エピソード

  • Le Guéréwol, rituel nuptial des jeunes M'Bororo au Tchad
    2025/10/19

    En cette fin de saison des pluies au Tchad, un clan de la tribu M’Bororo, une branche nomade de l’ethnie peul, s'est établi dans la brousse autour de la ville de Dourbali, à une centaine de kilomètres au sud de Ndjamena. Ils sont éleveurs de bétail et avant de commencer leur voyage vers le sud, ils fêtent le Guéréwol.

    De notre correspondante de retour de Dourbali,

    En ce mois d'octobre, la terre est gorgée d’eau et la transhumance débute avec la fin de la saison des pluies. C’est à quelques dizaines de kilomètres de Dourbali qu’un clan M’Bororo a choisi de s’établir. Gouda en est le chef : « Nous allons vers le Chari, certains vont au Cameroun, d’autres jusqu’en Centrafrique. Nous nous déplaçons derrière les pluies qui tombent et derrière les premières herbes qui poussent. Quand la saison des pluies se termine, ça devient rude par ici et le climat est trop sec, donc nous repartons vers le sud. »

    Avant de quitter la brousse pour aller vers le sud, le clan organise un Guéréwol, une célébration annuelle et un concours de beauté et de danse masculine qui doivent permettre d’attirer les femmes éligibles au mariage ou à l'amour. « Je m’appelle Ali, je suis éleveur de vaches et j’ai 31 ans, se présente l'un des candidats. On achète cette teinture dans le village et on la met sur le visage pour la danse. »

    Beauté, danse et choix amoureux

    Ali et les autres jeunes hommes du clan se maquillent le visage avec des pigments naturels couleur ocre. Cela permet de mettre en avant la finesse de leurs traits, mais surtout la blancheur de leurs dents et de leurs yeux, symboles de bonne santé. Bijoux, étoffes et coiffes colorés, les hommes se font beaux pour danser et chanter. Pendant plusieurs heures, ils se tiennent en ligne ou en cercle, et dansent au rythme de leurs chants. Ils claquent des dents, bougent les yeux de gauche à droite frénétiquement. Certains entrent en transe sous les yeux des juges, les femmes, qui, à la tombée de la nuit, vont choisir un époux ou un amant.

    Difficile de parler aux femmes, elles préfèrent rester discrètes. Alors, c’est Mokhtar, un proche du clan qui nous explique : « Les filles, depuis qu’elles sont petites, ont des amis garçons dont elles sont proches avec lesquels elles dansent et chantent. La cérémonie sert à choisir le futur partenaire. Une fois la cérémonie terminée et le choix arrêté, l’homme élu doit donner un bœuf et un franc symbolique pour la dot. C’est cet homme qui deviendra son mari. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils deviennent époux et que la fidélité commence. Si la femme n’est pas satisfaite, elle peut aller en chercher un autre lors d’une prochaine cérémonie. »

    Impossible d’assister au choix fait par les femmes ou même de savoir lequel des danseurs a été élu. Dès le lendemain matin, le clan et leur bétail prennent la route vers le sud.

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  • À Rennes, des migrants sans-papiers cultivent la solidarité
    2025/10/18

    Ils sont une dizaine de demandeurs d'asile regroupés au sein du collectif des Agriculteurs migrants de Rennes. Ils se sont rencontrés dans les centres de distributions alimentaires et dans des hébergements de fortune avant de se retrouver autour d’un projet agricole commun à Melesse à une quinzaine de kilomètres de Rennes dans le nord-ouest de la France. Une habitante leur a prêté un hectare de parcelle pour leur projet. Ces migrants originaires d’Afrique subsaharienne, notamment de la Côte d’Ivoire et du Cameroun, cultivent des fruits et des légumes qu’ils donnent à des associations comme les Restos du Cœur et le Secours populaire.

    De notre envoyée spéciale de retour de Rennes,

    Eddy-Valère Djonang Ngandjeu, originaire du Cameroun, est sans-papiers et n’a pas le droit de travailler. Pour s’occuper et ayant des connaissances dans l’agriculture, il a créé le collectif des Agriculteurs migrants de Rennes et lancé un projet avec d’autres personnes dans la même situation que lui.

