エピソード

  • Pourquoi ne mangeons-nous pas tous des insectes?
    2025/10/16
    Deux milliards de personnes dans le monde consomment des insectes pour se nourrir. Mais en Occident, l'élevage de vers ou de sauterelles se heurte aux habitudes culturelles et à un impact écologique finalement plus élevé. Et s’ils étaient l’avenir de nos assiettes ? Selon la FAO, l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, dans un rapport publié en 2013, les insectes représentent l’une des solutions à la faim dans le monde, une solution de surcroit écologique : puisque manger de la viande a un coût énorme en termes d’émissions de gaz à effet de serre, et puisqu’on a besoin de protéines, mangeons des insectes. Une proposition qui a pu surprendre en Occident, alors que deux milliards de personnes dans le monde mangent des insectes, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud pour l'essentiel. « Il y a des raisons culturelles majeures, estime Corentin Biteau, qui préside, en France, l’Observatoire national d’élevage d’insectes. Souvent, ce sont des insectes qui sont récoltés dans la nature directement, comme moyen de subsistance, pour répondre à un besoin de calories. Beaucoup de ces peuples mangent d’ailleurs de moins en moins d’insectes. » Autant de protéines que dans un steak Environ 2 000 espèces d’insectes sont consommées dans le monde – des fourmis, des chenilles, des sauterelles ou encore des abeilles. Il y a à peu près autant de protéines dans 100 grammes de criquets que dans 100 grammes de bœuf ou de poulet, et c’est moins gras. Sur le papier, les insectes n’ont que des avantages, mais en Occident, même si on peut ingérer des insectes sans le savoir (comme ce papillon passager clandestin du paquet de riz acheté au supermarché), et à part si on est candidat au jeu télévisé de survie Koh-Lanta, l’entomophagie reste ultra-marginale, voire taboue. « La raison principale, c’est le dégoût, le manque de familiarité avec les insectes. Cela prend énormément de temps avant de s’habituer à un nouveau type de nourriture. D’ailleurs, la plupart des entreprises du secteur de l’élevage d’insectes ont quitté le marché de l’alimentation humaine », souligne Corentin Biteau. En France, 5 % des insectes d’élevage sont consommés par les humains, essentiellement sous forme de snacks salés, de chips. Les 95 % restants servent à l’alimentation animale, pour les animaux d’élevage et les animaux domestiques. Feraient-ils moins la fine bouche ? On ne leur demande pas leur avis. Nourrir des bœufs avec des insectes semble une solution idéale ; on arrêterait de donner du soja au bétail, alors que le soja est responsable de la déforestation. Quant à Minou, pourquoi ne mangerait-il pas des croquettes aux vers plutôt qu’au poulet ? Mais c’est un marché de niche, et ces croquettes aux insectes sont beaucoup plus chères et surtout beaucoup moins écologiques que les croquettes normales fabriquées avec les résidus - les déchets de viande récupérés dans les abattoirs. Les croquettes aux insectes ont ainsi un bilan carbone plus élevé et émettent jusqu'à dix fois plus de gaz à effet de serre que les croquettes classiques. À lire aussiFrance: les producteurs de farines d'insectes ont du plomb dans l'aile Le CO2 des insectes Dès lors qu’il s’agit d’élever des insectes pour les manger, le bilan environnemental de l’entomophagie n’est pas terrible. « Les insectes ont besoin d'une température de plus de 25 ºC, ce qui coûte évidemment beaucoup d’énergie. Pour produire l’alimentation des insectes, l’impact environnemental est plus élevé. Si on utilise des céréales qu’on fait pousser et qu’on donne à des insectes qui serviront à nourrir des animaux d’élevage, il y a énormément de pertes. La plupart des études indiquent ainsi que les insectes émettent plus de gaz à effet de serre que le soja ou la farine de poisson », résume Corentin Biteau. Pas très écologique, l’élevage d’insectes pour l’alimentation n’est pas non plus très rentable d’un point de vue économique. Malgré de grandes ambitions et un certain nombre de subventions publiques, l’élevage d’insectes n’a pas décollé. Pire, plusieurs entreprises rencontrent des difficultés, à l’image de Yinscet, une société contrainte de licencier 90 % de son personnel. Sauf à ne plus vraiment avoir le choix, les insectes ne sont pas près d’arriver dans toutes les assiettes. À lire aussiL'Afrique et la France partagent leurs savoir-faire sur les fermes d'insectes
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  • Les mers intérieures vont-elles disparaître?
    2025/10/15

    Le changement climatique et les activités humaines menacent la mer d'Aral ou la mer Caspienne en Asie centrale. À l'inverse, en Afrique, le lac Tchad retrouve son âge d'or, après avoir disparu à 90 %.

