エピソード

  • Côte d'Ivoire: sauver les ponts de liane, patrimoine culturel et touristique de la région du Tonkpi [2/4]
    2025/04/01

    Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, ils sont des symboles parmi les plus connus de la tradition yacouba. Quatre ponts de liane suspendus au-dessus du fleuve Cavally et qui attirent les visiteurs de toute la région. Mais ces structures réputées « magiques » sont menacées par la déforestation. Pour préserver cet héritage, la direction régionale du tourisme veut lancer des pépinières d’arbres à liane. RFI s'est rendu dans le village de Lieupleu pour tenter la traversée.

    À trois mètres au-dessus du fleuve, les aventuriers n’en mènent pas larges, sur l’enchevêtrement de branches qui grincent. Florence est institutrice, elle est venue avec sa famille jouer les Indiana Jones. « Ça fait peur, mais il y a beaucoup d'émotions. C'est émouvant de voir ce pont qui existe on ne sait pas comment », s'émerveille-t-elle.

    Lieupleu fait partie des quatre ponts de liane historiques de la région de Tonkpi, en Côte d'Ivoire. Les villageois les traversaient pour aller aux champs. Aujourd’hui, les touristes visitent chaque jour ces passerelles éphémères. « Quand le pont est emporté, les initiés appellent le griot qui nous dit d’aller chercher les lianes. », raconte Valère Gbah, l'un des guides locaux. Une puissance magique construirait ensuite les ponts en une nuit. Il est interdit de marcher dessus avec ses chaussures ou de mâcher un chewing-gum quand on traverse. Problème : les lianes sont de moins en moins disponibles, selon Valère Gbah. « Pas facile de chercher les lianes aujourd'hui. On a planté du café et du cacao », selon lui.

    Pour trouver les arbres à lianes, il faut faire 100 km jusque dans les pays voisins. « La déforestation est réelle. Elle est liée à la déforestation générale que connaît la Côte d'Ivoire. S'il n'y a pas de plante, il n'y a pas de pont, même avec de la bonne volonté », estime le docteur Doudjo Ouattara, biologiste forestier. Ce chercheur à l’université Nangui Abrogoua d’Abidjan veut sauvegarder les arbres à liane. « Il faut déjà faire l’inventaire des arbres utilisés par ces communautés, puis les introduire dans la nature et installer des pépinières », détaille-t-il. Un projet soutenu par la direction du tourisme de la région du Tonkpi.

    À lire aussiCôte d'Ivoire: la langue sokya sauvée par des missionnaires traducteurs [1/4]

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  • Côte d'Ivoire: la langue sokya sauvée par des missionnaires traducteurs [1/4]
    2025/03/31

    C'est l'une des langues les plus rares de Côte d'Ivoire : le sokya ne compte que 20 000 locuteurs. Cette communauté originaire de Vavoua, dans le centre du pays, redoute de voir son identité s'effacer à la faveur de l'exode rural. Pourtant, la langue n'est pas tombée dans l'oubli, en partie grâce à des missionnaires chrétiens qui ont contribué à le faire passer de l'oral à l'écrit.

    De notre correspondant à Vavoua,

    Stéphane, planteur de cacao, vit à Dédiafla, l'un des 13 villages de sa communauté. Les Sokyas y sont aujourd'hui minoritaires, car les jeunes partent, selon lui : « Ils vont s'installer en ville, parce qu'au niveau du village, il n'y a plus de forêt pour travailler. » L'exode rural fait craindre la disparition de la langue, jugée trop difficile, au profit du gouro et du français.

    Une Bible pour sauver la langue

    Pourtant, le sokya (également orthographié « sokuya ») perdure en partie grâce à un petit livre bleu : une traduction du Nouveau Testament. À l'origine de ce projet, il y a Philip Saunders, un missionnaire écossais arrivé en pays sokya dans les années 1970. « Il a commencé à interroger les anciens : "Est-ce que vous avez l'assurance que, dans dix ans, cette langue va continuer à être parlée ?" », confie le pasteur Ambroise Kalou.

    Ce dernier a fait partie de la douzaine de traducteurs qui ont assisté Philip Saunders : « Il a proposé de traduire et d'écrire afin que la langue soit préservée sur un support écrit. Nous nous sommes alors dits que si le Nouveau Testament était traduit en sokya, nous serions vraiment heureux d'avoir, nous aussi, notre propre version. »

    Un travail de fourmi

    Trente années ont été nécessaires pour transcrire plus de 2 000 mots de l'oral à l'écrit, à l'aide d'un alphabet spécial. La langue s'est même enrichie, selon Didier Bita, l'un des traducteurs.

