エピソード

  • Sénégal: des courts métrages réalisés, produits et pour la première fois au cinéma
    2025/12/01

    Des courts métrages sénégalais pour la première fois visibles au cinéma. Cela se passe à Dakar. Depuis une semaine, quatre films de jeunes cinéastes africains sont projetés deux fois par semaine, le mardi et le jeudi dans les deux grandes salles de la capitale. Le Pathé et le Seanema et suivi d’un débat avec le public. L’occasion jusqu’au 11 décembre de voir le travail de tout jeunes cinéastes qui seront peut-être les grands noms de demain.

    Kaay Seetaan, (« Viens voir ») en wolof, s’affiche en lettres capitales sur le grand écran. Installé dans un fauteuil de la salle obscure, Armand Komla Sousou 27 ans, originaire du Togo, formé à la réalisation à Lomé puis à Dakar à l’écriture du scénario, peine encore à y croire. Voir son premier film, Marco au cinéma, c'est : « Fabuleux. Je me rappelle encore écrire dans ma petite chambre d’étudiant un scénario et du jour au lendemain le voir porter à l’écran avec des gens qui ont des étoiles dans les yeux, c'est juste fabuleux. »

    Penda Seck, elle, s’est essayée au métier de réalisatrice et elle aussi est encore émerveillée de l’apprentissage qu’elle vient de faire après cinq mois de formation, à tout juste 22 ans : « Quand tu te retrouves pour la première fois sur un plateau et qu'il y a près de quarante personnes et que tu dois parler à tout le monde en gardant son sang-froid et bien gérer une équipe. Avoir une bonne ambiance sur le plateau, et tout ça pour une première fois : c'est énorme. »

    « Ça peut être des films d'horreur »

    Apprendre, c’est bien l’enjeu de cette formation en cinq mois. Financé par la coopération culturelle britannique (le British Council) Le Film Lab, c’est son nom, veut professionnaliser un secteur en pleine expansion, comme l’explique Chloé Orthole Diop-productrice elle-même et qui a supervisé la formation : « Au Sénégal, on est très bon en technique et cinéma, mais pas assez de technicien, en particulier en son, en image et en production. C'est ça qu'on a identifié comme les terrains prioritaires à former. »

    En tout, seize jeunes, des Sénégalais pour l’essentiel, ont été formés aux métiers de chef opérateur, prise du son, mais aussi compositeur de musique de film ou encore scénariste et réalisateur. Un côté laboratoire que Penda Seck, directrice artistique jusqu’ici, a particulièrement apprécié en tant que réalisatrice : « Tu peux avoir envie de faire autre chose et autre chose, ça peut être des films d'horreur ou du cinéma expérimental. Ce n'est pas parce que je suis Africaine que je ne peux pas faire un film d'horreur. »

    Au final, c'est le drame psychologique que la jeune femme a exploré. Une histoire très personnelle sur la dépression et le poids du silence qui pèse encore trop souvent au Sénégal sur les femmes mariées qui se doivent d’être des épouses exemplaires.

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  • Beauté: élection des mini miss et mister Kenya 2025
    2025/12/01

    Au Kenya, les mini miss et mister Kenya 2025 ont été élus la semaine dernière à Nairobi. Une quarantaine d’enfants de 3 à 17 ans ont participé à la compétition. Ce concours de beauté existe depuis près de 15 ans. Il a ouvert la voie à de nombreuses autres compétitions de ce genre qui se transforment parfois en opportunité de carrière pour les jeunes kényans.

    Le public du théâtre national de Nairobi s'enflamme quand monte sur scène une petite fille de neuf ans. Ella Cheruto commence sa performance. « Là, j'ai dansé et présenté mon projet écologique. Je me sens super bien. Je suis fière de concourir, j'adore ça. J'étudie le mannequinat. Ils m'apprennent à me coiffer, m'habiller, défiler. Vous pouvez me retrouver sur Instagram, Facebook, In box », explique-t-elle.

    Plusieurs fois par semaine, Ella Cheruto se rend dans une école de mannequinat. Sa mère, Chila Mayo, commerçante, l'y a inscrite. Cela fait deux ans que toutes les deux écument les concours de beauté du pays. « La visibilité, c'est important pour rencontrer du monde. Ella a d'ailleurs une manager. Être mannequin, c'est une carrière et je sais qu'elle ira jusqu'à l'international. Je veux la voir sur des plateformes à l'étranger. C'est un investissement, mais ça rapportera pour les gagnants. La pression, ce n'est rien, on la gérera en avançant », estime-t-elle.

