エピソード

  • Inde: la fin annoncée de l'extrême pauvreté dans l'État de Kerala fait débat
    2025/12/04

    En Inde, le Kerala affirme depuis peu en avoir fini avec l'extrême pauvreté. C’est une première parmi les États d'Inde, un pays qui reste encore souvent associé aux scènes de misère. Le Kerala est un État communiste, avec de fortes politiques publiques dans la santé ou l'éducation. Sur place, certains jugent cependant que l'annonce de la fin de la pauvreté est précipitée.

    De notre correspondant à Kerala,

    La maison de Rajan et Jayanthi, au carrelage impeccable, a été inaugurée il y a moins d'une semaine. Le couple, qui habite la région montagneuse et tropicale de Wayanad, en Inde, revient de loin.

    « J'étais conducteur d'auto rickshaw. Mais durant le Covid-19, j'ai eu un grave accident. Je suis resté en chaise roulante. Ma femme et mes deux enfants ont été soudainement privés de revenus. Nous survivions dans une cabane, sans espoir. Heureusement, le gouvernement est venu nous aider », raconte Rajan.

    Grâce au programme d'éradication de la pauvreté, Rajan et Jayanthi achètent une mini-échoppe, puis reçoivent un apport pour construire leur maison. Aujourd'hui, le couple relève la tête, comme d'autres, explique un élu local. « Dans le district, nous avons identifié 118 familles comme extrêmement pauvres. Avec notre aide, 22 ont pu construire une maison, six ont eu des terres à cultiver, 43 ont bénéficié d'aide alimentaire, 14 ont pu trouver un boulot, etc. »

    Sarojini, une femme isolée, en a aussi bénéficié. « J'ai 60 ans et je travaillais dans l'agriculture, en gagnant un peu plus d'un euro par jour. Désormais employée dans des toilettes publiques, je gagne plus de trois euros. Ça a vraiment changé ma vie. »

    « Plus personne ne fait face à une pauvreté extrême »

    Le plan contre la pauvreté du Kerala, encore aujourd'hui dirigé par le Parti Communiste, remonte à 1997. En ce mois de novembre, le dirigeant de cet État du Sud affirme qu'il a atteint cet objectif fondamental. « Il y a 50 ans, les chercheurs nous classaient parmi les États les plus défavorisés de l'Inde. Aujourd'hui, plus personne ne fait face à une pauvreté extrême au Kerala », souligne Pinarayi Vijayan.

    Mais comment définir la pauvreté extrême ? Si la Banque mondiale se base sur le salaire quotidien, le Kerala mélange critères économiques, sanitaires et alimentaires. L'économiste P. R. Kannan déplore un manque de transparence : « Le Kerala avance, c'est indéniable. Mais avant d'affirmer que la pauvreté a disparu, le gouvernement doit publier ses données, sa méthodologie et les experts qui ont encadré ces statistiques. »

    Les aides du gouvernement échappent aux personnes isolées

    Nusrath, une élue de l'opposition à Wayanad, nous a emmenés rencontrer des habitants ignorés, selon elle, par les programmes du gouvernement. « Il y a des gens qui, parce qu'ils sont trop isolés, échappent encore aux aides gouvernementales. Si nous, dans l'opposition, validons que la pauvreté a disparu, les budgets vont disparaître alors qu'ils en ont encore grand besoin ! »

    Pour l'instant, le gouvernement du Kerala n'a pas clairement répondu aux experts et opposants qui jugent qu'il crie victoire trop rapidement.

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Roumanie: le chauffage, un enjeu politique des prochaines élections municipales ancitipées à Bucarest
    2025/12/03

    Pas d'eau chaude ni de chauffage pendant une à deux semaines par mois, voire plus : C'est le quotidien de centaines de milliers d'habitants de la capitale roumaine Bucarest. Le réseau de chauffage municipal construit sous le communisme est un des plus grands au monde, mais souffre de vétusté. Les réparations traînent, sur fond de divisions des responsabilités entre la ville et le gouvernement, et sur fond également de tensions politiques. Pour les Bucarestois, qui s'apprêtent à élire leur maire dimanche 7 décembre 2025, cette question de l'accès au chauffage est essentielle.

    Le reportage de Marine Leduc est à écouter dans son intégralité dans le podcast Accent d'Europe.