    Les habitants sokyas de Dédiafla espèrent que leur langue survivra, à l'image d'Angéline : « Si la Bible est en sokya, alors les gens peuvent parler sokya. Le sokya existe. »

    À écouter aussiCôte d'Ivoire: quelles solutions face au déclin de la maîtrise des langues locales?

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  • Gabon: Wongo, le guerrier anti-colonial magnifié par général Oligui Nguema
    2025/03/29

    Considéré comme une icône de la lutte contre les colons, à la fin des années 1920, le guerrier Wongo mena une révolte du peuple Awandji dans la région de Lastourville, dans le centre du Gabon. Une figure patriotique aujourd'hui honorée par les militaires au pouvoir et les autorités de la transition.

    De notre envoyé spécial de retour de Lastourville,

    Actuellement emballée dans l'attente de sa réhabilitation, voilà 20 ans que la statue du guerrier Wongo, armé de son fusil, trône sur le rond-point de la mairie de Lastourville, au Gabon. Il y a près d'un siècle, c'est sur les collines, à une trentaine de kilomètres, que ce notable fédérait les Awandji contre l'administration coloniale qui exigeait, en plus des taxes, des livraisons obligatoires au marché de la ville. Enseignant originaire de la région, comme la présidente du Sénat Paulette Missambo dont il est le collaborateur, Jean-Paul Tiri a travaillé sur l'histoire de Wongo :

    « Il a été taxé d'indiscipliné et c'est comme ça que l'administration coloniale avait ordonné son arrestation. Et c'est comme ça qu'il s'est organisé précipitamment avec les gens qui étaient autour de lui. Il a conçu une armée et a résisté contre l'administration coloniale. Il a été inventif. Il était presque quelqu'un d'invisible, en fait. »

    Pendant un an et demi, les rebelles tiennent la dragée haute aux troupes coloniales. Ils creusent des tranchées dans les collines, emploient des méthodes de guérillas, utilisent les grottes de la région comme caches, rappelle Ulrich Shultz Bavekoumbou, originaire du même village et qui nous mène à celle de Ngongourouma, dans une zone inexpugnable : « C'est d'abord un lieu très caché. C'est un bunker naturel qui servait d'abri à la famille et à la descendance. Et lors de la guerre de Wongo, les familles se sont réfugiées dans ces grottes parce qu'on trouvait l'alimentation pour se nourrir. »

    Symbole d'une région

    La répression est brutale. Wongo finit par se rendre en août 1929. Il meurt lors de sa déportation vers Bangui. En mai 2024, le général Oligui Nguema vient à Lastourville lui rendre hommage et promettre la rénovation de la statue. Un motif de fierté pour Jean-Paul Tiri : « Parce qu'il symbolise toute une région, tout un pays et que nous sommes fiers d'avoir pu l'immortaliser par cette stèle. Il y a eu effectivement des ouvrages là-dessus, et l'histoire de Wongo a été contée pour les plus jeunes. Ce que l'on souhaite à travers cette statuette, c'est perpétuer cette figure emblématique. »

    Mais la mise en avant du guerrier Wongo n'est pas neutre. Le sociologue Joseph Tonda y voit un moyen, pour le chef de la transition, de revendiquer une filiation : « Cet épisode est très intéressant parce qu'il renvoie aux schèmes de pensée selon lequel nous ne sommes pas des nuls. On a lutté pour sauvegarder notre identité, défendre notre culture. La deuxième dimension, c'est l'identification au héros. Donc, c'est lui. »

    Plusieurs organisations gabonaises appellent à une réappropriation de l'histoire et à la mise en valeur de figures nationales comme Wongo ou Emane Ntole en pays Fang.

    À lire aussiGabon: le général Oligui Nguema mène une campagne entre rupture et continuité

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  • Gabon: le général Oligui Nguema mène une campagne entre rupture et continuité
    2025/03/29

    La campagne officielle en vue de la présidentielle du 12 avril débute ce samedi 29 mars au Gabon. Huit candidats seront en lice, dont le chef de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Il a lancé pour la campagne le « rassemblement des bâtisseurs » pour sortir du cadre de l'ex-parti au pouvoir PDG. Pourtant, il n'hésite pas à revendiquer l'héritage d'Omar Bongo, dont il fut l'aide de camp pendant huit ans. Comme l'ex-président, à qui il est apparenté, Brice Clotaire Oligui Nguema vient de la province la plus orientale du pays, le Haut-Ogooué. Mais à Franceville, chef-lieu de la province, comme ailleurs au Gabon, les avis sont partagés sur cette succession, entre rupture et continuité.

