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サマリー
あらすじ・解説
La Côte d’Ivoire est la cible ces derniers jours de plusieurs attaques informationnelles. Fausse couverture de journal, fausse vidéo de coup d'État, faux communiqué de presse, les infox se multiplient sur les réseaux sociaux. Cette désinformation s’attaque principalement au régime d’Alassane Ouattara, mais aussi à la présence militaire française sur place, avec un objectif : déstabiliser le pays.
L’exemple le plus marquant de ces récentes attaques informationnelles est une vidéo publiée sur TikTok cette semaine. Elle affirme qu’un « un coup d'État civil vient de tomber en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara renversé au pouvoir ». Évidemment, c’est irréel puisqu'il n’y a pas eu de coup d’État ces derniers jours en Côte d’Ivoire. Malgré ça, cette infox cumule actuellement plus de 5 millions de vues, rien que sur TikTok. Les commentaires montrent que certains internautes tombent dans le panneau.
Cette fausse information s’appuie sur des images prétendument filmées en Côte d’Ivoire, mais en réalité, totalement sorties de leur contexte. La vidéo commence par exemple avec des militaires qui brisent la vitre d’un bus avant d’y entrer en force. Une recherche par image inversée (voir ici comment faire) montre qu’il s’agit d’une formation anti-terroriste menée par des militaires sud-coréens en 2023.
S’ensuivent les images d’une dizaine de voitures de police poursuivant un pick-up de couleur noire. Vérification faîte, cette scène a été filmée aux États-Unis lors d’une course poursuite en Californie, en 2022.
On y retrouve aussi des images venues du Mali ou encore de France, mais pas de Côte d’Ivoire. Le tout est accompagné d’une voix synthétique et d’une musique épique.
Une recette simple en apparence, mais malheureusement plutôt efficace selon les statistiques d’audience.
Fausse déclaration d’Alassane OuattaraCe faux coup d'État a été accompagné dans le même temps d’une fausse déclaration d’Alassane Ouattara. À en croire une capture d’écran sur les réseaux, le président ivoirien aurait déclaré, dans une interview à Jeune Afrique en mai 2011, : « Je ne dois rien à personne, sauf à la France ». En réalité, la citation originale ne parle pas de la France, mais de la Côte d’Ivoire. « Je ne dois rien à personne, sauf aux Ivoiriens » avait titré l’hebdomadaire. Cette formule a été volontairement modifiée pour décrédibiliser Alassane Ouattara.
Faux communiqué de presseLes militaires français présents sur le sol ivoirien sont également ciblés par ces opérations de désinformation. Cette fois, l’infox repose sur un faux communiqué de presse attribué à l’État-major général des armées de la Côte d’Ivoire. Il y est écrit, avec plusieurs fautes d’orthographe grossières, que l’armée française aurait « involontairement attaqué des soldats ivoiriens à Bouaké », ce qui est entièrement faux. Ce document, fabriqué de toutes pièces, a poussé la police ivoirienne à publier un démenti.
Un écosystème de comptes sahéliensSi on ne sait pas précisément qui se cache derrière ces opérations de désinformation, nos recherches montrent le rôle joué par un écosystème de comptes domiciliés notamment au Burkina Faso et au Mali. Ces profils diffusent à la fois la propagande des présidents de transition au Sahel, et des fausses informations destinées à déstabiliser les régimes voisins, comme le Bénin et la Côte d’Ivoire.
Face à l’intensification de ces attaques informationnelles, les autorités ivoiriennes ont lancé une campagne de sensibilisation contre les infox en ligne. Alors que l’élection présidentielle est prévue d'ici à un an, le scrutin s’annonce d’ores et déjà particulièrement exposé à la désinformation.