エピソード

  • Faut-il se réjouir d'un pétrole bon marché?
    2025/04/10

    Quels sont les effets d'une baisse des prix de l'or noir sur la consommation et la production de pétrole ? La transition énergétique peut-elle être retardée par un pétrole pas cher ?

    Les bourses ont tremblé. Face à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, et aux menaces de récession économique, le prix du pétrole a entamé une chute hier, mercredi, interrompue quelques heures après par la décision du même Donald Trump de mettre en pause sur ses taxes douanières. D'un strict point de vue économique, en particulier pour les pays importateurs, la facture est évidemment moins lourde avec un pétrole moins cher. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est l'avenir du pétrole, cette énergie fossile dont les économies ont bien du mal à se passer, alors même qu'il représente dans le monde environ 30% des émissions de CO2, le principal responsable du changement climatique.

    Si le pétrole est moins cher, en consomme-t-on davantage ? Quand le prix de l'essence atteint des sommets, on réfléchit peut-être deux fois à prendre sa voiture pour aller chercher son pain à 500 mètres... À l'inverse, si l'essence n'est pas chère, roule-t-on davantage ? Pollue-t-on davantage ? Non, pas forcément. « On ne va pas aller trois fois en vacances avec sa voiture parce que le pétrole est moins cher, estime Olivier Appert, du Centre énergie et climat de l'IFRI, l'Institut français des Relations internationales. L'impact d’une baisse des prix n’est pas immédiat puisque ce qui est raffiné et distribué, c'est du pétrole qui a été acheté il y a deux ou trois mois ».

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    « Drill, baby, drill »

    Quand le prix de référence du baril a failli passer en dessous de 60 dollars, Donald Trump a-t-il vu ses rêves carbonés s’éloigner ? Le président fossile des États-Unis, qui vient par ailleurs de relancer la production de charbon dans son pays, a fait du pétrole et de l'huile de schiste l'un des étendards de sa campagne. « Drill, baby, drill » (« Fore, bébé, fore ») est un slogan martelé même après son élection, repris en chœur par ses partisans comme le refrain d'une chanson.

    Mais hier matin, en se levant, Donald Trump s'est peut-être rendu compte qu'il se tirait une balle dans le pied. « Le coût marginal de production est élevé aux États-Unis, de l'ordre de 50 dollars par baril, ce qui veut dire que si le prix baisse en dessous de 50 dollars le baril, les producteurs américains ont intérêt à arrêter la production, ce qui risque d'avoir un impact important sur les investissements des compagnies pétrolières américaines. Ce n’est pas tout à fait ce que souhaite Trump », souligne Olivier Appert. D'une manière générale, avec un pétrole moins cher, les pétroliers investissent moins. C'est un principe de base, observé chaque fois que les prix s'effondrent : la baisse des prix a un impact sur les investissements et la prospection.

    Un pétrole bon marché a-t-il enfin un effet sur la transition énergétique ?

    Si les énergies fossiles sont bon marché, on pourrait être tenté de moins investir dans les énergies renouvelables, solaire ou éolienne par exemple, parce qu'elles seraient moins compétitives. Mais en réalité, on n'est pas dans la même temporalité. Un krach pétrolier arrive subitement alors que, par exemple, la construction d’un parc d’éoliennes en France, peut prendre jusqu’à sept ans. D'ici là, du pétrole aura coulé sous les ponts, et sans doute encore beaucoup trop.

