• «L'Age d'or n'est pas pour demain» par Ayi Kwei Armah

  • 2020/08/09
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«L'Age d'or n'est pas pour demain» par Ayi Kwei Armah

  • サマリー

  • Même si son œuvre est méconnue dans les pays francophones, le Ghanéen Ayi Kwei Armah compte parmi les plus grands romanciers de l’Afrique contemporaine. Il s’est fait connaître en 1968 en publiant The Beautyful ones are not born yet, un chef d’œuvre de littérature engagée et proche dans son écriture de la tradition moderniste occidentale. C’est dommage que la version française de ce magnifique roman, traduit par les éditions Présence Africaine, soit aujourd’hui introuvable. Comme son titre L’Âge d’or n’est pas pour demain le laisse entendre, désillusion, désenchantement sont au cœur de cet admirable roman, sous la plume de l’un des auteurs les plus marquants de l’anglophonie africaine. L’ouvrage met en scène la faillite des indépendances sur le continent.L’action du roman se déroule dans le Ghana des années 1960, accablé sous le poids de la corruption et du matérialisme cynique. Armah raconte la faillite de l’élite ghanéenne qui s’est empressée de prendre la place laissée vacante par les colonisateurs, sans se préoccuper des promesses d’égalité et de justice sociale faites par les pères fondateurs.Le titre anglais de l’ouvrage, c’est « The beautyful ones are not born yet », avec une faute d’orthographe dans “ beautyful ”, laissée telle quelle sans doute à dessein pour signifier l’aliénation. Ce titre fait référence à l’une des dernières scènes du roman où l’on voit un car bloqué à un barrage de police. Assis au bord de la route, le protagoniste assiste aux laborieuses négociations du chauffeur avec les policiers avant que le car ne puisse repartir moyennant quelques cedis sonnants et trébuchants.Armah raconte comment cette corruption administrative largement répandue dans le Ghana est en train de ronger l’âme du pays. La déception de la population est symbolisée par l’adage devenu le titre du roman peint sur la vitre arrière du bus : « L’Âge d’or n’est pas pour demain ». Un titre aussi philosophique qu’existentiel.Une carrière décousueAyi Kwei Armah est considéré comme l’un des très grands romanciers de l’Afrique anglophone, comparé par la critique aux géants comme Chinua Achebe, Wole Soyinka ou encore Ngugi wa Thiong’o. Mais Armah est moins connu que ses paires parce que sa carrière littéraire a été décousue, avec de longues interruptions.Il est l’auteur de six romans, partagés entre le modernisme à la Kafka et l’oralité traditionnelle au souffle épique. C’est une littérature d’idées que cet écrivain propose, s’inspirant notamment des analyses de la société postcoloniale par Sartre et Frantz Fanon. C’est le cas par exemple dans L’Âge d’or n’est pas pour demain. Son l’intrigue est mince, voire répétitive. Il s’agit plutôt d’une suite de situations, mettant en scène la dérive morale et spirituelle du Ghana.IntrigueNous sommes à la fin des années Nkrumah, père de la nation ghanéenne. L’idéalisme socialiste des débuts a cédé la place à l’obsession matérialiste et au cynisme. Le héros de ce roman est un employé des chemins de fer, un anti-héros qui n’a pas de nom.Désigné tout au long du roman par l’appellatif impersonnel de « l’homme », le protagoniste incarne le Ghanéen ordinaire, confronté à chaque instant de son existence à des demandes de bakchich. Mais « l’homme » lui-même refuse d’accepter des pots-de-vin, au grand désespoir d’ailleurs de sa femme et de sa belle-mère. Celles-ci le comparent à un « chichidodo », un oiseau paradoxal qui « déteste les excréments » mais adore manger « des asticots » qui y prospèrent. Elles lui proposent de suivre l’exemple de son ami Koomson qui n’a pas fait de bonnes études, mais qui est devenu ministre et vit dans le luxe, le calme et la volupté, toutes choses auxquelles la famille du protagoniste incorruptible n’a pas accès.Malgré l'insistance de ses proches, « l’homme » refusera obstinément de se laisser corrompre, d’autant que la défaite du matérialisme ambiant qu’il combat est annoncée par le coup d’Etat qui renverse le régime de Nkrumah. Dans les dernières pages du roman, on voit l’entourage du chef de l’Etat déchu contraint de prendre la fuite pour sauver sa peau, après avoir vidé les caisses de la nation. C’est ainsi que dans une des scènes quasiment insoutenables à la fin du roman, on voit l’ami ministre du protagoniste s’évader par la trappe de vidange, couvert d’excréments. Cette scène tout comme l’odeur pestilentielle de la misère et des latrines qui imprègne la cité qu’évoque Armah, sont des allégories puissantes de la désintégration morale et sociale qui est le principal sujet de ce roman.Malaise postcolonialMême si la formule « roman à thèse » a mauvaise presse, force est de reconnaître qu’il y a quelque chose de cela dans ces pages, ce qui est fortement suggéré dès ...
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あらすじ・解説