    « Ça me donne confiance pour faire ce que je fais aujourd'hui »

    Tina Lughano est la fondatrice des mini miss et mister Kenya. C'est pour aider sa fille, atteinte d'une timidité maladive, qu'elle a créé ce concours en 2013 : « Monter sur scène, s'entraîner et montrer leur beauté, leur talent, cela leur donne confiance en eux. Quel que soit votre physique, vous pouvez participer. On juge surtout la confiance, les projets et le talent. Les enfants ont fait carrière, ça fait partie du plan. Certains réussissent, y compris d'un point de vue commercial ».

    Couronne sur la tête, écharpe autour du cou, Victor Job se balade dans les coulisses. À douze ans, il revient tout juste d'Inde où il a participé à l'élection de miss et mister univers : « Ce n'est pas une écharpe, c'est le titre de mini mister Kenya 2023. Ça me donne confiance pour faire ce que je fais aujourd'hui. Défiler et gagner des titres et parfois même de l'argent. Je me sens fatigué, mais j'aime aider ma mère avec cet argent. Quand je serai grand, je voudrais être pilote », termine-t-il.

    À partir du secondaire, l'École coûte en moyenne 400 dollars par an, selon le ministère de l'Éducation du Kenya. Le taux d'abandon pour cette période est de 8,5%.

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  • Afrique du Sud: réaliser un court métrage professionnel grâce au projet «48 heures chrono»
    2025/11/30

    Ils habitent différentes villes partout dans le monde, et participent au même défi : celui de faire un court-métrage en 48 h montre en main. Le« Projet 48h Film » est une initiative mondiale lancée il y a plus de 20 ans pour donner la possibilité à tout le monde de se lancer dans le cinéma. Certains gagnants sont ainsi allés jusqu’au festival de Cannes. Notre correspondant à Johannesburg a suivi l’édition sud-africaine, pour rencontrer ces jeunes motivés par leurs rêves de cinéma. Et peu importe leur budget, les participants ont tout donné !

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  • Tour d'Afrique à vélo: le parcours fou de la Marocaine Meryem Belkihel pour «Donner de l'espoir aux femmes»
    2025/11/29

    C’est une « sortie » à vélo qui aura duré trois ans. À bord de son Gravel – un vélo mi-route mi-VTT, Meryem Belkihel 30 ans, a réussi le pari un peu fou de faire un tour d’Afrique, seule. 34 000 km parcourus, 33 pays traversés, la jeune Marocaine a finalement achevé son aventure début novembre 2025, à Madagascar. Elle voulait « découvrir l’Afrique », comprendre les pressions exercées sur l’écologie, rencontrer ses voisines et voisins de continent, montrer à qui la croisait sur son passage qu’on peut vivre ses rêves, en étant une femme, seule. Meryem Belkihel raconte son périple militant.

    De notre correspondante à Antananarivo,

    Sourire vissé au visage, Meryem Belkihel savoure ses premières journées depuis trois ans sans pédaler. À ses poignets, plusieurs dizaines de bracelets, souvenirs peu encombrants qui lui ont été offerts au fil de ses rencontres.« Celui-là, je l’ai eu en Éthiopie. Celui-ci, c'est, ici, Madagascar. Ça, c'est la Tanzanie, lui, le Kenya, l’Ouganda, l'Afrique du Sud, le Burundi, le Zimbabwe, celui-là l’Eswatini et ça, c'est Mozambique. »

    Son périple à vélo, elle l'a documenté. Caméra embarquée, drone, elle a filmé ses traversées solitaires et ses découvertes, parfois choquantes. « Le changement climatique, je voulais voir ça de près. L'impact sur notre continent, sur l'Afrique. Et partager aussi parce qu’on voit ça beaucoup, mais parfois, on se dit " Mais non ! Ce n’est pas réel ! », on trouve des excuses.

