エピソード

  • Les villes de la CAN 2025 au Maroc: Marrakech, un refuge pour les artistes de tout le pays et d’ailleurs [3/6]
    2025/12/09

    Première ville touristique du pays avec plus de quatre millions de visiteurs en 2024, Marrakech est aussi un haut lieu de la création artistique au Maroc. À côté de festivals internationaux de renom comme le Festival international du film ou la foire 1-54, grand rendez-vous de l’art contemporain, le tissu culturel de la ville se développe dans de nouveaux lieux plus confidentiels où se rencontrent des artistes de tout le pays et d’ailleurs.

    De notre envoyé spécial de retour de Marrakech,

    C’est un café niché dans une petite rue calme du quartier de Guéliz. Ici, pas de télé ni de décor austère, mais des lampes de bureau et des tables en bois. Au mur, des affiches de peintres ou graphistes marocains. Le barista Nerman a ouvert Kartell Kollektiv, il y a un peu plus de deux ans ; il est le premier surpris que son café soit devenu l’un des repères les plus prisés de la scène culturelle marrakchie : « Ce n’était pas le projet à l’origine, mais je crois que ce qui plaît, c’est le style du lieu et les événements culturels que nous organisons, les projections. C’est un espace de liberté et un coffee shop en même temps, et je crois que c’est exactement ce dont les jeunes ont besoin. »

    Bagues amazighes à tous les doigts, vêtu d'un grand ensemble noir en lin, Tarzan, à peine 20 ans, mannequin, photographe et peintre, savoure un café latte en terrasse : « Beaucoup de jeunes créateurs maintenant essayent de venir ici pour se connecter, pour rencontrer des gens, pour se faire un nom dans la scène, pour être respectés dans leur domaine. Voilà, c’est ça Marrakech. »

    Yazid Bezaz est réalisateur et directeur artistique pour de grandes marques internationales de vêtements. Il est né et a grandi à Londres, mais c’est à Marrakech qu’il a posé ses valises : « Automatiquement, je suis tombé amoureux de cette ville, de l’esprit qu’elle a. Elle est tellement charmante, très libre. Je me suis juste senti chez moi ici, et j’ai trouvé que c’est une ville pour les jeunes, où c’est beaucoup plus facile de se trouver : tu as le temps de te développer. »

    « Ça tue le charme d’une ville »

    Un sentiment partagé par Joanna Woodford, directrice artistique et DJ écossaise, qui vit et travaille à Marrakech depuis un an : « Ça a été la meilleure décision de ma vie ! D’un point de vue artistique, personnel, vivre ici m’a vraiment poussée à être créative J’ai été inspirée par tout ce qui m’entoure : les gens, la façon de vivre. »

    À quelques pas de Kartell Kollektiv, dans ce bouillonnant quartier de Guéliz, de nombreuses galeries émergent. L’Blassa expose des artistes de tout le monde arabe. Son curateur, Abdellah Aboulhamid, entouré d’œuvres d’art, est reconnu pour avoir donné de la visibilité à de jeunes artistes de la région : « La culture marrakchie, en elle-même, est très différente des autres villes. Là d’où je viens, c’est beaucoup, beaucoup plus calme. Ici, vous trouvez que la collectivité est présente dans l’espace public : ça fait que les gens s’expriment et que les nouvelles idées sortent. »

    Le principal risque pour la ville, pointent tous ces amoureux de Marrakech : le tourisme de masse, la bulle immobilière et les logiques commerciales. Yazid Bezaz : « Ça tue le charme d’une ville. Et le charme de Marrakech, c’était toujours cet équilibre entre des trucs locaux et des trucs qui sont faits pour les touristes, ce mélange organique. Mais si tu enlèves ça, tu commences à diminuer petit à petit l’esprit d’une ville. »

    Selon les estimations, en 2025, Marrakech devrait de nouveau battre son record de visiteurs accueillis en une seule année.