    Ce matin, ils récoltent des poireaux, des poivrons et des potirons. Des légumes qui seront distribués aux bénéficiaires d’associations aidant les personnes en situation de précarité. « Lorsqu'on partait chercher à manger aux Restos du Cœur, on voyait que les Restos du Cœur et le Secours populaire partaient prendre les invendus dans les marchés pour nous les donner, se souvient Eddy-Valère Djonang Ngandjeu. On s'est demandés si on ne pouvait pas également travailler pour accompagner ces établissements alimentaires. Donc, voilà comment on s'est lancé. »

    Le collectif des Agriculteurs migrants de Rennes a donné gratuitement près d’une tonne de légumes au Secours populaire. Malgré le succès de cet essai, Eddy a parfois du mal à convaincre d’autres demandeurs d’asile de se joindre à eux : « Il y en a certains qui, en venant ici, pensaient que la France était un eldorado où tout se donne, où tout se ramasse. Ils ne cessent de nous dire qu’on ne peut pas laisser la terre pour venir la travailler ici. Mais si tout le monde faisaient comme eux, qui travaillerait la terre pour que les autres mangent ? »

    « Je veux continuer, c'est mon projet »

    Kassiri Gbeuli Ellogne travaille avec Eddy. Il souhaite continuer dans l’agriculture : « En Côte d'Ivoire, j'étais planteur, éleveur. Je n'ai pas changé, je veux continuer parce que je sais ce que la terre produit. Donc, j'ai eu de la chance d’avoir de la terre ici. Je veux continuer, c'est mon projet. »

    Pour que ce projet puisse être une réalité, le collectif Campagnes ouvertes et solidaires avait lancé un appel à la solidarité qui a fait effet selon Maxime, membre de ce mouvement citoyen : « Dans notre collectif, beaucoup sont à la Confédération paysanne, syndicat agricole. On a donc relayé le message. C'est comme ça qu'un paysan a répondu qu’il était prêt à prêter des terres à leur collectif. On a récolté du matériel dans une ferme pas très loin et on leur a amené. Et puis après, le bouche-à-oreille a fait qu’ils ont reçu des trucs au fur et à mesure. »

    Eddy Valère et ses camarades ont ouvert une cagnotte pour leur permettre de poursuivre ce projet agricole.

    À écouter aussiÀ la rencontre des agriculteurs migrants de Rennes

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  • 10e édition de Dream City: la Médina de Tunis au rythme de l’art engagé
    2025/10/17

    Rendez-vous incontournable de l'art contemporain en Tunisie, la biennale Dream City tient sa 10ᵉ édition à Tunis jusqu'au 19 octobre. Sa particularité ? Les artistes investissent des lieux de la Médina, une trentaine sont mis à leur disposition, une aubaine pour les habitants, mais aussi les visiteurs qui redécouvrent leur patrimoine. Cette édition consacre une grande place à l'art engagé dans l'actualité au Moyen-Orient et à l'artisanat tunisien.

    À Dar Mallouli, une bâtisse vieille de plusieurs siècles, le bourdonnement d'un bruit de drone envahit les lieux. In search of justice among the rubble, présenté par un collectif d'artistes libanais, retranscrit le quotidien du Liban bombardé par Israël entre octobre 2023 et novembre 2024. Un travail d'archivage et de cartographie qui a ému Aymen, jeune bénévole du festival Dream City.

    Cet étudiant en audiovisuel explique l'œuvre aux visiteurs : « La maison est en cours de rénovation pour illustrer les effets de la guerre. Le bruit du drone témoigne des attaques psychologiques qu'a menées Israël contre le Liban pendant un an, avec ce bourdonnement permanent des drones. Donc, on est complètement immergé dans le quotidien de la guerre à travers l'œuvre et le lieu. »

    Un lieu privé, objet de patrimoine et ouvert spécialement pour le Festival Dream City, une découverte pour Aymen : « C'est vraiment l'occasion pour moi de découvrir pleins d'endroits dans la Médina, cette maison n'était pas du tout accessible avant. D'ailleurs, je vois beaucoup d'étudiants en architecture qui viennent au festival juste pour visiter des lieux inédits de la Médina. »

