エピソード

  • COP30: les forêts sont-elles encore des alliées dans la lutte contre le changement climatique?
    2025/11/12

    Les arbres sont des puits de carbone indispensables face à la crise climatique. Mais certaines forêts captent moins de CO2 qu'avant, et en rejettent même plus qu'elles n'en absorbent.

    Elle est la star de la COP30. Mais la star est capricieuse et pourrait bien nous laisser en plan. L'immense forêt amazonienne, immense puits de carbone pour lutter contre la crise climatique, est au cœur du sommet mondial pour le climat, qui se tient à Belém, au Brésil, aux portes de l’Amazonie. Entre espoirs et craintes. En dix ans, l’Amazonie a stocké 30 % de carbone en moins. On le sait grâce aux tours à flux installées en forêts (qui mesurent les échanges gazeux entre l’atmosphère et la végétation) et les observations satellitaires. On le sait aussi en mesurant tout simplement le diamètre des troncs – plus un arbre est gros, plus il absorbe du CO2.

    Mais avec le réchauffement climatique, les arbres grandissent moins. « Pendant la sécheresse, il y a un arrêt de la croissance. Aujourd’hui, on observe des saisons sèches beaucoup plus longues et beaucoup plus intenses, et le temps d’arrêt de la croissance des arbres est beaucoup plus long. Ce qui peut parfois mener à une augmentation du taux de mortalité de certaines espèces », explique Ariane Mirabel, chercheuse en écologie forestière tropicale au Centre international de recherche pour l’agronomie et le développement (Cirad), actuellement basée en Guyane française, à la station de recherche tropicale de Paracou. À cela s’ajoutent les incendies, qui libèrent le CO2 stocké par les arbres. Résultat, certaines zones de l’Amazonie peuvent émettre aujourd’hui plus de CO2 qu’elles n’en absorbent. C’est le cas aussi, par exemple, de la forêt tropicale australienne, comme vient de le révéler une étude scientifique.

    Points de bascule

    Moins de pluie, c’est moins de forêts, et moins de forêts, c’est aussi moins de pluie. « La forêt amazonienne régule tout le fonctionnement hydrique de l’Amérique du Sud, précise Géraldine Derroire, écologue forestière au Cirad et à l'université de Brasilia. Donc sans forêt, on a aussi une dérégulation du climat local. Ce qui peut conduire à des points de bascule dont on a peur. En Amazonie, si la déforestation continue, conjuguée aux effets des changements climatiques, on pourrait voir la forêt remplacée par un écosystème de savane. » Encore moins de forêts, c’est encore moins de carbone stocké. Un cercle parfaitement vicieux.

    Mais toutes les forêts tropicales ne réagissent pas de la même manière face au réchauffement climatique. Le Bassin du Congo, l’autre grande forêt tropicale de la planète, en Afrique centrale, résiste. Elle continue de stocker du CO2 comme avant, presque insensible aux sécheresses. « Les espèces du Bassin du Congo ont évolué pour s’adapter à des conditions climatiques plus sèches. Elles vont donc réagir moins fortement à l’augmentation des épisodes secs – c’est l’une des hypothèses. Et puis il y a aussi moins de déforestation sur la partie la plus proche de l’océan. Ces forêts continuent donc de jouer leur rôle dans la régulation du climat local et du régime des pluies », rapporte Géraldine Derroire.

    Ravageurs

    En milieu tempéré, les forêts sont à la peine. Selon une dernière étude, les forêts européennes ont absorbé 27 % de CO2 en moins en 12 ans. La forêt française est emblématique : la surface forestière s’est considérablement étendue ces dernières décennies, mais elle est en mauvais état, victime de la sécheresse, des incendies et des maladies. Un arbre affaibli par la sécheresse aura moins de résistance face aux parasites. En revanche, dans les forêts tropicales, l’immense diversité des arbres et des plantes les protège des ravageurs. « Une forêt tropicale, ce sont 200 espèces à l’hectare, souligne Ariane Mirabel. C’est donc un écosystème qui reste encore aujourd’hui assez résistant à ces ravageurs, pas encore problématiques pour la santé des forêts. » C'est une petite note d’espoir face à ce paradoxe : les forêts, nos alliées du climat, sont aussi victimes de la crise climatique.

    À lire aussiCOP30: le fonds TFFF du président Lula est-il taillé pour sauver les forêts tropicales?

