エピソード

  • Nigeria: face à la réintégration des repentis Boko Haram, l'impossible pardon pour les victimes [3/5]
    2025/11/19

    La secte terroriste connue sous le nom Boko Haram a lancé une insurrection armée en 2009 pour établir un État islamique, tuant des dizaines de milliers de personnes et déplaçant plus de deux millions dans le nord-est du Nigeria. Pour résoudre cette crise sécuritaire et humanitaire qui frappe également les pays voisins, Abuja a lancé plusieurs programmes de réconciliation et de réintégration pour favoriser les défections dans les rangs de Boko Haram et de l'Iswap. Une perspective qui indigne certaines victimes, qui se sentent abandonnées par l'État.

    De notre correspondant au Nigeria,

    La colère ne quitte plus Aisha. En 2011, son fils est pris dans une énorme rafle de l'armée nigériane, car il était suspecté, comme des milliers d'hommes, d'être un Boko Haram. Aujourd'hui, Aisha ne sait pas si son enfant est encore vivant. Et malgré les intimidations, cette septuagénaire au visage fin et tatoué, hurle à l'injustice à la face des autorités politiques et militaires qu'elle croise dans Maiduguri.

    « Le gouvernement fédéral ne nous reconnaît pas comme citoyens nigérians. Pourquoi il accepte les repentis ? Et en plus, il les réintègre dans la communauté ? Pourquoi l'armée ne libère-t-elle pas nos enfants pour qu'on puisse connaître la vérité ? Le gouvernement incarcère nos enfants sans jugement et accepte les repentis de Boko Haram. Ce n'est pas cela la justice pour moi », dénonce Aisha.

    Abba Ashigar réajuste sa prothèse orthopédique remplaçant sa jambe gauche : cet étudiant a survécu à un attentat suicide. Le 16 janvier 2017, il entre avec son père et son jeune frère dans une des mosquées du campus de l'Université de Maiduguri. À peine l'imam démarre la prière de l'aube, un kamikaze déclenche son engin explosif.

    « Même si vous voulez pardonner, vous ne saurez pas vraiment ce que vous pouvez pardonner. Voulez-vous dire que je dois pardonner à ceux qui ont commis un attentat suicide dans la mosquée ? Ou à ceux qui ont organisé cet attentat ? Ou à ceux qui les ont financés ? Qui dois-je pardonner ? », interroge Abba.

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    Le jeune frère d'Abba, ainsi que trois autres personnes, ont succombé à leurs blessures. Abba est encore marqué psychologiquement par ce drame même s'il se dit fort. Comme Aisha, Abba est choqué par le retour sans procès des repentis Boko Haram : « Comment vous, le Gouverneur de l'État de Borno, vous les gens du gouvernement fédéral, vous osez simplement ramener ces gens ? Ceux qui ont massacré votre mère sous vos yeux. Ceux qui ont massacré votre père, vos voisins. Ou ceux qui ont commis des attentats-suicides contre vous. Les ramener simplement dans la ville, puis dire : "Ce sont des repentis". Pourquoi se repentiraient-ils devant nous ? »

    Loin de se laisser abattre, Abba se concentre sur son master en statistiques. Et chaque jour, il retourne prier dans la même mosquée du campus, pour le repos de l'âme de son petit frère.

    À lire aussiNigeria: la réintégration d'ex-membres de l'Iswap dans la société, sans passer par la case prison [2/5]

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  • Nigeria: la réintégration d'ex-membres de l'Iswap dans la société, sans passer par la case prison [2/5]
    2025/11/18

    Depuis dix ans, des dizaines de milliers de membres volontaires ou forcés de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) se sont rendus aux autorités du Nigeria : soit 120 000 ex-membres, selon l'armée. Le ministère de la Justice est impliqué dans le profilage de chaque cas, avec des poursuites engagées contre les auteurs de crime de masse. En parallèle, le Nigeria s'appuie des mécanismes de justice transitionnelle pour encourager ce retour des repentis dans des communautés où souvent vivent leurs victimes. Des tentatives de réconciliation collective qui se déroulent alors que les deux groupes armés islamistes attaquent toujours des localités du nord-est du Nigeria et dans les pays du bassin du lac Tchad. Rencontre avec des ex-combattants.

