エピソード

  • Pakistan: des mesures strictes imposées dans le Pendjab pour lutter contre la pénurie d'eau
    2025/04/06
    L'assèchement de l'Indus, le fleuve qui traverse les deux provinces greniers à blé du Pakistan, le Pendjab et le Sind, fait craindre le pire pour les récoltes de la fin de l'hiver. Selon les autorités, la pénurie d'eau pourrait atteindre 35% dans les semaines à venir. Selon de récentes prévisions, les barrages d'eau dans la région atteindraient le niveau zéro d'ici à un mois. La situation est alarmante. Les pénuries croissantes d'eau deviennent la norme chaque année au Pakistan, qui se trouve sur la ligne de front du changement climatique. Il y a plus d'un mois, les autorités de la province du Pendjab ont décidé de pénaliser le gâchis d'eau dans le secteur privé. De notre correspondante dans le Pendjab, Sonia Ghezali, et avec la collaboration de Shahzaib Wahlah« Allume la pompe. » Chaque jour, c'est le même rituel pour Mohammad Awais Mubarak : il ordonne à ses employés d'enclencher le système électrique de pompage de l'eau souterraine. Pour irriguer son champ de huit hectares de fraises, de blé et de maïs, il n'a pas d'autre choix, les canaux reliés à la rivière Ravi étant complètement secs.Mohammad Awais Mubarak possède des terres agricoles. « L'assèchement de la rivière a entraîné une baisse du niveau de la nappe phréatique. Dans le passé, nous pouvions obtenir de l'eau à 23 mètres de profondeur. Aujourd'hui, il faut aller à au moins 46 mètres. Et le coût pour creuser un nouveau puits s'élève à plus de 3 300 euros, alors qu'avant, cela coûtait la moitié de cette somme. De plus, les puits s'assèchent rapidement et nous devons constamment en creuser de nouveaux », confie-t-il.L'agriculteur cultive ses huit hectares de terres depuis plus de 20 ans. Mohammad Awais a dû s'adapter à l'assèchement de la rivière et à ses conséquences : « Les années précédentes, nous cultivions beaucoup de riz ici, mais maintenant, nous pensons que nous ne pourrons plus en cultiver et que nous devrons passer au maïs, parce que cela demande moins d'eau. »À lire aussiLe Pakistan sur la ligne de front du réchauffement climatiqueLe recyclage de l'eau désormais imposéÀ Lahore, la capitale provinciale, les autorités locales ont décidé de passer à l'action. Elles ont imposé depuis quelques semaines aux entreprises, aux usines et aux stations de lavage automobiles, l'installation d'un système de recyclage de l'eau. L'Agence de la protection de l'environnement a pour mission de faire appliquer ces mesures. Ses agents sillonnent la ville en quête de contrevenants. Ce jour-là, ils s'arrêtent dans une station de lavage. Les employés sont en train de laver une voiture à grande eau grâce à l'aide d'un long tuyau.« Où se trouve votre système de recyclage ? Arrêtez votre travail maintenant. Où stockez-vous l'eau sale ? », demande l'un des agents. Un employé désigne une cale en sous-sol : « Il y a un réservoir souterrain ici. » « Où va l'eau ensuite ? », reprend l'agent. « Dans les canalisations », répond l'employé. « Vous n'avez pas de système de recyclage ? », questionne l'agent. Il n'y a, en fait, aucun système de recyclage. Un des agents tend au propriétaire une amende de 164 euros, soit trois fois les recettes journalières de sa station de lavage.L'inspecteur Khurram ordonne la fermeture immédiate des locaux jusqu'à nouvel ordre. Il déplore le gâchis d'eau répandu dans la province : « ​​​​​​​L'eau doit être recyclée et réutilisée. Sans ce système, les pompes à essence, les stations de lavage ou les industries ne sont pas autorisées à fonctionner, car le niveau de la nappe phréatique s'épuise très rapidement. »L'inspecteur n'est pas confiant quant à l'avenir. Selon lui, les pénuries ne feront que s'aggraver, le gâchis d'eau étant ancré dans les habitudes domestiques, lesquelles ne font l'objet d'aucun contrôle. Selon de récentes études, d'ici à 2040, le Pakistan pourrait devenir le pays dont les réserves d'eau seront les plus faibles de la région.À écouter aussiComment s'adapter aux prochaines pénuries d'eau ?
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  • États-Unis: les taxes douanières de Donald Trump contraignent certaines PME à s'expatrier pour survivre
    2025/04/05