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  • COP30: peut-on encore respecter les limites de température de +1,5°C et +2°C?
    2025/11/11
    Dix ans après l'Accord de Paris, l'un des objectifs de hausse de la température mondiale semble désormais impossible à atteindre. Le sommet mondial sur le climat à Belém pourrait au moins permettre de limiter la casse climatique. Ils ne sont pas sortis d’un chapeau, pour faire joli ou pour faire peur. Non, ces deux chiffres clé dont on parle depuis dix ans dès qu’il s’agit du climat, 1.5°C et 2°C, ces limites de hausse de température fixée par l’accord de Paris, relèvent de la science et de l’avenir de l’humanité, de notre civilisation. Il faut d’abord rappeler à quoi correspond cette augmentation de température : par rapport à la température du globe au 19e siècle, avant la révolution industrielle, quand l’humanité commence à émettre, en masse, du CO2, le principal gaz responsable du réchauffement climatique. Et ce sont des limites à ne pas dépasser à la fin de ce siècle. Chaque dixième de degré compte Au-delà de 2°C, il deviendra difficile de s’adapter, de continuer à vivre comme avant, selon le diagnostic du Giec, les experts du climat. « L’idée de l’accord de Paris, c’est de prendre des mesures pour que les jeunes d’aujourd’hui puissent s’adapter au changement climatique dans la seconde partie de ce siècle et au-delà », résume le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Giec au moment de l’accord de Paris. Cette limite de 2°C faisait consensus à la COP21. La limite de 1,5°C, elle, a été imposée par les États insulaires, en première ligne face au réchauffement climatique. « Ils ont fait le forcing pour avoir une limite à 1.5°C, et ils ont argumenté sur le fait qu’ils étaient particulièrement exposés avec la montée du niveau des mers», rappelle Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Dans cette histoire, celle de l’avenir de l’humanité et au-delà de l'ensemble du vivant, chaque degré compte, et même chaque dixième de degré. Chaque dixième en moins peut sauver des vies. « Dans un monde à +2°C, tous les récifs coralliens auront disparu ; à +1.5°C, “seulement” 70 %, explique par exemple Françoise Vimeux. En termes d’élévation du niveau des mers, dans un monde à +1.5°C, c’est 10 cm d’élévation en moins, et ce sont environ 10 millions de personnes en moins exposées au risque de cette montée des eaux comme l’érosion côtière, la disparition de territoires et les submersions marines. » À lire aussiÀ Belèm, la COP30 s'ouvre pour deux semaines avec plusieurs points de tension en toile de fond Illusoire, impossible Mais aujourd’hui, dix ans après l’accord de Paris, le réchauffement s’est tellement accéléré que la plupart des climatologues ont déjà fait une croix sur la limite de 1.5°C. « C’est illusoire, dit ainsi François Vimeux, de l’IRD. Si on veut rester sur une trajectoire qui nous ramènerait vers 1.5°C, on n’a plus que trois ans d’émissions de gaz carbonique au rythme actuel. On voit bien que c’est impossible, confirme Jean Jouzel. C’est une vingtaine d’années si on voulait revenir vers 2°C ; ça reste possible. Il faut maintenir l’objectif, même si on sait qu’il ne pourra pas être respecté pour 1.5°C. J’espère qu’il est encore possible qu’il soit respecté pour arriver autour de 2°C. » Selon la trajectoire actuelle des émissions de gaz effet de serre, on s’approcherait, à la fin du siècle, de +3°C. Un monde pratiquement impossible. « À 3°C, des régions deviendront pratiquement invivables. Pendant une partie de l’année, les conditions de température et d’humidité seront telles qu’il sera impossible de vivre normalement en extérieur, d’aller travailler, de faire du sport, etc. Le message est très clair sur la capacité d’adaptation et la vulnérabilité des populations, en particulier dans les régions tropicales et équatoriales », souligne Jean Jouzel. C’est l’un des objectifs de la COP30, de ces deux semaines qui viennent à Belém, au Brésil : limiter la crise climatique à 2.4 ou 2.5°C. Sans les COP, on serait, à la fin du siècle, à +4°C. À lire aussiÀ l’ouverture de la COP30, la société civile pousse à l'action
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  • COP30: le Brésil et Lula sont-ils exemplaires sur le climat et l'environnement?
    2025/11/10