    De notre correspondant au Nigeria,

    Après 15 ans de clandestinité, Umar réapprend à revivre dans Maiduguri, sa ville d'origine. Il y a deux ans, ce jeune homme au visage scarifié quittait les rangs de l'Iswap. Umar rejoint alors la capitale de l'État de Borno, pour y retrouver deux amis, Ibrahim et Aliyu, qui depuis l'hébergent dans un camp informel de déplacés internes.

    « Au début, quand je suis arrivé ici, je préférais le lac Tchad, parce que j'étais habitué à cette vie-là, alors quand je suis revenu ici, j'ai eu du mal à vivre, parce que je me sentais tout le temps coupable, comme si les gens m'observaient et me regardaient comme un animal et non comme un être humain », explique Umar.

    Umar reconnait avoir participé à de nombreux raids meurtriers de l'Iswap ces dix dernières années, sur le pourtour du lac Tchad. Umar affirme qu'il a renoncé à l'ultra-violence. Pourtant, rien ne l'atteste : « Quand j'ai tourné le dos à l'Iswap, je n'ai suivi aucune formation professionnelle, ni aucune déradicalisation, car je suis un homme d'affaires et j'ai l'habitude de travailler. J'ai donc continué à m'occuper d'achat et de vente. Je suis habitué à faire des affaires », confie Umar.

    À lire aussiNigeria: le long processus de réinsertion des repentis de Boko Haram

    Les deux amis d'Umar sont aussi des anciens membres de l'Iswap. Ils ont, eux aussi, déposé leurs armes via le programme « Safe Corridor » encadré par l'armée nigériane. Et rapidement, Aliyu et Ibrahim ont intégré un groupe de miliciens volontaires, dont la majorité vit dans ce camp informel.

    « Les programmes de réconciliation sont utiles, car parmi tous ces gens qui se repentent, désormais certains d'entre eux viennent travailler avec nous, explique Muhammad Samaila, le commandant de ce groupe. Nous patrouillons ensemble dans la brousse. Ils guident par exemple vers tout endroit où la présence de membres de Boko Haram nous est signalée. Nous avons ainsi pu attaquer ces terroristes avec plus d'efficacité à plusieurs reprises. »

    Et comme ses amis Ibrahim et Aliyu, Umar a aussi rejoint ce groupe de miliciens. Ensemble, ils effectuent ces missions d'éclaireurs pour l'armée nigériane.

    À lire aussiNigeria: comment j'ai basculé dans Boko Haram [1/5]

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  • Nigeria: comment j'ai basculé dans Boko Haram [1/5]
    2025/11/17

    Nous vous proposons une série de reportages Afrique en cinq épisodes consacrés aux programmes de justice transitionnelle que le Nigeria expérimente depuis plus de dix ans, pour inciter les défections dans les rangs de Boko Haram. L'opération « Safe Corridor » et le « Modèle du Borno » sont deux mécanismes sur lesquels s'appuient l'armée nigériane, le ministère de la Justice et le gouvernement de l'État de Borno, pour réintégrer des repentis de Boko Haram dans leur communauté d'origine ou des communautés hôtes. Selon l'armée nigériane, 120 000 ex-militants auraient quitté les rangs de Boko Haram et de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP). Notre correspondant a passé plusieurs semaines dans le nord-est du Nigeria pour recueillir des témoignages de victimes, d'experts en déradicalisation, mais aussi de repentis, ex-membres de Boko Haram et de l'ISWAP. Dans ce premier épisode, Moïse Gomis donne la parole à deux repentis : Kachalla et Ibrahim. Dans ce premier volet, ils nous racontent comment ils ont basculé dans l'islamisme armé.

    De notre correspondant au Nigeria,

    Kachalla s'applique à chaque coup de marteau. Il mise sur la qualité de son travail de charpentier. Pas facile de changer le regard de ses voisins, surtout quand on est un ancien Boko Haram. Fin 2014, quand Abubakar Shekau et ses troupes prennent le contrôle de Bama durant six mois, ils ne laissent pas beaucoup de choix aux hommes vivant sur place : s'engager ou bien être égorgé.

