エピソード

  • Carolyn Merchant, du féminisme à l’écologie
    2021/08/27
    Carolyn Merchant, philosophe, historienne des sciences et professeure d’université, est l’autrice d’un livre fondateur de la réflexion écoféministe en 1980 : La mort de la nature. Son analyse montre l’importance du genre dans l’Histoire de la science moderne et la transformation du rapport aux femmes et à la nature avec la révolution scientifique en Europe, à partir du XVIe siècle. Carolyn Merchant, née à Rochester, dans l’État de New York, en 1936, a étudié l’Histoire des sciences à l’université de Madison dans le Wisconsin. Elle enseigne l’Histoire des sciences à l’université de San Francisco puis à l’université de l’Oregon jusqu’en 1969.Dans la préface de la nouvelle édition de son livre majeur, Carolyn Merchant évoque l’été de 1975, où, en camping à Bryce Canyon, dans l’Utah, avec ses deux fils, elle médite sur « l’ironie des pierres vivantes que la science considère comme mortes », alors que pendant un long moment dans l’histoire de l’humanité, ces roches étaient considérées comme vivantes, « poussant et se reproduisant comme des animaux ». C’est là que le livre sur lequel elle travaillait depuis plusieurs années trouve son titre : The death of nature - La mort de la nature.L’écoféminisme ou la convergence des luttesDès 1959, Carolyn Merchant prend part au mouvement environnemental. Le livre de Rachel Carson Printemps silencieux, paru en 1962, qui dénonce la responsabilité du DDT dans la disparition des oiseaux et déclenche le mouvement environnemental aux États-Unis, est le premier pilier de sa réflexion.Alors qu’elle est déjà mère de famille, la jeune historienne, qui subit les difficultés d’allier carrière scientifique et responsabilités familiales, « dévore » le livre de Betty Friedman La femme mystifiée qui sort en 1963.Puis enseignante à l’université de Berkeley, en Californie, dès les années 1970, elle participe aux mouvements des droits civiques et prend conscience du rôle de la science dans la guerre américaine au Cambodge et au Vietnam.Le sous-titre de La mort de la nature est trouvé : les femmes, l’écologie et la Révolution scientifique.À l’été 1973, Carolyn Merchant écrit les trois articles fondateurs de La mort de la nature et en 1974, dans son livre Le féminisme ou la mort, la Française Françoise d’Eaubonne invente le mot d’écoféminisme.La mécanique de la natureLa thèse de Carolyn Merchant repose sur son étude de l’Histoire des sciences, et plus spécifiquement la période de la Révolution scientifique du XVIe au XVIIIe siècle en Europe, qui constitue on moment charnière de notre rapport à la Terre et à la nature.Carolyn Merchant, travaille sur les métaphores, elle étudie le langage et les textes : dans la plupart des langues, la nature est de genre féminin, et de l’antiquité jusqu’à la Renaissance, on considère que la Terre est vivante : « Non seulement la nature était-elle perçue comme étant féminine, mais la terre elle aussi, était vue de façon universelle comme une mère nourricière, sensible, vivante et réactive aux actions humaines (…) », écrit-elle. Or, on ne peut pas faire n’importe quoi à sa mère, on la respecte.Mais les pionniers de la pensée scientifique moderne, Isaac Newton, Francis Bacon, René Descartes, ont remplacé cette vision organique de la nature par une vision mécaniste : si la nature est une machine, pourquoi ne pas l’utiliser suivant nos besoins, puisqu’on peut en « remplacer les pièces ».Le poids des métaphoresCarolyn Merchant travaille sur les métaphores. La nature est comparée aux femmes, les femmes à la nature « … et ces métaphores qui lient les femmes à la nature disent aussi comment on doit se comporter avec elles », explique la philosophe Catherine Larrère. Or, passer de la conception de mère Nature à celle de nature-machine, « … à travers les métaphores qui comparent constamment les femmes à la nature – comme “pénétrer les secrets de la nature”, “terres vierges” -, ça implique d’autres rapports avec les femmes aussi », ajoute-t-elle.Carolyn Merchant démontre que cette nouvelle vision de l’homme qui domine la nature va également s’appliquer aux femmes, et qu’elle aboutira aux procès de sorcières qui tueront des dizaines de milliers de femmes en Europe à partir du XVIème siècle.À l’inverse, sous couvert de science, la nature sera elle aussi malmenée : « pour lui arracher la vérité, on peut violer la nature comme on violente une femme (…) c’est une façon de tuer ce que nous trouvons de vivant dans la nature », complète Catherine Larrère. Capitalisme contre NatureDès les années 1960, ce sont les femmes qui s’impliquent majoritairement dans les luttes environnementales : « Les questions de la santé de la reproduction, de la santé des enfants (…) du sort des générations futures, ...