    Le trentième sommet mondial sur le climat s'ouvre officiellement aujourd'hui à Belém, dans un pays qui n'entend pas renoncer à l'exploitation du pétrole, où la déforestation continue de faire des ravages, et où l'agriculture n'a pas des pratiques vertueuses. Après le sommet des chefs d’État, jeudi et vendredi, la COP30 commence officiellement aujourd’hui dans un pays qui met en avant l’une de ses principales richesses : la forêt d’Amazonie. Un beau symbole dans la lutte contre le réchauffement climatique, après les deux précédents sommets organisés dans des pays pétroliers et gaziers. Après l'Azerbaïdjan l'an dernier et les Émirats arabes unis en 2023, on pouvait difficilement faire pire ! En choisissant d’accueillir la COP30 à Belém, aux portes de l’Amazonie, le président brésilien Lula tentait peut-être aussi de prendre le contrepied de Jair Bolsonaro, son prédécesseur climato-négationniste. « Symboliquement oui, forcément, en disant oui à une COP alors que l’autre ne voulait même pas entendre parler de climat. En même temps, les deux sont d’accord sur le fait qu’il faut développer le pétrole », relativise François-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire Monde en transition à l'Université de São Paulo. Le pétrole, «une question de bon sens» Si Lula vient de déclarer au sommet des chefs d’État à Belém que « la Terre ne peut plus supporter le modèle de développement basé sur l'utilisation intensive de combustibles fossiles », le président brésilien, comme son prédécesseur, défend l’exploitation du pétrole pour assurer le développement économique du Brésil. « Les gens ne veulent pas polluer un mètre d'eau. Mais en même temps personne ne peut interdire aux gens de soutenir les pauvres s'il y a du pétrole. C'est juste une question de bon sens ! », lançait-il en février dernier, quelques mois avant que le Brésil n’accorde officiellement plusieurs permis d'exploration de pétrole en mer. C’était le mois dernier, juste avant la COP30, et le symbole n'aurait pas pu tomber plus mal. Des ONG de défense de l’environnement ont accusé Lula d'« hypocrisie ». Il n'y a pourtant rien de bien nouveau. Le Brésil est déjà le huitième plus gros producteur de pétrole. « Lula est parfaitement cohérent avec lui-même et avec la politique brésilienne depuis 50 ans qui consiste à considérer que l’auto-suffisance en pétrole est un intérêt stratégique, souligne François-Michel Le Tourneau. Pour le Brésil, l’industrie pétrolière est comparable au nucléaire pour la France : un symbole d’indépendance nationale qui a ses détracteurs mais qui créé un certain consensus dans la société ». À lire aussiJuste avant la COP30, Petrobras obtient le droit d'exploiter des hydrocarbures au large de l'Amazonie L'Amazonie, symbole facile Pour le reste, le Brésil vient d'afficher de bons résultats en matière climatique, avec des émissions de gaz à effet de serre en recul de plus de 15% sur un an. En recul aussi, la déforestation, avec le chiffre le plus bas depuis 11 ans. « En fait le gouvernement brésilien s’est tout simplement remis à appliquer la loi, et à partir de là cela produit tout de suite des résultats », précise François-Michel Le Tourneau. Déforestation et gaz à effet de serre sont d’ailleurs liés, parce qu'au Brésil, où 80% de l'électricité est produite par les barrages hydroélectriques, une énergie renouvelable, l'essentiel des émissions de CO2 provient de la déforestation. « Un effort est fait, poursuit François-Michel Le Tourneau, mais c’est un effort sur des choses très symboliques, en particulier l’Amazonie, présentée comme le symbole de la politique environnementale du gouvernement Lula, et qui cache parfois derrière d’autres mouvements qui ne vont pas tout à fait dans le même sens ». C’est le cas par exemple de l'agriculture, pas forcément très vertueuse. « Même si l’agriculture brésilienne arrête de faire de la déforestation et qu’elle intensifie ses productions sur les zones déjà déforestées par l’agriculture, le problème sera de voir comment elle le fait. Si c’est au prix d’empoisonner encore plus les sols, le bilan ne sera pas forcément positif », prévient François-Michel Le Tourneau. Derrière les symboles (Belém, l'Amazonie), il y a surtout la puissance économique du Brésil. À lire aussiCOP30 au Brésil: «Lula fait partie d’une génération qui a toujours associé le pétrole au progrès»
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  • Dix ans avant la COP30 de Belém, l'Accord de Paris a-t-il servi à quelque chose?
    2025/11/06
