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Cameroun: dans l'Extrême-Nord, le défi de l'enregistrement des naissances
- 2024/11/23
- 再生時間: 2 分
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サマリー
あらすじ・解説
Plusieurs communes du Cameroun se sont lancées dans une course à l’enregistrement des naissances. Dans l’Extrême-Nord du pays, dans la commune de Mora, frontalière avec le Nigeria, on enregistrait moins de 9 % des naissances en début d’année. Pour remonter la pente, depuis le début de l’année, la mairie locale a multiplié les points d’enregistrement des naissances et recruté des agents qui se rendent dans les domiciles et les écoles primaires pour enregistrer les nouveau-nés et les élèves.
De notre envoyé spécial à Mora, dans l’Extrême-Nord du Cameroun,
Assis sur sa moto, Madi Abatchoua parcourt fièrement les rues rocailleuses de Mora, pour enregistrer de nouvelles naissances dans des familles qui peinent à se rendre dans un centre d’enregistrement. « Je sors souvent trois ou quatre fois par semaine pour aller enregistrer les naissances des enfants, je vois au moins 20 ménages par jour », explique-t-il.
Cette après-midi, Madi est dans une famille qui vient d’accueillir la naissance de jumeaux. Les bébés sont en forme, rassure Salma, la mère, qui apprécie le fait que les agents recenseurs font désormais le déplacement vers les domiciles : « Avant, c’était tellement pénible. Peut-être le père était occupé, certains parents militaires pouvaient être en brousse... Le temps de partir, d’aller faire enregistrer les enfants à la commune, c’était compliqué. » Elle est donc ravie de ce nouveau système : « Je trouve ça très facile. Et c’est encourageant, vraiment, qu’on vienne identifier les enfants à la maison, les enregistrer à la maison. »
Une méthode qui n’a pas tardé à porter ses fruits, car selon le bureau d’enregistrement des naissances de l’arrondissement de Mora, le taux est passé de 9 % d’enregistrement de naissance à plus de 50 % aujourd’hui.
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« Presque 400 000 élèves n’avaient pas d’actes de naissance »C’est la même dynamique dans plusieurs villes de la région de l’Extrême-Nord. Selon le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari, il s’agit non seulement d’enregistrer les naissances, mais aussi de redonner une identité aux élèves et parents qui ont perdu leurs pièces d’identité en fuyant les exactions des djihadistes de Boko Haram. « Au plus fort de Boko Haram, l’État avait décidé de ramener toutes les écoles dans les centres urbains, le chef-lieu du département, beaucoup plus sécurisé. Vous imaginez ? C’était le sauve-qui-peut, on ne pouvait pas parler des documents. On s’est rendu compte, à la fin, quand il fallait présenter les examens, qu’on avait presque 400 000 élèves qui n’avaient pas d’actes de naissance. J’ai convoqué une réunion élargie avec toute l’élite extérieure. La justice, les chefs de cour ont mis à contribution leurs représentants aux niveaux départementaux. Et tout se passe bien. Les mairies se sont impliquées. »
Les mairies de la région de l’Extrême-Nord ont été motivées grâce à une campagne d’enregistrement de naissance « MyName » initiée par l’Unicef et le gouvernement camerounais, afin d’enregistrer les enfants sans identité légale. Selon l’Unicef, 1,5 million d’enfants ne disposent pas d’actes de naissance, parmi lesquels 76 000 qui doivent présenter des examens de fin d’année.
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