エピソード

  • Européennes: peur bleue chez les Verts
    2024/05/19

    Alors que les élections européennes auront lieu dans trois semaines, et que la large victoire du Rassemblement national ne fait guère de doutes, l’incertitude persiste pour les autres listes. C'est notamment le cas pour les écologistes, loin, très loin de leur score de 2019 et qui perdent lentement, mais sûrement, du terrain dans les intentions de vote. Si officiellement la tête de liste Marie Toussaint et ses équipes restent sereines, l’inquiétude monte.

    « Les Écologistes, c’est la liste qui s’effondre » : l’analyse est signée du « monsieur Élections » des Insoumis Paul Vannier. Subjectif forcément, d’autant que la liste LFI n’est pas non plus dans une situation très enviable, testée entre 6 et 8 %, mais cela résume le sentiment dominant dans le microcosme politique. Un haut cadre socialiste ajoute : « ça ne prend pas, des fois c’est comme ça, on dirait la campagne présidentielle d’Anne Hidalgo ». La comparaison n’est pas flatteuse, la candidate PS ayant terminé avec seulement 1,75 % des voix en 2022. Et force est de constater que la liste emmenée par Marie Toussaint, qui approchait les 9 % d’intentions de vote voilà quelques mois, flirte désormais dangereusement avec les 5 %, barre fatidique en dessous de laquelle les Écologistes français n’auraient aucun élu au Parlement Européen. Un scénario catastrophe pour un parti qui a toujours fait des élections européennes son scrutin favori.

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    Pas de panique ?

    « La campagne n’est pas facile pour nous », reconnaît l’eurodéputé David Cormand, numéro 2 de la liste écologiste, qui ajoute aussitôt : « on n’a pas à subir les injonctions des sondages et de l’actualité, on tient notre drapeau ». Comprendre : il faut insister sur les thèmes écologistes et européens, en espérant un redressement le jour du vote. Pas illogique quand on sait qu’en 2019, les Verts avaient finalement créé la surprise en obtenant 13,5 % des voix après avoir été testés durant toute la campagne entre 7 et 9 %. Mais le momentum est différent, reconnait-on en coulisses. David Cormand l’admet d’ailleurs : « en 2019, même la droite et l’extrême droite avaient inclus l’écologie dans leurs programmes, là ça s’est durci ». Et d’avertir : « si les écolos sont balayés, c’est l’acte de décès du Pacte Vert et l’avènement du Pacte Brun » entre conservateurs et identitaires européens résolument hostiles à l’écologie politique.

    Impact incertain en France

    « S’ils finissent en dessous des 5 %, je ne sais pas dans quel état va terminer leur parti », murmure-t-on chez les socialistes, où l’on rappelle qu’une ultime proposition d’alliance avait été faite en mars dernier, sans réponse. Chez LFI, on anticipe déjà une implosion des Verts entre la ligne de l’écologie populaire, plus proche des Insoumis, et celle de la sociale démocratie écologique, tendance PS. « Ça ne changera rien », estime au contraire un maire écologiste qui lorgne sur la présidentielle, « on sait tous qu’il faudra un programme et un candidat communs de la gauche et des écolos pour espérer gagner en 2027. » Et d’ajouter : « voter écolo, ça compte deux fois : pour avoir des élus mais aussi pour obliger les autres à faire de l’écologie. »

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  • RN: la popularité de Jordan Bardella est-elle une menace pour Marine Le Pen?
    2024/05/12

    A moins d’un mois des Européennes, la liste de Jordan Bardella caracole toujours en tête des intentions de vote, autour de 30 %, loin devant les autres listes. La popularité du jeune patron du Rassemblement national aussi est au plus haut. Jordan Bardella est notamment à la deuxième place dans le classement des personnalités politiques du baromètre Elabe pour « Les Echos », paru il y a 10 jours. Alors, Marine Le Pen devrait-elle s’inquiéter de la popularité de son poulain?

