エピソード

  • La COP30 a-t-elle des sponsors gênants?
    2025/11/19

    Toute la semaine, Questions d’environnement est à la COP30 au Brésil. La COP30 où sont présentes des multinationales très polluantes, accusées de greenwashing et d’influencer les négociations. Elles comptent de nombreux représentants et sponsorisent même l’évènement.

    Vale est l’un des principaux sponsors de la COP. L’entreprise d’extraction minière est la troisième plus importante du Brésil en bourse. C’est aussi l’entreprise à l’origine de la plus grave catastrophe environnementale du pays. « Il y a 5 ans, comme l’entreprise n’entretenait pas les bassins de stockage des déchets miniers, un barrage a cédé », explique Nicole Oliveira de l’ONG Arayara. « Tous les résidus miniers ont inondé plusieurs villes et des centaines de personnes sont mortes. La pollution aux métaux lourds a atteint une rivière où tous les poissons sont morts. C’était un crime environnemental grave, le pire ! », précise-t-elle.

    Vale, comme d’autres multinationales, parraine plusieurs tables rondes et organise des évènements à la COP30. « Comment voulez-vous parler de justice climatique et de changement climatique avec la présence de ces entreprises qui sponsorisent et influencent les négociations ? », se scandalise Nicole Oliveira.

    Agro-industrie

    Outre les négociations, plusieurs grands évènements sont organisés en ville en marge de la COP30. L’Agrizone se veut être un salon de l’agriculture durable. Mais c’est plutôt l’inverse, explique Marie Cosquer, d’Action contre la faim, devant le salon : « Sur le panneau d’entrée, on voit tous les sponsors, dont le plus gros qui a le statut de sponsor diamant, c’est Bayer, une multinationale de l’agro-industrie qui vend des pesticides et des OGM. Ils entretiennent donc les systèmes industriels dans l’agriculture et l’alimentation. »

    Bayer est accusé de promouvoir un modèle agricole qui engendre déforestation et accaparement des terres en Amérique latine. Et le groupe aurait déboursé plus de 160 000 euros pour sponsoriser l’Agrizone selon le média d’investigation britannique Unearthed qui a eu accès à un projet de contrat.

    À l’intérieur, les organisateurs promettent aux sponsors « une visibilité » et « une amélioration de leur image » grâce à leur « association avec des entreprises engagées dans la lutte contre le changement climatique ».

    Sur le stand de Bayer, la demande d’interview de RFI reste sans réponse.

    À la COP, la société civile dénonce aussi la présence de ces entreprises. « L’agriculture industrielle assassine notre terre avec ses poisons. Et dimanche, un leader autochtone a été tué sur nos terres en essayant de les défendre », témoigne Janio Kaiowa du peuple autochtone guarani kaiowa.

    Un participant sur 4

    Mardi 18 novembre 2025, les ONG ont compté 300 lobbyistes de l’agriculture industrielle à la COP30. L’agriculture est responsable de plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il y a quelques jours, les ONG avaient également dénoncé la participation à la COP de lobbyistes des énergies fossiles. Un participant sur quatre serait un représentant des industries du charbon, du gaz ou du pétrole.

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  • Sommet des peuples: la mobilisation massive en marge de la COP30
    2025/11/19

    Questions d’environnement est toute cette semaine au Brésil où se tient la COP30. Avec des reportages de nos envoyés spéciaux. Après trois COP dans des pays autoritaires qui répriment la société civile, le Brésil montre la différence en ce moment dans la ville amazonienne de Belém qui accueille les négociations internationales sur le climat. Le Sommet des peuples, grande réunion des mouvements sociaux, des peuples autochtones et des défenseurs de l’environnement, organisé en marge du sommet de l’ONU, s’est clôt ce dimanche 16 novembre. 20 000 personnes y ont participé.

