エピソード

  • Cameroun: après Bolloré, la libéralisation du transport routier divise
    2025/03/06

    Au Cameroun, Vincent Bolloré a cédé ses activités logistiques à l’opérateur italo-suisse MSC, en fin d’année 2022, pour 5,7 milliards d’euros. Avec la gestion du port, de la ligne de chemin de fer, une flotte de camions et plusieurs milliers d’employés, Bolloré était l’acteur référent dans le domaine. Si certains ont bénéficié du départ du Français, d’autres estiment que la libéralisation du secteur n’est pas toujours bénéfique.

    100 000 tonnes, c’est la quantité de denrées alimentaires importées par le Programme alimentaire mondial via le port de Douala l’année dernière. Des vivres destinés aux crises humanitaires de la région qu’il faut convoyer notamment par camion. Gianluca Ferrera, le directeur du PAM au Cameroun, affirme avoir vu du positif dans le départ de Bolloré. « On a plusieurs acteurs présents sur le marché et donc cela a permis d'avoir une compétition entre les acteurs qui s'est reflétée sur les prix et aussi sur la qualité et la performance des acteurs. Donc, je dois dire que nous sommes dans une situation très confortable par rapport à la capacité de nos partenaires de nous fournir les services dont nous avons besoin », détaille-t-il.

    Une libéralisation du secteur et une mise en concurrence accrue que Monsieur Souley, du Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun, regrette. « C'est très désorganisé. Parce qu'au moins, avant, on savait à quoi s’en tenir, mais aujourd’hui, c’est compliqué. Le Cameroun a tellement de camions qu’on ne sait pas quoi en faire. Le transport n'est pas compétitif, nous sommes tellement nombreux que si vous refusez un transport aller à Bangui à 2,5 millions, quelqu'un va le prendre à 2 millions », déplore cet acteur.

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    Concurrence et réorganisation

    Hilaire Zipang, homme politique camerounais, mais également conseiller du Syndicat national des transporteurs routiers, voit certains aspects positifs au départ de Bolloré. « La première, c'est que Bolloré, au regard de l'absence d'investissement qu'on lui reprochait depuis 5 ans, la RTC [Régie du terminal à conteneurs] a fait de grosses avancées, elle a augmenté le chiffre d'affaires, elle a augmenté les emplois et a augmenté naturellement les investissements qu'elle a faits à l'intérieur du port », assure-t-il. Cependant, la fin du monopole de Vincent Bolloré au port a modifié l’organisation du secteur. « Maintenant, Bolloré n'a plus cette activité-là, elle s'est libéralisée assez brutalement, décrit Hilaire Zipang. S'est introduit maintenant un nouveau type de transporteurs, ce que nous appelons les transporteurs pour compte propre. C'est-à-dire que la plupart des grandes multinationales ont acheté des camions pour faire complètement cette activité et elles se payent à elles-mêmes. »

    Une concurrence considérée comme déloyale, car elle n'est pas soumise aux mêmes contraintes. « La fiscalité camerounaise a adoubé cette activité-là, elle a complètement mis de côté les transporteurs professionnels qui eux participent au développement du pays et qui ont une fiscalité différente, des assurances différentes, des charges du personnel différentes. Or celui qui exerce l'activité en propre n'est pas assujetti à ces contraintes », argumente-t-il. Autre défi, selon Hilaire Zipang, le maintien de relations fluides avec les partenaires de la région pour conserver le monopole du fret par les ports de Douala et Kribi.

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  • Au Twin Center de Casablanca, l’essor des salons de beauté ouest-africains
    2025/03/05

    Avec ses deux buildings de plus de cent mètres de haut, le Twin Center domine la skyline de Casablanca. Il abrite en son cœur un centre commercial, organisé en un dédale d’instituts de beauté. Des dizaines et des dizaines de petites boutiques où travaillent des Ivoiriennes, des Sénégalaises… Les Africaines de l’Ouest sont plébiscitées par le secteur.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Ici, on rabote les ongles, on fait des manucures, mais on s’occupe aussi des cheveux. C’est Mme M’chich-Alami qui est la patronne de cet institut de beauté. Elle est marocaine. « Il n’y a plus rien qui marche au Twin à part les salons. Il y en avait avant, mais ils n’étaient pas comme ça. Il y avait aussi des magasins magnifiques, très chers, mais tout a changé. Il n’y a plus que des salons maintenant », constate-t-elle.

