エピソード

  • Les cépages expérimentaux en Estonie
    2019/08/16
    Dernier volet de notre série d'été sur le monde du vin. Le climat de plus en plus chaud impose des choix radicaux sur de nombreux vignobles du monde. Les zones de production s'étendent plus au nord dans l'hémisphère Nord, et inversement dans l'hémisphère Sud où le raisin rencontre des conditions plus clémentes. C'est ainsi qu'en Estonie les variétés de raisin résistantes ont été introduites par des chercheurs qui pensent qu'un jour on produira du vin au bord de la mer Baltique. Agnieszka Kumor a rencontré ces passionnés. De Tallinn, la flamboyante capitale estonienne, un train express part vers le sud. Au fur et à mesure du voyage, le plat pays parsemé de lacs, de marais et de tourbières se dévoile. D’immenses forêts, repères des loups, des ours et des lynx, recouvrent près de la moitié du territoire estonien. Il n’est pas rare de rencontrer des grues cendrées qui se promènent dans des prés.Une viticulture dans un pays nordiqueC'est près de la ville universitaire de Tartu qu'une station d'expérimentation agricole teste depuis une dizaine d’années de nouvelles variétés de raisin. Dans une parcelle, les vignes sont conduites sur des palissages et les feuilles correctement exposées au soleil qui se laisse encore désirer. L’image est surprenante dans ce paysage nordique. Mais il faudra désormais s’y habituer, selon Endla Reintam, professeure d'écologie des sols et vice-rectrice de l’Université des Sciences de la Vie : « vous voyez bien que c'est possible de faire pousser les grappes de raisin dans les conditions climatiques du nord. Les variétés plantées en Europe occidentale ne survivraient pas chez nous. C’est pourquoi on a décidé de tester de nouveaux cépages résistants au froid. Un jour, ils produiront du vin. »Pour son collègue, Alar Astover, directeur de la Faculté des sols à la même Université de Tartu, le projet est loin d’être anecdotique : « il s'agit, évidemment, d'un secteur de niche. Mais la viticulture pourrait apporter de la diversité dans l'activité agricole dans les campagnes. Avec des emplois à la clé. Le vin est un produit à haute valeur ajoutée. Les futurs viticulteurs pourraient multiplier leurs revenus. La terre convertie en vignoble serait mieux valorisée. »Face aux températures qui grimpentUne incertitude pèse sur les pays traditionnellement producteurs de vin, comme la France, l’Espagne ou le Portugal. Dans quel monde cultivera-t-on la vigne dans cinquante ans ? se demandent des viticulteurs en Argentine, en Californie ou encore en Australie. Les pronostics sur le changement climatique ne les rassurent guère. Si les activités industrielles actuelles et la diffusion du modèle de consommation occidental se poursuivent, la concentration en CO2 devrait doubler par rapport à l'ère préindustrielle. La température de la Terre augmenterait alors de 3°C en moyenne à la fin du siècle, selon le Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Un scénario catastrophe.La vigne est aux premières loges de ce changement radical. Notre planète subira « des modifications drastiques par rapport à aujourd’hui, impliquant des efforts d’adaptation considérables », a martelé Patrice Geoffron lors de son intervention au 1er Symposium sur l’impact du changement climatique sur le vin à Vinexpo 2019. Selon ce professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine, alors que la production du vin s’est toujours bien adaptée à une très grande variété d’environnements, « le défi actuel est celui de la vitesse du changement et de la capacité à y faire face. Quel coût cela va-t-il engendrer ? Et saura-t-on garder une cohérence avec la tradition, la typicité des vins et l’attente des consommateurs ? »L’une des voies d’adaptation envisageable passe par le déplacement des limites de, ce que l’on appelle, la « zone de confort » climatique de la vigne. Traditionnellement, on cultive la vigne dans les régions situées entre les trentième et cinquantième parallèles au nord et au sud. L’accroissement des températures force déjà certains producteurs à pousser leurs vignobles plus au nord dans l’hémisphère Nord, et inversement dans celui du Sud. La carte mondiale des producteurs de vin se redessine. Aujourd’hui, on produit du vin en Angleterre, en Belgique, en Suède ou aux Pays-Bas. Et un jour, peut-être, en produira-t-on en Estonie ?Retour à TartuC’est en tout cas le rêve de ces chercheurs estoniens qui ont choisi d’introduire les cépages hybrides résistant aux rudes hivers du pays. Sur une pancarte accrochée à l’entrée de la station agricole de Tartu sont affichés des noms de ces variétés nouvelles venues de Russie ou d’Allemagne : le rondo, le zilga, le hasansky sladky. Un court descriptif y est joint. Les recherches avancent, mais il faudra sans doute apprendre à maîtriser le sol, le soleil, l'eau et y...
