エピソード

  • Afrique: le sursaut ou la noyade
    2025/04/19
    Dans le désordre généralisé provoqué par les guerres commerciales tous azimuts du chef de l'exécutif américain, l'Afrique risque de voir sa position sur l'échiquier mondial fragilisée. À moins de repenser enfin solidement son destin. Ce dont, pour l'instant, l'on ne perçoit aucun signe. Alors que les décisions intempestives et les volte-face à répétition de Donald Trump ne cessent de mettre le fragile équilibre du monde au bord de la rupture, pour l’Afrique, l’inaction des Africains est bien plus préoccupante que la politique erratique du locataire de la Maison Blanche.L’Afrique, en dépit de son poids relativement faible dans la balance des paiements des États-Unis, est plus durement affectée par les incohérences qui fusent du Bureau ovale. C’est la destinée du monde qui se joue, et la passivité des Africains n’en est que plus affligeante. Alors que même les alliés traditionnels de l’Amérique repensent de nouvelles stratégies à long terme pour réduire leur dépendance à cet allié si versatile, l’Afrique, elle, se contente de bredouiller d’inaudibles protestations.Les relations internationales sont à la croisée des chemins, et tous les autres s’organisent. Seuls les Africains semblent croire que les injonctions de l’Histoire s’imposent moins à eux qu’aux autres peuples. Comme si, systématiquement, ce continent se déclarait forfait aux grands rendez-vous historiques. Au début des années 1990, alors que le monde, après la chute du Mur de Berlin, était en pleine recomposition, l’Afrique, recroquevillée, oubliait de se trouver une place sur l’échiquier international. Elle était pourtant méprisée. Les grands cabinets mondiaux d’audit et de conseil, comme les agences de notation, ne la prenaient nullement en compte. Sous couvert d’anonymat, un haut-fonctionnaire français s’était même hasardé à suggérer, dans un grand quotidien, que si l’Afrique venait à disparaître, engloutie par l’océan, ce ne serait pas si grave pour l’humanité.Par sa stature, Nelson Mandela, libéré en février 1990 après 27 ans de prison, fera taire les quolibets. À lui tout seul, l’Africain Mandela, figure la plus charismatique au monde, sauva l’Afrique du mépris. À sa mort, en 2013, le premier président américain afro-descendant Barack Obama prendra discrètement la relève. Mais, depuis, les dieux qui veillaient sur l’Afrique semblent en congés. Elle est redevenue souffre-douleur de Donald Trump et de ses semblables.À lire aussiAfrique: le continent soulagé après le recul de Donald Trump sur les droits de douaneL'interruption des subventions américainesLe mépris est consubstantiel à l’idée que se fait Donald Trump de sa propre importance. Alors que le nouveau président a annoncé l’interruption des subventions américaines, celles-ci, même cumulées sur 60 ans, n’atteignent pas le millième de ce que les États-Unis, ont déboursé pour soutenir l’Ukraine ces trois dernières années, après son invasion par la Russie. Une aumône ! Que l’Afrique, avec ses immenses ressources naturelles, dépende autant de cette aumône est une anomalie. Celle-ci risque de se perpétuer, si l’Afrique ne se décide pas à s’interroger sur elle-même, sur le poids dont elle veut peser sur l’échiquier international, et sur le mépris et l’humiliation que subit, partout, l’homme africain. Ce dernier est souvent obligé de fuir sa terre d’origine, pour survivre.Une désapprobation généraleLa désapprobation générale ne prouve-t-elle pas, au fond, que Donald Trump n’épargne personne ? La plupart des alliés des États-Unis, déconcertés, sauront se prémunir, à l’avenir, contre de telles déconvenues. Mais Donald Trump n’est que l’affligeant révélateur du niveau général des dirigeants actuels du monde et de l’inconsistance de la réflexion qui sous-tend leurs politiques. À l’époque, aux États-Unis, la densité des maîtres à penser se percevait aisément chez les présidents dont ils étaient les conseillers à la sécurité nationale : Kissinger, Brezinski, McFarlane, Condoleezza Rice, et tant d'autres.Parce que le monde s’effondre et que le niveau, partout, est en chute, l’Afrique, continent anormalement émietté, ne peut se contenter d’observer et de subir. Incapable de résoudre le moindre conflit entre les quelque 55 États qui la composent, elle a une impérieuse soif de leaders d’envergure. Pour la tirer vers le haut. Inciter les Africains à se respecter, et à faire respecter l’Afrique. Et c’est bien plus judicieux que de sans cesse exiger un respect que l’on n’inspire pas… à soi-même.À lire aussiFitch rassurant sur la note des États africains malgré les droits de douane américains
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  • Discrétion, distinction et humilité: hommage à Essy Amara