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  • Pourquoi faut-il irriguer les cultures en Afrique?
    2025/04/09
    Un forum sur l'irrigation innovante se tient à Dakar jusqu'à la fin de la semaine. L'occasion de faire le point sur des méthodes modernes ou ancestrales sur l'utilisation de l'eau en agriculture. Des chefs d’État et de gouvernement sont attendus aujourd’hui à Dakar pour le Forum sur l’irrigation qui se tient toute la semaine dans la capitale sénégalaise, 12 ans après la Déclaration de Dakar, adoptée par les pays du Sahel, et son objectif ambitieux d’atteindre 1 million d’hectares irrigués. L’irrigation de l’agriculture est une nécessité – et pas qu’en Afrique d’ailleurs. Il y a 10 000 ans, le Sahara était tout vert, l’eau ne manquait pas. Aujourd'hui, même si on est loin des sécheresses des années 1970 et 1980, l’accès à l’eau et sa gestion demeurent des questions majeures, alors que l’agriculture fait travailler plus de la moitié de la population active sur tout le continent africain.L'irrigation s'impose notamment en raison de la qualité des sols, et de périodes de sécheresse qui peuvent intervenir même pendant la saison des pluies. « Au sein d'une saison des pluies, on peut avoir plusieurs semaines de sécheresse totale, constate Bruno Barbier, agro-économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Ensuite, il y a aussi le fait que les sols en Afrique ne retiennent pas très bien l'eau. Ce sont souvent des sols indurés en surface et l'eau tend à ruisseler sur ces sols plutôt qu'à s'infiltrer ».Pompes et goutte à goutteL'irrigation d'immenses terres agricoles sur des milliers d'hectares, développée après les indépendances, est un peu passée de mode. Les solutions durables et résilientes évoquées au Forum de Dakar ciblent notamment les petits paysans, puisque 70% de la nourriture en Afrique est produite sur de petites exploitations. Les pompes solaires ont le vent en poupe. Elles coûtent de moins en moins cher (made in China évidemment), et pour contourner la frilosité des banques, peu prêteuses, des systèmes d’avance sont mis en place directement entre les petits agriculteurs et les fournisseurs.Une fois l’eau pompée, de nombreux paysans continuent d'arroser à la main, a remarqué Bruno Barbier, qui travaille en Afrique depuis 40 ans : « L'arrosage à la main parmi les petits paysans, c'est encore la règle. Ils ont souvent l'impression d'économiser l'eau ». Le goutte à goutte, pourtant, est plus économe en eau, et plus efficace car l'eau pénètre lentement jusqu'aux racines. Mais le goutte à goutte a aussi des inconvénients : cher à l’achat, il ne dure pas longtemps. « Beaucoup de paysans abandonnent assez rapidement parce qu’il y a les problèmes de bouchage des petits orifices, précise Bruno Barbier. Les eaux qu'on utilise sont souvent chargés en fer, parfois en calcaire, aussi en argile. Ça bouche les trous. Il faut un entretien, et souvent le matériel au bout de trois ans n'est plus utilisable ». C’est un peu le même problème que rencontrent les bandes aspersantes, une autre solution efficace et économe en eau.Le zaï, méthode ancestraleEt puis face à toutes ces techniques modernes d'irrigation, il y a une méthode ancestrale qui a fait ses preuves : le zaï, très utilisé au Burkina Faso où un homme, Yacouba Sawadogo, l’avait popularisé. « Ça consiste simplement, je dis simplement mais c'est quand même assez dur à mettre en place, ça consiste à creuser un trou d'une dizaine de centimètres de profondeur et d'une trentaine de centimètres de diamètre », expliquait dans l’émission C’est pas du vent Seydou Kaboré, le directeur de la Ferme pilote de Guié, à une soixantaine de kilomètres de Ouagadougou. La pluie est ainsi capturée. Avec des rendements excellents : jusqu'à trois fois plus de récoltes pour le mil ou le sorgho.L’agriculteur bénéficie aussi d’un allié précieux, un tout petit animal qui a pourtant mauvaise réputation : les termites. « Les paysans ont tendance à détruire les termitières, parce qu’elles prennent de l'espace. Mais les termites ont le même rôle que les vers de terre en Europe par exemple, ils malaxent la terre, ils dégradent la matière organique, la rendant assimilable », décrit le Franco-Burkinabé Damien Deville, auteur d'une biographie de Yacouba Sawadogo, L'homme qui arrêta le désert. Dernier avantage du zaï : il permet aussi de capter 50% de CO2 de plus qu'une culture classique. Bon pour l’agriculture, le zaï est aussi bon pour le climat.
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  • Éoliennes ou oiseaux, faut-il choisir?
    2025/04/08