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  • Un vent de renouveau souffle sur la Moselle allemande
    2019/08/15
    La viticulture mondiale est mise à l'épreuve face au changement climatique. Par ailleurs, la demande des consommateurs pour les produits sans pesticides se fait de plus en plus sentir. Certains vignerons optent pour les variétés de raisin résistantes à la sécheresse, ainsi qu'aux maladies. Agnieszka Kumor a sillonné les vignobles de France et d’ailleurs. Elle a rencontré notamment les vignerons allemands. Chaque année les producteurs, les distributeurs, les cavistes et les journalistes se pressent au salon ProWein à Düsseldorf en Allemagne. Le plus grand rendez-vous des professionnels de vins et spiritueux au monde a attiré plus de 61 500 visiteurs en 2019. Les organisateurs du salon ne comptent pas s’arrêter là, ce qui affole certains journalistes, critiques de la taille pris par l’événement.Mais pour les autres, ProWein est l’occasion rêvée de rencontrer les producteurs venus des contrées lointaines, comme l’Argentine et la Nouvelle-Zélande, ou plus proches, comme la Moselle allemande.La finesse des rieslings allemandsLa famille Haag cultive ses vignes depuis 400 ans. Le domaine Fritz Haag se trouve à Brauneberg, tout près de la frontière avec le Luxembourg. Pour Oliver Haag, le propriétaire, le vin est avant tout une passion : « Notre domaine est niché au cœur de la Vallée de la Moselle. Les grappes mûrissent lentement. Le style de nos rieslings vient de là. Ils sont frais, légers et élégants. Et contiennent très peu d’alcool. »Réputés pour leur finesse, mais encore peu connus en France, les rieslings allemands sont des cépages rares qui bénéficient du réchauffement climatique : « La Moselle, qui était par le passé une région froide, sort gagnante de cette nouvelle situation. Nos vins n’ont jamais été aussi équilibrés, avec des raisins bien mûrs. Ils sont structurés et profonds d’une part, et de l’autre, ils gardent de la fraîcheur. Mais si l’on regarde la vitesse à laquelle le climat change, un jour ça posera problème, c’est évident », affirme le vigneron de Brauneberg.Éliminer les pesticides des vignesSi plus de soleil contribue à la qualité des rieslings de Moselle, leur style pur et léger à la fois risque de pâtir de la sécheresse. Les millésimes où l’eau manque cruellement sont de plus en plus fréquents. Autre problème que rencontrent les viticulteurs : les maladies de la vigne à l’origine de nombreux traitements chimiques, soupire Dieter Hoffmann. À la tête d’un domaine familial Hoffmann-Simon, il a banni les pesticides de ses vignes.Les cépages résistants aux champignons pourraient l’aider dans son combat. Dieter en a planté quelques-uns à titre expérimental : « Je m’adapte au changement climatique en travaillant plus dans les vignes. J’utilise les engrais verts pour entretenir l’humus. Cette partie supérieure du sol empêche l’eau de s’évaporer J’ai opté pour quelques variétés nouvelles, comme le régent, dont je fais du rosé très fruité. Et il y a deux ans, j’ai planté du cabernet blanc. Ces cépages hybrides n’occupent qu’une petite partie de mon vignoble. Mais le résultat est plutôt encourageant. »Cépage métis ou hybride ?Mais que sont ces cépages hybrides si connus en Allemagne et encore peu répandus en France ? Pour le savoir, nous faisons un détour par Marseille. C’est là que se sont déroulées le 22 janvier 2019 les dernières Rencontres internationales du rosé. Leur thème : le défi du changement climatique et de la transition écologique pour la production de vins rosés de Provence. Nous y avons rencontré Loïc Le Cunf, ingénieur à l’Institut français de la