Où il est question d'ornithérapie et de sylvothérapie : comment les oiseaux et les arbres agissent positivement sur le stress, le moral des femmes et des hommes.
En cette Journée mondiale de la santé, voici une petite expérience à laquelle vous pouvez vous livrer chez vous, ou mieux, dans la nature : écouter des oiseaux chanter. Au bout de quelques minutes, il y a de fortes chances que vous vous sentiez mieux, plus détendu, moins stressé. Vous venez de faire de l’ornithérapie : du soin par les oiseaux. Ornithérapie est le titre d’un livre qui sort ces jours-ci en France, aux éditions Albin Michel, écrit par Elise Rousseau et Philippe Dubois, ingénieur écologue et ornithologue, qu’on a rencontré au Parc Montsouris à Paris – il y avait du soleil et les oiseaux chantaient. L’ornithérapie, nous-dit-il, repose sur les des bases scientifiques : « Des études anglo-saxonnes ont montré par exemple que quelques minutes seulement d'écoute attentive des oiseaux pouvaient faire baisser notre taux de cortisol, qui est l'hormone du stress, et nous permettre d'éliminer ou en tout cas de diminuer fortement les pensées négatives, le stress… Et cela pendant plusieurs heures. À tel point que dans certains endroits de Grande-Bretagne et des États-Unis, il y a maintenant des médecins qui prescrivent à leurs patients des sorties dehors pour aller écouter les oiseaux ».
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Quand la nature nous fait du bien… Outre l’ornithérapie, il y a la sylvothérapie, la thérapie par les arbres, inventée au Japon, ce pays où la nature et les saisons rythment la vie de ses habitants. On fait des bains de forêt, on peut même embrasser le tronc d'un arbre, en prenant toutefois garde aux champignons qui se trouvent dans l’écorce, ou aux frelons qui peuvent s’y cacher. Des études l’ont montré : la sylvothérapie détend, déstresse. D’une manière générale, le vert fait du bien. Dans un hôpital, des malades du cancer installés dans une chambre avec vue sur des arbres ont eu un meilleur taux de guérison. Mais évidemment, rien ne remplace les médicaments (dont plus de la moitié d’ailleurs viennent de la nature et sont fabriqués avec des molécules issues de plantes qu’on trouve sur terre ou dans la mer).
Aux origines de l'humanitéPourquoi la nature nous fait du bien ? Il faut peut-être remonter à nos origines, quand nos très lointains ancêtres vivaient dans la nature. À l'échelle de l'humanité, la vie en ville, c'est très marginal, et ce n’est pas naturel... « Je pense qu’on est dans un monde qui est devenu très citadin, puisque la majorité des humains vivent en ville, et qu'on ne peut pas se couper de ce côté “primitif”, effectivement, de la nature, estime Philippe Dubois. Là j'entends un rouge-gorge, j'entends le pinson, j'entends une mésange charbonnière… Tous ces oiseaux me parlent, je ne peux pas leur répondre, mais simplement ces cris autour de moi m'apaisent, me font du bien ».
Un célèbre biologiste américain, Edward Wilson, a théorisé ce besoin de nature lié à notre passé lointain : la biophilie. Mais ce concept ne fait pas l’unanimité, parce qu’il réduit l'être humain à ses gènes, en oubliant les influences culturelles – la culture au sens large : les manières de penser et d’agir issues de son environnement social. L’historienne des sciences, Valérie Chansigaud, « ne conteste pas les bienfaits de la nature » mais tient à nuancer le concept de biophilie : « Sous l'antiquité grecque ou latine, aucun auteur ne trouve la nature merveilleuse. La mer et la montagne sont des lieux d'angoisse, des lieux menaçants. La belle nature, c'est la nature cultivée, les vergers, les champs, mais pas la nature dite sauvage. Autrement dit, on est toujours conditionné par l'héritage culturel que l'on a et dont on ne se rend pas forcément compte ».
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