    Un parc éolien du sud de la France, responsable de la mort de dizaines de faucons menacés, est mis à l'arrêt par la justice. Une décision historique, qui témoigne de la contradiction entre transition énergétique et protection de la biodiversité. C'est un tout petit rapace qui vient de mettre à l'arrêt un grand parc d'éoliennes dans le sud de la France : le faucon crécerellette, victime des pales des 31 éoliennes installées à une vingtaine de kilomètres de Montpellier. Il s'agit d'un oiseau protégé, sur la liste rouge des espèces menacées en France, à ne pas confondre avec le faucon crécerelle, un peu plus gros et qui se porte bien – on en voit même à Paris.Pour la première fois, la justice française a condamné au pénal les exploitants d'un parc éolien pour leur responsabilité dans la mort de 160 oiseaux et chauve-souris (le chiffre officiel retenu par le tribunal de Montpellier, même si France Nature Environnement, qui avait porté plainte, estime qu’ils sont deux fois plus nombreux). Et donc, parmi les victimes des éoliennes, plusieurs dizaines de faucons crécerellette. La victoire est historique pour les défenseurs des oiseaux. La dizaine d’exploitants du parc éolien est condamnée à 2,5 millions d’euros d’amende au total, et surtout le tribunal a ordonné l'arrêt des éoliennes, pendant 4 mois, une bonne nouvelle pour ces faucons, des oiseaux migrateurs : c'est au mois d'avril qu'ils arrivent d'Afrique, pour nicher jusqu'à la fin de l'été.Sept oiseaux tués par éolienneLes éoliennes, qui produisent de l’énergie propre (et celles du parc d’Aumelas fournit de l’électricité à 60 000 personnes), sont des tueuses d'oiseaux. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) estime dans un rapport publié en 2022 qu'une éolienne tue en moyenne 7 oiseaux par an. Sachant qu'il y a plus de 10 000 éoliennes en France, on arrive à 70 000 oiseaux tués par an. Et les rapaces, comme le faucon, paient un lourd tribut, avec 25% des décès. Ils ont tendance à tourner autour des éoliennes, leur terrain de chasse.« Généralement autour des éoliennes, on défriche, on libère le terrain autour, et les micros mammifères au sol sont très visibles. C'est extrêmement pratique pour les rapaces qui les chassent », explique Geoffroy Marx, l'auteur de ce rapport de la LPO.Les oiseaux ont plein de qualités, mais ils ont du mal à distinguer les pales des éoliennes, parce qu'elles sont blanches, pour se confondre avec le ciel pour ne pas gâcher la vue des humains. « Les oiseaux détectent assez mal le contraste, poursuit Geoffroy Marx. En fait les éoliennes se détachent assez peu du ciel à travers la vision de l'oiseau. Certains chercheurs suggèrent de peindre par exemple une des pales en noir. Mais cela n’a pas encore fait ses preuves, ce n’est encore qu’une hypothèse de travail ». D’autres solutions qu’un coup de peinture existent.Les éoliennes sont en principe équipées de système de détection des oiseaux.« Généralement, ils fonctionnent avec des caméras qui détectent les oiseaux qui s'approchent. Le logiciel déclenche soit un signal acoustique, soit provoque l'arrêt des machines. Malheureusement aujourd'hui ça n’a pas encore fait vraiment la preuve de son efficacité », précise Geoffroy Marx. Quand les caméras détectent les oiseaux, c'est généralement trop tard.Cohabitation nécessaireIl faut pourtant que les éoliennes et les oiseaux cohabitent, alors que le tribunal de Montpellier doit se prononcer ce mercredi sur un autre parc éolien de la région, responsable de la mort d‘un aigle royal. Il n'y a pas le choix. Éoliennes ou oiseaux, on a besoin des deux. Mais cette affaire illustre parfaitement les contradictions qu'il existe parfois entre la protection de la biodiversité et la transition énergétique nécessaire pour lutter contre la crise climatique. « Finalement, c'est un compromis qu'il faut trouver, concède Geoffroy Marx, en charge du programme énergies renouvelables et biodiversité à la LPO. Il faut aussi de la place pour produire de l'énergie. On en aura tous besoin demain, donc il faut réussir à concilier les deux ».Dernière illustration de cette contradiction : Greta Thunberg, la jeune militante du climat, qui prend le voilier pour aller en Amérique, manifestait il y a un an et demi contre des éoliennes illégales en Norvège, implantées sur les terres du peuple Sami. Leurs rennes d’élevage ne peuvent plus aller pâturer à cause des éoliennes. Mais là au moins, l’espèce de cervidés n’est pas menacée de disparition, même si on finit par les manger.À lire aussiNorvège: Greta Thunberg apporte son soutien aux Samis contre un parc d’éoliennes
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  • Pourquoi la nature fait-elle du bien à la santé des humains?
    2025/04/07

