エピソード

  • Inde: dans un film ou sur scène, s’en prendre au pouvoir coûte cher
    2025/04/09

    Les artistes et les créateurs sont sous la pression du gouvernement en Inde. Que ce soit au cinéma ou sur les planches d’un théâtre, il devient très difficile de s’en prendre de près ou de loin au BJP, le parti de Narendra Modi et aux groupes nationalistes hindous qui gravitent autour. Sous peine de revanches judiciaires ou carrément de violences.

    Avec notre correspondant en Inde,

    Récemment c’est un film produit dans l’État du Kerala qui s’est attiré les foudres des nationalistes hindous. Il s’appelle Empuraan, c’est le deuxième volet d'un thriller politique. Une superproduction avec une vedette du Kerala, dans le rôle d’un chef mafieux international. Jusque-là, sans danger. C’est quand le dirigeant du Kerala s’allie à des forces d'extrême droite pour combattre notre héros que le film devient politique.

    Le groupe extrémiste évoque le Bajrang Dal, mouvement hindou fondamentaliste réel connu pour ses actions violentes, notamment contre les musulmans. Dans le film, son chef s’appelle d’ailleurs Bajrangi. Il est impliqué dans des émeutes qui rappellent celles, réelles, du Gujarat en 2002, quand Modi dirigeait cet État. Elles ont fait plus de 1000 morts, surtout des musulmans, et c’est un sujet tabou. On se rappelle que le gouvernement Indien avait censuré un documentaire de la BBC sur ces émeutes en 2023.

    Intimidation des producteurs

    Empuraan ne va pas être interdit, c’est une fiction qui cartonne en salles et que le Kerala, dirigé par l’opposition, défend la liberté d’expression. Mais dès le lendemain de sa sortie, le 27 mars, il subit d’importantes pressions et plaintes, au point que la production a consenti à 27 coupes. Ce n’est pas directement le gouvernement qui l’a demandé, mais des groupes radicaux qui lui sont proches — une pression indirecte courante en Inde.

    Ce week-end, des agences fiscales ont fait un raid dans les bureaux d’un producteur, l’accusant de fraude. Des perquisitions officiellement sans lien avec l'œuvre, mais là encore, la tactique d’intimidation est connue. La BBC avait subi le même sort après la sortie de son documentaire.

    Pressions contre les acteurs

    Oui. En mars, le film Santosh, primé dans plusieurs festivals internationaux, a été censuré en Inde « pour risque de trouble à l’ordre public ». Il parlait sans détour de la corruption policière et de violences faites aux femmes. Et ce n’est pas limité au cinéma. Depuis mars, l’humoriste Kunal Kamra est la cible d’une chasse aux sorcières après avoir traité un dirigeant nationaliste de traître. Le théâtre où il se produisait a été ravagé par des extrémistes ; au lieu de le protéger, l’État de Bombay veut l’inculper. Le comédien s’est réfugié dans le sud du pays, craignant pour sa vie.

    À l’inverse, les films qui épousent le récit des nationalistes hindous — péplums historiques ou pseudo-documentaires sur des « ennemis de l’intérieur » — sont promus par le pouvoir. The Kerala Story, truffé de fake news sur des femmes du Kerala censées avoir rejoint l’État islamique, a été exonéré de taxes dans les États dirigés par le BJP, et projeté dans des écoles et villages.

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  • Droits de douane américains: la Bourse taïwanaise enregistre la plus forte baisse de son histoire
    2025/04/08

    La bourse taïwanaise enregistrait lundi 7 avril une baisse record, la plus forte de son histoire. Un mouvement de panique de la part des investisseurs taïwanais qui craignent un choc économique après l’annonce par les États-Unis des nouveaux droits de douane. Les tarifs américains sont particulièrement sévères pour Taïwan avec 32 % de taxes, davantage que pour ses voisins Coréens et Japonais. Quelles conséquences du mouvement de panique financière à Taïwan ? Décryptage.

    de notre correspondant à Taïwan,

    L’inquiétude provient surtout de l’incertitude qui règne à Taïwan avec cette grande question en suspens : quelles conséquences auront les tarifs sur l’économie taïwanaise qui dépend beaucoup des États-Unis. L’année dernière c’est 20 % de ses exportations et au moins 40 % de ses investissements étrangers qui étaient à destination du sol américain.