    Aux États-Unis, les taxes douanières « réciproques » voulues par Donald Trump sont entrées en vigueur le 2 avril 2025. Elles s'ajoutent à d'autres droits de douanes déjà en vigueur visant notamment le Canada, la Chine et le Mexique. Le président américain assure que ces mesures vont booster l'économie de son pays, mais en réalité, les industriels, les commerçants, les consommateurs s'inquiètent. Certaines petites entreprises payent déjà le prix de ces dispositifs, qu'elles répercutent sur leurs prix de vente.

    De notre correspondante à New-York,

    « C'est très difficile de prévoir quoi que ce soit » : Annie Bassin l'avoue, cela fait plusieurs semaines qu'elle vit avec la peur au ventre, inquiète de devoir mettre la clé sous la porte. Avec son mari néerlandais, cette New-Yorkaise est à la tête d'une petite entreprise de huit employés, lancée il y a huit ans. Le couple fabrique et vend une boisson bio à base de gingembre dont il vante les bienfaits pour la santé. Mais depuis que Donald Trump a imposé des taxes douanières, les bouteilles qu'ils importent de Chine leur coûtent plus cher. « On avait déjà eu 25% de taxes douanières en 2016, et là, c'est 20% de plus ! »

    Fabriquer leurs bouteilles aux États-Unis leur coûterait trois fois plus. Alors, pour faire face à cette situation, Annie et son mari Allard van Hoorn ont dû faire des choix difficiles : « Malheureusement, on va licencier 80% de notre staff. C'est triste, mais c'était devenu irresponsable de continuer sur le même modèle. C'est trop risqué. » Pour Annie, « c'est très dur, parce que ce n'est pas juste de la théorie, la vie de ces gens est affectée ».

    Changer de stratégie

    Une situation d'autant plus difficile que depuis sa création, la petite entreprise ne cessait de prospérer et réalisait un chiffre d'affaires annuel d'un million de dollars. Des revenus en baisse depuis l'élection, selon Annie, car les Américains font plus attention à leurs dépenses. La politique de Donald Trump a tout chamboulé : « Les taxes douanières, ce n'est pas génial, mais au moins, on sait à quoi on a affaire et on peut s'adapter. Mais l'imprévisibilité, les changements de politique toutes les cinq minutes... C'est quasiment impossible de gérer un business dans ces conditions. Au moindre souci, nous sommes vulnérables. »

    Alors, pour sauver leur entreprise, Annie et Allard ont décidé de changer de formule. Ils ferment leurs locaux et confient l'emballage et l'expédition de leurs produits aux États-Unis à une autre société. Et surtout, ils ont décidé de s'expatrier. « C'est crucial pour nous d'être flexibles, de serrer les dents pour survivre, explique la commerçante. C'est compliqué de rester ici. On est fiers de ce qu'on a construit et on est certains de pouvoir refaire la même chose dans un environnement plus sain. »

    Tout en gardant sa branche américaine, le couple mise désormais sur le marché européen. Ils comptent ouvrir une autre petite entreprise de production de boissons à base de gingembre en Grande-Bretagne, puis au Portugal. Avec, peut-être, un retour aux États-Unis dans quatre ans.

    À lire aussiLes producteurs européens de vins et spiritueux inquiets face à la bataille des taxes

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  • En Allemagne, un bilan mitigé pour la dépénalisation partielle du cannabis, un an après
    2025/04/04

    C’était l’une des principales réformes de société promises par le gouvernement Scholz. Il y a un an, l’Allemagne dépénalisait la consommation et la culture du cannabis à des fins récréatives. 150 clubs de consommateurs ont depuis ouvert à travers le pays. Les cannabis sociaux clubs, comme on les appelle dans le pays, sont la base de la réforme, censés garantir la qualité des produits distribués légalement tout en luttant contre le marché noir.

