-
サマリー
あらすじ・解説
Un parc éolien du sud de la France, responsable de la mort de dizaines de faucons menacés, est mis à l'arrêt par la justice. Une décision historique, qui témoigne de la contradiction entre transition énergétique et protection de la biodiversité. C'est un tout petit rapace qui vient de mettre à l'arrêt un grand parc d'éoliennes dans le sud de la France : le faucon crécerellette, victime des pales des 31 éoliennes installées à une vingtaine de kilomètres de Montpellier. Il s'agit d'un oiseau protégé, sur la liste rouge des espèces menacées en France, à ne pas confondre avec le faucon crécerelle, un peu plus gros et qui se porte bien – on en voit même à Paris.Pour la première fois, la justice française a condamné au pénal les exploitants d'un parc éolien pour leur responsabilité dans la mort de 160 oiseaux et chauve-souris (le chiffre officiel retenu par le tribunal de Montpellier, même si France Nature Environnement, qui avait porté plainte, estime qu’ils sont deux fois plus nombreux). Et donc, parmi les victimes des éoliennes, plusieurs dizaines de faucons crécerellette. La victoire est historique pour les défenseurs des oiseaux. La dizaine d’exploitants du parc éolien est condamnée à 2,5 millions d’euros d’amende au total, et surtout le tribunal a ordonné l'arrêt des éoliennes, pendant 4 mois, une bonne nouvelle pour ces faucons, des oiseaux migrateurs : c'est au mois d'avril qu'ils arrivent d'Afrique, pour nicher jusqu'à la fin de l'été.Sept oiseaux tués par éolienneLes éoliennes, qui produisent de l’énergie propre (et celles du parc d’Aumelas fournit de l’électricité à 60 000 personnes), sont des tueuses d'oiseaux. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) estime dans un rapport publié en 2022 qu'une éolienne tue en moyenne 7 oiseaux par an. Sachant qu'il y a plus de 10 000 éoliennes en France, on arrive à 70 000 oiseaux tués par an. Et les rapaces, comme le faucon, paient un lourd tribut, avec 25% des décès. Ils ont tendance à tourner autour des éoliennes, leur terrain de chasse.« Généralement autour des éoliennes, on défriche, on libère le terrain autour, et les micros mammifères au sol sont très visibles. C'est extrêmement pratique pour les rapaces qui les chassent », explique Geoffroy Marx, l'auteur de ce rapport de la LPO.Les oiseaux ont plein de qualités, mais ils ont du mal à distinguer les pales des éoliennes, parce qu'elles sont blanches, pour se confondre avec le ciel pour ne pas gâcher la vue des humains. « Les oiseaux détectent assez mal le contraste, poursuit Geoffroy Marx. En fait les éoliennes se détachent assez peu du ciel à travers la vision de l'oiseau. Certains chercheurs suggèrent de peindre par exemple une des pales en noir. Mais cela n’a pas encore fait ses preuves, ce n’est encore qu’une hypothèse de travail ». D’autres solutions qu’un coup de peinture existent.Les éoliennes sont en principe équipées de système de détection des oiseaux.« Généralement, ils fonctionnent avec des caméras qui détectent les oiseaux qui s'approchent. Le logiciel déclenche soit un signal acoustique, soit provoque l'arrêt des machines. Malheureusement aujourd'hui ça n’a pas encore fait vraiment la preuve de son efficacité », précise Geoffroy Marx. Quand les caméras détectent les oiseaux, c'est généralement trop tard.Cohabitation nécessaireIl faut pourtant que les éoliennes et les oiseaux cohabitent, alors que le tribunal de Montpellier doit se prononcer ce mercredi sur un autre parc éolien de la région, responsable de la mort d‘un aigle royal. Il n'y a pas le choix. Éoliennes ou oiseaux, on a besoin des deux. Mais cette affaire illustre parfaitement les contradictions qu'il existe parfois entre la protection de la biodiversité et la transition énergétique nécessaire pour lutter contre la crise climatique. « Finalement, c'est un compromis qu'il faut trouver, concède Geoffroy Marx, en charge du programme énergies renouvelables et biodiversité à la LPO. Il faut aussi de la place pour produire de l'énergie. On en aura tous besoin demain, donc il faut réussir à concilier les deux ».Dernière illustration de cette contradiction : Greta Thunberg, la jeune militante du climat, qui prend le voilier pour aller en Amérique, manifestait il y a un an et demi contre des éoliennes illégales en Norvège, implantées sur les terres du peuple Sami. Leurs rennes d’élevage ne peuvent plus aller pâturer à cause des éoliennes. Mais là au moins, l’espèce de cervidés n’est pas menacée de disparition, même si on finit par les manger.À lire aussiNorvège: Greta Thunberg apporte son soutien aux Samis contre un parc d’éoliennes