エピソード

  • Au Kenya, de la production à la vente, Keep IT Cool garde les marchandises au frais
    2024/11/24

    Permettre aux pêcheurs dans des régions reculées du Kenya de garder leurs poissons frais et les connecter aux acheteurs dans la capitale, c’est le pari de Keep IT Cool, une start-up kényane spécialisée dans la vente et la livraison de poissons et de poulets. Sa plateforme, Markiti – « marché » en swahili – connecte l’offre et la demande. Avec un objectif : limiter les pertes pour les pêcheurs et producteurs.

    De notre correspondante à Nairobi,

    Keep IT Cool a son entrepôt en bordure de Nairobi. Ce matin-là, des caisses de poissons sont en train d’être déchargées d’un camion. Ce sont des tilapias, en provenance de la rive ougandaise du lac Victoria. Une fois réceptionnés, les poissons suivent un parcours bien précis, sous la supervision de Brenda Abucheli, responsable du contrôle qualité. « Une fois que les poissons sont déchargés, on les pèse, puis on s’occupe de leur préparation, décrit-elle. On commence par l’écaillage, puis on les vide et enfin, on les lave. Une fois que tout ça a été fait, on les trie par taille puis ils sont empaquetés et partent dans notre entrepôt de stockage où ils sont gardés au frais avant la vente. »

    En plus des tilapias, Keep IT Cool reçoit aussi des perches du Nil du lac Turkana, au nord-ouest du Kenya. La start-up réceptionne en moyenne entre 15 et 20 tonnes de poissons par semaine, et une à deux tonnes de poulets. Ils partent ensuite vers des hôtels, restaurants ou même chez des particuliers de Nairobi. À travers sa plateforme en ligne, Markiti, l’entreprise souhaite mieux connecter l’offre avec la demande. « On commence par analyser la demande, principalement dans les zones urbaines, puis on va voir les pêcheurs et on leur commande exactement ce dont nous avons besoin. Ça permet d’éviter la surpêche et les pertes », explique Francis Nderitu, son directeur.

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    Connecter les petits producteurs aux marchés

    Une fois que c’est fait, des camions partent récupérer les commandes auprès des pêcheurs organisés en coopératives. « Nous les avons équipées de machines à fabriquer de la glace et de glacières, ce qui permet aux pêcheurs de respecter la chaîne du froid. Ensuite, nous récupérons le poisson et le vendons », poursuit-il.

    Keep IT Cool est née en 2020. Cette année-là, la pandémie de Covid-19 a perturbé les chaînes logistiques. Venant d’une famille d’agriculteurs, Francis Nderitu dit en avoir vu les conséquences. Les producteurs peinaient à vendre leurs produits : « Dans les régions rurales du Kenya, c’est un véritable problème. Même les “bons jours” les producteurs peuvent perdre jusqu’à 40 % de leurs récoltes, ce qui engendre par conséquence une perte de 40 % de leurs revenus. C’est ce problème que nous tentons de résoudre. En introduisant non seulement un système de réfrigération abordable pour les producteurs, mais aussi en leur donnant accès à des marchés. »

    La start-up vient de remporter un des prix Earthshot qui récompense chaque année des lauréats pour leurs initiatives dans le secteur de l’environnement. Keep IT Cool a été récompensée pour sa lutte contre le gaspillage et recevra un million de livres sterling. La start-up compte aujourd’hui une centaine d’employés. Elle ambitionne de voir l’offre s’agrandir à d’autres produits et de toucher d’autres marchés de la région.

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  • Les vêtements de travail tunisiens à la conquête de nouveaux marchés
    2024/11/21

    La Tunisie revient en force sur le marché du textile professionnel, pourtant dominé par les pays asiatiques. En déroute depuis quelques années, le secteur tunisien est de nouveau en croissance grâce à une montée en gamme et à sa proximité géographique avec l’Europe.

    En présentant ses différentes collections, Amor Mlika, directeur de quatre usines de production de vêtements de travail et de protection vers Nabeul, sur la côte est du pays, est conquérant : « Ce que vous avez devant vos yeux, c’est un uniforme pour la police anglaise. Un autre pour la garde nationale espagnole. Nous fournissons la police en Allemagne. J’espère qu’on aura l’occasion d’attaquer le marché français ».

    Réactivité et proximité

    La concurrence chinoise, plus compétitive au niveau des prix, a longtemps sapé les exportations tunisiennes. Mais la proximité géographique de la Tunisie avec l'Union européenne a permis de renverser la tendance. Les clients veulent désormais un approvisionnement proche et efficace.

