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サマリー
あらすじ・解説
Session de rattrapage à Rome pour les pays membres de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique. La COP16 reprend du 25 au 27 février pour tenter de dénouer le blocage sur les financements. Les pays du Sud souhaitent un nouveau fonds dédié à la biodiversité. Ceux du Nord s’y opposent. En parallèle, des mécanismes alternatifs sont imaginés. Parmi les pistes : les crédits biodiversité. C’est un concept récent qui gagne du terrain. Ces « crédits biodiversités » sont censés servir à financer des projets de restauration ou de préservation de la nature. D’un côté, une entité protège la biodiversité, d’un autre, un acteur privé paie et reçoit un crédit ou un certificat. « On a un projet de protection des forêts, on veut protéger 15 000 hectares de forêts en France. Une entreprise va donc payer plusieurs centaines de milliers d’euros pour protéger des hectares de forêt pendant 30 ans. Ça, c’est un crédit biodiversité », illustre Jean Burkard, directeur du plaidoyer de WWF France.À lire aussiReprise de la COP16 biodiversité à Rome: les pays dépasseront-ils leurs différends?Marchandisation de la nature ?Le prix dépendrait de l’offre — les terres ou mers à protéger — et de la demande, à savoir les entreprises qui souhaitent ou doivent acquérir ces crédits. Cela a nourri des craintes d’une marchandisation de la nature. Car « toute cette nature que l’on considère comme gratuite, on lui donne un prix. » Mais, « pour nous, il est mieux d’avoir une nature à qui l’on donne un prix plutôt qu’une nature considérée comme gratuite », estime Jean Burkard. Le concept et la terminologie ne font pas l’unanimité. L’expression est calquée sur les crédits carbone. Ces derniers sont échangés entre entreprises de secteurs différents et de pays différents. Mais, Sébastien Treyer, directeur général du centre de réflexion l’IDDRI, jugeait à Cali que cette universalité ne pouvait être transposée à la biodiversité. Il préfèrerait donc l’expression de « certificat d’impact positif pour la biodiversité ».Elle comporte l’idée « qu’une entreprise se dise “dans mon rapport de responsabilité sociétale, je veux montrer que j’ai aussi contribué à protéger la biodiversité à l’autre bout du monde” », commente Sébastien Treyer. « Cela me paraît exact. En revanche, on ne peut pas dire qu’en finançant un projet de restauration de la biodiversité dans la forêt amazonienne, une entreprise basée en France peut compenser un impact sur la biodiversité en France. » À écouter dans Éco d'ici, éco d'ailleursBiodiversité: des financements pour l'éternité ?Sauver des éléphants ne remplacera pas les dommages subis par une espèce de libellules et inversement. En outre, une zone qui vient d’être restaurée n’accueille pas la même biodiversité qu’une forêt séculaire, par exemple.Dans une feuille de route publiée en octobre à Cali, le Panel consultatif international sur les crédits biodiversité estime que la « compensation » ne peut être que « locale » et « porter sur des écosystèmes similaires ».Mais si les entreprises ne peuvent pas effacer comptablement leurs impacts négatifs, pourquoi dépenseraient-elles de l’argent ? C’est une question qui risque de freiner la demande. Plusieurs arguments peuvent pourtant les y pousser. À commencer par la préservation de leurs intérêts. « 72 % des entreprises de la zone euro dépendent des services écosystémiques », rappelle Jean Burkard. Par ailleurs, certaines obligations réglementaires pourraient les y inciter. La directive européenne dite CSRD, par exemple, est en train de réformer le contenu des rapports extra-financiers de certaines entreprises. L’impact sur la biodiversité peut faire partie des thématiques.Et ces entreprises, « quand elles vont devoir mettre dans une colonne tous les impacts négatifs sur la biodiversité, elles vont probablement avoir envie de mettre en face, dans une autre colonne qui ne viendra pas compenser, des impacts positifs pour quand même montrer qu’ils contribuent à autre chose ailleurs », souligne Sébastien Treyer.Crainte de greenwashing Mais pour cela, il faudra que ces certificats soient crédibles. L’enjeu est donc d’en assurer l’intégrité. Le nom évoque les « crédits carbone » et cela ne sert pas nécessairement l’image de ces dispositifs. Certes, il existe beaucoup de crédits carbone différents et ils peuvent avoir une utilité, mais ce mécanisme a été entaché de plusieurs scandales. Certains craignent que ce soit un outil de greenwashing et s’opposent aux crédits biodiversité. « Le grand risque avec ce marché, c’est de reproduire les mêmes erreurs que celui des crédits carbone. Et c’est pour cela qu’il faut accorder la plus grande attention aux conditions dans lesquelles on va créer ce ...