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Gabon: le douloureux souvenir des morts du 31 août 2016 se heurte à l'aveuglement des autorités
- 2025/04/10
- 再生時間: 2 分
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サマリー
あらすじ・解説
Au Gabon, le scrutin présidentiel de ce samedi 12 avril s’annonce dans le calme, au contraire des élections précédentes, marquées par des crises. En 2016 en particulier, une vague de répression avait suivi l’annonce de la réélection contestée du président déchu Ali Bongo. Aucun bilan clair n’a jamais été établi, mais elle avait fait au moins plusieurs dizaines de morts. À la chute du régime, le 30 août 2023, les familles des victimes avaient exulté et espéré la fin de l’omerta sur le sujet. Jusque-là, le dossier n’a pas été rouvert, et le collectif fondé après le coup d’État s’est mué en association en début d’année pour obtenir des avancées de la part du prochain président.
De notre envoyé spécial à Libreville,
Chacun a mis un peu de sa poche pour louer un modeste bureau dans le quartier Dragon de Libreville, capitale du Gabon. Sur la bâche de l’association Réconciliation, la trésorière Hortense Mengue Messa montre le corps inerte d’Axel, son petit frère, recouvert d’un drapeau gabonais. « Il a voulu voir ce qui se passait dehors. Il a reçu deux balles. C'était devant la porte. Ils ont eu le temps de retirer le corps et de le cacher dans la maison. Aujourd'hui, je peux vous dire que, pour tous les enfants décédés cette nuit-là, les parents n'ont pas retrouvé le corps », affirme-t-elle avec gravité.
Le fils de César Mavioga, Freddy, a reçu deux balles alors qu’il était au portail du domicile familial. Malgré un rapport d’autopsie, la justice a refusé sa plainte. Aucune enquête n’a été menée. Il déplore une situation qui n’évolue pas. « Les militaires ont tiré délibérément sur mon fils qui était chez nous. Il est mort dans la voiture. C'était difficile de l'emmener à l'hôpital, il y avait des barrages partout, se souvient-il avec émotion. Aujourd'hui, il y a l'omerta. Ce sont les militaires qui ont tué. Celui qui détient l'armée, qui est militaire, ne nous a pas reçus. Il sait ce qui s'est passé, il est le chef, donc il a toutes les archives. »
Même frustration chez Claudine Aïcha Tsoumbou, qui avait soigné des blessés et témoigné de morts au QG du candidat Jean Ping. Après des années d’exil, elle préside aujourd’hui l’association qui demande la mise en place d’une commission Vérité, justice, réparation et réconciliation. « Du moment où nous avons respecté nos autorités, en allant adresser des courriers aux instances, à la Cour constitutionnelle, au Sénat, à l'Assemblée, à la primature, à la présidence, au Conseil économique et social et même à l'archevêque, et que, jusqu'aujourd'hui, nous avons des compatriotes qui vivent difficilement. On se sent vraiment délaissés. On se sent vraiment abandonnés et c'est frustrant », regrette-t-elle.
Brice Clotaire Oligui Nguema a promis que la justice s'occuperait de l'affaire une fois la transition terminée. « Ceux qui attendent la vérité sur les parents disparus doivent l’avoir. Ceux qui la détiennent doivent pouvoir la partager », assure Laurence Ndong, porte-parole du gouvernement de Transition. Son principal adversaire, Alain-Claude Billie-By-Nze, a repris l’idée d’une commission, mais les victimes s’interrogent sur la sincérité de celui qui était alors le porte-parole du gouvernement.
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