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  • CAN 2025: Casablanca, la capitale du foot dont l'étoile pâlit [2/6]
    2025/12/08

    Dans l'imaginaire collectif, Casablanca est la ville du football marocain. Avec ses deux grands clubs, le Wydad et le Raja, c'est elle qui concentre le plus de supporters, mais cela fait bien longtemps que la capitale économique ne fait plus la pluie et le beau temps dans le royaume. De quoi alimenter la nostalgie de certains Casablancais. Lino Bacco est une légende du journalisme sportif au Maroc, l'une des mémoires du foot marocain. Il vient de publier un livre Et alors !, où il raconte cette époque aujourd'hui révolue.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Un superbe hôtel-particulier et un hall chargé d'histoire, toute une collection de vieilles radios dont une fonctionne encore... On y entend le direct de Radio Mars, la radio dédiée au sport que Lino Bacco, 79 ans, a co-fondée en 2009 : « Nous sommes dans les locaux de Radio Mars. J'ai un peu plus d'un demi-siècle, je dirais, de journalisme sportif. J'ai commencé exactement en 1967. Je débarque dans la rédaction du petit Marocain. »

    Casablanca, l'ancien siège de la Fédération

    À l'époque, tout se passe à Casablanca. « Je suis d'origine sicilienne. Mon père est né à Casablanca. Ma mère est née à Rabat. Je suis né à Casablanca. Le football marocain s'est décidé entre le siège de la Fédération qui était à Casablanca, rue Dumont d'Urville, entre un café, le Marignan, et puis le stade Philippe où, juste en face, il y avait le journal. Tous les après-midi, le secrétaire général qui était Ahmed Antifi venait, ainsi que Daniel Pilard, qui était le patron des sports. On se retrouvait donc au café. Et au café, on parlait de quoi ? On parlait de foot. On parlait de la fédération. On parlait des problèmes, et c'est là qu'ils prenaient les grandes décisions justement pour le football marocain », raconte Lino Bacco.

    « La preuve, c'est qu'il y a quatre clubs rabatis en première division »

    Jusqu'à aujourd'hui, Casablanca est la ville du foot au Maroc. Dans son stade emblématique Mohammed-V, résonnent chaque week-end les chants des supporters du Wydad ou du Raja. Alors, lorsque les stades de la CAN 2025 ont été annoncés, des supporters casablancais se sont sentis soudain nostalgiques. « Il y a des gens qui sont déçus, qui disent ''Oui mais pourquoi, pourquoi Rabat a quatre stades et nous un seul ?''... C'est ça, C'est tout. Le centre de gravité s'est déplacé, qu'on le veuille ou non. Et puis, la preuve, c'est qu'il y a quatre clubs rabatis en première division. Il y a l'AS FAR, il y a le FUS, il y a Yacoub El Mansour et il y a Touarga. Donc, c'est tout : 4 à 2, ce n'est pas difficile (rires). »

    Mais Casablanca pourrait retrouver son rang d'ici à 2030. En ce moment, on construit aux portes de la ville le plus grand stade du monde, 115 000 places, où doit se jouer des matchs de la Coupe du monde 2030.

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  • CAN 2025: Rabat, ville majeure du tournoi et nouveau centre névralgique du football marocain [1/6]
    2025/12/07

    Parmi les six villes hôtes de la CAN 2025 au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, Rabat est celle qui accueillera le plus de matchs. Avec ses quatre stades, tous construits pour l'occasion, la capitale marocaine déploie une infrastructure sportive sans équivalent, pour une ville de 500 000 habitants. C'est là désormais que bat le cœur du football marocain.

    De notre correspondant à Rabat,

    Stade olympique, stade Moulay Abdellah, stade Al Medina, stade Moulay Hassan… Additionnées, ces quatre stades représentent plus de 130 000 places. Et au mois de novembre, la clameur des supporters a résonné pour la première fois dans ces arènes ultra-modernes.

    Les infrastructures à Rabat ont été pensées pour le foot

    Lors des barrages Afrique de la Coupe du monde 2026, Rabat a pu les tester en conditions réelles. Omar Khyari est le conseiller du président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa. Une fédération dont le siège flambant neuf se trouve évidemment à Rabat. « Rabat reste quand même la capitale du royaume du Maroc, et on ne peut que se satisfaire de la voir être améliorée. Moi, je pense que le plus important, c'est que le Maroc développe ses infrastructures sportives dans toutes ses régions, afin qu'un maximum puisse en profiter. Et, aujourd'hui, c'est le cas. La chance du Maroc, c'est d'avoir une vision à long terme », développe Omar Khyari.