    De notre envoyée spéciale à Erfurt,

    Nous sommes mercredi, jour de distribution dans le Cannabis Social Club d’Erfurt, en Allemagne. Deux sortes de fleurs de cannabis sont proposées par le club, cultivées par les membres sous strict contrôle sanitaire. La première récolte, en janvier, a donné 30 kilogrammes, la distribution, deux jours par semaine, est limitée à 20 grammes par membre et par mois, à raison de cinq euros le gramme, c’est deux fois moins que sur le marché noir. Les membres sont satisfaits.

    « Je suis tout à fait satisfait. Super bon goût et effet très agréable », apprécie l'un d'entre eux. « L'avantage, c’est qu’on ne doit pas se fournir sur le marché noir. On n’a plus l’impression de faire quelque chose d’interdit. On peut acheter de la bonne qualité. Et le prix est beaucoup plus avantageux qu’au marché noir », estime un autre. « Alors la quantité distribuée pourrait être un peu plus élevée. Souvent, ça m’est arrivé, surtout quand j’avais mon cancer, de me faire arrêter par la police. J’avais du cannabis sur moi. Et qu'ont-ils fait ? Bien sûr, ils me l’ont confisqué ! Je me sens bien plus libre maintenant, clairement », confie un membre.

    En Allemagne, 450 clubs ont déposé une demande d’autorisation, dont les deux tiers des dossiers sont toujours sans réponse. Hermann Klatt, le président du Cannabis Club d’Erfurt, se souvient des difficultés rencontrées. « Il faut avoir les gens qui s’y connaissent, et qui sont prêts à investir leur temps, beaucoup de temps. On a dû rassembler 250 000 euros de fonds privés, sans banques, sans soutien, rien », se remémore-t-il.

    Mais la légalisation très encadrée est encore fragile. À Berlin, les partis conservateurs ont promis un retour à la prohibition sous le gouvernement Merz. « Nous, dans le gouvernement régional bavarois, on a dit dès le départ que la légalisation du cannabis est une erreur et nous n’avons pas changé de position », affirme Joachim Herrmann, membre de la très conservatrice CSU bavaroise.

    À Erfurt, l’inquiétude est palpable. « Le vrai danger, c’est que dans les négociations de coalition, le SPD ne laisse tomber les consommateurs de cannabis, pour obtenir des concessions des conservateurs sur d’autres questions. Vous voyez bien, les gens qui viennent ici s’approvisionner en cannabis, ce ne sont pas des criminels. Mais si on revenait à la prohibition, ils seraient tous criminels », s'exclame-t-il. Selon les estimations, 17 % des adultes consomment en Allemagne du cannabis

    À écouter aussiAccents d'Europe: quel bilan pour le cannabis légal en Allemagne?