    Conséquence : depuis hier tous les voyants sont au rouge. À la fermeture lundi soir, l’indice boursier taïwanais avait perdu presque 10 % de sa valeur, du jamais vu depuis sa création.

    Le contexte n’a pas aidé : les investisseurs avaient eu le temps de voir les bourses américaines ou encore européennes chuter dès vendredi 4 avril alors que la bourse taïwanaise était elle en vacances : c’était donc le premier jour, lundi, de l’ouverture de la bourse depuis les annonces tarifaires américaines, ce qui peut aider à comprendre ce mouvement de panique.

    L’industrie des semi-conducteurs également impactée

    Même l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs est impactée : le prix des actions des deux géants que sont TSMC et Foxconn a lui aussi chuté de 10 %. Même les actions supplémentaires émises hier par TSMC qui sont pourtant extrêmement prisées à Taïwan n’ont pas trouvé d’acheteur.

    En fait, même si les semi-conducteurs ne sont pas visés directement par les droits de douane, ce que les investisseurs craignent c’est une future inflation et une récession pour l'économie américaine mais aussi globale. Ce qui pourrait impacter directement l’industrie des semi-conducteurs et surtout son développement.

    À lire aussiTaïwan: TSMC investit 100 milliards de dollars aux États-Unis, pour éviter la colère de Trump ?

    Rassurer les investisseurs

    Pour le moment aucune mesure radicale n’a été prise : le ministère des Finances taïwanais insiste sur le fait que cette chute boursière est temporaire et qu’un retour à la normale est attendu rapidement. Des mesures financières temporaires ont bien été prises pour réduire la volatilité des actions, et des promesses d’investissements pour soutenir les entreprises taïwanaises ont été faites.

    L’objectif c’est de rassurer les investisseurs, et d’insister sur le soutien du gouvernement à l’économie. C’est d’ailleurs ce qu’avançait le président de la bourse taïwanaise hier en conférence de presse : « À l’heure actuelle, le gouvernement soutient pleinement l’industrie locale et a entamé des discussions actives avec les États-Unis dans l’objectif de réduire les tarifs. Le ministère de l'Économie et des Finances va mettre en place les mesures nécessaires pour garantir la stabilité commerciale des entreprises d’import/export ».

    Le gouvernement taïwanais mise surtout des négociations encore possibles avec l’administration Trump pour réduire les tarifs douaniers, dans l’espoir d’endiguer l’incertitude économique qui règne à Taïwan.

    À lire aussiGuerre commerciale: l'Asie en pleine tourmente face aux droits de douane imposés par Trump

