• Des écologistes remarquables, portraits

  • 著者: RFI
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Des écologistes remarquables, portraits

著者: RFI
  • サマリー

  • Personnalités hors du commun, ces lanceuses et lanceurs d’alerte clairvoyants et visionnaires ont influencé durablement la pensée écologique. Qu’ils et elles soient biologiste, forestier, écrivain, philosophe ou agronome et quelle que soit leur nationalité, ce sont des amoureuses et des amoureux de la nature qui ont forgé leur réflexion critique sur le terrain, remis en cause les modèles de développement destructeurs de l’environnement et proposé des alternatives nécessaires à la survie de l’humanité : protéger la nature nous garantira la chance de vivre avec elle le plus longtemps possible. Esprits brillants et engagés au cours du XXe siècle, chacun d’eux a transformé de façon durable l’écologie, son histoire, et sa relation à la politique et à la société. 

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あらすじ・解説

Personnalités hors du commun, ces lanceuses et lanceurs d’alerte clairvoyants et visionnaires ont influencé durablement la pensée écologique. Qu’ils et elles soient biologiste, forestier, écrivain, philosophe ou agronome et quelle que soit leur nationalité, ce sont des amoureuses et des amoureux de la nature qui ont forgé leur réflexion critique sur le terrain, remis en cause les modèles de développement destructeurs de l’environnement et proposé des alternatives nécessaires à la survie de l’humanité : protéger la nature nous garantira la chance de vivre avec elle le plus longtemps possible. Esprits brillants et engagés au cours du XXe siècle, chacun d’eux a transformé de façon durable l’écologie, son histoire, et sa relation à la politique et à la société. 

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エピソード
  • Carolyn Merchant, du féminisme à l’écologie
    2021/08/27
    Carolyn Merchant, philosophe, historienne des sciences et professeure d’université, est l’autrice d’un livre fondateur de la réflexion écoféministe en 1980 : La mort de la nature. Son analyse montre l’importance du genre dans l’Histoire de la science moderne et la transformation du rapport aux femmes et à la nature avec la révolution scientifique en Europe, à partir du XVIe siècle. Carolyn Merchant, née à Rochester, dans l’État de New York, en 1936, a étudié l’Histoire des sciences à l’université de Madison dans le Wisconsin. Elle enseigne l’Histoire des sciences à l’université de San Francisco puis à l’université de l’Oregon jusqu’en 1969.Dans la préface de la nouvelle édition de son livre majeur, Carolyn Merchant évoque l’été de 1975, où, en camping à Bryce Canyon, dans l’Utah, avec ses deux fils, elle médite sur « l’ironie des pierres vivantes que la science considère comme mortes », alors que pendant un long moment dans l’histoire de l’humanité, ces roches étaient considérées comme vivantes, « poussant et se reproduisant comme des animaux ». C’est là que le livre sur lequel elle travaillait depuis plusieurs années trouve son titre : The death of nature - La mort de la nature.L’écoféminisme ou la convergence des luttesDès 1959, Carolyn Merchant prend part au mouvement environnemental. Le livre de Rachel Carson Printemps silencieux, paru en 1962, qui dénonce la responsabilité du DDT dans la disparition des oiseaux et déclenche le mouvement environnemental aux États-Unis, est le premier pilier de sa réflexion.Alors qu’elle est déjà mère de famille, la jeune historienne, qui subit les difficultés d’allier carrière scientifique et responsabilités familiales, « dévore » le livre de Betty Friedman La femme mystifiée qui sort en 1963.Puis enseignante à l’université de Berkeley, en Californie, dès les années 1970, elle participe aux mouvements des droits civiques et prend conscience du rôle de la science dans la guerre américaine au Cambodge et au Vietnam.Le sous-titre de La mort de la nature est trouvé : les femmes, l’écologie et la Révolution scientifique.