vigne et du vin : « La création variétale signifie utiliser les ressources génétiques des individus qui existent déjà, et les croiser naturellement, d’en faire un papa et une maman, pour obtenir un pépin de raisin qui va se développer. L’idée est d’arriver à sélectionner parmi ces nouveaux individus, des plants qui cumulent les caractéristiques de papa et de maman. » Les gènes de résistance au stress hydrique ou aux maladies de la vigne sont, évidemment, déterminants.Mais tous ces nouveaux plants ne sont pas logés à la même enseigne. Un cépage issu d’un croisement entre deux Vitis vinifera (la vigne cultivée) est un métis, tandis qu’un bébé de Vitis vinifera et de la vigne sauvage (américaine ou asiatique) devient un cépage hybride. « Avec le temps, les variétés résistantes vont prendre énormément de place, car elles permettent de réduire ou d’éliminer complètement le recours aux pesticides. Cette caractéristique répond à une certaine pression sociétale d’aujourd’hui. Moi-même, je vis dans un village et j’ai des enfants. Les épandages d’intrants chimiques dans les vignes autour des écoles, ce sont les choses auxquelles on pense fortement », admet l’ingénieur.Retour à ProWein en AllemagneLa ...
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  • Les cépages nouveaux en Champagne
    2019/08/14
    Quelles transformations pour l'économie du vin imposera le climat dans trente ans ? Que faire si les températures continuent de grimper ? Délocaliser les vignes, monter vers les régions plus froides, changer de variétés de raisin ? Les vignerons s'interrogent. Agnieszka Kumor a parcouru les vignobles de France et d’ailleurs à la recherche de ces producteurs passionnés. Aujourd'hui, elle nous invite en Champagne, dans le nord-est de la France. Le train TER arrive à Bar-sur-Aube, une petite ville du sud de la région champenoise. C’est ici entre deux vallées verdoyantes, celle de la Seine et de l’Aube, que s’étend le vignoble de la côte des Bars. Le pinot noir y est roi. Deux autres variétés nobles, le chardonnay et le pinot meunier complètent le tableau. Quelques vieux cépages locaux reviennent au goût du jour grâce à des viticulteurs passionnés. Il s’agit de l’arbane, du petit meslier, du pinot gris et du pinot blanc.Au milieu des vignes ou dans leurs chais, là où le raisin est transformé, les Champenois s’interrogent. L’impact des pesticides sur l’environnement les préoccupe. Certains choisissent la viticulture biologique. Ce n’est pas encore le cas de tout le monde, mais les exploitations agricoles et viticoles qui mettent en place les pratiques vertueuses peuvent désormais faire l’objet d’une certification officielle Haute Valeur environnementale (HVE). D’autres se regroupent autour de Terra Vitis, une certification environnementale spécifique à la viticulture. Mais les maladies de la vigne sont toujours là. Il est très difficile de les combattre en utilisant les méthodes de culture saines. Et si la solution venait des cépages résistants ?Les champagnes de demainC’est dans cette perspective de moindre recours aux des intrants chimiques (mais aussi biologiques, comme le soufre ou le cuivre) que de nouvelles variétés de raisin sont testées en Champagne depuis trois ans. En avril 2016, Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) a lancé un programme de sélection variétale. Il s’agit de croiser les cépages autorisés en Champagne avec des vignes sauvages naturellement résistantes aux maladies.Le projet n’en est qu’à ses débuts, mais Michel Drappier, PDG de la maison de champagne du même nom, y croit : « Je trouve cela formidable. C’est l’avenir de notre profession. On va inventer de nouveaux