Même si son œuvre est méconnue dans les pays francophones, le Ghanéen Ayi Kwei Armah compte parmi les plus grands romanciers de l’Afrique contemporaine. Il s’est fait connaître en 1968 en publiant The Beautyful ones are not born yet, un chef d’œuvre de littérature engagée et proche dans son écriture de la tradition moderniste occidentale. C’est dommage que la version française de ce magnifique roman, traduit par les éditions Présence Africaine, soit aujourd’hui introuvable. Comme son titre L’Âge d’or n’est pas pour demain le laisse entendre, désillusion, désenchantement sont au cœur de cet admirable roman, sous la plume de l’un des auteurs les plus marquants de l’anglophonie africaine. L’ouvrage met en scène la faillite des indépendances sur le continent.L’action du roman se déroule dans le Ghana des années 1960, accablé sous le poids de la corruption et du matérialisme cynique. Armah raconte la faillite de l’élite ghanéenne qui s’est empressée de prendre la place laissée vacante par les colonisateurs, sans se préoccuper des promesses d’égalité et de justice sociale faites par les pères fondateurs.Le titre anglais de l’ouvrage, c’est « The beautyful ones are not born yet », avec une faute d’orthographe dans “ beautyful ”, laissée telle quelle sans doute à dessein pour signifier l’aliénation. Ce titre fait référence à l’une des dernières scènes du roman où l’on voit un car bloqué à un barrage de police. Assis au bord de la route, le protagoniste assiste aux laborieuses négociations du chauffeur avec les policiers avant que le car ne puisse repartir moyennant quelques cedis sonnants et trébuchants.Armah raconte comment cette corruption administrative largement répandue dans le Ghana est en train de ronger l’âme du pays. La déception de la population est symbolisée par l’adage devenu le titre du roman peint sur la vitre arrière du bus : « L’Âge d’or n’est pas pour demain ». Un titre aussi philosophique qu’existentiel.Une carrière décousueAyi Kwei Armah est considéré comme l’un des très grands romanciers de l’Afrique anglophone, comparé par la critique aux géants comme Chinua Achebe, Wole Soyinka ou encore Ngugi wa Thiong’o. Mais Armah est moins connu que ses paires parce que sa carrière littéraire a été décousue, avec de longues interruptions.Il est l’auteur de six romans, partagés entre le modernisme à la Kafka et l’oralité traditionnelle au souffle épique. C’est une littérature d’idées que cet écrivain propose, s’inspirant notamment des analyses de la société postcoloniale par Sartre et Frantz Fanon. C’est le cas par exemple dans L’Âge d’or n’est pas pour demain. Son l’intrigue est mince, voire répétitive. Il s’agit plutôt d’une suite de situations, mettant en scène la dérive morale et spirituelle du Ghana.IntrigueNous sommes à la fin des années Nkrumah, père de la nation ghanéenne. L’idéalisme socialiste des débuts a cédé la place à l’obsession matérialiste et au cynisme. Le héros de ce roman est un employé des chemins de fer, un anti-héros qui n’a pas de nom.Désigné tout au long du roman par l’appellatif impersonnel de « l’homme », le protagoniste incarne le Ghanéen ordinaire, confronté à chaque instant de son existence à des demandes de bakchich. Mais « l’homme » lui-même refuse d’accepter des pots-de-vin, au grand désespoir d’ailleurs de sa femme et de sa belle-mère. Celles-ci le comparent à un « chichidodo », un oiseau paradoxal qui « déteste les excréments » mais adore manger « des asticots » qui y prospèrent. Elles lui proposent de suivre l’exemple de son ami Koomson qui n’a pas fait de bonnes études, mais qui est devenu ministre et vit dans le luxe, le calme et la volupté, toutes choses auxquelles la famille du protagoniste incorruptible n’a pas accès.Malgré l'insistance de ses proches, « l’homme » refusera obstinément de se laisser corrompre, d’autant que la défaite du matérialisme ambiant qu’il combat est annoncée par le coup d’Etat qui renverse le régime de Nkrumah. Dans les dernières pages du roman, on voit l’entourage du chef de l’Etat déchu contraint de prendre la fuite pour sauver sa peau, après avoir vidé les caisses de la nation. C’est ainsi que dans une des scènes quasiment insoutenables à la fin du roman, on voit l’ami ministre du protagoniste s’évader par la trappe de vidange, couvert d’excréments. Cette scène tout comme l’odeur pestilentielle de la misère et des latrines qui imprègne la cité qu’évoque Armah, sont des allégories puissantes de la désintégration morale et sociale qui est le principal sujet de ce roman.Malaise postcolonialMême si la formule « roman à thèse » a mauvaise presse, force est de reconnaître qu’il y a quelque chose de cela dans ces pages, ce qui est fortement suggéré dès ...

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