エピソード

  • Du Brésil à l'Afrique, histoire méconnue des Agoudas
    2025/03/28

    La mémoire du continent prend ses quartiers au Bénin, à Ouidah précisément, non loin de la très célèbre Porte du non-retour. Entre 1670 et 1860, Ouidah a été le principal port de déportation des esclaves dans le golfe du Bénin, phénomène massif qui a participé à la prospérité entre autres du royaume du Dahomey.

    Cet esclavage aura un héritage pour le moins inattendu, en engendrant la communauté des Agoudas, ces afro-brésiliens revenus s’installer au Bénin, communauté composée d’anciens esclaves affranchis expulsés suite à des révoltes au Brésil mais aussi de descendants de négriers. Qu’est-ce que ce retour a impliqué en terme de cohabitation, de hiérarchie sociale ?

    Avec la participation de Sylvestre Edjekpoto, historien et directeur de l’institut Afrique décide et Rachida Ayari de Souza, anthropologue, ancienne directrice du département du patrimoine culturel.

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    Programmation musicale :

    • Lagrimas Negras de Cesaria Evora & Compay Segundo

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    39 分
  • Environnement : le paradis africain, un mythe encouragé par le colonialisme ?
    2025/03/21

    Connaissez-vous le colonialisme vert ? Il vante un Eden africain, paradis perdu, paysages intemporels et inviolés aux splendeurs de carte postale dont il faudrait prendre soin quitte à le faire contre les Africains eux-mêmes, inconscients des offrandes de la nature.

    Projets spéciaux de parcs en Afrique, déguerpissement des populations pour donner vie à ces projets, triste peinture des autochtones comme dangers contre leur propre terre, culte d’un exotisme sur la base de la science, de protection de l’environnement, ce sont là les expressions du colonialisme vert que décrit notre invité, l’historien Guillaume Blanc.

    Avec la participation de Guillaume Blanc, historien, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Rennes,auteur de L’invention du colonialisme vert (éd.Flammarion)

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    Elgas : L'idée que l'Afrique est le dernier refuge de la nature sauvage n'a rien d'un fait évident, gratuit, naturel. C'est une construction, écrivez-vous. Comment justement cette représentation a-t-elle été construite ? Avec quel renfort de science et avec quels acteurs ?

    Guillaume Blanc : C'est là que c'est difficile à entendre généralement. Les scientifiques ont moins travaillé sur la base de faits scientifiques que de croyances. Je donne un exemple qui est peut-être le plus connu, celui du mythe de la forêt primaire d'Afrique. Il faut s'interroger sur le mot... D'où viennent les forêts primaires ? On a d'abord des botanistes, des forestiers, Français puis Britanniques, qui arrivent dès la fin du 19ème siècle. Et ils vont croire que les villages entourés d'une ceinture forestière, d'une maigre ceinture, sont produits d'une vaste forêt dense, vierge, et que plus il y aurait de population et plus la forêt aurait disparu. Mais en fait ils lisent l'écologie à l'envers. En réalité dans les écologies semi-arides, on avait d'abord de la savane, et plus il y a eu de gens, plus ils ont fertilisé les sols jusqu'à se doter d'une couverture forestière, jamais abondante mais jamais épuisée. Le mythe de la forêt primaire naît au début du 20ème siècle et il va perdurer jusqu'à aujourd'hui.

    Programmation musicale :

    • Embuwa Bey Lamitu, de Hailu Mergia & Dahlak Band

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    39 分
  • Tchicaya U Tam’si et Sony Labou Tansi, admiration et rivalités entre deux poètes du Congo
    2025/03/14

    L’un est né à Mpili, sur les terres océaniques de Pointe Noire, l’autre a observé le monde depuis sa fenêtre de Makelekele à Brazzaville. Ils sont tous les deux poètes, dramaturges et romanciers. Rebelles et indomptables, Tchicaya U Tam’si et Sony Labou Tansi se sont d’abord aimés comme un père et son fils spirituel. Mais la gloire fulgurante du cadet va jeter l’ombre sur l’aîné et l’admiration mutuelle bascule en rivalité sourde.

    Avec la participation de Boniface Mongo Mboussa, chercheur en littérature auteur de « Tchicaya, vie et œuvre d’un maudit » (éd. Vents d’ailleurs et Riveneuve).

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    Elgas : Sony Labou Tansi admire Tchicaya U Tam'si, il l'aime beaucoup. Comment se manifeste cette admiration ?