    On nage en plein paradoxe. Alors que le niveau des mers et des océans est en train de monter, à cause de la fonte de la calotte glaciaire et à cause de la hausse des températures qui dilate l'eau, les mers intérieures, elles, ont tendance à reculer, voire disparaitre. La mer d'Aral, célèbre pour ses bateaux rouillés ensablés ; la mer Morte, qui porte de mieux en mieux son nom, parce qu'Israël détourne 95 % de l'eau du Jourdain qui l'alimente, selon Amnesty International ; la mer Caspienne, la plus grande mer intérieure au monde, mais jusqu'à quand ? Par endroit, elle s'est retirée de 50 kilomètres, et peut perdre 30 centimètres de profondeur en une année.

    Qu’est-ce qu'une mer intérieure ? Ce n’est pas une mer ! « On appelle mer toute étendue d’eau qui est reliée à l’océan global. La mer Méditerranée est reliée à l’océan Atlantique via le Détroit de Gibraltar, précise l'hydrologue Pierre Chevallier, professeur émérite à l'IRD, l'Institut pour la recherche et le développement. Une mer intérieure est une étendue d’eau qui se trouve dans une région continentale et qui n’a pas de sortie. Autrement dit, c’est un lac en fait. » Des lacs géants appelés mers parce que l'eau y est souvent salée, en raison de la géologie.

    À lire aussiLa mer Morte, point le plus bas de la planète, se meurt

    Stérilisation de la mer d'Aral

    Le niveau d'une mer intérieure est un équilibre entre les apports en eau et les prélèvements d'eau. Et à cet égard, plusieurs phénomènes sont à l'œuvre pour expliquer le recul des mers intérieures. Il y a d'abord les activités humaines. C'est clairement ce qui s'est passé pour la mer d'Aral. On a pompé l'eau des rivières qui l'alimentent pour la culture du coton – pensez-y, pensez à la mer d'Aral chaque fois que vous achetez un tee-shirt jetable.

    Il y a bien sûr aussi le changement climatique, qui perturbe le cycle des pluies, en volume (il pleut moins dans ces régions), mais aussi en termes de distribution au cours de l'année. « Si la précipitation est plus forte au printemps, elle va immédiatement être soumise à des températures de printemps et d’été qui sont plus importantes, et donc une partie significative de la précipitation va être rapidement reprise par l’évaporation. C’est l’eau qui s’évapore et le sel qui reste. Ce qui, dans le cas de la mer d’Aral, a conduit à une sorte de stérilisation : l’eau est devenue tellement salée que la vie n’en était plus possible », décrit Pierre Chevallier.

    Le réchauffement climatique agit aussi en amont, avec une baisse de la cryosphère : moins de glaces et de neiges en montagne, c'est moins d'eau dans les rivières qui alimentent les mers intérieures.

    Le lac Tchad va mieux

    À l'inverse, le lac Tchad, lui, se porte bien. Il se porte mieux alors qu’il avait presque 90 % de sa surface dans la deuxième moitié du XXe siècle, en raison de la sécheresse – le lac Tchad, comme la plupart des grands lacs africains, dépend surtout des aléas climatiques, de la pluviométrie. Aujourd'hui, dans la région, le changement climatique apporte beaucoup plus de pluies. « Les eaux de pluie sont déposées dans le lac Tchad par l’intermédiaire de deux fleuves. À partir des années 2010, la pluviométrie dans le Sahel est bonne. Les résultats des recherches qui ne sont pas encore publiés indiquent qu’en 2024 le lac Tchad a atteint environ 24 000 km2 », révèle Zakinet Dangbet, enseignant chercheur à l'université de N'Djamena.