    Où il est question d'ornithérapie et de sylvothérapie : comment les oiseaux et les arbres agissent positivement sur le stress, le moral des femmes et des hommes.

    En cette Journée mondiale de la santé, voici une petite expérience à laquelle vous pouvez vous livrer chez vous, ou mieux, dans la nature : écouter des oiseaux chanter. Au bout de quelques minutes, il y a de fortes chances que vous vous sentiez mieux, plus détendu, moins stressé. Vous venez de faire de l’ornithérapie : du soin par les oiseaux. Ornithérapie est le titre d’un livre qui sort ces jours-ci en France, aux éditions Albin Michel, écrit par Elise Rousseau et Philippe Dubois, ingénieur écologue et ornithologue, qu’on a rencontré au Parc Montsouris à Paris – il y avait du soleil et les oiseaux chantaient. L’ornithérapie, nous-dit-il, repose sur les des bases scientifiques : « Des études anglo-saxonnes ont montré par exemple que quelques minutes seulement d'écoute attentive des oiseaux pouvaient faire baisser notre taux de cortisol, qui est l'hormone du stress, et nous permettre d'éliminer ou en tout cas de diminuer fortement les pensées négatives, le stress… Et cela pendant plusieurs heures. À tel point que dans certains endroits de Grande-Bretagne et des États-Unis, il y a maintenant des médecins qui prescrivent à leurs patients des sorties dehors pour aller écouter les oiseaux ».

    À lire aussiL’appel de la forêt, un antidote au stress

    Quand la nature nous fait du bien… Outre l’ornithérapie, il y a la sylvothérapie, la thérapie par les arbres, inventée au Japon, ce pays où la nature et les saisons rythment la vie de ses habitants. On fait des bains de forêt, on peut même embrasser le tronc d'un arbre, en prenant toutefois garde aux champignons qui se trouvent dans l’écorce, ou aux frelons qui peuvent s’y cacher. Des études l’ont montré : la sylvothérapie détend, déstresse. D’une manière générale, le vert fait du bien. Dans un hôpital, des malades du cancer installés dans une chambre avec vue sur des arbres ont eu un meilleur taux de guérison. Mais évidemment, rien ne remplace les médicaments (dont plus de la moitié d’ailleurs viennent de la nature et sont fabriqués avec des molécules issues de plantes qu’on trouve sur terre ou dans la mer).

    Aux origines de l'humanité

    Pourquoi la nature nous fait du bien ? Il faut peut-être remonter à nos origines, quand nos très lointains ancêtres vivaient dans la nature. À l'échelle de l'humanité, la vie en ville, c'est très marginal, et ce n’est pas naturel... « Je pense qu’on est dans un monde qui est devenu très citadin, puisque la majorité des humains vivent en ville, et qu'on ne peut pas se couper de ce côté “primitif”, effectivement, de la nature, estime Philippe Dubois. Là j'entends un rouge-gorge, j'entends le pinson, j'entends une mésange charbonnière… Tous ces oiseaux me parlent, je ne peux pas leur répondre, mais simplement ces cris autour de moi m'apaisent, me font du bien ».

    Un célèbre biologiste américain, Edward Wilson, a théorisé ce besoin de nature lié à notre passé lointain : la biophilie. Mais ce concept ne fait pas l’unanimité, parce qu’il réduit l'être humain à ses gènes, en oubliant les influences culturelles – la culture au sens large : les manières de penser et d’agir issues de son environnement social. L’historienne des sciences, Valérie Chansigaud, « ne conteste pas les bienfaits de la nature » mais tient à nuancer le concept de biophilie : « Sous l'antiquité grecque ou latine, aucun auteur ne trouve la nature merveilleuse. La mer et la montagne sont des lieux d'angoisse, des lieux menaçants. La belle nature, c'est la nature cultivée, les vergers, les champs, mais pas la nature dite sauvage. Autrement dit, on est toujours conditionné par l'héritage culturel que l'on a et dont on ne se rend pas forcément compte ».

