エピソード

  • Cameroun: pour les cadeaux de Noël, les brocantes ont la cote
    2025/12/21

    Et si cette année le plus beau cadeau de Noël se trouvait… dans une brocante ? Ces espaces où l’on vend des objets de seconde main souvent importés d'Occident. Entre décorations intemporelles, appareils domestiques et autres jouets recyclés, plusieurs clients y trouvent leur compte en cette période de fêtes dans la capitale camerounaise.

    De notre correspondant à Yaoundé,

    Au carrefour Obili, Marie attend les clients dans sa brocante, une pièce d’environ 5 m², bien achalandée. On y retrouve des meubles, des appareils électroniques, des ustensiles, des vélos, mais aussi des décorations de Noël. Du matériel de seconde main, importé d’Europe.

    « Les guirlandes que j'avais importées l'année dernière sont restées. J'essaie de les liquider cette année. Je n'ai pas voulu commander encore d'autres guirlandes. Cette année, j'ai préféré me concentrer sur les jouets, sur les nounours. C'est ce qui se vend le plus. Un enfant, pendant les fêtes de Noël, a droit à son cadeau. Les guirlandes aussi sortent un peu plus rapidement, car 1 000, 2 000 francs CFA, ça passe. Par contre, les sapins, c'est compliqué », explique Marie.

    Son choix est plutôt bien calculé, car à l'approche de Noël, les clients recherchent surtout des objets de décoration et des cadeaux pour leurs proches. Nombreux sont les Camerounais qui, comme Achille, choisissent les brocantes.

    « Moi, je trouve que dans les brocantes, c'est d'abord une meilleure qualité. C'est pas neuf, c'est une meilleure qualité. Les achats dans les brocantes sont moins chers. Je préfère aller dans les brocantes car je trouve mon compte. Aujourd'hui, comme c'est la fête de Noël, j'ai acheté un sapin et des guirlandes et tout ce qui va avec, des petites décorations originales », raconte Achille.

    Faire du neuf avec du vieux n’est pas sans risque : il peut arriver qu’on achète un appareil en bout de vie, ou alors qu’on tombe sur un trésor, explique Fabrice, un féru de brocante : « N'oublions pas que ce sont des choses qui ont été utilisées ailleurs et qui se retrouvent maintenant au Cameroun. Forcément, il n'y a pas de garantie. Il faut être observateur, connaisseur et patient. »

    Au Cameroun, les brocantes sont ravitaillées par la diaspora établie en Europe, en Amérique et au Canada. En cette fin d’année, les objets qu’ils expédient font le bonheur de leurs compatriotes restés au pays.

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  • Maroc: le début de la CAN vu du café le Guérin, haut lieu du football marocain
    2025/12/20

    Le Maroc est un pays de football et, dans le royaume, on aime regarder les matchs avec d'autres supporters. Les cafés et les bars s’attendent aujourd’hui à une affluence record. À quelques heures de l’ouverture de la CAN, c’est le temps des derniers préparatifs. Reportage dans l’un des lieux emblématiques du centre de Casablanca. Au Guérin, une brasserie centenaire, on regarde les matchs de la CAN depuis toujours.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Un immense comptoir qui fait toute la longueur de la salle et quelques tables. Chez Mme Guérin, ce n'est pas très grand. 79 printemps et 35 CAN, Hamid Sebbar est un fidèle client. Il vient ici depuis 55 ans. « Ce café, il existe depuis les années 1920. Il y avait beaucoup de sportifs qui regardaient des matchs à la télévision, il y avait beaucoup de monde. C'était un endroit agréable pour eux », précise-t-il.

    Avec son chapeau en tweed et son écharpe bleue, Hamid cultive une élégance surannée. « Il y avait un autre groupe, des gens cultivés : des poètes, des écrivains, etc. Ils fréquentaient ce café. Je voyais des gens regarder des matchs ici avec folie. Ils adoraient tous le football », poursuit-il.