    « Pas mal de fournisseurs asiatiques, principalement pour les tenues de lutte contre le feu, ramènent chez eux des tissus européens, font les confections et exportent à nouveau vers l’Europe, explique Amor Mlika, alors que chez nous, il y a moins de stocks, moins de pression sur la liquidité, plus de réactivité et une proximité pour l'assistance technique et l'accompagnement. Donc, tout ça, c'est des atouts qu'on a su mettre en valeur et nous nous sommes adaptés au contexte actuel. »

    Les certifications environnementales sont désormais une condition sine qua non pour exporter en Europe. Les professionnels tunisiens se sont mis au niveau et sont montés en gamme.

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    Des champs pétroliers libyens aux mines camerounaises

    La conquête de nouveaux marchés a débuté suite à la pandémie de Covid-19 après une refonte importante du secteur. « On a décidé d’aller vers le premium, vers une qualité textile technique. Donc, ce n'est plus le basique pantalon quatre poches que personne maintenant n'ose porter. Là, on se rapproche plutôt du fashion, de tout ce qui est stylé et ça devient plutôt du prêt-à-porter pour le travail. Ce n'est plus du vêtement de travail simple », explique Tarek Ben Haj Ali, PDG du groupe Workman et vice-président de la Fédération tunisienne du textile et de l'habillement.

    « Nous avons par exemple cette innovation : ce jean est un jean 100% imprimé, donc c'est un jean qui consomme 98% moins d'eau qu'un jean classique », montre Tarek Ben Haj Ali.

    Le « prêt-à-porter au travail » tunisien séduit aussi en Afrique. Les contrats affluent, assure le PDG du groupe Workman : « On vient de signer avec le gouvernement libyen pour habiller les dix entreprises pétrolières étatiques libyennes par exemple. Elles totalisent à peu près 80 000 personnes. On travaille aussi au Cameroun, avec les mines de diamants. Il y a pas mal de confrères qui travaillent et qui viennent de certifier des combinaisons pour le nucléaire, par exemple ».

    Un secteur en croissance qui lorgne également vers la Russie. Même si la Chine et le Bangladesh restent les premiers fournisseurs de l'Union européenne.

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  • Nigeria: la première récolte de maïs OGM en attente de commercialisation
    2024/11/20

    Au Nigeria, le gouvernement a approuvé la commercialisation de variétés OGM de maïs, niébé, coton et soja en janvier dernier, mais leur culture démarre timidement. La technologie transgénique est concédée sous licence libre de droits par Bayer (détenteur de Monsanto) à l’Institut de recherche agricole de l'Université de Zaria. Celle-ci vend des semences de maïs, conçues pour résister à la fois à la sécheresse et aux infestations d'insectes. Exemple sur la première récolte de maïs OGM d'un agriculteur à Suleja, dans le centre du Nigeria.

    De notre envoyé spécial à Suleja,

    Baba Yola observe ses ouvriers agricoles. C'est la récolte du maïs transgénique, semée en juin dernier par cet agriculteur. C'est la première fois que Baba Yola cultive des OGM. Il scrute chaque geste pour éviter les pertes. Car investir dans le transgénique coûte cher. « J'ai acheté 20 kg de maïs Tela pour 86 000 nairas, explique-t-il. Vingt kilos de semences traditionnelles, cela doit valoir entre 28 000 et 30 000 nairas. Je ne sais pas comment ils peuvent rendre abordable le maïs OGM pour que tous les agriculteurs puissent y avoir accès. Le maïs Tela est en vente même s’il est difficile à trouver. Si vous ne le commandez pas, vous ne l'obtiendrez pas à temps. »

    Pas de stratégie commerciale définie

    Baba Yola a acheté ses semences auprès de l'Institut de recherche agricole (IRA) de l'Université de Zaria, dans le centre nord du Nigeria. Créé en 1922, cet institut a notamment pour mandat l'amélioration génétique du maïs, du niébé, du sorgho ou encore du coton.

    « Cette année, nous commençons avec trois tonnes de maïs TELA, précise son directeur, le professeur Ado Yusuf, qui supervise en personne la distribution du maïs transgénique. D’autres semenciers privés enregistrés en reçoivent également et les vendent. Mais pour l'instant, de notre côté, il n'y a pas de stratégie commerciale définie. Les semences sont disponibles ici. Vous frappez à la porte de notre institut de recherche, nous vous distribuons les graines. Nous n'avons pas l'intention d'avoir de succursales dans tout le pays. »

    « Avec les OGM, les agriculteurs deviennent dépendants des distributeurs »

    Le Nigeria est l'un des sept pays africains impliqués dans le projet TELA Maize. Un partenariat public-privé, où la multinationale Bayer Cropscience (anciennement Monsanto) permet l'utilisation gratuite de sa technologie transgénique.