    2025/04/12
    Par la classe et l’exemplarité qu’ils affichaient dans l’exercice de leur métier, les diplomates de sa trempe ne pouvaient que susciter des vocations. Diplomate de carrière, Essy Amara, dernier ministre des Affaires étrangères de Félix Houphouët-Boigny, s’en est allé cette semaine, à 82 ans. En quoi les hommages qui lui sont rendus se distinguent-ils des convenances habituelles, souvent teintées d’hypocrisie, qui saluent chaque disparition de personnalité publique ?Nul ne peut exclure que certains de ces hommages manquent de sincérité. Mais Essy Amara était un diplomate d’envergure, d’une redoutable efficacité. Et surtout, d’une discrétion et d’une humilité rares à un tel niveau. Sous toutes les latitudes, il a su brillamment représenter son pays. Il a même signé quelques-unes des plus belles pages de l’histoire du continent, notamment en pilotant, de 2001 à 2003, la mutation de l’Organisation de l’Unité Africaine en Union africaine. Les colonnes d’apothéose dressées en sa mémoire sont donc méritées. Particulièrement dans le contexte actuel d’incertitude généralisée, où des dirigeants piaffent et vocifèrent, persuadés de faire preuve de force ou de puissance en détraquant l’économie mondiale ou en détruisant le fragile équilibre du monde.Où sont donc, dans la diplomatie africaine, les « Essy Amara » d’aujourd’hui ? Si tant est qu’il y ait encore une diplomatie africaine... Aucun pays ne peut exister aux yeux du reste du monde sans une diplomatie solide, avec un vivier de diplomates de qualité, comme celui qu’avait constitué Félix Houphouët-Boigny, même si, en plus de trente ans de pouvoir, il n’a eu que trois ministres des Affaires étrangères.À quoi tenait donc cette longévité relativement exceptionnelle ?La diplomatie est un métier complexe, dans lequel la stabilité peut être gage d’efficacité. Durant les cinq premières années d’indépendance, le président assumait lui-même cette fonction, ensuite confiée à Arsène Usher Assouan, brillant avocat, qui avait été son attaché de cabinet lorsqu'il était ministre d’État dans le gouvernement français. En 1977, Usher Assouan est remplacé par l’ambassadeur à Londres, Siméon Aké, à qui succèdera Essy Amara en 1990. À la mort du « Vieux », en décembre 1993, il sera reconduit par Henri Konan Bédié, jusqu’au coup d’État de 1999.En Côte d’Ivoire, la diplomatie était un corps d’élite. Même lorsqu’ils ont, par la suite, assumé d’importantes fonctions, les grands diplomates ont toujours revendiqué leur rang d’ambassadeur, comme un titre de noblesse. Dans l’administration de nombreux pays d'Afrique, le ministère des Affaires étrangères était de ces départements qui passaient, autrefois, pour des sanctuaires de compétences. Au même titre que l’Économie, les Finances, le Plan… Il fallait, pour y officier, justifier de compétences qui ne s’improvisaient pas. Certains postes importants n’étaient confiés qu’à des fonctionnaires ayant brillamment gravi tous les échelons. Mais avec le népotisme, le régionalisme, le favoritisme politique et l’incompétence qui va avec, ces administrations, presque partout, ont été peu à peu dépréciées.Les cadres valables ont-ils, pour autant, disparu partout ? Non, heureusement ! Mais, à force d’arbitraire et de complaisance, bien des carrières ont pu être contrariées, poussant plus d’un au découragement, à la démotivation. L’excellence a fini par sombrer. Les pistonnés et autres imposteurs ont éclipsé les meilleurs. Voilà comment un métier exigeant, sérieux et demandant rigueur et correction en permanence, en est venu à être livré aux champions de la facilité et de la gloire à bon marché, se délectant de l’illusion de grands voyages, de réceptions, de paillettes et autres projecteurs éclatants. Et les diplomates, dans bien des pays, sont devenus des monstres de maladresse, bafouant au quotidien les convenances diplomatiques les plus élémentaires.Par la distinction et l’exemplarité qu’ils affichaient en toute circonstance dans l’exercice de leur métier, les diplomates de la trempe d’Essy Amara suscitaient bien des vocations. On regrettera que la plupart n’aient pas laissé d'écrits sur les grands moments de l’Afrique indépendante dont ils ont été témoins ou acteurs. Pour reprendre l’image d’Amadou Hampâté Bâ qui comparait à une bibliothèque qui brûle tout vieillard qui meurt, il faut juste rappeler que les modèles africains de sérieux et de rigueur doivent être gravés. Avant que la superficialité ne vienne tout submerger.À lire aussiDisparition d'Amara Essy, figure emblématique de la diplomatie ivoirienne
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  • Une mort gratuite! Scandaleusement douloureuse!