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  • Pourquoi l'OFB, la police de l'environnement en France, est une cible?
    2025/04/03
    La justice a ouvert une enquête après la diffusion d'une vidéo simulant le meurtre d'un agent de l'Office français de la biodiversité par un agriculteur. L'OFB, régulièrement visé par des attaques, semble le bouc-émissaire facile de la crise du monde agricole. C'est une vidéo presque passée inaperçue la semaine dernière en France. Et pourtant, c’est une simulation de meurtre, du meurtre d’un agent de l’OFB, l'Office français de la biodiversité, par un agriculteur. « Tu veux la prendre, la pelle dans ta gueule ? », menace l'agriculteur. Dans l'image suivante, on découvre le policier de l'environnement enterré dans un champ. Cette vidéo, produite par le syndicat Les Jeunes Agriculteurs du département de la Manche, a vite été retirée des réseaux sociaux par ses auteurs, qui ont plaidé l'humour – c'est vrai que c'est drôle (non).À lire aussiL'Office français de la biodiversité dans l'œil du cyclone face à la colère des agriculteursLa justice a ouvert une enquête pour « outrages et actes d'intimidations vis-à-vis d'agents dépositaires de l'autorité publique ». Mais dans la classe politique, après cette nouvelle attaque contre l'OFB, il y a eu très peu de condamnations. « Ce qui est peut-être aussi choquant que ces appels au meurtre, c'est l'absence de réaction politique, juge la cheffe du parti Les Écologistes, Marine Tondelier, l'une des rares à s'être exprimées après la révélation de la vidéo. On peut même dire qu'il y a une incitation politique à s'en prendre aux agents de l'OFB. Je pense qu’aucun corps de fonctionnaires de ce pays n'a été comme ça, livré en pâture par un Premier ministre dans son discours de politique générale. »« Une arme à la ceinture »C'était en janvier dernier. Dans son discours d'une heure et demie devant l'Assemblée nationale, François Bayrou avait consacré deux minutes à la crise climatique avant de cibler la police de l’environnement : « Quand les inspecteurs de la biodiversité viennent inspecter les fossés ou les points d'eau avec une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c'est une humiliation. Et c'est donc une faute », déclarait le Premier ministre sous les applaudissements de la droite et de l'extrême droite. Mais s'il y a faute, c'est celle du Premier ministre qui l'a finalement reconnue en envoyant une lettre d’excuses à l’OFB. Ces quelques mois, une quarantaine de cas d'agressions ou de dégradations ont été recensées.L'OFB est né de la fusion en 2020 de l'Agence française de la biodiversité et de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage qui assurait alors des missions de police de l'environnement. Les agents de l'OFB sont donc des policiers (avec des pouvoirs de police administrative et judiciaire), et c'est la raison pour laquelle ils portent « une arme à la ceinture ». « Il est tout à fait légitime que nous soyons armés face à des personnes également armées, notamment les chasseurs. C'est un métier qui peut être dangereux. Nous avons déjà eu des décès dans nos fonctions. Nous avons une stèle avec plus de 80 noms d'agents qui sont morts en service », précise Concha Agero, directrice adjointe de l’OFB pour la région Provence-Alpes-Côte-d' Azur et la Corse.Bouc-émissaireFaut-il s'étonner que dans ce contexte de tensions entretenu par des agriculteurs, une vidéo au contenu si violent ait suscité une telle indifférence ? La même vidéo sur le meurtre d'un agent de la police nationale aurait fait la une des journaux et provoqué des débats enflammés sur les chaînes d’informations. « C'est comme si l'OFB n'était pas une vraie police parce qu'il y a biodiversité dans le titre. Et donc comme ça concerne l'environnement, ce n’est pas une autorité sérieuse, décrypte Marine Tondelier. On conteste cela chez les écologistes, on protège tous les fonctionnaires. Je rappelle d'ailleurs que s'ils font des choses qui ne plaisent pas aux agriculteurs, ils le font sous l'autorité de l'État. Donc, si ce sont les lois qui ne vont pas, il faut changer les lois. Mais je pense que ces lois sont indispensables et sont même vitales. »À lire aussiFrance: les agents de la biodiversité, en grève, réclament soutien et sécuritéLes fonctionnaires de l’OFB ne sont d’ailleurs pas que des policiers. Il n’y a pas que de la répression. Il y a aussi de la prévention, ainsi que « des missions de connaissances. Nous sommes chargés du suivi de certains écosystèmes, de certaines espèces. L'OFB gère aussi des espaces naturels protégés », précise Concha Agero. L’OFB protège l’environnement et ses agents sont des vigies de la nature.Mais face aux attaques répétées du monde agricole (et politique), l'OFB apparaît peut-être comme le bouc-émissaire d’une contestation générale des normes environnementales. « Ce n'est pas forcément envers nous, pense Concha ...