    Boniface Mongo Mboussa : Et bien déjà le nom ! Il calque son nom de plume, parce que Sony Labou Tansi, à l'état civil, c'est Marcel Sony. Et puis ils ont les mêmes problématiques. Les problématiques poétiques de Sony sont celles de Tchivaya : le fleuve, le ventre, le Christ... Tchicaya adoube Sony quand vient La vie et demie sur la scène littéraire. Il y a même une lettre qu'il écrit où il dit que Sony vaut tous les écrivains du Congo réunis. C'est terrible pour les autres.

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    39 分
  • La Moudawana, un tournant dans l'émancipation familiale au Maroc
    2025/03/07

    Héritage, mariage, divorce, garde des enfants, droits et devoirs dans la filiation, relations des hommes et des femmes, hiérarchie des responsabilités et tutelle de la femme... Elgas vous raconte l'histoire de la Moudawana, le code de la famille au Maroc. Sujet sensible, objet de passions, de requêtes successives, elle a été au centre des intérêts tant elle régit la vie de la société marocaine dans ses recoins les plus intimes, les plus politiques, les plus philosophiques et religieux.

    Avec la participation de Nouzha Guessous, chercheuse en droits des femmes et bioéthique, membre de la Commission royale consultative chargée de la révision de la Moudawana, auteure de « Une femme au pays des fouqaha, l’appel du houdhoud » (éd. La croisée des chemins).

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    Elgas : Avant 1958 et la naissance officielle et formelle de la Moudawana, qu'est-ce qui régissait la vie en famille, le statut personnel au royaume du Maroc ?

    Nouzha Guessous : Avant 1958 et plus précisément avant 1956, la date de l'indépendance, c'était ce qu'on appelle le Fiqh. C'était le Fiqh qui régissait la vie en communauté tout comme la vie dans la famille au Maroc. C'est quoi le Fiqh ? C'est un ensemble d'avis qui régissent aussi bien le cultuel que le relationnel, et qui régissent aussi le relationnel aussi bien sur le plan interpersonnel, familial et sociétal ; des avis qui sont issus de compréhension et d'interprétations temporelles des messages du Coran d'une part, et aussi de tous les dires et actes du Prophète qui ont été en fait émis par des théologiens qui étaient en même temps des jurisconsultes. Ce sont des avis divers, parfois antagonistes, qui montrent d'abord que la pensée islamique a été l'objet d'un dialogue, de débats qui ont abouti à des divisions après la mort du Prophète. Et donc ce sont les divisions qu'on connait, entre les sunnites et les chiites, mais même au sein des sunnites et au sein des chiites, il y a des écoles de Fiqh qui sont différentes. Donc voilà ce sont des avis liés à des compréhensions temporelles qui sont, bien entendu, influencées par le concept et que l'on a malheureusement à tort qualifié de droit islamique, alors que ce n'est pas un droit, et que l'on met dans le concept valise de charia.

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    39 分
  • La vallée du Nil, aux origines de l’excision
    2025/02/28

    Afrique, mémoires d’un continent revient ce dimanche sur l’histoire d’un sujet aussi délicat que douloureux, l’excision. Quand les femmes ont-elles été excisées pour la première fois et dans quelles régions du monde ? Comment expliquer la longévité de cette pratique ? Est-elle imposée ou recommandée par la religion, ou relève-t-elle de l’ordre de la tradition ?

    Avec la participation de Sophie Bessis, historienne, journaliste et féministe, auteure entre autres de « Les Arabes, les femmes et la liberté » (éd. Albin Michel).

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    Elgas : En l'état des connaissances, quand et où les femmes ont-elles été excisées pour la première fois ?

    Sophie Bessis : En recoupant toutes les données historiques, archéologiques, anthropologiques, on a une idée relativement précise de l'apparition des mutilations génitales féminines. Les historiens et les paléo-historiens estiment que l'excision serait apparue à peu près entre le deuxième et le premier millénaire avant Jésus-Christ. Et en fait, c'est une pratique extrêmement ancienne. Et ce qu'il faut tout de suite pointer sur cette ancienneté, c'est que cette pratique est antérieure à l'apparition des trois grands monothéismes révélés le judaïsme, le christianisme et l'islam.

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    39 分
  • Malcolm X : de Harlem à l’Afrique, un héritage mondial
    2025/02/21

    Malcolm Little à l’état civil, Malcolm X pour l’idole, Al-Hadj Al Shabbaz un temps pour la fraternité musulmane… Afrique, mémoires d’un continent vous raconte l’histoire d’un homme aux multiples visages, d’un orateur et prédicateur hors-pair, son destin et son héritage en terres africaines, ses liens avec toute une génération à l’avant-garde pour le droit des Noirs.

    Avec la participation de Sarah Fila-Bakabadio, historienne en études américaines et afro-américaines et maîtresse de conférences à CY Cergy Paris Université et de Romuald Fonkoua, universitaire et rédacteur en chef de Présence Africaine.

