• Kemi Badenoch, une tenante de la droite dure à la tête des conservateurs britanniques

  • 2024/11/08
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Kemi Badenoch, une tenante de la droite dure à la tête des conservateurs britanniques

  • サマリー

  • C'est un virage à droite toute qui se confirme à la tête des conservateurs britanniques avec la désignation de Kemi Badenoch. Âgée de 44 ans, élevée au Nigeria, elle devient la première femme d'origine africaine à occuper un tel poste au Royaume-Uni. Son ambition : relancer un parti très affaibli après la débâcle subie aux dernières élections législatives. Désignée avec près de 57% des suffrages pour succéder à l'ancien Premier ministre Rishi Sunak, elle promet de revenir aux valeurs fondamentales du Parti conservateur britannique. Députée depuis 2017, plusieurs fois ministre depuis 2019, Kemi Badenoch est l'une des figures d'une aile droite qui a pris le dessus au sein du parti.« Pour être entendus, nous devons être honnêtes sur le fait que nous avons commis des erreurs et que nous avons laissé nos principes de base nous échapper », a-t-elle ainsi déclaré après sa victoire face à Robert Jenrick, qui s'était, lui aussi, positionné à la droite du parti. Avant d'arriver à la tête des Tories, cette informaticienne de formation a eu un parcours hors du commun.Aujourd'hui âgée de 44 ans, mère de trois enfants, elle a grandi au Nigeria au sein d'une famille plutôt aisée – son père est médecin, sa mère universitaire. Dans les années 1990, ses parents décident de l'envoyer au Royaume-Uni en raison des turbulences politiques et économiques qui secouent le Nigeria. Et, dès les années 2000, elle s'inscrit au Parti conservateur où elle rencontre son futur mari, Hamish Badenoch, un banquier d'origine écossaise.Elle va rapidement gravir les échelons au sein d'un parti qui souhaite se montrer plus inclusif sous la houlette de David Cameron. « Il y avait eu un ensemble de dispositifs et de mesures pour promouvoir les minorités ethniques, mais aussi les femmes au sein du Parti conservateur, décrypte Agnès Alexandra-Collier, professeur en civilisation britannique à l'université de Bourgogne. Et on a vu apparaître plusieurs personnalités issues de minorités ethniques comme Priti Patel ou Rishi Sunak, tous deux d'ascendance indienne. Kemi Badenoch parvient à réconcilier ces deux stratégies d'un parti qui se veut inclusif et qui poursuit sa progression idéologique vers la droite de l'échiquier politique. »Franc-parler et « vrai conservatisme »Au-delà de ce parcours, il y a la personnalité de la nouvelle dirigeante conservatrice, reconnue pour son charisme et son franc-parler, mais parfois critiquée pour ses déclarations à l'emporte-pièce. « Kemi Badenoch tient des propos assez provocateurs, mais, à la différence d'autres personnalités à laquelle elle est parfois comparée, c'est aussi quelqu'un d'assez réfléchi dans ses déclarations, sans l'agressivité et la virulence que l'on perçoit souvent à l'aile droite de la classe politique », nuance toutefois Agnès Alexandra-Collier.Sur le fond, Kemi Badenoch propose un retour à ce qu'elle appelle le « vrai conservatisme » : favorable au Brexit, elle veut réduire l'immigration illégale, limiter le rôle de l'État, favoriser les entreprises. Enfin, elle affirme vouloir lutter contre le « wokisme », c'est-à-dire l'influence supposée des idées gauchistes au sein de la société. Et elle met en avant deux modèles : Winston Churchill et surtout Margaret Thatcher, la première femme à avoir dirigé le Parti conservateur (elle fut désignée en 1975) et le Royaume-Uni (de 1979 à 1989).« La référence à Margaret Thatcher est un peu une référence obligatoire pour tout leader du Parti conservateur, pointe Thibaud Harrois, maître de conférences en civilisation britannique à l'université Sorbonne Nouvelle. Mais c'est aussi une façon pour elle d'assumer cet héritage libéral, de montrer qu'elle ne cherchera pas à transiger avec ce libéralisme, et qu'elle n'est pas du tout dans la lignée plus modérée de certains conservateurs. »Le double pari des ToriesC'est donc un virage à droite assumé que propose Kemi Badenoch avec un double objectif : incarner une opposition frontale au nouveau gouvernement travailliste et reconquérir les électeurs séduits par Reform UK, le parti de Nigel Farage, positionné à la droite des Tories. Un double pari risqué pour la nouvelle dirigeante conservatrice, qui s'est fixé comme objectif de ramener son parti au 10 Downing Street, en 2029, lors des prochaines élections législatives.Pour ce faire, elle devra remettre sur pied un Parti conservateur qui vient de subir sa pire défaite depuis des décennies – et qui se voit pris en tenaille sur sa droite par le Reform Party, et sur sa gauche par le Parti libéral-démocrate, revenu en force à la Chambre des Communes avec 72 députés. Avec seulement 121 sièges, le parti dont elle prend la direction aura du mal à exister face à un Parti travailliste, qui bénéficie d'une large majorité (402 députés).Lorsque le Parti conservateur avait abandonné le pouvoir en...
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あらすじ・解説