    Qu'importe la Coupe, qu'importe le championnat, chez Madame Guérin, il y a toujours un match qui est diffusé. « Avant, c'était des télévisions en noir et blanc. Avant, ça n'était que la radio. Après, maintenant, on parle de 4K, des écrans de 75 pouces, trois écrans. Cela veut dire que, où que tu t'installes à Guérin, tu peux voir le match tranquillement. Il y a des télés partout. Il y a une sonorisation adaptée au match », explique Hamid Sebbar.

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    Et voici Madame Guérin, alias Youssef Abbassi, c'est le nouveau gérant. Il a repris l'endroit, il y a trois ans. « Il y a plusieurs générations qui ont géré cet endroit emblématique. Pour moi, Guérin, c'est une famille », affirme-t-il.

    Une famille qui va se réunir encore une fois pour assister ensemble à la CAN. Youssef espère que ces retrouvailles seront grandioses. « La vérité, je ne peux pas me prononcer sur le gagnant, mais j'aimerais bien que cela soit le Maroc. C'est le but, que l'on célèbre ici notre trophée à domicile, à Guérin. Ça serait vraiment génial », s'exclame Youssef Abbassi.

    Le mot de la fin pour Hamid Sebbar : « Tout le monde attend que l'équipe marocaine crée la surprise cette année. Nous avons beaucoup d'espoir de gagner cette Coupe cette année, chez nous. »

    Et comme à chaque CAN, depuis la première, chez Madame Guérin, on va scruter, analyser, décortiquer le football. Il y aura de la joie ou bien de la déception. De la matière en tout cas pour écrire une nouvelle ligne de l'histoire de ce lieu liée au foot marocain.

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  • Le bac de la Lobaye, trait d’union historique entre la Centrafrique et la RDC
    2025/12/19

    En Centrafrique, un simple bac est devenu, au fil des décennies, bien plus qu’un moyen de traverser la rivière Lobaye. Depuis 1965, la liaison entre Mongoumba, en Centrafrique, et Betou, en RDC, relie chaque jour deux villes frontalières… et deux peuples. Camions de marchandises, véhicules, motos, passagers : tous empruntent cette traversée qui fait circuler produits, services et espoirs entre les deux pays. Malgré son ancienneté et des moyens modestes, ce bac reste un symbole vivant pour la région. Une activité tenue par les jeunes de la localité qui en ont fait à la fois une source de revenus et un véritable vecteur du désenclavement.

    De notre correspondant de retour de Mongoumba,

    À l’aube, lorsque la brume flotte encore au-dessus de la Lobaye, les premiers voyageurs apparaissent sur la rive, silhouettes tranquilles dans la lumière naissante. Ici, pour la traverser, on emprunte le bac : une plateforme en bois et en métal, portée par la force du courant, guidée par des conducteurs comme Sylvestre : « Ce bac c'est toute ma vie. Un métier simple et essentiel. Je transporte des véhicules, des camions et des cargaisons entières. Certains traversent pour aller faire du commerce, d'autres rejoignent leur famille, il y a également ceux qui partent au travail. »

    Le vacarme du moteur se mêle aux conversations. Femmes, hommes et enfants montent les uns après les autres. Chacun avec sa raison de traverser la rivière, mais le passage est le même pour tous. Bernice est une agricultrice. « Ce bac est comme un vieil ami pour moi. Sans lui, je ne suis rien. Mon champ se trouve de l’autre côté, et le bac est le seul moyen pour m’y rendre. Je monte toujours à bord avec mes paniers. Durant la récolte, c’est grâce à ce bac que j’achemine tous mes produits vers les grandes villes et les marchés. »