    Le lac Tchad a quasiment retrouvé son niveau des années 1960, alors qu'il était tombé à 2 000 km2 au plus fort de la crise. Le changement climatique est parfois paradoxal.

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  • Microsoft et l'obsolescence programmée de Windows10: faut-il jeter son ordinateur?
    2025/10/14
    Le géant américain de l'informatique arrête les mises à jour de sécurité de son système d'exploitation, avec 400 millions d'ordinateurs concernés et risquant de partir à la décharge ; un scandale économique et écologique. « Ils accompliront des choses que leurs parents n’auraient jamais imaginé, parce que tous ces enfants grandiront à l’ère de Windows 10. Le futur commence maintenant » : c’était en 2015. Microsoft lançait, à grand renfort de publicités, son nouveau système d’exploitation, Windows 10. Mais 10 ans plus tard, alors que les enfants ne sont peut-être pas encore tout à fait des adultes, le « futur » appartient déjà au passé. C’est en effet aujourd’hui que le géant de l’informatique américain arrête les mises à jour de sécurité de Windows 10, rendant les ordinateurs personnels encore plus vulnérables aux virus et cyberattaques. À force de pétitions et protestations, les consommateurs européens viennent d’obtenir un sursis d’un an ; Microsoft promet d’assurer des mises à jour, mais se garde bien d’en faire la publicité. Pour le reste du monde, il n’y a pas 36 solutions : il faut soit payer pour avoir des mises à jour de sécurité, soit passer à Windows 11. Mais de nombreux ordinateurs ne sont pas assez puissants, ce qui contraint leurs utilisateurs à acheter un nouveau PC. Les fabricants, évidemment, se frottent les mains. La planète, un peu moins. À lire aussiLa fin des mises à jour de sécurité de Windows 10, «un gaspillage écologique insoutenable» Jusqu'à 400 millions d'ordinateurs rendus obsolètes Les conséquences environnementales s’annoncent énormes, alors qu’on estime que jusqu’à 400 millions d'ordinateurs dans le monde sont concernés. « L’impact environnemental d’un ordinateur est lié à plus de 90 % à sa production, souligne Julie Caillard, chargée de plaidoyer de l’association française HOP, Halte à l’obsolescence programmée. Le renouvellement est une source d’impact très importante puisqu’il stimule la production de manière prématurée. Si on a un remplacement de ces 400 millions d’ordinateurs incompatibles, on pourrait avoir l’émission de plus de 70 millions de tonnes de CO2, ce qui est assez considérable et dont on pourrait se passer au vu de la situation actuelle. » L'émission de 70 millions de tonnes de CO2 serait comme si on brûlait plus de 100 millions de barils de pétrole. D’un point de vue juridique, au regard de la loi française, la fin de Windows 10 n’est pas considérée comme de l’obsolescence programmée, même si on s’en approche. L’obsolescence programmée est un concept presque aussi vieux que le capitalisme pour pousser à consommer, notamment des produits difficiles à réparer. « Ce sont des produits assez complexes, avec souvent beaucoup de pièces miniaturisées ; on se retrouve dépendant des constructeurs », relève Julie Caillard. Autre phénomène pointé du doigt : « l’obsolescence culturelle, ou l’obsolescence marketing, pour donner envie de la nouveauté. Acheter par exemple le nouvel aspirateur qui fait aussi serpillère plutôt que de conserver son vieux balai parce qu’il n’est pas à la mode et qu’il marcherait moins bien pour ramasser la poussière ! » Petites amendes, gros bénéfices Le phénomène de l’obsolescence programmée est particulièrement marqué dans le secteur du numérique, en particulier pour les téléphones. Plus de 700 millions de portables sont jetés chaque année dans le monde. La technique la plus répandue est la mise à jour qui rend obsolète votre téléphone qui marchait très bien juste avant, comme Apple l’avait fait juste avant le lancement de l’iPhone 8, en 2017. « Quand on a un iPhone qui se met à ne plus très bien fonctionner du jour au lendemain à cause d’une mise à jour, on va peut-être être poussé à acheter la dernière version alors qu’on aurait pu continuer avec son iPhone sans problème », rappelle Julie Caillard, de l'association HOP. Après la révélation de ce scandale, Apple avait été condamné en France à 25 millions d’euros d’amende. Une « douloureuse », vraiment ? Cette année-là, la firme américaine avait réalisé quelque 80 milliards d’euros de bénéfices.