    « Là par exemple, c'est une vidéo que j'ai prise à l'est du Cameroun. Ces tronçonneuses que vous entendez, ce sont celles de gens qui travaillent pour une grande société qui coupe les arbres de plus que 100 ans pour les envoyer à l'étranger, en Europe et en Chine. Et là ça m'a choqué parce que pour couper un arbre, il faut en abattre 20 autres. Et ça, c'est tous les jours dans cette forêt du Cameroun. Même chose pour la République centrafricaine. »

    La jeune femme, informaticienne à Casablanca, avoue avoir semé la gêne dans son entourage : « Les gens ne me comprenaient pas. Ce que j’ai fait, ce n’est pas dans notre culture. On me trouvait bizarre. Mon désir de partir seule, ça a choqué ma famille, mes amis. On me demandait de rester, d’acheter une maison, une voiture, me marier, avoir des enfants. Non ! Moi, je voulais donner de l'espoir aux femmes et aussi donner l'exemple d'une femme marocaine, africaine ! »

    Un mental renforcé par les épreuves

    Meryem nous montre sur son téléphone un échange animé, qu’elle a filmé durant son périple : « Là, c'est une vidéo que j'ai tournée quand je suis arrivée au Ghana. J'étais en train de parler avec un vendeur dans un magasin de vélo, pour essayer de réparer mon dérailleur et là, il y a quelqu'un qui était juste à côté. Il a commencé à dire : " Non non non, ce que tu racontes n’est pas vrai, arrête de mentir ! Ce n'est pas possible de venir du Maroc et parcourir plus que 6 000 km à vélo ! " Bah, je lui ai dit, « Je suis Marocaine. Si toi, tu n'es pas fort, moi, je le suis et je peux le faire ! »

    Les galères, raconte-t-elle, elle en a vécu. Partout. Crevaisons. Casse. Pépins de santé. Chaque épreuve a contribué à renforcer un peu plus son mental d’acier : « J’ai eu quatre fois le palu, j’ai eu la typhoïde, j’ai eu beaucoup d’infections dentaires. Mon visage a été gonflé comme si j’avais pris du botox » rit-elle. « J’étais au milieu de la jungle, au Cameroun. Il y avait un centre de soin, sans eau ni électricité. C’était fou. Mais je n’ai jamais eu l’idée de dire "j’arrête, je n’en peux plus". J’ai appris durant ce voyage que si quelque chose arrive, "it is what it is". Ça m’a appris à rester toujours positive, à apprendre que chaque problème a une solution et que tout est possible. »

    Marquée, elle le restera. Par l’hospitalité des Guinéens, par la solidarité et la bienveillance des Malgaches, la beauté des paysages de Namibie, du Nigeria, de l’Angola. De retour au Maroc, elle a déjà prévu la suite : écrire un livre, monter le documentaire de son aventure avec les centaines d’heures de rush, et qui sait, reprendre un jour son vélo pour se rendre au point le plus au nord de la planète.

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  • Dans l'est de la RDC, les bénévoles du «Club RFI de Goma» au chevet des victimes du conflit
    2025/11/27

    Dans l’est de la République du Congo, déchiré par les conflits armés depuis une décennie, des organisations humanitaires locales et internationales sont à pied d'œuvre pour soutenir les milliers des personnes qui souffrent suite à la guerre. Parmi ces organisations, le Club RFI intervient dans les communautés au travers des aides, en soutenant la population meurtrière. Durant deux ans, plus de 100 000 femmes et enfants ont été pris en charge dans l’accompagnement psychosocial. Aujourd’hui, ces bénévoles nous racontent leurs engagements pour la communauté au risque de leurs vies.

    Dans le quartier Himbi, au cœur de Goma, sous un silence accompagné du chant des oiseaux, Nathalie Muchinya et Alphanie Thembo racontent leur engagement en faveur des habitants de l’est du pays. En dépit des incertitudes, ces deux membres du Club RFI de Goma sont décidées à aller à la rescousse des communautés.

    « Depuis la guerre du M23, j'organise deux séances de groupe de paroles, de résilience émotionnelle et de décharge émotionnelle avec les jeunes. Travailler pour le bien des autres personnes sans attendre quelque chose en retour », explique Alphanie Thembo. « Ce qui m'anime aujourd'hui est de travailler en tant que bénévole au sein du club RFI Goma. C'est cet esprit d'abord d'humanité. L'humanitaire, c'est vraiment important pour moi et ce service qu'on rend à la communauté. Quelqu'un vient et témoigne de ce que vous lui avez fait ressentir, ce que vous lui avez encore donné, de nouveau cet espoir de vivre », abonde Nathalie Muchinya.