À l’été 1973, Carolyn Merchant écrit les trois articles fondateurs de La mort de la nature et en 1974, dans son livre Le féminisme ou la mort, la Française Françoise d’Eaubonne invente le mot d’écoféminisme.La mécanique de la natureLa thèse de Carolyn Merchant repose sur son étude de l’Histoire des sciences, et plus spécifiquement la période de la Révolution scientifique du XVIe au XVIIIe siècle en Europe, qui constitue on moment charnière de notre rapport à la Terre et à la nature.Carolyn Merchant, travaille sur les métaphores, elle étudie le langage et les textes : dans la plupart des langues, la nature est de genre féminin, et de l’antiquité jusqu’à la Renaissance, on considère que la Terre est vivante : « Non seulement la nature était-elle perçue comme étant féminine, mais la terre elle aussi, était vue de façon universelle comme une mère nourricière, sensible, vivante et réactive aux actions humaines (…) », écrit-elle. Or, on ne peut pas faire n’importe quoi à sa mère, on la respecte.Mais les pionniers de la pensée scientifique moderne, Isaac Newton, Francis Bacon, René Descartes, ont remplacé cette vision organique de la nature par une vision mécaniste : si la nature est une machine, pourquoi ne pas l’utiliser suivant nos besoins, puisqu’on peut en « remplacer les pièces ».Le poids des métaphoresCarolyn Merchant travaille sur les métaphores. La nature est comparée aux femmes, les femmes à la nature « … et ces métaphores qui lient les femmes à la nature disent aussi comment on doit se comporter avec elles », explique la philosophe Catherine Larrère. Or, passer de la conception de mère Nature à celle de nature-machine, « … à travers les métaphores qui comparent constamment les femmes à la nature – comme “pénétrer les secrets de la nature”, “terres vierges” -, ça implique d’autres rapports avec les femmes aussi », ajoute-t-elle.Carolyn Merchant démontre que cette nouvelle vision de l’homme qui domine la nature va également s’appliquer aux femmes, et qu’elle aboutira aux procès de sorcières qui tueront des dizaines de milliers de femmes en Europe à partir du XVIème siècle.À l’inverse, sous couvert de science, la nature sera elle aussi malmenée : « pour lui arracher la vérité, on peut violer la nature comme on violente une femme (…) c’est une façon de tuer ce que nous trouvons de vivant dans la nature », complète Catherine Larrère. Capitalisme contre NatureDès les années 1960, ce sont les femmes qui s’impliquent majoritairement dans les luttes environnementales : « Les questions de la santé de la reproduction, de la santé des enfants (…) du sort des générations futures, ...
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  • Élisée Reclus ou l'écologie anarchiste
    2021/08/21
    Élisée Reclus, géographe et militant anarchiste français de la fin du XIXème siècle, a été un précurseur de la géographie sociale. Communard, végétarien et féministe, écrivain prolifique, perpétuel exilé et grand voyageur, l’auteur de la « Nouvelle géographie universelle » a posé les bases de l’écologie politique. Élisée Reclus est né le 15 mars 1830 à Sainte-Foy-la-Grande, en France, dans une famille protestante, le quatrième de quatorze enfants. Son père est pasteur et voudrait qu’Élisée suive la même voie. Mais après un passage chez les Frères Moraves en Prusse, il suit, avec son frère Elie, des études à la faculté de théologie de Montauban, dont les deux garçons seront exclus à la suite d’une fugue.C’est le premier voyage du jeune Élisée, qui perd la foi mais est séduit par les idéaux socialistes de son époque. Le jeune homme choisit finalement de partir étudier