エピソード

  • Comment répondre à la crise du vivant?
    2025/11/27
    Alors que la biodiversité s'effondre et que de nombreux écosystèmes sont menacés, 117 scientifiques et experts du monde entier se réunissent à Paris. Ils ont été choisis par l'IPBES (la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, aussi appelé le « GIEC de la biodiversité »). Et ils ont une tâche cruciale à accomplir, à savoir : écrire la deuxième évaluation mondiale sur la biodiversité et les services que nous rendent les écosystèmes. En 2019, la publication par l’IPBES de la toute première évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques avait réveillé les consciences : l'opinion publique mondiale apprenait alors que plus d'un million d'espèces végétales et animales étaient menacées d'extinction et qu'un tiers des écosystèmes ne pouvaient plus abriter leur faune et flore originelles. Et tout cela à cause de l'activité humaine. Depuis, de nombreux pays ont mis en place des stratégies et politiques publiques pour renverser ce déclin dramatique. Au niveau international aussi, les pays tentent de coopérer davantage pour protéger le vivant. Mais force est de constater que ce n'est pas encore suffisant. « Nous consommons toujours plus » « Nous ne prenons toujours pas les bonnes décisions », déplore le Kényan David Obura, président de l’IPBES et lui-même scientifique reconnu pour ses travaux sur les écosystèmes marins. « Ces dernières années, les pressions sur la nature ont continué d'augmenter. Principalement parce que nous continuons de consommer toujours plus. Nous ne changeons pas encore suffisamment nos habitudes. Nous devons absolument comprendre comment aligner nos comportements sur la durabilité de la planète ». C’est précisément l’objectif du deuxième bilan mondial sur la biodiversité sur lequel ont commencé de travailler cette semaine à Paris des centaines de scientifiques et experts du monde entier. Ils ne doivent pas seulement faire un état de lieu des espèces animales et végétales sur notre planète, souligne le Sud-Africain Luthando Dziba, le secrétaire exécutif de la plateforme, mais aussi « examiner les facteurs directs et indirects responsables de la perte de biodiversité et rendre compréhensibles les services de la nature qui améliorent notre qualité de vie. Un chapitre sera aussi consacré aux scénarios basés sur les mesures déjà prises, et encore un autre explorera les futures options politiques ». À écouter aussiIPBES : nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas... L’accès aux données scientifiques s’est amélioré Les experts auront près de trois ans pour synthétiser des données scientifiques du monde. Cette synthèse doit être fiable et surtout compréhensible car elle servira à faire des recommandations pour les décideurs politiques et les acteurs locaux à travers le monde entier. C’est un travail titanesque. D’autant plus que « la disponibilité des données sur la biodiversité s'est nettement améliorée », constate David Obura. « Le nombre de données a doublé en cinq ans, notamment grâce au déploiement des systèmes à distance comme les drones, les satellites ou les capteurs. Il y a donc bien plus d'informations, mais nous devons maintenant les traiter et les comprendre ». Les connaissances autochtones prennent toute leur place Ces informations disponibles ne proviennent d’ailleurs plus seulement des sciences dures. « Un chapitre entier sera consacré aux connaissances autochtones, qui se sont développées au fil des millénaires et qui permettent aux peuples autochtones de tirer profit des ressources que leur offre la nature sans l'abimer », annonce Luthando Dziba qui prédit que ces connaissances autochtones vont « enrichir notre compréhension de nos écosystèmes et améliorer notre capacité à mieux les gérer ». Une publication en 2028 La deuxième évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques sortira en 2028. D'ici là, l'IPBES s'apprête à publier un autre document qui fera couler beaucoup d'encre. Ce sera en février de l'année prochaine. Un travail scientifique de premier plan qui démontrera l'impact des entreprises sur la biodiversité, alors que plus de la moitié du produit intérieur brut mondial dépend de la nature. À lire aussiL’IPBES, «Giec de la biodiversité», prône des réponses globales et décloisonnées aux crises
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  • Comment la grippe aviaire tue les éléphants de mer?
    2025/11/26

    Depuis 2022, la plus grande vague de ce virus jamais documentée sévit sur plusieurs continents. Le H5N1, de son nom scientifique, ne touche pas seulement les oiseaux sauvages et la volaille, car ces derniers sont capables de le transmettre à des mammifères. Le dernier épisode qui fait couler beaucoup d'encre, c'est celui qui ravage les populations d'éléphants de mer dans l'Atlantique Sud.