    La COP21 organisée en France en 2015 a produit le texte le plus ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Et si les résultats se font attendre, si la crise climatique s'est aggravée, les acquis sont bien réels. Il y a de cela 10 COP (parce qu'au service environnement de RFI, on ne compte pas en années, on compte en COP), la COP21 organisée à Paris donnait naissance à l’Accord de Paris, le texte le plus ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Celui qui fait toujours référence, qui sert de feuille de route. Mais en 10 ans, la crise climatique s'est aggravée, avec son lot de catastrophes, d’incendies, d’inondations et de sécheresses, si bien qu’on pourrait presque croire que l’Accord de Paris n’a servi à rien. On n'a jamais émis autant de CO2, le principal gaz à effet de serre, et l'un des objectifs de l'Accord de Paris, limiter à 1,5°C le réchauffement de la planète à la fin du siècle, est déjà quasi dépassé. « La vérité, c'est que nous avons échoué à éviter un dépassement de 1,5 degré au cours des prochaines années », constatait le mois dernier le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, amer. Il est vrai qu’en dix ans la hausse de la température moyenne sur la planète a été spectaculaire. En 2015, on était à 1ºC d'anomalie de température et on s'approche donc de 1,5°C, l’objectif le plus ambitieux pour la fin du siècle bientôt dépassé en seulement dix ans. Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos de l'Accord de Paris. « La température mondiale d’aujourd’hui n’est pas dépendante de ce qui s’est passé durant les dix dernières années mais de ce qui s’est passé durant les 150 dernières années. Donc qu’il y a ait eu ou pas l’Accord de Paris, on n’aurait pas fondamentalement modifié le stock de gaz à effet de serre en dix ans, parce que c’est trop court », assure l’économiste Christian de Perthuis, qui vient de publier un bilan de l’Accord de Paris dans The Conversation. À lire aussiPlus de 1,5°C en 2024: l'accord de Paris est-il caduc? Le boom du renouvelable L’Accord de Paris a pourtant déjà produit quelques effets. Certes, les émissions de CO2 augmentent encore, mais beaucoup moins vite : le rythme a été divisé par trois en dix ans, et c'est bien grâce à l'Accord de Paris, qui a permis de lancer la transition énergétique, le déploiement des énergies renouvelable, le solaire et l'éolien, à un rythme beaucoup plus rapide que prévu. Le prix des technologies solaires s’est effondré, et l’effet se fait sentir notamment en Asie, et en Chine en particulier. « Ce point est fondamental parce qu’aujourd’hui l’Asie représente les deux tiers des émissions mondiales, souligne Christian de Perthuis, qui a créé la chaire Economie du climat à l'université Paris Dauphine-PSL. Or, tous les signaux sont là pour penser que la Chine est en train de franchir son pic démission, cette année ou l’année prochaine ». L'essor des énergies renouvelables est d’ailleurs planétaire. Presque la moitié de l’énergie produite par les pays de l’Union européenne est désormais décarbonée. Et on en est aussi convaincu, le développement des pays les moins avancés passe aussi par les énergies renouvelables. « Lorsqu’on se projetait dans le futur en 2015, on était encore sur l’ancien logiciel et on disait : “Si on veut que l’Afrique au sud du Sahara ou l’Asie du sud se développe, il faut passer par la case des fossiles”. C’est probablement le point le plus important de ce qui s’est passé depuis ces dix dernières années », estime Christian de Perthuis. Bataille au long cours Autre grand acquis de l'Accord de Paris, l'argent, le nerf de la guerre climatique. Même si les financements mobilisés sont encore insuffisants, ils existent. Sans l'Accord de Paris, il n'y aurait rien eu du tout pour aider les pays les plus pauvres à affronter les causes et les conséquences du réchauffement climatique. L'Accord de Paris nous ramène aussi à un âge d'or des négociations climatiques, sans le négationnisme climatique trumpien. On peut être impatient, mais il ne faut pas baisser les bras. « On ne gagne pas la bataille du climat comme ça en deux ou trois ans. C’est une bataille au long cours et il y a toujours un décalage entre le moment où on agit et le moment où on va bénéficier des retours », rappelle Christian de Perthuis. Sans l'Accord de Paris, l'état de la planète aujourd'hui serait pire encore. À lire aussiDix ans après l'Accord de Paris, la transition vers les énergies renouvelables plus importante que prévue
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  • Comment la gourde est-elle devenue un emblème de la transition écologique?
    2025/11/06