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  • Élisée Reclus ou l'écologie anarchiste
    2021/08/21
    Élisée Reclus, géographe et militant anarchiste français de la fin du XIXème siècle, a été un précurseur de la géographie sociale. Communard, végétarien et féministe, écrivain prolifique, perpétuel exilé et grand voyageur, l’auteur de la « Nouvelle géographie universelle » a posé les bases de l’écologie politique. Élisée Reclus est né le 15 mars 1830 à Sainte-Foy-la-Grande, en France, dans une famille protestante, le quatrième de quatorze enfants. Son père est pasteur et voudrait qu’Élisée suive la même voie. Mais après un passage chez les Frères Moraves en Prusse, il suit, avec son frère Elie, des études à la faculté de théologie de Montauban, dont les deux garçons seront exclus à la suite d’une fugue.C’est le premier voyage du jeune Élisée, qui perd la foi mais est séduit par les idéaux socialistes de son époque. Le jeune homme choisit finalement de partir étudier la géographie à Berlin avec Carl Ritter, l’un des fondateurs de la géographie moderne.Citoyen de la terreEn 1851, les frères Reclus sont de retour en France. Engagés politiquement pour la République, ils manifestent contre le coup d’État de Napoléon III, à la suite de quoi, menacés d’être arrêtés par la police, ils décident de s’enfuir en Angleterre.De Londres, où il vit dans la pauvreté, Élisée part en Irlande, puis aux États-Unis. Là, révolté par l’esclavage, il quitte pour l’Amérique du Sud et s’installe comme planteur en Colombie, mais il tombe malade et c’est un échec.Le jeune homme retourne en France en 1857.Sitôt rentré, Élisée Reclus reprend le militantisme, publie régulièrement dans les revues socialistes et anarchistes, et en 1864, les frères Reclus adhèrent à l’Association internationale des travailleurs – AIT, première internationale –.Pendant la Commune de Paris, en 1871, Élisée s’engage comme volontaire contre le gouvernement de Thiers et est fait prisonnier. Condamné au bannissement après 11 mois de prison, Élisée et sa famille s’installent en Suisse en 1872.Exilé politique pendant toute sa vie, Élisée Reclus s’est nourri de son exil : « C’est un citoyen de la terre, il avait des connaissances savantes extrêmement étendues, mais aussi directes, par tous les gens qu’il a croisés et la nature qu’il a observée », raconte l’historienne des sciences et de l’environnement Valérie Chansigaud.Écrivain foisonnantEntré à la Société de géographie en 1858, Élisée Reclus est désormais un géographe reconnu. À partir de 1859, il écrit des articles très appréciés pour la Revue des Deux Mondes et voyage dans toute l’Europe. Le géographe est fasciné par la beauté de la nature qu’il traverse, par les liens qu’entretiennent les humains avec leur environnement, et il écrit, raconte et dessine des cartes au fil de ses voyages.Élisée Reclus publie son premier livre en 1861, Voyage à la Sierra Nevada de Sainte-Marthe, où il raconte son aventure colombienne, et en 1868, c’est au tour de La Terre, un traité de géographie générale qui décrit la vie du globe et constitue le premier volume de la trilogie qui sera composée de la Nouvelle géographie universelle et L’Homme et la terre – 27 volumes au total –.En 1875, la Nouvelle géographie universelle commence à paraître en feuilleton, et reçoit un véritable succès public : « C’est un des premiers grands ouvrages de géographie où les pays d’Europe n’ont pas la place dominante, où les continents et les régions sont présentés à leur juste place. C’était excitant de découvrir le monde synthétisé de façon brillante par un très grand géographe », déclare Valérie Chansigaud.Géographie, écologie et anarchismeChez Reclus, la géographie et l’anarchisme sont inséparables, analyse Valérie Chansigaud : « Ce qui l’intéresse c’est comment les humains, les sociétés s’organisent avec leur environnement naturel. C’est un penseur avant tout de la liberté, et la géographie est un bon cadre pour penser la liberté parce que la liberté s’inscrit toujours dans un territoire. »L’écologie n’existe pas encore, mais le géographe observe les transformations de l’environnement engendrées par le développement humain, l’agriculture industrielle et le capitalisme.Reclus n’est pas pour la préservation d’une nature sans humains mais la qualité de vie dépend de nos choix de société. Dans L’Homme et la terre, il écrit : « L’Homme vraiment civilisé aide la terre au lieu de s’acharner brutalement contre elle ; il apprend aussi comme artiste, à donner aux paysages qui l’entourent plus de grâce, de charme ou de majesté. Devenu la conscience de la terre, l’homme digne de sa mission assume par cela même une part de responsabilité dans l’harmonie et la beauté de la nature environnante. »Une philosophie de la natureÀ l’aide de ses vastes ...