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  • Dans l’enclave russe de Kaliningrad, des Européens décrits comme «ni amis, ni ennemis»
    2025/04/03
    Le territoire de 15 000 mètres carrés frontalier de la Pologne, de la Lituanie et de la Biélorussie et relié à la Russie à travers les 70 kilomètres du corridor de Suwalki, est à la fois une forteresse ultra-militarisée au bord de la mer Baltique et un territoire qui entretenait avant la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales des liens étroits avec l’Europe. Reportage dans ce territoire « baromètre » des relations UE-Russie. De notre envoyée spéciale à Kaliningrad,Kaliningrad, fin de journée, un stade dans la ville. Une partie de football dans la lumière claire du printemps malgré le froid, des coureurs sur la piste et deux adolescents de 17 ans qui déboulent, sourire aux lèvres, mais visage sérieux. Pavel et Eugène sont venus s’entraîner pour leurs futurs concours d’écoles supérieures. Membres d’un des clubs militaro-patriotiques de la ville, ils visent des établissements d’études militaires supérieures prestigieux en Russie.Pavel postule à l'École navale de Saint-Pétersbourg, « parce que je considère qu'être militaire dans notre pays est un honneur » dit-il ; Eugène à l'École supérieure d'artillerie de Moscou. Ce dernier se définit comme « un patriote qui veut défendre son pays jusqu'à la dernière goutte de son sang ». Eugène se dit aussi « convaincu que les Iskander sont des armes de haute technologie capables d'accomplir n'importe quelle mission et fier que nos scientifiques puissent réaliser de telles performances avec cette arme ».Les Iskander sont déployés à Kaliningrad depuis 2018. Ces missiles sont capables d’envoyer des charges conventionnelles ou nucléaires à 500 kilomètres et peuvent donc atteindre rapidement plusieurs pays voisins directs de cette enclave. Cette fierté de les héberger sur le territoire de Kaliningrad, également siège de la flotte russe de la mer Baltique, est évidemment partagée par le dirigeant de leur club qui a demandé à être présenté sous le pseudonyme sous lequel il dit être connu sur les réseaux sociaux et dans la région, celui de Maxim Maximosvky, 37 ans, fonctionnaire dans le civil, volontaire bénévole pour ce club.« Les Iskander, c'est bien que tout le monde y pense et les craigne », avance-t-il. « C'est même très bien. C'est notre totem de protection. Bien sûr, nous sommes un os dans la gorge de l'Europe. » Reste que Maxim Maximosvky se présente comme très proche de la ligne de l’État russe en affirmant : « On ne peut pas dire que Kaliningrad est entourée par des pays ennemis. Pour moi, ils sont, comme Vladimir Poutine les a désignés, des pays "inamicaux". Il n’y a pas si longtemps, la population locale voyageait librement et souvent juste pour la journée en Pologne, en Lituanie, en Allemagne, par bus. La région était très tournée vers l’Europe, et ses habitants largement perçus dans le reste de la Russie comme presque Européens, tout en étant des citoyens russes. Mais quand les frontières ont fermé, ils sont devenus indésirables en Europe. Les citoyens de Kaliningrad se sont donc rappelés qui ils étaient et ont réorienté leur vie. »La nouvelle donne post-2022En juin 2022, la tension est montée en flèche entre Kaliningrad et ses voisins. Appliquant les sanctions européennes contre la Russie, la Lituanie a bloqué le transit par voie ferrée de certaines marchandises vers ce territoire. Moscou a dénoncé un « blocus ». Jusque-là, tous les mois, une centaine de trains de passagers et de marchandises non militaires reliaient Kaliningrad à la Russie continentale, en passant par la Biélorussie, alliée de Moscou, et la Lituanie, membre de l’Union européenne (UE) et de l’Otan depuis 2004. La mise en place de ce transit était l’une des conditions imposées à la Lituanie lors de son adhésion à l’UE.Après une énorme exposition médiatique, les tensions officielles sont retombées. Mais aujourd’hui, Kaliningrad est surtout reliée pour le trafic des biens à la Russie par des ferrys venus de Saint-Pétersbourg, et si personne ne se plaint tout haut de ruptures d’approvisionnement, on soulève des problèmes de transit. Sous couvert d’anonymat, une cadre d’une usine de viandes a ainsi affirmé à RFI que ses camions vers la Russie continentale pouvaient être bloqués des jours entiers pour de longs contrôles douaniers organisés par la Lituanie, handicapant ainsi ses exportations, très dépendantes de dates limites de consommation. En 2023, des médias d’investigation comme Siena ont eux révélé que des engrais biélorusses sous le coup de sanctions européennes continuaient de transiter par le pays balte. Le ministère des Transports avait, dans la foulée, annoncé un renforcement des contrôles à toutes ses frontières.L’inflation, elle, déjà très élevée en Russie, bat des records à Kaliningrad : + de 10 % rien qu’en décembre, selon les chiffres officiels de l’...
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  • Turquie: face à la répression, la détermination sans faille de la jeunesse d'Istanbul
    2025/04/02

    En Turquie, plus de 300 manifestants sont toujours détenus après les arrestations massives qui ont suivi l’incarcération d’Ekrem Imamoğlu. Ces étudiants encourent, pour la plupart, jusqu’à trois années de prison pour participation à des manifestations non autorisées. Leurs proches et leurs avocats dénoncent leurs conditions de détention et demandent leur libération immédiate.