    Le cacique Raoni, 93 ans, acclamé lors de la clôture du Sommet des peuples à Belém. Et ses mots : « Vous voyez la chaleur aujourd’hui, de vos propres yeux, vous voyez les rivières toujours plus sèches, l’air de plus en plus difficile à respirer. Ce n’est que le début. Si nous ne défendons pas ce qui reste, il y aura un grand chaos sur la Terre ». Pour ce défenseur de l’environnement depuis des décennies, les peuples autochtones doivent continuer à dialoguer avec les chefs d’État.

    Après quatre jours d’échanges sur le campus de l’Université Fédérale du Para, de manifestations, et même un blocage temporaire de la COP par certains, militants et représentants autochtones des cinq continents ont remis au président des négociations climatiques en cours, le brésilien André Correa do Lago, la déclaration finale des peuples et l’ont lu sur scène : « Les multinationales, en complicité avec les gouvernements du nord global, sont les acteurs qui causent et tirent le plus parti des crises multiples que nous affrontons. Les industries minières, énergétiques, les fabricants d’armes, l’agrobusiness et les big tech sont les principales responsables de la catastrophe climatique que nous vivons ». Une lettre qui dénonce aussi le racisme environnemental, l’échec du multilatéralisme, et promeut les solutions venues des territoires et des populations ancestrales. Le président de la COP s’est engagé à porter ces revendications jusqu’à la COP30.

    À lire aussiBrésil: des manifestants autochtones bloquent pacifiquement la COP30

    La ministre des peuples autochtones Sonia Guajajara, a, quant à elle, fait valoir que les communautés ancestrales sont mieux représentées cette année que lors de la COP de Dubaï il y a deux ans: « Nous étions alors à peine un autochtone pour sept lobbyistes du pétrole et des mines. La COP ne peut pas continuer avec cette structure excluante. Nous devons construire la participation du peuple dans la zone des négociations… Et nous sommes en train de le faire ! »

    Mais cette lutte environnementale et autochtone, qui s’organise depuis des décennies au Brésil, expose toujours certains à de graves dangers, rappelle Melisanda Trentin, de l’ONG Justice Climatique : « On parle de menaces de tout type mais aussi de mort… Souvent le public pense que le Brésil a dépassé cette situation mais non… ».

    À lire aussiLe cacique Raoni à la COP30: «Si la déforestation se poursuit, nous aurons tous de très graves problèmes»

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  • Peut-on parler de la crise climatique en omettant la crise de la dette?
    2025/11/18

    Le financement de l'adaptation des pays du Sud au changement climatique aurait dû être réglé lors de la dernière COP à Bakou, en Azerbaïdjan. Mais cette dernière s'est soldée par un terrible échec. Alors que les pays du Sud demandaient 1 300 milliards de dollars par an pour leur adaptation, ils n'ont obtenu qu'une vague promesse de financement de 300 milliards de dollars, un chiffre dérisoire pour répondre aux énormes besoins. La question du financement de l'adaptation est donc, à nouveau, un enjeu majeur de cette COP brésilienne.

    Les experts, présents à Belém au Brésil pour la COP30, parlent du « Fantôme de Bakou » pour parler de ce terrible échec de la dernière COP en Azerbaïdjan. Mais pour Mathieu Paris, chargé de plaidoyer Dette au CCFD Terre solidaire, impossible de parler de financement de l'adaptation sans parler de la dette des pays du Sud.

    « En 2024, les pays du Sud ont payé plus de 900 milliards de dollars pour rembourser les intérêts de leur dette. Là, on parle de 300 milliards de dollars de financement climat, mais une grande partie de cet argent va juste servir à payer la dette et ne sera pas investi dans la lutte contre le changement climatique », analyse-t-il.

    Et comme les financements climats sont sous forme de prêt en grande majorité, cela vient alourdir davantage la dette de pays déjà surendettés. Moralité : certains États dépensent 40% de leur budget à rembourser leur dette. De l'argent qui ne sert donc ni au développement, ni à l'adaptation.