    Il ne dira pas que Rabat est devenue, en vingt ans, le centre névralgique du foot marocain. Ce serait passer sous silence les investissements dont ont bénéficié d'autres villes, et peut-être aussi risquer d'alimenter une concurrence entre régions. Qu'à cela ne tienne, les infrastructures sorties de terre ces dernières années parlent à sa place. À Rabat, elles ont été pensées pour le foot.

    Rabat, la ville adaptée pour les grandes compétitions

    « Ce qui est extraordinaire à Rabat, c'est que toute l'infrastructure est complémentaire. Par exemple, l'aéroport de Sal est à cinq minutes du complexe » Mohammed VI de football, dont Hassan Kharbouch est le directeur. À bord d'une voiturette de golf, nous visitons ses 35 hectares. Inauguré en 2019 près de Rabat, avec ses onze terrains d'entraînement, il sert de lieu de rassemblement pour toutes les équipes nationales marocaines. C'est ici que les coéquipiers d'Achraf Hakimi seront hébergés durant la CAN. Le complexe a nécessité un investissement de près de 60 millions d'euros.

    « Les anciens joueurs, particulièrement quand ils passent, disent toujours que dans cette génération, maintenant, ils ont une chance et qu'ils ont tous les moyens pour percer. Ça fait de Rabat un outil pour toutes les exigences d'organisation d'un méga événement, d'une compétition », complète Hassan Kharbouch.

    L'été dernier, c'est la Fifa qui a inauguré à Rabat son bureau principal en Afrique. Devenue capitale d'une puissance émergente du football mondial, la ville réunit aujourd'hui les centres de décision, mais aussi les infrastructures qui contribuent au rayonnement du Royaume.

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  • Éthiopie: les souvenirs d'Addis-Abeba se collectent et se partagent en photos en ligne
    2025/12/06

    Depuis deux ans, la ville d'Addis Abeba est en plein bouleversement. Les travaux liés au Corridor Project – un projet de développement urbain d'assainissement de la ville – transforment la capitale en profondeur : des pans entiers de certains quartiers historiques ont même disparu, pour faire place à de nouveaux bâtiments. Mais des initiatives visant à conserver la mémoire de ces endroits voient aussi le jour.

    De notre correspondante à Addis-Abeba,

    Le regard de Fraul se perd le long des plaques de tôle verte qui longent un trottoir flambant neuf. Il y a encore deux ans, le quartier de Piassa, en plein centre d'Addis-Abeba, regorgeait de bars où se retrouvait la jeunesse de la ville. « Mes préférés, c'était l'Interlangano et le Channel 5, ce sont les plus connus. On s'est bien amusés : il y avait la fête tous les jours, surtout le week-end. Le Channel 5 était underground, et il passait de la bonne musique reggae. Quand le Corridor Project a commencé, tout a été démoli », confie Fraul.

    Addis Memories : un projet de mémoire

    Le projet Corridor a été lancé en 2022 par le gouvernement. Son objectif : moderniser en profondeur la capitale via la construction de nouveaux logements, de pistes cyclables et de parcs. Mais dans certaines zones historiques comme Piassa, cette rénovation à grande échelle a aussi emporté avec elle la mémoire du quartier. Dayala Ashenafi a donc lancé Addis Memories, une plateforme en ligne de collecte de photos souvenirs :

    « Il s'agit d'un projet de mémoire visant à préserver l'histoire, le lien des habitants avec leur quartier, les souvenirs qu'ils ont créés en famille, avec leurs enfants et leurs amis. Nous sommes convaincus que les infrastructures et les projets patrimoniaux sont importants, mais il est tout aussi crucial de recueillir la parole des communautés touchées, qui veulent garder tout cela en mémoire. »

    « Ça me ramène à mon enfance. C'était une très belle époque »

    Sur le site d'Addis Memories, chacun peut donc envoyer une photo d'un endroit disparu et évoquer ses souvenirs, puis naviguer sur la plateforme et consulter d'autres témoignages, à la manière d'un musée digital.