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  • Arne Næss, le philosophe alpiniste qui inventa «l'écologie profonde»
    2021/08/14
    Arne Næss, philosophe norvégien, héritier de Gandhi et de John Muir, a donné à l’écologie sa première expression philosophique en fondant le mouvement de l’Écologie profonde, un mouvement qui a influencé durablement l’écologie contemporaine. Arne Næss, amoureux inconditionnel de la montagne et alpiniste émérite, a puisé dans cette nature rude et sauvage l’essence même de sa philosophie. L’appel de la montagneArne Næss, né en 1912, a grandi sur une haute colline près d’Oslo, en Norvège. Dès son plus jeune âge, il explore les montagnes qui l’entourent et découvre le plateau du Hallingskarvet : « … quand j’avais 10 ou 11 ans, je grimpais sur cette montagne et je la voyais comme une sorte de père, grand et bienveillant… il y a une forme d’équilibre sur cette grande et superbe montagne (…) pour moi, elle était vivante, alors j’ai pensé que la meilleure chose à faire, ce serait de vivre sur la montagne elle-même. »À 13 ans, Arne Næss escalade son premier sommet – le Smiubaeljen, 1916 m - avec un ami. Dans ses entretiens avec le musicien américain David Rothenberg, il raconte qu’en découvrant les sommets qui l’entourent, au fur et à mesure de l’ascension, « l’idée folle » d’escalader tous les plus hauts sommets de Norvège lui est venue ; un exploit qu’il réalisera entre 16 et 17 ans, et cette passion le conduira à être, en 1950, le premier norvégien à parvenir au sommet du Tirich Mir – 7 708 m - dans l’Himalaya.Jamais, Arne Næss ne pensera cette relation avec la montagne comme une compétition ou une confrontation, mais plutôt comme la joie de faire corps avec un environnement immensément libre : « …plus nous nous sentons petits auprès des montagnes, plus nous avons de chance de participer à leur grandeur ».Psychanalyse et philosophieLe jeune homme étudie la philosophie à l’université d’Oslo et en 1933, il part à Vienne, en Autriche où, décidant que pour enseigner la philosophie, il faut d’abord se connaître soi-même, il entreprend une psychanalyse avec un collègue de Freud.Outre le norvégien, Arne Næss apprend l’anglais, l’allemand et le français, et grâce à sa formation en philosophie classique, il lit Spinoza dans le texte. Le philosophe du XVIIè siècle, pour qui la raison ne doit pas occulter les sentiments, conduit le jeune alpiniste à « écouter son ventre » face à la montagne pour ne pas prendre de risques inutiles. Et sous son influence, il repense la relation entre l’humain et la nature : « Spinoza parle de l’infinité des êtres et de l’infinité des relations possibles entre eux », construisant les prémices de son écologie profonde – en anglais Deep ecology -.Et en 1937, à 25 ans, Arne Næss réalise le rêve de son enfance : il se lance dans la construction d’un refuge en bois et en pierre sur le haut plateau montagneux de Hallingskarvet à 2000 m d’altitude, entre Oslo et Bergen.La cabane des pierres croiséesTvergastein, « la cabane des pierres croisées », ainsi nommée par le jeune homme qui est fasciné par les cristaux de quartz incrustés dans les pierres qui l’entourent, se trouve à 5h de train d’Oslo puis 3h d’ascension à partir du hameau d’Ustaoset, où la famille Næss passait ses vacances.Dans un paysage austère et rude, cette cabane solitaire de 8 mètres sur 5 est pour Arne Næss le refuge silencieux idéal, où la réflexion et la pensée philosophique peuvent s’épanouir au contact de la nature sauvage.Au refuge, le confort est spartiate : un réchaud pour manger, quelques bougies, des couvertures, un magnétophone pour écouter de la musique et beaucoup de livres. L’été, le philosophe boit l’eau des ruisseaux, l’hiver, il fait fondre la neige.Mais mener une vie simple, loin de l’abondance, n’implique pas de souffrir : « à Tvergastein, il est toujours permis de déguster un whisky, d’écouter de la musique et d’apprécier la compagnie d’un bon ami » relate Mathilde Ramadier dans le livre qu’elle a consacré au philosophe, Arne Næss, penseur d’une écologie joyeuse.La retraite est propice à l’étude et c’est là qu’Arne Næss, influencé dès 1931 par la pensée non-violente de Gandhi, apprendra à lire le sanscrit. Mais le philosophe à la curiosité insatiable fait aussi de Tvergastein un « institut de pétrologie, de zoologie et de botanique, pour le plaisir » racontera-t-il à David Rothenberg.Vivre en phase avec ses convictionsProfesseur de philosophie à l’université d’Oslo à partir de 1939, réputé pour son excentricité et sa joie de vivre, Arne Næss est apprécié de ses étudiants. Entre des conférences universitaires dans le monde entier et sa passion pour l’alpinisme, le philosophe est un grand voyageur, mais il monte à Tvergastein dès qu’il le peut, et il passera au total une douzaine d’années dans son refuge où il élaborera sa ...