    2025/04/05
    Dans une Afrique largement handicapée par l'incompétence de certains de ses dirigeants, faire correctement son travail aussi peut vous coûter la vie. Surtout si votre « zèle » froisse une personnalité. Ou un des sous-fifres qui l'entourent… Il s’appelait Fiston Kabeya. Roué de coups et embarqué par la garde rapprochée de la Première ministre de RDC. Mort s’en est suivi. Son crime : avoir osé rappeler le Code de la route à ses bourreaux, qui roulaient à contresens sur un boulevard de Kinshasa. Le « profond regret » de Madame Judith Suminwa et la dédramatisation du pouvoir n’ont pas suffi à calmer l’opinion congolaise, scandalisée. À quoi faut-il s’attendre, désormais ?Au rythme auquel de tels scandales se succèdent dans ce pays, il serait vain d’espérer une révolution durable des mœurs. L’opinion sera bientôt captivée par un autre de ces drames à répétition qui rythment la vie des Congolais, et dont cette délinquance routière d’État n’aura été qu’un triste épisode de plus.Par contre, l’expédition punitive de l’escorte de la Première ministre choque d’autant plus que, après la brève altercation verbale avec les gardes, Fiston Kabeya et ses collègues avaient aidé le cortège à s’extirper des embouteillages. Mais, une fois leur patronne déposée à destination, ces gardes sont revenus violenter l’insolent agent. Comme si, dans cette nation, l’entourage de chaque détenteur d’une once de pouvoir politique se croyait habilité à décréter quels comportements relèvent du crime de lèse-majesté et comment le punir. Convaincus de leur impunité, ils se vautrent donc tous dans la violation des droits des autres.Comment expliquer un tel niveau de violence de la part l’escorte d’une Première ministre ?Il y a, dans les rapports qu’entretient le pouvoir avec les populations dans de nombreux pays africains, une charge de brutalité, qui remonte à la colonisation. Le colonisateur supportait mal la contestation, encore moins la rébellion, qu’il réprimait violemment ! À l’indépendance, cette propension à brutaliser s’est perpétuée avec certains dirigeants des jeunes nations. Au Cameroun, par exemple, il y a eu transmission, à travers la répression des maquis de l’UPC. Comme une passation de service sur l’art de réprimer. Pour écraser les populations, le pouvoir colonial s’appuyait essentiellement sur la soldatesque africaine, base des futures armées nationales. Au camp de Thiaroye, les Blancs n'étaient pas seuls à massacrer les tirailleurs réclamant leur dû. En Guinée, où Sékou Touré faisait torturer et mettre à mort les ennemis réels ou supposés de son régime, le Camp Boiro était tenu par des nationaux. Mais, leur fonctionnement était calqué sur ce qui se faisait sous la colonisation.De cette violence coloniale, Aimé Césaire disait qu’elle « dé-civilisait le colonisateur, l’abrutissait, le réveillait aux instincts enfouis, à la convoitise… ». Et c’est pour mettre en garde contre la perpétuation de cette violence qu’il écrivait que les dirigeants africains ne devaient pas considérer l’indépendance comme l’occasion, pour eux, de venir, en lieu et place du Blanc, « faire le Blanc sur le dos de leurs frères Noirs ». Ce que l’escorte de la Première ministre a fait subir à Fiston Kabeya rappelle, en tout point, les brimades et les violences de la colonisation belge dans ce même Congo.N'est-ce pas, là, une lecture d’une grande tristesse ?Chaque dépositaire de l’autorité croit, hélas, incarner, personnifier le peuple, et supporte mal toute remise en cause. Et le matamore de l’entourage d’un Premier ministre se prend pour le Premier ministre des matamores. Plus ils sont intellectuellement limités, plus ils se laissent griser par le sentiment de puissance. Or, dans cet environnement de népotisme généralisé, si Fiston Kabeya avait été le cousin d’un ministre, il serait peut-être de ceux qui roulent impunément à contresens et se pavanent comme s’ils étaient des génies. Avec ce réflexe de brutes propre à ceux qui aiment persécuter les gens qui leur semblent en position de faiblesse. Cette fin tragique de Fiston Kabeya rappelle que les allées du pouvoir pullulent de gens dangereusement primaires. Le fait qu’ils gravitent autour d’un chef d’État ou d’un Premier ministre n’y change rien.C’est dur à entendre. Mais, dans nombre d'États africains, la proximité avec le pouvoir pousse beaucoup à se croire omnipotents, avec droit de vie ou de mort sur tout citoyen qui s’aviserait de les défier. C’était aussi cela, le pouvoir colonial !À lire aussiRDC: polémique après la mort violente d’un policier de la circulation à Kinshasa
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  • Toujours dans l'indolence du pacte colonial
    2025/03/29