    « À Addis-Abeba, il est difficile de trouver quelqu'un qui n'a aucun lien avec ces quartiers, car tout le monde allait à Piassa pour faire du shopping, ou à Kazanchis pour retrouver ses amis… Il y a tellement de souvenirs liés à ces endroits. Nous offrons, je crois, l'opportunité aux gens de s'exprimer », souligne Dayala Ashenafi.

    À la nuit tombée, les grandes avenues de Piassa sont désormais désertes. Seuls quelques promeneurs profitent de la fraîcheur du soir. Un silence qui tranche avec les souvenirs de Fraul : « Maintenant, quand je retourne à Piassa et que je vois ces avenues, ça me replonge dans mon adolescence. Je revois les rues pleines de monde, de magasins de bijoux, et ça me ramène à mon enfance. C'était une très belle époque. »

    Le projet Corridor est également déployé dans 58 autres villes du pays.

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  • Côte d'Ivoire: à Abidjan, un programme aide les enfants à sortir de la rue
    2025/12/06

    En Côte d’Ivoire, en 2023, le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfant a identifié plus de 16 300 enfants vivant dans la rue dans une dizaine de villes ivoiriennes, dont Abidjan. Ils dorment sur les trottoirs, survivent de petits boulots ou de mendicité… Des enfants livrés à eux-mêmes et exposés à la violence et aux abus. Mais depuis peu, les choses changent. Grâce au Programme pour la protection des enfants et adolescents vulnérables, des équipes sillonnent les quartiers pour leur tendre la main. Entre missions de rue, écoute et réinsertion, ces acteurs sociaux tentent de redonner une chance à ces enfants oubliés.

    De notre correspondant à Abidjan,

    Ce matin-là, des agents du Programme pour la protection des enfants et adolescents vulnérables arpentent les rues d’Abidjan. À bord de leurs véhicules, ils avancent prudemment, scrutent les trottoirs, les marchés, les dessous de ponts et les feux tricolores. Leur mission : repérer les enfants livrés à la rue. Parmi eux, Seaty Ebert, conseiller d’éducation.

    « Ce sont les mineurs qui sont recherchés. Celles qui vendent l’eau, qui ont l’âge d’aller à l’école et qui sont dans la rue. Et puis au niveau des jeunes garçons, ceux qui sont entre les véhicules en train d’essuyer les pare-brise. À vue d’œil, on les reconnaît », explique-t-il.

    Prise en charge des enfants au centre d’écoute et d’orientation du programme

    Quelques minutes plus tard, deux fillettes en train de mendier, un petit vendeur de chips, et un garçon fiévreux couché à même le sol sont identifiés. Embarqués dans le véhicule, les enfants se montrent d’abord méfiants. Ebert tente alors de les rassurer. « N’ayez pas peur, ne pleurez pas. On ne va pas vous faire du mal. C’est compris ! Votre place ce n’est pas dans les rues. »

    Direction Yopougon, au centre d’écoute et d’orientation du programme. Ici, les enfants mangent, reçoivent les premiers soins, puis sont suivis par des psychologues et des éducateurs. L'intérêt est de comprendre leur parcours, de recontacter les familles quand c’est possible, ou de préparer leur réinsertion.

    « Chaque enfant est un cas spécifique pour nous », précise Mamadou Touré, responsable dudit centre. « Si c’est un enfant qui a été déscolarisé, on a des écoles partenaires où on place l’enfant. Pour ceux dont l’âge excède 18 ans, on a des centres partenaires. On essaie de déceler le talent qui est le sien et on l'envoie vers cette formation. »