cépages qui vont faire les champagnes des années 2030, 2040, 2050 et au-delà. » Et là, c’est le vigneron qui parle : « Le sol et le climat constituent la matière du vin, son âme. On ne peut pas recréer le champagne ailleurs qu’en Champagne. Avec ces nouveaux cépages qui seront plantés ici le style champenois persistera. La variété de raisin, c’est un instrument, qui extrait cette âme du sol et du climat, et qui le transforme en un vin pétillant d’une très grande élégance. »Les vignes résistantes aux maladiesHugo Drappier, fils de Michel, a étudié les cépages hybrides lors de ses études à l’école de Changins, en Suisse. Cet établissement privé forme les ingénieurs en œnologie, viticulture et arboriculture. Depuis des années, l’école mène des travaux de recherche et développement autour des cépages résistants. « Ils ont signé un partenariat avec l’Institut de la recherche agronomique (INRA) pour pouvoir développer ces nouveaux cépages en France. Des cépages qui seront plus adaptés à notre climat champenois assez particulier. L’idéal ce serait d’avoir plusieurs résistances à toutes sortes de maladies. J’espère que ces nouvelles variétés vont nous apporter plus de confort. Des vignes qui seront plus faciles à travailler et respectueuses du climat. »Le raisin qui mûrit plus tardMais il n’y a pas que les maladies, il y a aussi le changement climatique. Jusque-là, les champenois n’étaient pas mécontents des effets de réchauffement du climat dans leur région. Mais ils savent que si les températures continuent de grimper, à terme cela posera problème. Ce qui est en jeu c’est le style du vin. Au salon Vinexpo à Bordeaux, Laurent Panigaï, directeur général adjoint de la cave champenoise Nicolas Feuillatte, en est persuadé : certaines variétés nobles succomberont au changement climatique. Selon lui, les variétés hybrides serviront de recours : « L’idée est très simple. Il s’agit de faire des croisements naturels, mais sans faire des OGM (organismes génétiquement modifiés, NDLR). On prend des variétés historiques, de l’appellation Champagne et de son terroir, et on les croise avec des variétés qui ne viennent pas forcément de notre région. Notre objectif est d’obtenir des variétés qui mûrissent plus tard et qui nous permettent de ne plus vendanger en août, mais peut-être en septembre. Tout en gardant la typicité de nos produits. »Le programme de recherche durera au minimum une quinzaine d’années ...
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  • Les sauvignons blancs hybrides d'Italie
    2019/08/13
    S'il y a un secteur où le défi du changement climatique est particulièrement palpable, c'est celui de la viticulture. Les vignerons adaptent leurs pratiques aux températures qui grimpent, mais s'interrogent. Peut-on se passer complétement de pesticides ? Certains optent pour les cépages qui résistent aux maladies. Agnieszka Kumor a parcouru les vignobles de France et d’ailleurs. Aujourd'hui, elle a pris le cap sur le Nord de l'Italie avec ses sauvignons blancs... un peu particuliers. Dans le domaine Ca' Bolani les biches se promènent entre les rangs des vignes. Le soleil s’est à peine levé. C’est au petit matin que le raisin mûri à point se déguste le mieux. La famille Zonin, propriétaire des lieux, ne chasse pas ces animaux sauvages. Leur présence, tout comme celle d’insectes ou d’oiseaux témoigne de la bonne santé du vignoble.Nous sommes à Friuli Venezia Giulia, une région de l’Italie du Nord, à une quarantaine de kilomètres de la ville d’Udine. Une longue allée bordée de cyprès débouche sur un petit bâtiment en pierre. C’est le hall d’accueil des visiteurs. Tout autour, s’étendent des parcelles de