C'est un virage à droite toute qui se confirme à la tête des conservateurs britanniques avec la désignation de Kemi Badenoch. Âgée de 44 ans, élevée au Nigeria, elle devient la première femme d'origine africaine à occuper un tel poste au Royaume-Uni. Son ambition : relancer un parti très affaibli après la débâcle subie aux dernières élections législatives. Désignée avec près de 57% des suffrages pour succéder à l'ancien Premier ministre Rishi Sunak, elle promet de revenir aux valeurs fondamentales du Parti conservateur britannique. Députée depuis 2017, plusieurs fois ministre depuis 2019, Kemi Badenoch est l'une des figures d'une aile droite qui a pris le dessus au sein du parti.« Pour être entendus, nous devons être honnêtes sur le fait que nous avons commis des erreurs et que nous avons laissé nos principes de base nous échapper », a-t-elle ainsi déclaré après sa victoire face à Robert Jenrick, qui s'était, lui aussi, positionné à la droite du parti. Avant d'arriver à la tête des Tories, cette informaticienne de formation a eu un parcours hors du commun.Aujourd'hui âgée de 44 ans, mère de trois enfants, elle a grandi au Nigeria au sein d'une famille plutôt aisée – son père est médecin, sa mère universitaire. Dans les années 1990, ses parents décident de l'envoyer au Royaume-Uni en raison des turbulences politiques et économiques qui secouent le Nigeria. Et, dès les années 2000, elle s'inscrit au Parti conservateur où elle rencontre son futur mari, Hamish Badenoch, un banquier d'origine écossaise.Elle va rapidement gravir les échelons au sein d'un parti qui souhaite se montrer plus inclusif sous la houlette de David Cameron. « Il y avait eu un ensemble de dispositifs et de mesures pour promouvoir les minorités ethniques, mais aussi les femmes au sein du Parti conservateur, décrypte Agnès Alexandra-Collier, professeur en civilisation britannique à l'université de Bourgogne. Et on a vu apparaître plusieurs personnalités issues de minorités ethniques comme Priti Patel ou Rishi Sunak, tous deux d'ascendance indienne. Kemi Badenoch parvient à réconcilier ces deux stratégies d'un parti qui se veut inclusif et qui poursuit sa progression idéologique vers la droite de l'échiquier politique. »Franc-parler et « vrai conservatisme »Au-delà de ce parcours, il y a la personnalité de la nouvelle dirigeante conservatrice, reconnue pour son charisme et son franc-parler, mais parfois critiquée pour ses déclarations à l'emporte-pièce. « Kemi Badenoch tient des propos assez provocateurs, mais, à la différence d'autres personnalités à laquelle elle est parfois comparée, c'est aussi quelqu'un d'assez réfléchi dans ses déclarations, sans l'agressivité et la virulence que l'on perçoit souvent à l'aile droite de la classe politique », nuance toutefois Agnès Alexandra-Collier.Sur le fond, Kemi Badenoch propose un retour à ce qu'elle appelle le « vrai conservatisme » : favorable au Brexit, elle veut réduire l'immigration illégale, limiter le rôle de l'État, favoriser les entreprises. Enfin, elle affirme vouloir lutter contre le « wokisme », c'est-à-dire l'influence supposée des idées gauchistes au sein de la société. Et elle met en avant deux modèles : Winston Churchill et surtout Margaret Thatcher, la première femme à avoir dirigé le Parti conservateur (elle fut désignée en 1975) et le Royaume-Uni (de 1979 à 1989).« La référence à Margaret Thatcher est un peu une référence obligatoire pour tout leader du Parti conservateur, pointe Thibaud Harrois, maître de conférences en civilisation britannique à l'université Sorbonne Nouvelle. Mais c'est aussi une façon pour elle d'assumer cet héritage libéral, de montrer qu'elle ne cherchera pas à transiger avec ce libéralisme, et qu'elle n'est pas du tout dans la lignée plus modérée de certains conservateurs. »Le double pari des ToriesC'est donc un virage à droite assumé que propose Kemi Badenoch avec un double objectif : incarner une opposition frontale au nouveau gouvernement travailliste et reconquérir les électeurs séduits par Reform UK, le parti de Nigel Farage, positionné à la droite des Tories. Un double pari risqué pour la nouvelle dirigeante conservatrice, qui s'est fixé comme objectif de ramener son parti au 10 Downing Street, en 2029, lors des prochaines élections législatives.Pour ce faire, elle devra remettre sur pied un Parti conservateur qui vient de subir sa pire défaite depuis des décennies – et qui se voit pris en tenaille sur sa droite par le Reform Party, et sur sa gauche par le Parti libéral-démocrate, revenu en force à la Chambre des Communes avec 72 députés. Avec seulement 121 sièges, le parti dont elle prend la direction aura du mal à exister face à un Parti travailliste, qui bénéficie d'une large majorité (402 députés).Lorsque le Parti conservateur avait abandonné le pouvoir en...

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