    À lire aussiRoumanie: le pro-européen Nicusor Dan remporte l'élection présidentielle

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Ukraine: la loi autorisant les 18-22 ans à sortir du territoire crée un vif débat dans le pays
    2025/12/02

    Les premières neiges de cet hiver en Ukraine ont un goût amer. L’armée ukrainienne a reculé de plus de 700 km² au mois de novembre, selon un décompte de l’AFP, un record depuis un an. Alors que les perspectives d’une paix concrète semblent lointaines, de nombreux Ukrainiens veulent quitter le pays. Mais impossible de partir pour la plupart des hommes de plus de 25 ans mobilisables dans l’armée. Mais partir est possible pour les adultes de 18 à 22 ans, grâce à une nouvelle loi signée fin août. Celle-ci crispe pourtant la population, plongée dans la guerre depuis bientôt quatre ans.

    De notre correspondant à Odessa,

    La société ukrainienne est très partagée sur la loi autorisant les 18-22 ans à quitter le territoire. Beaucoup comprennent ceux qui veulent partir, mais ils regrettent un certain manque de nationalisme en temps de guerre. Car les bras pourraient manquer plus tard à l’armée.

    « Moi, je trouve ça vraiment nul. Les hommes, c’est fait pour défendre son pays, estime une habitante d'Odessa. Ils doivent protéger leurs femmes et leurs enfants. Ils doivent construire leur propre pays et pas un autre. Qu’ils restent seuls avec leur propre conscience ! En ce qui concerne cette loi, c’est du délire. Elle a été signée par nos dirigeants pour que leurs fils puissent partir. Pas pour ceux qui défendent l’Ukraine. »

    Misha fait partie de ceux qui veulent partir d'Ukraine. « Je n’ai absolument pas envie d’aller sur le front en ce moment, explique le jeune de 20 ans dans un café de la ville. Vous avez vu ce qui s’y passe ? Même ici, en ville, c’est très angoissant lors des bombardements et des alertes aériennes. Il n'y a pas longtemps, ma famille a même failli y passer lors d’un bombardement. Et c’est sans doute ça qui a renforcé mon désir absolu de partir. »

    « Commencer une nouvelle vie »

    « Quand j’ai vu que la loi [autorisant les jeunes de 18-22 ans à quitter le pays] allait entrer en vigueur, j’ai cru que c’était une blague, ou que le texte allait être immédiatement abrogé, poursui Misha. Mais un mois plus tard, la loi était toujours là. Alors, j'ai compris que c’était ma chance de quitter ce pays. Et de commencer une nouvelle vie. »

    Dans la famille même de Micha, certains s’opposent à son départ, comme sa belle-mère : « Elle n’aime vraiment pas l’idée que je m’en aille, c’est une femme très patriotique. Mais elle ne peut rien y faire, son avis et sa volonté n’ont aucune influence sur moi. Je lui dis que c’est ma vie, ma décision, que c’est moi seul qui décrète de ce que je veux faire. C’est mon choix à moi. »

    Misha, partira juste après les fêtes, les dernières qu’il passera en Ukraine selon lui.

    À lire aussiUkraine: les 18-22 ans autorisés de nouveau à sortir du territoire relance le débat sur la mobilisation

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • Royaume-Uni: les militants travaillistes hostiles à la réforme de l'immigration
    2025/12/01

    Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement travailliste a mis en place des politiques qui ont surpris à gauche au Royaume-Uni. La plus récente est la remise à plat du statut de réfugiés, qui durcit radicalement l'accès au droit d'asile et au regroupement familial. Le Labour a-t-il changé d'identité ? Beaucoup de militants peinent en tout cas à se reconnaître dans cette nouvelle gauche britannique.

    Le reportage de notre correspondante à Londres est à retrouver dans son intégralité sur notre site, dans le podcast Accents d’Europe ou sur notre antenne à 17h10 TU.

    À lire aussiLe Royaume-Uni menace de restreindre l'octroi de visas à trois pays africains

    À lire aussiLondres annonce des mesures «historiques» pour dissuader les migrants de rejoindre le Royaume-Uni

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Au Liban, la religion fait loi dans chaque étape de la vie
    2025/11/30

    Alors que pape Léon XIV est en visite au Liban, son déplacement met en lumière le système confessionnel qui régit le pays. En politique, le président doit être chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le président du Parlement musulman chiite. Bien au-delà de la politique, le confessionnalisme régit aussi la vie des Libanais, de la naissance à la mort, car il n’y a pas de code civil unifié. Ce sont les tribunaux religieux qui régissent le droit de la famille.