    L'artisanat mis à l'honneur

    Alors qu'une averse frappe la Médina en plein milieu de la journée, la plupart des visiteurs se réfugient à la caserne El Attarine, autre lieu emblématique du festival où sont exposés plusieurs travaux d'artistes palestiniens et tunisiens. Fathi, 21 ans, un habitant de la Médina, arpente les lieux : « Pour moi, c'est un festival important pour la Médina, mais aussi parce qu'il présente des œuvres engagées. En tant que jeune, on suit tous les jours ce qu'il se passe à Gaza sur les réseaux sociaux, donc voir un regard à travers l'art, développer un regard critique, cela permet aussi d'avoir un autre point de vue. »

    Dans les salles du rez-de-chaussée, l'artisanat des potières de Sejnane a été mis à l'honneur. La gestuelle de ce savoir-faire ancestral inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco a été érigé au rang d'œuvre d'art par deux artistes tunisiens, une reconnaissance pour Lamia Saïdani, une potière de 34 ans qui a hérité cet art de sa grand-mère : « On a trouvé notre place dans ce festival, car ce n'est pas comme quand on va vendre les poteries à une foire. Ici, on vend à un prix fixe et les gens nous voient travailler vu qu'on anime un atelier et ils voient aussi l'œuvre artistique, donc on se sent valorisés. »

    Le festival qui expose des artistes africains et aborde aussi les luttes décoloniales ou encore le rapport à l'identité et mise sur un public jeune et de plus en plus diversifié à chaque édition.

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  • Soudan du Sud: Nyan Paleu, chanteur traditionnel de Bor au service de la paix et de l’unité
    2025/10/16

    C’est un chanteur traditionnel originaire de Bor, la capitale de l’État du Jonglei, à l’est du Nil. Thiong Lual Thiong, de son nom de scène Nyan Paleu est l’auteur de véritables tubes de la musique sud-soudanaise. Des morceaux qui ont accompagné l’accession à l’indépendance en 2011 et, avant, l’Accord de paix global de 2005 qui avait mis fin à 21 ans de guerre avec le régime de Khartoum. Artiste engagé en politique, le musicien ne renonce pas pour autant à sa carrière, il continue d’œuvrer à l’unité du Soudan du Sud.

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  • Nigeria: Lagos, la mégapole nigériane des industries créatives et culturelles
    2025/10/16

    La seconde édition du Forum Création Africa débute ce 16 octobre à Lagos. Porté désormais par MansA (la Maison des mondes africains), ce forum aspire à devenir le carrefour des nouvelles industries culturelles et créatives. De la création immersive - XR, jeux vidéo, réalité augmentée, innovation dans la mode - à l’édition trans-média (webtoons), en passant par la création audiovisuelle, les entreprises émergentes africaines de ces secteurs à fort potentiel vont croiser une multitude d'investisseurs, producteurs et créateurs dans la capitale économique du Nigeria. Car depuis une quinzaine d'années, Lagos se révèle être l'une des mégapoles africaines où se concentre le plus grand nombre d’entreprises culturelles, créatives et numériques au km².

    Pour aller plus loin : Forum Création Africa

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  • Soudan du Sud: à Juba, un gangster repenti crée une Académie de foot pour sortir les jeunes de la rue
    2025/10/14

    Au Soudan du Sud, pays englué dans une grave crise politique et économique, la pauvreté progresse. Et presque mécaniquement, la criminalité des jeunes explose. À Juba, la capitale, les gangs de jeunes se multiplient. Source de subsistance pour des adolescents livrés à eux-mêmes, parfois même enfants des rues, ces gangs rendent la vie des habitants de plus en plus pénible, les vols et les agressions proliférants. Face à ce fléau, de rares initiatives se mettent en place. C’est notamment le cas dans le quartier de Sherikat, à l’est de la capitale sud-soudanaise, où un ancien gangster a créé une académie de foot, un précieux espace de bienveillance pour une jeunesse en dérive.