    Au début des années 2000, le Twin Center, c’est le lieu où la jeunesse casablancaise se bouscule pour acheter les dernières marques à la mode. Le centre commercial a perdu de sa superbe au fil des années. Le Covid-19 l’a achevé. « Presque tout le monde a changé d’activité. La première qui a fait un salon ici était Ivoirienne. Une fois que ça a marché, ça a commencé à se multiplier », raconte encore Mme M’chich-Alami.

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    « Au Maroc, quand tu te lances dans l’esthétique, tu ne regrettes pas »

    Mme M’chich-Alami a suivi le mouvement. La majorité de ses employées sont des femmes originaires d’Afrique subsaharienne, comme Khadija, une jeune Sénégalaise. « J’ai eu mon diplôme ici. J’adore ce métier, c’est pour ça que j’ai fait une formation, pour avoir un diplôme international qui va me permettre de travailler où je veux », témoigne-t-elle.

    Les Africaines de l’Ouest ont trouvé avec l’esthétique un secteur pourvoyeur d’emplois. Après avoir travaillé pendant six ans dans le domaine au Maroc, Aïcha a décidé de devenir patronne. Ils sont une dizaine d’Africains subsahariens comme elle, mais la majorité de ceux qui dirigent les instituts de beauté au Twin Center sont Marocains. « J’ai ouvert ce salon il y a six mois. Je faisais déjà ça en Côte d’Ivoire, c’est le secteur où l’on s’en sort le plus. Les Marocaines veulent toujours se faire belles, donc au Maroc, quand tu te lances dans l’esthétique, tu ne le regrettes pas », se réjouit l’entrepreneuse.

    Dans cette galerie commerciale du Twin Center, il y a énormément de concurrence entre les salons. Résultat : les prix sont tirés vers le bas et il y a parfois de la casse. Trois instituts ont fermé l’année dernière, selon Mme M’chich-Alami.

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  • Au Sénégal, la mine mobile d'Eramet accusée de détruire le désert et l'économie locale
    2025/03/04

    Au Sénégal, les activités minières du français Eramet sont accusées de détruire le désert de Lompoul et le tissu économique de la bande des Niayes. La société Grande Côte Opérations (GCO), détenue à 90 % par l’entreprise minière française Eramet et à 10 % par l’État sénégalais, exploite depuis 2014 le zircon le long de la côte atlantique au nord de Dakar. Mais depuis quelques mois, les maraîchers riverains de la mine mobile se plaignent de la perte de leurs ressources économiques et des compensations trop faibles pour laisser passer la mine.

    De notre envoyée spéciale de retour de Lompoul,

    Au loin, une gigantesque pompe de l’entreprise minière recrache du sable. À 150 mètres, la terre du champ que nous traversons est sèche, les aubergines et les oignons couverts d’une fine couche de sable, un vieux souvenir. Maïmouna, qui exploitait cette parcelle d’un hectare, est dépitée : « J’avais un grand champ et je gagnais beaucoup d’argent. L’année passée, j’ai récolté beaucoup d’oignons, mais depuis que la mine de zircon est passée, le sable a recouvert la pompe solaire, ma motopompe est cassée et je n’ai plus d’eau. »

    En cause, selon cette agricultrice qui gagnait jusqu’à 3,2 millions de FCFA par mois grâce à ses récoltes, l’arrivée de la mine mobile d’Eramet et de sa gigantesque drague au printemps dernier. Celle-ci filtre le sable sur 10 à 15 m de profondeur, pompant aussi l’eau sur son passage pour extraire le précieux zircon, devant le champ de Maïmouna.

    À quelques kilomètres de là, au milieu des dernières dunes du désert du Lompoul, c’est un campement touristique qui est cerné. Ici, la mine mobile filtre le sable jour et nuit à moins de 200 mètres de l’écolodge. C’est la dernière infrastructure touristique depuis que la mine a commencé à exploiter la zone il y a un an. Les six autres ont été indemnisées, mais Birame Mbaye Ndiaye, co-gérant de l’établissement, résiste, car les enjeux économiques sont importants. « Le tourisme, c'est une activité transversale. Il y a le vendeur de cacahouète, le vendeur de légumes, le vendeur de viande, tous ces gens et les employés qui gravitent autour », rappelle l’hôtelier. « Nous, on est une entreprise indépendante, reconnue par l’État, c’est comme s’ils achetaient notre entreprise, car on va fermer après. Nous, ce qu’on demande, c'est qu’on soit dédommagé à notre juste valeur », revendique Birame Mbaye Ndiaye.