    Nathanaël Bora, chargé de programme au sein de l’organisation, estime que servir les communautés qui souffrent devrait animer l’humanité aujourd’hui : « Nous ne sommes pas affectés de la même manière. Bien sûr que, nous aussi, vivons dans cette communauté. Il y a des difficultés que nous connaissons. Par exemple, à cause de ce conflit, il y a des femmes qui sont violées. Alors qu'est-ce que nous, au Club RFI, nous faisons ? Nous cherchons à mettre ensemble le psychologue bénévole pour l'accompagnement psychologique de ces femmes violées, de ces victimes de violences sexuelles. Je suis vraiment motivé à continuer à aider ma communauté. Parce que ma communauté a besoin des œuvres caritatives, des œuvres de bénévolat pour surmonter toutes les difficultés que nous connaissons. »

    Des besoins énormes

    Depuis la prise des villes de Goma et Bukavu, les besoins sont devenus énormes. Maître Zacharie Bashwira, coordonnateur du Club RFI, plaide pour plus du financement, au regard de la crise actuelle qui s’accentue et dont les femmes et les jeunes, dit-il, sont les premières victimes. « Notre objectif, c'est d'arriver à encadrer ces jeunes. Les clubs RFI, par exemple, viennent de donner une chance à une trentaine de jeunes orphelins de guerre qui vivent dans les orphelinats à Goma et à Nyiragongo. Nous les avons formés à des métiers professionnels. Aujourd'hui, ils sont sur le marché de l'emploi. On ne va pas s'arrêter là. On va continuer ces cycles pour essayer de passer d'une jeunesse à risque à une jeunesse opportune », détaille-t-il. Aujourd’hui, le Club RFI à Goma compte 39 volontaires permanents et une centaine des bénévoles occasionnels, qui œuvrent tous au service de la communauté.

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  • Tchad: de Tiné à Touloum, la relocalisation des réfugiés soudanais [4/4]
    2025/11/27

    Depuis la chute d’El-Fasher entre les mains des FSR du général Mohamed Hamdan Dogolo dit « Hemedti » le 26 octobre dernier, chaque semaine, le Tchad voit arriver en moyenne 2000 réfugiés soudanais. Ils arrivent pour la plupart de la capitale du Darfour-Nord. Traumatisés, affamés, assoiffés, ils ont réussi à survivre à 18 mois de siège, aux massacres, aux viols utilisés comme armes de guerre, aux jours de combat qui ont précédé la chute d’El-Fasher. Ils ont aussi survécu aux routes dangereuses et coûteuses qui mènent au Tchad voisin. Depuis novembre, les réfugiés soudanais sont relocalisés au camp de Touloum, à quelques heures de route de la frontière. Le but : éviter l’installation d’un camp à Tiné, et (donc) désengorger la frontière. Trois fois par semaine, des camions avec à leur bord les derniers réfugiés arrivés, partent pour Touloum, où sera alors finalisée leur installation au Tchad. De Tiné à Touloum : la relocalisation, c’est le quatrième et dernier volet de notre série de reportages sur la route de l’exil des réfugiés soudanais.

    De notre envoyée spéciale à Tiné,

    Effervescence, agitation et angoisse… La tension est palpable dans le camp de transit de Tiné. Daralnayim sera dans l’un des six camions prévus pour la relocalisation vers le camps de Touloum. Seule et enceinte, elle part avec pour seules affaires deux sacs, l’un sur le dos, l’autre qu’elle traîne difficilement. « Je suis heureuse de m’installer dans le camp. Ma mère et ma famille vont pouvoir me rejoindre. Je pourrai m’occuper de ma mère, ma fille et mes frères. Il faut que je puisse manger, pour prendre des forces, travailler et assurer ce qui leur faut », dit-elle.