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  • Droits de douane: une escalade sans précédent entre Pékin et Washington
    2025/04/07
    À partir du 10 avril, la Chine imposera un droit de douane supplémentaire de 34% sur toutes les marchandises en provenance des États-Unis, en représailles aux « droits de douane réciproques » américains annoncés le 2 avril… Les conséquences ne sont pas des moindres. La Chine n’a pas tardé à répondre, les marchandises expédiées avant la date limite et arrivant avant le 13 mai sont exemptées. Le ministère chinois du Commerce a présenté ces mesures comme un moyen de « mieux protéger les intérêts nationaux ». De notre correspondante à Pékin,34 % de droits de douane supplémentaires sur toutes les importations américaines, c’est un geste sans précédent. Pékin cible l’économie américaine dans son ensemble et renforce ses mesures en plaçant plusieurs entreprises sous contrôle des exportations ou sur liste noire.Autre geste fort : des restrictions sur l’exportation de terres rares cruciales pour l’électronique militaire – comme le terbium ou le dysprosium, utilisés notamment dans les batteries de voitures électriques ou les systèmes de guidage. Ce qui menace directement les secteurs américains de la technologie, de la défense et de l’énergie. Escalade sans précédentC’est un tournant historique dans la guerre commerciale, du jamais vu depuis le début du XXe siècle. En jeu : des centaines de milliards de dollars d’échanges.Les conséquences ne se font pas attendre. À Wall Street, les actions chinoises ont plongé de 8,9%, du jamais vu depuis octobre 2022. Un effondrement déclenché un jour férié en Chine, cela frappe durement les marchés locaux à leur réouverture ce matin, ce qui pourrait entraîner une correction des indices… Et sur le terrain, les entreprises s’adaptent, certaines accélèrent déjà le transfert de leur production vers le Vietnam, le Mexique ou l’Inde. Un mouvement qui traduit l’accélération du découplage entre les deux géants, et une reconfiguration durable des chaînes d’approvisionnement mondiales.À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Les tensions se traduisent déjà concrètementPour les consommateurs américains, d’abord : les droits de douane, ce sont des taxes à l’importation. Résultat, des prix qui grimpent. Un iPhone pourrait coûter plus de 2000 dollars, une voiture électrique plus de 50 000… À cela s’ajoute une pression directe sur des secteurs-clés comme le textile ou les produits électroniques du quotidien.Pour la Chine aussi, le choc est réel. Ses exportateurs, déjà fragilisés par le ralentissement économique, voient leur compétitivité baisser. Et l’incertitude pèse sur les marchés émergents : les investisseurs revoient leurs positions, notamment dans la tech, et fuient les actifs jugés trop exposés à cette guerre commerciale.Des pays comme le Vietnam, qui avaient profité du retrait des entreprises chinoises, sont désormais visés eux aussi par des surtaxes américaines. De quoi les pousser à se rapprocher de Pékin, y compris sur le plan stratégique. Xi Jinping en profite : il entame une tournée diplomatique au Vietnam, en Malaisie, au Cambodge ce mois-ci… Avec la multiplication des barrières commerciales entre les deux plus grandes puissances mondiales, le risque d’un ralentissement économique mondial, voire d’une récession technique, est bien réel. Cette guerre commerciale n’est plus seulement une affaire de taxes. Elle s’inscrit dans une rivalité stratégique de long terme, qui redéfinit les équilibres du commerce mondial… et peut-être, demain, les alliances politiques de la planète.À lire aussiPanique financière: la dégringolade se poursuit sur les bourses asiatiques
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  • Fin de l'USAID: un coup dur pour les opérations de déminage au Laos
    2025/04/04

    L’annonce par l’administration Trump du gel des financements de l’USAID a provoqué un choc planétaire. Le 10 mars, le secrétaire d’État, Marco Rubio, a confirmé la suppression de 83% des programmes soutenus par l’agence américaine de développement – un cataclysme pour le secteur humanitaire. Ces coupes budgétaires drastiques pourraient signer l’arrêt de mort de projets vitaux, comme les programmes de déminage au Laos. Décryptage.

    Cinquante ans après la guerre du Vietnam, le Laos continue à déterrer les bombes américaines. L’aviation américaine a largué plus 2 millions de tonnes d’explosifs et d’armes chimiques au Laos. Pour se rendre compte du travail titanesque à accomplir, quelques chiffres. On estime que pendant la guerre du Vietnam, pour couper les voies de ravitaillement des guérillas communistes au nord du pays, l’aviation américaine a largué plus 2 millions de tonnes d’explosifs et d’armes chimiques au Laos. Environ 30% de ces engins n’ont pas explosé. Chaque année, ces bombes tuent ou mutilent. On dénombre 20 000 morts depuis la fin de la guerre, 46 l’an dernier, dont 40% d’enfants. Depuis 1993, les États-Unis ont investi plus de 390 millions de dollars pour déminer les sols, mais environ un quart du pays reste contaminé par des restes d’explosifs, notamment des bombes à sous-munitions. Il faudra encore des décennies pour en venir à bout.

    À lire aussiL'USAID, l'Agence américaine pour le développement international, en sursis

    Les programmes d’assistance aux personnes invalides risquent tout simplement de disparaître