    Annulation de la dette

    Devant cette situation inextricable, il semblerait ainsi logique que certains États, dans une situation économique très fragile, demandent l'annulation de leur dette. Mais cela est très risqué, prévient Mathieu Paris :

    « Quand un pays va venir réclamer une annulation de dette, le pays va être puni par les marchés financiers derrière. Parce que le risque, c'est de voir les agences de notation dire : "Si ce pays demande une annulation de dette, c'est que la situation économique de ce pays est compliquée et qu'il ne s'agit donc pas d'un pays où faire des investissements". »

    Or, avec une note dégradée par les agences de notation, les intérêts augmentent encore. Voilà comment se referme le piège de la dette dont ont été victimes des pays comme le Kenya ou le Sénégal, qui avaient réclamé une annulation de leur dette.

    De nombreux économistes n'ont pas la même lecture des faits

    Entre la dette écologique, les modes de production occidentaux et les ajustements structurels imposés aux États africains par le FMI et la Banque mondiale dans les années 1980, de nombreux économistes internationaux estiment que ce sont au contraire les pays du Nord qui ont une dette envers les pays du Sud. Une dette qu'ils ont chiffrée à 21 000 milliards de dollars.

    « Je suis tout à fait d'accord avec ce positionnement-là. Ces mesures, qui ont été imposées aux pays du Sud, reposaient sur des modèles extractivistes de l'économie. C'est historiquement le Sud qui a financé le développement des pays du Nord. Donc en effet, il y a cette dette des pays européens qu'il faut reconnaitre aujourd'hui pour que les pays du Sud puissent faire leur propre développement », affirme Mathieu Paris.

    Le refus des pays du Nord à financer l'adaptation au changement climatique des pays du Sud est, par conséquent, scandaleux et immoral. Car la seule question à se poser est : qui est endetté vis-à-vis de qui ?

    À lire aussiAdaptation aux effets du climat: les besoins pour les pays en développement largement sous-financés, selon l'ONU

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  • COP30: les forêts sont-elles encore des alliées dans la lutte contre le changement climatique?
    2025/11/12

    Les arbres sont des puits de carbone indispensables face à la crise climatique. Mais certaines forêts captent moins de CO2 qu'avant, et en rejettent même plus qu'elles n'en absorbent.

    Elle est la star de la COP30. Mais la star est capricieuse et pourrait bien nous laisser en plan. L'immense forêt amazonienne, immense puits de carbone pour lutter contre la crise climatique, est au cœur du sommet mondial pour le climat, qui se tient à Belém, au Brésil, aux portes de l’Amazonie. Entre espoirs et craintes. En dix ans, l’Amazonie a stocké 30 % de carbone en moins. On le sait grâce aux tours à flux installées en forêts (qui mesurent les échanges gazeux entre l’atmosphère et la végétation) et les observations satellitaires. On le sait aussi en mesurant tout simplement le diamètre des troncs – plus un arbre est gros, plus il absorbe du CO2.

    Mais avec le réchauffement climatique, les arbres grandissent moins. « Pendant la sécheresse, il y a un arrêt de la croissance. Aujourd’hui, on observe des saisons sèches beaucoup plus longues et beaucoup plus intenses, et le temps d’arrêt de la croissance des arbres est beaucoup plus long. Ce qui peut parfois mener à une augmentation du taux de mortalité de certaines espèces », explique Ariane Mirabel, chercheuse en écologie forestière tropicale au Centre international de recherche pour l’agronomie et le développement (Cirad), actuellement basée en Guyane française, à la station de recherche tropicale de Paracou. À cela s’ajoutent les incendies, qui libèrent le CO2 stocké par les arbres. Résultat, certaines zones de l’Amazonie peuvent émettre aujourd’hui plus de CO2 qu’elles n’en absorbent. C’est le cas aussi, par exemple, de la forêt tropicale australienne, comme vient de le révéler une étude scientifique.

