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サマリー
あらすじ・解説
96% des voix en sa faveur : c’est le score presque unanime récolté par Robert Habeck pour devenir le candidat des écologistes allemands aux élections fédérales qui auront lieu en février prochain. Mais le ministre sortant de l'Économie et du Climat aura un sacré défi à relever : relancer un parti écologiste en plein doute à trois mois de ces élections anticipées. C’est plein d’ambition que Robert Habeck se lance dans cette campagne électorale… même si, pour l’heure, les Verts sont plutôt à la traîne dans les sondages. Les « Grünen » sont crédités de 10 à 12 % des voix, en repli très net par rapport aux dernières élections.Robert Habeck en est conscient, mais il dispose de plusieurs atouts pour tenter de remonter la pente : il a du charisme, il est très à l’aise sur les tribunes électorales comme sur les plateaux télévisés, et il a des convictions environnementales fortes sans être dogmatique. « C'est quelqu'un qui sait écouter et qui sait aussi reconnaître des erreurs ont été faites », décrypte Éric-André Martin, spécialiste de la vie politique allemande et ancien secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa). « Je prendrai comme exemple la loi sur le chauffage domestique de 2023, qui avait suscité beaucoup d'oppositions et de réticences dans la population. Il a su reconnaître que ce n'était pas le moment et il a su reculer. Il a des convictions très fortes sur la transition énergétique et sur l’opposition au nucléaire, mais c'est quelqu'un qui sait quand même ménager les sensibilités. »Un « super-ministère » de l’Économie et du ClimatAvant de se lancer en politique, Robert Habeck a été professeur de philosophie et écrivain à succès. C’est à l'âge de 33 ans, au début des années 2000, qu’il décide de s’engager auprès des Verts pour une raison très simple : il n’y a pas de piste cyclable dans son quartier ! Dix ans plus tard, il devient ministre de la Transition énergétique dans la région septentrionale du Schleswig-Holstein. Il échoue à deux reprises pour devenir le candidat des Verts à la chancellerie, mais il devient ministre de l’Économie et du Climat et numéro deux du gouvernement lors de la victoire de la coalition « tricolore » en 2021.Ses objectifs sont alors très ambitieux pour la transition énergétique de l’Allemagne, mais tout sera chamboulé en 2022 lorsque la Russie envahit l’Ukraine. « La conséquence de la guerre en Ukraine, ça a été de priver l'Allemagne du gaz russe, un gaz bon marché, ce qui a fortement perturbé le calcul politique et économique qui avait été fait au départ », rappelle Éric-André Martin. « Robert Habeck a su réagir en faisant preuve de pragmatisme puisqu'il a très vite entamé une tournée auprès des pays qui pourraient suppléer au gaz russe. Il est notamment allé dans les pays du Golfe pour essayer de conclure des contrats d'approvisionnement en gaz et, dans ce dossier, il a fait preuve d'un très grand réalisme. »À lire aussiL'Allemagne «court à la pénurie de gaz», alerte le ministre de l'ÉconomieCoalition avec la CDU ? Ce réalisme lui a été vivement reproché par la gauche du parti écologiste allemand, mais il lui permet aussi aujourd’hui de courtiser les électeurs centristes – et même d’envisager, ce qui paraitrait impensable en France, une coalition de gouvernement non pas avec les socialistes, mais avec la CDU, le parti conservateur qui devrait arriver en tête du prochain scrutin…Une ambition réaliste et même souhaitable aux yeux de Daniel Cohn-Bendit, l’ancien eurodéputé écologiste qui a assisté le week-end dernier au Congrès des Verts allemands à Wiesbaden. « Cette coalition serait un compromis historique pour faire passer la transition écologique et pour faire passer une position migratoire qui tienne compte des angoisses de la population, mais qui respecte le droit international. Je crois que c'est un défi intéressant et que Robert Habeck, par sa personnalité et son intelligence, est le personnage pour arriver à ce genre de coalition. »À lire aussiCongrès des Verts en Allemagne: des divisions sur la question migratoireBien entendu, Robert Habeck suscite l’hostilité d’une bonne partie de la droite allemande en raison de ses convictions écologiques – et pour la base militante de la CDU, il est en grande partie responsable des difficultés actuelles de l’économie allemande. Mais, sur d’autres sujets, il peut trouver des points de convergence, notamment sur l’aide militaire à l’Ukraine, dont il est un farouche partisan. « Il a été le premier à dire qu’il fallait livrer des armes à Kiev, lors de la dernière campagne électorale en 2021 », pointe Daniel Cohn-Bendit. « À l'époque, tout le monde lui est tombé dessus au sein de son propre parti et de l’ensemble de la classe politique allemande –...