エピソード

  • Au sein du «Club de RFI Berlin», les auditeurs perpétuent le souvenir de l'antenne allemande de la radio
    2025/11/27

    C'est au Bénin, en 1995, que le premier Club RFI était lancé. Depuis, de nombreux autres ont vu le jour en Afrique, mais pas seulement. L'un d'entre eux s'est développé à Berlin et il est dirigé par notre correspondant Pascal Thibaut, qui dresse le portrait de ce club.

    Il y a un peu plus d'un an, Pascal Paradou animait un débat sur la désinformation, suivi d'une grande soirée. RFI fêtait le 30e anniversaire de sa présence dans la capitale allemande, suite au lancement de sa fréquence FM en octobre 1994. Un bureau a ensuite été ouvert à Berlin, début 1997. Le programme en allemand doublait alors son temps d'antenne. En 2003, à l'occasion du 40e anniversaire du traité d'amitié franco-allemand, un club des auditeurs était lancé. RFI Berlin présentait déjà des concerts d'artistes francophones et participait à la fête de la musique. Les activités se multiplièrent ensuite et des événements sont régulièrement organisés.

    Les premières émissions en allemand de l'ancêtre de RFI sont lancées. Fin 2009, elles doivent s'arrêter, malgré une forte mobilisation de la société civile à Berlin. Des auditeurs protestent et lancent une association de soutien aux programmes en allemand. Le combat échoue, mais la structure demeure. L'historien Klaus-Peter Sick, un soutien de la première heure, est aujourd'hui le vice-président à mes côtés de l'association allemande Club de RFI Berlin. « Pour moi, c'est une radio tout à fait essentielle parce que j'ai le jour même des informations sur la vie politique française et on a des informations sur des pays africains qu'on n'aurait nulle part ailleurs. RFI a cette place unique dans le paysage des médias en Allemagne, sur la France, mais aussi sur l'Afrique », explique-t-il.

    200 membres cotisants

    L'association compte désormais plus de 200 membres cotisants et sa lettre d'information est envoyée à 8 000 personnes. Elle informe sur l'actualité francophone berlinoise, fait gagner des places pour des spectacles et, bien sûr, promeut les activités propres du Club de RFI Berlin.

    François Cornu, le proviseur du lycée français, accueillait la semaine dernière le Club de RFI. Qui organisait dans l'établissement une soirée avec Emploi Allemagne et Berlin Accueil autour des clés de l'intégration sur le marché du travail germanique pour les francophones. C'est aussi au lycée français qu'un débat se tenait autour des relations franco-allemandes, en amont des législatives de février dernier pour le Bundestag. La sociabilité avec pétanque et autres visites d'expo figurent aussi au menu des activités du Club de RFI Berlin. Grande nouveauté cette année, trois soirées « Prêt-à-danser » consacrées à la musique française, que nous avons organisées dans un club berlinois.

    « D'abord, j'écoute la radio tous les jours chez moi. C'est comme cela que j'ai connu RFI. Pour moi, c'est international, ce que je recherche. Les débats, les activités qui nous sont offertes aussi, on ne sait plus où donner de la tête », détaille Françoise Teisseire, adhérente de l'association et fidèle des fidèles du Club de RFI Berlin. Elle ne manquera pas à l'appel, début décembre, pour le dîner de fin d'année du club.

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  • Cisjordanie: les enfants sur-représentés parmi les victimes de l'armée d'occupation
    2025/11/27

    En Cisjordanie occupée, les enfants sont sur-représentés parmi les victimes de l’occupation militaire israélienne. Cinquante mineurs palestiniens ont été tués depuis le début de l’année 2025, la plupart par l'armée. Plus de 2 000 enfants et adolescents ont été arrêtés depuis les attaques du 7-Octobre, pour des séjours plus ou moins prolongés dans les prisons israéliennes, où ils subiraient des sévices dénoncés par les principales ONG de défense des droits humains. RFI est allé à la rencontre de Bassam : il a 17 ans et a été libéré dimanche 23 novembre, après six mois de détention dans la prison israélienne d'Ofer.