    Points de bascule

    Moins de pluie, c’est moins de forêts, et moins de forêts, c’est aussi moins de pluie. « La forêt amazonienne régule tout le fonctionnement hydrique de l’Amérique du Sud, précise Géraldine Derroire, écologue forestière au Cirad et à l'université de Brasilia. Donc sans forêt, on a aussi une dérégulation du climat local. Ce qui peut conduire à des points de bascule dont on a peur. En Amazonie, si la déforestation continue, conjuguée aux effets des changements climatiques, on pourrait voir la forêt remplacée par un écosystème de savane. » Encore moins de forêts, c’est encore moins de carbone stocké. Un cercle parfaitement vicieux.

    Mais toutes les forêts tropicales ne réagissent pas de la même manière face au réchauffement climatique. Le Bassin du Congo, l’autre grande forêt tropicale de la planète, en Afrique centrale, résiste. Elle continue de stocker du CO2 comme avant, presque insensible aux sécheresses. « Les espèces du Bassin du Congo ont évolué pour s’adapter à des conditions climatiques plus sèches. Elles vont donc réagir moins fortement à l’augmentation des épisodes secs – c’est l’une des hypothèses. Et puis il y a aussi moins de déforestation sur la partie la plus proche de l’océan. Ces forêts continuent donc de jouer leur rôle dans la régulation du climat local et du régime des pluies », rapporte Géraldine Derroire.

    Ravageurs

    En milieu tempéré, les forêts sont à la peine. Selon une dernière étude, les forêts européennes ont absorbé 27 % de CO2 en moins en 12 ans. La forêt française est emblématique : la surface forestière s’est considérablement étendue ces dernières décennies, mais elle est en mauvais état, victime de la sécheresse, des incendies et des maladies. Un arbre affaibli par la sécheresse aura moins de résistance face aux parasites. En revanche, dans les forêts tropicales, l’immense diversité des arbres et des plantes les protège des ravageurs. « Une forêt tropicale, ce sont 200 espèces à l’hectare, souligne Ariane Mirabel. C’est donc un écosystème qui reste encore aujourd’hui assez résistant à ces ravageurs, pas encore problématiques pour la santé des forêts. » C'est une petite note d’espoir face à ce paradoxe : les forêts, nos alliées du climat, sont aussi victimes de la crise climatique.

    À lire aussiCOP30: le fonds TFFF du président Lula est-il taillé pour sauver les forêts tropicales?