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  • Vandana Shiva, l’écoféminisme contre la pauvreté
    2021/08/07
    Depuis un demi-siècle, la militante indienne, écoféministe et altermondialiste Vandana Shiva se bat pour aider les paysans des pays du sud à sortir de la pauvreté. Un combat qui passe par la sauvegarde de la biodiversité et l’émancipation des femmes. « J’ai grandi dans la forêt », raconte Vandana Shiva, « la forêt, c’est mon « professeur de nature » et j’ai réalisé que non seulement, elle est belle, mais qu’en plus c’est notre moyen de subsistance ! »Fille de forestier, Vandana Shiva est née en 1952 dans l’Uttarakhand, au nord de l’Inde, et a grandi dans les forêts de l’Himalaya. Son grand-père, engagé pour défendre l’éducation des filles, meurt des suites d’une grève de la faim pour défendre l’école du village.Dans les années 70, la jeune femme suit des études de physique théorique. Alors qu’elle se prépare à partir à l’université de Western Ontario, au Canada, pour son doctorat en philosophie des sciences, elle découvre que « …(sa) forêt favorite, peuplée de chênes centenaires, avait été quasiment rasée par les bûcherons ». Vandana Shiva rejoint alors le mouvement des femmes Chipko, qui lutte contre la déforestation par la non-violence, en protégeant les arbres de leurs corps.En 1982, la jeune docteur Shiva crée la Fondation pour la recherche scientifique, technologique et les ressources naturelles – Research Foundation for Science, Technology and Natural Resource Policy -.Inde, 1984, une année sombreVandana Shiva est alors au Penjab, où la révolution verte et l’intensification de l’agriculture ont été implantées dans les années 60. Elle rencontre des paysans criblés de dettes, sur des terres rendues stériles par l’agriculture intensive. Quand la nuit du 3 décembre, une fuite à l’usine de pesticides de l’entreprise américaine Union Carbide à Bhopal, intoxique et tue des milliers de personnes, elle s’interroge : « J’ai voulu comprendre pourquoi on pratique une agriculture qui tue des milliers de gens. J’ai cherché des solutions et je me suis tournée vers l’élevage non violent et l’agroécologie ». La militante part à Bhopal soutenir les femmes qui se battent pour la justice, puis au Kérala, où les femmes, encore une fois, mènent une lutte – victorieuse - contre l’usine Coca-Cola qui vide la nappe phréatique au détriment de l’agriculture, pour vendre du soda en bouteilles.Son activisme l’emmène dans toutes les régions de l’Inde où l’agriculture industrielle sévit, et elle raconte que partout, elle constate la même chose : les femmes, responsables de l’alimentation dans les familles, sont les premières touchées par la pauvreté.Les OGM, prison des paysansEn mars 1987, Vandana Shiva accompagne sa sœur à un séminaire sur la génétique et le vivant, en Haute-Savoie, en France, qui réunit des experts de 19 pays. Pour son biographe, Lionel Astruc, c’est le moment le plus important de sa vie : « Elle a compris, en se mêlant aux conversations, qu’on allait faire du marché des graines un marché captif, que les brevets allaient prendre le contrôle sur le vivant et s’approprier les semences, fruits de siècles de sélection paysanne ».L’analyse de Vandana Shiva est implacable : si les entreprises américaines veulent breveter des plantes que les Indiens récoltent et utilisent depuis des siècles - comme le neem ou le riz basmati -, c’est pour pouvoir les modifier via les biotechnologies, puis revendre aux paysans les semences OGM - non reproductibles - et les herbicides associés, comme le glyphosate. C’est la construction d’un cercle vicieux qui va emprisonner les paysans indiens.La militante prend alors son bâton de pèlerin et parcourt les villages indiens pour informer les paysans et commence à conserver des graines. En parallèle, elle s’implique au niveau international pour une législation qui contrôle le brevetage du vivant.Les graines de la libertéVandana Shiva a une idée : pour que les semences restent entre les mains des fermiers, il faut constituer des banques de graines communautaires, des bibliothèques où conserver les semences vivantes.En 1991, elle crée le réseau de banques de graines Navdanya et un centre de formation agricole : « Navdanya signifie les 9 graines ensemble » explique la militante, « ensemble pour la biodiversité mais c’est aussi le nouveau cadeau, celui des biens communs, parce que les brevets et la propriété intellectuelle veulent privatiser les connaissances communes du savoir indigène ». En 1993, le prix Nobel alternatif – Rights Livelihood Award – est décerné à Vandana Shiva « pour avoir mis les femmes et l’écologie au cœur du développement moderne ».La militante altermondialiste se souvient que lors de la crise du coton de 2009, dans le Maharashtra, « les fermiers étaient devenus dépendant du coton OGM, mais ça ne marchait pas parce qu’il...
