Des chercheurs chinois et suédois ont mis au point une variété de riz à haut rendement qui émet jusqu'à 70 % de méthane en moins que le riz normal, après avoir découvert comment les substances chimiques libérées par les racines du riz influencent les émissions.
Les scientifiques savent depuis longtemps que les rizières produisent du méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, libéré lorsque des microbes décomposent les composés organiques des racines du riz. Mais jusqu’ici, ils ne savaient pas exactement quels composés en étaient responsables.
Aujourd’hui, une équipe de chercheurs chinois et suédois a identifié deux acteurs clés : le fumarate et l’éthanol. Ils ont découvert que les plants de riz libérant moins de fumarate et plus d’éthanol réduisent considérablement la production de méthane.
Des essais menés sur le terrain vont encore plus loin. En traitant les rizières avec de l’éthanol ou de l’oxantel, un composé qui empêche la dégradation du fumarate, les chercheurs ont réussi à réduire les émissions de méthane d’environ 60 % – sans aucun impact sur les rendements agricoles.
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D’ailleurs, ces essais ont montré des résultats impressionnants : en moyenne, le rendement atteint 8,13 tonnes par hectare, soit près du double de la moyenne mondiale de 4,27 tonnes.
Des avancées significativesLe méthane est bien plus redoutable que le CO2 : sur vingt ans, son potentiel de réchauffement est 80 fois supérieur. Et les rizières en sont une source majeure, responsables de 12 % des émissions de méthane d’origine humaine. C’est donc un véritable enjeu pour le climat.
Une réduction de 70 % des émissions de méthane, c’est considérable. Si cette nouvelle variété de riz est adoptée à grande échelle, elle pourrait faire baisser de manière significative les émissions mondiales, un atout clé pour aider les pays à atteindre leurs objectifs climatiques, notamment ceux fixés par l’Accord de Paris.
Mais ce n’est pas tout. La population mondiale augmente, et la demande en riz aussi. Jusqu’ici, produire plus signifiait aussi polluer plus. Cette fois, la donne change : cette variété offre de hauts rendements tout en réduisant les émissions, garantissant la sécurité alimentaire sans aggraver le réchauffement climatique.
Révolution de la culture mondiale du rizLes agriculteurs pourront continuer à cultiver le riz dans des champs inondés, qui protègent naturellement les cultures contre les parasites, tout en réduisant les émissions de méthane grâce à la chimie des racines, sans interventions complexes.
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Et son intégration dans l’agriculture mondiale pourrait être rapide. Des pays comme la Chine, l’Inde et l’Indonésie ont déjà des programmes bien établis de sélection de riz hybride. Cette innovation pourrait donc s’intégrer facilement dans les systèmes agricoles existants.
Mais l’impact ne s’arrête pas là. Les chercheurs travaillent aussi sur des engrais enrichis en éthanol ou oxantel, capables de réduire encore davantage les émissions de méthane. C’est une solution qui pourrait s’étendre à d’autres variétés de riz dans le monde entier.