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      Elgas : Le regard entre Malcolm X et Martin Luther King, ces deux hommes ennemis, était-ce instrumentalisé ou y avait-il une vraie animosité entre les deux hommes ?

      Romuald Fonkoua : Comme en politique toujours, il y a de l'animosité. Et je pense que ces deux figures sont deux figures politiques de l'Amérique noire de cette époque-là qui sont en concurrence face au public du monde noir américain, mais qui aussi sont en opposition. Et ils sont en opposition je crois sur la question religieuse, l'un est pasteur l'autre ne l'est pas. Et donc évidemment, le pasteur ne peut pas prêcher autre chose que la non-violence, ne peut pas prêcher autre chose que l'amour, autre chose que la fraternité entre tous les hommes de la terre. Mais enfin cette fraternité, c'est un peu hors-sol si j'ose dire, parce qu'au fond c'est prêcher en dehors des contraintes qui sont des contraintes sociales. Malcolm X a les pieds dans l'esclavage, dans la violence. Il a subi une violence qui, dans son bas âge, est une violence radicale, à laquelle il ne peut répondre que de façon radicale. En découvrant l'Islam, une religion qui d'une certaine façon ne conteste pas la violence en tant que telle.

      À lire aussiMalcolm X, assassiné il y a 60 ans: «une trajectoire météorique»

      Programmation musicale :

      • Sinnerman, de Nina Simone.
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      39 分
    • Tassi Hangbé, reine guerrière du Danxomè (Dahomey)
      2025/02/14

      La mémoire du continent vous emmène au Danxomè (Bénin), au XVIIIᵉ siècle, à la rencontre de la reine Tassi Hangbé. Fille du roi Houégbadja, jumelle du souverain Akaba, elle a occupé le trône à la mort de son frère avant de susciter la cabale qui conduira à sa destitution.

      Avec la participation de

      • Arnaud Zohou, philosophe, documentariste, essayiste, universitaire, auteur de Les histoires de Tasi Hangbé (éd. Présence africaine)
      • Mèdéssè Nathalie Sagbo, autrice de la bande dessinée Tassi Hangbé, l’amazone reine du Danxomè (H diffusion)

      Programmation musicale :

      We We, par Angélique Kidjo

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      39 分
    • Charles N’Tchoréré, un tirailleur face aux nazis
      2025/02/07

      La mémoire du continent vous raconte la vie héroïque d’un tirailleur, le capitaine Charles N’Tchoréré. À son actif, des faits d’armes glorieux et une ascension fulgurante avant de tomber au champ d’honneur en 1940. Sa vie et sa mémoire sont retracées avec habileté dans un livre qui nous fait voyager dans son enfance, déchirée entre la sagesse du grand-père et les mirages de l’aliénation. Eclairage aussi sur les grandes guerres, ses compagnons tirailleurs, et son héritage.

      Avec la participation de Christian Eboulé, journaliste et auteur de « Le testament de Charles » (éd. Les lettres mouchetées).

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      Elgas : Quand on regarde la vie de Charles N'Tchoréré, quand on fait des recherches, quand on vous lit, ce que l'on sent c'est une flamme pour la France. Il s'engage fortement pour cette France. Il y a un amour de la patrie qui appelle des sacrifices... Comment peut-on à ce point aimer une patrie colonisatrice, coupable de crimes ? Comment vit-il le fait d'être à rebours de l'histoire quand beaucoup de jeunes Africains formés en métropole et même déjà sur le continent commencent à combattre l'ordre colonial ?

      Christian Eboulé : Je l'explique, je crois par un amour réel, une fascination même pour la civilisation et la manière dont elle leur avait été donnée dès le plus jeune âge, notamment par les missionnaires catholiques. Je crois qu'on a du mal souvent à admettre qu'il y a cette fascination qui doit avoir, y compris un aspect un peu mystique. C'est un Blanc qui a conquis l'Afrique, qui a vaincu nos aïeux, et que certains parmi nos aïeux ont considéré comme des revenants. Donc tout ça s'entremêle. Charles avait cette fascination. Cette France dont on lui parlait à l'école, il avait envie d'y appartenir. Et puis il y a une deuxième chose : une profonde aspiration à cette modernité occidentale. Voilà ces deux fascinations qui ont permis que Charles s'installe ainsi dans ce qu'on peut considérer aujourd'hui comme l'aliénation.

      Programmation musicale :

      • Bwiti Simba du Gabon MOGHIMBAKA, par Guy Roger
      • Les Africains et Marches de l'Air N°2.

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      39 分