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    « Le Sénégal n’y gagne rien »

    De son côté, le maire de Diokoul, l’une des localités par laquelle passe la mine, demande un moratoire et une enquête parlementaire. Car il en est convaincu, les gains économiques sont inférieurs aux dommages que provoque la mine. « Même en termes de productivité économique, par rapport au maraîchage et l’arboriculture qui est développée dans la zone des Niayes, je pense que la dégradation par la mine ne peut pas compenser en termes économiques ce qui est en train d’être détruit. Je pense que le Sénégal n’y gagne rien », affirme l’élu.

    Dans un rapport, le collectif de défense des Niayes, composé de membres de la société civile, a calculé que si l’on cumule sur les dix dernières années, l’entreprise minière a reversé moins de cinq milliards de FCFA à l’État par an. L’entreprise minière Grande côte opérations (GCO) dément ces affirmations. Elle dit être le cinquième contributeur minier au budget de l’État, employer 2 000 personnes et veiller à l’indemnisation des personnes expropriées.

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  • La RDC suspend les exportations de cobalt pour voir remonter les prix
    2025/03/03

    La RDC, qui détient près de 70% des réserves mondiales de cobalt, a annoncé fin février 2025 la suspension de toutes les exportations pour une période de quatre mois. Objectif : créer une rareté sur le marché afin de voir les prix se relever. Car aujourd’hui, le marché international connaît un excédent de ce minerai stratégique dans la fabrication des batteries électriques, et les prix sont au plus bas niveau. Dans le contexte, la RDC a besoin d'affirmer sa souveraineté sur son minerai et d'assurer ses revenus.

    Depuis le début de l'année 2025, la tonne de cobalt se vend quatre fois moins cher qu'il y a trois ans. Elle se négocie à environ 21 000 dollars, alors qu'en 2022, elle valait plus de 80 000 dollars. La surproduction est pointée du doigt.

    Avec la décision de suspendre les exportations, Kinshasa compte peser de tout son poids afin de rétablir une certaine stabilité sur les marchés. « En principe, dans la surproduction, la RDC perd triplement. Premièrement, les réserves diminuent et on augmente les stocks en Chine. Deuxième chose : quand les prix baissent, la RDC perd sur la taxe de superprofit qui est payée sur la vente du cobalt. Et troisièmement, ce n'est pas du cobalt métal qui est exporté par tous ces Chinois ; ce sont des concentrés de cobalt. Ils vont chez eux, ils raffinent, ils produisent », détaille Franck Fwamba, responsable de la plateforme Ne touche pas à mon cobalt.

    La chute drastique du prix du cobalt frappe aussi de plein fouet le secteur artisanal. Les mineurs ont abandonné l'extraction de ce minerai, faute d'acheteurs. Chadrack Mukad, directeur de l'association Comprendre et agir dans les secteurs miniers (CASMIA), basée à Kolwezi, confie : « Même si le cobalt titraient à 2 ou 3%, les preneurs n'achètent que le cuivre, et le cobalt est pris comme ça, sans aucune valeur. Vous savez que les mineurs vendent un mélange de cuivre et de cobalt, mais on n'achète que le cuivre. »

    Des motivations géostratégiques ?

    Selon certains analystes, la décision de la RDC aurait aussi des motivations géostratégiques. Depuis des mois, les États-Unis, l'Europe et la Chine se disputent le contrôle des minerais du pays. En 2024, la production du groupe Chinois CMOC représentait 38% de la production mondiale du cobalt, soit 114 165 tonnes. Le géant Suisse Glencore n'a produit que 38 200 tonnes. Mais Jean-Pierre Okenda, expert analyste du secteur extractif de la RDC, se veut plus nuancé sur cet aspect :

    « À ma connaissance, il n'y a quasiment pas d'usines de raffinerie de cobalt aux États-Unis. Cela ne signifie pas qu'il faut ignorer le fait que les États-Unis et les Européens veulent sécuriser la chaîne d'approvisionnement des minéraux critiques notamment, mais je ne pense pas que la mesure actuelle entre dans cette compréhension-là des choses », estime-t-il. Selon Bloomberg, le Chinois CMOC a lancé un groupe de travail pour mener des discussions avec le gouvernement de la RDC.