    De notre correspondant à Ramallah,

    Sous le regard de sa mère, Bassam soulève son t-shirt sous lequel les marques, sur son corps amaigri, racontent la prison israélienne. « J'ai encore les traces des coups, les marques des menottes. Pendant trois mois, je ne pouvais pas sentir mes mains. C'est le résultat de la maladie qu'on attrape en prison, la gale », témoigne-t-il.

    Le jeune homme de 17 ans a été arrêté pour avoir jeté des pierres sur une jeep de l'armée, puis condamné après des aveux contraints : « Ils m'ont interrogé pendant trois jours pour m'arracher des aveux. Ils menaçaient ma mère. Toute cette pression, surtout quand il parlait de ma mère, cela m'a détruit. J'ai eu peur pour elle, alors j'ai fini par avouer. Pour qu'ils ne lui fassent rien. »

    Prison ou pas, Bassam est un adolescent. Comme de nombreux jeunes de son âge, il vit et rêve football. « J'ai fourré un bout de drap dans une chaussette et j'ai serré autour avec un bout de tissu. Je l'ai cousue et j'ai commencé à jouer avec, comme un petit ballon. Un truc pour m'entraîner et jouer au foot dans la cellule », détaille-t-il.

    Des rêves qui n'ont pas leur place dans les cellules de la prison. « Le gardien m'a dit : "Toi, tu n'es pas au Camp Nou, tu n'es pas au Bernabeu", et il a commencé à me frapper en répétant : "Ici, ce n'est pas un terrain de jeu, ce n'est pas dans un stade." Moi, je me disais : avec tout ce que j'invente juste pour réussir à vivre un peu, ils me frappent quand même », se souvient-il. Pour avoir, lui aussi, jeté des pierres sur une jeep de l'armée israélienne, le frère de Bassam a été tué d'une balle dans la tête, en 2018. Il avait 16 ans. Son sourire juvénile est encadré sur les murs du salon.

    Sami, 15 ans, fan de football... abattu par un sniper

    À Kufr Aqab, près de Ramallah, un autre rêveur de ballon rond a été fauché par un tir de sniper, vendredi 21 novembre. Il s'appelait Sami et il avait 15 ans. « Il jouait sur sa trottinette électrique avec ses amis et son cousin, ils faisaient le tour du quartier, ils étaient contents. Ils ont entendu qu'il y avait une incursion de l'armée, alors comme n'importe quel jeune, par curiosité, ils sont allés voir. Le sniper a tiré et la balle l'a frappé dans le dos », raconte sa mère avec douleur.

    Celle-ci nous ouvre la chambre du garçon. Sur son lit, soigneusement pliée, sa tenue complète de l'équipe palestinienne de football. « Ils l'ont aussi arraché à ses frères et sœurs. Chaque matin, en se réveillant, ils respirent son odeur sur ses vêtements restés à la maison, et cela leur rappelle sa présence. C'est la seule chose qui nous aide à supporter son absence », confie-t-elle.

    Comme tous les vendredis, Sami aurait dû se rendre à l'entrainement. « ​​​​​​​Comme n'importe quelle mère palestinienne, je vivais dans la crainte : est-ce que mon fils va rentrer à la maison ou non ​​​​​​​? Chaque fois qu'il quittait la maison, je le confiais à Dieu », se lamente-t-elle. Secouée de sanglots, la mère serre contre son cœur, les chaussures imbibées de sang que son fils portait, ce jour-là.

