète ainsi une légitimité ! Les universités n'accepteraient jamais qu'une entreprise de tabac influence leurs recherches sur la santé publique. Il est donc assez suspect qu'une entreprise de combustibles fossiles finance par exemple les recherches sur le changement climatique ».

    Les étudiants : l’avant-garde dans la lutte pour la justice environnementale

    Les mesures déjà prises par les universités britanniques révèlent en tous les cas le rôle moteur des étudiants dans la transition écologique. « Historiquement, les étudiants ont souvent été à l'avant-garde des mouvements pour la justice, comme la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud », souligne encore Josie Mizen. Aujourd'hui leur mobilisation pour plus de justice sociale et environnementale s'inscrit dans cette tradition, et ceci dans de nombreux pays à travers le monde, pas qu’au Royaume-Uni.

    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Environnement: des accords de Paris à Bélem … Et après ?
    2025/12/11
    Toute cette semaine, à l'occasion du dixième anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat, conclu le 12 décembre 2015, notre Question d’environnement est consacrée aux grandes étapes qui ont conduit à cet accord historique. Hier, nous évoquions les enjeux précédant la signature de l’accord de Paris en 2015. Aujourd’hui, retour sur la période allant de Paris à la COP30 de Bélem. Et cette question : et après? Le 12 décembre 2015, 195 pays signent l’accord de Paris, un traité international qui oblige juridiquement ses signataires à agir contre le changement climatique. Objectifs : ne pas dépasser les 1,5° degré d'ici la fin du siècle. Atteindre le zéro émission nette et aider financièrement les pays vulnérables à s’adapter au nom de la solidarité. Dix ans après, quel est le bilan ? « L'action climatique a été modifiée par l'accord de Paris, nous explique Michel Colombier, directeur scientifique de l'Institut du développement durable et des relations internationales. On a aujourd'hui des institutions, des plans, des mesures dans la plupart des pays qu'on a regardés. Et il y a un changement de trajectoire d'émission. Après, on sait que, pour l'instant, les pays ne sont pas sur la fameuse trajectoire de neutralité carbone à partir de la 2ᵉ moitié du siècle. Nous n'y sommes pas, donc il y a du mieux, mais il y a encore beaucoup d'ambition à gagner. » Financer l’adaptation des pays du Sud au changement climatique. C’est l’article 9 de l’accord de l’Accord de Paris. Plus que de solidarité, il s’agit de morale, car les pays du Sud sont ceux qui subissent le plus durement les conséquences du changement climatique alors qu’ils n’en sont peu ou pas responsables. Une enveloppe de 40 milliards de dollars par an leur est alors octroyée, mais jusqu’à présent ils n’en ont touché que 26 alors que les besoins augmentent. Pour les pays du Sud, la COP30 de Bélem était donc l’occasion de réclamer un triplement du fonds pour l’adaptation. Mais ils n'ont obtenu qu'une vaste promesse de triplement de ce fonds d’ici 2035, au lieu de 2030, et surtout sans aucune obligation pour les pays du Nord car ces États ne veulent pas payer seuls l’addition depuis le retrait des États-Unis de Donald Trump de l’accord de Paris. Pour les observateurs, Bélem marque donc un recul sur la question de l’adaptation. La sortie progressive des énergies fossiles. Elle a été actée lors de la COP de Dubaï en 2023 mais sans aucune feuille de route précise. Cette question a donc fait l’objet d’âpres négociations à Bélem. Pour contrer les États pétro-gaziers et la Russie, qui ne veulent pas entendre parler de sortie des fossiles, 90 pays - dits ambitieux - ont formé une coalition pour obtenir cette fameuse feuille de route sur la sortie du charbon, du pétrole et du gaz. Mais sans succès. Alors peut-on parler d’échec de Bélem à ce niveau ? « Les COPs sont là pour mettre une pression politique sur les pays, reprend Michel Colombier:. Ce qui est intéressant à Bélem, c'est le fait qu'un groupe de pays se soit dit : les énergies fossiles, nous, nous sommes persuadés que la seule solution c'est d'en sortir. Et ce groupe de pays s'est dit : on va se rencontrer au début de l'année prochaine pour une action de coalition. Et c'est dans ce cadre, à l'extérieur des Nations unies, qu'on peut avancer sur les sujets concrets de mise en œuvre réelle des politiques, de transition énergétique, de sortie des fossiles etc. » À lire aussiClimat: «Nous avons besoin d'action politique pour atteindre l'objectif de 1,5°C» Les COPs sont les seules enceintes pour maintenir le climat en haut de l’agenda, un endroit où tous les pays peuvent faire entendre leur voix. Mais le revers de la médaille, c’est que chacun défend ses priorités nationales et son modèle de développement. Bélem en est la parfaite illustration. Mais d’autres modes de négociations voient désormais le jour, pour le climat pour le futur et le bien être de l’humanité.