la géographie à Berlin avec Carl Ritter, l’un des fondateurs de la géographie moderne.Citoyen de la terreEn 1851, les frères Reclus sont de retour en France. Engagés politiquement pour la République, ils manifestent contre le coup d’État de Napoléon III, à la suite de quoi, menacés d’être arrêtés par la police, ils décident de s’enfuir en Angleterre.De Londres, où il vit dans la pauvreté, Élisée part en Irlande, puis aux États-Unis. Là, révolté par l’esclavage, il quitte pour l’Amérique du Sud et s’installe comme planteur en Colombie, mais il tombe malade et c’est un échec.Le jeune homme retourne en France en 1857.Sitôt rentré, Élisée Reclus reprend le militantisme, publie régulièrement dans les revues socialistes et anarchistes, et en 1864, les frères Reclus adhèrent à l’Association internationale des travailleurs – AIT, première internationale –.Pendant la Commune de Paris, en 1871, Élisée s’engage comme volontaire contre le gouvernement de Thiers et est fait prisonnier. Condamné au bannissement après 11 mois de prison, Élisée et sa famille s’installent en Suisse en 1872.Exilé politique pendant toute sa vie, Élisée Reclus s’est nourri de son exil : « C’est un citoyen de la terre, il avait des connaissances savantes extrêmement étendues, mais aussi directes, par tous les gens qu’il a croisés et la nature qu’il a observée », raconte l’historienne des sciences et de l’environnement Valérie Chansigaud.Écrivain foisonnantEntré à la Société de géographie en 1858, Élisée Reclus est désormais un géographe reconnu. À partir de 1859, il écrit des articles très appréciés pour la Revue des Deux Mondes et voyage dans toute l’Europe. Le géographe est fasciné par la beauté de la nature qu’il traverse, par les liens qu’entretiennent les humains avec leur environnement, et il écrit, raconte et dessine des cartes au fil de ses voyages.Élisée Reclus publie son premier livre en 1861, Voyage à la Sierra Nevada de Sainte-Marthe, où il raconte son aventure colombienne, et en 1868, c’est au tour de La Terre, un traité de géographie générale qui décrit la vie du globe et constitue le premier volume de la trilogie qui sera composée de la Nouvelle géographie universelle et L’Homme et la terre – 27 volumes au total –.En 1875, la Nouvelle géographie universelle commence à paraître en feuilleton, et reçoit un véritable succès public : « C’est un des premiers grands ouvrages de géographie où les pays d’Europe n’ont pas la place dominante, où les continents et les régions sont présentés à leur juste place. C’était excitant de découvrir le monde synthétisé de façon brillante par un très grand géographe », déclare Valérie Chansigaud.Géographie, écologie et anarchismeChez Reclus, la géographie et l’anarchisme sont inséparables, analyse Valérie Chansigaud : « Ce qui l’intéresse c’est comment les humains, les sociétés s’organisent avec leur environnement naturel. C’est un penseur avant tout de la liberté, et la géographie est un bon cadre pour penser la liberté parce que la liberté s’inscrit toujours dans un territoire. »L’écologie n’existe pas encore, mais le géographe observe les transformations de l’environnement engendrées par le développement humain, l’agriculture industrielle et le capitalisme.Reclus n’est pas pour la préservation d’une nature sans humains mais la qualité de vie dépend de nos choix de société. Dans L’Homme et la terre, il écrit : « L’Homme vraiment civilisé aide la terre au lieu de s’acharner brutalement contre elle ; il apprend aussi comme artiste, à donner aux paysages qui l’entourent plus de grâce, de charme ou de majesté. Devenu la conscience de la terre, l’homme digne de sa mission assume par cela même une part de responsabilité dans l’harmonie et la beauté de la nature environnante. »Une philosophie de la natureÀ l’aide de ses vastes ...