    De nos envoyés spéciaux à Istanbul,

    Nafia Tanriverdi a les traits tirés malgré le maquillage : depuis dix jours et l’arrestation de son frère Baki, cette jeune comédienne n’a cessé de se battre pour lui venir en aide. « Après l’incarcération d’Ekrem Imamoğlu, mon frère a rejoint les manifestants. Ensuite, nous n’avons pas eu de nouvelles de lui pendant deux jours. Nous avons pensé aux pires des scénarios. Nous l’avons cherché partout, en allant dans les commissariats. Et finalement, nous l’avons trouvé à la fin du deuxième jour. On ne s’attendait pas du tout à ce qu'il soit arrêté, nous avons donc été très choqués », raconte-t-elle.

    Le jeune homme n’avait jamais participé à une manifestation de sa vie et il risque désormais de six mois à trois années de prison. Sa vie a basculé, comme celle de plus de 300 personnes arrêtées durant les manifestations ces derniers jours en Turquie. L’avocate Bedia Büyükgebiz dénonce un abus de pouvoir et une procédure entachée d’illégalité : « Ils ont été arrêtés pour avoir refusé de se disperser à l’issue d’une manifestation non autorisée. Mais d’après la loi, ils ne devraient pas être incarcérés jusqu’à leur procès. Pour nous, il s’agit d’arrestations illégales. La réalité, c'est que le gouvernement a peur des manifestations et ne veut pas qu’elles continuent. Il veut effrayer les étudiants et leurs parents en leur disant : ne sortez pas de chez vous, n’allez pas dans la rue, sinon on vous arrêtera. »

    Une peur alimentée par les récits des mauvais traitements subis en détention : coups, insultes, humiliations. Une peur nourrie également par les arrestations au petit matin, aux domiciles des manifestants. Cette étudiante nous confie se réveiller tous les jours avec cette angoisse : voir débarquer les policiers à son domicile. « Comment la police trouve-t-elle les adresses ? Ils doivent scanner les images filmées pendant les manifs avec la reconnaissance faciale. Nous, pour éviter cela, nous avons trouvé la solution : porter des masques », explique-t-elle.

    Dans ce parc d’Istanbul, à l’écart des caméras, une poignée d’étudiants débat de la conduite à tenir en cas d’interpellation. Ils échangent des conseils, des contacts d’avocat ou de proche à prévenir en cas d’arrestation. « Oui, nous avons tous peur, en particulier les femmes, parce que nous avons vu et entendu que la police était particulièrement dure avec les femmes. Cela me fait peur, mais cela ne m’a pas empêché de rejoindre les manifestations. Je n’aurais pas pu rester chez moi à la maison, sans rien faire. Il fallait nous battre pour notre avenir et contre l’injustice », affirme-t-elle. Car il n’est pas question d’abandonner la contestation. D’ailleurs, à la libération d’Ekrem Imamoğlu, s’ajoute désormais une autre revendication : la remise en liberté des 300 personnes arrêtées durant les manifestations.

    À lire aussiTurquie: l’opposition appelle au boycott et à une journée sans achats en soutien aux manifestants détenus

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  • Taïwan: TSMC investit 100 milliards de dollars aux États-Unis, pour éviter la colère de Trump ?
    2025/04/01

    L’entreprise taïwanaise TSMC a annoncé début mars la construction de cinq usines de dernière génération aux États-Unis. Mais sur l’île qui produit 90 % des semi-conducteurs de pointe de la planète, certains voient cette industrie comme l’assurance-vie de l’île. « Le bouclier de silicium » comme elle est souvent surnommée. Car sans ces puces électroniques, le commerce mondial ne peut fonctionner. Ce qui garantit selon certains le soutien militaire américain contre la Chine. Mais est-ce que ce nouvel investissement, une concession à Donald Trump qui menaçait l’île de représailles douanières, a mis en danger la sécurité de Taïwan ?