    De notre correspondante à Juba,

    Sur la grande esplanade du quartier de Sherikat, dans l’épaisse poussière soulevée par le vent, des centaines d’enfants et d’adolescents s’entraînent. Ils driblent, slaloment entre des cônes, disputent des mini-matchs. Les différentes équipes sont reconnaissables à la couleur de leur maillot. « Voici la Young Dream Football Academy. Nous travaillons avec les jeunes, la plupart viennent de la rue, et certains sont dans les gangs. »

    Alaak Akuei, 24 ans, que tout le monde appelle « Kuku », a créé cette académie de foot en 2018. C’était après avoir réussi à se sortir du gang qu’il avait rejoint en 2013, à son arrivée à Juba : « Les jeunes sont désœuvrés. C’est pour cela que beaucoup traînent dans la rue et finissent dans les gangs. Ce qu’il faut, c'est leur proposer des activités, pour qu’ils soient occupés et qu’ils ne décrochent pas de l’école. Le foot peut être très puissant pour lutter contre les gangs. »

    Sakaya Peter, travailleur social de l’ONG Gredo, qui travaille avec Kuku, pense aussi que le sport peut détourner les jeunes des gangs : « Ces jeunes recherchent un sentiment d'appartenance, le fait d'être aimés. C'est la principale raison pour laquelle ils rejoignent les gangs. Dans ces groupes, ils ne se contentent pas de s’amuser, de se battre ou de voler. Ils s'aiment profondément et se soucient les uns des autres. En les réunissant régulièrement autour d'activités sportives, on peut leur offrir ce même sentiment d'avoir des personnes auprès desquelles ils peuvent trouver du soutien. »

    Ces jeunes, « ils sont le futur de cette nation »

    Lorsque Kuku a décidé de créer cette académie, il a convaincu six autres amis gangsters de le suivre. Ils sont maintenant entraîneurs pour plus de 900 apprentis footballeurs. Emmanuel Aman Malual, 21 ans, est l’un de ces gangsters devenus coaches : « Les gangs ne nous apportent rien, on peut même mourir. À l’époque, quand on était dans le gang, on dormait à la rue, on buvait et on fumait. On a fait beaucoup de choses qui sont mal. Mais c’est possible de changer. Je suis désormais une personne différente, et je ne peux pas imaginer y retourner. Tout ce que je veux, c'est aider ces enfants, car ils sont le futur de cette nation. »

    Sur le côté du terrain, à l’ombre d’une véranda en tôle, une vingtaine de très jeunes garçons se chamaillent, ce sont des enfants des rues que Kuku tente d’aider. Parmi eux, John, 17 ans, est à la rue depuis 2017. Il a fui la violence de sa mère alcoolique : « Je veux jouer au foot et aller à l’école, et être hébergé dans un endroit agréable, où je puisse dormir, me changer, vivre normalement. »

    Kuku leur a déjà créé une équipe au sein de la Young Dream Football Academy, mais il tente aussi de rétablir le contact avec leurs familles.

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  • Guinée: le centre culturel La Paillote, haut-lieu de la musique guinéenne, menacé de disparition
    2025/10/13

    C'est un haut lieu de l'âge d'or de la musique guinéenne. Son nom : La Paillote. Cet ancien centre culturel est situé sous le pont du 8-novembre, à l'entrée de Kaloum, en plein cœur de Conakry. Ce repaire des vétérans de la musique guinéenne, idéal pour se produire et répéter, est en piteux état depuis plus d’un an et menacé de disparition, même si rien n'est fait.

    À l'ombre d'un grand manguier, ils sont neufs, assis sur des chaises en plastique, à débattre d'un standard de la musique guinéenne. Chanteurs, guitaristes, joueurs de balafon... Tous sont des musiciens réputés. Et ils sont privés depuis un peu plus d'un an de leur salle de concert. « On ne voulait pas que vous le voyez comme ça, ce n'est pas notre volonté. C'est ici que la musique guinéenne a commencé », explique Ousmane Hervé Camara.

    Le chanteur du groupe mythique Keletigui et ses tambourounis nous guide dans ce qu'il reste de La Paillote, une structure en béton à ciel ouvert : « La Paillote, c'est notre nid, c'est notre bled. Il y a pleins de musiciens tout le temps qui sont là. On n'a pas d'autres endroits que celui-ci pour les anciens, les grands musiciens guinéens, c'est notre repaire. »

    Un repaire bien amoché. Sauvé in extremis des pelleteuses en août 2025, le bâtiment, désossé et sans toit, est inutilisable. Depuis un an, les musiciens ont donc dû se rapatrier dans un grand container de chantier mis à disposition par le ministère de la Culture de Guinée.