    Pour cette cession de relocalisation près de 500 ménages arrivent à Touloum. Le camp existe depuis le début de la guerre au Darfour, il y a 20 ans. Il y accueille aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de personnes. La ville la plus proche est à environ 30 min en voiture. L’eau est rare et la nourriture aussi, alors la solidarité s’organise. « Les réfugiés et les anciens refusés s'organisent entre eux et pour envoyer un peu de la nourriture, des repas chauds, de l'eau et pour accueillir les nouveaux réfugiés », explique Moussa Fofana, agent de terrain pour le HCR

    À lire aussiLa route de l’exil vers le Tchad: les réfugiés soudanais d’El-Fasher racontent leur cauchemar[2/4]

    Selon un porte-parole du PAM, l’ONG donne aux nouveaux arrivants une aide alimentaire : céréales, légumineuses, huile et sel avant de passer à une distribution d’argent quelques semaines plus tard. Mais plusieurs sources humanitaires expliquent que ces distributions sont insuffisantes. Rahma est arrivée il y a plusieurs mois à Touloum. « Nous voulons de la nourriture et que l’eau soit présente de manière constante. Ne coupez pas ces services. Voilà mon message ».

    Le 24 novembre dernier, les FSR ont décrété une trêve humanitaire unilatérale refusée par l’armée soudanaise. Malgré les efforts des médiateurs internationaux, le cessez-le-feu semble loin et les réfugiés de Touloum se résignent à devoir rester au Tchad.

    À lire aussiAu Tchad, les réfugiés soudanais racontent leur arrivée au camp de Tiné [3/4]

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  • Au Tchad, les réfugiés soudanais racontent leur arrivée au camp de Tiné [3/3]
    2025/11/25

    Depuis avril 2023, se déroule au Soudan l'un des conflits les plus meurtriers, à l'origine de « la plus grande crise humanitaire au monde » selon l'ONU. Selon des témoins ayant fui El-Fasher, la capitale du du Darfour-Nord est le lieu de massacres, violences à caractère ethnique, viols et agressions sexuelles depuis qu'elle est tombée entre les mains des paramilitaires FSR du général Mohamed Hamdan Dogolo « Hemedti », le 26 octobre dernier. Plusieurs organisations humanitaires font état de crime de guerre, de crimes contre l’humanité, les Nations unies parlent d’une « spirale d’atrocité ». Après un siège de 18 mois, après la faim, la soif, la violence et la peur, certains Soudanais ont réussi à quitter El-Fasher pour se réfugier au Tchad voisin. Le Tchad et le Soudan sont séparés par un wadi, un oued sec, depuis la fin de la saison des pluies. De part et d’autre de cette frontière se trouvent deux villes : Tina, au Soudan, et Tiné, au Tchad. C’est là que les réfugiés soudanais traversent à pied, en charrette ou à l’arrière de camionnettes.

    De notre envoyée spéciale à Tiné,

    La frontière est gardée par des militaires tchadiens, mais aucune entrave n'a lieu au passage des réfugiés qui traversent tous librement. « Voilà les nouvelles familles qui viennent d’arriver. Elles sont orientées pour faire le circuit : d'abord l’enregistrement des réfugiés avec la Commission nationale d'accueil de réinsertion des réfugiés et des rapatriées du Tchad (Cenar), après avoir obtenu les informations de la personne. Puis un screening médical se fait avec Médecins sans frontière (MSF) avant leur transfert vers le site de transit », explique Georges, membre de l’équipe du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

    Le visage fatigué, en partie dissimulé derrière son foulard bariolé, Souad Ibrahim Abdou s’installe à quelques mètres de la frontière, sous la cabane de MSF. Elle attend désormais d’être enregistrée. « On a laissé les enfants à Tawila. On remercie le seigneur d’être arrivé ici en bonne santé. Dieu merci, tout va bien. On nous a conseillé de venir ici, on nous a dit que la ville était bien. Le seul problème ici, c'est la nourriture. Aussi, il n’y a pas de travail », raconte-t-elle.

    Une fois le premier enregistrement effectué, les réfugiés doivent se rendre par leurs propres moyens au site de transit à la sortie de la ville. Parmi les infrastructures sur place, des pompes à eau, mais peu de latrines. Et les températures chutent fortement le matin et le soir. La jeune Daralnayim,19 ans et enceinte de sept mois, a fait le voyage seule depuis El-Fasher. Elle raconte sa vie dans le site de transit : « Il n’a pas de nourriture, pas de couvertures, pas de lit. Je n’ai pas eu d’autre choix que de rester avec des femmes ici. On a fait les démarches d'enregistrement ensemble. »

    Les profils de ces derniers arrivants sont majoritairement des femmes et des enfants. Mais il y a beaucoup plus d’hommes comparé au début du conflit en 2023. « Il y a de plus en plus de vieillards blessés, de gens inaptes et beaucoup d’enfants non accompagnés. Ils avaient encore l’espoir en 2023 qu’ils peuvent défendre leur terre, résister. Maintenant, c'est le désespoir total », détaille Jean-Paul Habamungu, responsable du HCR à Iriba.