    Les éléphants de mer sont la plus grande espèce de phoques. Les mâles peuvent atteindre une longueur de six mètres et demi et peser plus de trois tonnes. Ce sont habituellement des animaux solitaires, sauf au moment de la reproduction. Et c'est là que le H5N1 a frappé.

    « Il s'agit d'un virus transmis par voie aérienne », explique Connor Bamford, écologiste marin au Centre de recherche britannique en Antarctique. « Les gouttelettes infectées se propagent d'un animal à un autre. C'est particulièrement problématique au moment de la reproduction en octobre, quand les éléphants de mer viennent à terre et forment d'immenses colonies très denses. Ce sont les conditions idéales pour que le virus se propage facilement au sein de leur population ».

    En Géorgie du Sud, la moitié des femelles reproductrices manquent à l'appel

    Le territoire étudié par Connor Bamford, c'est la Géorgie du Sud. Cette île de 3 700 km2, à 1 700 kilomètres de la Terre de Feu au large de l'Argentine, abrite plusieurs colonies d'éléphants de mer. Des dizaines de milliers de femelles y viennent chaque année pour mettre bas puis s'accoupler de nouveau avant de reprendre la mer. Le premier oiseau migrateur porteur du H5N1 y était découvert en septembre 2023. Les scientifiques s'attendaient alors à un fort impact de la grippe aviaire sur les grands mammifères. Mais ils étaient loin de s'imaginer ce qu'ils allaient découvrir un an plus tard.

    « Quand nous sommes arrivés sur les plages, il était évident qu'il y avait quelque chose de différent. Quelque chose n'allait pas du tout ! Normalement, quand on marche le long de la ligne de déferlement des vagues, on a du mal à se frayer un chemin entre les animaux pour arriver jusqu'au fond de la plage. Mais en 2024, il y en avait tellement moins que ça sautait aux yeux ! Alors nous avons recommencé les vols de drones qu'on avait déjà entrepris en 2022. Et nous avons constaté qu'en moyenne 47% des femelles reproductrices manquaient à l'appel ». 47% cela correspond à 53 000 femelles.

    La population mondiale des éléphants de mer affectée

    L'impact à long terme est encore difficile à évaluer pour les scientifiques. Puisque « la population d'éléphant de mer en Géorgie du Sud est la plus grande au monde » souligne Connor Bamford. « Lors du dernier recensement en 1995, elle représentait un peu plus de la moitié de la population mondiale. Et donc la moitié de ces éléphants de mer sont morts à cause de la grippe aviaire entre 2023 et 2024, ce qui fait un nombre considérable d'animaux ! La population mondiale d'éléphants de mer va en souffrir au moins jusqu'à la fin du siècle ».

    D'autant plus que les nouvelles en provenance d'autres territoires ne sont guère encourageantes. Sur la presqu'île de Valdès en Argentine, 97% des bébés éléphants de mer ont été décimés par le virus l'an dernier. Et ces jours-ci, les scientifiques français rapportent une mortalité inhabituelle des éléphants de mer sur les îles Kuerguelen.

    L'impact sur l'écosystème marin pas encore mesurable

    Une véritable hécatombe qui touchera inévitablement d'autres espèces. En tant que prédateurs redoutables, les éléphants de mer se placent tout en haut de la chaine alimentaire. Mais ils jouent aussi un rôle nourricier : comme ils plongent jusqu'à deux kilomètres de profondeur, ils répandent leurs matières fécales dans les différentes couches des océans, ce qui profite aux autres organismes. Un déclin brutal des éléphants de mer aura donc un impact sur l'ensemble de l'écosystème marin, dont on peine encore à mesurer l'ampleur.

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  • En France, timide retour des oiseaux après interdiction d’un insecticide
    2025/11/25

    Le changement climatique, la destruction des habitats, les pollutions mais aussi les pesticides mettent la biodiversité à rude épreuve. Dans ce contexte, l'interdiction d'un seul insecticide peut déjà avoir des résultats positifs et pas seulement sur les insectes eux-mêmes mais aussi sur leurs prédateurs. En France il y a ainsi une bonne nouvelle : les chercheurs ont constaté que depuis l'interdiction de l'un de ces pesticides, les populations de certains oiseaux vont mieux.