    De notre envoyé spécial de retour de Franceville,

    Au moment de notre passage à Franceville, nous sommes à plus d'un mois de la campagne officielle. Pourtant, impossible d'ignorer que le chef de la transition sera bientôt candidat. Le général Oligui Nguema s'affiche sur tous les boulevards, et les rassemblements d'associations de soutien, créées pour l'occasion, se multiplient. En ce samedi début mars, plusieurs centaines de femmes en t-shirts blancs comme Imelda, une infirmière en formation, ont été convoyées des localités du Haut-Ogooué.

    « On veut qu'ils posent sa candidature pour voter pour lui, parce qu'on voit déjà ce qu'il fait. Ça lui prouve déjà qu'il a l'amour de la population et il a pitié de la jeunesse. (...) Il change, il construit. On a vu comment il construit déjà les maisons, les routes, surtout dans mon village. On voit les merveilles qu'il fait déjà là-bas. Ça me prouve déjà qu'il adore sa population. »

    Ornières bouchées, nouveaux boulevards terrassés, façades en réfection, écoles réapprovisionnées... Les marques du CTRI, le Comité militaire qui a renversé Ali Bongo, sont partout à Franceville. Dans les collines environnantes, les nouvelles villas fleurissent et les projets laissés en suspens reprennent. Mais tout le monde n'est pas convaincu par la frénésie de béton qui a gagné la transition.

    « Ce sont des opérations de charme »

    Guy-Roger Mangonda est professeur dans un lycée de la ville : « À chaque période électorale, on a souvent vu la même chose. Ce sont des opérations de charme. Ali Bongo, quand il est arrivé, disait qu'il était un bâtisseur. Il a commencé à faire ce que M. Olivier est en train de faire, et après, on a compris que ce n'était pas finalement un bâtisseur. Les gens qui ont accompagné Bongo père, ce sont les mêmes qui ont accompagné Bongo fils. Ce sont les mêmes qui accompagnent Oligui. Et pourtant, M. Oligui a dit que ce sont eux qui ont fait tomber le Gabon. Il n'y a rien qui est restauré. »

    Un constat que partage Marcel Libama. Leader syndical, député de la transition, il espérait lui aussi une rupture plus nette : « Mais à l'évidence, nous nous rendons compte qu’il y a une continuation. Ce sont les mêmes choses, les mêmes façons de faire, les mêmes réflexes. Donc, il y a un paradoxe entre ce qui se passe sur le terrain et la gestion, les gestionnaires du pays. Ça nous laisse pantois, dubitatif. Et on s'est dit, ''mais qu'est-ce ce qu'on veut ?''. »

    Malgré ses réserves, et comme la quasi-totalité des cadres de l'ancien pouvoir, des ex-opposants et des figures de la société civile, Marcel Libama a intégré la campagne Oligui Nguema dans le Haut-Ogooué.

    À lire ou à écouter aussiGabon: «Un général qui a fait un coup [d’État] n’a peur de personne», dit le président Oligui Nguema

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  • Avec l'inflation, le ramadan pèse lourd sur le portefeuille des Tchadiens
    2025/03/27

    Les Tchadiens doivent faire face à la flambée des prix en cette période de ramadan. Pourtant, en février dernier et en prévision du début du mois de jeûne, le ministère en charge du Commerce a interpellé les opérateurs économiques pour les inciter à baisser les prix des denrées alimentaires. Mais malgré cela, de nombreux habitants de la capitale se plaignent d’avoir vu les prix de plusieurs aliments essentiels, notamment l’huile, le sucre ou encore le poulet augmenter tout au long du mois.

    À lire aussiTchad: à quelques jours du mois du ramadan, les consommateurs s’inquiètent de la flambée des prix

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  • RDC: des prothèses sur mesure fabriquées avec une imprimante 3D pour des patients amputés
    2025/03/26

    En République démocratique du Congo, une équipe de kinésithérapeutes et d’orthopédistes refont marcher les patients qui ont été amputés d’un membre grâce à des prothèses. Particularité : elles sont fabriquées sur mesure, imprimées en 3D et sur place à Kinshasa dans des temps records. Un enjeu médical pour les patients bien sûr, mais aussi de société dans un pays où les personnes à mobilité réduite sont souvent marginalisées.

    De notre correspondante à Kinshasa,

    Erick Mbuyi, orthoprothésiste, est en pleine séance de rééducation. Devant lui, sa patiente réapprend à marcher avec une prothèse de jambe. Les mains agrippées à deux barres de maintien, Meda se familiarise avec sa nouvelle prothèse. À 10 ans, la jeune fille a perdu sa jambe après avoir été percutée par une voiture.