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  • Comment arrive-t-on à sauver des animaux menacés?
    2025/10/09
    Une espèce animale sur trois risque à terme de disparaître de la planète. Mais certaines politiques de conservation sont des succès, à l'image de la renaissance du tigre en Asie. Au Congrès mondial de la nature, qui s’ouvre aujourd’hui à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, va dévoiler sa nouvelle liste rouge des espèces menacées. Une liste publiée chaque année, et qui s'allonge chaque année. Mais dans un avenir (et même un présent) sombre pour la biodiversité, il y a toutefois quelques bonnes nouvelles, que symbolise un animal emblématique et charismatique : le tigre. Au début du XXe siècle, environ 100 000 tigres vivaient en Asie. Un siècle plus tard, on n’en comptait plus que 3 200, à cause de la chasse, du braconnage et de la disparition de son habitat naturel sous la pression humaine. Une hécatombe, et une espèce au bord de l'extinction. Mais aujourd'hui le tigre est un symbole de la résilience de la nature. Vivre avec le tigre Le tigre est la preuve que ce qu'on appelle les politiques de conservation peuvent réussir. En 2010, sous la pression d'ONG, notamment le WWF, le Fonds Mondial pour la nature, un Sommet du tigre est organisé à Saint-Pétersbourg, avec les 13 pays qui abritent le grand prédateur tigré : la Russie, l'Inde, la Chine ou encore le Népal. Avec un objectif, doubler la population des tigres en 12 ans – en 2022, c’était l’année du tigre dans le calendrier lunaire… En Thaïlande, le nombre de tigres a triplé en 20 ans. Au Kazakhstan, où le félin avait disparu depuis 70 ans, sa réintroduction est aussi un succès. Et en Inde, où vivent les trois quarts des tigres de la planète, la population a doublé en 12 ans. « On a fait cela en préservant des espaces dans lesquels le tigre peut vivre sans être tué, sans être affamé par le manque de nourriture, et par ailleurs où les gens peuvent vivre aussi sans se faire manger par le tigre, explique Yann Laurens, qui dirige le pôle Biodiversité terrestre du WWF France. On a donc mis en place des programmes dans lesquels on protège les populations locales, et d’autre part on fait en sorte que dans les forêts concernées il y ait du gibier dont le tigre a besoin pour manger. On lutte aussi contre le braconnage ». À lire aussiAu Népal, la population de tigres sauvages a presque triplé en douze ans Le retour du loup La cohabitation entre humains et animaux est l’une des clés de la réussite des politiques de conservation, alors que l'ONG Survival International dénonce régulièrement le déplacement de populations locales pour faire de la place au tigre. Conséquence de ces expulsions, les villageois deviennent hostiles au tigre, et complices des braconniers. Les activités humaines dans la nature doivent aussi être repensées. « Quand une espèce a disparu, quand un écosystème s’est dégradé, c’est parce que la manière de produire et de consommer, la manière d’élever le bétail, de semer, etc., a été modifié dans un sens qui va vers l’industrialisation. Conserver la nature, cela se fait avec des gens qui veulent bien travailler d’une manière qui va être favorable à la biodiversité », estime Yann Laurens. En France, la cohabitation humains-animaux est aussi l’enjeu de la présence du loup. Le prédateur avait été éradiqué au début du XXe siècle. Il y en a un millier aujourd'hui. Il n'a pas été réintroduit, il est revenu tout seul, en passant la frontière italienne. Une bonne nouvelle pour la biodiversité. Mais une source de conflits avec les éleveurs. Alors pour protéger le loup, il faut protéger les moutons. « On a mis en place des mesures pour permettre à l’élevage de cohabiter avec le loup, en améliorant la protection des troupeaux. On fait en sorte que le loup laisse les éleveurs tranquilles, pour que les éleveurs laissent le loup tranquille », résumé Yann Laurens, du WWF. Les activités humaines sont les premières responsables du recul de la biodiversité. Sauver des animaux, c'est aussi sauver notre humanité. À lire aussiFrance: le nouveau plan loup frustre les éleveurs et indigne les défenseurs de la nature
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  • Les entreprises délocalisent-elles aussi leur pollution?
    2025/10/08

    Les multinationales recherchent les « havres de pollution », des pays où les règles environnementales sont moins strictes.