    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Du protocole de Kyoto à l'Accord de Paris
    2025/12/10
    Toute cette semaine, à l'occasion du dixième anniversaire de l'accord de Paris sur le climat, conclu le 12 décembre 2015, notre Question d’environnement est consacrée aux grandes étapes qui ont conduit à cet accord historique. Aujourd’hui gros plan sur les enjeux pour aboutir à l’accord de Paris en 2015. En décembre 1997, la COP3 adopte le protocole de Kyoto, premier texte qui introduit des engagements contraignants pour les pays développés et les pays de l’ex-bloc soviétique, qui doivent réduire de 5 % leurs émissions de GES d’ici à 2012. Mais, pour entrer en vigueur, le Protocole de Kyoto doit être ratifié par un nombre suffisant de pays représentant un certain volume d’émissions. Or, en mars 2001, Georges W. Bush est élu président des USA, et il annonce que les États-Unis ne ratifieront pas le protocole de Kyoto. Une question se pose alors : que signifie un tel protocole sans les États-Unis, à l'époque premier émetteur de GES ? Cette sortie entraîne une forte décrédibilisation du processus auprès des pays en développement. Finalement, le protocole de Kyoto entre en application début 2005. Il a le mérite de mettre le changement climatique à l'agenda politique, mais de nombreux problèmes restent à régler. Michel Colombier est le directeur scientifique de l'Institut du développement durable et des relations internationales: « Il y avait un problème particulier qui était l'absence dans ce groupe de pays de pays émergents, notamment la Chine, qui était à la fois une condition pour un certain nombre de pays industrialisés de reprendre des engagements et une condition aussi pour faire revenir les USA à la table des négociations, qu'ils avaient quittée précédemment. Donc, il y avait vraiment un double enjeu. Un enjeu de retrouver les négociations avec l'ensemble des participants et un enjeu d'avoir un accord climat après 2012 parce que sinon Kyoto ne fonctionnait pas. » De 2005 à 2009, l’Union européenne préconise d’élargir le protocole de Kyoto aux pays émergents Les États visent la COP de Copenhague, en 2009, pour trouver une suite à Kyoto. Les enjeux sont énormes. Formuler un objectif à long terme. Décider de la forme juridique de l'accord, afin qu’il soit accepté par le Congrès américain. Mais, entre temps, la donne a changé et certains pays que l’on appelait émergents à l’époque se sont développés. La Chine, avec sa croissance à deux chiffres, est devenue le premier émetteur mondial de GES. Les pays du Nord aimeraient donc les mettre à contribution, mais les pays du Sud rappellent leur droit au développement et la responsabilité historique des pays du Nord. Tous ces éléments contraires vont provoquer le naufrage de la COP à venir, celle de Copenhague. « Elle se termine par un échec parce qu'on n'arrive pas à trouver un accord permettant à la fois aux pays émergents de rentrer dans l'action climatique, et en même temps de trouver une méthode pour organiser cette action, explique Michel Colombier, directeur scientifique de l'Institut du développement durable et des relations internationales. À Copenhague, un certain nombre de pays trouvent un accord. Mais ils le trouvent en dehors des Nations unies. Ils le trouvent en petit groupe de pays et l'Europe est rattachée au dernier moment à cet accord. Et quand cet accord est présenté à l'ensemble des pays, ces pays disent : 'Non, nous n'acceptons pas un accord négocié en catimini par quelques-uns'. » L'échec de la COP de Copenhague en 2009 La COP de Copenhague se solde donc par un fiasco. Plusieurs chefs d'État et de gouvernement quittent Copenhague bien avant la fin comme le Russe Medvedev, le Brésilien Lula. De leur côté, les États-Unis et la Chine discutent en aparté pour déceler un accord qui leur permette de préserver leur souveraineté, et qui ne soit pas contraignant. On parlait alors de négociation du G2. Lorsque le président Obama annonce à la télévision qu'il a obtenu un accord, la plupart des autres délégations ne l'avaient même pas lu. C'est un terrible affront pour les délégués, et pour l'Europe, qui était normalement fer de lance des négociations. Fou de rage, le président vénézuélien Hugo Chávez tacle les pays industrialisés : « Si le climat était une banque, dit-il, vous l'auriez déjà sauvé ! » La COP de Copenhague lance les négociations vers l'accord de Paris en 2015 La Cop 21 à Paris est défendue par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, et Laurence Tubiana, qui coordonne les négociations. Leur tâche est ardue. Il faut redonner confiance aux pays qui se sentent trahis et faire revenir tout le monde à la table des négociations. Une mission difficile. Pourtant juste avant la conférence, l’espoir est bien là. « Quand on arrive à Paris, je dois dire qu'on était plutôt confiant parce que la présidence française avait fait un gros travail diplomatique et ...
    続きを読む 一部表示
    4 分