    Mais des voix s'inquiètent de la commercialisation des OGM au Nigeria. « Avec les OGM, les agriculteurs deviennent dépendants des distributeurs, des fabricants de semences ou des sociétés de biotechnologie, année après année, pour obtenir des semences, s’inquiète Joyce Brown, d'une Fondation intitulée Health of Mother Earth Foundation (HOMEF). Parce que la plupart de ces semences transgéniques sont conçues pour ne pas bien produire après la première saison de plantation. L'objectif étant de faire du profit, pas nécessairement de lutter contre la faim ou l'insécurité alimentaire. »

    De son côté, Baba Yola se dit prêt à racheter des semences transgéniques pour l'an prochain. Il a subi moins de pertes que d’habitude, mais la céréale, destinée à l'alimentation humaine, n’a pas tout à fait le même goût, alors il se prononcera en fonction des résultats des ventes de son maïs.

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  • Crise pétrolière au Soudan du Sud: pourquoi la malaisienne Petronas claque la porte
    2024/11/19

    Petronas quitte le Soudan du Sud après près de 30 ans d’exploitation pétrolière, accusant le gouvernement de bloquer la vente de ses actifs. Ce départ de l'entreprise pétrolière malaisienne, sur fond de crise environnementale et de déclin économique, soulève des questions sur l’avenir de l’industrie d'or noir dans le plus jeune pays du monde.

    Seule source de revenus pour l’État sud-soudanais, l’industrie pétrolière est en pleine crise. La production est passée de 300 000 barils par jour lors de l'indépendance en 2011 à moins de 50 000 barils en 2024, en grande partie à cause de la guerre au Soudan.

    Pour Boutros Manani Magaya, président du sous-comité sur le pétrole de l’Assemblée nationale, le départ de Petronas est un coup dur : « Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’investissements supplémentaires dans ce secteur pour augmenter la production ou pour la maintenir au même niveau ? Cela soulève vraiment des questions. Nous savons que le Soudan du Sud a de grandes réserves de pétrole. Pourquoi Petronas et les autres compagnies n’ont-elles pas continué à investir dans l’industrie ? »

    La pollution dénoncée

    Les raisons pourraient se trouver dans les audits financiers et environnementaux à venir, qui pourraient expliquer ce départ précipité.

    Les accusations de pollution liées à l’industrie pétrolière ne cessent de croître. Gizam Moses, représentant de la Coalition de la société civile sur les ressources naturelles (CSCNR), évoque des conséquences graves pour les populations locales : « Nous avons obtenu de nombreux rapports au sujet d’enfants nés avec de graves difformités à cause de l’exposition des femmes enceintes à la pollution pétrolière. Ces récits sont des indications claires que nos lois gouvernant l’exploitation des ressources naturelles ne sont pas respectées par les entreprises qui opèrent dans notre pays. »

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    Les entreprises appelées à rendre des comptes

    Pour Joseph Africano Bartel, sous-secrétaire au ministère de l’Environnement, les entreprises responsables ne pourront pas échapper à leurs obligations, même après leur départ : « Quiconque est venu dans ce pays avant l’indépendance, profitant de l’absence de lois et de contrôle en pensant qu’ils allaient gagner de l’argent tout en négligeant l’environnement, ceux-là devraient bien réfléchir. Car ils ne vont pas disparaître. Petronas ou toute autre compagnie active au Soudan du Sud et ne protégeant pas l’environnement seront tenues responsables. »

    Bartel cite en exemple les 12 milliards de dollars que le pétrolier anglo-néerlandais Shell a dû payer aux victimes de la pollution pétrolière dans le delta du Niger.

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  • Soudan du Sud: la suspension des exportations de pétrole mine l’économie et fait exploser les prix
    2024/11/18

    Le Soudan du Sud connaît l’un des taux d’inflation les plus élevés au monde : 55 % en un an, selon le Fonds monétaire international (FMI). C’est la conséquence de la crise économique profonde que connaît ce pays ravagé par le changement climatique et l’instabilité, et qui importe presque tout ce qu’il consomme. Sa seule source de devises provient des exportations de pétrole, mais depuis mars cette année, le pipeline est à l'arrêt. Malgré les annonces de reprise prochaine de l'exportation, la situation met en exergue le besoin de diversification de l'économie.