    Elle le répète à longueur d’interview. La patronne des députés du RN a un objectif : entrer à l'Elysée. Triple candidate à la présidentielle, elle se voit déjà rempiler et se considère comme la candidate naturelle de son camp pour 2027. Mais que se passera-t-il si Jordan Bardella est mieux placé qu'elle dans les sondages, quelques mois avant le scrutin?

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    Pour l'instant, ce n'est pas le cas. « Mais on se prépare à une inversion des courbes », avoue un proche de Marine Le Pen. Autrement dit que l'élève finisse par dépasser les intentions de votes de son maître pour la présidentielle. Mais le scénario ne changerait pas pour autant : Marine Le Pen à l'Elysée, Jordan Bardella à Matignon. « Jordan peut très bien être mieux placé que Marine dans les sondages mais tant qu'il n'est pas candidat, ça ne change rien », évacue un député mariniste.

    Et sur ce point, tout le monde est d'accord au RN : le jeune Bardella ne grillera pas la priorité de celle qui l'a placé au sommet. À plus forte raison dans un parti qui a connu plusieurs trahisons notoires dans le passé. Et puis, personne ne suivrait le patron du parti, à en croire un membre de l'exécutif du RN. « Jordan Bardella n'a pas d'entourage, pas de cadres prêts à le suivre dans une aventure aussi risquée, selon un habitué des réunions stratégiques. Et puis ce n'est pas son moment. L'intérêt de Jordan, c'est le temps long ! »

    « Il faut qu'elle continue à exister dans les médias et sur le terrain »

    Néanmoins, l’entourage de la leader (pour le moment) incontestée du parti se méfie. « Il faut continuer à exister dans les médias, sur le terrain aussi », lui auraient récemment conseillé au moins deux de ses proches, selon nos informations. Faut-il y voir un lien ? Marine Le Pen, très discrète ces derniers mois, était partout la semaine dernière. Sur BFMTV lundi matin, dans sa circonscription le 8 mai, dans l'Aube le lendemain. Elle a même fait une apparition surprise à un meeting de Jordan Bardella, en Moselle, mardi soir. Mais son bras droit à l’Assemblée, le secrétaire général du groupe RN, Renaud Labaye, tempère : « Cette implication accrue de Marine dans la campagne est stratégique, elle est là pour appeler à la mobilisation. Cette accélération était prévue de longue date. »

    À l’heure actuelle, la candidature de Marine Le Pen en 2027 n’est donc pas remise en cause dans le parti à la flamme. Sauf si elle se retrouvait empêchée. L’ex-députée européenne sera jugée à l'automne dans l'affaire des emplois présumés fictifs à Strasbourg. Et elle risque notamment une peine d'inéligibilité : être interdite de se présenter à une élection. Auquel cas, tout deviendra possible pour Jordan Bardella.

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  • Jeux olympiques: Emmanuel Macron joue gros
    2024/05/05

    Les Jeux olympiques, c’est le temps fort de l’année 2024 pour la France et pour Emmanuel Macron. Le président va se rendre à Marseille, le 8 mai, pour accueillir la flamme. C'est le début du marathon olympique d'Emmanuel Macron.

    Un marathon au cours duquel aura lieu une baignade car c'est la promesse emblématique d'Emmanuel Macron, il doit se baigner dans la Seine. La Seine où doivent se dérouler la cérémonie d'ouverture mais aussi des épreuves olympiques, la Seine jusqu'ici bien polluée et qui doit devenir « baignable » d'ici à l'été. Le président de la République veut s'en porter garant et a donc annoncé qu'il y ferait un petit plongeon avant l'ouverture des Jeux. Quand exactement ? À l'Élysée, on ne communique pas encore sur cette date stratégique.

    Pour les Jeux olympiques, Emmanuel Macron donne donc de sa personne car il veut en faire un moment exceptionnel. L'ambition c'est que Paris accueille en 2024 « les plus beaux Jeux jamais organisés ». Une ambition élevée mais « atteignable », juge-t-on dans les coulisses du pouvoir.