    « À ce moment-là, nous n'avions pas le choix. Nous étions contraints de travailler pour eux, nous ne pouvions donc pas refuser. Nous devions nous plier à leurs exigences, sinon ils nous auraient tués. Si vous ne leur obéissiez pas, ils vous disaient : "D'accord, vous n'acceptez pas notre idéologie, alors nous allons vous tuer". Nous devions donc obéir de force à ce qu'ils nous demandaient », raconte Kachalla.

    En 2014, Ibrahim est déjà un membre actif de l'ISWAP au Nigeria. Lui, c'est par adhésion qu'il s'enrôle à l'âge de 19 ans. Ibrahim était un fidèle de Mohammed Yusuf, le fondateur de la secte salafiste surnommée Boko Haram. À partir de 2007, comme plusieurs adeptes, Ibrahim se retranche à Markaz, le quartier de gare ferroviaire de Maiduguri.

    « Nous avons rejoint Mohamed Yusuf pour assister à ses cours islamiques. Nous sommes devenus tellement accros que cela nous est resté gravé dans l'esprit. Nous avons fait nos valises pour aller vivre avec notre guide spirituel jusqu'à ce que les choses dégénèrent », explique Ibrahim.

    « Tous les villageois étaient membres de Boko Haram »

    Pris dans l'engrenage, Ibrahim se radicalise malgré son attachement à ses études universitaires. C'est à travers une lettre d'adieu, remise à ses parents, qu'il coupe les ponts. Ibrahim s'exile dans la périphérie de Baga, une localité au bord du lac Tchad.

    « Tous les villageois étaient membres de Boko Haram. Nous avons été attirés par leur idéologie. Le jour où nous les avons rejoints, ils nous ont donné en naira l'équivalent de 650 euros et une moto neuve. Puis, ils nous ont emmenés dans leur campement. Et là, on est devenu membre à part entière », poursuit Ibrahim.

    Kachalla et Ibrahim, disent aujourd'hui regretter d'avoir gâché plusieurs années de leur vie. Désormais repentis, ils ont conscience de n'avoir plus le droit à l'erreur.

    À lire aussiBoko Haram, une tentative de réconciliation au Nigeria

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  • Kenya: se nourrir grâce à l'agriculture urbaine dans les bidonvilles de Nairobi
    2025/11/16

    La COP30 à Belém, au Brésil, entre dans sa deuxième semaine ce 17 novembre. Parmi les sujets abordés de ce grand sommet mondial sur le climat, il y a celui de la sécurité alimentaire. En Afrique, elle est menacée notamment par la croissance des villes. Selon Africapolis, le continent connaît un des taux d'urbanisation les plus rapides au monde. D'ici à 2050, les villes africaines accueilleront 950 millions d'habitants supplémentaires. Alors, comment nourrir ces populations urbaines ? À Nairobi, au Kenya, dans le bidonville de Kawangware, on fait le pari de l'agriculture urbaine.

    Reportage de notre correspondant au Kenya,

    Jane Changawa habite un petit immeuble délabré de Kawangware. C'est sur le toit qu'elle a lancé, il y a trois ans, ce qu'elle appelle « sa ferme » : 50m² de plantations. « Là, on a des haricots verts, des tomates, des patates douces. On a aussi des épinards et du chou kale. Ma ferme est 100% bio. J'ai mes petits tuyaux. Vous voyez, par exemple, les oignons nouveaux sont plantés au milieu du chou kale. Quand ils sentent les oignons, les insectes s'enfuient. L'urine de lapin est aussi très efficace contre les insectes. Et si je mélange une tasse d'urine et cinq d'eau, ça me fait aussi de l'engrais », raconte Jane Changawa.

    Jane et sa famille consomment la plupart de sa production. Le reste, elle le vend pour environ 6 000 shillings par mois, soit une quarantaine d'euros. C'est la moitié du salaire minimum légal au Kenya. Lilian Nyariki, elle, vend des légumes dans la rue. Et c'est chez Jane qu'elle s'approvisionne.