    L'imidaclopride est un puissant insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Il s’agit d’une molécule qui s'attaquent au système nerveux central des insectes. On l’appelle « tueur d'abeilles », l'imidaclopride a également des conséquences néfastes pour les oiseaux. « Il y a d’abord l’effet direct : l'oiseau va se nourrir de graines qui sont enrobées de cet insecticide et qui auront un effet toxique sur les oiseaux, soit un effet sublétal, qui perturbera par exemple la migration, soit un effet létal qui entraine la mort de l’oiseau suit à l’ingestion de ces molécules », explique l'agro-écologue Thomas Perrot, l’auteur principal de l'étude publiée sur le site de la revue Environmental Pollution. La deuxième conséquence de l’Imidaclopride sur les populations d’oiseau « est la déplétion des ressources. Les oiseaux vont se trouver dans des milieux où il n'y a plus d'insectes ou plus suffisamment pour qu'ils puissent se nourrir ou pour qu'ils puissent nourrir leur descendance ».

    L'imidaclopride a été interdit dans l'Union européenne en 2018

    L’imidaclopride est interdite dans l'Union européenne depuis 2018. Thomas Perrot et ses collègues à la Fondation pour la recherche sur la biodiversité ont donc comparé les populations d'oiseaux sur les parcelles contaminées par cet insecticide avant et après cette interdiction. Résultat : les espèces comme la fauvette à tête noire, le merle ou encore le pinson des arbres sont de retour. En 2022, donc quatre ans après l'interdiction, leurs populations étaient en hausse de 2 à 3%. C'est une excellente nouvelle, mais la reprise reste encore faible. Probablement parce que « les néonicotinoïdes sont persistants dans le sol et que les insectes sont donc toujours en contact avec ces pesticides », avance l’agro-écologue Thomas Perrot. « Et la deuxième explication c'est qu'il faut un certain temps pour que les populations d’oiseaux se reproduisent et réatteignent leur niveau d'origine ».

    Le rétablissement total des populations d’oiseaux prend du temps

    Peu de recherches ont été pour l’instant dédiées au temps de rétablissement des populations d’oiseaux après l’interdiction d’insecticides. « À l’exception du DDT », souligne Thomas Perrot, un puissant insecticide, utilisé massivement pendant la seconde guerre mondiale et ensuite dans l'agriculture mais aussi pour lutter contre les insectes transmetteurs de maladies comme le paludisme. Le DDT a été interdit dans les années 1970 pour ses effets néfastes sur l'environnement et la santé humaine. « Et à l'époque, les études avaient montré qu'il fallait entre dix et 20 ans avant un rétablissement total des populations d'oiseaux ».

    Il est d'ailleurs fort probable que la même dynamique opère chez d'autres animaux insectivores, comme les chauves-souris ou encore les hérissons. Mais là encore, les études scientifiques doivent en apporter les preuves.

    L’agriculture a un rôle dans la préservation de la biodiversité

    L’étude de Thomas Perrot et ses collègues en France « confirme que les néonicotinoïdes ont un impact sur la biodiversité là où on ne s'y attend pas : sur les oiseaux. Alors qu’initialement ce sont des molécules faites pour supprimer les insectes. Cela montre que les interdictions d’insecticides ont des bénéfices pour la biodiversité et que l'agriculture a un rôle à jouer pour la conserver ». Et Thomas Perrot de conclure : « si on veut à la fois maintenir la biodiversité et la production agricole, il faut développer de nouveaux systèmes agraires qui se basent sur d'autres principes que l'agro-chimie ».