    Faire passer des messages positifs

    Emmanuel Macron mise beaucoup sur les JO. C’est pour cela que le président suit toutes les étapes préparatoires de très près. Il est en relation constante avec le comité d'organisation, il donne son avis, rend des arbitrages. C'est le gardien des ambitions. Les Jeux olympiques, Emmanuel Macron ne veut pas les rater car c'est l'occasion pour lui de faire passer des messages positifs dans une période qui ne l'est pas, de rendre fiers les Français, de leur donner à voir une France qui peut gagner, une France dynamique, sportive.

    C'est aussi le moment idéal pour promouvoir l'image de la France dans le monde car tous les regards vont être tournés vers Paris. Emmanuel Macron va d'ailleurs en profiter en organisant un sommet international avec plus d'une centaine d'États représentés, le 25 juillet juste avant l'ouverture des Jeux. Il saisira aussi l'opportunité du passage de personnalités politiques ou économiques dans la capitale à cette période pour organiser des rencontres.

    Quel est l'enjeu politique de ces Jeux pour le président ?

    C'est une étape cruciale. Et même si dans l'entourage du chef de l'État, on ne veut pas en faire le point de « bascule » du quinquennat, c'est un événement qui va avoir un impact sur la fin du mandat et l'héritage d'Emmanuel Macron, son implication le prouve, de ce point de vue c'est un moment politique. Si les Jeux sont une réussite, le président aura gagné une bouffée d'air. S'ils sont une source de déception ou pire, si ça se passe mal pour une raison ou une autre, après des élections européennes qui peuvent tourner à la sanction, Emmanuel Macron en sortira démonétisé et aura du mal à conserver une autorité politique. Ce sont donc des Jeux à gros enjeu.