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  • Aldo Leopold, l'homme qui pensait comme une montagne
    2021/07/31
    Forestier, naturaliste, universitaire, écrivain et grand défenseur de la nature sauvage dans la première moitié du XXe siècle, Aldo Leopold est considéré comme l’un des pères fondateurs de la gestion et de la protection de l’environnement aux États-Unis. Écrivain prolifique et visionnaire, un livre, L’Almanach d’un comté des sables, publié après sa mort, en a fait l’un des grands penseurs de la nature. Né dans l’Iowa le 11 janvier 1887, d’origine prussienne et flamande par sa famille, émigrée aux États-Unis à la moitié du XIXe siècle, Aldo Leopold grandit dans les champs, au bord des ruisseaux. Son père l’emmène à la chasse, mais cela n’empêche pas le jeune garçon de se passionner pour l’ornithologie et il commence à exercer ses talents de naturaliste en dessinant les oiseaux.Le jeune homme entame en 1905 des études de sylviculture à l’Université de Yale, où il obtient sa maîtrise en 1909. Il entre alors au service des Eaux et Forêts, pour lequel il travaillera à la gestion des forêts du Sud-Ouest des États-Unis – Arizona, Nouveau-Mexique – jusqu’en 1928.Quand l’élevage tue les forêtsEn 1911, le jeune homme gère la forêt de Carson au Nouveau-Mexique, traversée par le Rio Grande. La forêt est envahie par les ovins élevés industriellement dans la région et le surpâturage qui détruit le sous-bois, provoque l’érosion de la terre.À partir de la Seconde Guerre mondiale, le service forestier décide que les troupeaux doivent occuper les forêts au maximum de la charge et lance le projet de transformer le Grand Canyon en parc à touristes – une douzaine d’hôtels, un tramway, des milliers de cottages. Plus tard, Leopold regrettera d’avoir à participer à ce projet.À partir de 1918, Aldo Leopold supervise le contrôle des incendies, les infrastructures, les loisirs, la gestion forestière et le pastoralisme sur 80 000 km carrés de terres fédérales dans le sud-ouest des États-Unis. Il constate une fois encore les méfaits causés par le surpâturage à grande échelle. Chasseur depuis son enfance, Aldo Leopold se consacre, en 1926, à une étude sur la situation du gibier, pour le compte de fabricants d’armes de chasse.La forêt, ressource spirituelleDans son livre Aldo Leopold, un pionnier de l’écologie, l’écologue et spécialiste des forêts Jean-Claude Génot le présente comme un forestier hors du commun : « Il conçoit la forêt comme pourvoyeur de biens matériels, mais aussi, idée très nouvelle peu répandue à l’époque, comme une source de bien-être psychologique et spirituel ».Dans cette région où l’esprit des pionniers règne encore, le forestier défend un usage pluriel des terres et des forêts, mais demande à l’État de préserver quelques hectares de forêt originelle afin « d’éduquer le grand public », écrit-il dans un article.Spécialiste des forêts, grand connaisseur de la faune et de la flore, Aldo Leopold préconise d’entretenir les forêts par des coupes sélectives, mais c’est la vision industrielle de la forêt, avec ses coupes rases, qui prévaudra, et il quittera en 1928 le service des Eaux et Forêts pour se mettre à son compte comme consultant.Une flamme verte Lors d’un déjeuner en montagne, Aldo Leopold et un collègue des Eaux et Forêts tuent une famille de loups. Seule survit la louve, mortellement blessée : « Nous atteignîmes la louve à temps pour voir une flamme verte s’éteindre dans ses yeux. Je compris alors, et pour toujours, qu’il y avait dans ces yeux-là quelque chose que j’ignorais, et que la montagne et elle étaient seules à connaître… » relatera-t-il en 1944 dans Penser comme une montagne.Alors que, chasseur, il a participé à l’extermination des prédateurs et des loups en particulier, cet événement pousse Aldo Leopold à penser différemment.Au cours de ses pérégrinations dans les forêts de l’Ouest, Aldo Leopold constate que quand il n’y a plus de prédateurs, les cerfs pullulent et détruisent le sol des forêts : exterminer les prédateurs n’est donc pas une bonne idée, ils jouent un rôle actif dans l’équilibre et la protection de la nature. En 1931, le rapport d’enquête sur le gibier qu’il publie propose de nombreux changements dans la gestion de la faune, « qui sont peu écoutés mais lui valent le respect de la communauté de la conservation », écrit Jean-Claude Génot.En pleine natureÀ partir de 1913 déjà, Aldo Leopold pensait nécessaire de protéger des forêts sauvages, la « wilderness » – nature à l’état sauvage, non traduit en français – ; où l’on peut vivre une « aventure », dans la continuité des pionniers de la Conquête de l’Ouest. Et en 1924, son combat porte ses fruits : la forêt de Gila, au Nouveau-Mexique, est désignée première aire de wilderness, 60 ans avant le Wilderness Act – 1964 –, la loi qui intègrera ces espaces ...