    Cohésion entre les habitants

    Lorsque le bac s’éloigne de la rive, un silence particulier s’installe. Tout le monde regarde l’eau. L’ombre des arbres se reflète sur la surface fluide. La dépendance à ce bac préoccupe Léopold Kossolo, le chef du village de Bac-Lobé-Yapo. « Ce bac est pratiquement le seul dans la région. S’il tombe en panne, toutes les villes alentour se retrouveront isolées les unes des autres. Ce bac renforce la cohésion entre les habitants, il nous rapproche. Bien sûr, il existe des pirogues, mais leurs capacités sont limitées. Il serait plus simple d’installer deux bacs ici et pourquoi pas de construire un pont sur la rivière. »

    Soudain, l’autre bord apparaît. Les premiers enfants accourent, et l’agitation reprend. Les passagers débarquent, chacun reprenant sa route, laissant derrière eux la courte traversée qui, pourtant, rythme le quotidien de toute une région. « Le bac a plus de 40 ans. Tout le monde sait que la rivière Lobaye est très profonde. Pour éviter tout drame ou naufrage, il est nécessaire de procéder à sa réhabilitation complète et, si possible, d’installer des équipements de sauvetage en cas d’accident. Chaque jour, des centaines de personnes font des allers-retours à cet endroit », explique Léopold Kossolo.

    La construction d’un pont sur la rivière Lobaye est en cours. Elle s’inscrit dans le cadre du projet du corridor 13, un programme de construction routière reliant la République du Congo, la RCA et le Tchad, financé par la Banque africaine de développement (BAD).

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  • Maroc, une nation de foot [5/5]: Comme le visage des supporters de foot a évolué!
    2025/12/18

    Mieux organisé, plus féminin, le visage des supporters des Lions de l’Atlas a bien changé en quelques années. Le Qatar, en 2022, a marqué un tournant. Après s’être hissée en demi-finale de la Coupe du monde, la sélection marocaine est devenue immensément populaire. Depuis, les équipes nationales multiplient les exploits, certains parlant même d’âge d’or du foot marocain. L’engouement n’est pas prêt de retomber avec la CAN qui se déroule au Maroc. Le reportage de Matthias Raynal.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Une vidéo sur un téléphone portable, les tambours ouvrent la voie à des dizaines de maillots rouge et vert : « C'est l'animation juste dans le hall du stade avant d'entrer en tribunes. ». Mouhssine Bouchida est le porte-parole des Rosso Verde, l’un des trois groupes de supporters des équipes nationales marocaines. « On se déplace avec l'ensemble de nos instruments, nos équipes musicales, ce qu'on appelle la banda dans un jargon ultra. »

    Rosso Verde est né en juin 2023, au lendemain de l’épopée qatarienne des Lions de l’Atlas. Le groupe s’inspire des ultras. Les plus fervents des supporters, habitués à rendre les tribunes des stades incandescentes : « Parmi nous, beaucoup de membres sont des anciens ultras justement. Certes, sur les principes, on est très différents du mouvement ultra, précise Mouhssine Bouchida. Mais sur l'aspect "supporterisme" au sein du stade, on suit vraiment le mouvement ultra et on a cette touche-là qui vient ajouter de l'ambiance au stade. On se prépare pour la CAN afin de rendre fier le public marocain. »

    Des femmes aussi sont des supportrices et adhérentes

    Ses 250 membres sont actuellement en pleine répétition des animations qui viendront ponctuer les matchs des Lions de l’Atlas. Rosso Verde n’obéit pas aux principes ultras. Le groupe, par exemple, est ouvert aux femmes. « Parmi nos membres, on a aujourd’hui des femmes. Le pourcentage de femmes qui adhèrent n’est pas très élevé, mais il représente 10 à 15% de nos adhérents », ajoute le porte-parole des Rosso Verde.