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  • COP30: peut-on encore respecter les limites de température de +1,5°C et +2°C?
    2025/11/11
    Dix ans après l'Accord de Paris, l'un des objectifs de hausse de la température mondiale semble désormais impossible à atteindre. Le sommet mondial sur le climat à Belém pourrait au moins permettre de limiter la casse climatique. Ils ne sont pas sortis d’un chapeau, pour faire joli ou pour faire peur. Non, ces deux chiffres clé dont on parle depuis dix ans dès qu’il s’agit du climat, 1.5°C et 2°C, ces limites de hausse de température fixée par l’accord de Paris, relèvent de la science et de l’avenir de l’humanité, de notre civilisation. Il faut d’abord rappeler à quoi correspond cette augmentation de température : par rapport à la température du globe au 19e siècle, avant la révolution industrielle, quand l’humanité commence à émettre, en masse, du CO2, le principal gaz responsable du réchauffement climatique. Et ce sont des limites à ne pas dépasser à la fin de ce siècle. Chaque dixième de degré compte Au-delà de 2°C, il deviendra difficile de s’adapter, de continuer à vivre comme avant, selon le diagnostic du Giec, les experts du climat. « L’idée de l’accord de Paris, c’est de prendre des mesures pour que les jeunes d’aujourd’hui puissent s’adapter au changement climatique dans la seconde partie de ce siècle et au-delà », résume le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Giec au moment de l’accord de Paris. Cette limite de 2°C faisait consensus à la COP21. La limite de 1,5°C, elle, a été imposée par les États insulaires, en première ligne face au réchauffement climatique. « Ils ont fait le forcing pour avoir une limite à 1.5°C, et ils ont argumenté sur le fait qu’ils étaient particulièrement exposés avec la montée du niveau des mers», rappelle Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Dans cette histoire, celle de l’avenir de l’humanité et au-delà de l'ensemble du vivant, chaque degré compte, et même chaque dixième de degré. Chaque dixième en moins peut sauver des vies. « Dans un monde à +2°C, tous les récifs coralliens auront disparu ; à +1.5°C, “seulement” 70 %, explique par exemple Françoise Vimeux. En termes d’élévation du niveau des mers, dans un monde à +1.5°C, c’est 10 cm d’élévation en moins, et ce sont environ 10 millions de personnes en moins exposées au risque de cette montée des eaux comme l’érosion côtière, la disparition de territoires et les submersions marines. » À lire aussiÀ Belèm, la COP30 s'ouvre pour deux semaines avec plusieurs points de tension en toile de fond Illusoire, impossible Mais aujourd’hui, dix ans après l’accord de Paris, le réchauffement s’est tellement accéléré que la plupart des climatologues ont déjà fait une croix sur la limite de 1.5°C. « C’est illusoire, dit ainsi François Vimeux, de l’IRD. Si on veut rester sur une trajectoire qui nous ramènerait vers 1.5°C, on n’a plus que trois ans d’émissions de gaz carbonique au rythme actuel. On voit bien que c’est impossible, confirme Jean Jouzel. C’est une vingtaine d’années si on voulait revenir vers 2°C ; ça reste possible. Il faut maintenir l’objectif, même si on sait qu’il ne pourra pas être respecté pour 1.5°C. J’espère qu’il est encore possible qu’il soit respecté pour arriver autour de 2°C. » Selon la trajectoire actuelle des émissions de gaz effet de serre, on s’approcherait, à la fin du siècle, de +3°C. Un monde pratiquement impossible. « À 3°C, des régions deviendront pratiquement invivables. Pendant une partie de l’année, les conditions de température et d’humidité seront telles qu’il sera impossible de vivre normalement en extérieur, d’aller travailler, de faire du sport, etc. Le message est très clair sur la capacité d’adaptation et la vulnérabilité des populations, en particulier dans les régions tropicales et équatoriales », souligne Jean Jouzel. C’est l’un des objectifs de la COP30, de ces deux semaines qui viennent à Belém, au Brésil : limiter la crise climatique à 2.4 ou 2.5°C. Sans les COP, on serait, à la fin du siècle, à +4°C. À lire aussiÀ l’ouverture de la COP30, la société civile pousse à l'action
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  • COP30: le Brésil et Lula sont-ils exemplaires sur le climat et l'environnement?
    2025/11/10