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  • Wangari Maathai, la femme qui plantait des arbres
    2021/07/24
    Wangari Maathai, née en 1940 au Kenya, a été la première africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour son action en faveur de l’environnement, de l’émancipation des femmes et de la sécurité alimentaire. Constatant que la désertification et l’érosion des sols causent la famine et la pauvreté des populations rurales du Kenya, elle crée en 1977 le Mouvement de la ceinture verte, destiné à reboiser les terres et géré par les femmes des villages. On estime à plus de 50 millions, le nombre d’arbres qui ont été plantés depuis. Wangari Maathai est née le 1er avril 1940 dans le village d’Ihithe, non loin de Nyeri, sur les hautes terres, au centre du Kenya, dominées au nord par le deuxième plus haut sommet d’Afrique, le Mont Kenya. Les parents de Wangari Maathai, des paysans kikuyu – l’une des 42 ethnies du Kenya – « cultivaient un petit lopin de terre et élevaient quelques vaches, chèvres et moutons » racontera-t-elle plus tard.La petite fille grandit en aidant sa mère aux travaux des champs. Son grand frère Nderitu, déjà scolarisé au collège, suggère à leur mère d’inscrire Wangari à l’école.À 7 ans, la jeune élève découvre avec enthousiasme les mathématiques, le swahili et l’anglais enseignés à l’école d’Ihithe, et elle consacre tout son temps libre à son autre grande passion : la découverte de la nature. À 11 ans, sa famille l’envoie au collège Ste Cécile, au pied des collines de Nyeri, où elle restera jusqu’à son entrée au Lycée Loreto-Limuru, à Nairobi, dont elle sortira bachelière en biologie en 1959.Déforestation et pauvretéEn 1960, le Kenya, colonie britannique, est en marche vers l’indépendance. La classe politique kényane s’occupe de former une future élite et Wangari Maathai, élève brillante, bénéficie d’une bourse, qui lui permet de partir étudier aux États-Unis avec quelque 300 autres jeunes kényans. Du Kansas à la Pennsylvanie, elle part en Allemagne puis rejoint l’Université de Nairobi en médecine vétérinaire, où elle obtient son doctorat en 1971 : elle est la première en Afrique de l’Est.Enseignante à l’université, Wangari Maathai se bat contre les discriminations hommes-femmes et obtient l’égalité des salaires. En 1977, la jeune femme est nommée professeur.Pendant ses années de recherche sur le terrain, Wangari Maathai constate que la déforestation cause l’érosion des sols et la dégradation des rivières, qui, ensemble, menacent la santé des troupeaux, l’agriculture et par conséquent la santé des populations. En 1977, au congrès du Conseil national des femmes du Kenya – NCWK dont elle est membre –, une enquête présentée confirme ses observations : partout, les femmes des régions rurales manquent de bois, d’eau et de ressources alimentaires.Planter des arbres, semer des idées« J’ai analysé les problèmes, compris leur origine, restait à trouver des solutions (…) la réponse s’imposa : planter des arbres ; mais qui planterait des arbres par milliers ? Les femmes, bien entendu ! », écrit Wangari Maathai dans son autobiographie. En 1977, le Mouvement de la ceinture verte – Green Belt Movement ou GBM – naissait, mené par les femmes et avec le soutien du NCWK.Le 5 juin 1977, journée de la Terre, les sept premiers arbres sont plantés dans un parc de Nairobi, devant plusieurs centaines de femmes et de représentants du gouvernement.Les premières années sont chaotiques, par manque d’expérience et d’argent, mais le Mouvement prend son essor en 1981, quand le Fonds de développement des Nations unies pour la femme accorde une subvention et une reconnaissance internationale. « L’avenir de la planète nous concerne tous et il est du devoir de chacun de la protéger »,écrit Wangari Maathai, (…) et quand nous plantons des arbres, nous semons aussi des idées ».Écologie et démocratieÀ partir des années 1980, consciente que les enjeux environnementaux sont liés à la gouvernance, à la paix et aux droits humains, Wangari Maatai s’appuie sur le Mouvement de la ceinture verte pour lutter contre les abus du pouvoir politique. En 1989, la militante se mobilise avec les citoyens de Nairobi contre les autorités – soutenues par le chef de l’État Daniel Arap Moi – qui projettent de supprimer le parc Uhuru, poumon vert de la capitale, en construisant une tour. Après trois ans de batailles, le projet est abandonné.En 1992, alors qu’elle milite au sein du Forum pour le rétablissement de la démocratie (FORD), Wangari Maathai est arrêtée et jetée en prison et elle devra sa libération aux nombreux soutiens venus de l’étranger, en reconnaissance de son travail pour la ceinture verte.Quand en 2002, le Kenya élit son nouveau président, Mwai Kibaki, Wangari Maathai est, elle aussi, élue députée. Convaincue que pour supprimer la pauvreté, il faut améliorer la gestion des ...