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  • La guerre commerciale de Donald Trump est-elle une bonne nouvelle pour le climat?
    2025/04/02
    Les nouveaux droits de douane annoncés par le président des États-Unis contre de nombreux pays entrent en vigueur mercredi 2 avril. Les effets attendus d'une possible baisse des échanges internationaux sur les émissions de CO2, responsables du réchauffement climatique, s'annoncent mitigés. La question n'intéresse certainement pas Donald Trump. Alors qu'il s'apprête à annoncer des droits de douane tous azimuts contre de nombreux pays, les effets d'une guerre commerciale sur le climat et les émissions de gaz à effet de serre responsables de la crise climatique ne sont évidemment pas la priorité du président des États-Unis. Ce qui l'intéresse, c’est « la libération de l’Amérique », comme il le répète depuis plusieurs semaines : « C'est le début du jour de la libération en Amérique. On va faire payer les pays qui nous prennent nos richesses, les pays amis et ennemis, et franchement les amis ont souvent été bien pires que les ennemis. »Le président des États-Unis plonge le monde dans l’incertitude et l’économie n’aime pas cela. L’Europe révise déjà à la baisse ses prévisions de croissance : -0,3 points de PIB, selon la présidente de la Banque centrale européenne (BCE). « Personne ne gagne à une guerre commerciale. Personne », martelait la présidente de l'institution Christine Lagarde sur la radio France Inter.Mais la planète, elle, aurait-elle quelque chose à y gagner ? La réponse est compliquée, nuancée. Une certitude, au moins : moins de croissance, c’est moins de gaz à effet de serre. « Cette guerre commerciale de Trump, elle va bousculer un peu l'économie, confirme Christophe Gouel, directeur de recherche à l’Institut français pour l’agriculture et l’environnement (INRAE). Elle va amener en effet à du ralentissement aux États-Unis et en Europe. Et cela, mécaniquement, baisse les émissions. On l'a très bien vu avec la crise économique de 2008. On l'a très bien vu avec le Covid-19. À chaque fois, on a eu une baisse momentanée des émissions de CO2. » En 2020, pendant les confinements, les émissions de CO2, le principal responsable du réchauffement climatique, avaient baissé de 7 %. Soit du jamais vu, mais cela n’a pas duré bien longtemps.À lire aussiDroits de douane, barrières non tarifaires, mesures de rétorsion: les mots du protectionnismePas de baisse durableÀ cause des surtaxes douanières et d'une baisse possible de la croissance économique, le commerce international, qui représente un peu moins de 30 % des émissions de CO2, pourrait aussi ralentir, en lien aussi avec de possibles relocalisations. Quand on relocalise une usine, c’est du transport en moins, et ce n'est pas négligeable. Le transport des marchandises (par bateaux et camions) représente plus de 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais tout n’est pas si simple. « La Chine est globalement un pays qui est assez polluant par dollar de production. Donc une relocalisation dans ce sens-là peut avoir un effet positif, explique Christophe Gouel, qui est aussi conseiller scientifique au CEPII, le Centre d’études prospectives et d'informations internationales. Mais cela ne garantit absolument pas qu’il y ait moins d'émissions. Si on relocalise des choses produites en France qui vont être produites aux États-Unis, globalement l'intensité carbone est plus élevée aux États-Unis. Même si on épargne en émissions liées au transport international, ce sera plus coûteux en émission de CO2. » Avec la guerre commerciale, les préoccupations climatiques pourraient aussi passer en arrière-plan. L’Europe, par exemple, et elle a déjà commencé à le faire, pourrait encore assouplir ses normes environnementales pour ne pas pénaliser ses entreprises mises en difficulté par les barrières douanières. Il ne faut donc pas espérer de miracle pour la planète. « Je ne m'attends pas à ce que cette guerre commerciale amène à une baisse durable des émissions parce que ce n’est pas du tout son objectif », estime Christophe Gouel.En réalité, l’effet Trump sur le climat se mesure d’abord dans ses politiques anti-climat. « Plus que la guerre commerciale, ce qui va davantage compter à long terme, ce sont les déréglementations environnementales, les autorisations de forage dans les zones protégées ou la sortie de l'Accord de Paris. » Donald Trump n’aime pas le climat, et le climat n’a toujours aucune raison d’aimer Donald Trump.À lire aussiClimat : «Le monde est plus incertain qu'il y a huit ans, quand Trump était sorti» de l'accord de Paris