    Depuis 2022, on observe un changement. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à encourager l’équipe nationale. C’est le cas de Jamila, la quarantaine, venue assister à un match amical des Lionnes de l’Atlas : « Regarder un match au stade, c’est mieux qu’à la télévision, à la maison. Moi j’aime beaucoup venir ici. N'importe quelle femme peut le faire, c’est son droit. C’est un lieu accessible à tous, c’est sécurisé, les forces de l’ordre sont là. »

    Mais cette féminisation du public marocain ne se fait pas sans résistance de la part de certains hommes. Sur les réseaux sociaux, les supportrices sont parfois la cible de critiques ou de moqueries. Passionné de football, le peuple marocain sera un atout majeur pour les Lions de l’Atlas qui joueront cette CAN à la maison.

    À lire aussi dans la série «Maroc, une nation de foot»

    • Maroc, une nation de foot [1/5] : témoignage des joueurs de la génération 1976

    • Maroc, une nation de foot [2/5] : Casablanca, capitale des ultras le temps d’un derby

    • Maroc, une nation de foot [3/5]: à Casablanca, le football les pieds dans le sable

    • Maroc, une nation de foot [4/5]: Fouzi Lekjaa, l’architecte du renouveau du football marocain

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  • Maroc, une nation de foot [4/5]: Fouzi Lekjaa, l’architecte du renouveau du football marocain
    2025/12/17

    C'est l'un des visages incontournables de la CAN au Maroc : Fouzi Lekjaa est le président de la Fédération royale de football, aussi à la tête du comité local d’organisation et ministre délégué chargé du Budget. Omniprésent dans les médias, il est tout autant influent en coulisse. C’est sous sa gouvernance, débutée en 2014, que le foot marocain s’est modernisé et est devenu ce qui se fait de mieux sur le continent.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Le cliché le plus ancien de Fouzi Lekjaa sur Internet le montre lunettes de soleil sur le nez, prenant la pose aux côtés des joueurs de Berkane pour la traditionnelle photo d’avant-match. Éternel douzième homme de ce club de foot du nord-est du Maroc, Fouzi Lekjaa est né à Berkane en 1970, dans une famille modeste. « C’est mon équipe, je viens de là-bas. Je ne peux pas la renier, au risque de voir les gens me le reprocher », confiait-il en 2020.

    Onze ans plus tôt, Fouzi Lekjaa était un jeune fonctionnaire brillant du ministère des Finances qui venait de prendre la tête du club de son enfance. Cette équipe de troisième division est son laboratoire. « On a une équipe, un club, qui est toujours en construction, décrit-il. Ce qui est rassurant au niveau de la renaissance sportive de Berkane, c'est effectivement ce sentiment de patience partagé par tout le monde. Tout le monde sait que le travail stratégique paye et qu'il faut du temps. Il faut mener un travail en profondeur. »

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    « On n'est plus le Maroc qui fête les qualifications, on fête des victoires »

    Sous Fouzi Lekjaa, le club se métamorphose. Quinze ans plus tard, Berkane est l’une des meilleures équipes d’Afrique, triple vainqueur de la Coupe de la CAF. Entre-temps, Fouzi Lekjaa a été élu en 2014 président de la Fédération royale marocaine de football. À l’époque, les Lions de l’Atlas sont sans entraîneur depuis six mois. « Je pars d'une logique de remettre les équipes nationales au pluriel. Notamment remettre l'équipe nationale A au travail, professionnel et sérieux. L'obligation de résultats pour moi, c'est l'obligation de fournir tous les efforts », précise l'ancien entraîneur.

    On le décrit comme un bourreau de travail, au caractère bien trempé. Volontiers séducteur, il peut aussi se montrer froid, voire rugueux. Le chantier de la fédération est immense. Fouzi Lekjaa s’attaque à sa modernisation et la dote notamment de nouvelles infrastructures. Et dix ans plus tard, ses efforts ont porté leurs fruits : « On n'est plus le Maroc qui fête les qualifications, on fête des victoires. D'ailleurs, vous devez le remarquer, l'équipe nationale A s'est qualifiée pour la Coupe du monde. Pour les Marocains, c'est tout à fait normal et c'est une évidence.»