    À lire aussiLa route de l’exil vers le Tchad: les réfugiés soudanais d’El-Fasher racontent leur cauchemar[2/3]

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  • La route de l’exil vers le Tchad: les réfugiés soudanais d’El-Fasher racontent leur cauchemar[2/3]
    2025/11/24

    Depuis la chute d’El-Fasher entre les mains des FSR du général Mohamed Hamdan Dogolo dit Hemedti le 26 octobre dernier, chaque semaine, le Tchad voit arriver en moyenne 2 000 réfugiés soudanais. Ils arrivent pour la plupart de la capitale du Darfour-Nord. Traumatisés, affamés, assoiffés, ils ont réussi à survivre à 18 mois de siège, aux massacres, aux viols utilisés comme armes de guerre, aux jours de combats qui ont précédé la chute d’El-Fasher. Ils ont aussi survécu aux routes dangereuses et coûteuses qui mènent au Tchad voisin. Le témoignage poignant de réfugiés arrivés à Tiné, ville frontalière du Soudan, dans la région du Wadi Fira.

    Assise sur un bidon vide, Recroquevillé sur elle-même, le visage couvert par un foulard, Salma Mohamad Abdallah a encore du mal à parler.

    « On est sorti d’El-Fasher à pied. C’était effrayant. Sortir de chez soi à quatre heures du matin, tout laisser derrière soi, y compris ses proches, c’est dur. Et après ça, on s’est déplacé de nuit. On a marché pendant quatre jours. Il y avait des FSR. Torture, humiliations, ils font peur. Ils nous ont tout pris et surtout, ils frappaient les hommes et ne les laissaient pas passer. »

    Après quatre jours de marche, elle a dû payer des passeurs, souvent FSR, pour finir le trajet jusqu’au Tchad.

    « Si on dit qu’on est Zaghawa, ils ne nous laissent même pas sortir d’El-Fasher »

    « Quand on est arrivé à Garna, on a trouvé les voitures des FSR. On a pris celle qui emmenait à Tiné. Ils nous posent toutes sortes de questions. Et si l’on dit que nous sommes Zaghawa, ils nous torturent et ne nous laissent pas monter dans les voitures. Il faut dire le nom de n’importe quelle autre ethnie pour qu'ils nous laissent passer. Mais si on dit qu’on est Zaghawa, ils ne nous laissent même pas sortir d’El-Fasher. »

    D’autres ont réussi à récolter suffisamment d’argent pour faire tout le trajet en voiture, mais avec une peur omniprésente : celle de se faire piller par les paramilitaires. C’est le cas de cette mère de trois enfants. Samia Ousman Hadi : « Je suis venue en voiture, mais malgré tout c’était fatiguant, on avait faim, on était épuisés et on a été insultés. Après, il a fallu s’arrêter. On est resté là, dehors en attendant la suite. Il y avait ni à boire ni à manger. C’était éprouvant. »

    « Des enfants ont disparu »

    À l’approche de Tiné, Rahma Mouhamad Abdallah et ses six enfants ont cru qu’ils n’arriveraient pas vivants au Tchad. « Des bombardements, des missiles, des drones, c’était très dur. Il y avait des enfants nus, ils marchaient sans aucun vêtement. Beaucoup ont perdu leur mère, leur père. Des enfants ont disparu. Il y a des gens qui n’ont pas retrouvé leurs familles. »

    Des sources gouvernementales tchadiennes confirment d’intenses activités de drone en territoire soudanais, à quelques dizaines de kilomètres de Tiné. Les humanitaires présents aux postes frontière disent avoir reçu une trentaine de blessés ayant traversé la frontière pour se faire soigner.

    À lire aussi«Il fallait rester à l’abri, sous terre»: des Soudanais d'El-Fasher réfugiés au Tchad témoignent [1/3]

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