    Un large sourire aux lèvres, elle enchaîne les exercices, qui lui donnent l’espoir de pouvoir jouer à nouveau avec ses copines à l’école. « Quand on sort en récréation, moi, j’assiste, je regarde seulement quand mes amis jouent. Mais quand je vais prendre les prothèses, moi aussi, je vais commencer à jouer, se réjouit-elle, je vais commencer à danser, je vais tout faire ».

    À lire aussiMadagascar: des prothèses gratuites pour les habitants de la Grande île, grâce à deux associations

    Des prothèses moins chères et plus confortables

    Dans ce centre de Kinshasa, les prothèses sont conçues sur place et en moins de 48 h grâce à un simple téléphone qui scanne en 3D les moignons du patient. Martin Babadi, orthoprothésiste, fait une démonstration : « C’est de cette façon-là que je prends des mesures sur les patients, sans utiliser le plâtre, sans utiliser le mètre ruban. Mais avec le scan, avec les téléphones. Je prends mon scan et puis c’est fini », montre-t-il. Les mesures sont ensuite modélisées sur un logiciel et une fois validée, l’emboiture de la prothèse est imprimée en 3D.

    Avec cette technologie, les prothèses sont plus confortables et trois fois moins chères que les prothèses conçues dans des centres publics, grâce à des financements partenaires. C’est ce qui a motivé cet ancien judoka venu pour sa première consultation : « Ici, on peut me faire une prothèse de qualité, c’est pourquoi je me suis présenté. Aujourd’hui, j’ai des prothèses, mais ça ne convient pas, regrette-t-il. On vous donne ça, mais vous n’arrivez pas à marcher avec ça. Et ça me permettra aussi de faire des mouvements sans béquilles. »

    En moins d’une année, l’entreprise a déjà appareillé plus de 150 patients.

    À écouter dans Autour de la questionDepuis quand et comment réparer les vivants ?

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  • Comment faire avancer la recherche en génomique en Afrique? [3/3]
    2025/03/25
    Il avait fallu dix ans de travail et plus de 2 milliards de dollars pour parvenir, en 2001, à séquencer pour la première fois le génome humain. Désormais, il suffit d’une poignée de jours et moins de 1 000 dollars afin de déchiffrer les lettres qui composent l’ADN d'un individu.Des scientifiques tentent de s’emparer de ces nouvelles technologies pour faire progresser la recherche sur le continent africain. De notre envoyée spéciale de retour de Durban,Maria Chimpolo mène des recherches en génomique dans la région de Cunene, au sud de l’Angola. Après l’accord des participants, elle collecte des échantillons de sang, les envoie ensuite dans des laboratoires pour extraire l’ADN et déchiffrer le génome de populations jusqu’à présent peu étudiées. Mais il lui est souvent difficile de trouver des fonds : « Le financement pose toujours problème. Lorsqu’on annonce que l’on souhaite étudier la diversité génétique, on n’obtient jamais de fonds nationaux, déplore la chercheuse. Donc, il faut aller chercher de l’argent à l’extérieur. »Une initiative nommée « Hérédité et santé humaine en Afrique » (H3Africa), financée à hauteur de 176 millions de dollars par des fonds américains et britanniques, a permis de soutenir pendant 10 ans une cinquantaine de projets sur le continent.Maintenant que le programme a pris fin, des pays tentent de lancer leurs propres travaux de séquençage, comme l’Afrique du Sud, sous la houlette de la chercheuse Rizwana Mia : « On va d’abord commencer à séquencer environ 10 000 génomes d’un groupe de patients que l’on suit déjà sur le long terme, en guise de phase pilote, pour étudier la faisabilité, détaille-t-elle. Puis, nous souhaiterions séquencer les génomes de 100 000 Sud-Africains, dans le cadre d’un plus grand programme. Nous vivons dans un pays très diversifié. Tout cela nous offrira donc un solide ensemble de données pour que nous puissions découvrir de nouveaux variants qui jouent un rôle significatif dans les maladies qui touchent nos populations. »Le Nigeria a des ambitions similaires et a commencé à collecter des échantillons, dans l’attente de financements pour lancer les séquençages.À lire aussiCes scientifiques qui tentent de faire progresser la recherche génomique en AfriqueCréer un réseau de centres d’excellence en génomiqueMais un groupe de chercheurs africains rêve d’aller encore plus loin et de créer, au niveau continental, un réseau de centres d’excellence en génomique. « Nous essayons pour l’instant de rassembler des fonds, afin de pouvoir créer ces centres d’excellence, explique la professeure Nicola Mulder, de l’université du Cap, l’une des porteuses du projet. Nous aimerions arriver à dix centres principaux, qui seraient entièrement capables de former du personnel en génomique, d’étudier les données de surveillance des pathogènes qui émanent des instituts nationaux de santé publique et de développer la médecine génomique pour les maladies transmissibles et non transmissibles. Nous avons quelqu’un de l'Africa CDC dans un de nos comités. Le but, c'est de travailler main dans la main avec eux, pour faire le lien entre la recherche académique et les politiques de santé publique. »Cependant, la suppression des financements américains sous la présidence de Donald Trump rendra sans doute plus compliquée l’obtention de fonds internationaux pour de nouveaux projets scientifiques.Retrouvez les autres épisodes de notre série : En Afrique, développer les connaissances sur les variations du génome [1/3] Une étude de données génomiques en Afrique pourrait «éviter des décès inutiles» [2/3]
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  • Une étude de données génomiques en Afrique pourrait «éviter des décès inutiles» [2/3]
    2025/03/25