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  • Stars et climat: à quoi sert Leonardo DiCaprio?
    2025/03/31
    L'acteur phare de Titanic devrait signer aujourd'hui le manifeste pour les océans publié lors du sommet SOS Océan, organisé à Paris par Emmanuel Macron. Un message vidéo sera aussi lu par une autre vedette d'Hollywood, Harrison Ford. Mais quelle est l'influence réelle des célébrités qui s'engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Sa venue à Paris fut un temps espérée. Mais ce n'est finalement que par sa signature au bas d'un manifeste que Leonardo DiCaprio sera présent au sommet SOS Océan organisé hier soir et ce matin à Paris par Emmanuel Macron, quelques mois avant que Nice, dans le sud de la France, n'accueille en juin la 3e Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC). Le « bogosse » de Titanic est l’une des stars les plus engagées pour l'environnement. L'une de ses dernières prises de parole politiques remonte à la présidentielle des États-Unis. Il appelle à voter pour Kamala Harris, et son principal argument contre le climato-négationniste Donald Trump, c'est la planète. « Donald Trump continue de nier les faits. Il a sorti les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et il a fait reculer la protection de l’environnement. Le changement climatique tue la Terre et ruine notre économie », avertit-il dans une vidéo publiée une semaine avant le scrutin.Son engagement en faveur de l'environnement ne date pas d'hier ni de la dernière présidentielle américaine. Il y a plus de 25 ans déjà, il créait une fondation, qui porte son nom, en toute simplicité. Côté cinéma, il a produit plusieurs documentaires consacrés à la crise du climat et de la biodiversité (La 11e heure et Le Déluge). On se souvient aussi de son rôle dans le film Don’t look up, une métaphore sur le déni de la crise climatique. Il jouait un scientifique qui parle dans le vide – et on espère que ce n’est pas le sort de cette chronique.« Se bouger le cul »Autre star annoncée au sommet SOS Océan, un autre acteur américain : Harrison Ford, présent via une vidéo dans laquelle il appelle à l'action contre le changement climatique. « Personne d'autre ne viendra nous sauver. Mettons-nous au travail », devrait dire l'interprète d'Indiana Jones. Un message qu'il assenait déjà il y a deux ans. « Si on ne se bouge pas le cul maintenant, on va perdre cette planète », lançait-il sur France 2 en plein Festival de Cannes.En France, même si on n’a toujours pas de pétrole, on a les actrices Marion Cotillard et Mélanie Laurent pour défendre l'environnement. En 2015, quelques mois avant la COP21 et la signature de l'Accord de Paris, François Hollande les avait embarquées comme super attachées de presse du climat. Pour un président français, comme Emmanuel Macron aujourd'hui, c'est sans doute chic d'avoir des stars à ses côtés, Mais est-ce efficace ? Il y a parfois une petite contradiction entre le discours de ces stars sur la crise climatique, et leurs actes. « À quel moment les célébrités portent-elles un message de sobriété ?, s'interroge le chercheur en sciences politiques Florent Gougou. Leurs déplacements sont tout sauf sobres. Leur style de vie est tout sauf sobre. Un exemple typique de ça, c'est Lewis Hamilton, le champion de Formule 1 qui est végan. Ok, il est végan, très bien, et en même temps il conduit des Formule 1, ces Formule 1 dont on sait qu'elles sont transportées entre chaque Grand prix par des avions ». Les avions, Harrison Ford les adore. Il en possède six, dont un jet privé... Quant à Leonardo DiCaprio, on le voit régulièrement dans la presse people se pavaner sur des yachts qui crament 500 litres de diesel à l’heure. Influence relativeDans une époque où la parole des élites a de moins en moins de poids, l'influence des célébrités doit être relativisée. « L'information sur les connaissances scientifiques liées aux transformations du climat et à la chute de la biodiversité d'une part, l'expérience réelle de ses effets d'autre part, comme le réchauffement des températures pendant l'été ou les tensions sur la ressource, ont bien plus d'effet sur les prises de conscience des individus que l'engagement de telle ou telle célébrité », estime ainsi Florent Gougou, qui a travaillé sur l’opinion publique face à la crise climatique. On imagine qu’Emmanuel Macron adorerait faire un selfie avec Leonardo DiCaprio. Ça fait toujours son petit effet, ça fait parler. La présence de people suscite toujours davantage de reprises médiatiques. Ça fait écrire des papiers. C’est d’ailleurs ce qu’on vient de faire…
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  • Comment protéger le patrimoine culturel des océans?
    2025/03/27