    En persistant, six décennies après les indépendances, à exporter, brutes, ses matières premières, l'Afrique, perpétue elle-même la répartition du travail qui, pour ne pas faire concurrence à la métropole, la figeait, au temps colonial, dans le sous-développement. De retour d’une tournée dans la région des Grands Lacs, le Dr Ronny Jackson a dressé, pour le Congrès américain dont il est membre, un état des lieux d’une très grande sévérité sur l’est de la RDC. Avec des propositions qui pourraient paraître discutables, sinon controversées, aux yeux de certains. Les constats de l’élu républicain ne reflètent-ils pas, malgré tout, quelques vérités, à prendre en compte ?Il serait difficile lui donner tort, lorsqu’il dépeint l’est de la RDC comme la caricature du « Far West », avec toute la charge que porte, dans l’imaginaire collectif, cette métonymie. Au XIXe siècle, le Far West américain se distinguait, en effet, par la loi du plus fort, et plus personne n’y reconnaissait les règles communes. Et il a raison d’insister sur l’incapacité du gouvernement de Kinshasa à contrôler la région, par manque de ressources. On a du mal à le contredire, même lorsqu’il pointe du doigt la corruption, l’enrichissement de certains membres du gouvernement et de leurs familles, pendant que la population survit péniblement. Quant à la responsabilité des pays voisins, Ouganda, Rwanda et Burundi, elle n’est pas contestable. Il les accuse, doux euphémisme, d’importer des minerais de l’est du Congo.Certaines de ses propositions sont, par contre, déroutantes. D’aucuns pourraient lui reprocher de reprendre à son compte l’argumentation des soutiens de la rébellion, quand il explique leur guerre par ce qu’il considère comme un déficit d’inclusion, par rapport à la citoyenneté congolaise des communautés rwandophones auxquelles sont d’ordinaire associés les rebelles du M23. Et l’idée d’intégrer les rebelles à l’armée nationale pourrait choquer, au regard de ce qui a déjà été fait dans ce sens, en vain.Pourquoi, alors, donner une telle importance à ses propositions ?Parce que Ronny Jackson passe pour être très proche de Donald Trump. Et sa perception pourrait s’imposer comme « la politique » congolaise des États-Unis. D’autant que sa vision et son insistance sur les difficultés pour les entreprises (américaines) qui voudraient s’implanter en RDC semblent conditionnées par cette forme d’avidité qui règne à Washington pour certains minerais stratégiques. Comme si l’essentiel, au fond, était de reproduire, en RDC, ce que les États-Unis tentent d’obtenir avec l’Ukraine, en échange de la paix. À ce prix, les rapports de son pays avec la RDC pourraient déboucher sur ce que l’on qualifiait, jadis, de pacte colonial. Et qui consistait, pour les nations colonisées, à alimenter en matières premières les industries de la métropole.Ce serait inquiétant, car cette répartition du travail fige les pays africains dans le sous-développement, comme dans un piège sans fin. Mais, s’il y a faute, elle incombe d’abord aux Africains eux-mêmes, qui oublient de s’industrialiser, se contentant d’engranger les royalties, pour fournir aux autres de quoi faire tourner leurs industries. Imaginez qu’un coffret d’un kilogramme de chocolat, chez un des meilleurs chocolatiers mondiaux, peut coûter, en Occident, jusqu’à 64 fois le prix du kilogramme de fèves de cacao payé au producteur africain ! L’on retrouve plus ou moins la même échelle de déséquilibre pour tout ce qu’exporte, brut, l’Afrique : café, coton, karité, bois, etc. La Chine doit largement sa richesse actuelle à la transformation des matières premières qu’elle importe d’Afrique.Pourquoi, alors, l’Afrique se cantonne-t-elle dans ce rôle de fournisseur de matières premières, pour enrichir les industries partout dans le monde ?Déficit de leadership ! Et d’audace ! Les rares nations africaines qui s’en sortent sont celles qui savent prendre leur part dans la transformation de leurs matières premières. Si la RDC regorge de minerais essentiels pour les batteries d'ordinateurs, téléphones portables et autres véhicules non polluants, pourquoi donc n’exigerait-elle pas qu’au moins une des premières transformations nécessaires se fasse sur son sol ?C’est ce que font, par exemple, les Botswanais, avec le diamant. Anvers, en Belgique, demeure, certes, la ville la plus prestigieuse du monde pour ce qui est de la taille du diamant. Mais, sur ce marché, Gaborone, capitale du Botswana où se situe la plus grande mine de diamant à ciel ouvert au monde, est loin d’être négligeable. Ainsi, grâce au leadership visionnaire de ses dirigeants, ce pays abrite les implantations de prestigieuses entreprises internationales : Hyundai, SABMiller, Daewoo, Volvo, Siemens…« Que tombe la pluie ! », dit la devise du ...
