• Arne Næss, le philosophe alpiniste qui inventa «l'écologie profonde»

  • 2021/08/14
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Arne Næss, le philosophe alpiniste qui inventa «l'écologie profonde»

  • サマリー

  • Arne Næss, philosophe norvégien, héritier de Gandhi et de John Muir, a donné à l’écologie sa première expression philosophique en fondant le mouvement de l’Écologie profonde, un mouvement qui a influencé durablement l’écologie contemporaine. Arne Næss, amoureux inconditionnel de la montagne et alpiniste émérite, a puisé dans cette nature rude et sauvage l’essence même de sa philosophie. L’appel de la montagneArne Næss, né en 1912, a grandi sur une haute colline près d’Oslo, en Norvège. Dès son plus jeune âge, il explore les montagnes qui l’entourent et découvre le plateau du Hallingskarvet : « … quand j’avais 10 ou 11 ans, je grimpais sur cette montagne et je la voyais comme une sorte de père, grand et bienveillant… il y a une forme d’équilibre sur cette grande et superbe montagne (…) pour moi, elle était vivante, alors j’ai pensé que la meilleure chose à faire, ce serait de vivre sur la montagne elle-même. »À 13 ans, Arne Næss escalade son premier sommet – le Smiubaeljen, 1916 m - avec un ami. Dans ses entretiens avec le musicien américain David Rothenberg, il raconte qu’en découvrant les sommets qui l’entourent, au fur et à mesure de l’ascension, « l’idée folle » d’escalader tous les plus hauts sommets de Norvège lui est venue ; un exploit qu’il réalisera entre 16 et 17 ans, et cette passion le conduira à être, en 1950, le premier norvégien à parvenir au sommet du Tirich Mir – 7 708 m - dans l’Himalaya.Jamais, Arne Næss ne pensera cette relation avec la montagne comme une compétition ou une confrontation, mais plutôt comme la joie de faire corps avec un environnement immensément libre : « …plus nous nous sentons petits auprès des montagnes, plus nous avons de chance de participer à leur grandeur ».Psychanalyse et philosophieLe jeune homme étudie la philosophie à l’université d’Oslo et en 1933, il part à Vienne, en Autriche où, décidant que pour enseigner la philosophie, il faut d’abord se connaître soi-même, il entreprend une psychanalyse avec un collègue de Freud.Outre le norvégien, Arne Næss apprend l’anglais, l’allemand et le français, et grâce à sa formation en philosophie classique, il lit Spinoza dans le texte. Le philosophe du XVIIè siècle, pour qui la raison ne doit pas occulter les sentiments, conduit le jeune alpiniste à « écouter son ventre » face à la montagne pour ne pas prendre de risques inutiles. Et sous son influence, il repense la relation entre l’humain et la nature : « Spinoza parle de l’infinité des êtres et de l’infinité des relations possibles entre eux », construisant les prémices de son écologie profonde – en anglais Deep ecology -.Et en 1937, à 25 ans, Arne Næss réalise le rêve de son enfance : il se lance dans la construction d’un refuge en bois et en pierre sur le haut plateau montagneux de Hallingskarvet à 2000 m d’altitude, entre Oslo et Bergen.La cabane des pierres croiséesTvergastein, « la cabane des pierres croisées », ainsi nommée par le jeune homme qui est fasciné par les cristaux de quartz incrustés dans les pierres qui l’entourent, se trouve à 5h de train d’Oslo puis 3h d’ascension à partir du hameau d’Ustaoset, où la famille Næss passait ses vacances.Dans un paysage austère et rude, cette cabane solitaire de 8 mètres sur 5 est pour Arne Næss le refuge silencieux idéal, où la réflexion et la pensée philosophique peuvent s’épanouir au contact de la nature sauvage.Au refuge, le confort est spartiate : un réchaud pour manger, quelques bougies, des couvertures, un magnétophone pour écouter de la musique et beaucoup de livres. L’été, le philosophe boit l’eau des ruisseaux, l’hiver, il fait fondre la neige.Mais mener une vie simple, loin de l’abondance, n’implique pas de souffrir : « à Tvergastein, il est toujours permis de déguster un whisky, d’écouter de la musique et d’apprécier la compagnie d’un bon ami » relate Mathilde Ramadier dans le livre qu’elle a consacré au philosophe, Arne Næss, penseur d’une écologie joyeuse.La retraite est propice à l’étude et c’est là qu’Arne Næss, influencé dès 1931 par la pensée non-violente de Gandhi, apprendra à lire le sanscrit. Mais le philosophe à la curiosité insatiable fait aussi de Tvergastein un « institut de pétrologie, de zoologie et de botanique, pour le plaisir » racontera-t-il à David Rothenberg.Vivre en phase avec ses convictionsProfesseur de philosophie à l’université d’Oslo à partir de 1939, réputé pour son excentricité et sa joie de vivre, Arne Næss est apprécié de ses étudiants. Entre des conférences universitaires dans le monde entier et sa passion pour l’alpinisme, le philosophe est un grand voyageur, mais il monte à Tvergastein dès qu’il le peut, et il passera au total une douzaine d’années dans son refuge où il élaborera sa ...
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あらすじ・解説