    De notre correspondante à Juba,

    « La nourriture est chère, tout est hors de prix, beaucoup de gens ont faim ! Qu’allons-nous faire ? », s’inquiète Sarah Alphonse. À Souk Libya, l’un des marchés de la capitale sud-soudanaise, cette femme frêle de 37 ans vient d’acheter des feuilles de niébé pour les cuisiner avec de la pâte d’arachide. « C’est super cher ! Il y en a pour 8 000 livres, alors qu’avant, tout ça ne coûtait que 500 livres !, assure la mère de quatre enfants. Tout est cher, la farine est chère, les gens n’en peuvent plus, nous sommes malades, nous n’avons pas d’argent pour nous soigner. Nous nous demandons ce que fait le gouvernement ? »

    La livre sud-soudanaise a perdu quatre fois sa valeur face au dollar. Conséquence : le prix des biens de première nécessité s’envole. Le gouvernement a annoncé en septembre la mise en vente de produits alimentaires à des prix subventionnés, et la Banque centrale a injecté des dollars sur le marché des devises. Mais comme beaucoup, Rose Poni Eluzai, une autre cliente du marché de Souk Libya, n'a pas observé d'amélioration. « Je n’ai pas entendu parler de ces mesures. C’est vrai que le dollar est devenu moins cher. Le taux de change est plus favorable, mais les prix sont restés les mêmes sur le marché. Rien n’a changé, martèle-t-elle. Et ici, nous n’avons reçu aucun produit alimentaire subventionné par le gouvernement pour aider les gens. »

    « La remise en route de l’oléoduc n’est qu’une solution de court terme »

    Plus de 90 % des revenus propres du pays dépendent des exportations du pétrole qui se fait via deux oléoducs qui transportent le brut sud-soudanais vers Port Soudan, sur la mer Rouge. Or, depuis mars cette année, le pipeline transportant 70 % du pétrole est arrêté à cause de la guerre qui fait rage au Soudan.

    Si le ministère du Pétrole a annoncé la reprise prochaine des exportations, le président de la Chambre de commerce de l’État d’Équatoria Central, Robert Pitia observe, lui aussi, les limites des mesures prises pour contrôler l’inflation. Pour lui, d’ailleurs, même la reprise des exportations de pétrole ne suffira pas à sortir le pays de la crise. « La remise en route de l’oléoduc n’est qu’une solution de court terme. Pour faire baisser les prix de l’alimentation, le gouvernement doit développer la production agricole, et créer un environnement propice pour que des investisseurs étrangers développent des projets de production agricole massive », analyse Robert Pitia.

    Une diversification de l’économie d’autant plus souhaitable que l’incertitude entoure la reprise des exportations de pétrole, comme le souligne Daniel Akech Thiong, de l’International Crisis Group (ICG) : « Si les parties en conflit au Soudan ne concluent pas un cessez-le-feu dans les zones situées sur le parcours du pipeline, le scénario qui a conduit à l’arrêt de l’oléoduc risque de se répéter. » La baisse du prix du pétrole et une demande mondiale en berne jouent également en défaveur des finances publiques sud-soudanaise, dépendantes à plus de 90 % de l'or noir.

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  • Le Kenya attire de plus en plus d'entreprises françaises
    2024/11/17

    À Nairobi, l’évènement Inspire & Connect, organisé par Bpifrance, la Banque publique d’investissement française, s’est tenu vendredi novembre 2024. La journée a réuni quelques centaines d’investisseurs et décideurs économiques africains et français. Cela dans l’objectif de développer des partenariats entre entrepreneurs des deux pays et encourager les entreprises françaises à s’implanter dans la région.

    De notre correspondante à Nairobi,

    À Nairobi, entre panels de discussions et ateliers thématiques, les participants échangent, se rencontrent. Une délégation de huit entreprises françaises est au Kenya pour l’occasion. Parmi elles, Matières, spécialisée dans la fabrication et la conception de ponts modulaires métalliques. Elle est déjà présente en Afrique de l’Ouest et Centrale. Vincent Lerond son responsable de secteur est venu à Nairobi avec une ambition : « Essayer de décrocher un marché un peu plus conséquent avec ce qu’on appelle un lot de ponts. Plutôt que de livrer un seul pont, c'est monter un projet avec les autorités kényanes avec un ensemble de ponts. Donc, on est intéressés effectivement à se développer sur l’Afrique de l’Est. Et le Kenya est vraiment une bonne porte d’entrée pour des pays comme la Tanzanie, l’Ouganda. »

    En 2020 déjà, le président français Emmanuel Macron appelait les entreprises françaises à s’implanter au Kenya. L’intérêt est croissant, elles sont aujourd’hui 140 dans le pays, contre 35 en 2012. Dans une grande diversité de secteurs : énergie, grande distribution ou encore agriculture.

