-
サマリー
あらすじ・解説
Sous le régime autocrate d’Aleksandar Vucic, la Serbie ne cesse de reculer dans tous les classements internationaux. La liberté de la presse n’y échappe pas. En treize ans de règne, le président populiste a méthodiquement mis sous sa coupe tous les médias.
Seuls environ 10% des Serbes ont accès à des chaînes indépendantes, mais payantes, tandis que plus des trois quarts des citoyens s’informent via des chaînes autorisées à émettre sur tout le territoire et étroitement contrôlées par le gouvernement qui utilise des tactiques d’intimidation. « Le pays est devenu un "désert de l’information". L’écrasante majorité des médias, radio, télévision ou presse diffusent de la propagande ou de la désinformation. Deux tabloïds pro-gouvernementaux ont consacré en un an, 260 de leurs Une, à une menace de guerre, entretenant ainsi la peur et le souhait d’un "leader fort". Autre exemple, dans les 17 premiers jours de l’année, Aleksandar Vucic s’est adressé à la Nation durant 18 heures, auxquelles il faut ajouter 10 heures de programmes positifs ou neutres le concernant », raconte Branko Cecen, journaliste.
La RTS, cœur des critiques et instrument du pouvoirL’un des points noirs qui concentrent toutes les tensions ces derniers mois, c’est la RTS, la télévision publique, adepte de la censure. « Ici, vous n’avez pas de chaînes objectives. Même la RTS, qui est censée être un média de service public, relaie de la désinformation, que le mouvement de contestation étudiant par exemple vise à détruire l’État, à créer le chaos ou l’anarchie, ce qui est totalement irresponsable. La mission de la RTS n’est pas au service des citoyens, mais du pouvoir. Et le problème c’est que selon certaines études, la RTS continue d’être le média le plus crédible dans la population », explique Aleksandra Nikolajevic, maître de conférences à la faculté de philosophie de Nis.
Un contrôle sécuritaire jusque dans les rédactionsL’instrumentalisation des médias, qu’ils soient publics ou privés est une spécialité de l’actuel président, ancien ministre de l’Information sous Milosevic. Selon Branko Cecen, Vucic œuvre depuis au moins dix ans à verrouiller les médias par crainte d’un renversement. « La rédaction de la RTS est triée sur le volet, les journalistes se plient à la propagande. En ce moment, la chaîne abrite plus de policiers que de salariés. Des agents des renseignements surveillent le bâtiment prêt à intervenir, et en cas de contestation, prêts à suspendre, licencier ou éloigner des journalistes des programmes d’information ».
Discrédité ou boycotté par les médias traditionnels, le mouvement étudiant pro-démocratie et anti-corruption, s’est tourné vers les réseaux sociaux. Grâce à leurs actions menées dans tout le pays, ils jouissent aujourd’hui du soutien de près de 80% de la population.
À lire aussiSerbie: des étudiants se mobilisent contre la «propagande» d'une télévision pro-Vucic