    Le trentième sommet mondial sur le climat s'ouvre officiellement aujourd'hui à Belém, dans un pays qui n'entend pas renoncer à l'exploitation du pétrole, où la déforestation continue de faire des ravages, et où l'agriculture n'a pas des pratiques vertueuses. Après le sommet des chefs d’État, jeudi et vendredi, la COP30 commence officiellement aujourd’hui dans un pays qui met en avant l’une de ses principales richesses : la forêt d’Amazonie. Un beau symbole dans la lutte contre le réchauffement climatique, après les deux précédents sommets organisés dans des pays pétroliers et gaziers. Après l'Azerbaïdjan l'an dernier et les Émirats arabes unis en 2023, on pouvait difficilement faire pire ! En choisissant d’accueillir la COP30 à Belém, aux portes de l’Amazonie, le président brésilien Lula tentait peut-être aussi de prendre le contrepied de Jair Bolsonaro, son prédécesseur climato-négationniste. « Symboliquement oui, forcément, en disant oui à une COP alors que l’autre ne voulait même pas entendre parler de climat. En même temps, les deux sont d’accord sur le fait qu’il faut développer le pétrole », relativise François-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire Monde en transition à l'Université de São Paulo. Le pétrole, «une question de bon sens» Si Lula vient de déclarer au sommet des chefs d’État à Belém que « la Terre ne peut plus supporter le modèle de développement basé sur l'utilisation intensive de combustibles fossiles », le président brésilien, comme son prédécesseur, défend l’exploitation du pétrole pour assurer le développement économique du Brésil. « Les gens ne veulent pas polluer un mètre d'eau. Mais en même temps personne ne peut interdire aux gens de soutenir les pauvres s'il y a du pétrole. C'est juste une question de bon sens ! », lançait-il en février dernier, quelques mois avant que le Brésil n’accorde officiellement plusieurs permis d'exploration de pétrole en mer. C’était le mois dernier, juste avant la COP30, et le symbole n'aurait pas pu tomber plus mal. Des ONG de défense de l’environnement ont accusé Lula d'« hypocrisie ». Il n'y a pourtant rien de bien nouveau. Le Brésil est déjà le huitième plus gros producteur de pétrole. « Lula est parfaitement cohérent avec lui-même et avec la politique brésilienne depuis 50 ans qui consiste à considérer que l’auto-suffisance en pétrole est un intérêt stratégique, souligne François-Michel Le Tourneau. Pour le Brésil, l’industrie pétrolière est comparable au nucléaire pour la France : un symbole d’indépendance nationale qui a ses détracteurs mais qui créé un certain consensus dans la société ». À lire aussiJuste avant la COP30, Petrobras obtient le droit d'exploiter des hydrocarbures au large de l'Amazonie L'Amazonie, symbole facile Pour le reste, le Brésil vient d'afficher de bons résultats en matière climatique, avec des émissions de gaz à effet de serre en recul de plus de 15% sur un an. En recul aussi, la déforestation, avec le chiffre le plus bas depuis 11 ans. « En fait le gouvernement brésilien s’est tout simplement remis à appliquer la loi, et à partir de là cela produit tout de suite des résultats », précise François-Michel Le Tourneau. Déforestation et gaz à effet de serre sont d’ailleurs liés, parce qu'au Brésil, où 80% de l'électricité est produite par les barrages hydroélectriques, une énergie renouvelable, l'essentiel des émissions de CO2 provient de la déforestation. « Un effort est fait, poursuit François-Michel Le Tourneau, mais c’est un effort sur des choses très symboliques, en particulier l’Amazonie, présentée comme le symbole de la politique environnementale du gouvernement Lula, et qui cache parfois derrière d’autres mouvements qui ne vont pas tout à fait dans le même sens ». C’est le cas par exemple de l'agriculture, pas forcément très vertueuse. « Même si l’agriculture brésilienne arrête de faire de la déforestation et qu’elle intensifie ses productions sur les zones déjà déforestées par l’agriculture, le problème sera de voir comment elle le fait. Si c’est au prix d’empoisonner encore plus les sols, le bilan ne sera pas forcément positif », prévient François-Michel Le Tourneau. Derrière les symboles (Belém, l'Amazonie), il y a surtout la puissance économique du Brésil. À lire aussiCOP30 au Brésil: «Lula fait partie d’une génération qui a toujours associé le pétrole au progrès»
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  • Dix ans avant la COP30 de Belém, l'Accord de Paris a-t-il servi à quelque chose?
    2025/11/06