    Elle remplace la bouteille d'eau en plastique jetable. Devenue tendance, la gourde est-elle pour autant exemplaire pour l'environnement ?

    Elle fait peut-être partie de vos souvenirs d'enfance et vous accompagnait dans vos sorties, en camping ou en colonie de vacances : une gourde en plastique qui coulait dans le sac et qui donnait à l'eau ce goût inoubliable de plastique et de renfermé. Mais l'histoire de la gourde n'a pas commencé avec votre enfance. Elle est presque aussi vieille que l'humanité, parce que l'eau est vitale, et qu'il fallait bien la transporter : très tôt les Hommes ont fabriqué des gourdes en peau d'animal, en calebasse, en céramique pour les plus chics.

    Et puis est arrivée l'invention du plastique. Pire encore, du plastique jetable. Il y a dix ans, le nombre de bouteilles en plastique vendue dans le monde, en une année, frôlait les 500 milliards (1 million chaque minute), sans compter l'eau qu'on vend en sachet plastique. Mais seulement 15% du plastique est recyclé à l'échelle planétaire. Le reste part en fumée, ou pire encore, dans les mers et les océans où il y a aura bientôt sans doute plus de plastiques que de poissons.

    Gourdes de luxe

    La pollution plastique est alors devenue un sujet de préoccupation, et peu à peu la gourde s'est imposée comme un objet écologique : l'écologie du quotidien, des petits gestes. Un Français sur deux l'aurait adoptée. Les salariés de RFI ont eu droit à leurs petites gourdes en plastique recyclé. La gourde est devenue à la mode, est même devenue un accessoire de mode, de toutes les couleurs, toutes les matières, personnalisable. La gourde est aussi devenue un marqueur social. Même les plus grandes marques de luxe se sont mises à vendre des gourdes à leur effigie, évidemment hors de prix. Alerte spoiler : l'eau y a le même goût.

    Une gourde est écologique à condition de ne pas en acheter une tous les six mois, ou de ne pas la stocker dans son placard. Un symbole de sobriété peut vite devenir un symbole de consommation. Boire dans sa gourde plutôt qu'en bouteille jetable permet d'éviter 3 à 5 kilos de déchets par an, et quelques kilos de CO2.

    À lire aussiLa pollution plastique, un danger grave, croissant et méconnu, selon un rapport de The Lancet

    Rentable après plusieurs années

    Une gourde, il faut la rentabiliser d'un point de vue écologique, et c'est là que les choses peuvent se gâter. Parce que quand elle arrive en magasin, la gourde a déjà son empreinte carbone (transport, fabrication), plus ou moins élevée selon le matériau choisi. Les meilleures gourdes sont en inox, un matériau sans danger, qui ne se désagrège pas avec le temps, qui est solide. Mais pour l'amortir, il faut l'utiliser exclusivement pendant au moins 3 ans, et même 6 ans si vous avez craqué pour la version isotherme. Sauf qu'en moyenne, en France, on compte deux gourdes par personne, et qu'on en change tous les deux ans.

    Le problème de la gourde, c'est aussi qu'il faut la remplir (et la porter...). Et quand il n'y a pas d'eau potable ou quand il n'y a pas d'eau du tout, ce qui est le cas pour 10% des habitants de la planète, la gourde perd un peu de son intérêt. À Paris, n'espérez pas remplir votre gourde facilement. Les fontaines publiques, sacrifiées au XXe siècle sur l'autel de la modernité, reviennent peu à peu mais il faut bien les chercher. Dans les cafés, on pourra vous facturer le plein d'eau. Et si vous visez un McDo, déjà il faut trouver le code des toilettes, et l'eau qui coule du robinet est chaude – parce qu'il faut bien vendre du coca dans des gobelets en plastique...