    Les équipes nationales engrangent les succès : une demi-finale de Coupe du monde en 2022, une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Paris. Le Maroc vise désormais la CAN. Fouzi Lekjaa sera autant jugé sur l’organisation de la compétition que sur les résultats sportifs des Lions de l’Atlas.

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  • Maroc, une nation de foot [3/5]: à Casablanca, le football les pieds dans le sable
    2025/12/16

    Au parc, entre les voitures ou sur un terrain vague et surtout à la plage : au Maroc le football se pratique partout. Au-dehors des structures sportives officielles, il est joué par des amateurs de tout âge et constitue un véritable vecteur de sociabilité. Entre les « Brésiliennes », les matchs de « minifoot » ou les entraînements techniques, visite de la plage de Aïn Diab à Casablanca, où chaque jour des centaines d’amoureux du ballon rond se réunissent face à la mer pour taper la balle.

    De notre correspondant à Casablanca,

    « Je fréquente souvent la plage de Aïn Diab et en particulier la porte numéro 1, là où se regroupent les plus grands jongleurs de Casablanca », confie Ilyas Azami, 48 ans, dirigeant d'une entreprise de logistique. Face à la mer, le père de famille enchaîne les échanges, avec le genou ou les pieds, sans que le ballon ne touche le sable : « À chaque fois qu’il y a quelqu’un qui joue avec moi et que je le vois faire un geste, je ne cesse de le répéter pour le maîtriser. Je sais que certains gestes, je ne vais jamais les maîtriser à la Ronaldinho, mais par exemple je peux contrôler avec le tibia, je peux contrôler du dos. Mais chacun de nous ici a la baraka à ce qu’il maîtrise en fait ».

    Viser l’excellence, mais aussi profiter, se vider la tête et faire des rencontres. « On aime ce qu’on a, on aime cette plage. C’est un peu comme les gens qui vont prendre un petit apéro après le job. Il y en a d’autres qui seront dans un café ou d’autres qui vont se balader. Nous, notre fantasme, c’est de venir ici et de jongler avec un ballon, mais un ballon spécial, qui est le Mikasa », explique Ilyas Azami.

    Le Mikasa, un ballon de foot-volley, bien gonflé et assez lourd, pour des coups puissants et maîtrisés. Amin est venu avec son père et son frère : « Si un joueur ne sait pas jongler, c’est comme un chef qui ne sait pas faire une omelette », s'amuse-t-il.

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    « S’il n’y a pas de ballon, il n’y a rien du tout. Il est dans notre sang depuis la naissance »

    À côté des jongleurs et des joueurs de minifoot, deux pierres délimitent des petits buts d’à peine un mètre de longueur. Ils se comptent par centaines sur les deux kilomètres de la plage d’Aïn Diab. Mohamed, 21 ans, explique pourquoi le minifoot a tant d'adeptes : « C’est plus technique, parce que tu ne peux pas frapper de loin. Tu dois jouer en passes. Et quand tu joues pieds nus, tu peux encore plus développer ta technique. »

    Le jeune homme a déjà le gabarit d’un pro. Il évolue actuellement en sixième division et rêve de décrocher un contrat. « Je viens ici pour m’entraîner pour ma carrière. Je m’entraîne tous les jours dans l’espoir de réaliser ce rêve », ajoute-t-il.

    Ce jour-là, seuls des hommes jouent sur la plage, sauf une jeune fille de 14 ans en plein effort : « Je m’appelle Leïla, oui je joue au foot. J’aime trop jouer et c’est mieux de jouer avec les garçons, le niveau est meilleur », déclare-t-elle. De 44 ans son aîné, Mohammed, 68 ans, vient lui aussi taper la balle tous les jours depuis qu’il est à la retraite. Il résume ainsi la relation du pays avec le football : « S’il n’y a pas de ballon, il n’y a rien du tout. Il est dans notre sang depuis la naissance. »

    Il insiste sur les rencontres qu’il fait à la plage : avocats, médecins ou jeunes des quartiers populaires, la plage d’Aïn Diab rassemble tous les profils. « Je viens découvrir un autre monde, partage Mohammed. Un mode de vie, un autre style de vie, loin du stress. On sent l’iode, c’est une clinique pour moi ».