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  • Européennes: Gaza, un thème persistant de campagne qui agite la gauche
    2024/04/28
    Alors que les questions d’agriculture, du pouvoir d’achat ou de la guerre en Ukraine s’annonçaient comme les thèmes majeurs de la campagne des Européennes, c’est un autre sujet, Gaza, qui depuis plusieurs semaines occupe les discussions. La France insoumise, pourtant distancée dans les intentions de vote, a réussi à imposer cette thématique, aidée par des polémiques à répétition, y compris dans son propre camp. Conférences de Jean-Luc Mélenchon dans des universités annulées, manifestations hostiles en marge des réunions publiques Insoumises, plaintes à répétition et dernièrement convocations pour apologie du terrorisme : c’est une tempête nommée Gaza à laquelle fait face La France insoumise dans cette campagne des Européennes. Mais c’est volontairement que LFI s’y est jetée. Au creux de la vague pour son positionnement jugé a minima insensible lors des attaques du Hamas le 7 octobre dernier, posture qui a définitivement enterré l’alliance des gauches, Les insoumis ont décidé d’en faire au contraire une force. Avec un premier pari stratégique lors du dévoilement de leur liste le 6 mars dernier : la présence en 7ème position de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, voix influente sur le conflit au Proche-Orient.Rima Hassan, nouvelle égérie insoumise« Un coup », comme l’on dit, qui a instantanément changé la campagne : les insoumis ont rapidement constaté la popularité de Rima Hassan, notamment dans les électorats que les stratèges de LFI cherchent à mobiliser pour le scrutin : habitants des quartiers populaires, jeunes, et plus largement électeurs sensibles à la cause palestinienne. Le patron du mouvement Manuel Bompard avait d’ailleurs fait ses calculs : « nous sommes la liste qui pâtit le plus de l’abstention, tout point de participation supplémentaire joue en notre faveur. » Rima Hassan devient alors la nouvelle égérie insoumise, mise en avant par Jean-Luc Mélenchon lui-même et faisant de l’ombre à la tête de liste, Manon Aubry.Un virage stratégique qui fait grincer des dents en interne comme en externe, car le pari est considéré comme risqué. Rien ne dit en effet que l’électorat visé sera au rendez-vous. La direction insoumise le sait et l’assume. « C'est peut-être un moment de bascule », estime ainsi le député LFI Paul Vannier, « nous visons toujours la deuxième place aux Européennes et l'on trouve qu'il y a davantage d'enthousiasme militant ces dernières semaines. »LFI tente de piéger ses ex-alliésMais LFI savoure aussi le piège tendu aux ex-alliés de la Nupes. Face à la pression exercée contre les insoumis, socialistes, écologistes et communistes ont été contraints d’afficher leur solidarité. Tout en pestant en privé contre« une fuite en avant doublée d’une victimisation », qui permet, selon un député PS, « de détourner l’attention des difficultés de la campagne des insoumis ». La liste de Manon Aubry est en effet nettement distancée par celle de Raphaël Glucksmann dans les intentions de vote. Mais LFI voit déjà plus loin et espère consolider son socle électoral en vue de 2027.« Ces Européennes », a d’ailleurs martelé Jean-Luc Mélenchon,« c’est le premier tour de la présidentielle. » Une contre-offensive venue du camp présidentiel ?Le mécontentement s'est fait entendre de manière plus forte en fin de semaine avec cette déclaration de la tête de liste communiste aux Européennes, Léon Deffontaines : « La France insoumise est en train de souiller et piétiner le combat palestinien à des fins électorales. Je ne leur pardonnerai jamais. » Une accusation qui a fait bondir dans les rangs insoumis, dont Paul Vannier : « ceux qui parlent d'électoralisme sont des racistes, car pour eux pro-palestiniens = quartiers populaires = musulmans = antisémites, or nous, nous savons faire la part des choses et nous parlons à tout le camp humaniste. » Reste que la situation au Proche-Orient pourrait prendre encore de l'ampleur dans le débat électoral des prochaines semaines : le camp présidentiel envisage en effet de placer en position éligible sur la liste des figures de la défense d'Israël, dont Shannon Seban, la présidente du parti Renaissance en Seine-Saint-Denis, terre électorale de La France insoumise.À lire aussiSciences Po Paris au cœur des tensions sur la question israélo-palestinienne
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  • Les 100 jours de Gabriel Attal, un Premier ministre populaire malgré un bilan en demi-teinte
    2024/04/21

    Le Premier ministre vient de fêter ses 100 jours rue de Varenne. Il imprime sa marque et reste populaire dans les sondages, malgré un bilan à la peine. Le locataire de Matignon est souvent comparé à Emmanuel Macron, pour sa jeunesse et son ascension rapide en politique. En 100 jours, a-t-il pris de l'épaisseur ?

    Dans les sondages, il reste à un niveau de popularité aux alentours de 40 %. Et, selon plusieurs politologues, c'est un chiffre très correct pour un Premier ministre en milieu de mandat présidentiel. Car tous les spécialistes le disent, le Premier ministre est excellent en matière de communication. Mais pour l'instant, les Français ne sentent pas encore très précisément cette politique Attal. Sur les dossiers éducatifs, il est approuvé par une majorité de Français, mais sur les autres dossiers ce n'est pas le cas. Le bilan concret de son action à Matignon reste mal jugé par 69 % des Français, tout particulièrement sur le pouvoir d'achat (78 %), les comptes publics (73 %) et l'immigration (75 %).

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    Un Premier ministre qui peine à dynamiser la majorité

    S'il était encensé les tout premiers jours après sa prise de poste, ce n'est plus le cas. Une ministre me confiait qu'« il n’est pas au niveau d’Édouard Philippe, de Bruno Le Maire ou de Gérald Darmanin. On ne le perçoit pas de la même manière. » Il devait permettre de barrer le passage à Jordan Bardella pour les Européennes mais le candidat du Rassemblement national n’a jamais été aussi haut dans les sondages, loin, très loin, devant Valérie Hayer, la candidate Renaissance. D'ailleurs les proches de la candidate se plaignent de l'absence du Premier ministre dans cette campagne.

