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サマリー
あらすじ・解説
Les artistes et les créateurs sont sous la pression du gouvernement en Inde. Que ce soit au cinéma ou sur les planches d’un théâtre, il devient très difficile de s’en prendre de près ou de loin au BJP, le parti de Narendra Modi et aux groupes nationalistes hindous qui gravitent autour. Sous peine de revanches judiciaires ou carrément de violences.
Avec notre correspondant en Inde,
Récemment c’est un film produit dans l’État du Kerala qui s’est attiré les foudres des nationalistes hindous. Il s’appelle Empuraan, c’est le deuxième volet d'un thriller politique. Une superproduction avec une vedette du Kerala, dans le rôle d’un chef mafieux international. Jusque-là, sans danger. C’est quand le dirigeant du Kerala s’allie à des forces d'extrême droite pour combattre notre héros que le film devient politique.
Le groupe extrémiste évoque le Bajrang Dal, mouvement hindou fondamentaliste réel connu pour ses actions violentes, notamment contre les musulmans. Dans le film, son chef s’appelle d’ailleurs Bajrangi. Il est impliqué dans des émeutes qui rappellent celles, réelles, du Gujarat en 2002, quand Modi dirigeait cet État. Elles ont fait plus de 1000 morts, surtout des musulmans, et c’est un sujet tabou. On se rappelle que le gouvernement Indien avait censuré un documentaire de la BBC sur ces émeutes en 2023.
Intimidation des producteursEmpuraan ne va pas être interdit, c’est une fiction qui cartonne en salles et que le Kerala, dirigé par l’opposition, défend la liberté d’expression. Mais dès le lendemain de sa sortie, le 27 mars, il subit d’importantes pressions et plaintes, au point que la production a consenti à 27 coupes. Ce n’est pas directement le gouvernement qui l’a demandé, mais des groupes radicaux qui lui sont proches — une pression indirecte courante en Inde.
Ce week-end, des agences fiscales ont fait un raid dans les bureaux d’un producteur, l’accusant de fraude. Des perquisitions officiellement sans lien avec l'œuvre, mais là encore, la tactique d’intimidation est connue. La BBC avait subi le même sort après la sortie de son documentaire.
Pressions contre les acteursOui. En mars, le film Santosh, primé dans plusieurs festivals internationaux, a été censuré en Inde « pour risque de trouble à l’ordre public ». Il parlait sans détour de la corruption policière et de violences faites aux femmes. Et ce n’est pas limité au cinéma. Depuis mars, l’humoriste Kunal Kamra est la cible d’une chasse aux sorcières après avoir traité un dirigeant nationaliste de traître. Le théâtre où il se produisait a été ravagé par des extrémistes ; au lieu de le protéger, l’État de Bombay veut l’inculper. Le comédien s’est réfugié dans le sud du pays, craignant pour sa vie.
À l’inverse, les films qui épousent le récit des nationalistes hindous — péplums historiques ou pseudo-documentaires sur des « ennemis de l’intérieur » — sont promus par le pouvoir. The Kerala Story, truffé de fake news sur des femmes du Kerala censées avoir rejoint l’État islamique, a été exonéré de taxes dans les États dirigés par le BJP, et projeté dans des écoles et villages.