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  • Francophonie: trois départs, et vive la «bantouphonie»!
    2025/03/22
    Au tournant du millénaire, nombre d'Africains voyaient chez l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) un acteur décisif de la démocratisation du continent. Marquée par ses silences gênés en rapports embarrassés sur de flagrantes fraudes électorales, l'OIF est abandonnée en groupe, désormais. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont choisi la semaine du 55ème anniversaire de l'organisation pour annoncer leur retrait. Une décision qui constitue un coup dur. Pour marquer une telle commémoration, le Burkina Faso, le Mali et le Niger auraient pu espérer nouvelle plus réjouissante. Peut-être ces États espéraient-ils un retentissement d’importance, en démissionnant ainsi, en chœur. Mais, dans sa cruauté, l’actualité a fait tomber leur décision à plat, en braquant ses projecteurs sur les présidents rwandais Paul Kagamé et congolais Félix Tshisekedi, à Doha, au Qatar.Il n’empêche que, plus que jamais, l’utilité de l’OIF est source de questionnements, dans une Afrique où son rayonnement déclinait déjà passablement. Va-t-elle continuer à feindre l’indifférence ou se repenser, pour inspirer à nouveau confiance à des populations qui ont perdu toute illusion sur ce qu’elle est ?Sa secrétaire générale avait décliné, lors du dernier sommet, tout ce que n’est pas la Francophonie. Peut-être que l’OIF serait plus convaincante, si elle se contentait d’être ce qu’elle prétend être. À force de mener une politique qui prête trop souvent à confusion, elle en vient à se voir prêter des défauts qui ne sont théoriquement pas les siens. Comme lorsque cet auditeur, dans « Appels sur l’actualité » de RFI, soutient que le but de la Francophonie est de promouvoir la culture française.Ce malentendu s’entraperçoit dans la décision de retrait des trois sortants. À l’évidence, ils semblent certains de faire du tort à la France, en quittant la Francophonie. Alors que, dans les faits, leur départ n’affecte pas plus la France que la Belgique, la Suisse, ou le Canada.À lire aussiFrancophonie: les retraits du Niger, du Burkina Faso et du Mali, signes «d'une crise du multilatéralisme»Seuls perdants sont les citoyens ou organisations du Burkina Faso, Niger et le Mali qui se privent de subventionsDans cette rupture, les seuls perdants possibles sont probablement les citoyens ou organismes de ces trois pays qui vont devoir désormais se passer des petites subventions saupoudrées sur eux par la Francophonie.Certes, au fil des décennies, certaines attitudes ou décisions ont pu conforter une partie de l’opinion dans la certitude que l’OIF servait, à l’occasion, de variable d’ajustement à la diplomatie française. Ainsi, lorsqu'en dépit du soutien de Paris, Boutros Boutros-Ghali est poussé vers la sortie par la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright et a échoué à obtenir un second mandat comme secrétaire-général des Nations unies, le chef de l’État français Jacques Chirac lui offre comme lot de consolation, le secrétariat général de l’OIF.Comme il l’offrira, en 2002, au président Abdou Diouf, qui avait entre-temps perdu le pouvoir au Sénégal. Même le choix de l’actuelle secrétaire générale a été perçu comme un moyen, pour la France, sceller des relations enfin apaisées avec le président Kagamé, intraitable, jusqu’alors, en raison du génocide.Mais, le fait, pour la France, de tirer avantage diplomatique de son poids dans l’OIF ne rend pas illégitime l’application aux régimes putschistes des sanctions prévues par les textes.D’ailleurs, au Commonwealth, l'équivalent anglophone de la Francophonie, les États-membres réunis par la langue, l'histoire, la culture se revendiquent tous de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit. Cela alors que leur charte précise que ces États n’ont aucune obligation les uns envers les autres, et que l’intitulé du Commonwealth - littéralement « prospérité partagée » - insiste sur la notion de partenaires libres et égaux qu’ils sont.Discréditée au sujet de régimes putschistesSans doute cette capacité à trouver des excuses à certains putschistes, tout en tenant d’autres à distance. Ces contorsions pour trouver « des évolutions positives en Guinée », alors que les méthodes du général Mamadi Doumbouya sont à peine différentes de celles de ses homologues burkinabè, nigérien et malien. Tant de discrédit enlève à quiconque l’envie de plaider la cause de l’OIF, lorsque, d’un coup, trois de ses membres l’abandonnent.Quant à la langue française, elle n’appartient plus depuis bien longtemps à la seule France. Se proclamer francophone, pour nombre d’Africains, n’est qu’une commodité. Ils sont aussi anglophones, lusophones et, comme dirait l’Ougandais Yoweri Museveni, « bantouphones ».