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  • Birmanie: les centres d'arnaque en ligne perdurent, malgré les affirmations de la junte
    2025/11/25

    Depuis le début de l’année, la junte birmane affirme réprimer les centres d’arnaques en ligne tenus par des mafias chinoises avec la complicité de milices ethniques pro-régime birman. Dans ces usines à fraude, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes escroquent, en ligne, des victimes partout dans le monde avec des outils de plus en plus sophistiqués. Un secteur qui rapporterait près de 40 milliards de dollars par an en Asie du Sud-Est. Sous pression de la Chine et des États-Unis, et à l’approche d’élections décriées, l’armée birmane communique sur ces opérations place nette le long de la frontière thaïlandaise, dans les deux plus grands complexes de fraude en ligne. Côté Thaïlande, à Mae Sot, les habitants et les ONG peinent à croire à la bonne volonté de la junte pour mettre fin à ces escroqueries.

    Une habitante vit au bord de la rivière Moei, en Thaïlande. Sur la berge d'en face, la Birmanie et ses dizaines de centres d'arnaques en ligne cachées derrière de banals bâtiments d’habitation. Depuis mi-octobre, la junte birmane a pilonné une partie des lieux, dont on aperçoit les toitures et les murs éventrés.

    Mais la plupart des spécialistes, comme Amy Miller, en restent sceptiques : « C'est du spectacle pour montrer au reste du monde que les autorités agissent. Le plus probable est que les travailleurs aient été déplacés d’un centre à un autre. Ou qu’ils patientent quelque part en attendant que ça se calme pour mieux revenir. Il y a certes de plus en plus volontaires, mais aussi beaucoup de victimes de trafic d’êtres humains », dénonce la responsable de l'ONG Americ.

    Des centres d’arnaques en ligne, il y en a des dizaines autour de Mae Sot. En se promenant au bord de la rivière, les habitants aperçoivent ces multiples complexes clôturés par des barbelés et entendent leurs générateurs d’électricité. Des gardes – souvent des miliciens – patrouillent autour, armés de fusils d’assaut.

    Deedee, 26 ans, a travaillé 12 heures par jour dans l'un de ces centres durant un an et demi pour 1 000 dollars par mois. Il arnaquait des internautes dans le monde entier en leur promettant des investissements en cryptomonnaies. Son entreprise lui fournissait un protocole tout fait. « Ce n’est pas amusant du tout. Ce n’est pas bien d’arnaquer. C'est pesant. Je m’imaginais des histoires joyeuses pour m’évader mentalement », se souvient-il. C’était son seul moyen, opposant à la junte et sans travail, de payer les soins de sa grand-mère.

    Comme lui, de plus en plus de Birmans, font le même choix. Ils sont mieux traités que leurs nombreux collègues chinois, indiens ou éthiopiens, amenés de force dans ces centres. Alice, militante birmane, reçoit régulièrement leurs messages de détresse. Sur son téléphone : des photos de visages tuméfiés, des vidéos de torture par électrochoc, des récits de viols aussi.

    « Ils subissent des tortures en continu. Ils souffrent beaucoup », alerte la jeune militante qui aide les étrangers à sortir. Elle non plus ne croit pas à la répression de la junte birmane. Et pour cause, l’armée dit avoir expulsé 9 000 étrangers depuis le début de l’année alors que les rapports officiels dénombrent plus de 100 000 travailleurs exploités le long de la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande.

    À lire aussiBirmanie: la junte affirme avoir arrêté près de 1600 étrangers dans un centre d'arnaque en ligne

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  • Féminicides en Turquie: les ONG dénoncent l’augmentation de «morts suspectes» et l'inaction de la justice
    2025/11/24

    En cette journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, les ONG féministes en Turquie alertent sur la hausse inquiétante du nombre de « morts suspectes » en Turquie. Des décès de femmes dont les circonstances ne permettent pas d'exclure la possibilité d'un meurtre. Leur nombre a plus que doublé en cinq ans. Les ONG y voient un symbole de l'échec des autorités à lutter contre ces violences.

    Le reportage de notre correspondante Anne Andlauer à Ankara est à retrouver dans son intégralité dans Accents d’Europe.