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  • Qu’est-ce que la CITES ?
    2025/11/24
    La COP30 sur le changement climatique vient à peine de fermer ses portes ce week-end à Belém au Brésil qu’une autre COP s’ouvre déjà : la COP20 de la CITES démarre ce lundi à Samarkand en Ouzbékistan. La CITES est bien moins connue que les conventions de l’ONU sur le climat, la biodiversité ou la désertification. Et pourtant, il s’agit d’un organe crucial de la diplomatie environnementale. La CITES, c’est un traité international signé par 184 pays et l’Union européenne. Il fête ses cinquante ans cette année, puisqu’il est entré en vigueur en 1975. L’objectif de la CITES est de protéger les espèces de la flore et de la faune sauvages qui sont menacées par le commerce. « Je crois que tout le monde a déjà entendu parler du commerce illégal des tigres ou bien de l’ivoire ou encore de la corne de rhinocéros », avance Ilaria di Silvestre, directrice des politiques et du plaidoyer pour l’Europe au Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). « Et bien l’organe qui établit que ce commerce est illégal au niveau international, c’est justement la CITES ». Les annexes de la CITES des plantes et animaux menacées Tous les trois ans, les pays signataires de la CITES se retrouvent pour une grande conférence, une COP. Deux semaines durant lesquelles les pays décident pour quelles espèces le commerce doit être règlementé. Les animaux et plantes sont répartis en trois groupes, appelés annexes et qui correspondent à trois niveaux de protection : l’annexe 1, ce sont les animaux et plantes menacés d’extinction. Pour les espèces de ce groupe, le commerce est complètement interdit. Car quand on est surpêche les requins - parce que leurs ailerons se vendent plusieurs centaines d'euros le kilo - ou quand on coupe sans compter un bois tropical - parce qu'il est particulièrement résistant aux tempêtes hivernales sur les terrasses des Européens - tôt ou tard ces espèces disparaissent. À lire aussiBilan de la CITES: de nombreuses espèces mieux protégées, malgré des mécontents L’annexe 2 inclut les espèces qui ne sont pas encore menacées d’extinction mais pour lesquelles le commerce est strictement limité et règlementé pour éviter qu’elles le soient. Et l’annexe 3 regroupent toutes les espèces pour lesquelles certains pays membres demandent la protection. Aujourd’hui, plus de 40 milles espèces d'animaux et de plantes sont déjà inscrites dans les annexes de la CITES. Certaines décisions font l'objet d'âpres négociations Comme pour toute décision multilatérale, certaines font l’objet d’âpres négociations. Il y a par exemple des pays qui voudraient rouvrir le commerce de l'ivoire. D'autres s'opposent au classement du Pernambouc, une essence du Brésil, parce que cela compliquerait la vie des musiciens à cordes : leurs archers sont souvent fabriqués avec ce bois. Les enjeux sont aussi divers que les espèces concernées. Mais « en comparaison avec d’autres conventions, celle de la CITES est plus technique que politique », explique Ilaria di Silvestre, « parce que les décisions doivent être prises sur des bases scientifiques, des données disponibles. Et les discussions sont menées par des experts des différents pays ». Des difficultés dans la mise en œuvre des mesures de protection Pour mettre en œuvre des mesures de protection, la CITES a instauré un système international de permis obligatoires pour toutes les importations ou exportation d’espèces protégées. Mais la responsabilité en revient aux autorités nationales, et les pays en développement réclament davantage de soutien financier des pays riches pour pouvoir remplir ce rôle. Cette aide est d'autant plus nécessaire, souligne Ilaria di Silvestre de l’IFAW, qu'il devient de plus en plus complexe de contrôler le commerce des espèces sauvages. « Ce commerce se fait aujourd’hui essentiellement sur le net. Et les cybercriminels inventent toujours de nouvelles pour échapper aux contrôles. C’est extrêmement compliquer de pouvoir distinguer ce qui est légal de ce qui est illégal, et de contrôler ce marché énorme qui travaille sept jours sur sept, 24 heures sur 24 ». Le trafic illégal d’animaux et de plantes sauvages pèse 100 milliards de dollars par an. Il est le quatrième marché noir le plus lucratif au monde et avec le changement climatique, les pollutions et la destruction des habitats, l'un des responsables de l'effondrement de la biodiversité. Dans ce contexte, « il est crucial de garantir la survie des espèces dans leur milieu naturel et ainsi de maintenir nos écosystèmes en bonne santé », a souligné la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, lors d’une conférence de presse en amont de la COP20. « Ces espèces d’animaux et de plantes nous rendent de précieux services à nous, les humains. Elles assurent notre alimentation, notre santé, soutiennent nos ...