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  • Cédéao: la part ghanéenne du gâchis !
    2025/03/15
    Savoir distinguer les putschistes aux idées claires, capables de porter leur patrie sur la rampe de la démocratie et du développement, des aventuriers qui s’emparent du pouvoir avant de commencer à improviser un avenir, pour eux, plutôt que pour leurs peuples… Dans la crise existentielle que vit la Cédéao avec sa gestion des putschs et des régimes qui en sont issus, un paramètre supplémentaire vient d’être introduit par John Dramani Mahama, président du Ghana : il appelle à une reconnaissance de l’Alliance des États du Sahel par la Cédéao. A-t-il quelque chance d’être entendu ? Dans cette communauté où certains chefs d’État ont une fâcheuse tendance à faire prévaloir leur agenda personnel sur les principes et objectifs communs, d’une manière ou d’une autre, il sera entendu. À quelques semaines de son demi-siècle d’existence, la Cédéao pouvait espérer mieux que cette confusion et cette cacophonie ! À la veille de sa tournée sahélienne, le dirigeant ghanéen avait reçu, à Abidjan, la bénédiction de son homologue ivoirien pour une ultime main tendue aux pays frères, visiblement dans l’impasse.Le président Ouattara s’attendait-il à ce que John Dramani Mahama, interlocuteur nouveau et théoriquement neutre, déploie plutôt une stratégie personnelle, dans le seul intérêt du Ghana ? Probablement pas ! Mais, comment oublier que cet homme a déjà perdu le pouvoir, pour ses contreperformances économiques, et la chute vertigineuse du cedi, la monnaie ghanéenne ! Comme si cette cour maladroite qu’il fait aux pays enclavés découlait d’une envie irrépressible de mieux réussir, cette fois, en économie…Faut-il croire le président du Ghana capable de sacrifier ainsi les règles et les principes de la Cédéao, dans l’intérêt de son seul pays ?Aujourd’hui, tous les dirigeants peuvent tout sacrifier à l’économie. Le tort de la Cédéao a été de brandir les menaces et de déclencher les sanctions contre les putschistes de l’hinterland, sans en avoir mesuré les conséquences pour leurs voisins côtiers. Exportateurs de matières premières, les États du Sahel sont surtout importateurs d’une multitude de produits arrivant par l’océan, et pesant lourd dans le chiffre d’affaires des installations portuaires du Golfe de Guinée. Tout comme la petite économie des centaines de localités traversées jusqu’aux frontières du Burkina, du Mali et du Niger, transitaires et transporteurs routiers des pays de transit en profitent. Tous risquaient gros et ont, partout, beaucoup perdu. Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin, au Nigeria. Seul le Togo a ramassé la mise dans cette crise de la gestion des putschs par la Cédéao qui aura, au moins, montré l’intérêt d’une communauté économique, l’utilité d’une union douanière.Pour le reste, sacrifier ses principes pour des gains économiques vous expose souvent au discrédit, sans même vous garantir les parts de marché convoitées.Est-ce à dire qu’il faut craindre des conséquences pour la Cédéao, et pour John Dramani Mahama lui-même ?En faisant passer les putschistes pour des victimes innocentes, le dirigeant ghanéen a passablement terni l’image déjà dégradée d’une Cédéao qui n’a fait qu’appliquer ses textes. Certes, elle n’a pas toujours montré le même zèle dans d’autres cas similaires. Mais, président d’une des démocraties les plus fiables d’Afrique, John Dramani Mahama ne pouvait s’autoriser cette apologie de fait, comme si la baïonnette pouvait se substituer au bulletin de vote ! Comme si cette épidémie de putschs n’affectait pas la crédibilité de cette communauté économique scrutée par les marchés financiers ! Cela est d’autant plus désastreux que ce qui se joue, ici, c’est aussi la signature des États. Y compris celle du Ghana, qui n’a pourtant plus connu de coup d’État depuis quarante-quatre ans. Pour avoir, tour à tour, connu le pouvoir et l’opposition, alterné échecs et victoires par la seule volonté des électeurs, John Dramani Mahama n’avait pas le droit de se muer ainsi en chantre des putschistes. Et, même s’il devait en tomber amoureux, lui, qui doit ses premières responsabilités politiques à Jerry John Rawlings, devrait savoir distinguer les putschistes aux idées claires, capables de porter leur patrie sur la rampe de la démocratie et du développement, des aventuriers qui s’emparent du pouvoir avant de commencer à improviser un avenir, pour eux, plutôt que pour leurs peuples.