    Un réseau d’exploitation d’enfants découvert

    Le dispositif a permis de sortir plus de 4 000 enfants de la rue ces deux dernières années, assure le ministère ivoirien de la Femme, de la Famille et de l'Enfant. Mais les causes restent profondes : pauvreté familiale, violences domestiques, ruptures sociales. Pour certains enfants, revenir dans un cadre strict n’est pas une chose facile. Le sociologue Bini Koffi explique les résistances. « Un enfant qui s’est autonomisé dans la rue, qui a l’habitude d’agir seul et qui est libre de ses actions, si vous le remettez dans une situation familiale, que ce soit dans sa famille, ou dans un centre où il doit être orienté en terme de comportement, il est évident qu’il y aura un clash et il ne peut pas supporter. »

    Les maraudes ont aussi permis de mettre au jour un réseau d’exploitation d’enfants à des fins de mendicité, provenant de pays voisins. Fin 2023, 18 adultes ont été interpellés. Une enquête a été ouverte par le procureur de la République. Les enfants, eux, ont été confiés à leurs ambassades à Abidjan.

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  • Centrafrique: après dix ans de présidence Touadéra, quel bilan économique? [2/2]
    2025/12/04

    En Centrafrique, les électeurs devront participer le 28 décembre à un quadruple scrutin historique : présidentielle, législatives, régionales et municipales. Le plus scruté sera bien sûr l'élection présidentielle, au cours de laquelle Faustin-Archange Touadéra briguera un troisième mandat, après avoir changé de Constitution en 2023. Infrastructures, ressources naturelles, agriculture... Les soutiens du chef de l'État affirment que le pays tire déjà des dividendes socio-économiques de la stabilité retrouvée. Mais les populations tardent encore à en sentir les effets dans leur quotidien.

    De notre envoyé spécial à Bangui,

    Dans les ruelles terreuses du quartier de Lakouanga, proche du centre de la capitale, la vie est « tactique », dit-on. À comprendre que chaque jour est une épreuve pour remplir la marmite familiale. Livia, debout devant sa petite échoppe, vend des produits de mercerie, de coiffure et quelques boissons. « Les boutons, les chapelets, les cols, les perruques... Je vends aussi les mèches. J'ai trois garçons et deux filles. Avec moi, ça fait six bouches à nourrir. Les gens n'achètent pas comme avant », confie-t-elle.

    Son fils, Freddy, la rejoint à la sortie du travail : « Tout est cher, même pour payer du savon. Le prix a augmenté. On entend qu'il y a des investisseurs, qu'il y a des subventions, mais on ne sait pas où vont ces subventions. Parce que normalement, quand il y a des subventions, il faut que la population aussi en bénéficie. »

    Sur le trottoir d'en face, Georges est plus positif. Il constate une embellie : « Présentement, avec les professeurs, les fonctionnaires sont régulièrement payés, les pensions sont payées, les bourses sont payées. Donc c'est déjà un léger mieux. »

    Les voix divergent sur les indicateurs de développement

    Les soutiens du chef de l'État défendent des progrès. Evariste Ngamana, porte-parole de la campagne de Faustin-Archange Touadéra, déclare : « Aujourd'hui, l'économie est en train de se relancer, quand bien même nous savons qu'il y a des défis qui restent encore. Nous avons aussi le développement des infrastructures. Tout cela est à l'actif du président de la République. Vous voyez qu'il y a les travaux de routes qui se font dans Bangui, les infrastructures sur le plan des services de base, les écoles, la santé, etc. C'est un progrès indiscutable. »

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    Pour les voix critiques, les indicateurs disent le contraire de la communication officielle, et les réalisations actuelles sont en trompe-l'œil. Paul-Crescent Beninga, porte-parole du GTSC, groupe de travail de la société civile sur la crise centrafricaine, pointe les coûts des carburants les plus élevés du continent, la corruption et les accusations de détournements massifs des ressources du pays :

    « Aujourd'hui, du point de vue économique, la République centrafricaine peine à se relever. L'impunité a été érigée en un mode de gouvernance, tout simplement. Toutes les ressources qui pourraient participer à l'amélioration de notre assiette budgétaire, ce sont ces ressources-là qui se retrouvent aujourd'hui dans la nature, dans les mains et confisquées par certaines personnalités. Et c'est très regrettable. »

    Pour tirer son économie, la Centrafrique a récemment relancé un plan national de développement et assure avoir reçu des engagements sur les trois-quarts des 12 milliards de dollars espérés.