    « C'est beaucoup plus intéressant pour moi que d'aller au marché de gros »

    « Ici, j'achète en général du chou kale, des épinards et des oignons. C'est beaucoup plus intéressant pour moi que d'aller au marché de gros. Quand je vais au marché, je dois prendre un bus. C'est assez loin. Ça me coûte 200 shillings (environ 1,30 euro, NDLR). Alors qu'ici, je n'en ai pas besoin. Jane vend aussi moins cher. Sept choux kales me coûtent 20 shillings (0,13 euro, NDLR), contre 500 à 1 000 shillings (3,30 à 6,60 euros, NDLR) au marché de gros. Avec Jane, je fais de bons profits », explique Lilian Nyariki

    C'est l'Association kényane pour les femmes en agriculture (Awak) qui a formé Jane. Ce jour-là, dans une petite église de Kawangware, Julius Mundia, membre de l'organisation, enseigne à une quarantaine de femmes. L'idée du projet lui est venue pendant la pandémie de Covid-19, alors que le confinement a provoqué une grave pénurie de nourriture dans la capitale.

    « Il est tout à fait possible de produire de la nourriture à Nairobi, dans des endroits exigus. C'est comme ça qu'on a inventé les jardins verticaux. On utilise n'importe quel contenant disponible : des sacs, des vieux vêtements, n'importe quoi dans lequel on peut mettre du terreau. Après, on plante des graines. Un sac peut parfois contenir une centaine de graines. On peut utiliser les toits des immeubles. Avec un simple balcon, on peut faire quelques jardins. Et pour l'eau, on utilise les eaux usées de la cuisine », explique Julius Mundia. Awak a déjà formé plus de 15 000 femmes.

    À lire aussiComment promouvoir l'agriculture urbaine pour nourrir les villes africaines ?

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  • Mauritanie: à Nouadhibou, une école ouvre ses portes aux migrants
    2025/11/16

    À Nouadhibou, deuxième ville de Mauritanie, de nombreux Africains partent en pirogues vers les îles Canaries, en Espagne, au péril de leur vie. Dans cette ville portuaire devenue carrefour migratoire, de plus en plus de familles font le choix de rester sur place et tentent d'envoyer leurs enfants à l'école malgré la précarité. Une école, fondée par des migrants pour des migrants, leur ouvre aujourd’hui une chance d'avenir, dans un contexte où l'Europe renforce ses contrôles, et où la Mauritanie devient un partenaire clé de la gestion des flux migratoires.

    De notre correspondante en Mauritanie,

    À l'étage d'une petite maison de Nouadhibou, plusieurs pièces ont été transformées en salles de classe. Particularité : ces classes sont réservées aux enfants de migrants. Yama Fama Ndiaye, Sénégalaise de 12 ans, est à Nouadhibou depuis deux ans avec son père. Elle vient s'inscrire à l'école. « Mon papa travaille dans le poisson. Je veux apprendre le français et l'arabe », explique-t-elle.

    Les enfants viennent d'une dizaine de pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Les professeurs, eux, sont membres de l'Organisation de soutien aux migrants et aux réfugiés, qui a créé l'école en 2018. « Les enfants apprennent généralement le français. Ici, il y a plusieurs cultures : les Maliens, les Sénégalais... Ils apprennent les mathématiques arabes. Cela leur permet de s'intégrer dans le pays », précise Blanche, Camerounaise.

    Un enseignement adapté aux enfants en situation de migration

    Nouadhibou est un lieu de passage prisé des Africains qui cherchent à rejoindre l'Europe : frontalière du Maroc, à quelques jours seulement des Canaries par la mer. L'école adapte son enseignement aux besoins spécifiques de ces enfants venus parfois de très loin.

    « Ce sont des enfants qui ont traversé des pays et des moments très difficiles. On a aussi des enfants qui sont des réfugiés de guerre. Quand ils arrivent ici, ils ont un traitement quand même à part, surtout dans leur éducation. On a formé nos enseignants de sorte qu'ils puissent détecter ça, et puis améliorer leur éducation », précise Sahid Moluh, directeur de l'école.