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  • Au sommet Finance en commun du Cap, les banques de développement à l'ère Trump
    2025/03/02

    L'Afrique du Sud, capitale de la finance : plus de 500 banques de développement se sont rassemblées fin février au Cap pour le sommet Finance en commun, en parallèle d'une réunion du G20. Dans un contexte d'arrêt brutal des aides américaines, avec la fin de 90% des activités de l'USAID décidé par Donald Trump, quel avenir pour l'aide publique au développement ?

    L'actualité américaine a presque été mise de côté lors de ce sommet Finance en commun (FICS), qui a eu lieu au Cap du 26 au 28 février. Pendant la cérémonie d'ouverture qui donnait le top départ à ces trois jours de conférences et de rencontres, sur scène, un seul invité a abordé le sujet, sans citer les États-Unis directement : « Si certains grands pays venaient à manquer à leurs responsabilités dans ce domaine, et je ne dis pas cela complètement au hasard, cela irait probablement à l'encontre de leurs propres intérêts nationaux. »

    La réaction de l'assemblée a rappelé immédiatement que le sujet est dans toutes les têtes : « Permettez-moi de conclure en citant une grande figure américaine. Benjamin Franklin disait : ''Nous devons tous nous serrer les coudes, ou assurément, nous serons tous pendus séparément.'' Serrons-nous les coudes à ce sommet. »

    60 milliards de dollars d'aides en moins

    L'arrêt de plus de 90% des activités de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) dans le monde représente 60 milliards de dollars d'aides en moins. Pour Diina Hamutumwa, responsable financière de la Banque de développement namibienne, cet événement doit être un déclic pour le continent africain :

    « D'un point de vue africain, il est vraiment important que nous commencions à réfléchir sur nous-mêmes et à voir comment nous pouvons subvenir à nos besoins. S'appuyer sur l'extérieur doit être un plus, pas quelque chose sur lequel nous comptons à 100%. Avec ces décisions américaines, je crois qu'il est plus important que jamais que les gouvernements locaux réfléchissent et se demandent comment combler cette lacune. C'est aussi notre rôle en tant que banques de développement national. »

    Les États-Unis sont les principaux actionnaires des grandes banques de développement, qui sont aussi un puissant outil diplomatique. Alors, si dans les couloirs du centre de conférence du Cap, on s'accorde sur le besoin de refonte du système de financement, avec une plus grande place au secteur privé par exemple, il y a tout de même de l'espoir.

    Pas de désengagement sur les questions climatiques ?

    Moubarak Moukaila, responsable climat de la Banque de développement d'Afrique de l'Ouest, confie : « Il faut dissocier la question des partenariats, la question de la collaboration, et la question de l'aide publique au développement. Le changement climatique, par exemple, c'est une question transversale. Tout le monde est obligé de s'asseoir autour de la table pour trouver des solutions. La question liée à l'aide publique au développement, c'est une autre question, complètement politique et une question stratégique. Aujourd'hui, nous avons plus besoin des partenariats et de la collaboration pour arriver à des solutions adaptées à nos problèmes. Donc, je pense que d'une façon ou d'une autre, les États-Unis ne vont pas complètement s'écarter. Je pense que la réalité va rattraper Donald Trump, et la réalité poussera les États-Unis à continuer d'investir dans les questions liées au changement climatique. »

    Reste que le projet de Donald Trump de passer en revue chaque financement international inquiète. Le sommet Finance en commun a donc pris des allures de réelle coalition, comme un bloc, entre les plus de 500 banques de développement du monde entier.

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  • Avant la surconsommation du ramadan, la Guinée encadre certains prix alimentaires
    2025/02/28

    Des prix plafonnés le temps du ramadan et du mois de carême sur les marchés guinéens. Viande, farine, riz... Une dizaine de produits seront subventionnés par l'État, et leurs prix seront ainsi encadrés pendant cette période où la consommation de denrées alimentaires augmentent dans le pays.

