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サマリー
あらすじ・解説
Quels sont les effets d'une baisse des prix de l'or noir sur la consommation et la production de pétrole ? La transition énergétique peut-elle être retardée par un pétrole pas cher ?
Les bourses ont tremblé. Face à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, et aux menaces de récession économique, le prix du pétrole a entamé une chute hier, mercredi, interrompue quelques heures après par la décision du même Donald Trump de mettre en pause sur ses taxes douanières. D'un strict point de vue économique, en particulier pour les pays importateurs, la facture est évidemment moins lourde avec un pétrole moins cher. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est l'avenir du pétrole, cette énergie fossile dont les économies ont bien du mal à se passer, alors même qu'il représente dans le monde environ 30% des émissions de CO2, le principal responsable du changement climatique.
Si le pétrole est moins cher, en consomme-t-on davantage ? Quand le prix de l'essence atteint des sommets, on réfléchit peut-être deux fois à prendre sa voiture pour aller chercher son pain à 500 mètres... À l'inverse, si l'essence n'est pas chère, roule-t-on davantage ? Pollue-t-on davantage ? Non, pas forcément. « On ne va pas aller trois fois en vacances avec sa voiture parce que le pétrole est moins cher, estime Olivier Appert, du Centre énergie et climat de l'IFRI, l'Institut français des Relations internationales. L'impact d’une baisse des prix n’est pas immédiat puisque ce qui est raffiné et distribué, c'est du pétrole qui a été acheté il y a deux ou trois mois ».
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« Drill, baby, drill »Quand le prix de référence du baril a failli passer en dessous de 60 dollars, Donald Trump a-t-il vu ses rêves carbonés s’éloigner ? Le président fossile des États-Unis, qui vient par ailleurs de relancer la production de charbon dans son pays, a fait du pétrole et de l'huile de schiste l'un des étendards de sa campagne. « Drill, baby, drill » (« Fore, bébé, fore ») est un slogan martelé même après son élection, repris en chœur par ses partisans comme le refrain d'une chanson.
Mais hier matin, en se levant, Donald Trump s'est peut-être rendu compte qu'il se tirait une balle dans le pied. « Le coût marginal de production est élevé aux États-Unis, de l'ordre de 50 dollars par baril, ce qui veut dire que si le prix baisse en dessous de 50 dollars le baril, les producteurs américains ont intérêt à arrêter la production, ce qui risque d'avoir un impact important sur les investissements des compagnies pétrolières américaines. Ce n’est pas tout à fait ce que souhaite Trump », souligne Olivier Appert. D'une manière générale, avec un pétrole moins cher, les pétroliers investissent moins. C'est un principe de base, observé chaque fois que les prix s'effondrent : la baisse des prix a un impact sur les investissements et la prospection.
Un pétrole bon marché a-t-il enfin un effet sur la transition énergétique ?Si les énergies fossiles sont bon marché, on pourrait être tenté de moins investir dans les énergies renouvelables, solaire ou éolienne par exemple, parce qu'elles seraient moins compétitives. Mais en réalité, on n'est pas dans la même temporalité. Un krach pétrolier arrive subitement alors que, par exemple, la construction d’un parc d’éoliennes en France, peut prendre jusqu’à sept ans. D'ici là, du pétrole aura coulé sous les ponts, et sans doute encore beaucoup trop.
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