    Les matchs finissent généralement au coucher du soleil par un bain de mer, entre les deux pointes rocheuses de la Corniche et l’îlot de Sidi Abderrahman.

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  • Maroc, une nation de foot [2/5] : Casablanca, capitale des ultras le temps d’un derby
    2025/12/15

    Au Maroc, la culture du supportérisme est particulièrement vivace. Totalement dévoués à leur club de cœur, les ultras construisent leur vie autour de l’amour du maillot, entre confection minutieuse des tifos dans le plus grand secret, écriture de nouveaux chants ou accueil des nouveaux joueurs. Dans ce domaine, les ultras des deux grands clubs casablancais, le Wydad Athletic Club et le Raja Club Athletic, sont reconnus dans le monde entier comme parmi les plus dynamiques et fervents. Rencontre avec ces passionnés de l’écusson à l'occasion d'un Wydad-Raja, le derby de Casablanca.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Stade Mohammed V, Casablanca. 29 octobre 2025. C’est l’un des matchs les plus bouillants de la planète. L’ambiance est indescriptible. La marée rouge des ultras Winners 2005, virage Nord, fait face aux deux groupes ultras du Raja, virage Sud. Le stade comprend officiellement 44 000 places, mais pour ce match, plus de 60 000 personnes ont pris place dans les gradins. Les tribunes sont bondées. Par manque d’espace, les supporters sont collés les uns aux autres.

    Pendant 90 minutes, les ultras se concentrent sur les directives des kapos, chefs d’orchestre de ce spectacle qui se joue en tribune. Avant le coup d’envoi, pas moins de neuf tifos démesurés seront déployés dans le stade. Les images feront le tour du monde.

    Soudain, à la 56e minute de jeu, des centaines de fumigènes, rouges d’un côté, blancs et verts de l’autre, illuminent le stade, tandis que des feux d’artifice explosent de part et d’autre. Le stade n’est plus qu’un nuage de fumée. Le match est arrêté à trois reprises. « Le match est suspendu, c’est à cause de ce qui se passe dans les gradins. C’est un autre match qui se déroule dans les tribunes : les deux publics sont en train de faire action-réaction, un craquage ici, un craquage de l’autre côté… Et c’est aussi une battle de voix, qui se fait bien entendre dans le stade », explique Badreldin, un ancien ultra.

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    « Chacun défend ses couleurs, des joueurs jusqu’au public. »

    Même si la paternité et son mariage l’ont assagi, il reste un fervent supporter du Wydad. « Nous vivons ça chaque année, et nous aurons cette passion pour toujours, depuis l’enfance et à jamais. [...] C’est un peu fanatique : chacun défend ses couleurs, des joueurs jusqu’au public. », ajoute-t-il. Ballet d’écharpes qui virevoltent dans le ciel, clapping sophistiqué, chants pour moquer les supporters adverses : le spectacle n’est pas sur la pelouse, mais bien dans les tribunes. « C’est hyper sportif, donc ils ne font rien d’autre que chanter, pousser, encourager, décrit le passionné. Ils considèrent ça comme un devoir pendant tout le match. Si les joueurs doivent mouiller le maillot, les supporters aussi doivent mouiller le leur et laisser leur voix dans les gradins ».

    Zacharia, 18 ans, longs cheveux bouclés dressés vers le ciel, est membre des Green Boys du Raja : « On est tous une famille, t’as capté ? On est tous une famille dans le virage ». Il rappelle la règle d’or des ultras : ne pas accorder d’interview filmée, ne pas prendre de vidéos dans les tribunes. « Parce que dans les ultras, il faut être inconnu ou mettre des cagoules pour ne pas être reconnu par la police ou par les médias », rappelle-t-il.