    À lire aussiIdéologie masculiniste et violences faites aux femmes: les liaisons dangereuses

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  • Fermeture de l'usine Nissan à Oppama: «Jamais la ville ne s'en remettra»
    2025/11/23

    Au Japon, des négociations sociales très difficiles et donc probablement tendues sont sur le point de débuter chez Nissan. Le constructeur automobile, en grandes difficultés, a annoncé un plan de restructuration d'une ampleur sans précédent depuis plus d'un quart de siècle : depuis qu'en 1999, Carlos Ghosn l'avait sauvé de la faillite en licenciant 21 000 salariés. Cette fois, ce sont 20 000 emplois qui vont être supprimés, soit 15% des effectifs du groupe. Qui va aussi fermer sept de ses dix-sept usines dans l'archipel.

    De notre correspondant de retour d’Oppama,

    Oppama, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Cette localité de 30 000 habitants est surnommée « Nissan no machi » (« La ville Nissan ») car, depuis 1961, elle héberge une des plus grandes usines du groupe. Pendant des décennies, ses 2 400 salariés ont produit ici des véhicules aussi emblématiques que la Leaf, la première voiture 100% électrique qui fut commercialisée dans le monde.

    Mais Nissan va quitter Oppama et, au Japon, ce tournant est comparé aux restructurations qui touchèrent jadis les usines Renault de Flins, dans les Yvelines, et de Vilvorde, en Belgique, des séismes sociaux à l'époque. Ces salariés sont sous le choc :

    - « Quand la décision a été rendue publique, cela a été un immense coup de massue. On était tous complètement abasourdis. KO, pour ainsi dire. », explique un employé choqué par la nouvelle.

    - « Oppama, c'était vraiment l'usine emblématique du groupe. La fermer et prier un si grand nombre de salariés de déguerpir… c'est un tremblement de terre pour nous ».

    - « Le devoir n°1 de Nissan, c'est de nous rassurer. Que va-t-on devenir ? Comment va-t-on gagner notre vie ? »

    À Oppama, c'est la consternation générale. Un habitant sur dix travaille chez Nissan. Et le constructeur n'a pas encore présenté le moindre plan de reconversion précis de l'immense site qu'il occupe : grand comme 200 terrains de football. Or, si les lieux deviennent un désert industriel, ce sera le coup de grâce pour l'économie locale, selon ces commerçants, qui sont extrêmement inquiets :

    - « Jamais la ville Nissan ne se remettra de cette fermeture. C'est la mort annoncée pour notre petite cité. »

    - « 20 à 30% de mes clients, ce sont des employés de Nissan. Si le groupe ne revient pas sur sa décision, je risque de devoir mettre la clé sous la porte comme beaucoup de commerçants. »

    - « Tous les midis, pendant la pause déjeuner, les salariés de Nissan font la queue devant ma boutique pour acheter un bento : un plateau-repas préparé. Déjà, c'était dur pour nous, les petits commerçants, avec l'envol du prix du riz et des produits alimentaires. Mais là, avec cette fermeture à venir, c'est la double peine. Le scénario du pire, même, pour nous, en fait. »

    Il n'y a pas la moindre chance que ce plan social soit adouci. Car le constructeur automobile est dans le rouge comme jamais. Il prévoit pour cette année une perte d'exploitation d'1,5 milliard d'euros. L'action Nissan a chuté de plus de 25% depuis janvier. Et les derniers chiffres de vente semestriels du groupe dans l'archipel sont historiquement mauvais : en chute de 17%. Une telle contre-performance, c'est sans précédent depuis trente ans.

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  • Affaire de l’incendie d’un Ikea en Lituanie attribué à la Russie: un verdict qui fera date
    2025/11/22

    C’est ce lundi 24 novembre 2025 qu’une cour de justice de Vilnius rendra son verdict dans l’affaire de l’incendie en 2024 d’un magasin Ikea. Un incendie attribué au renseignement militaire russe.