vignes. On distingue les petites grappes compactes du pinot blanc, celles du pinot gris légèrement roses, du chardonnay, du sauvignon blanc ou encore du cabernet franc. Des cépages nobles, dits « internationaux », et qui font la fierté de Gabriele Carboni, responsable des cultures. Sous son œil attentif poussent aussi des cépages autochtones : le traminer, le müller thurgau, le friulano, le refosco dal peduncolo rosso ou le glera, qui donne des proseccos, des vins mousseux et légers, connus dans le monde entier.Depuis peu, Gabriele Carboni teste des variétés de raisin nouvelles : « La coopération avec l'université d'Udine et la pépinière coopérative de Rauscedo a été déterminante pour ce projet. L'idée était de trouver les résistances naturelles des plants contre les effets du réchauffement climatique et contre les maladies de la vigne causées par les champignons. On a donc planté 10 variétés résistantes, 5 rouges et 5 blanches. Elles permettent d'éliminer totalement l'usage de pesticides. Ces variétés ne sont pas des cépages existants, mais ont été obtenues à la suite de multiples croisements. Ce sont des variétés nouvelles. »Un long processus de croisementsC'est à la pépinière coopérative de Rauscedo, à l’ouest de la région de Friuli Venezia Giulia que ces cépages nouveaux ont été élaborés. Fondée en 1920, la pépinière a accumulé un impressionnant savoir-faire qu’elle cherche à projeter dans le futur.L’une des pistes recherchées ce sont les cépages hybrides. Mais attention : aucune confusion avec les OGM. Une vigne hybride n’est pas un organisme génétiquement modifié, mais elle est le fruit d’un long processus de croisements entre deux espèces de vignes, une vigne cultivée et une vigne sauvage, comme l’explique Elisa de Luca, responsable agronomique : « Le mildiou et l'oïdium sont les ennemis mortels de la vigne. La vigne cultivée, Vitis vinifera, ne connaissait pas ces maladies, car elles ont été apportées du Nouveau Monde. Alors, c'est du côté du Nouveau Monde que l'on a décidé de se tourner pour chercher des gènes de résistance qui permettent aux vignes sauvages de coexister avec ces maladies, sans leur succomber. C'est aux Etats-Unis et en Asie qu'on les a trouvés. Quelques vignes sauvages d'Europe possèdent aussi ce gène de résistance. Tout le travail, c'est de le trouver ! » Du pépin au pied de vigne, vingt ans doivent en effet s'écouler avant qu'une vigne cultivée et une vigne sauvage donnent un bébé en pleine santé.Pourquoi greffe-t-on les vignes ?Nous passons sous une grande serre où apparaissent de jeunes pousses issues de la germination des pépins. A l’adolescence, raconte Elisa de Luca, elles rejoindront les exploitations de quelques 250 membres de la coopérative où elles produiront des vignes-mères. A l’âge adulte, on y prélèvera des boutures. Ce sont ces tiges de bois, les variétés de raisin, qui sont greffées sur des porte-greffes américains. C’est la seule méthode que l’on a trouvée pour immuniser les vignes européennes contre un serial killer des vignes, le phylloxéra, un puceron qui a ravagé les vignobles du monde entier à la fin du XIXe siècle.Une fois assemblés, les jeunes plants sont plongés dans une cire au niveau du point de greffe. Des caisses remplies de plants ainsi « pansés » avec de la cire verte sont stockées dans un entrepôt. La plupart d’entre eux seront commercialisés en Italie, d’autres partiront aux quatre coins du globe : en France, en Australie et jusqu’en Afrique du Sud. La Pépinière de Rauscedo produit plus de 70 millions de plants par an qu’elle expédie dans une trentaine de pays.In vino veritas (« La vérité est dans le vin »)Dans une salle à part, au pied de ...