    Main d'œuvre moins chère, droits des travailleurs très théoriques, fiscalité avantageuse… Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles des entreprises choisissent de délocaliser leurs activités. Mais un autre phénomène joue dans les investissements directs à l'étranger (IDE). Des entreprises vont s'implanter dans ce qu'on appelle des havres de pollution, comme on parle de havre de paix ; un endroit « protégé » où on peut polluer en toute tranquillité.

    À lire aussiEnvironnement: l'ONU valide la création d'un «Giec» de la pollution chimique

    Ce phénomène a par exemple été observé en Amérique du Nord, quand les États-Unis ont mis en place le Clean Air Act, pour limiter la pollution et les émissions de CO2. « Des entreprises ont délocalisé au Mexique pour bénéficier d’une rigueur environnementale plus faible », raconte l'économiste français Raphaël Chiappini, professeur à l'université de Bordeaux, et co-auteur d'une étude qui confirme ce phénomène des havres de pollution. « C’est vraiment cela qu’on montre : les investissements directs à l'étranger sortant des pays riches tendent à se localiser dans les pays émergents à faible rigueur environnementale », résume-t-il. Des pays où non seulement la réglementation est moins stricte, mais où elle pourra aussi être contournée plus facilement.

    Paradis environnementaux

    Comme il y a des paradis fiscaux, pour échapper à une imposition plus lourde, il existe donc aussi des paradis environnementaux, pour échapper à des normes environnementales plus strictes. Le respect des règles ayant un coût pour les entreprises, certaines préfèrent, pour préserver leurs profits, aller polluer ailleurs, même si ce n'est pas l'unique motivation d'une délocalisation. « Il y a effectivement toute une batterie de déterminants des décisions de délocalisation des firmes multinationales, mais les politiques environnementales entrent en compte comme un facteur significatif. Pour autant, on ne voit pas aujourd’hui que c’est aujourd’hui un facteur plus important que le coût de la main d’œuvre », nuance Raphael Chiappini.

    La recherche des havres de pollution a deux conséquences pour les pays riches. Depuis les années 90, et l'essor de la mondialisation, les importations de biens polluants ont augmenté dans les pays développés. À l'inverse, une part de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans ces pays développés pourrait s’expliquer par la délocalisation d’activités polluantes. Les entreprises ne sont d'ailleurs pas obligées de s'implanter directement en utilisant des sous-traitants sur place.

    Taxe carbone

    Pour éviter ce phénomène des havres de pollution, l'Union européenne a mis en place une taxe carbone à ses frontières, qui va commencer à s'appliquer progressivement l'année prochaine. « La taxation carbone aux frontières peut permettre de corriger ces déséquilibres entre les délocalisations dans les pays émergents et la réimportation ensuite avec un contenu important de CO2. En taxant ce CO2 inclus dans les importations, cela peut gommer cette incitation des entreprises à se délocaliser dans les pays à politique environnementale plus laxiste », relève Raphael Chiappini. On pourrait aussi imaginer une harmonisation mondiale des normes environnementales – on pourrait rêver…