    De notre correspondante à Beyrouth

    Mariage, divorce et héritage : au Liban, toutes les étapes de la vie sont régies par le droit religieux. En banlieue de Beyrouth, au tribunal des chrétiens maronites, ce sont les lois du Vatican qui s’appliquent. Ici impossible de divorcer, seule une annulation du mariage peut être décidée sur des critères très restrictifs et après plusieurs rendez-vous pour tenter de réunir le couple. Mona Khoueiry, responsable du centre de réconciliation du tribunal maronite de Beyrouth : « Notre objectif, c'est de se réconcilier, de trouver une issue pour la famille, de garder le noyau familial. » Les violences conjugales ne sont pas un motif pour défaire les liens sacrés. Au final, c'est le juge qui tranche.

    Monseigneur Alwan se félicite de ne compter que 10% d’annulation de mariage : « Le système confessionnel aide beaucoup à ne pas aller au divorce facilement. Pas comme le divorce civil, s’ils se mettent d’accord pour divorcer, ils divorcent. Les gens ici sont plus attachés à la foi. »

    À chaque communauté sa justice

    Un argument également prôné dans les autres communautés. Comme chez les musulmans sunnites. Dans le quartier populaire de Tariq Jdidé, le tribunal sunnite applique la charia Le Cheikh Khaled Wael Chbare est l’un des juges : « Ce qu’on fait le plus, ce sont les mariages et les divorces. Si les deux parties sont d’accord, le divorce peut être prononcé en une heure. »

    Pour le juge Chbare, pas question de parler de changement : « Un projet de loi civile ou de mariage civil, nous ne l’acceptons pas. La société ne l’accepterait pas. Il y aurait un refus populaire et puis cela serait en conflit avec les tribunaux islamiques. »

    À chaque communauté sa justice. Mais dans ces conditions, il est difficile de se marier avec quelqu’un qui n’est pas de la même confession. Nadine Hamdan est Druze, Patrick Mattar chrétien maronite. Pour se dire oui, le couple a dû se marier civilement à Chypre, il y a quatre ans. Sur leur téléphone, ils nous montrent une vidéo de leur mariage.

    Comme Nadine et Patrick, de plus en plus de Libanais s’affranchissent de la religion et se marient à l’étranger.

    À écouter aussiDans quel Liban éprouvé arrive le pape Léon XIV ?

    À lire aussiLiban: les chrétiens en perte de vitesse dans un pays en survie

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Corée du Sud: «Renforcer le système immunitaire et stimuler l’esprit» par la thérapie forestière
    2025/11/29

    La forêt comme thérapie. En Corée du Sud, depuis 2016, l'Office national des forêts invite les Coréens à venir se relaxer et éliminer le stress dans des centres de thérapie publics. Au programme, marche et méditation à l'ombre des arbres. Une manière de se reconnecter avec la nature et de lutter contre la dépression et le mal-être dont souffre une grande partie de la population.

    De notre correspondant de retour de Jinan

    Un petit village au milieu des pins et des chênes de la forêt coréenne. Sur le plateau de Jinan a ouvert en 2024 le dernier des 22 complexes de forêts de bien-être en Corée du Sud. Nous rejoignons son directeur Kim Chang-hyun sur l'un des sentiers forestiers du centre. « Ici, nous sommes dans la vallée de Baegundong. On l'appelle également la forêt aux trois couleurs. En parcourant les sentiers forestiers, on peut simplement marcher, y compris pieds nus, explorer, faire de la méditation ou du yoga avec nos professeurs. Plein d'activités qui permettent de renforcer le système immunitaire et de stimuler l’esprit. »

    Loin de la ville, on vient se ressourcer, se détendre et méditer. Au-delà du calme, la forêt offre une expérience sensorielle qui serait bénéfique pour la santé mentale des participants : « Il y a un mot coréen, l'« im-sang » qui se rapporte à la nature : les odeurs, le paysage naturel, les sons de la vallée, de l’eau et des oiseaux. Toutes ces stimulations mêlées aux activités dont je vous parlais viennent créer une thérapie forestière. Cela fonctionne aussi bien pour les personnes avec un simple coup de mou ou celles souffrant de syndrome post-traumatique par exemple. »

    À lire aussiPourquoi la nature fait-elle du bien à la santé des humains?