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  • Arne Næss, le philosophe alpiniste qui inventa «l'écologie profonde»
    2021/08/14
    Arne Næss, philosophe norvégien, héritier de Gandhi et de John Muir, a donné à l’écologie sa première expression philosophique en fondant le mouvement de l’Écologie profonde, un mouvement qui a influencé durablement l’écologie contemporaine. Arne Næss, amoureux inconditionnel de la montagne et alpiniste émérite, a puisé dans cette nature rude et sauvage l’essence même de sa philosophie. L’appel de la montagneArne Næss, né en 1912, a grandi sur une haute colline près d’Oslo, en Norvège. Dès son plus jeune âge, il explore les montagnes qui l’entourent et découvre le plateau du Hallingskarvet : « … quand j’avais 10 ou 11 ans, je grimpais sur cette montagne et je la voyais comme une sorte de père, grand et bienveillant… il y a une forme d’équilibre sur cette grande et superbe montagne (…) pour moi, elle était vivante, alors j’ai pensé que la meilleure chose à faire, ce serait de vivre sur la montagne elle-même. »À 13 ans, Arne Næss escalade son premier sommet – le Smiubaeljen, 1916 m - avec un ami. Dans ses entretiens avec le musicien américain David Rothenberg, il raconte qu’en découvrant les sommets qui l’entourent, au fur et à mesure de l’ascension, « l’idée folle » d’escalader tous les plus hauts sommets de Norvège lui est venue ; un exploit qu’il réalisera entre 16 et 17 ans, et cette passion le conduira à être, en 1950, le premier norvégien à parvenir au sommet du Tirich Mir – 7 708 m - dans l’Himalaya.Jamais, Arne Næss ne pensera cette relation avec la montagne comme une compétition ou une confrontation, mais plutôt comme la joie de faire corps avec un environnement immensément libre : « …plus nous nous sentons petits auprès des montagnes, plus nous avons de chance de participer à leur grandeur ».Psychanalyse et philosophieLe jeune homme étudie la philosophie à l’université d’Oslo et en 1933, il part à Vienne, en Autriche où, décidant que pour enseigner la philosophie, il faut d’abord se connaître soi-même, il entreprend une psychanalyse avec un collègue de Freud.Outre le norvégien, Arne Næss apprend l’anglais, l’allemand et le français, et grâce à sa formation en philosophie classique, il lit Spinoza dans le texte. Le philosophe du XVIIè siècle, pour qui la raison ne doit pas occulter les sentiments, conduit le jeune alpiniste à « écouter son ventre » face à la montagne pour ne pas prendre de risques inutiles. Et sous son influence, il repense la relation entre l’humain et la nature : « Spinoza parle de l’infinité des êtres et de l’infinité des relations possibles entre eux », construisant les prémices de son écologie profonde – en anglais Deep ecology -.Et en 1937, à 25 ans, Arne Næss réalise le rêve de son enfance : il se lance dans la construction d’un refuge en bois et en pierre sur le haut plateau montagneux de Hallingskarvet à 2000 m d’altitude, entre Oslo et Bergen.La cabane des pierres croiséesTvergastein, « la cabane des pierres croisées », ainsi nommée par le jeune homme qui est fasciné par les cristaux de quartz incrustés dans les pierres qui l’entourent, se trouve à 5h de train d’Oslo puis 3h d’ascension à partir du hameau d’Ustaoset, où la famille Næss passait ses vacances.Dans un paysage austère et rude, cette cabane solitaire de 8 mètres sur 5 est pour Arne Næss le refuge silencieux idéal, où la réflexion et la pensée philosophique peuvent s’épanouir au contact de la nature sauvage.Au refuge, le confort est spartiate : un réchaud pour manger, quelques bougies, des couvertures, un magnétophone pour écouter de la musique et beaucoup de livres. L’été, le philosophe boit l’eau des ruisseaux, l’hiver, il fait fondre la neige.Mais mener une vie simple, loin de l’abondance, n’implique pas de souffrir : « à Tvergastein, il est toujours permis de déguster un whisky, d’écouter de la musique et d’apprécier la compagnie d’un bon ami » relate Mathilde Ramadier dans le livre qu’elle a consacré au philosophe, Arne Næss, penseur d’une écologie joyeuse.La retraite est propice à l’étude et c’est là qu’Arne Næss, influencé dès 1931 par la pensée non-violente de Gandhi, apprendra à lire le sanscrit. Mais le philosophe à la curiosité insatiable fait aussi de Tvergastein un « institut de pétrologie, de zoologie et de botanique, pour le plaisir » racontera-t-il à David Rothenberg.Vivre en phase avec ses convictionsProfesseur de philosophie à l’université d’Oslo à partir de 1939, réputé pour son excentricité et sa joie de vivre, Arne Næss est apprécié de ses étudiants. Entre des conférences universitaires dans le monde entier et sa passion pour l’alpinisme, le philosophe est un grand voyageur, mais il monte à Tvergastein dès qu’il le peut, et il passera au total une douzaine d’années dans son refuge où il élaborera sa ...
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