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États-Unis: l'ouragan Milton ciblé par les infox à des fins électorales
- 2024/10/11
- 再生時間: 3 分
- ポッドキャスト
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サマリー
あらすじ・解説
Au moins 14 morts, de centaines de personnes secourues et des millions d’habitations privées d’électricité. Le bilan provisoire est moins lourd que prévu, mais reste considérable en Floride après le passage de l’ouragan Milton. Dans ce contexte, énormément de fausses informations circulent autour de cet événement météorologique. Ce déluge de désinformation est notamment poussé par des influenceurs politiques républicains, à un mois de l'élection présidentielle. Depuis le passage des ouragans Hélène puis Milton sur la Floride aux États-Unis, des comptes très influents diffusent le même message en boucle sur les réseaux sociaux. Ces phénomènes météorologiques ne seraient pas des événements naturels, mais « auraient été volontairement générés par l’homme ». Certains accusent l’armée américaine, quand d’autres pointent du doigt le gouvernement démocrate. Cette théorie du complot cumule des dizaines de millions de vues sur les réseaux sociaux ces derniers jours.Ce narratif s’appuie sur différents documents relayés en ligne, allant des faux témoignages, aux images sorties de leur contexte. Un exemple marquant est une vidéo dans laquelle on voit un inquiétant tapis de nuages noirs, de forme triangulaires, au-dessus d’une plage. Les internautes qui la partagent prétendent qu’elle montrerait des nuages fabriqués artificiellement.Grâce à une recherche par image inversée, on sait pourtant que ces images n’ont rien à voir avec l’ouragan Milton. Cette même vidéo a en effet déjà été diffusée sur Facebook en juin 2021. La légende évoque des nuages au-dessus de la plage de Fort Walton, en Floride.Quant à cette formation nuageuse spectaculaire, il s’agit d’un phénomène tout à fait naturel. Cette structure, baptisée asperitas par les scientifiques, est régulièrement visible en Amérique du Nord.Le projet Haarp, obsession des complotistesAu-delà de diffuser des images sorties de leur contexte, certains évoquent également avec insistance l’utilisation d’un programme de recherche à haute fréquence capable, selon eux, de « manipuler la météo ». Le projet Haarp, c’est son nom, est présenté par des milliers d’internautes comme une « arme météorologique secrète capable de générer des ouragans ». Sauf qu’en réalité, ce programme scientifique américain ne vise pas à manipuler la météo. Il a été lancé il y a plus de trente ans pour étudier l’ionosphère, la couche supérieure de l’atmosphère. Ce projet, porté par d’autres pays, cristallise aujourd’hui tous les fantasmes complotistes à chaque catastrophe naturelle. Plusieurs internautes dénoncent aussi, à tort, l'utilisation de la géo-ingénierie.Instrumentalisation politiqueCes théories complotistes sont poussées par des personnalités politiques de premier plan côté républicain, à l’image de Marjorie Taylor Greene. L’élue de Géorgie a affirmé dans un tweet que le gouvernement fédéral pouvait contrôler la météo. Une façon d’instrumentaliser la catastrophe à moins d’un mois du scrutin présidentiel.Cette stratégie est portée par Donald Trump lui-même. Le candidat républicain a lancé une véritable campagne de désinformation autour de ces ouragans pour s’attaquer à l’administration de sa rivale Kamala Harris. Il a notamment assuré, à tort, que les fonds de soutien aux victimes auraient été détournés pour aider les « immigrés clandestins », ou encore que les Démocrates empêcheraient l’arrivée de l’aide dans les territoires républicains. La multiplication de ces fausses informations a poussé l’Agence fédérale de gestion des urgences (Fema) à démentir ces rumeurs sur son site internet. Le président des États-Unis, Joe Biden, a dénoncé « une propagation irresponsable, dangereuse et continue de désinformation et de mensonges » autour de ces ouragans.Résultat de toute cette désinformation sur le terrain, les fausses informations prennent parfois le dessus sur les dispositifs de secours et les consignes d’évacuation. Dans certaines régions, des résidents ont discuté de la création d’une milice pour se défendre contre l’arrivée des secouristes de l’agence fédérale, rapporte le New York Times. Cette rhétorique électoraliste rend donc la catastrophe encore plus dramatique.