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  • Pourquoi cultiver la forêt plutôt que la brûler?
    2025/11/20
    La COP30 se déroule à Belém. Dans cette ville d'Amazonie brésilienne le rôle de la forêt, essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique, est mis en avant. Or la déforestation s'accélère. En 2024, les régions tropicales ont perdu 6,7 millions d’hectares de forêts primaires principalement pour les besoins de l'agriculture. Mais au lieu détruire la forêt pour planter des monocultures un autre modèle est possible. L'agroforesterie consiste à associer les arbres et les plantations. Quelques chants d’oiseaux et le crissement des insectes en bruit de fond, Domingos Da Silva se souvient de la forêt avant l’intervention de sa famille. « C'était très beau quand je suis arrivé. Il n’y avait que de la forêt et puis j'ai dû mettre le feu pour déboiser », reconnait-il. Il y a 40 ans, Domingos Da Silva et sa famille ont commencé à défricher la forêt, la brûler pour pouvoir planter du manioc. Aujourd'hui, certaines de ses terres sont toujours stériles. « Un sol lessivé » « Ici, il y a sans doute eu plusieurs feux successifs dans le passé. Et donc la zone est dégradée », analyse René Poccard Chapuis chercheur au CIRAD. À lire aussiCOP30: bataille pour une sortie des énergies fossiles et dernière ligne droite pour sauver l’accord climatique Car sans la protection d'une couverture végétale, le sol meurt. « La pluie emporte tous les nutriments et cela donne ça, du pur sable. Le sol est tellement dégradé, tellement lessivé. Il n’y a plus de matière organique. Il n’y a même pas d’arbre qui arrive à pousser tellement le sol est trop appauvri », explique-t-il. Il faut de longues années pour que la végétation s'enracine à nouveau. Un temps qui a aussi permis à Domingos da Silva de prendre conscience de l'impact de ses pratiques et d'apprendre. À lire aussiLa COP30 s'ouvre à Belém avec l'espoir de sauver ce qui peut l’être du multilatéralisme climatique « Il faut changer sinon ça ne fonctionnera pas, ni au Brésil ni ailleurs. Et ceux qui en souffriront ce sont nos petits-enfants », estime l’agriculteur. Il évoque le climat dans le futur et se désole : « Personne ne le supportera ! » Alors il a changé ses pratiques : « Maintenant, on gagne notre vie en plantant sous les arbres, dans le sous-bois. On a arrêté le manioc et on plante du cacao et de l'açaï, des légumes. C'est mieux pour le climat et pour nous. Il y a tant de façon de cultiver sans abîmer l'environnement, il faut en prendre conscience. » Diversifier les plantations La forêt apporte de l'ombre, de l'humidité, de la fertilité et héberge des insectes pollinisateurs essentiels. Elle protège donc les cultures. Elle contribue aussi à absorber le dioxyde de carbone, ce qui lutte contre le changement climatique. Pedro Cassio Alves est agronome à la mairie Abeatetuba. En quatre ans, il a accompagné des dizaines de familles dans leur transition vers l'agroforesterie. Le principe, c'est aussi, comme l'a fait Domingos da Silva, de varier les cultures. « On avait des agriculteurs qui déboisaient pour pratiquer la monoculture. Ils comprennent maintenant l'importance de diversifier les plantations, car cela leur permet aussi de diversifier leurs revenus et de mieux vivre. L'agroforesterie prouve qu'on peut développer une activité économique tout en protégeant l'environnement, » souligne Pedro Cassio Alves. Particulièrement adaptée à l'agriculture familiale, l'agroforesterie permettrait selon les scientifiques du GIEC de restaurer les terres dégradées et d'améliorer la sécurité alimentaire de 1,3 milliard de personnes dans le monde. À lire aussiSommet des peuples: la mobilisation massive en marge de la COP30
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  • La COP30 a-t-elle des sponsors gênants?
    2025/11/19