    Avec une baisse de décontamination des zones habitées ou cultivées, le premier risque est une hausse probable du nombre de victimes. Des dizaines de personnes, enfants ou agriculteurs, pourraient être tuées ou blessées chaque année. Autre conséquence déjà visible : le licenciement des personnels formés au déminage. Quelque 4 000 travailleurs qualifiés ont déjà perdu leur emploi faute de financement. Des experts qu’il sera difficile de remplacer. Le Laos est l’un des pays les plus pauvres et le seul pays enclavé d’Asie du Sud-Est. Sa population est essentiellement rurale. La suspension des décontaminations entraînera le gel des restitutions des terres agricoles, ce qui affectera des dizaines de milliers familles qui dépendent de l’agriculture. Autre impact : les programmes d’assistance aux personnes invalides risquent tout simplement de disparaître, plongeant des milliers de victimes d’accidents dans la misère et les privant d’aide médicale. Enfin, toutes les campagnes via les réseaux sociaux, la radio ou la presse écrite visant à sensibiliser la population sur les dangers liés aux engins explosifs, ainsi que les programmes dans les écoles secondaires et les centres d’éducation communautaire ne pourront plus perdurer.

    Trouver d'autres donateurs

    Beaucoup de Laotiens ont la certitude que les bombardements américains ont considérablement freiné le développement du pays. Les financements de l’USAID ont en quelque sorte réparé une partie des dommages infligés au Laos. Mais le gel des fonds provoque un sentiment de colère, d’abandon et d’énorme gâchis chez les Laotiens.

    Le pays espère poursuivre ses opérations de déminage grâce aux autres donateurs, comme le Japon, la Norvège ou la Nouvelle-Zélande. Il sera en revanche très difficile d’atteindre les 30 à 40 millions de dollars alloués chaque année par les États-Unis. Et alors que Washington se dérobe de ses responsabilités, la Chine pourrait combler ce vide et accroître son influence, déjà très forte dans le pays.

    À lire aussiEn Inde, le gouvernement s'accommode de la fin de l'USAID

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  • Guerre commerciale: l'Asie en pleine tourmente face aux droits de douane imposés par Trump
    2025/04/03
    Les Bourses asiatiques ont connu une chute brutale, ce jeudi 3 avril au matin, après les nouvelles annonces du président américain Donald Trump. Dans le cadre de sa politique commerciale agressive, il a décidé d'imposer des droits de douane massifs sur les importations en provenance de plusieurs pays asiatiques. Si la Chine reste la principale cible avec un tarif punitif de 54%, d'autres partenaires historiques des États-Unis comme le Japon, la Corée du Sud, Taïwan ou l'Inde ne sont pas épargnés. Décryptage. L’Asie sur la liste des « dirty 15 », les « mauvais » 15, ces États accusés par Washington de désavantager l'économie américaine. Conséquence : des taxes allant de 24% à 49% s'abattent sur leurs exportations. Le Vietnam se voit infliger 46% de droits de douane, le Cambodge 49%, et la Thaïlande 36%. Même les alliés traditionnels comme le Japon, Taïwan ou la Corée du Sud ne bénéficient d'aucun passe-droit, avec des tarifs oscillant entre 24% et 32%.Des tentatives de conciliation restées vainesFace à cette menace, plusieurs gouvernements asiatiques avaient tenté d'anticiper la crise en adoptant une posture conciliante. Le Vietnam, très dépendant de l’exportation manufacturière, avait décidé de réduire préventivement ses taxes douanières sur certaines marchandises américaines comme les voitures et le bois. De son côté, l'Inde de Narendra Modi, qui avait pourtant affiché sa grande proximité avec Donald Trump lors de sa visite à Washington, avait également proposé des baisses de droits de douane sur près de 23 milliards de dollars d'importations américaines.À lire aussiÉtats-Unis: Donald Trump déclare la guerre commerciale au mondeStratégie similaire, mais un peu plus poussée pour la Corée du Sud et Taïwan, qui misent sur leur dépendance au parapluie nucléaire américain pour assurer leur défense face à la Chine et à la Corée du Nord. Le gigantesque conglomérat Hyundai avait annoncé un investissement de 21 milliards de dollars aux États-Unis, incluant l’ouverture d’une nouvelle aciérie en Louisiane. Taïwan, et son géant des semi-conducteurs TSMC, était allé encore plus loin en promettant 100 milliards d’investissements aux États-Unis. Autant de concessions qui n’auront finalement pas suffi à dissuader Washington de mettre en place ces sanctions.Les conséquences risquent d’être particulièrement sévères pour les économies asiatiques axées sur l'exportation, comme en témoigne la chute des principales places boursières. Mais les effets ne se limiteront pas à l’Asie : les consommateurs américains eux-mêmes vont rapidement ressentir l’impact de ces mesures.Le secteur automobile est en première ligne, avec une taxe supplémentaire de 25%. Les constructeurs japonais et sud-coréens, largement implantés aux États-Unis et au Mexique, seront affectés. Mais les marques américaines ne seront pas épargnées, notamment celles dont les batteries sont fabriquées en Chine. Allié à la production des puces électroniques à Taïwan et en Corée du Sud, cela va entraîner une très forte hausse des prix sur de nombreux appareils technologiques.L’Inde, qui exporte des bijoux et alimente l’industrie pharmaceutique américaine, ainsi que le Vietnam, où Nike produit 50% de ses chaussures, risquent de voir leurs industries locales sévèrement impactées.Si les économies asiatiques accusent déjà le coup, les consommateurs américains pourraient rapidement en ressentir les effets sur leurs achats quotidiens.À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondiale
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  • La Chine jouera-t-elle un rôle de médiateur en Ukraine?
    2025/04/02