    De notre correspondante à Vilnius,

    La dernière audience avant de mettre le jugement en délibéré a été rapide. Le jeune Ukrainien est sorti la tête baissée. Mineur au moment des faits, il a déposé un mécanisme qui a pris feu le 9 mai 2024. Il a été arrêté quelques jours plus tard dans le bus pour Riga, en Lettonie, où il devait commettre le même forfait. Pour son avocate Renata Janusyte, « il regrette d’avoir agi à la légère. Pour cela, on lui a promis une voiture et 10 000 euros, il a indiqué qui l’avait contacté pour cela et qui avait fait les transferts d’argent. »

    Ce procès a été une mine de renseignements pour comprendre la réalité d’un sabotage. Vilmantas Vitkauskas est à la tête du centre national de gestion des crises. Il se souvient de ce jour-là. « Nous avions été prévenus que de telles actions pouvaient avoir lieu en Lituanie. Chaque incendie, incident qui se produit n’est jamais considéré comme banal. L’incendie du magasin Ikea n’est pas le premier cas de sabotage, mais auparavant jamais un bâtiment accueillant du public et pouvant causer des victimes n’avait été visé. »

    Le sabotage est la nouvelle réalité. La justice lituanienne enquête sur l’autodestruction de colis partis depuis Vilnius vers un entrepôt en Allemagne, et sur la tentative d’incendie d’une société soutenant l’Ukraine. Giedrius Krupkauskas travaille pour les services de sécurité de l’État. Il a décrit les méthodes russes lors d’une conférence : « Toutes ces opérations sont commanditées par le pouvoir politique. La confrontation avec l’Ouest se déroule pour la Russie dans une sorte d’entre-deux, entre guerre et paix. Avec cet état d’esprit, les sabotages sont considérés comme légitimes. Un outil de guerre contre de sociétés européennes en paix. »

    Le but : faire vaciller le soutien occidental à l'Ukraine. Comment prévenir le passage à l’acte de personnes souvent recrutées via les réseaux sociaux ? Le chercheur Marek Kohv de l’ICDS, un centre de recherche sur la défense en Estonie, a quelques pistes. « Il est très important que les peines prononcées soient très claires, ça peut être dissuasif. Les gens reçoivent peu d’argent pour ces actions. S’il s’avère que pour gagner 500 ou 1000 euros, il est possible de risquer 10 ans de prison, cela va faire réfléchir. »

    Le verdict prononcé à l’égard du jeune homme accusé de crime en bande organisée et d’acte terroriste fera date dans l’histoire judiciaire lituanienne.