    La COP21 organisée en France en 2015 a produit le texte le plus ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Et si les résultats se font attendre, si la crise climatique s'est aggravée, les acquis sont bien réels. Il y a de cela 10 COP (parce qu'au service environnement de RFI, on ne compte pas en années, on compte en COP), la COP21 organisée à Paris donnait naissance à l’Accord de Paris, le texte le plus ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Celui qui fait toujours référence, qui sert de feuille de route. Mais en 10 ans, la crise climatique s'est aggravée, avec son lot de catastrophes, d’incendies, d’inondations et de sécheresses, si bien qu’on pourrait presque croire que l’Accord de Paris n’a servi à rien. On n'a jamais émis autant de CO2, le principal gaz à effet de serre, et l'un des objectifs de l'Accord de Paris, limiter à 1,5°C le réchauffement de la planète à la fin du siècle, est déjà quasi dépassé. « La vérité, c'est que nous avons échoué à éviter un dépassement de 1,5 degré au cours des prochaines années », constatait le mois dernier le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, amer. Il est vrai qu’en dix ans la hausse de la température moyenne sur la planète a été spectaculaire. En 2015, on était à 1ºC d'anomalie de température et on s'approche donc de 1,5°C, l’objectif le plus ambitieux pour la fin du siècle bientôt dépassé en seulement dix ans. Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos de l'Accord de Paris. « La température mondiale d’aujourd’hui n’est pas dépendante de ce qui s’est passé durant les dix dernières années mais de ce qui s’est passé durant les 150 dernières années. Donc qu’il y a ait eu ou pas l’Accord de Paris, on n’aurait pas fondamentalement modifié le stock de gaz à effet de serre en dix ans, parce que c’est trop court », assure l’économiste Christian de Perthuis, qui vient de publier un bilan de l’Accord de Paris dans The Conversation. À lire aussiPlus de 1,5°C en 2024: l'accord de Paris est-il caduc? Le boom du renouvelable L’Accord de Paris a pourtant déjà produit quelques effets. Certes, les émissions de CO2 augmentent encore, mais beaucoup moins vite : le rythme a été divisé par trois en dix ans, et c'est bien grâce à l'Accord de Paris, qui a permis de lancer la transition énergétique, le déploiement des énergies renouvelable, le solaire et l'éolien, à un rythme beaucoup plus rapide que prévu. Le prix des technologies solaires s’est effondré, et l’effet se fait sentir notamment en Asie, et en Chine en particulier. « Ce point est fondamental parce qu’aujourd’hui l’Asie représente les deux tiers des émissions mondiales, souligne Christian de Perthuis, qui a créé la chaire Economie du climat à l'université Paris Dauphine-PSL. Or, tous les signaux sont là pour penser que la Chine est en train de franchir son pic démission, cette année ou l’année prochaine ». L'essor des énergies renouvelables est d’ailleurs planétaire. Presque la moitié de l’énergie produite par les pays de l’Union européenne est désormais décarbonée. Et on en est aussi convaincu, le développement des pays les moins avancés passe aussi par les énergies renouvelables. « Lorsqu’on se projetait dans le futur en 2015, on était encore sur l’ancien logiciel et on disait : “Si on veut que l’Afrique au sud du Sahara ou l’Asie du sud se développe, il faut passer par la case des fossiles”. C’est probablement le point le plus important de ce qui s’est passé depuis ces dix dernières années », estime Christian de Perthuis. Bataille au long cours Autre grand acquis de l'Accord de Paris, l'argent, le nerf de la guerre climatique. Même si les financements mobilisés sont encore insuffisants, ils existent. Sans l'Accord de Paris, il n'y aurait rien eu du tout pour aider les pays les plus pauvres à affronter les causes et les conséquences du réchauffement climatique. L'Accord de Paris nous ramène aussi à un âge d'or des négociations climatiques, sans le négationnisme climatique trumpien. On peut être impatient, mais il ne faut pas baisser les bras. « On ne gagne pas la bataille du climat comme ça en deux ou trois ans. C’est une bataille au long cours et il y a toujours un décalage entre le moment où on agit et le moment où on va bénéficier des retours », rappelle Christian de Perthuis. Sans l'Accord de Paris, l'état de la planète aujourd'hui serait pire encore. À lire aussiDix ans après l'Accord de Paris, la transition vers les énergies renouvelables plus importante que prévue
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  • Comment la gourde est-elle devenue un emblème de la transition écologique?
    2025/11/06