    Au Lifayuan, l’Assemblée taïwanaise, les débats autour des 100 milliards de dollars d’investissements de TSMC aux États-Unis sont houleux. Depuis l’annonce, effectuée début mars à la Maison Blanche, par le président taïwanais Laï Ching-te et celui de l’entreprise, l’opposition est vent debout. « La plupart des taïwanais sont inquiets que cet investissement puisse nous priver de l’avantage dont on dispose dans le domaine des semi-conducteurs de dernière génération et que ce genre d’investissement porte atteinte à la sécurité nationale » explique Chance Hsu, directeur adjoint des affaires internationales du Kuomintang.

    Si Donald Trump, qui a longtemps accusé Taïwan de voler le marché des semi-conducteurs, n’a plus besoin des puces taïwanaises, pourquoi défendrait-il l’île ? Réponse, dans les couloirs de l’assemblée, de Robert Tsao, milliardaire créateur d’UMC, une autre entreprise de semi-conducteurs : « L’investissement de TSMC a été fait à l’invitation de Donald Trump, c’est un signe très positif pour consolider la relation entre Taïwan et les États-Unis. » Quant au risque de voir les dernières générations de puce quitter Taïwan et partir aux États-Unis, l'homme d'affaires se veut rassurant. « Non, cela va rester dans l’entreprise. N’importe quel développement aux États-Unis peut être utilisé à Taïwan. Tout cela va rester à Taïwan, c’est du n’importe quoi ».

    Au cœur des débats, les dernières générations de puces. Le gouvernement taïwanais a assuré qu’elles ne seraient pas produites aux États-Unis. Pour l’instant, elles sont manufacturées en grande partie au parc industriel de Xinzhu, à une heure au sud de Taipei. C’est là qu’est né le géant des semi-conducteurs, TSMC. Les puces – qui permettent à nos téléphones, ordinateurs et voitures de fonctionner – sont fabriquées dans d’immenses usines, frappée du logo rouge de l’entreprise taïwanaise. Un chantier permanent : à chaque nouvelle génération de puces, une nouvelle usine voit le jour.

    L’entreprise a accepté de nous accueillir dans son musée, mais interdit tout enregistrement sonore à l’intérieur. Alors, pour briser le culte du secret, il faut se tourner vers les anciens employés. « Ces puces vont être très proches technologiquement de celles produites à Taïwan. Taïwan commencera sûrement la production avant, mais cela prendra peu de temps de transférer aux États-Unis », estime Konrad Young, universitaire ayant longtemps été directeur de la recherche et du développement à TSMC. « En un sens, cela réduit l’effet de protection du "bouclier". Mais est-ce que TSMC veut être un bouclier ? Je ne sais pas. »

    Avec 40 000 emplois bientôt créés aux États-Unis, TSMC a au moins offert au camp Trump un argument pour défendre Taïwan à ses électeurs.

    À lire aussiChine vs États-Unis : avec le retour de Donald Trump, un grand clash aux effets planétaires

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  • Turquie: les étudiants en tête des manifestations de soutien à Ekrem Imamoğlu
    2025/03/31

    Ils sont en première ligne de la protestation qui secoue la Turquie depuis l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoğlu, et son incarcération le 23 mars. Les étudiants turcs manifestent, débattent et s'organisent non seulement pour défendre Ekrem Imamoğlu, le principal rival politique du président Recep Tayyip Erdogan, mais surtout pour leur avenir, qu'ils estiment menacé et bouché par le régime actuel, avec lequel ils ont grandi.

    Un reportage de notre correspondante à Ankara à retrouver dans la longueur dans Accents d'Europe.