    À lire aussiLa Chine instaure une taxe sur la pollution industrielle

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  • Pourquoi faut-il marcher?
    2025/10/06
    La marche à pied est bonne pour la santé, l'économie et l'environnement. Une étude de l'Ademe a même chiffré à 57 milliards d'euros par an les gains pour la société française. C’est le moyen de déplacement le plus écologique qui soit : la marche à pied, qui a accompagné l’Histoire de l’humanité, depuis que nos ancêtres ont adopté la bipédie – il y a des millions d'années déjà, ils marchaient sur leurs deux jambes. On marche aussi pour faire la révolution « Marchons, marchons », appelle l’hymne national français, La Marseillaise. En Chine, afin d’arriver au pouvoir, Mao avait lancé « la Longue marche ». Au Maroc, « la Marche verte » a permis de s'emparer du Sahara occidental. En France encore, on peut marcher pour se faire élire président : Emmanuel Macron avait lancé le mouvement « En marche », en marche vers l’Élysée. À lire aussi1. La marche qui soigne Mais le plus souvent, on marche sans le savoir, sans s’en apercevoir – la marche ne se résume pas à une promenade ou une randonnée, c’est au quotidien. « Il y a plein de formes de marches qu’on connait mal, souligne Mathieu Chassignet, ingénieur mobilités durables à l'Ademe, l'agence française de la transition écologique. Il y a par exemple la marche pour se rendre à un arrêt de transport collectif, qui correspond à une pratique importante en minutes par jour en moyenne. Il y a d’autres formes de marche dans les espaces privés, comme dans un supermarché ou un centre commercial, par exemple, où on fait de longues distances. Ça peut être au bureau, et ça peut être dans notre domicile. » Les Français marchent ainsi en moyenne 1h12 par jour, moins qu’il y a 40 ans avant qu'on installe des zones commerciales à l'extérieur des centres-villes. Marcher sans consommer d'essence Marcher ne présente que des avantages. La marche à pied, c'est bon pour la santé, l'économie et le climat, comme le montre une étude de l'Ademe : la marche rapporte en France 57 milliards d'euros par an. Aux deux tiers, « ce sont les gains sur la santé, l’amélioration de l’espérance de vie », précise Mathieu Chassignet, qui a participé à cette étude. Une meilleure santé entraine aussi une amélioration des gains de productivité au travail. « On sait qu’un salarié actif est plus productif qu’un salarié inactif ». La marche engendre aussi « des réductions de coût pour les collectivités, puisqu’il est moins cher de faire des trottoirs que de faire de la voirie automobile. C’est aussi un gain pour les ménages, puisque quand on se déplace à pied plutôt qu’en voiture, c’est tout bête, mais cela coûte moins cher et cela permet donc de faire des économies. La diminution du bruit, de la pollution et de la congestion » représente enfin 8 % des gains. Quand on marche, pas besoin d'essence, pas d'émission de CO2. À lire aussiActivité physique: bien marcher, ça s'apprend! Mais il y a des obstacles à la marche, et pas seulement parce qu'on est paresseux ! La marche représente en France en moyenne un quart des déplacements, mais seulement 12 % à la campagne, « d’une part parce qu’il y a moins d’activités à proximité, d’autre part parce que la place du piéton est parfois inexistante. Pleins de rues ou de routes à la campagne sont sans trottoir, par exemple, donc on ne peut même pas marcher, relève Mathieu Chassignet, de l’Ademe. On ne peut pas se contenter de ne pas prendre en compte la marche dans les politiques publiques. Il faut donner davantage d’espaces aux piétons, sécuriser les trajets. Il y a parfois des trottoirs beaucoup trop étroits dans nos villes, donc il faut des trottoirs larges et pas encombrés en permanence par du stationnement et des poubelles. » Le mythe des 10 000 pas Mais combien de pas faut-il faire pour rester en bonne santé ? Tout dépend de son âge, mais globalement 6 000 à 8 000 pas par jour suffisent – au-delà, comme l’ont montré plusieurs études, il n’y a pas véritablement de gains pour la santé, alors qu’on parle souvent de 10 000 pas par jour. Un mythe, en réalité, inventé par une entreprise japonaise au moment des Jeux olympiques de Tokyo, en 1964. Elle vendait un podomètre baptisé Manpo-Kei. Man, en japonais, signifie 10 000. Un chiffre rond, qui ne reposait sur rien, juste sur sa valeur marketing, et qui est resté. La publicité nous fait souvent marcher.