    Toute la semaine, Questions d’environnement est à la COP30 au Brésil. La COP30 où sont présentes des multinationales très polluantes, accusées de greenwashing et d’influencer les négociations. Elles comptent de nombreux représentants et sponsorisent même l’évènement.

    Vale est l’un des principaux sponsors de la COP. L’entreprise d’extraction minière est la troisième plus importante du Brésil en bourse. C’est aussi l’entreprise à l’origine de la plus grave catastrophe environnementale du pays. « Il y a 5 ans, comme l’entreprise n’entretenait pas les bassins de stockage des déchets miniers, un barrage a cédé », explique Nicole Oliveira de l’ONG Arayara. « Tous les résidus miniers ont inondé plusieurs villes et des centaines de personnes sont mortes. La pollution aux métaux lourds a atteint une rivière où tous les poissons sont morts. C’était un crime environnemental grave, le pire ! », précise-t-elle.

    Vale, comme d’autres multinationales, parraine plusieurs tables rondes et organise des évènements à la COP30. « Comment voulez-vous parler de justice climatique et de changement climatique avec la présence de ces entreprises qui sponsorisent et influencent les négociations ? », se scandalise Nicole Oliveira.

    Agro-industrie

    Outre les négociations, plusieurs grands évènements sont organisés en ville en marge de la COP30. L’Agrizone se veut être un salon de l’agriculture durable. Mais c’est plutôt l’inverse, explique Marie Cosquer, d’Action contre la faim, devant le salon : « Sur le panneau d’entrée, on voit tous les sponsors, dont le plus gros qui a le statut de sponsor diamant, c’est Bayer, une multinationale de l’agro-industrie qui vend des pesticides et des OGM. Ils entretiennent donc les systèmes industriels dans l’agriculture et l’alimentation. »

    Bayer est accusé de promouvoir un modèle agricole qui engendre déforestation et accaparement des terres en Amérique latine. Et le groupe aurait déboursé plus de 160 000 euros pour sponsoriser l’Agrizone selon le média d’investigation britannique Unearthed qui a eu accès à un projet de contrat.

    À l’intérieur, les organisateurs promettent aux sponsors « une visibilité » et « une amélioration de leur image » grâce à leur « association avec des entreprises engagées dans la lutte contre le changement climatique ».

    Sur le stand de Bayer, la demande d’interview de RFI reste sans réponse.

    À la COP, la société civile dénonce aussi la présence de ces entreprises. « L’agriculture industrielle assassine notre terre avec ses poisons. Et dimanche, un leader autochtone a été tué sur nos terres en essayant de les défendre », témoigne Janio Kaiowa du peuple autochtone guarani kaiowa.

    Un participant sur 4

    Mardi 18 novembre 2025, les ONG ont compté 300 lobbyistes de l’agriculture industrielle à la COP30. L’agriculture est responsable de plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il y a quelques jours, les ONG avaient également dénoncé la participation à la COP de lobbyistes des énergies fossiles. Un participant sur quatre serait un représentant des industries du charbon, du gaz ou du pétrole.

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  • Sommet des peuples: la mobilisation massive en marge de la COP30
    2025/11/19

    Questions d’environnement est toute cette semaine au Brésil où se tient la COP30. Avec des reportages de nos envoyés spéciaux. Après trois COP dans des pays autoritaires qui répriment la société civile, le Brésil montre la différence en ce moment dans la ville amazonienne de Belém qui accueille les négociations internationales sur le climat. Le Sommet des peuples, grande réunion des mouvements sociaux, des peuples autochtones et des défenseurs de l’environnement, organisé en marge du sommet de l’ONU, s’est clôt ce dimanche 16 novembre. 20 000 personnes y ont participé.

    Le cacique Raoni, 93 ans, acclamé lors de la clôture du Sommet des peuples à Belém. Et ses mots : « Vous voyez la chaleur aujourd’hui, de vos propres yeux, vous voyez les rivières toujours plus sèches, l’air de plus en plus difficile à respirer. Ce n’est que le début. Si nous ne défendons pas ce qui reste, il y aura un grand chaos sur la Terre ». Pour ce défenseur de l’environnement depuis des décennies, les peuples autochtones doivent continuer à dialoguer avec les chefs d’État.

    Après quatre jours d’échanges sur le campus de l’Université Fédérale du Para, de manifestations, et même un blocage temporaire de la COP par certains, militants et représentants autochtones des cinq continents ont remis au président des négociations climatiques en cours, le brésilien André Correa do Lago, la déclaration finale des peuples et l’ont lu sur scène : « Les multinationales, en complicité avec les gouvernements du nord global, sont les acteurs qui causent et tirent le plus parti des crises multiples que nous affrontons. Les industries minières, énergétiques, les fabricants d’armes, l’agrobusiness et les big tech sont les principales responsables de la catastrophe climatique que nous vivons ». Une lettre qui dénonce aussi le racisme environnemental, l’échec du multilatéralisme, et promeut les solutions venues des territoires et des populations ancestrales. Le président de la COP s’est engagé à porter ces revendications jusqu’à la COP30.