    Elle remplace la bouteille d'eau en plastique jetable. Devenue tendance, la gourde est-elle pour autant exemplaire pour l'environnement ?

    Elle fait peut-être partie de vos souvenirs d'enfance et vous accompagnait dans vos sorties, en camping ou en colonie de vacances : une gourde en plastique qui coulait dans le sac et qui donnait à l'eau ce goût inoubliable de plastique et de renfermé. Mais l'histoire de la gourde n'a pas commencé avec votre enfance. Elle est presque aussi vieille que l'humanité, parce que l'eau est vitale, et qu'il fallait bien la transporter : très tôt les Hommes ont fabriqué des gourdes en peau d'animal, en calebasse, en céramique pour les plus chics.

    Et puis est arrivée l'invention du plastique. Pire encore, du plastique jetable. Il y a dix ans, le nombre de bouteilles en plastique vendue dans le monde, en une année, frôlait les 500 milliards (1 million chaque minute), sans compter l'eau qu'on vend en sachet plastique. Mais seulement 15% du plastique est recyclé à l'échelle planétaire. Le reste part en fumée, ou pire encore, dans les mers et les océans où il y a aura bientôt sans doute plus de plastiques que de poissons.

    Gourdes de luxe

    La pollution plastique est alors devenue un sujet de préoccupation, et peu à peu la gourde s'est imposée comme un objet écologique : l'écologie du quotidien, des petits gestes. Un Français sur deux l'aurait adoptée. Les salariés de RFI ont eu droit à leurs petites gourdes en plastique recyclé. La gourde est devenue à la mode, est même devenue un accessoire de mode, de toutes les couleurs, toutes les matières, personnalisable. La gourde est aussi devenue un marqueur social. Même les plus grandes marques de luxe se sont mises à vendre des gourdes à leur effigie, évidemment hors de prix. Alerte spoiler : l'eau y a le même goût.

    Une gourde est écologique à condition de ne pas en acheter une tous les six mois, ou de ne pas la stocker dans son placard. Un symbole de sobriété peut vite devenir un symbole de consommation. Boire dans sa gourde plutôt qu'en bouteille jetable permet d'éviter 3 à 5 kilos de déchets par an, et quelques kilos de CO2.

    À lire aussiLa pollution plastique, un danger grave, croissant et méconnu, selon un rapport de The Lancet

    Rentable après plusieurs années

    Une gourde, il faut la rentabiliser d'un point de vue écologique, et c'est là que les choses peuvent se gâter. Parce que quand elle arrive en magasin, la gourde a déjà son empreinte carbone (transport, fabrication), plus ou moins élevée selon le matériau choisi. Les meilleures gourdes sont en inox, un matériau sans danger, qui ne se désagrège pas avec le temps, qui est solide. Mais pour l'amortir, il faut l'utiliser exclusivement pendant au moins 3 ans, et même 6 ans si vous avez craqué pour la version isotherme. Sauf qu'en moyenne, en France, on compte deux gourdes par personne, et qu'on en change tous les deux ans.

    Le problème de la gourde, c'est aussi qu'il faut la remplir (et la porter...). Et quand il n'y a pas d'eau potable ou quand il n'y a pas d'eau du tout, ce qui est le cas pour 10% des habitants de la planète, la gourde perd un peu de son intérêt. À Paris, n'espérez pas remplir votre gourde facilement. Les fontaines publiques, sacrifiées au XXe siècle sur l'autel de la modernité, reviennent peu à peu mais il faut bien les chercher. Dans les cafés, on pourra vous facturer le plein d'eau. Et si vous visez un McDo, déjà il faut trouver le code des toilettes, et l'eau qui coule du robinet est chaude – parce qu'il faut bien vendre du coca dans des gobelets en plastique...

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