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  • Le caladoc et le marselan, de Châteauneuf-du-Pape à la Chine
    2019/08/12
    On estime à 6 000 le nombre de variétés de raisin cultivées dans le monde. Certaines d’entre elles accompagnent l’homme depuis des millénaires, d’autres ont été obtenues par croisements. La vigne dispose d’une incroyable capacité d’adaptation. Et pourtant, certaines variétés nobles pourraient ne pas survivre à la montée des températures. La solution pourrait venir des plants résistant au stress hydrique et aux maladies. Agnieszka Kumor nous en présente deux méconnus : le caladoc et le marselan. Notre voyage commence dans un petit village du Vaucluse, dans le sud de la France. Le mistral souffle fort, mais n’apporte guère de répit. La chaleur qui se déverse du ciel écrase sans distinction les humains, les oiseaux et les plantes. La sécheresse guette les vignes.Courthézon est à une vingtaine de kilomètres de la Cité des papes où se déroule le fameux festival d’Avignon. Fabien Ramoino dirige le domaine Réal Clavel. Il est membre du Cellier des Princes, un groupement de 189 producteurs de l’appellation Châteauneuf-du-Pape. La cave coopérative créée en 1925 innove sans cesse. Sa nouvelle trouvaille : les cépages résistants.Les variétés de raisin « métisses »Ce sont ces variétés de raisin « métisses » issues de croisement entre deux plants appartenant à l’espèce Vitis vinifera (c’est comme cela que l’on appelle la vigne cultivée) et présentant des caractéristiques pertinentes pour la production de vin. Leur plus gros atout : la résistance aux maladies cryptogamiques, c’est-à-dire causées par un champignon. Parmi ces maladies, les principaux ennemis de la vigne : le mildiou et l’oïdium, que l’on traite avec des produits chimiques (viticulture conventionnelle) ou encore du soufre ou du cuivre (viticulture biologique). Et si le raisin se défendait lui-même, il n’y aurait pas besoin de tout cela.À la demande de l’œnologue de la cave, Fabien Ramoino teste ces nouveaux cépages, et notamment le caladoc, une variété rouge encore peu connue. Le vigneron lui trouve de nombreuses qualités : « C’est un cépage qui donne beaucoup de couleur. Il peut se vendanger tôt pour être utilisé dans des vins rosés, ou plus tard pour en faire des vins rouges. Il ne craint pas la sécheresse. Il pourrit moins que le grenache et n’est pas du tout sensible à l’oïdium. C’est un raisin qui donne de bons vins ». Et pour couronner le tout, le caladoc résiste aussi à la coulure (la chute des fleurs).À 10 km de là, à Sorgues, Joel Choveton-Caillat du Domaine Vaucroze cultive du marselan, un autre cépage issu d’un croisement. Le Cellier des Princes utilise déjà le marselan dans des assemblages, mais Joël pense qu’il a une étoffe d’une star. On pourrait en faire une cuvée à part : « Il a de la couleur, le côté fruité. Il permet de retrouver de bons équilibres dans du vin ».Seuls ou (bien) accompagnésLes deux cépages ne sont pas de parfaits inconnus. Le caladoc est né en 1958 du croisement du grenache noir et du cabernet sauvignon effectué par Paul Truel, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Montpellier. Depuis, ce cépage rouge figure au Catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France. Il est autorisé dans la plupart des vignobles français comme un cépage dit « accessoire ». Sa couleur intense et sa structure tanique en font un compagnon idéal des autres grappes dans des vins d’Indication géographique protégée (IGP).En dehors de la France, on rencontre le caladoc en Espagne, au Portugal, en Bulgarie ou en Argentine. Le marselan, le rouge, a été obtenu par l’INRA en 1961. Fruit d’un croisement entre le grenache noir et le cot (autre nom du Malbec), il est aussi inscrit au catalogue officiel. Planté dans le Languedoc et dans la vallée du Rhône, il est également connu en Espagne, dans le nord de la Californie, en Suisse, en Israël et, depuis quelques années, en Chine. Son caractère souple et harmonieux permet de le vinifier seul (en vins d’IGP) ou dans les assemblages (il est alors autorisé dans les AOP, comme les côtes-du-rhône).Le défi climatiqueMais il n’y a pas que des maladies, il y a aussi le changement climatique. Face à l’urgence de ce dernier défi, les vignerons s’adaptent. Pierre Cohen, directeur général du Cellier des Princes : « Il y a la conduite appropriée de la vigne et le travail du sol. On laisse un peu de feuillage pour protéger les grappes du soleil. Mais l’évolution de la législation n’est pas neutre, non plus ».Les croisements, il y croit, mais ne se fait pas d’illusion : « On va probablement devoir aller chercher des cépages à l’international, au Portugal ou en Italie, pour voir s’ils peuvent s’adapter à nos terroirs ». Un étendard des vins chinoisLes pieds de vigne voyagent aussi dans le sens inverse, et les « métisses » ont plu aux ...
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