    Baisse du nombre de migrants

    Sous pression des partenaires européens, la Mauritanie multiplie les contrôles et les rafles contre les migrants sans titre de séjour. Beaucoup de parents n'ont pas obtenu la carte de résidence et ne peuvent donc ni travailler librement ni se déplacer. « On rafle parfois les hommes. On laisse les femmes avec les enfants, raconte Amsatou Vepouyoum, présidente de l'Organisation. Ici, nous sommes en location. Il y a quand même l'apport des parents d'élèves. Ils apportent pour la contribution du loyer et pour donner aux encadreurs, qui sont des bénévoles. »

    L'école fait payer une petite participation : 600 ouguiyas, soit environ 13 euros par mois. Mais en cette rentrée, le portefeuille des familles est au plus bas, et les inscriptions se font timides. « Ça, c'est un centre qui accueille parfois 250 personnes. Mais depuis lundi, jusqu'à présent, nous n'avons pas encore 80 élèves, cela veut dire que l'impact est visible », poursuit Amsatou Vepouyoum.

    La tendance aux départs reste forte, même si les chiffres ont reculé. Entre janvier et août 2025, un peu plus de 12 000 migrants ont atteint les îles Canaries, soit une baisse de plus de 50% par rapport à la même période en 2024, selon Frontex et le ministère espagnol de l'Intérieur.

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  • Mauritanie: les chasseurs de météorites, une activité en plein essor mais peu encadrée
    2025/11/14

    Ils parcourent des kilomètres dans le Sahara, avec leurs troupeaux. Et les yeux rivés au sol, à la recherche de météorites. En Mauritanie, ces chasseurs de pierres venues de l’espace sont de plus en plus nombreux. Ils espèrent décrocher le gros lot, en vendant un fragment tombé de la Lune ou de Mars. Mais faute d’un encadrement officiel et d’un système d’authentification, ces trésors sont difficiles à vendre.

    De notre envoyée spéciale de retour de Nouakchott,

    Des jours et des jours à marcher derrière les bêtes dans le Sahara. Et peu à peu, l’œil s’exerce à reconnaître les pierres pas comme les autres. À Nouakchott, Hame Ould sidi Othmen, longue barbe et lunettes vissées sur le nez, montre fièrement sur une natte les météorites qu’il a dénichées dans le désert : « Je pars chercher des météorites dans toute la Mauritanie ».

    Il y a une dizaine d’années, après la découverte au Maroc de la grande météorite martienne de Tissint, la fièvre des pierres venues du ciel a gagné tout le Sahara. Ces passionnés sont devenus des experts pour distinguer les pierres venues du ciel : « Ça, c'est une chondrite. On le reconnaît par la couche qui l’enveloppe quand elle tombe du ciel. » Parfois, ils utilisent des loupes

    « Les prix peuvent aller jusqu'à 1 000 euros »

    Ils se retrouvent au centre de la capitale pour vendre leurs trouvailles sous un grand arbre. L’activité est calme : « J’ai des météorites, mais je ne veux pas vendre pour le moment, explique Hame Ould sidi Othmen. J’aimerais les vendre à 100 dollars le gramme. Le prix peut aller jusqu’à 1 000 dollars. Mais ici les gens ne payent pas, il te propose 10 dollars, c'est insignifiant, je ne vends pas. »

    Beaucoup de ventes se font désormais en ligne, via WhatsApp ou sur les réseaux sociaux comme TikTok. Certains intermédiaires, dans le nord du pays, autour de Bir Moghrein, inspectent les pierres avant de les revendre à l’étranger. Mais il n’existe pour l’instant aucun centre d’évaluation des pierres en Mauritanie. Les nomades se fient à leur œil, ou envoient leurs échantillons à l’étranger.

    Dr Ely Cheikh Mouhamed Navee, premier planétologue mauritanien : « Ils ont des comptes de certains chercheurs internationaux à qui ils envoient les photos de leurs trouvailles ou par voie postale un échantillon de la roche. »

    Un secteur encore très informel, pas encore réglementé, regrette le chercheur : « Les météorites représentent pour chaque pays un patrimoine. Malheureusement, en Mauritanie, il n’y a aucun règlement dans ce secteur. »

    Une réglementation existe déjà dans des pays voisins, comme le Maroc. Le Dr. Navee voudrait aussi faire installer des caméras pour surveiller les chutes de météorites dans le désert, et créer un musée pour exposer ces pierres venues de l’espace.