    Mais les 100 prochains jours risquent d'être encore plus difficiles

    Le plus grand défi pour le Premier ministre qui va y risquer son poste ce sera le budget 2025. Avec des comptes publics dans le rouge et des économies de 20 milliards d'euros à trouver, l’automne budgétaire s’annonce compliqué. Et les difficultés pourraient arriver avant l’été si les oppositions décidaient de sanctionner l’absence de projet de loi de finance rectificative. Cela pourrait passer par le dépôt d’une motion de censure, arme que LFI et Les Républicains menacent une nouvelle fois d’actionner. Et même s’il sauve son poste, Gabriel Attal restera confronté aux divisions de sa majorité, que les questions budgétaires ont remis en lumière. La réforme de l’assurance-chômage brusque la gauche de son camp quand la taxation des superprofits est rejetée par son aile droite.

    Cent jours, c'est un indicateur symbolique car le véritable test sera les élections européennes. Et si les résultats sont mauvais, le chef de la majorité devra en partie assumer la défaite de son camp plus ou moins retentissante selon l'écart avec l'extrême-droite.

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  • Européennes: Macron, un atout pour la majorité ou pas?
    2024/04/14

    Les candidats pour les élections européennes sont en campagne, les principales têtes de liste ont d'ailleurs participé à un débat RFI-France 24 à Bruxelles le 10 avril. Pour le moment, les sondages donnent toujours une large avance au Rassemblement national face à la majorité présidentielle, environ dix points d'écart. Emmanuel Macron compte s'engager dans la campagne, peut-il sauver la majorité ?

    C'est toute la question. L'Europe, c'est l'ADN politique d'Emmanuel Macron, sa conviction profonde. Dès sa première élection, il en avait fait un étendard, une promesse, un programme, décliné dans un discours prononcé à la Sorbonne en septembre 2017. Un discours qui commençait par ces mots : « Je suis venu vous parler d'Europe ». Alors avant l'élection du 9 juin, le président entend revenir parler d'Europe aux Français et aux Européens. Ce nouveau discours, que certains appellent Sorbonne 2, il en est question depuis longtemps, le chef de l'État attend le bon moment pour le prononcer et pour un sénateur centriste, il va marquer une étape dans une campagne où jusqu'à présent les joutes entre les candidats portent surtout sur des questions nationales : « À un moment, il faut parler d'Europe », déclare-t-il. Et qui mieux placé qu'Emmanuel Macron lui-même pour le faire puisque selon un ministre : « Le seul qui porte un discours sur l'Europe, c'est lui ».

    « Il faut mobiliser notre socle »

    Mais est-ce que l'implication d'Emmanuel Macron dans la campagne, c'est forcément un coup gagnant ? Il y a deux visions des choses. D'abord la vision optimiste, l'entrée en lice du président, c'est un coup de pouce pour la tête de liste Valérie Hayer en mal de notoriété. À entendre une ministre, « si on mobilise l'électorat d'Emmanuel Macron en 2022, on gagne, ça pèse plutôt pour que le président s'engage, c'est très identitaire et attendu par notre électorat ». Dans une élection comme les européennes, où l'abstention est forte, la cible identifiée c'est en effet le noyau dur, « il faut mobiliser notre socle, parler à nos propres électeurs », explique encore un autre membre du gouvernement. Mais il ajoute aussi qu'il y a « un risque » : qu'Emmanuel Macron « mobilise les autres contre nous ».