    « Respirer les odeurs de la forêt et de la terre »

    De retour au village, les participants rejoignent leur séance de médiation avec des bols tibétains. Cet homme est venu avec sa femme et son fils pour échapper à la ville et son stress : « En ville, il y a beaucoup de monde, c’est bruyant et on vit à un rythme très rapide. Ici, on peut tout relâcher et se ressourcer. Cela m’a permis de me concentrer uniquement sur moi-même. Ce que je préfère, c’est sentir le vent frôler mes oreilles, respirer les odeurs de la forêt et de la terre. Mon fils adore les insectes, donc il court après les criquets. C'est bien que les enfants aussi puissent accéder à la nature. »

    Politique de santé publique, ces centres de thérapie restent abordables, comptez moins de 50 € par personne pour un week-end complet. Kang Daejin, un autre participant venu pour deux jours, s'estime satisfait de l'offre : « J'ai connu le centre grâce à des proches. Par rapport aux hôtels ordinaires, c’est plutôt abordable et puis le cadre est assez exceptionnel. Je crois qu’il est important d’avoir, dès le plus jeune âge, et jusqu’à un âge avancé, toutes sortes d’expériences de ce type dans la nature. »

    Depuis le lancement de ces programmes en 2016, déjà près d'un million de Sud-Coréens sont allés méditer à l'ombre des pins.

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • En Syrie, les dernières brodeuses tentent de relancer leur activité ancestrale dévastée par la guerre
    2025/11/28

    Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, un groupe de femmes tentent de faire survivre l'art traditionnel de la broderie en Syrie. Durant la guerre, la plupart d'entre elles ont été forcées à l'exil ont ont été tuées dans les bombardements. De 1 000, elles sont passées à 80. Ces rescapées essaient de relancer leur business, pour récupérer des fonds et reconstruire leurs villages, ainsi que pour former les nouvelles générations, et que jamais ne se perde cette tradition.

    Une dizaine de femmes se sont réunies dans une petite salle, un sac plastique à la main. À l'intérieur, des bouts de tissus colorés et des broderies qu'elles ont ces derniers mois fabriqués. Objectif : les vendre dans une galerie à Damas, explique Jamilé, pour faire revivre cet art en perdition. « Sur cette broderie, j'ai dessiné la montagne, l'herbe, et ici le linge suspendu. Au loin, il y a les maisons détruites par la guerre », détaille-t-elle.

    Comme les autres femmes ici présentes, Wattah, 61 ans, brode les contours de son village. Des dessins qui ont, depuis la guerre, perdus de leurs éclats. « Avant la guerre, nous étions plus sereines. Tout était beau à voir. Les terres verdoyantes, la tempête, les oiseaux... Désormais, notre humeur est plus morose. Même les couleurs que nous utilisons pour broder sont plus déprimantes », soupire-t-elle.

    Plus moroses, déprimantes, dit-elle, depuis qu'elles ont dû fuir leurs villages. Parmi elles, Um Loaï. Avant la guerre en Syrie, elle supervisait le travail de 200 femmes depuis sa maison, en périphérie d'Alep. Elle rêve aujourd'hui de s'y réinstaller afin de relancer son activité, mais sur place. « Quand je viens ici, c'est dur. Je ressens beaucoup de peine parce que... Regardez. C'est vrai, ce ne sont plus que des ruines, mais ça reste ma maison. Ma propre maison, que j'avais décoré avec l'argent des broderies », montre-t-elle en sanglotant.

    Partout, des impacts de balles, des murs éventrés... Les traces des années de combat entre le régime et l'armée syrienne libre, et des années d'occupation du groupe État islamique (EI). « Quand je suis arrivée ici pour la toute première fois, j'ai pleuré à chaudes larmes. Les portes avaient été volées, toute la maison avait été pillée », se remémore-t-elle.

    Sur la terrasse de la maison dans laquelle elle est réfugiée, Um Loaï compte les billets de ses dernières ventes. Aujourd'hui, coûte que coûte, elle et les dernières brodeuses essaient de remonter leur business. « ​​​​​​​On veut reconstruire nos villages. On a déjà installé un système de dessalement de l'eau financé par nos économies et par des dons. On a planté des oliviers sur nos terres et creusé un puits. J'essaie de rassembler à nouveau les filles pour broder. Mais c'est très difficile », confie-t-elle.