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  • Soudan du Sud: les Akuak, une société transformée par le changement climatique [3/3]
    2025/11/13

    Troisième et dernier volet de notre série de reportages chez le peuple Akuak au Soudan du Sud, cette communauté de pêcheurs qui vit sur des îles dans les marécages de la plaine du Nil. Situées à une vingtaine de kilomètres de la ville de Bor, la capitale du Jonglei, leurs terres ancestrales sont aujourd’hui entièrement recouvertes d’eau. Des inondations catastrophiques provoquées par le changement climatique sévissent depuis cinq ans, une montée des eaux qui a démarré il y a des décennies et qui s’accélère, bouleversant le mode de vie des habitants, tiraillés entre s’adapter et partir. Reportage de notre correspondante dans la région.

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    À lire aussiSoudan du Sud: les Akuak, la pêche comme unique source de subsistance [2/3]

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  • Soudan du Sud: les Akuak, la pêche comme unique source de subsistance [2/3]
    2025/11/12

    La suite de notre série de reportages dans les îles où vit la communauté Akuak, dans les marais de la plaine du Nil, au nord de Bor, au Soudan du Sud. Une région ravagée par le changement climatique, qui a provoqué ces cinq dernières années des inondations bien plus importantes que les crues saisonnières du fleuve. Mais les Akuak résistent face à l’eau, construisant des îles artificielles pour maintenir leurs maisons hors de l’eau, sans soutien extérieur, et avec comme unique source de subsistance, la pêche.

    De notre correspondante de retour des îles Akuak,

    Dans les marais au bord du Nil, derrière les hautes herbes et les papyrus, on entrevoit un abri d’où s’élève de la fumée. C’est là que des pêcheurs Akuak ont installé leur base, une petite île couverte d’une bâche en plastique, où une casserole est sur le feu. Trois canoës sont amarrés. Debout dans l’eau, les hommes démêlent et mettent leurs filets en ordre avant de repartir pêcher.

    Ajith Nyangeth Riak a 40 ans et dit avoir appris à pêcher dès l’âge de cinq ans : « J’ai appris à naviguer en canoë avec mon grand-père, puis avec mon père, donc je suis très à l’aise, car ça fait partie de notre quotidien de piloter ces pirogues. Nous avons deux méthodes de pêche, selon que nous pêchons dans les marais ou dans le Nil. Lorsque nous pêchons dans les marécages, après avoir préparé nos filets, nous devons chercher des endroits où personne n’est encore allé. Nous coupons l’herbe pour nous frayer un chemin avec nos canoës et installer nos filets là où nous pourrons capturer beaucoup de poissons, en les laissant en place jusqu’au lendemain matin. Et l’autre méthode, c’est sur le Nil. Là aussi, il faut chercher un endroit calme pour tendre nos filets afin d’attraper le plus de poissons possible. »

    « Chez les Akuak, tout tourne autour de la pêche »

    À l’église de la paroisse Akuak, bâtie sur une grande île artificielle, il y a toujours une marmite de poisson sur le feu pour offrir à manger aux visiteurs. Ici, chez les Akuak, tout tourne autour de la pêche, explique Nyalueth Abuoi Ngor, une ancienne de la communauté, qui fume la pipe à l’ombre du mur en bambou de l’église : « Toute notre vie dépend du fait d’avoir des filets de pêche. Car quand nous parvenons à attraper du poisson, nous en vendons une partie, ce qui nous permet d’acheter de la farine et d’autres aliments, ainsi que des médicaments lorsque quelqu’un est malade. Sans ces filets de pêche, nous serions complètement désœuvrés. »

    Un panneau métallique rouillé traîne devant l’église, sur la berge que l’eau commence à recouvrir. C’est l’enseigne de la toute première école de la communauté Akuak, qui avait ouvert en 2018 et a fermé à cause des inondations en 2020. Si Philip Jok Thon, 18 ans, pêche et construit des îles comme tout un chacun ici, il ne cache pas sa frustration : « Les inondations ont chassé notre école, et donc nous n’étudions pas. Mais nous souhaitons que notre école revienne. Parce que nous voulons faire des études et apprendre des choses sur le reste du monde. »

    Philip Thon Jok aimerait partir, aller étudier à Bor, mais sans personne chez qui aller vivre là-bas en ville, il reste comme prisonnier de ces îles et du mode de vie ancestral des Akuak.

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