    Sac de riz blanc à 290 000 francs guinéens, 50 kilos de farine à 350 000 francs, et carton de poulet entier à 210 000 francs. Dans les marchés de Conakry, les prix de certains produits vont baisser jusqu'à la fin du mois de juin, grâce à un effort financier de l'État, explique le directeur du Commerce intérieur et de la concurrence, Mohamed Traoré : « L'État perd jusqu'à 67 millions de dollars par an parce qu'il renonce à ses droits sur l'importation de ces denrées. Donc, nous voulons être sûrs que ces efforts de l'État se répercutent sur les prix pratiqués sur les marchés, pour que le client final puisse être soulagé. »

    Des tarifs peu respectés, des contrôles renforcés

    Problème : ces prix plafonnés ne sont pas toujours respectés par certains commerçants qui profitent de la baisse chez les grossistes sans la répercuter sur leurs étals, aux dépens des consommateurs. Les contrôles seront donc renforcés.

    « Il y a encore des personnes de mauvaise volonté, des personnes qui prennent ces produits subventionnés, les envoient soit en dehors de la Guinée, soit spéculent sur ces produits sur le marché intérieur, détaille le colonel Cheick Gadiri Condé directeur général par intérim des douanes. Nous allons partir en guerre contre ces personnes. Tous les services douaniers vont redoubler d'ardeur et de vigilance pour que ces produits-là atteignent les consommateurs du marché guinéen. »

    « Des prix discriminatoires »

    Un plafonnement qui n'est pas le même entre Conakry et le reste du pays, où les prix de ventes varient selon le transport. « Injuste » selon M'Bany Sidibé président de l'Union pour la défense des consommateurs de Guinée qui n'est pas satisfait du protocole d'accord : « Ce sont des prix discriminatoires. Il y a ceux du Grand Conakry et ceux de l'intérieur du pays. L'État devrait faire en sorte que les prix soient uniformes sur la totalité du territoire national. Si les consommateurs de Conakry sont désormais supérieurs aux consommateurs de l'intérieur, c'est très grave. »

    Pour éviter un trop grand décalage entre les différentes localités, l'association de consommateurs demande à l'État de retravailler sur les marges de distribution, et pas seulement sur celle des recettes douanières.

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  • Tunisie: leurs petites entreprises ne sortent pas de la crise
    2025/02/26

    En Tunisie, les entrepreneurs ont encore du mal à se remettre de la pandémie du Covid. Beaucoup subissent les effets de l’inflation, à 7 %, et de la « permacrise » économique. 200 000 PME étaient en difficulté financière en 2023, selon l’Association tunisienne des petites et moyennes entreprises, et certaines ont une durée de vie qui ne dure pas plus d’un an et demi.

    Dans son restaurant de street food El Koocha, dans le quartier de Menzah 5, à Tunis, Emna Megdiche a l’air soucieux. Malgré le succès de son commerce, elle doit s’adapter chaque jour à la hausse des prix des denrées alimentaires. « Malheureusement, les deux dernières années ont été particulièrement difficiles parce que l’on fait face à une inflation à deux chiffres sur certaines matières, explique-t-elle. La dernière en date qui nous a mis vraiment en difficulté, c'est l’approvisionnement en volaille et l’inflation des prix de la volaille depuis l’été dernier. Ce qu’on avait avant, c’était un prix bas de la volaille qui permettait de compenser le coût global de la nourriture ».

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    Hausse des matières premières et pénurie de main-d’œuvre

    Le prix moyen de la volaille a augmenté de près de 19 % entre 2023 et 2024 en Tunisie. Emna a dû réduire ses marges et fait aussi face aux autres conséquences de la crise économique : « La première, c'est la hausse des matières premières, la deuxième, c'est la main-d’œuvre qualifiée qui est en train de partir dans des pays comme l’Arabie saoudite, le Qatar, le Maroc, qui se prépare pour la Coupe du monde, la France, l’Europe, c’est une grosse difficulté. Et la troisième, c’est la baisse de pouvoir d’achat ». Si Emna parvient à se maintenir à flot, d’autres ont dû prendre des mesures drastiques.