    La Chine s’affiche prête à jouer un « rôle constructif » pour mettre fin au conflit en Ukraine, tout en soutenant Moscou dans la défense de ses « intérêts ». C’est ce qu’a déclaré mardi 1er avril le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, dans une interview accordée à l’agence russe Ria Novosti. En visite à Moscou, il a rencontré son homologue Sergueï Lavrov, et a assuré que Pékin travaillerait avec la Russie pour contribuer à « la paix ».

    Avec notre correspondante à Beijing, Clea Broadhurst

    La Chine a plusieurs cartes en main. Avec son influence mondiale, ses liens étroits avec la Russie, et sa volonté affichée de maintenir un certain équilibre avec l’Occident, elle pourrait théoriquement jouer les médiateurs. Elle a d’ailleurs publié un plan de paix en 12 points dès 2023, qui appelait à un cessez-le-feu et à des négociations. Mais ce plan avait laissé les occidentaux dubitatifs, tant il semblait vague et orienté vers les positions russes.

    Sur le plan économique, la Chine est aujourd’hui un partenaire indispensable pour la Russie, surtout depuis les sanctions occidentales. Elle pourrait donc, si elle le voulait, peser sur Moscou, voire proposer une aide à la reconstruction à l’Ukraine, une fois la guerre terminée.

    Ce serait aussi une manière pour Pékin de renforcer son image de puissance responsable sur la scène internationale.

    À lire aussiL'Ukraine dit à la Chine être prête à négocier quand Moscou sera « de bonne foi ».

    « Rôle constructif »

    La déclaration de Wang Yi est soigneusement calibrée. Il parle d’un « rôle constructif », tout en précisant que Pékin tiendra compte des « aspirations des parties concernées » - une formule vague qui laisse entendre que la Chine pourrait soutenir un accord aligné sur les conditions russes, y compris des concessions territoriales ou un départ du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

    Ce n’est pas de la neutralité, mais une ambiguïté stratégique : la Chine ne fournit pas d’armes, mais soutient Moscou tout en appelant au dialogue. Ce double discours lui permet de ménager l’Europe, contester le récit occidental, et éviter toute sanction directe.

    Le timing est, lui aussi, stratégique : la visite de Wang Yi précède celle de Xi Jinping à Moscou en mai, un moment symbolique que Pékin et Moscou comptent utiliser pour afficher leur unité face à l’Occident.

    Arbitre pour les pays du Sud

    Ce soutien affirmé aux « intérêts » russes montre que la Chine n’est plus un simple spectateur. Elle s’aligne de plus en plus clairement sur Moscou, tout en se présentant comme un acteur clé dans un ordre multipolaire qui remet en cause l’influence américaine – ce n’est pas qu’une posture bilatérale – c'est un projet de rééquilibrage global.

    En refusant de condamner l’invasion, Pékin légitime la position de Moscou, alors même que Vladimir Poutine rejette les initiatives de cessez-le-feu venues de Washington.

    C’est un frein aux efforts occidentaux, mais une stratégie bien pensée : la Chine se pose en arbitre pour les pays du Sud, avec ce message : « nous défendons la souveraineté, pas les blocs ». Et cela résonne pour un certain nombre de pays.