    À la tête de cette petite entreprise, il y a une Allemande, Heike Weber, tombée d'amour pour la broderie syrienne dans les années 1980. Depuis Damas, elle supervise le travail des dernières brodeuses et collectionne les pièces pour les vendre une à une. « Maintenant, elles sont assises entre quatre murs, sans lumière. La plupart de leurs maisons sont très sombres. L'inspiration de leur environnement, c'est très important pour créer. Si elles ne peuvent pas retourner dans leur village, je pense que tout cela va mourir », redoute-t-elle.

    Demain, Heike Weber recevra de nouvelles femmes pour leur apprendre la broderie. Pour que tout cela ne meure pas et que la tradition perdure.

    À lire aussiReconstruction de la Syrie: une opération à 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • En Suède, fronde locale contre le plan de retour volontaire des immigrés
    2025/11/28

    En Suède, la fronde monte contre la politique migratoire du gouvernement. Partout dans le pays, des élus locaux refusent de participer au programme d’aide au retour volontaire des immigrés, voulu par la droite et l’extrême droite au pouvoir. Un mouvement inédit qui prend la coalition gouvernementale de court. Notre correspondante en Suède, Ottilia Férey, s’est entretenue avec plusieurs de ces mairies.

    « Merci mais non merci ». C’est ainsi que le maire de Jokkmokk, petite ville du nord de la Suède a catégoriquement décliné l'invitation du gouvernement à une rencontre pour discuter du rapatriement volontaire. « Nous n’avons aucune personne que nous voulons envoyer hors de notre commune ou à l’étranger. Au contraire, nous avons besoin de plus de personnes qui viennent s’installer et travailler ici, à Jokkmokk. Dans la commune voisine, appelée Boden, il y a une maison de retraite dans un petit village nommé Harads. En quelques années, vingt employés ont été expulsés. Ils venaient d’un centre d’accueil pour réfugiés situé à Harads, et plusieurs avaient été recrutés pour travailler dans les soins aux personnes âgées. Vingt personnes ! C’est tout un effectif ! Toutes travaillaient, payaient leurs impôts et percevaient des salaires conformes aux conventions collectives ».

    « On ne peut pas envoyer aux gens le message qu’ils sont indésirables »

    C’est lui, Roland Boman, qui a, depuis le cercle polaire, pour ainsi dire lancé le mouvement. « Ce que je vois aujourd’hui en Suède, c’est que les personnes qu’on expulse, ce sont des gens qui travaillent. Tout est désormais axé sur les représailles et les punitions. Plus personne ne parle d’humanisme ».

    Cette révolte s’est rapidement étendue au reste du pays jusqu’à l’extrême sud, à Malmö où le conseiller municipal Sedat Arif est atterré par ce budget de 217,5 millions d’euros alloués aux départs volontaires. « On ne peut pas envoyer aux gens le message qu’ils sont indésirables. Tant de ressources sont consacrées au renvoi des immigrés ; elles auraient été bien mieux utilisées pour investir dans le marché du travail. Ce racisme, accentué par cette politique d’exclusion étatique, amènera beaucoup de personnes à se demander : "Pourquoi devrais-je m’efforcer de contribuer à un pays qui ne veut pas de moi ?" ».

    « Nous avons un gouvernement incroyablement peu sérieux »

    À compter du 1er janvier 2026, la contribution au rapatriement va passer de 2300 euros à quasiment 32 000 euros par personne. À Stockholm, le social-démocrate Alexander Ojanne, adjoint au maire, dénonce un dispositif contreproductif. « On va perdre une main-d'œuvre qualifiée dont nous avons besoin. Nous avons un gouvernement incroyablement peu sérieux. Et surtout un gouvernement mal informé. Ils sont aveuglés par leur idéologie. On a l’impression que le gouvernement a largement bricolé ses solutions en coulisses, derrière des portes closes, où seuls les partis de la coalition étaient présents ».

    Une enquête menée, à la demande du gouvernement, avait pourtant conclu à l’inefficacité d’un tel dispositif et à ses potentiels effets pervers. À ce jour, près d’un tiers des communes suédoises ont, elles aussi, répondu par un « Merci, mais non merci ».

    続きを読む 一部表示
    3 分