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  • En attendant le bonheur des partis uniques…
    2025/03/08
    Après la généralisation, dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, des détentions arbitraires, des procès expéditifs, des coups d'État et de leur cortège de kakistocratie, il n'est pas exclu que, bientôt, certains réclament le retour au monopartisme. Au Gabon, le général Brice Oligui Nguema se déclare candidat à la présidentielle du mois prochain, au grand dam de ses potentiels adversaires et d’une partie de l’opinion qui pensait qu’au terme de la transition engagée depuis le coup d’État d’août 2023, il rendrait, comme il l’avait promis, le pouvoir aux civils. Que dit cette candidature de l’engagement des militaires en politique en Afrique ?S’il subsistait, dans l’opinion, une quelconque illusion sur l’aptitude des militaires africains à tenir parole, celle-ci s’est envolée avec cette déclaration de candidature. Ces cinq dernières années, il était, sur le continent, le dernier à s’être emparé du pouvoir par un coup d’État. Il semblait plus cohérent, se distinguant même, en étant le premier à revenir, aussi vite, à l’ordre constitutionnel. Sauf qu’en choisissant de se porter candidat à une élection qu’il peut difficilement perdre, il a décidé de garder le pouvoir. Il conforte l’impression, plutôt désagréable, que les militaires putschistes sont davantage motivés par la soif du pouvoir que par une quelconque volonté de rétablir l’état de droit et la démocratie. L’on est loin des gestes majestueux des militaires justiciers, dont quelques-uns sont entrés dans l’Histoire comme semeurs de démocratie et de développement. Certes, à Libreville, beaucoup encensent le général. Mais, il n’empêche. Son seul fait de gloire, pour le moment, est d’avoir renversé l’impopulaire Ali Bongo.Ne pensez-vous pas que ceux qui chantent les louanges du général Oligui Nguema sont convaincus qu’il est le seul à avoir l’envergure pour relever le pays ?Ils ne se sont manifestement pas donnés beaucoup de peine à chercher. Il est intriguant de voir des politiciens connus naguère pour leur virulence à l’égard du pouvoir des Bongo, se muer subitement en laudateurs obséquieux du général Brice Oligui Nguema, issu du même système. Comme s’ils le remerciaient pour la place qu’il leur a conférée dans le système nouveau. Et que, pour chacun d'eux, sa candidature était juste vitale. Après tout, ils ne peuvent espérer conserver leur rang et leurs privilèges au bord de la mangeoire que si le général est confirmé dans ses fonctions actuelles. Mais il n’y a pas qu’au Gabon que l’on admire aussi facilement un militaire, pour juste avoir déposé un chef d’État. La servilité de la plupart des laudateurs est d’autant plus déconcertante qu’elle n’est nullement désintéressée…La virulence des détracteurs l’est-elle davantage ?Non, évidemment pas ! Et le plus désespérant, au Gabon comme dans de trop nombreux pays africains, est que, entre les champions de la complaisance cupide et les détracteurs stériles, il n’y a pratiquement pas d'espace pour des voix qui soient dans la mesure, avec ce qu’il faut de crédibilité, pour indiquer le cap de l’intérêt général, avec quelque chance d’être écoutées. Pendant que les profiteurs d’hier ruminent à l’écart leur rancœur, les profiteurs d’aujourd’hui embouchent leur trompette de griots, en attendant qu'un jour les rôles s’inversent. Ou que s’opèrent des ralliements, ou des défections, au nom de la transhumance si répandue dans certaines contrées.À l’indépendance du Ghana, le Dr Kwame Nkrumah se réjouissait de ce que l’Afrique avait conquis le droit de commettre ses propres erreurs. Certains semblent l’avoir pris au mot, au-delà de la caricature. Mais, en oubliant d’en assumer les conséquences. En oubliant de s’améliorer à partir des expériences malheureuses. Comme s’ils avaient délibérément fait le pari du recul permanent, certains peuples s’évertuent à répéter sans cesse les mêmes erreurs. C’est ainsi que l’on glisse subrepticement vers ce que l’on appelle la kakistocratie. Et, à ce rythme, il ne faut pas s’étonner, demain, dans la continuité de la mode des coups d’État, que l’on vienne convaincre les Africains de l’utilité, sinon du bonheur des partis uniques.À lire aussiGabon: le général Brice Oligui Nguema officialise sa candidature à la présidence
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  • Insaisissable développement
    2025/03/01