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  • Pourquoi «Les Racines du ciel» de Romain Gary, Goncourt 1956, fut le premier roman écologique français?
    2025/11/04
    Alors que le prix Goncourt est décerné aujourd'hui à Paris, retour sur un lauréat marquant et son personnage, Morel, qui lutte pour la survie des éléphants d'Afrique dans les dernières années de la colonisation française. « On a bien voulu écrire, depuis la parution de ce livre il y a 24 ans, qu’il était le premier roman “écologique”, le premier appel au secours de notre biosphère menacée. » C’est ainsi que Romain Gary commence en 1982 la préface de la nouvelle édition des Racines du ciel, récompensé en 1956 par le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt. Le roman met en scène un personnage qui a déjà compris l'importance de la nature. Il s'appelle Morel, un Français qui détonne en pleine Afrique équatoriale française, à une époque, l’époque coloniale, où Ndjamena, la capitale du Tchad, s'appelle Fort-Lamy. Sur tout le continent africain, plus 30 000 éléphants sont tués chaque année. Morel veut les sauver. À lire aussiLittérature: le Prix Goncourt 2025 attribué à Laurent Mauvignier pour «La maison vide» « En conflit avec l'espace » Le personnage de Morel a été inspiré par un épisode de la vie de Romain Gary, en Afrique, pendant la Seconde Guerre mondiale. Son avion s’écrase sur un troupeau d’éléphants. « Je n’étais pas tout à fait tué, raconte Romain Gary dans une interview au journaliste Pierre Dumayet sur l’unique chaine de télé française, en noir et blanc. J’ai vu venir vers moi un Blanc avec un fusil à la main. Je pensais qu’il venait nous aider. Il est venu vers moi et m’a donné un coup de poing dans la figure. Il m’a dit : “Ce n’est pas une façon de traiter les éléphants”. » Ainsi se dessine le personnage avant-gardiste dont Gary fera son héros ; dans la France des années 1950, personne ne parle de biodiversité ni d’écologie. Or, la lecture des Racines du ciel offre quelques passages prémonitoires : « L’espèce humaine était entrée en conflit avec l'espace, la terre, l’air même qu’il lui faut pour vivre. Les terrains de culture gagneront peu à peu sur les forêts et les routes mordront de plus en plus dans la quiétude des grands troupeaux. Il y aura de moins en moins de place pour les splendeurs de la nature. Dommage. » « La tragédie de la viande » Presque 70 ans après sa publication, Les Racines du ciel soulève des questions très actuelles. La défense de la nature ne peut se faire au détriment des populations ; il faut au contraire les associer pour défendre l’environnement. Morel fait ainsi la distinction entre les chasseurs d'éléphants, qui ramènent des trophées et de l’ivoire, et les Africains qui les tuent pour se nourrir. « C'était la tragédie de la viande, du besoin de protéines et d’alimentation carnée : voilà pourquoi la chose la plus urgente à faire (…) était d'élever le niveau de vie des populations africaines. Cela faisait partie de son combat, de sa lutte pour la protection des éléphants. C'était la première chose à faire, si on voulait sauver les géants menacés. » Mais jusqu'au faut-il aller pour sauver les éléphants et défendre l'environnement ? La question agite aujourd'hui les militants écologistes. Morel, lui a tranché. Il faut être radical – mais pas trop. Dans la même interview télé, juste après la sortie de son roman, Romain Gary évoque « la protection de la nature que Morel entreprend les armes à la main, puisqu’il chasse les chasseurs et qu’il les blesse. Il ne les tue pas parce qu’il dit qu’on n’apprend rien à quelqu’un en le tuant, au contraire, on lui fait tout oublier. » Seulement blesser les chasseurs, pour qu'ils se souviennent pourquoi on leur a tiré dessus. « Géants anachroniques » Évidemment, la manière de faire de Morel ne plait pas à tout le monde et les autorités coloniales partent à ses trousses, dans la brousse (non, on ne vous dira pas si Morel se fait arrêter) alors même qu’il est devenu très populaire dans le monde entier. Sur place, à Fort-Lamy, on l'appelle « ​​l'homme qui voulait changer d'espèce », on le dépeint comme un misanthrope. C'est vrai, Morel n'est jamais aussi heureux qu'au milieu des éléphants, mais quand il se bat pour eux, il se bat aussi pour l'humanité, pour les humains et leur liberté. « Ces géants malhabiles, maladroits, anachroniques, venus d’une autre époque, me rappelaient assez certains droits de la personne humaine que l’on considère malheureusement parfois aussi anachroniques, aussi maladroits et aussi gênants, dit-on, pour la marche du progrès que les éléphants », expliquait encore Romain Gary en 1956. Les Racines du ciel est un chant d’amour à la vie et aux éléphants. Alors, comme le conseille Morel, « quand vous n'en pouvez plus, faites comme moi, pensez à des troupeaux d'éléphants en liberté en train de courir à travers l'Afrique, des ...