    Le Conseil de l'Autorité internationale des fonds marins se réunit jusqu'au 28 mars en Jamaïque pour sa session de printemps. L'occasion de poursuivre les négociations sur un code minier. L'AIFM veut le finaliser cette année. Les fonds recèlent des minerais convoités comme le nickel ou le cobalt. Mais leur exploitation fait peser des risques sur une biodiversité encore méconnue. Autre question qui émerge : celle de la protection du patrimoine culturel des océans.

    On ne les visite pas aussi facilement que les monuments terrestres, mais les océans abritent, eux aussi, un héritage culturel : des épaves, des objets anciens tombés de bateaux, des navires coulés et des avions abattus pendant les deux guerres mondiales, par exemple. Le fond de l'Atlantique conserve aussi les traces de siècles de traite des esclaves entre l'Afrique et l'Amérique.

    Or, si scientifiques et ONG alertent depuis longtemps sur les risques que feraient peser l'exploitation minière sur les écosystèmes, le patrimoine culturel est moins souvent mis en avant.

    « Mémoire vivante » des générations passées

    Pourtant, Salim Lahsini, le représentant du Maroc à l'AIFM qui s'exprimait au nom des pays africains, a plaidé lors des débats pour que la protection du patrimoine culturel sous-marin soit « une priorité égale à la protection de la biodiversité marine » car il est « la mémoire vivante des générations » passées, selon des propos rapportés par l’AFP.

    Cette semaine, les représentants de peuples autochtones ont aussi demandé que leur héritage soit reconnu. Et il y a eu des avancées estime Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer : « Il est prévu que si une entreprise qui irait exploiter ces grands fonds marins trouve des restes humains, des objets ou des sites archéologiques, elle doit immédiatement stopper toute son activité et déclarer ses trouvailles à l'AIFM. Alors évidemment, l'inquiétude des peuples autochtones comme des organisations de la société civile, c'est que tout ça, ça va se passer très loin des côtes et à des milliers de mètres de profondeur. La surveillance des activités proprement dites de ces entreprises va donc être extrêmement compliquée à mettre en œuvre », s’inquiète Sabine Roux de Bézieux.

    Océan et spiritualité

    Mais vestiges et restes humains ne sont sans doute pas les plus difficiles à prendre en compte. Plusieurs États ont proposé que la protection soit également accordée au patrimoine « immatériel ». « C'est demandé par toute une série d'îles du Pacifique notamment », ajoute la présidente de la Fondation de la mer. « La Polynésie française a un rapport très fort avec l'océan. On appelle ça le Mana » de l’océan. « C'est l'esprit de l'océan qui fait partie de la culture polynésienne et de nombreux peuples du Pacifique », relate Sabine Roux de Bézieux qui rappelle toutefois que des « projets d'exploitation des grands fonds marins sont venus de Nauru, une île du Pacifique ». Ce petit État espère, en effet, faire entrer des devises par ce biais.

    La protection de l'aspect sacré de cet environnement marin pourrait s'avérer plus difficile à mettre en place. Un groupe de travail mené par la Micronésie demande la création d'un comité spécialisé, notamment composé de représentants de peuples autochtones, comité qui assisterait le conseil de l'AIFM dans sa décision sur un plan d'exploitation.

    La question du patrimoine culturel a été discutée en Conseil en ce mois de mars 2025. Elle devrait, selon Sabine Roux de Bézieux, être rediscutée en juillet quand le Conseil et l'Assemblée générale seront convoqués.

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