    Les recherches en génomique humaine effectuées en Afrique ont été le sujet principal du sommet de la Human Genome Organisation (HUGO) qui s’est tenu pour la première fois sur le continent en mars, dans la ville sud-africaine de Durban. Comme dans le cas de l’intelligence artificielle, le domaine de la génétique est aussi victime d'un biais dans la construction de son modèle de référence, avec très peu de données venues d'Afrique. Et cela peut avoir des conséquences pour le traitement des populations locales et pour la recherche mondiale.

    De notre envoyée spéciale à Durban,

    Faute d’infrastructures, de ressources ou de personnel, beaucoup de maladies génétiques restent non détectées sur le continent. En République démocratique du Congo (RDC), Aimé Lumaka, en est régulièrement témoin avec son équipe.

    « Nous avons, au début de notre carrière, rencontré une famille qui a perdu environ 14 garçons. Leur peau devenait très noire et ils mourraient. Nous avons pensé à une maladie génétique, et nous avons pu la confirmer, explique le chercheur de l’université de Kinshasa. Ce qui était choquant, c'est que c’était une maladie qu’on pouvait traiter facilement avec une supplémentation en cortisol. C’est dans ce genre de situation qu’on voit la force de la génomique : cela peut permettre d’éviter des décès inutiles, des décès évitables. »

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    « La médecine de précision est très importante »

    Le manque de recherches sur les variations des génomes en Afrique complique aussi les diagnostics, car les bases de données proposent comme référence des séquençages liés à des populations d’origine européenne ou américaine.

    Segun Fatumo travaille sur la question de la diversité génétique pour l’université Queen Mary de Londres, et le Conseil pour la recherche médicale (MRC) d’Ouganda : « La médecine de précision est très importante. Un traitement qui fonctionne bien sur des personnes qui ont une ascendance spécifique, peut ne pas aussi bien marcher pour d’autres. C’est pour cela que l’on doit étudier les génomes de tout le monde. »

    Un médicament anti-cholestérol conçu grâce à des études génétiques

    L’absence de données freine, de plus, le développement de traitements pour les maladies génétiques qui touchent particulièrement le continent, comme la drépanocytose. Sans compter que la recherche en Afrique et l’identification de mutations peuvent avoir un intérêt pour le reste du monde. La professeure de l’université du Witwatersrand Michèle Ramsay prend l’exemple un médicament anti-cholestérol conçu grâce à des études génétiques.

    « Cette découverte a été réalisée grâce à l’observation de mutations génétiques qui sont davantage répandues chez des populations d’origine africaine, et on savait que ces populations avaient un taux de cholestérol plus bas que la normale. Il y a encore beaucoup de choses que l’on ignore, sur le plan de la biologie, et la génétique peut nous apporter des indices. S’il y a des variants, en Afrique, qui ne sont pas sortis du continent, et qui ont pu être sélectionnés à cause de facteurs environnementaux, ces variants vont être associés à certaines spécificités. Et si on arrive à comprendre ce lien, cela peut créer des opportunités en termes d’intervention, pour n’importe qui dans le monde. »

    Mais si des découvertes sont faites à partir de données africaines, les chercheurs sont unanimes : il faut mettre des protocoles en place afin que les populations du continent puissent aussi bénéficier des résultats et des traitements.

    À lire aussiEn Afrique, développer les connaissances sur les variations du génome [1/3]

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