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  • Achète-t-on trop de vêtements?
    2025/10/01
    La Suède autorise dès aujourd'hui les consommateurs à jeter à la poubelle leurs vieux vêtements, car la filière de recyclage est saturée en raison de l'essor de la fast fashion. La surproduction textile encourage la surconsommation et alimente les décharges. La France innove, pour tenter de combattre la pollution textile, avec l’entrée en vigueur ce mercredi 1er octobre d’un nouvel étiquetage sur les vêtements pour informer sur l'impact environnemental du tee-shirt ou du pantalon qu'on achète, dans le but de freiner une consommation effrénée. Quelque 100 milliards de pièces sont vendues chaque année dans le monde – un poids environnemental aussi fort que l'aviation. L’étiquetage mis en place uniquement en France est une avancée pour l'information des consommateurs, mais il reste au bon vouloir des marques. Et encore faut-il que le consommateur en tienne compte. Car le consommateur consomme, et de plus en plus. En France, le marché textile a explosé, plus 40% en 10 ans, selon l’association Zero Waste, qui milite, comme son nom l'indique, pour le zéro déchet. C'est désormais le règne de l'ultra fast fashion, la production de vêtements à faible coût, en grande quantité et presque en temps réel. Avec une enseigne emblématique, Shein, qui propose 1000 nouvelles références chaque jour. Quand la surproduction engendre la surconsommation. « Si on veut résister à cette consommation permanente, il faut vraiment avoir une forte volonté, parce qu’il y a du marketing, de la publicité, des promotions permanentes. Il y a vingt ans, on n’avait que quatre collections par an (printemps, été, automne, hiver), aujourd’hui des marques font 52 collections par an », souligne Pauline Debrabandère, chargée de plaidoyer pour l'association Zero Waste. À lire aussiÉco-score textile: le coût environnemental des vêtements arrive sur les étiquettes en France Du dressing à la poubelle L'ultra fast fashion a conquis la planète, et l'a polluée. La mode rapide, c'est rapide, et ça se jette rapidement. Les filières de collecte croulent sous les vêtements. À tel point qu'à partir d'aujourd'hui, la Suède, pourtant à l'avant-garde écologique, autorise les citoyens à jeter leurs vêtements à la poubelle. Toutes les études le disent : se débarrasser d'un vêtement qu’on a porté moins de dix fois est désormais la règle. Les marques détruisent même des vêtements qui n'ont jamais été vendus. Selon l'Agence européenne de l'environnement, près de 90% des vêtements dont se débarrassent les Européens sont jetés à la poubelle et incinérés. Ceux qui échappent à la benne à ordure sont dirigés soit vers le marché de la seconde main (le vêtement d'occasion), soit le recyclage. D’où l’importance, par exemple, de ne pas jeter nos vieux jeans à la poubelle. « S’il est en bon état, on va le proposer à la vente dans nos boutiques, explique Emmanuel Pilloy, le président du Relais, la principale entreprise de collecte de vieux vêtements en France. S’il est craqué, il ne faut surtout pas le jeter à la poubelle. Il a une deuxième vie possible dans la toiture de votre maison ; on va transformer cette fibre pour en faire des panneaux d’isolation pour protéger votre maison du froid et du chaud ». Un jean, ça tient chaud même quand on ne le porte pas. Décharges au sud Les vêtements qui ne sont pas recyclés peuvent donc avoir une seconde vie. C’est la seconde main, souvent dans les pays du Sud, en Afrique ou en Asie. Mais tout ne se passe pas comme prévu désormais. « Même ces pays-là aujourd’hui croulent sous les vêtements. La Chine commence elle-même à exporter de la seconde main, voire de la fast fashion, directement en Afrique ou en Asie. Nos vêtements se retrouvent non pas portés une seconde fois mais finissent parfois dans une décharge à ciel ouvert à l’autre bout du monde », relève Pauline Debrabandère, de Zero Waste. Accra, au Ghana, accueille ainsi une célèbre décharge textile, sur une plage, avec des problèmes de santé pour les habitants. Les vêtements, bien souvent en polyester, partent aussi dans l'océan. Des vêtements en plastique fabriqués avec du pétrole jetés à la mer, c'est carrément la triple peine écologique, et à la fin ce sont les poissons qui pleurent. À lire aussiLe Ghana devenu la décharge de la fast fashion d’Europe
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  • Pourquoi le gaspillage alimentaire est-il un pillage planétaire?
    2025/09/30

