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サマリー
あらすじ・解説
Au Vietnam, pays où le parti communiste a le monopole du pouvoir, la liberté de parole n’existe pas. Les journalistes qui osent critiquer le régime sont rares. Huy Duc était l’un d’entre eux, jusqu’au jour de son arrestation, le 1er juin 2024. Le commentateur chevronné risque sept ans de prison pour avoir « abusé des libertés démocratiques et publié des articles sur Facebook qui portent atteinte aux intérêts de l’État ». Le 2 juin, la rédaction vietnamienne de RFI est l’un des premiers médias à rapporter la disparition de Truong Huy San. Son nom de plume : Huy Duc. La veille, le journaliste indépendant a été arrêté par des agents de la sécurité d’État à son domicile dans la capitale Hanoï. « Fouille dans la maison, arrestation soudaine du journaliste Huy Duc », écrit alors un blogueur vietnamien sur Facebook. Les médias d’État, eux, se taisent. « Truong Huy San qui écrivait sous le pseudonyme Huy Duc a disparu le samedi 1er juin, il devait se rendre à une conférence dans un café de Hanoï, mais il ne s’y est pas présenté, indique Arthur Rochereau, qui suit les déboires de Huy Duc depuis Taïwan pour l’ONG Reporters sans Frontières, ses proches n’ont pas réussi à le joindre, et sa chaine Facebook a été fermée ». Il faudra une semaine aux autorités avant de reconnaitre son arrestation, et plus d’un mois pour qu’elles confirment que Huy Duc est accusé d’avoir « abusé des libertés démocratiques et publié des articles sur Facebook qui portent atteinte aux intérêts de l’État ». Le bloggeur, grande figure du journalisme indépendant vietnamien, encourt sept ans de prison. Peu avant la descente de la police chez lui, Huy Duc avait pris pour cible les cadors du parti communiste, et notamment le nouvel homme fort To Lam, nommé secrétaire général par intérim le 18 juillet, sorti gagnant d’une lutte de pouvoir et d’une campagne anticorruption surnommée « fournaise ardente ». Une campagne qu’il a lui-même mené d’une main de fer, en tant que ministre de la sécurité publique. Dans ces derniers articles, Huy Duc avait justement critiqué cette lutte anti-corruption et mis en garde contre les dangers de la concentration du pouvoir au sein du ministère de la sécurité publique.À lire aussiVietnam: le journaliste Huy Duc arrêté après des articles publiés sur Facebook« Aucun pays ne peut se développer durablement en s’appuyant sur la peur »« Aucun pays ne peut se développer durablement en s’appuyant sur la peur », avait écrit Huy Duc en mai sur sa page Facebook. « Il critiquait la boîte noire qu’est le bureau politique du parti communiste vietnamien, analyse Arthur Rochereau, et il dénonçait plusieurs nominations totalement arbitraires ainsi que le fait que les cadres du parti se permettent de se débarrasser d’éléments dérangeants dans leurs rangs ». Aucun autre journaliste ne connait aussi bien les rouages du parti unique vietnamien. Agé de 62 ans, Huy Duc a travaillé pendant de longues années pour des médias officiels, ce qui lui a permis de côtoyer des personnalités proches du pouvoir. En 2009, ce commentateur courageux et influent avait été licencié d’un journal d’État, après avoir dénoncé les abus de pouvoir de nombreux fonctionnaires. « Huy Duc était l’un des journalistes les plus expérimentés du pays, un journaliste très habile », estime Arthur Rochereau de RSF, « sa particularité réside dans le fait qu’il a réussi tout au long de sa carrière à tisser des liens avec les cadres du régime ».Sa page Facebook suivi par plus de 350 000 abonnésLes publications sur sa page Facebook, suivies par plus de 350 000 abonnés, sont appréciées pour leur liberté de ton et trouvent un écho même en dehors du Vietnam. En 2012, lors d’un séjour à l’université de Harvard aux États-Unis, Huy Duc écrit « The Winning Side » (Ben Thang Cuoc), un livre remarqué sur l’histoire et la politique contemporaine de son pays. « Les articles de ce journaliste indépendant sont une source inestimable d’informations permettant aux Vietnamiens d’accéder à des informations autrement censurées par le régime de Hanoï », fait savoir RSF dans un communiqué appelant à sa libération.Avec l’arrestation de Huy Duc, cette voix indépendante et critique a été muselée, comme tant d’autres dans le pays. Des défenseurs des droits humains affirment que le pouvoir vietnamien a accru, ces dernières années, les mesures répressives à l’encontre de la société civile et notamment de la presse. « L’arrestation du journaliste critique Huy Duc montre que le gouvernement vietnamien s’éloigne de plus en plus de la démocratie et de l’État de droit », regrette l’ONG Human Rights Watch dans un communiqué appelant à la libération du Huy Duc.Des journalistes qui osent critiquer...