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  • Au Sénégal, au Mali ou en RDC, comment les mines d'or artisanales provoquent-elles des pollutions au mercure?
    2025/11/03
    Un métal toxique pour récupérer un métal précieux. En utilisant du mercure, l'orpaillage illégal met en danger les populations et les écosystèmes. Une COP pour un poison : huit ans après l'adoption de la Convention de Minamata pour limiter l’utilisation du mercure, la ville suisse de Genève accueille à partir de lundi 3 novembre la COP6 sur le mercure, un métal particulièrement utilisé dans l’orpaillage artisanal – pour ne pas dire illégal. Ces mines d’or font vivre des milliers et des milliers de familles, notamment en Afrique, du Congo-Kinshasa au Mali, en passant par la Guinée-Conakry. « Ce travail est dangereux, très difficile. Mais c’est le dernier espoir de survivre », racontait un ancien chauffeur routier guinéen, devenu orpailleur faute de travail, à notre correspondant à Conakry, Mathias Raynal. L'orpaillage illégal est dangereux parce qu'on peut mourir sous la terre qui s'effondre, et parce que le mercure est un poison. Il est pourtant indispensable aux yeux des orpailleurs illégaux en raison de la simplicité du procédé pour récupérer l’or. Le mercure a la capacité d'amalgamer, d'absorber l'or qui se trouve en fines poussières dans la terre. La pâte ainsi produite est ensuite chauffée, le mercure s'évapore et il ne reste que l'or qu'on peut récupérer. À lire aussiUn gisement d’or «de classe mondiale» découvert dans l’est de la Côte d’Ivoire Organes contaminés Le métal, très volatile, s'évapore dans la nature, littéralement. Il est d'abord inhalé lors de cette opération de récupération de l'or. Et dans des villages traditionnels du Sénégal, près de la frontière avec le Mali, les femmes sont en première ligne. « Les hommes doivent aller chercher le minerai, parfois à 25 mètres de profondeur. À la maison, c’est la femme qui va faire la dernière partie du travail, l’amalgamation au mercure, raconte Birane Niane, enseignant-chercheur à l'université de Thiès. C’est apparemment le travail le moins difficile, mais malheureusement c’est le plus exposé parce qu’elles vont inhaler la fumée de mercure. On a observé des taux de mercure plus élevés chez les femmes que les hommes dans ces villages-là. » Le mercure s'immisce dans le système nerveux, dans les organes vitaux, il est aussi transmis de la mère à l'enfant pendant la grossesse. Le mercure pollue les humains et l'environnement parce qu’il est bioaccumulable – il s'accumule dans les organismes. « Il y a un danger ! s’alarme Birane Niane, qui a consacré sa thèse de doctorat aux effets du mercure sur la santé humaine dans ces mines d’or illégales. Mais au-delà de la santé de ces populations-là, tout le monde est concerné, parce que les écosystèmes sont contaminés, pollués. Le mercure revient dans les eaux, il s’accumule dans les tissus des organismes comme les poissons, et il va contaminer toute la chaîne alimentaire. » Tout en bas de la chaine alimentaire, le plancton absorbe du mercure, les petits poissons s'en nourrissent, les gros mangent les petits et tout au bout ce sont les grands prédateurs qui sont les plus contaminés. Si on mange ces poissons, on est aussi contaminé. Or empoisonné On n'en a jamais fini avec le mercure, parce qu’il est increvable – c’est aussi l’une de ses propriétés. « Si le mercure est emprisonné dans les couches de sol, quand on commence de nouveau à remuer la terre, quand de l’eau circule à l’intérieur, ce mercure peut être réactivé, continuer à polluer. C’est un polluant éternel », relève Robert Moritz, professeur émérite à l'Université de Genève. Malgré les dangers du mercure, les orpailleurs continuent d'utiliser « le produit », comme ils l’appellent, sans nommer explicitement cette substance toxique officiellement interdite et vendue clandestinement. Il existe pourtant des alternatives, mais les chercheurs d’or s'en méfient parce qu'elles viennent des autorités. Et puis les dangers du mercure, ses effets, on ne les voit pas immédiatement. « C’est le même problème que le réchauffement climatique ou la radioactivité : on ne s’en aperçoit pas sur le coup. On n’a aucune conséquence immédiate. Ce que veulent les populations, c’est survivre, gagner leur croûte, s’enrichir. Elles ne se préoccupent pas tellement de ce qui va se passer 20 ans plus tard », estime Robert Mortiz. La pauvreté et le sous-développement sont des polluants éternels de l'humanité. À lire aussiGhana: l'État accentue sa mainmise sur l'exploitation de l'or dans le pays