    Sans livrer d’armes, Pékin agit sur le plan diplomatique et permet à Moscou d’échapper à l’isolement. Une influence discrète, mais qui pourrait s’avérer décisive.

    À lire aussiGuerre en Ukraine : des entreprises chinoises sanctionnées par l'Union européenne

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  • Séisme meurtrier en Birmanie et en Thaïlande: l'aide humanitaire bloquée à Bangkok
    2025/04/01
    Une minute de silence sera observée ce mardi en Birmanie, en Asie du Sud-Est, à la suite du séisme meurtrier de magnitude 7,7 qui a frappé Mandalay en Birmanie et la Thaïlande le 28 mars dernier. Bilan provisoire côté birman, 2056 morts et 3 900 blessés. Un deuil national d'une semaine a été décrété par la junte au pouvoir. En Thaïlande, 19 personnes ont perdu la vie dans l'effondrement d'une tour de 30 étages en construction. Comment s'organise l'aide internationale en Birmanie ? Explications de notre correspondante à Bangkok. De notre correspondante à Bangkok,Un séisme puissant, d’une magnitude de 7,7 sur l'échelle de Richter, a frappé la Birmanie vendredi 28 mars, les secousses ont été si fortes qu’elles ont été ressenties jusqu’en Chine et en Thaïlande. Le bilan provisoire s’élève à 2 000 morts, dont deux Français à Mandalay, une information confirmée par l’ambassade de France hier. Mais peu d’informations parviennent de la Birmanie, un pays fermé et affecté par la guerre civile, où les communications sont difficiles. Quelle est la situation sur place ?À Bangkok, la vie a déjà repris son cours normal, les touristes continuent d’affluer à l’aéroport international, comme si de rien n’était. Partout, sauf au nord de la ville, dans le quartier de Chatuchak, le quartier de l’un des plus grands marchés d’Asie du Sud Est, où un immeuble de 30 étages s’est effondré sur une centaine de personnes. Il s’agit pour la plupart des ouvriers qui construisaient l’immeuble en question. Alors que nous sommes aujourd’hui au quatrième jour après le tremblement de terre, les chances de retrouver des survivants sont minces. Mais un secouriste nous confiait hier que, parce que le tremblement de terre a frappé à l’heure du déjeuner, alors que les ouvriers se trouvaient pour beaucoup à la cantine, il est possible que certains se trouvent dans des cavités, avec un accès à de l’eau, de la nourriture et puissent survivre sous les décombres plus longtemps que la normale. La société thaïlandaise est extrêmement mobilisée sur ces recherches. Le site est très bien organisé, il y a des stands d’eau, de nourriture gratuite. Des centaines de volontaires se relaient en permanence, accueillent les donations, procèdent au nettoyage. Il y a encore de l’espoir et une grande mobilisation. Malgré les 75 personnes disparues sous cet immeuble, la situation est incomparable à celle de la Birmanie, où on déplore plusieurs milliers de morts, où des dizaines de milliers de personnes, voire des centaines, seraient affectées par le séisme.Comment s’organise l’aide internationale à la Birmanie ?Dès les premières heures après le tremblement de terre, le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a lancé un appel à l’aide internationale. C’est très inhabituel de sa part. La Birmanie avait déjà connu des catastrophes naturelles et le pays était resté fermé. On a donc cru un instant que le pays allait s’ouvrir, mais pour l’instant, si des convois humanitaires en provenance d’Inde, de Chine et de Russie ont bien été accueillis, les organisations américaines et européennes ne semblent pas les bienvenues. Plusieurs délégations humanitaires, y compris des délégations françaises, ont été arrêtées à Bangkok, faute de visa et attendent de pouvoir passer en Birmanie, alors que chaque jour, chaque heure compte désormais et que les besoins sur le terrain sont immenses.À Bangkok, une polémique enfle autour de l’immeuble effondré. Un soupçon de corruption plane sur le dossier.Tout est parti d’une simple question : pourquoi cet immeuble, quasi achevé, est le seul à s’être effondré de la capitale thaïlandaise, qui compte de nombreux hauts bâtiments, y compris toujours en construction. Très vite, les regards se sont portés sur les matériaux utilisés. Des tests préliminaires montrent qu’une qualité d’acier inférieure a été utilisée, que certains protocoles de sécurité de construction n’ont pas été respectés. Le constructeur, une compagnie née d’une alliance entre un investisseur chinois et une entreprise thaïlandaise, est pointé du doigt, d'autant qu’elle avait déjà été épinglé pour des soupçons de corruption. Au lendemain de la catastrophe, quatre citoyens chinois ont été arrêtés sur le site de l’effondrement, alors qu’ils tentaient de récupérer des documents confidentiels. Une enquête a été ouverte. L'immeuble devait servir à abriter des services d’audit financier des agences gouvernementales.À lire aussiSéisme en Birmanie: les chances de sauvetage s'amenuisent, la junte décrète une semaine de deuil national À lire aussiSéisme en Birmanie: face à ce type de catastrophes, «le pays a déjà été confronté à des difficultés de coordination»
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  • Visas, vols, frontière: entre l’Inde et la Chine, un certain dégel
    2025/03/31