    Catherine Fournier, franco-tunisienne, dirige une petite entreprise dans le secteur des ressources humaines. Elle a subi une baisse d’activité, car beaucoup d’entreprises ont coupé les budgets en matière d’externalisation du recrutement. « Mon choix, par exemple, ça a été de passer en coworking space au lieu de garder un local en propre, pour diminuer les charges, témoigne l’entrepreneuse, ça a été le premier réflexe. Et puis après, j’ai continué à faire de la croissance en niveau commercial et j’ai créé peut-être plus de dynamique de partenariats. »

    Trésoreries à sec

    Comme Emna, malgré un réseau professionnel développé, Catherine se sent à l’écart des systèmes de soutiens financiers. « Je ne dis pas qu’il faut nous passer certaines choses, on doit payer des impôts comme tout le monde, mais peut-être que si on était un peu mieux traité et qu’on avait des systèmes un peu plus souples, ça nous aiderait à créer de la trésorerie, défend la cheffe d'entreprise. Parce que finalement, les TPE, on est souvent des sociétés de services et la trésorerie, c’est le cœur du problème. »

    Beaucoup ne peuvent plus répondre aux exigences en termes de garantie de la part du système bancaire, et donc n’arrivent plus à trouver de financements.

    À lire aussiDévelopper les PME en Afrique: le défi de l’investissement

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  • Développer les PME en Afrique: le défi de l’investissement
    2025/02/25

    À l’heure où l’aide publique au développement décroît et où les taux d’intérêt sur les marchés sont élevés, l’accès aux financements pour développer les entreprises africaines est capital. À la clé, la création d’emplois, de richesses et de développement… Dans ce domaine, des fonds privés à impact cherchent à développer leurs fonds et n’hésitent pas à allier financements publics et privés.

    Il y a 15 ans, Sidi Khalifou reprend l’entreprise familiale CDS spécialisée dans l’eau et l’énergie en Mauritanie. Elle est alors composée d’une poignée de salariés et fait un chiffre d’affaires d’environ 100 000 euros. « J’avais une vision claire sur son développement », explique l’entrepreneur. Cependant, l’ambition ne suffit pas. « Premier frein, il n’y a pas de fonds et le capital est réduit, les banques ne donnent pas de crédits de façon suffisante. Et on n’avait pas suffisamment d’expérience aussi, explique-t-il. [Le fonds d'investissement] I & P avait cette valeur ajoutée d’avoir les deux, d’avoir de l’accompagnement et du financement. Et donc je peux dire qu’ils nous ont accompagnés de très très bas pour se structurer, pour lancer nos premières commandes, pour recruter nos premières ressources humaines, les former. Et ça, c’est fondamental dans la croissance d’une entreprise. »

    L’entreprise compte désormais une cinquantaine d’employés et porte un chiffre d’affaires d’environ 3 millions d’euros. Dès le début, Investisseurs et Partenaires, I & P, soutient l’entreprise de Sidi Khalifou. I & P est un fonds d’investissement à un impact dédié au financement et à l’accompagnement des start-ups et PME en Afrique subsaharienne. « Ce sont des pays dans lesquels il y a une dynamique entrepreneuriale extrêmement forte. Beaucoup d’opportunités. Ce qui manque, c’est la capacité à financer ces entrepreneurs. Et donc nous, on pense qu’en apportant des fonds et en choisissant des entrepreneurs qui ont cette capacité à créer des emplois, à générer des impacts, nous pouvons aussi générer de la valeur économique et financière pour nos investisseurs », affirme Sébastien Boyer, le co-directeur d’I & P.

    À écouter dans 8 milliards de voisinsQue recherchent les investisseurs dans les PME africaines ?

    Partenariats public-privé

    Un pari qui fonctionne malgré la perception du risque accru qui entoure l’investissement sur le continent. Des acteurs publics, comme la Banque européenne d’investissement, soutiennent ces choix. La BEI vient de signer un nouvel engagement de 15 millions d’euros. « L’une des actions qu’on a, c’est de financer des fonds d’investissement qui eux-mêmes vont financer des actions qui nous semblent prioritaires. », souligne Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI.

    « Ce qui nous semble plus important, ce n’est pas la nature publique ou privée du promoteur d’un projet, c’est plutôt ce qu’il veut faire de l’argent qu’on va lui donner. Et en l’occurrence, ce que veut faire cet investisseur, c’est de développer des actions qui sont particulièrement importantes pour nous, dans des secteurs aussi charnières que l’atténuation et l’adaptation du changement climatique et les problématiques de l’égalité hommes-femmes », insiste-t-il.

    Grâce à cette levée de fonds, I & P prévoit de soutenir une quinzaine d’entreprises sur le continent, avec à la clé la création de 4 000 emplois. Sidi Khalifou poursuit son expansion et souhaite poursuivre le développement de son entreprise dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.

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