Arne Næss, philosophe norvégien, héritier de Gandhi et de John Muir, a donné à l’écologie sa première expression philosophique en fondant le mouvement de l’Écologie profonde, un mouvement qui a influencé durablement l’écologie contemporaine. Arne Næss, amoureux inconditionnel de la montagne et alpiniste émérite, a puisé dans cette nature rude et sauvage l’essence même de sa philosophie. L’appel de la montagneArne Næss, né en 1912, a grandi sur une haute colline près d’Oslo, en Norvège. Dès son plus jeune âge, il explore les montagnes qui l’entourent et découvre le plateau du Hallingskarvet : « … quand j’avais 10 ou 11 ans, je grimpais sur cette montagne et je la voyais comme une sorte de père, grand et bienveillant… il y a une forme d’équilibre sur cette grande et superbe montagne (…) pour moi, elle était vivante, alors j’ai pensé que la meilleure chose à faire, ce serait de vivre sur la montagne elle-même. »À 13 ans, Arne Næss escalade son premier sommet – le Smiubaeljen, 1916 m - avec un ami. Dans ses entretiens avec le musicien américain David Rothenberg, il raconte qu’en découvrant les sommets qui l’entourent, au fur et à mesure de l’ascension, « l’idée folle » d’escalader tous les plus hauts sommets de Norvège lui est venue ; un exploit qu’il réalisera entre 16 et 17 ans, et cette passion le conduira à être, en 1950, le premier norvégien à parvenir au sommet du Tirich Mir – 7 708 m - dans l’Himalaya.Jamais, Arne Næss ne pensera cette relation avec la montagne comme une compétition ou une confrontation, mais plutôt comme la joie de faire corps avec un environnement immensément libre : « …plus nous nous sentons petits auprès des montagnes, plus nous avons de chance de participer à leur grandeur ».Psychanalyse et philosophieLe jeune homme étudie la philosophie à l’université d’Oslo et en 1933, il part à Vienne, en Autriche où, décidant que pour enseigner la philosophie, il faut d’abord se connaître soi-même, il entreprend une psychanalyse avec un collègue de Freud.Outre le norvégien, Arne Næss apprend l’anglais, l’allemand et le français, et grâce à sa formation en philosophie classique, il lit Spinoza dans le texte. Le philosophe du XVIIè siècle, pour qui la raison ne doit pas occulter les sentiments, conduit le jeune alpiniste à « écouter son ventre » face à la montagne pour ne pas prendre de risques inutiles. Et sous son influence, il repense la relation entre l’humain et la nature : « Spinoza parle de l’infinité des êtres et de l’infinité des relations possibles entre eux », construisant les prémices de son écologie profonde – en anglais Deep ecology -.Et en 1937, à 25 ans, Arne Næss réalise le rêve de son enfance : il se lance dans la construction d’un refuge en bois et en pierre sur le haut plateau montagneux de Hallingskarvet à 2000 m d’altitude, entre Oslo et Bergen.La cabane des pierres croiséesTvergastein, « la cabane des pierres croisées », ainsi nommée par le jeune homme qui est fasciné par les cristaux de quartz incrustés dans les pierres qui l’entourent, se trouve à 5h de train d’Oslo puis 3h d’ascension à partir du hameau d’Ustaoset, où la famille Næss passait ses vacances.Dans un paysage austère et rude, cette cabane solitaire de 8 mètres sur 5 est pour Arne Næss le refuge silencieux idéal, où la réflexion et la pensée philosophique peuvent s’épanouir au contact de la nature sauvage.Au refuge, le confort est spartiate : un réchaud pour manger, quelques bougies, des couvertures, un magnétophone pour écouter de la musique et beaucoup de livres. L’été, le philosophe boit l’eau des ruisseaux, l’hiver, il fait fondre la neige.Mais mener une vie simple, loin de l’abondance, n’implique pas de souffrir : « à Tvergastein, il est toujours permis de déguster un whisky, d’écouter de la musique et d’apprécier la compagnie d’un bon ami » relate Mathilde Ramadier dans le livre qu’elle a consacré au philosophe, Arne Næss, penseur d’une écologie joyeuse.La retraite est propice à l’étude et c’est là qu’Arne Næss, influencé dès 1931 par la pensée non-violente de Gandhi, apprendra à lire le sanscrit. Mais le philosophe à la curiosité insatiable fait aussi de Tvergastein un « institut de pétrologie, de zoologie et de botanique, pour le plaisir » racontera-t-il à David Rothenberg.Vivre en phase avec ses convictionsProfesseur de philosophie à l’université d’Oslo à partir de 1939, réputé pour son excentricité et sa joie de vivre, Arne Næss est apprécié de ses étudiants. Entre des conférences universitaires dans le monde entier et sa passion pour l’alpinisme, le philosophe est un grand voyageur, mais il monte à Tvergastein dès qu’il le peut, et il passera au total une douzaine d’années dans son refuge où il élaborera sa ...

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