    À lire aussiBrésil: des manifestants autochtones bloquent pacifiquement la COP30

    La ministre des peuples autochtones Sonia Guajajara, a, quant à elle, fait valoir que les communautés ancestrales sont mieux représentées cette année que lors de la COP de Dubaï il y a deux ans: « Nous étions alors à peine un autochtone pour sept lobbyistes du pétrole et des mines. La COP ne peut pas continuer avec cette structure excluante. Nous devons construire la participation du peuple dans la zone des négociations… Et nous sommes en train de le faire ! »

    Mais cette lutte environnementale et autochtone, qui s’organise depuis des décennies au Brésil, expose toujours certains à de graves dangers, rappelle Melisanda Trentin, de l’ONG Justice Climatique : « On parle de menaces de tout type mais aussi de mort… Souvent le public pense que le Brésil a dépassé cette situation mais non… ».

    À lire aussiLe cacique Raoni à la COP30: «Si la déforestation se poursuit, nous aurons tous de très graves problèmes»

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  • Peut-on parler de la crise climatique en omettant la crise de la dette?
    2025/11/18

    Le financement de l'adaptation des pays du Sud au changement climatique aurait dû être réglé lors de la dernière COP à Bakou, en Azerbaïdjan. Mais cette dernière s'est soldée par un terrible échec. Alors que les pays du Sud demandaient 1 300 milliards de dollars par an pour leur adaptation, ils n'ont obtenu qu'une vague promesse de financement de 300 milliards de dollars, un chiffre dérisoire pour répondre aux énormes besoins. La question du financement de l'adaptation est donc, à nouveau, un enjeu majeur de cette COP brésilienne.

    Les experts, présents à Belém au Brésil pour la COP30, parlent du « Fantôme de Bakou » pour parler de ce terrible échec de la dernière COP en Azerbaïdjan. Mais pour Mathieu Paris, chargé de plaidoyer Dette au CCFD Terre solidaire, impossible de parler de financement de l'adaptation sans parler de la dette des pays du Sud.

    « En 2024, les pays du Sud ont payé plus de 900 milliards de dollars pour rembourser les intérêts de leur dette. Là, on parle de 300 milliards de dollars de financement climat, mais une grande partie de cet argent va juste servir à payer la dette et ne sera pas investi dans la lutte contre le changement climatique », analyse-t-il.

    Et comme les financements climats sont sous forme de prêt en grande majorité, cela vient alourdir davantage la dette de pays déjà surendettés. Moralité : certains États dépensent 40% de leur budget à rembourser leur dette. De l'argent qui ne sert donc ni au développement, ni à l'adaptation.

    Annulation de la dette

    Devant cette situation inextricable, il semblerait ainsi logique que certains États, dans une situation économique très fragile, demandent l'annulation de leur dette. Mais cela est très risqué, prévient Mathieu Paris :

    « Quand un pays va venir réclamer une annulation de dette, le pays va être puni par les marchés financiers derrière. Parce que le risque, c'est de voir les agences de notation dire : "Si ce pays demande une annulation de dette, c'est que la situation économique de ce pays est compliquée et qu'il ne s'agit donc pas d'un pays où faire des investissements". »

    Or, avec une note dégradée par les agences de notation, les intérêts augmentent encore. Voilà comment se referme le piège de la dette dont ont été victimes des pays comme le Kenya ou le Sénégal, qui avaient réclamé une annulation de leur dette.

    De nombreux économistes n'ont pas la même lecture des faits

    Entre la dette écologique, les modes de production occidentaux et les ajustements structurels imposés aux États africains par le FMI et la Banque mondiale dans les années 1980, de nombreux économistes internationaux estiment que ce sont au contraire les pays du Nord qui ont une dette envers les pays du Sud. Une dette qu'ils ont chiffrée à 21 000 milliards de dollars.

    « Je suis tout à fait d'accord avec ce positionnement-là. Ces mesures, qui ont été imposées aux pays du Sud, reposaient sur des modèles extractivistes de l'économie. C'est historiquement le Sud qui a financé le développement des pays du Nord. Donc en effet, il y a cette dette des pays européens qu'il faut reconnaitre aujourd'hui pour que les pays du Sud puissent faire leur propre développement », affirme Mathieu Paris.

    Le refus des pays du Nord à financer l'adaptation au changement climatique des pays du Sud est, par conséquent, scandaleux et immoral. Car la seule question à se poser est : qui est endetté vis-à-vis de qui ?

    À lire aussiAdaptation aux effets du climat: les besoins pour les pays en développement largement sous-financés, selon l'ONU

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