    PNB en entrée, PIB en plat principal, taux de croissance en dessert... Jamais, les agrégats économiques n'ont été servis à table aux populations. Non, ce n’est pas (que) cela, le développement ! Le Cap, cette semaine, accueillait les dirigeants d’un demi-millier de banques de développement du monde. Avec beaucoup d’annonces, quelques résolutions et engagements, notamment, pour des investissements dans les objectifs du développement durable. Pourquoi subsiste-t-il, malgré tout, le sentiment que le développement est un rêve inaccessible en Afrique ?Sans doute parce que la notion même de développement, aux yeux des populations, a perdu son sens. Les rares avancées sont trop souvent contrariées par des reculs brusques, qui obligent à tout recommencer, tel Sisyphe derrière sa pierre. Après soixante ans à courir après le développement, il est, en Afrique, peu de pays où l’on peut dire aux citoyens que, sur un plan précis, le développement a été atteint. Santé, éducation, adduction d’eau, électricité, infrastructures… Pas ou peu de conquêtes irréversibles !Dans les années 70 et 80, l’on abreuvait les populations de slogans définitifs, du genre : « Santé pour tous en l’an 2000 ! », que l'on déclinait sur l’éducation, l’agriculture, l’alimentation, et bien d’autres domaines. Nous sommes en 2025, et les populations attendent toujours le mieux-être et la satisfaction de leurs besoins fondamentaux que leur promettaient les politiques, avec l’accession à la souveraineté internationale.Et pourtant, presque partout, les États avaient créé des banques nationales de développement !La plupart ont fini par faire faillite, plombées par les créances irrécouvrables ou douteuses, sur des débiteurs haut-placés, des dignitaires des régimes en place… La généralisation de ces abus avait conduit les États eux-mêmes au bord de la faillite, les contraignant à l’ajustement structurel et aux plans drastiques d’austérité. Que les gouvernants acceptaient de subir sans rechigner, tant ils avaient mauvaise conscience. Ces institutions de lutte contre le sous-développement savaient, selon la formule d’Aimé Césaire, mal poser les problèmes, pour mieux justifier les mauvaises solutions qu’elles leur apportaient. En plus, elles n’avaient aucune obligation de résultats. Et quand l’ajustement structurel échouait, elles inventaient l’ajustement structurel renforcé. Ou revoyaient à la baisse leurs ambitions : réduire la pauvreté, plutôt de l'éradiquer, c’est bien commode ! À l’image de celui-là, pour qui, à défaut de développer les pays, l’on pouvait juste rendre le sous-développement habitable pour les populations.Qui donc assume ce manque d’ambition ? Les États ou les institutions ?En général, les institutions rejettent la faute sur les gouvernements. Ce que dénonçait l’économiste égyptien Samir Amin, pour qui ces institutions font de fausses analyses et proposent de fausses solutions, en substituant des recettes techniques à l’analyse des causes et des racines de la faillite du développement de l’Afrique. Du Rapport Berg, intitulé : « Pour un développement accéléré dans l'Afrique sub-saharienne », Samir Amin dénonçait la légèreté et l'irréalisme. Il déplorait que la Banque mondiale, dans ce document publié en 1981, attribue l'échec des politiques à la seule responsabilité des gouvernements africains qui, pour la plupart, n'avaient fait que suivre respectueusement les orientations indiquées par les institutions de Bretton Woods.Les reproches que faisaient ces institutions aux Africains au sud du Sahara étaient parfois contradictoires : tantôt, on les accusait de mépriser l'agriculture ; de donner la priorité à l'industrie ; de contribuer au sous-développement de leurs ressources humaines. Puis ce sont les mêmes qui faisaient croire aux populations africaines que les potions amères des programmes d’ajustement structurel suffiraient à opérer des miracles, qui changeraient leur destin. Les mêmes qui, pour « dégraisser » la Fonction publique, recommandaient d’envoyer médecins, enseignants et autres ingénieurs à la retraite à 50 ou 55 ans, âges auxquels, en Occident, les éducateurs et autres soignants étaient considérés comme suffisamment expérimentées pour transmettre le meilleur du savoir et prodiguer les soins les plus efficaces. Les mêmes qui s’étonneront, ensuite, de voir, dans ces pays, l’enseignement piquer du nez, et les hôpitaux se transformer en mouroirs. La triste réalité est que, jamais, les agrégats économiques n'ont été servis à table aux populations : PNB en entrée, PIB en plat principal, taux de croissance en dessert. Non, ce n’est pas cela, le développement !
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