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  • Syrie: le désespoir des femmes jihadistes qui ont quitté Al-Hol, «C’est pire que dans le camp»
    2025/11/21
    Comment réintégrer, dans une Syrie toujours minée par les conflits, les familles soupçonnées d’accointances avec Daech, et recluses dans le camp d’Al-Hol depuis la défaite l’organisation terroriste, en 2019 ? Malgré les efforts des autorités kurdes pour vider le camp d'ici à la fin de l’année, il reste surpeuplé. Plus de 30 000 personnes, dont une majorité de Syriens, y vivent toujours. Si la transition politique en cours devait faciliter leur retour, seuls trois convois de Syriens ont quitté le camp depuis janvier. Parmi elles, plusieurs femmes qui ont pu bénéficier d'un des convois et quitté le camp en avril 2025. De notre envoyé spécial à Deir Ezzor, Dans une région désertique et marginalisée, toujours marquée par l’influence de Daech, Khadija, la vingtaine, écarte le drap qui lui sert de porte. À l’intérieur, le sol est humide, trois matelas, quelques ustensiles de cuisine accrochés au mur. Elle s’excuse presque d’accueillir ainsi : « Ce n’est pas une maison, c’est une étable pour les animaux. Regarde, l’hiver, il pleut ici. Mais nous n’avons pas le choix, il faut rester là. Pourtant, c’est pire que dans le camp. » Deux garçons se tiennent aux manches élimées de son niqab. Pour les protéger, elle s’était inscrite, pleine d’espoir, sur les listes de sortie du camp d’Al Hol, prison à ciel ouvert rongée par les épidémies et la faim. Veuve d’un combattant pakistanais de Daech, tué dans une frappe de la coalition, et rejetée par sa famille, Khadija n’est plus la bienvenue à Deir Ezzor : « Personne ne nous accepte ici, lorsque l’on marche dans la rue, les gens nous pointent du doigt, ils nous appellent les kidnappeurs de Daech. Nous sommes perçues comme des terroristes qui ont massacré et détruit, mais ça fait longtemps maintenant, il faudrait pouvoir tourner la page. » Difficile d’oublier dans la région de Deir Ezzor, largement détruite par la guerre et toujours marquée par des attaques régulières de cellules de l’État islamique. Une situation désespérée, qui alimente les regrets. Dans un soupir Khadija confesse qu’au moins, dans le camp, elle était parmi les siens : « Nous souhaiterions retourner dans le camp, là-bas, nous avions une tente et personne pour nous en chasser ou nous demander un loyer, nous recevions de l’eau, du pain, des aides, ici, je dois mendier pour un sac de pain, il n’y a pas de travail. On nous a dit que les ONG nous aideraient, mais elles ne font rien. » À lire aussiSyrie: les mines menacent le retour des déplacés à Deir Ezzor « Un jour, peut-être que nous pourrons vivre une vie normale » À quelques dizaines de kilomètres de là, dans le village de Maardin, un carrefour poussiéreux au bord de l’Euphrate, un centre social tente de soutenir ces femmes. Nous y rencontrons Nour, elle aussi revenue d’Al-Hol avec ses cinq enfants : « Un jour, peut-être que nous pourrons vivre une vie normale. Vous savez, mon fils ne savait même pas ce qu’était un arbre avant de quitter le camp. Alors pour le moment, le plus important, c’est de fournir une éducation à nos enfants. Ensuite, il faut trouver un travail, parce que nous sommes veuves, et nous ne pouvons pas subvenir aux besoins des petits, qui ont trop souffert. » Pour l’heure, si les enfants sont désormais scolarisés, les résultats du centre en matière d’insertion restent mitigés. Malgré les formations pour apprendre à ouvrir un petit commerce, aucune des quinze femmes présentes ce matin n’a encore réussi à lancer son activité. Coordinateur du projet, Mohammed reste confiant : « Le centre aide déjà beaucoup à la réintégration, cela prend simplement du temps. Au début, il peut être un peu difficile pour la communauté de s’habituer de nouveau à ces familles. Mais finalement, elles sont d’ici, ce ne sont pas des étrangers. La période de Daech a été difficile pour tout le monde, mais les mentalités changent. » Si les mentalités changent, ces femmes que nous avons rencontrées ne comprennent pas toujours l’opprobre à laquelle elles sont désormais confrontées. À lire aussiSyrie: dans la province de Deir Ezzor, la résurgence du groupe État islamique
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  • Présidentielle en République serbe de Bosnie: «Voter pour Karan c'est comme voter pour Dodik et sa politique»
    2025/11/21

    Une élection présidentielle anticipée se tient ce week-end dans la République serbe de Bosnie, l'entité serbe de ce pays toujours divisé selon des lignes ethniques. Condamné et déclaré inéligible, l'ancien président nationaliste, Milorad Dodik, ne peut pas se présenter après 19 ans de pouvoir sans partage, mais son parti présente un candidat. L'entité serbe de Bosnie pourrait tourner la page du nationalisme lors de cette élection, dont le résultat s'annonce incertain, dans un pays ravagé par la corruption et les difficultés économiques

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