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    « Des profondeurs de marché exceptionnelles » en Afrique de l'Est

    Pour Yves Battesti, responsable Afrique de l’Est pour Bpifrance, les opportunités dans la région sont encore trop méconnues. « C’est vrai que, lorsque l’on discute avec les entreprises françaises que Bpifrance accompagne, chaque année en France, celles qui sont exportatrices en Afrique ont surtout l’habitude de prospecter les géographies ouest-africaine. Et cela a trait probablement à la facilité d’accès de marché, pour ces entreprises françaises, du fait de la proximité linguistique, de la devise également naturellement et de tout un ensemble de facteurs. Ce qu’on a identifié, il y a plusieurs mois en Afrique de l’Est, c’est qu’il y a des profondeurs de marché qui sont tout aussi exceptionnelles, ajoute Yves Battesti. Quand on regarde les taux de croissance consolidés de l’ensemble des pays d’Afrique de l’Est, il est supérieur au taux de croissance consolidé de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Cette croissance tire les opportunités de marché pour entreprises kényanes, entreprises françaises. »

    Financer les industries locales

    Des opportunités dans les domaines de la tech, de l’énergie et des transports notamment. James Mwangi, directeur général de la banque kényane Equity Bank, y voit aussi un atout pour les industries locales. « Depuis 60 ans, l’Afrique exporte principalement des matières brutes. Pourquoi est-ce qu’on n’utiliserait pas la technologie, les connaissances et les capitaux français pour ajouter de la valeur aux produits africains ? Que ce soit le thé, le café ou le cacao. »

    Un protocole d’accord vient justement d’être signé entre Bpifrance et Equity Bank pour cofinancer des partenariats entre les entreprises des deux pays.

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  • La banane africaine entre concurrence latino-américaine et exigences salariales
    2024/11/14

    Plus de 85 % des bananes produites en Afrique sont exportées vers l’Europe, mais elles font face à la concurrence des bananes d’Amérique latine, qui dominent le marché. La hausse des coûts et la pression des grandes surfaces aggravent la situation, rendant difficile la rentabilité des producteurs africains. Récemment, à Abidjan, les acteurs de la filière se sont réunis pour trouver des solutions en faveur des travailleurs.

    De notre correspondant à Abidjan,

    La Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Ghana, les trois piliers de la production africaine de bananes, luttent pour renforcer leur présence sur le marché européen. Depuis longtemps, ils se retrouvent face à la concurrence écrasante des géants latino-américains, qui dominent largement ce secteur. « Nous sommes face à des géants qui produisent 15 millions de tonnes, alors que nous, les trois pays ensemble, arrivons à produire 600 000 tonnes, souligne Jean-François Billot, secrétaire général d’Afruibana, une organisation qui réunit des producteurs et exportateurs du continent. Ils sont plus de 25 fois plus gros que nous et pourtant, entre 2015 et 2023, nous, en Côte d'Ivoire, avons réussi à porter notre part de marché de 4,4 à 5,1 dans l’Union européenne », se félicite-t-il.

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    Valeur réelle en chute de 20 %

    Pourtant, les marges restent faibles. Les bananes africaines, conformes aux normes strictes de qualité, sont achetées à bas prix, notamment par rapport à d’autres fruits. « Nous produisons une banane propre et pourtant, c’est le fruit le moins cher sur les étals, déplore Jean-Marie Kakou-Gervais, président de l’Obam-CI (Organisation des producteurs exportateurs de bananes en Côte d’Ivoire). Une pomme produite en Normandie et vendue à Paris coûte deux à trois fois plus cher que notre banane, qui parcourt des milliers de kilomètres dans des conditions de transport techniques contraignantes. »

    Vers un salaire décent en Côte d’Ivoire

    Malgré ces difficultés, la Côte d’Ivoire, premier producteur africain avec 382 000 tonnes de bananes par an, s’engage à améliorer les conditions de vie des 13 000 travailleurs du secteur. En septembre dernier, un accord a été signé pour harmoniser les pratiques salariales et instaurer un salaire décent d’ici à 2026. « Avec l’inflation, le salaire actuel ne nous permet plus de vivre convenablement, juge Koffi Blaise, président de la Fédération des travailleurs de la filière. Nous réclamons un salaire qui nous assure une vie décente. Il est temps que producteurs et travailleurs se mettent à la table des négociations. »

    En huit ans, la valeur réelle du kilo de banane a chuté de 20 %. Pour certains producteurs et exportateurs, l’instauration d’un salaire décent reste conditionnée à une revalorisation du prix d’achat sur le marché européen.

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