    Macron : « celui qui inspire et un répulsif »

    Le président pourrait-il avoir un effet repoussoir ? Certains le craignent. « On est dans un macronisme moins triomphant qu'en 2019 », date des dernières élections européennes, estime un proche d'Édouard Philippe qui poursuit en s'interrogeant : « Si Macron agace beaucoup les gens, ils vont peut-être lui envoyer un message ». Une députée Renaissance est encore plus sévère, pour elle, le président « sous-estime le rejet dont il fait l'objet ». Et l'opposition, RN en tête, veut faire de ces européennes un test national contre le chef de l'État. Un parlementaire de la majorité résume la situation : Emmanuel Macron est à la fois « celui qui inspire et un répulsif ». Ça sera donc à quitte ou double.

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  • Déficit: la majorité se divise, le gouvernement menacé
    2024/04/07

    Bien supérieur aux prévisions gouvernementales (4,9%), le déficit de la France - 5,5% du PIB en 2023 - peut avoir des conséquences potentiellement explosives.

    Le gouvernement français ne peut faire autrement que de le dire, il cherche dix milliards d'euros d’économie pour cette année, vingt milliards pour l’an prochain. Avec ce dérapage budgétaire, les conséquences financières peuvent s’avérer terribles. Le 26 avril prochain, deux agences de notations, Fitch et Moody’s vont se pencher sur la note de l'exorbitante dette française, de plus de 3 000 milliards d'euros. C’est dire si la pression est forte et à cela s’ajoute un contexte politique délicat.

    Convaincre sa propre majorité

    Ça commence déjà en interne. Le 2 avril, le Premier ministre a dû, comme la semaine précédente, arriver de bonne heure à l’Assemblée nationale. Gabriel Attal a été contraint de s’inviter à la traditionnelle réunion de groupes des députés Renaissance, contraint de rassurer ses troupes, divisées sur la méthode à adopter pour trouver de l’argent.

    Les élus les plus à gauche s'interrogent sur la ligne Attal. Quand ce dernier refuse des hausses d’impôts, plusieurs députés macronistes appellent à instaurer une taxe sur les superprofits. Dans leurs rangs, on retrouve notamment Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.

    Autre divergence notable : la réforme de l’assurance chômage, annoncée par Gabriel Attal sur TF1, fin mars. Si le Premier ministre se défend d’une mesure de finance et plaide pour un hasard du calendrier, certains dans l’aile gauche craignent que cela ne soit pas perçu autrement « que comme des économies sur le dos des chômeurs ».

    Pour rassurer, le chef du gouvernement s'est dit prêt à adoucir sa réforme - potentiellement réduire la durée d’indemnisation à 14 ou 15 mois contre les 12 initialement envisagés. Il a également annoncé la création d’une « task force », un groupe de députés chargés de réfléchir à ce qu'il appelle la « taxation des rentes ». Il faut comprendre : les revenus indus à la faveur de la crise ukrainienne notamment des énergéticiens.

    Méfiants, plusieurs députés ont boycotté la réunion de ce mardi. L’un deux, contacté par RFI, s’agace notamment de « l’excès de communication » de Gabriel Attal. Il se demande aussi si c'est bien lui qui décide de la politique économique, s'étonnant de la confiance accordée au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui porte, selon lui, « une grande part de responsabilité » dans l'état des finances publiques.

    Le patron de Bercy, qui vise une candidature en 2027 et bien que recadré plusieurs fois fin mars par le président, se permet effectivement quelques libertés. La dernière en date, une tribune publiée le 2 avril dans les Échos dans laquelle il refuse catégoriquement toute hausse d'impôts et nuance les effets d'une taxe sur les rentes. Ambiance.

    La droite prête à renverser le gouvernement

    L’autre menace, prise très au sérieux par l’exécutif, c’est la motion de censure envisagée par Les Républicains (LR), parti historiquement attaché à la rigueur budgétaire. Le président des LR évoque ouvertement cette possibilité, reste à connaitre le calcul des troupes d’Eric Ciotti.

    Est-ce pour forcer l'exécutif à inclure dans un projet de loi de finance rectificatif, les mesures d'économies défendues chaque année par les Républicains lors de l'examen du Budget ? LR envisage-t-il sincèrement de renvoyer le gouvernement pour imposer un premier ministre de sa famille ? Sans écarter le risque d'une dissolution.