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  • John Muir, un scientifique vagabond
    2021/07/17
    Né au milieu du XIXème siècle, alpiniste chevronné, scientifique atypique, poète et philosophe, John Muir est considéré comme l’un des pères de l’idée écologique aux États-Unis. Naturaliste engagé pour la préservation de la nature sauvage, John Muir, qui a créé le Sierra Club, l’une des premières ONG environnementales, a milité toute sa vie pour les parcs nationaux. Né le 21 avril 1838 à Dunbar, en Écosse, John Muir émigre avec sa famille aux États-Unis à l’âge de 11 ans. Les Muir s’installent dans une ferme près de Portage, dans le Wisconsin - un état du Midwest américain au bord du Lac Michigan -. Le père de John Muir, qui est très pieux et très strict, fait travailler durement ses 8 enfants aux travaux des champs, mais le jeune garçon passe son peu de temps libre à vagabonder dans les bois et devient un observateur amoureux de la nature.En 1860, John Muir entre à l’Université du Wisconsin à Madison, mais préférant « l’université de la vie sauvage », il quitte le cursus au bout de trois ans pour voyager dans le nord des États-Unis et au Canada, travaillant comme technicien au fil de ses pérégrinations. En 1867, alors qu’il est ingénieur industriel à Indianapolis, John Muir subit un accident du travail qui le prive de la vue pendant quelques semaines.Cet épisode est décisif et à 29 ans, le jeune homme décide de tourner définitivement son regard vers la nature. Il quitte alors Indianapolis pour une marche de 1500 kilomètres jusqu’en Floride, dormant dehors et buvant dans des flaques. Mais foudroyé par la malaria, il interrompt son voyage et rejoint la Californie en 1868. Fasciné par les montagnes de la Sierra Nevada et la vallée de Yosemite, John Muir s’y installe.Ses voyages l’emmèneront plus tard du Japon, en Europe et en Chine, mais il reviendra toujours à la Sierra Nevada, désormais son port d’attache.Un scientifique face à l’appel de la natureLa nature attire irrésistiblement John Muir mais la science occupe une place importante dans sa vie et il la pratique sur le terrain, à l’occasion d’expéditions au long cours en Alaska et en vagabondant dans la Sierra Nevada : « Chaque rocher, chaque montagne chaque rivière (…) chaque animal, chaque insecte paraît nous inviter à venir apprendre un peu de son histoire et des rapports qu’il entretient avec les autres », écrira-t-il dans Un été dans la Sierra.Héritier à la fois du mouvement transcendentaliste américain et du romantisme pour le lyrisme, et des Lumières pour la science, John Muir est un écrivain aux connaissances scientifiques éclectiques. Jean Daniel Collomb, professeur de civilisation américaine à l’Université Grenoble-Alpes, le décrit : « Il se distingue en botanique, en glaciologie, il s’est impliqué dans des controverses scientifiques dans la 2ème moitié du 19ème siècle (…) mais c’est aussi un poète (…) il est à la fois un vagabond, écologiste, et un penseur des relations entre l’espèce humaine et le reste du vivant ».Car si John Muir n’utilise pas les termes d’écosystème ni d’écologie – mot inventé en 1866 - il comprend que chacun ayant un rôle dans l’écosystème - même les prédateurs et les feux de forêts – et qu’il faut envisager la nature comme un tout.Moutons contre Nature, préserver ou conserverEngagé comme berger pour la transhumance des troupeaux dans la Sierra Nevada, John Muir réalise que les moutons qui ravagent les prairies - qu’il traite de « hoofed locusts » ou « sauterelles à sabots », car là où ils passent, rien ne repousse – constituent la principale menace pour la Sierra. Il écrit alors de nombreux articles, remarqués par le directeur du magazine Century, Robert Underwood, qui lui offre de les publier.L’activisme de Muir convainc le président Theodore Roosevelt, et la création du parc national de Yosemite est actée par le Congrès américain en 1890, et dans la foulée, John Muir crée en 1892 l’une des premières ONG environnementales, qui est toujours en activité : le Sierra Club.Au tournant du XXème siècle, John Muir, qui est contre la marchandisation de la nature, défend sa préservation hors influence humaine. Cette conception s’oppose à celle de Gifford Pinchot, le chef du Service des Forêts des États-Unis de 1905 à 1910, qui envisage la conservation comme moyen de gestion des ressources naturelles, et les deux hommes qui se sont d’abord liés d’amitié, s’affrontent.Le débat entre préservation et conservation culmine au moment de l’Affaire du barrage de la vallée de Hetch Hetchy, dans le Parc national de Yosemite, destiné à alimenter en électricité la ville de San Francisco. John Muir tente de s’y opposer mais en décembre 1913, le décret de construction est signé par le président Woodrow Wilson, successeur de Theodore Roosevelt.John Muir décède un an plus tard à l’hôpital de Los ...