    Le rapprochement prudent mais certain entre l’Inde et la Chine... Reprise des vols directs entre les deux pays, avancées sur les visas et même déclarations optimistes sur l’épineux conflit frontalier dans l’Himalaya. Décryptage.

    Avec notre correspondant en Inde,

    Des signes d’embellie rares entre les deux puissances d’Asie

    C’est le Premier ministre Narendra Modi qui le dit : « Lentement mais sûrement, la confiance et l'enthousiasme reviennent » a-t-il jugé. Encore plus enthousiaste, le consul Chinois à Calcutta parle d’un « printemps des relations Inde-Chine ». Il se réjouissait de la reprise des vols directs, depuis janvier, entre New Delhi et Pékin après cinq ans d’interruption. Depuis mars, il est plus simple, moins cher et plus rapide pour les citoyens Indiens de demander un visa pour la Chine. Les pèlerins indiens peuvent aussi accéder au Mont Kailash, une montagne sacrée pour les hindous, restée inaccessible pendant quatre ans. Elle se trouve dans la région chinoise du Tibet, dans l’Himalaya, à 40 kilomètres de la frontière Indienne. Cette même frontière que les deux pays se disputent, mais sur laquelle leurs discussions ont repris lors d’une rencontre à Pékin, la semaine dernière.

    L’Inde et la Chine reviennent de loin et notamment avec ce conflit frontalier

    Un conflit que ces discussions et déclarations optimistes ne suffisent évidemment pas à régler. Il remonte à la première guerre sino-indienne en 1962, plutôt remportée par la Chine mais qui a laissé 3000 kilomètres de frontières disputées dans l’Himalaya. Depuis dix ans le conflit s’est intensifié, l’Inde reprochant notamment à la Chine de construire des barrages, des villages, d’amasser des troupes le long de la ligne de la discorde. En 2020, des patrouilles chinoises et indiennes ont fini par en venir aux mains avec des morts des deux côtés, dont 20 soldats indiens. Depuis, les deux pays sont en froid, même si les échanges commerciaux, largement à l'avantage de la Chine, ont continué.

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    Mais alors pourquoi ce léger dégel a-t-il lieu maintenant ?

    Officiellement, c’est à l'occasion du 75e anniversaire de leurs relations diplomatiques, qui aura lieu ce mardi 1er avril. En réalité, c’est sans doute juste une date pratique. Les discussions sur la frontière avaient repris dès octobre 2024. Les deux pays sont conscients qu’un gel de leurs relations n’est pas dans leur intérêt. Mais c’est sans doute le retour de Donald Trump qui a accéléré les choses. Il est dans l'intérêt de la Chine qui est l’ennemi numéro un du président américain, de normaliser et pacifier un peu ses relations avec l’Inde. Menacée de sanctions commerciales par les États-Unis, l’Inde veut aussi calmer les tensions avec son grand voisin qui est aussi son premier partenaire commercial. Ceci dit, la rivalité entre l’Inde et la Chine n’est pas que frontalière et commerciale mais aussi géographique, avec une bataille d’influence en Asie dans des pays tels que le Sri Lanka, le Népal ou le Bangladesh, qui devrait se poursuivre.

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