    Et puis quel tempo, quand déposer cette motion ? Maintenant ? Au risque d'être taxer d'opportuniste à l'approche des européennes. Après les élections ? Avant ou après les Jeux olympiques ? L'incertitude est savamment entretenue et on s’inquiète en haut lieux.

    Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a tenté de réunir plusieurs cadres LR la semaine dernière pour commencer à négocier. Ils l'ont poliment éconduit. Les prochaines semaines s'annoncent pleines de turbulences.

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  • Européennes: qui est Malika Sorel, la numéro deux sur la liste RN, qui se rêvait ministre de Macron?
    2024/03/30

    Malika Sorel est la toute nouvelle prise de guerre du Rassemblement national pour les élections européennes, numéro deux sur la liste de Jordan Bardella. Sa candidature à peine annoncée, elle a déjà fait couler beaucoup d'encre. Qui est cette femme de droite, qui n'a visiblement pas peur des contradictions ?

    Sa fiche Wikipédia la présente comme une essayiste. Malika Sorel a en effet écrit plusieurs essais sur l'immigration et ce qu'elle appelle la « décomposition de la France » mais on la connait surtout pour avoir vécu dans l'ombre de plusieurs personnalités politiques de droite, ces vingt dernières années. Ses premiers pas dans le grand bain de la politique, elle les fait aux côtés de Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, pendant les émeutes de 2005. Quatre ans plus tard, en 2009, cette femme d'origine algérienne est nommée par Nicolas Sarkozy au Haut conseil à l'intégration. Une instance qui n'existe plus aujourd'hui.

    On la reverra ensuite en 2017, en pleine affaire Fillon. Elle fait partie de ceux qui soutiennent jusqu'au bout l'ancien Premier ministre, candidat à la présidentielle. On aperçoit d'ailleurs son visage sur la photo du célèbre discours du Trocadéro, au moment où François Fillon est en pleine tourmente.

    Plusieurs SMS adressés au président pour lui proposer ses services

    Depuis, Malika Sorel a entretenu des liens avec Emmanuel Macron. On ne sait pas depuis quand, mais elle lui écrivait personnellement, il y a encore quelques mois, selon le Canard Enchaîné. Jordan Bardella n'était donc pas un choix si « évident » qu'elle le prétend dans les médias. Dans son édition du mercredi 27 mars, l'hebdomadaire satirique publie même des SMS que Malika Sorel aurait envoyés sur le portable du président de la République en janvier dernier.

    Messages dans lesquels l'essayiste fait clairement acte de candidature pour un ministère, celui de l'Éducation. Et elle insiste. Plusieurs messages sont envoyés au chef de l'État, selon le Canard Enchaîné, qui affirme que le président ne lui a jamais répondu.

    La nouvelle recrue du RN confirme

    Mardi soir, Malika Sorel confirme à demi-mot ces informations, en marge des états généraux de l'immigration organisés par le RN. Quelques minutes après avoir tapé sur Emmanuel Macron, la candidate assume devant les journalistes : « J'ai eu des échanges avec le président pour lui dire que je voulais servir la France ». Jamais cependant elle ne prononce le mot de « candidature ». Mais elle laisse entendre que c'est dans le domaine de l'Éducation qu'elle aurait proposé ses services, avant d'ajouter qu'Emmanuel Macron, qui ne mène pas, selon elle, la bonne politique, aurait récupéré une partie de ses éléments de langage pour ses vœux aux Français, le 31 décembre dernier.

    Des propos impossibles à vérifier. Malika Sorel conclut en proposant au président de débattre publiquement et en citant le dernier SMS qu'elle lui aurait envoyé : « Je lui ai dit que De Gaulle avait à ses côtés Couve de Murville et André Malraux et que lui n'avait que Stéphane Séjourné (qu'elle appelle Sébastien au passage) et Rachida Dati ». Les intéressés apprécieront.

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