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サマリー
あらすじ・解説
Des dirigeants bien formés, qui ont un parcours professionnel solide, sont aussi la condition pour une gestion saine des États et des démocraties crédibles, où l'on ne craint pas l'alternance. Deux pays du continent ont connu, durant cette première quinzaine de novembre, une alternance impeccable, sans psychodrame. Il se trouve que tous deux incarnent un certain sérieux, tant du point de vue économique que démocratique. Pourquoi ce qui semble si évident au Botswana et à Maurice est-il si difficile à obtenir sur l’ensemble du continent ?Ce serait possible – pas facile – si, partout, les dirigeants comprenaient que gouverner, c'est œuvrer pour le bien de leur peuple. Sans doute avez-vous entendu le leader de la coalition victorieuse mauricienne affirmer, au moment de prendre ses fonctions, qu’il entendait faire de son pays un endroit où il fait bon vivre pour les citoyens. Ce ne sont pas que des slogans de campagne, comme en sont coutumiers des politiciens qui s’accrochent au pouvoir, sans jamais justifier cette insistance à s’imposer à leurs concitoyens par les améliorations qu’ils apportent dans la vie de ceux-ci. Se former pour mieux dirigerPas plus que le Botswana, Maurice n’est pas le paradis terrestre, et encore ! Mais, chez les dirigeants de ces deux pays, le souci de l’intérêt général est la règle. Au Botswana, c’est la première fois que l’opposition accède aux affaires. Non pas parce que le BDP, sigle anglais du Parti démocratique du Botswana, aux affaires depuis l’indépendance, confisquait le pouvoir en trichant ou en volant les élections. Il travaillait simplement pour mériter constamment la confiance des populations. Et leur longévité à la tête du pays tenait, pour beaucoup, au niveau d’éducation et à la compétence des dirigeants du BDP.Ce ne sont tout de même pas des analphabètes qui gouvernent dans les pays où l’alternance semble impossible et la démocratie, douteuse… Non, pas des analphabètes, mais beaucoup de demi-lettrés ou de pseudo-intellectuels. Les diplômes ne sont, certes, la garantie de rien. Mais une bonne formation et une carrière professionnelle solide obligent à plus de scrupules et à une certaine tenue. Entendons-nous bien : il est, dans notre Afrique, des pays qui ont été mieux gérés par des employés des postes et des instituteurs dignes qu’ils n’ont pu l’être par des administrateurs civils bardés de diplômes. Mais, quand on est, comme certains de ceux qui ont été présidents du Botswana depuis l’indépendance, des juristes ou des économistes, formés à Oxford, qui ont exercé à la Llyod’s de Londres ou au FMI, quand on est un officier formé à l’Académie royale militaire de Sandhurst, en Grande-Bretagne, on a plus de peine à se présenter devant l’opinion en étant un tricheur patenté, incompétent et prospérant sur les malheurs et le dénuement de son peuple. C’est quoi, gouverner dans le sens de l’intérêt général ? Sur Maurice, un exemple de compétence, qui parlera à nombre d’Africains des pays membres, à l’époque, de la multinationale Air Afrique : lorsque la compagnie, de turbulences en turbulences, a fini de tout essayer, en vain, c’est à un ancien patron d’Air Mauritius que les États ont fait appel, pour tenter de sauver une des plus belles réussites de ce que l’on appellerait le panafricanisme vrai. Parce qu’Air Mauritius était un modèle de gestion. Maurice, cette lointaine île de l’océan Indien, était pourtant à peine aussi peuplée que le moins peuplé des États d’Air Afrique. Hélas ! Il était déjà trop tard. Et Sir Harry Tirvangandum n’a rien pu faire pour sauver Air Afrique. La réputation de sérieux des Mauriciens n’était pas usurpée, pour autant. Dans ce pays, on gouverne d’ordinaire dans le sens de l’intérêt général...Dans un pays comme le Botswana, qui fait un usage intelligent de son diamant, les dirigeants veillent à ce que les richesses nationales profitent à tous, et pas seulement à un clan. Nous avons déjà eu à souligner ici que l’État octroie systématiquement une bourse à chaque bachelier pour poursuivre ses études supérieures, quelle que soit la situation financière de ses parents. Une façon, pour la nation, de montrer à sa jeunesse qu’elle croit en elle et investit sur son avenir. Et chaque fois qu’un responsable est mêlé, de près ou de loin, à un scandale, on l’oblige à démissionner, comme Peter Mmusi, qui a été aussitôt remplacé, en 1992, par Festus Mogae à la vice-présidence. Cette capacité à faire le ménage contribue à la fiabilité d’une démocratie. À lire aussiComment traiter avec Donald Trump