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  • La mort est-elle écologique?
    2025/10/30
    À l'approche du week-end de la Toussaint et du Jour des morts, quelles sont les funérailles les plus respectueuses de l'environnement et du climat ? Il n’y a pas plus écologique que la mort. On n'a pas de meilleur bilan carbone que lorsque la vie s’arrête, puisqu’on ne mange plus, on ne consomme plus, on ne se déplace plus et on ne respire plus. Un être humain, vivant, aspire de l'oxygène et rejette du dioxyde de carbone, du CO2. Et selon un calcul très scientifique, chaque personne, chaque jour, émet près d'un kilo de CO2, si on considère une activité au repos. Résultat : la respiration humaine représente 4% des émissions totales de CO2, le principal gaz à effet de serre responsable de la crise climatique. C'est plus, par exemple, que le transport aérien. Quand on meurt, vient l’heure des funérailles. D’un point de vue écologique, vaut-il mieux un enterrement ou une crémation ? Vaut-il mieux fumer les pissenlits par la racine, ou que nos racines partent en fumée ? C'est évidemment un choix très intime. Selon une étude de la Chambre syndicale française de l'art funéraire, l’impact carbone d’une inhumation est à peu près équivalent à celui d'une crémation – un enterrement émet environ 620 kg de CO2, et une incinération près de 650 kg de CO2. Pour avoir un élément de comparaison, un Paris-Kinshasa en avion pèse à peu près autant qu'un voyage pour l'éternité… Funérailles vertes On pourrait penser qu'une crémation a un bilan carbone beaucoup plus important, puisqu'on utilise du gaz pour faire brûler le corps. Mais pour une inhumation, il y a souvent un caveau, en béton (et le béton ce n'est pas bon), une pierre tombale, souvent importée de Chine (à 80% aujourd’hui en France). Un cercueil enterré continue aussi de polluer – les fameux feux follets qu’on peut parfois voir la nuit dans les cimetières sont issus d’émanations de méthane, puissant gaz à effet de serre, qui durent parfois pendant des décennies. En fait, ce qui pèse le plus dans des funérailles, à 40%, ce sont la cérémonie et le transport de ceux qui viendront pleurer sur votre tombe. Si vous vous voulez que votre enterrement soit le plus écologique possible, n'invitez personne ! Mais il existe une solution encore plus écologique, qu’on appelle la terramation, ou l'enterrement végétal, sans cercueil, qui se pratique déjà dans quelques États des États-Unis, mais d'une manière très contrôlée et finalement pas très naturelle, dans des entrepôts. En France, la terramation n'est pas autorisée, pas encore, mais une expérience a lieu en ce moment dans un cimetière de la région parisienne. On a enterré des brebis, sans cercueil, et la moitié d'entre elles ont été recouvertes de feuilles et de copeaux de bois, pour accélérer la décomposition du corps, en quelques mois, selon l'hypothèse de travail. À lire aussiÀ New York, le compost de corps humain comme alternative aux enterrements De la mort à la vie « Les feuilles et copeaux vont permettre à l’oxygène de circuler, ce qui va favoriser l’activité des bactéries (des bactéries présentes partout, sur les feuilles, dans la terre, sur le corps). Ce sont ces bactéries qui sont responsables de la dégradation. On obtient de l’humus, une sorte de terre, assez riche, qui va permettre à des végétaux, à des plantes et à des arbres de pousser. Donc oui, on a quelque chose qui peut être vertueux, dans le sens où le corps va retourner assez rapidement dans le cycle de la nature et du vivant », explique Damien Charabidze, biologiste et professeur à l'université de Lille, qui conduit cette expérience. L’humus issu de cette décomposition rapide du corps va rester sur place, dans le cimetière. Il n’est évidemment pas question de fabriquer du compost, le mettre en sac pour aller fertiliser des terres agricoles. Cette expérience servira à alimenter le débat pour l’autorisation de la terramation que réclament des associations, pour une inhumation sans artifice et au plus proche de la nature. « On se rapproche de ce qui se passe dans la nature pour tous les êtres vivants qui meurent dans la nature, souligne Damien Charabidze. Il y a des procédés naturels qui permettent au corps de se dégrader, de repartir dans les écosystèmes. Finalement, quand une personne décède, ce n’est pas une fin, c’est simplement le début d’autre chose : redonner de la vie, parce que c’est ce que produit la décomposition ». On a donc la réponse à une question qui agite l'humanité depuis des millénaires : oui, il y a de la vie après la mort.
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