    À lire aussiTurquie: les partisans de l'opposant Ekrem Imamoglu ne veulent pas baisser les bras

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  • Nouvel An au Kurdistan irakien: le pèlerinage à Qandil des familles de combattants du PKK
    2025/03/29

    Chaque année, les soutiens du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se réunissent au printemps pour fêter le Nouvel An kurde dans les montagnes du Kurdistan irakien, où la guérilla s'est réfugiée. Alors qu'un processus de paix est en cours entre le mouvement kurde insurgé et l'État turc, les familles des combattants ont profité de l'occasion pour prendre des nouvelles de leurs proches engagés au sein du PKK. Elles espèrent que le processus de paix leur permettra de retrouver la vie civile.

    De notre correspondant à Qandil,

    L'espace d'une nuit de danse, de musique et de discours, les partisans du PKK se réunissent pour célébrer Norouz, le Nouvel An kurde. Une fois par an, la guérilla leur ouvre ses portes dans son bastion des montagnes de Qandil, au nord de l'Irak. Pour les familles des insurgés, c'est aussi l'occasion d'un discret pèlerinage, à l'image de Shaya, dont la fille est morte au combat en 2006 : « Je suis venue fêter Norouz à Qandil pour sentir le parfum de ma fille, Zilan, et de tous ses camarades qui sont morts pour la liberté des Kurdes. »

    Protégée par des cimes escarpées qui s'élèvent à plus de 3 000 mètres, la plaine de Qandil est une forteresse naturelle. C'est ici que le PKK a installé ses quartiers généraux dans les années 1990, ainsi que les académies militaires et politiques au sein desquelles les aspirants combattants se forment à la guérilla. « Qandil est un endroit très spécial et on sait que nos enfants sont tous passés par ici, au cœur de la révolution. Zilan a vécu presque un an à Qandil. Ces arbres qui nous entourent nous rappellent nos enfants. Ils ont poussé sous leurs pieds et ont été arrosés par leur sang », poursuit Shaya.

    Espoir de retrouver des proches

    De nombreux combattants du PKK sont tombés à Qandil, constamment bombardé par les drones de la Turquie. Leurs portraits juvéniles sont exposés aux regards le long de la route qui serpente dans la montagne et devant lesquelles des familles viennent se recueillir. D'autres sont à la recherche d'informations : « La plupart des mamans viennent à Qandil pour Norouz avec l'espoir d'apercevoir leurs enfants. Or, c'est possible qu'ils soient déjà morts, mais qu'elles ne le sachent pas encore. »

    En marge des festivités, des femmes le visage recouvert d'un voile blanc arrêtent un homme à l'allure d'officier et font défiler des photos sur leurs téléphones. Trois enfants d'Amina sont déjà morts dans les rangs du PKK et deux de ses filles sont toujours mobilisées. La maman est inquiète : « Je n'ai pas de nouvelles de mes filles. Je ne les ai pas vues ici, je ne sais pas où elles sont. J'espère qu'elles sont vivantes. »

    Les règles du PKK sont particulièrement strictes et les contacts avec les familles prohibés. À l'abri dans sa tente battue par la pluie, Fatima a eu plus de chance et peut se réjouir : « Cette année, je suis venue à Qandil pour la première fois. Ça fait près de 20 ans que je n'avais pas vus certains membres de ma famille. J'ai une fille ainsi que deux oncles qui se battent ici, dans les montagnes. J'ai pu voir les voir aujourd'hui, c'était formidable de pouvoir leur parler, ils m'ont tellement manqué. Je leur souhaite d'être libres bientôt. »

    Sur la scène principale, les discours politiques s'enchaînent. Cette année, le Nouvel An kurde s'inscrit sous le signe des négociations de paix engagées entre la guérilla du PKK et la Turquie : « Je souhaite que les prisonniers soient libérés et que nous puissions rentrer chez nous parce que nous sommes des réfugiés ici au Kurdistan irakien. »

    C'est dans l'exil que les enfants de Fatima ont emprunté les sentiers de la guérilla, et c'est ici, dans les montagnes de Qandil, que seront discutés ces prochains mois les détails du processus de paix par les chefs du PKK.

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