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サマリー
あらすじ・解説
Le kadamoul, ou chèche/turban en français, est porté depuis des générations par les hommes vivant dans un milieu désertique. Abandonné par la nouvelle génération, le traditionnel kadamoul a été remis au goût du jour avec le #challengekadamoul lancé sur les réseaux sociaux par un passionné de turbans. Depuis, si pour certains le kadamoul permet de se protéger de la chaleur et de la poussière, pour d’autres c’est devenu un objet de mode pour affirmer son identité.
Dans les rues de Ndjamena, le kadamoul, un large turban blanc, est enroulé sur la tête des hommes, surtout les jours de poussière. « C’est important le kadamoul au Tchad. Il me protège de la poussière. Mais je ne le porte pas tous les jours. Seulement quand je suis en moto. Sinon, je reste la tête nue. »
À côté de lui, un homme acquiesce, il ne l’utilise que les jours de poussière.
Un challenge qui relance sa popularitéAutrefois, le kadamoul était un accessoire indispensable à la tenue des hommes originaires du nord et du centre du pays. Aujourd’hui, il devient une simple protection contre les intempéries dans la capitale, au grand dam de Brahim Dadi, écrivain.
Pour le remettre au goût du jour, il a lancé le #challengekadamoul sur les réseaux sociaux. La réponse est immédiate : des centaines de jeunes postent des photos, portant fièrement leur kadamoul. Des ministres et des personnalités publiques ont aussi joué le jeu.
Un engouement qui a surpris Brahim Dadi, qui voulait exprimer un ras-le-bol. « Ce n'est pas normal qu'on puisse étiqueter le turban comme si c'était quelque chose d'arriéré, nous explique t-il. Ça a commencé dès le jeune âge, quand vous arrivez à l'école : il ne faut pas porter le turban. On nous l'a interdit. Aujourd'hui, quand vous arrivez dans une banque ou quelque part, les gens sont un peu heurtés (qu'on leur signifie) qu'on ne peut pas arriver dans une banque avec un turban. Or, le turban se porte comme l'habit, n'importe où et partout. »
Exprimer son identitéAu Tchad, la façon d’enrouler un kadamoul permet de savoir en un coup d'œil à qui l’on a affaire : un homme marié ou un célibataire, un notable ou un fonctionnaire. Ajouter à cela que chaque communauté a sa propre façon de porter le turban.
Brahim Dadi, originaire de l’extrême-Nord du Tchad, nous en explique le mode d'emploi. « Quand je prends le turban, il y a un pan qui doit être rabattu sur les épaules et qui doit s'arrêter jusqu'aux genoux. L'autre partie permettra de passer un pan sur la bouche et le nez, et les autres je les enroule sur la tête. Donc je l'amène d'abord au milieu, après je le mets au-dessus, et après je le ramène encore au milieu. Quand j'enroule, ce n'est pas face au miroir. Je sais comment enrouler pour que cela devienne le même type d'enroulement pendant toute ma vie. »
Dans son atelier de couture, le styliste Hissein Adamou Camara confectionne tenues de ville et boubous traditionnels. Cette année, il a vu un retour en force du kadamoul chez les jeunes.
« Ça revient sous l'effet de mode et l'effet tendance. Les gens essaient de se créer une identité à partir de leurs kadamoul. Je l'utilise, je m'exprime avec, j'exprime mon appartenance. Mais c'est plus dans les villages, dans les zones vraiment désertiques qu'on considère le kadamoul comme un complément de vêtements obligatoire pour se sentir un garçon. »
Long bout de tissu en coton, le kadamoul mesure combien exactement ? « Le métrage, pour les adolescents, (c'est) souvent juste deux mètres, pas plus. C'est une façon de les initier au turban. Quant aux grands, à partir de 5 mètres, c'est un bon turban. Pour les vieux, ils portent jusqu'à 6 mètres parce qu'ils ajoutent parfois le bonnet dessus, pour pouvoir dire qu'ils sont assez grands, ou bien des sages ou des notables, pour changer un peu. »
Le styliste rappelle qu’au-delà du style, le kadamoul reste un accessoire indispensable dans certaines circonstances pour cacher ses émotions, notamment lors des deuils.