    Ce jour-là, c'est le groupe Émergence culturelle en Guinée forestière qui répète, comme tous les vendredis. Joseph Faranimino, surnommé Petit Jo, en est le chanteur. « Nous sommes dans des mauvaises conditions. Nous étions là, nous faisions nos répétitions au sein de la salle de La Paillotte. Tout se passait très bien. Mais actuellement, vous voyez comme c'est cassé. Aujourd'hui même, des gens sont venus mesurer, réparer », confie-t-il, inquiet.

    En août, c'est un autre monument de la nuit de Conakry qui a été rasé : le Bar-Dancing, voisin de La Paillote. Il y a deux ans, en janvier 2023, c'étaient les habitations des musiciens des orchestres nationaux guinéens qui ont été détruites.

    Lamine, doyen du groupe et percussionniste titulaire du mythique Bembeya Jazz, est dépité, mais veut croire à leur salut : « C'est dégueulasse, on n'a pas la force de s'opposer au gouvernement. On a toujours travaillé avec l'État. Nous tendons la main à notre gouvernement. La Paillote fait partie de ces choses qui nous permettent de travailler. »

    Il y a un an, l'espoir est venu du ministre de la Culture, Moussa Moïse Sylla, avec sa promesse de restaurer La Paillotte. Annoncés pour octobre, les travaux de restauration devraient commencer dans les prochains jours, espèrent les artistes, ce que confirme le ministère de la Culture.

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  • Congo-Brazzaville: de moins en moins de mariages coutumiers célébrés à domicile
    2025/10/12

    Au Congo-Brazzaville, le mariage coutumier n'est plus tout à fait ce qu'il était. Jadis célébré au domicile du père de la mariée, il se déroule désormais à Brazzaville, dans des salles louées spécialement ou dans les cours de certaines mairies. Une transformation qui n'est pas bien vue par tout le monde.

    Les parents de la mariée sont assis sur la droite et ceux du mari à gauche. La famille a loué cet espace situé derrière le CEG de la Liberté, dans le sixième arrondissement de Brazzaville, spécialement pour le mariage. L'ambiance a atteint son plus haut niveau quand la future épouse a fait son entrée en compagnie de jeunes danseuses, habillées en pagnes. William est loin d'apprécier cette tendance à la location de salles pour les mariages traditionnels au Congo-Brazzaville :

    « Les raisons sont très négatives, parce que là, nous perdons nos repères habituels, selon nos traditions, nos coutumes. Il y a beaucoup d'influence au niveau de la religion. Du coup, les coutumes commencent à perdre leur valeur. Nous déplorons ce comportement. Nous sommes des Bantous. »

    L'exiguïté des parcelles parentales et les difficultés liées aux voies d'accès sont d'autres raisons avancées. Mais elles sont loin de convaincre Julia, jeune femme de 29 ans. Pour elle, aucun lieu ne bénit plus le mariage que la maison des parents. « Personnellement, je ne soutiens pas trop cet avis d'aller se faire doter dans une salle louée, parce qu'aller se marier chez son père est une grande bénédiction. Donc, aller dans une salle de fête, peut-être pour le m'as-tu-vu, ça ne fait pas beau, selon moi », argumente-t-elle.

    La location d'une salle, un « surcoût important pour les mariés »

    Animateur de cérémonies coutumières, Sylver Bourangon, estime, lui, que la location de ces lieux se fait à des prix excessifs et représente un surcoût trop important pour les mariés : « Ces espaces ne sont pas nos villages, nos maisons, nos adresses personnelles. Ce sont des endroits en location. Étant des endroits en location, cela donne un coût de surplus sur la gibecière ou la bourse qu'a préparée le futur marié. L'espace que vous louez peut atteindre 300 000 francs CFA, soit 450 euros. Il peut y en avoir à 250 000 francs CFA, soit 381 euros par jour. On vous limite parfois des heures, parce qu'après vous, il y aurait d'autres activités qui vont s'y dérouler. »

    Selon le code la famille congolaise, le coût de la dot est fixé à 50 000 francs CFA, soit l'équivalent de 76 euros. Mais, d'après plusieurs témoignages concordants, les beaux-parents demandent largement plus que ce montant.

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