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  • La Centrafrique se dirige vers des élections apaisées, mais demande justice et réparation [1/2]
    2025/12/03

    En Centrafrique, les électeurs devront participer le 28 décembre à un quadruple scrutin historique : législatives, régionales, municipales et présidentielle, au cours de laquelle Faustin-Archange Touadéra briguera un troisième mandat, après avoir changé de constitution en 2023. Dans son bilan, le chef de l'État met en avant les progrès en matière de sécurité et de réconciliation. Il affirme que la Centrafrique est aujourd'hui en sortie de crise et qu'on peut traverser le pays sans risque. Mais les Centrafricains n'en sont pas tous persuadés

    De notre envoyé spécial à Bangui,

    Il y a cinq ans, les Banguissois avaient voté dans la crainte d'un assaut rebelle. Cette année, l'échéance approche dans une ambiance beaucoup plus apaisée, d'autant que le Conseil constitutionnel a validé les candidatures de plusieurs opposants.

    À Bimbo, grande commune à la sortie sud-ouest de Bangui, les associations de soutien au président sont mobilisées. Parmi les présents, on loue la figure d'un président sortant pacificateur. « Dès que le président Touadéra est venu, nous avons eu la paix. Vous savez, la Centrafrique revient de loin. On avait la guerre, il y avait la division, il y avait l'insécurité partout, on ne pouvait pas traverser nos provinces. Mais aujourd'hui, on sent qu’il y a la sécurité, il y a la paix. Aujourd'hui, il a fait asseoir le pays. Tout le monde vit dans la joie. »

    Ces derniers mois, le gouvernement a signé de nouveaux accords avec des groupes armés, un processus de désarmement a été relancé.

    Pour autant, braqueurs et coupeurs de route entretiennent une insécurité diffuse en province. Les agissements de porteurs d'uniforme et de mercenaires russes sont aussi régulièrement pointés du doigt, ce qui continue d'inquiéter : « Dans la capitale, on se sent en sécurité. Mais ailleurs, dans l’arrière-pays, il y a des tueries, des meurtres. Il faut donc revoir tout ça », déplore un jeune homme rencontré dans une ruelle du quartier Lakouanga.

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    « On leur doit la vérité »

    Dix ans après la fin de la transition, cinq ans après avoir repoussé la CPC, les causes profondes des conflits internes ont-elles été traitées ? « Les Centrafricains sont, je pense, aptes à pardonner, analyse le juriste Arnaud Yaliki, spécialiste de justice transitionnelle et commissaire de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJRR). Mais avant de pardonner, ils estiment qu'on leur doit la vérité sur ce qui s'est passé, ils veulent que justice soit faite, ils veulent la réparation des réformes institutionnelles qui permettent de corriger les inégalités et les injustices qui sont à la base de la récurrence des crises que nous connaissons. Des efforts ont été faits, mais il y a des défis à relever, souligne le juriste. Si on veut la paix dans ce pays, il faut que tous les Centrafricains, quelle que soit leur ethnie, qu'ils appartiennent ou non à un parti politique, aient les mêmes chances que les autres. Je pense que c'est le levier du développement de la République centrafricaine. »

    Avec le redéploiement de l'État et la nouvelle carte judiciaire, Arnaud Yaliki appelle à s’attaquer à l’impunité et à la pauvreté. Il demande aux magistrats qui s'installent en province de prendre leurs responsabilités et de juger les coupables de violations des droits humains.

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  • RDC: l'un des derniers arbres baobab de Kinshasa menacé de disparition
    2025/12/02

    C’est un patrimoine inestimable en RDC. À Kinshasa, l’un des derniers baobabs du centre-ville de la capitale congolaise fait parler de lui, car les défenseurs de l’environnement craignent qu’il ne soit abattu. Pourtant, cette plante, reconnaissable entre mille, fait partie de l’histoire de Kinshasa et de son patrimoine végétal.

    De notre correspondante à Kinshasa,

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