    Un milliard de repas sont jetés chaque jour dans le monde. Un scandale humanitaire et environnemental.

    Le chiffre choc est rappelé chaque année par les Nations unies à l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation contre aux pertes et gaspillages de nourriture, le 29 septembre : l’équivalent d’un milliard de repas est jeté dans le monde chaque jour. Dans le monde, parce que ce n’est pas qu’un problème de riches. On jette beaucoup, et toujours trop, dans les pays développés, mais les plus pauvres ne sont pas épargnés par le phénomène. Entre les pays riches et les pays les plus pauvres, il y a seulement 7 kilos de déchets alimentaires de différence. Résultat : en 2022, chaque habitant de la planète a produit en moyenne 132 kilos de déchets alimentaires. Autre chiffre pour évaluer l'ampleur du phénomène : 20% de la production alimentaire mondiale part chaque année à la poubelle.

    Ce qu’on gaspille, ce sont évidemment d'abord les produits frais, en particulier les fruits et légumes. En France, au pays de la baguette, on se distingue, et c'est le pain qu'on jette le plus. Tout le monde jette, du producteur au consommateur. En ce qui concerne les professionnels de l’agro-alimentaire, c'est ce qu'on appelle les pertes alimentaires, entre la récolte et l'expédition. Dans le monde, plus de 13% de la production de fruits et légumes est ainsi perdue. Il y a d'abord les aléas climatiques et météorologiques, comme des gelées tardives en France, dans le département de la Loire, en 2021, qui avaient provoqué la perte de 90% de la récolte des fruits à noyau. Il y a aussi les maladies, les ravageurs, et l’agriculteur peut parfois perdre un tiers d'une récolte.

    Fruits et légumes « moches »

    Dans ces cas, on n'y peut pas grand-chose. En revanche, il y a un phénomène tout à fait évitable : quand les producteurs sacrifient des fruits ou des légumes qui ne correspondent pas aux canons de la beauté végétale : pas les bonnes couleurs, pas la bonne forme, pas le bon calibre... C'est ce qu'on a appelé en France les fruits et légumes « moches ». Des opérations de vente à moindre à prix dans les supermarchés se sont soldées par un échec. Pour le consommateur, seul ce qui est beau est bon – une vue de l'esprit qui a la dent dure. Il arrive aussi que les agriculteurs laissent pourrir les fruits sur la branche, quand les prix s'effondrent, ce qui arrive quand l'offre devient soudain trop importante et qu’il n'est pas rentable de les ramasser. Et puis il y a le transport : certains fruits sont fragiles et sont jetés à l'arrivée. Alors, pour limiter la casse, vous trouvez souvent des fruits encore verts, bien durs, sans saveur, privés de soleil bien trop tôt.

    Du champs à la poubelle

    Après les pertes alimentaires, il y a le gaspillage. C'est par exemple, la vielle pêche que vous avez laissé pourrir au fond du frigo (à votre décharge, il faut dire qu'elle était cachée par un vieux pot de crème fraîche à moitié consommé). Au pire, on peut la valoriser, et la mettre au compost, pour nourrir la terre et les futures récoltes. Un moindre mal. Les occasions de jeter de la nourriture sont multiples : parce qu'on achète trop quand on fait ses courses ; parce qu'on ne finit pas son assiette, à la maison, au restaurant, à la cantine....

    Au-delà du coût économique, 1 000 milliards de dollars chaque année, au-delà du scandale humanitaire, quand 800 millions de personnes dans le monde ne mangent pas à leur faim, le gaspillage a aussi un coût environnemental. Un quart des surfaces cultivées dans le monde servent à produire des aliments qui finiront à la poubelle. Il y a toute l'eau qu'on utilise pour faire pousser ces fruits, ces légumes ou ces céréales qu'on ne mange pas ; la nourriture animale qu'on a utilisée pour produire un steak ou une cuisse de poulet qui ne sera jamais consommé. Le gaspillage alimentaire est un pillage planétaire, qui représente 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre, cinq fois plus que le transport aérien. Le troisième plus grand contributeur à la crise climatique, après les États-Unis et la Chine, c'est le gaspillage alimentaire.

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