Le rover Rosalind Franklin, le premier robot martien conçu à 100% par l'Agence spatiale européenne, est prévu pour décoller en 2028 et atterrir sur Mars en 2030. Ce projet ambitieux bénéficie de l'expertise de l'entreprise Airbus UK, qui vient de recevoir un financement conséquent pour finaliser, notamment, le système de l'atterrissage de l'engin.
L'Agence spatiale européenne tente de rattraper son retard dans la course à la planète Mars, après l'échec de l'atterrisseur Schiaparelli en 2016. Un revers cuisant qui nous prouve qu'avant de pouvoir crapahuter sur le sol martien, encore faut-il pouvoir s'y poser. Un type d'atterrissage hors norme qui donne vraiment des sueurs froides aux ingénieurs en astronautique du monde entier, le qualifiant de « sept minutes de terreur ». L'engin spatial doit passer d'une vitesse de 20 000 km/h à un arrêt complet à la surface, en traversant une atmosphère martienne certes très peu dense, mais particulièrement turbulente. Alors, pour accélérer son programme d'exploration de la planète rouge dénommé EXOMars, l'ESA a officiellement sélectionné et financé deux industriels majeurs du spatial européen, Airbus UK et l'entreprise italienne Thales Alenia Space. Ils sont chargés de concevoir les systèmes mécaniques, thermiques et de propulsion du robot, ainsi que la plateforme d'atterrissage qui déposera donc en douceur le rover sur le sol martien.
À la recherche de la vie passée de MarsLa mission principale du robot à roulette Rosalind Franklin concerne la recherche de biomolécules ou de bio signatures laissées par une éventuelle trace de vie passée. L'engin est conçu pour découvrir ces signes moléculaires qui, selon les chercheurs, seraient apparues, peut-être, il y a quatre milliards d'années, quand les conditions environnementales de Mars étaient comparables à celles de sa grande sœur la Terre.
Une vie enfouie dans les sols qui a probablement survécu aux radiations et aux milieux hostiles qui caractérisent aujourd'hui la planète rouge, espèrent les scientifiques européens. Contrairement aux rover précédents qui se contentaient d'analyser en surface ou sur une très faible profondeur le sol martien, le robot européen, lui, embarque un outil capable de forer jusqu'à deux mètres.
L'engin intègre un équipement scientifique de pointe, notamment le système de pilotage de la caméra panoramique PanCam, développé par des chercheurs britanniques. Un spectromètre infrarouge, conçu par une université galloise, aidera à identifier les terrains et les roches les plus prometteurs à analyser.
Rosalind Franklin se chauffe au nucléaireL'appareil, qui devra résister aux tempêtes de sable et aux radiations bombardant constamment la planète, devra aussi survivre aux variations extrêmes des températures. Elles atteignent jusqu'à 20°C en plein jour, et peuvent s'effondrer à -143°C, la nuit. Les radioéléments qui réchauffent l'engin sont à base d'isotopes radioactifs, et la chaleur de leur désintégration est convertie en courant pour alimenter ses équipements scientifiques et les moteurs électriques.
Toutefois, hormis ces systèmes intégrés de très haute ingénierie, ce robot n'a vraiment rien d'une Formule 1. Il se déplace à la vitesse d'un escargot, en parcourant prudemment jusqu'à 70 mètres par jour martien. Le rover européen doit s'envoler en 2028 à bord d'un lanceur américain en profitant d'une fenêtre de tir favorable, quand notre petite voisine martienne orbitera dans sa course autour du Soleil au plus proche de la Terre.