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  • Rachel Carson, une écrivaine à la naissance de l’écologie
    2021/07/10
    Biologiste marine, écrivaine, Rachel Carson, amoureuse de la mer et de l’humanité, a su enchanter la science par une écriture à la fois précise et poétique. À partir des années 1950, observant les dégâts des pesticides de synthèse sur l’environnement, la scientifique Rachel Carson, militante du mouvement écologiste naissant, écrit Printemps silencieux, un livre magistral qui conduira à l’interdiction du DDT aux États-Unis en 1972. Rachel Carson est née en 1907. Toute jeune, influencée par sa mère qui lui enseigne l’Histoire naturelle – les nature writings, issues du mouvement américain de la fin du XIXe siècle, qui visent à réconcilier la science et l’expérience spirituelle personnelle de la nature –, Rachel Carson s’est passionnée pour la nature et commence, à 8 ans, à écrire des nouvelles sur les animaux. Ces histoires l’amèneront à obtenir un 1er prix de littérature à 11 ans.C’est dans ce contexte que s’épanouit sa vocation de future biologiste marine.Au sortir de ses études à l’Université John Hopkins en 1932, elle est l’une des premières femmes titulaires d’un Master de biologie. Mais en 1935, la mort de son père la contraint à abandonner la carrière scientifique pour assumer la fonction de soutien de famille.La mer autour de nousCherchant du travail, Rachel Carson réussit le concours de biologiste aquatique qui lui permet d’entrer au Bureau américain des pêcheries. Son rôle est de lire toute la littérature scientifique produite sur la mer, pour écrire des chroniques publiées dans le bulletin des pêcheries : « Sa carrière d’écrivain scientifique a commencé comme ça, raconte Baptiste Lanaspèze, l’éditeur français des livres de Rachel Carson. Elle avait un vrai talent d’écriture, du génie, même, et le directeur d’un grand magazine l’a repérée. »À partir de ce moment, Rachel Carson rédige des articles pour des magazines et devient « la grande pédagogue de la mer ». Son premier livre, Sous le vent de la mer, édité en 1941, passe inaperçu, mais le deuxième, La mer autour de nous, paru en 1950, est un énorme succès. C’est alors la plus vaste synthèse des connaissances scientifiques sur l’océan, dont l’écriture lyrique rend la lecture facile et captivante. Encore aujourd’hui, les biologistes marins de Tara Océans, consultés à la réédition du livre, considèrent que 90% de ses informations sont toujours d’actualité. Un troisième volume viendra compléter la trilogie en 1955 : Au bord de la mer.Un printemps silencieuxÀ partir de 1950, le succès littéraire de Rachel Carson lui permet de quitter le Bureau des pêcheries pour se consacrer exclusivement à l’écriture, et elle se lance dans une grande enquête sur les ravages des pesticides et des herbicides chimiques - qu’elle nommera « biocides », littéralement « tueurs de la vie » - sur l’environnement et la santé.Alors que l’écologie, qui tisse les liens entre les organismes et leur environnement, est une science débutante, les observations de Rachel Carson démontrent que les pesticides organochlorés, dont le DDT - dichlorodiphényltrichloroéthane -, tuent de façon non sélective tous les insectes, contaminent les oiseaux, les poissons, et par l’alimentation notamment, les humains : « Nous pulvérisons les ormes, et aux printemps suivants, nul merle ne chante, non qu’il ait été touché directement, mais parce que le poison a fait son chemin, pas à pas, de la feuille de l’orme au vers, puis du vers au merle », écrit-elle dans son livre Un printemps silencieux paru en 1962.La parution de Printemps silencieux se double d’une série dans le magazine New Yorker, où il est sélectionné « livre du mois ». Le style de Rachel Carson lui permet de toucher un large public et son livre restera sur la liste des bestsellers du New York Times pendant plusieurs mois.Une bataille houleuseDès la sortie de Printemps silencieux, bien que Rachel Carson ne préconise pas l’interdiction de tous les pesticides mais une utilisation réfléchie, l’industrie chimique s’acharne à discréditer l'autrice : « Ce livre la mène dans une bataille internationale contre les lobbies colossaux qui fabriquent ces produits chimiques. déclare Baptiste Lanaspèze, Mais pendant 10 ans, Rachel Carson a affuté ses armes, pesé chaque mot qu’elle a écrit pour être inattaquable au plan juridique. »Rachel Carson, malade d’un cancer du sein, contre-attaque pour défendre son travail mais n’a pas la force de mener une campagne de presse avec son éditeur. Elle a préféré cacher sa maladie jusqu’à la sortie du livre, pour que dans cette période d’industrie dominante, on ne puisse pas la discréditer en parlant d’« un livre écrit par une femme en détresse » ; chaque chapitre a donc été relu par des scientifiques avant publication.Elle est alors invitée à témoigner devant le Congrès et l...
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