    Au-delà des clashs avec le camp adverse, la culture ultra est aussi une affaire de prises de position politiques. Les Rajaouis, notamment, ont construit leur identité sur des chants contestataires, évoquant les injustices ou le manque d’espoir. Plus récemment, le chant en hommage au peuple palestinien, « Rajaoui Filistini », a connu un succès au-delà des frontières. Zacharia partage cet engouement : « Rajaoui Filistini, parce qu’ils parlent des Palestiniens, des pauvres, des innocents qui meurent sans cause… Ça m’a beaucoup touché ».

    Aujourd’hui, les ultras du Raja sont toujours divisés en deux groupes. Ceux du Wydad, eux, ont décroché à quatre reprises le titre de groupe ultra de l’année. Début novembre, ils attiraient encore l’attention en illuminant les quais de Seine, face à la tour Eiffel, pour célébrer leurs vingt ans d’existence.

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  • Maroc, une nation de foot [1/5] : témoignage des joueurs de la génération 1976
    2025/12/14

    Le Maroc se prépare à accueillir la CAN. Le pays est bien décidé à remporter à nouveau le trophée ! Dans l’histoire du football africain, c'est comme une anomalie : le royaume fait partie des grandes nations du continent, et pourtant, il n’a remporté la compétition qu’une seule fois en 1976, en Éthiopie. S’il y a bien des personnes qui savent comment faire pour gagner, ce sont les anciens internationaux marocains de cette époque. Rencontre avec Abdelâali Zahraoui et Abdallah Tazi, deux joueurs de la sélection 1976.

    De notre correspondant de retour de Fès,

    En 1976, la compétition oppose alors huit sélections. Parmi elles, il y a le Zaïre, le Nigéria, la Guinée, l'Égypte, des cadors du continent. Le Maroc ne fait pas partie des favoris. Abdelâali Zahraoui était milieu de terrain de la sélection marocaine : « Tout le monde a joué avec leur force, avec leur volonté, avec tout ! » L'Éthiopie accueille la CAN cinq mois tout juste après un coup d'État militaire. Abdallah Tazi est également ex-milieu de terrain marocain. « Il y avait deux chars devant l’hôtel. Quand on sortait, on était suivis par des policiers », se remémore-t-il.

    Cette CAN se joue sous la forme d’une poule finale. Le dernier match, le 14 mars 1976, oppose le Maroc à la Guinée. Une équipe légendaire avec des grands noms comme Petit Sory, Papa Camara… Les Lions de l’Atlas ont besoin d’un match nul pour finir en tête du classement, les Guinéens doivent absolument l’emporter. « Les Guinéens, dès le début du match, ils ont été supérieurs à nous. Ils avaient une très belle équipe, c’était le Brésil d’Afrique, certainement la meilleure du continent », retrace Abdallah Tazi.

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    C’est le Syli national qui ouvre le score à la 33ᵉ minute, et pendant près d’une heure, il est champion d’Afrique. Mais à la 86ᵉ minute, venu de la défense marocaine, Ahmed Magrouh, alias « Baba », envoie un boulet de canon pleine lucarne. « Un but exceptionnel, mais Baba, il monte seulement dans le corner. Si tu lui demandes de tirer 50 fois, il ne marquera jamais. Ils avaient de la réussite », commente Abdelâali Zahraoui.

    Il ressort les photos de cette époque. Sur l’un des clichés en noir et blanc, on le voit poser amoureusement ses yeux sur une petite coupe de métal brillant, c’est la CAN 76. « On nous demande à chaque fois de parler de notre parcours, s'amuse Abdallah Tazi. Il n’y en a que pour la CAN 76. L’équipe actuelle va remporter la CAN et on sera enfin tranquilles, les journalistes n’auront plus à nous appeler ! »

    Pour Abdelâali Zahraoui, également, c'est une certitude : « Au Maroc, on va gagner la Coupe d'Afrique. Cette année ! »

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