エピソード

  • La COP29 rate son rendez-vous avec les médias
    2024/11/22

    La couverture du dérèglement climatique à l'occasion de la COP29 montre que cette COP a raté son rendez-vous avec les médias.

    Il y avait beaucoup de journalistes à la COP29, on en a compté près de 3 000 à Bakou. C'est beaucoup, même si c'est tout de même 1 000 de moins que l'an dernier. Très vite, cette COP en Azerbaïdjan a été parasitée par l'élection de Donald Trump, le premier des climato-sceptiques, qui a promis de sortir son pays de l'Accord de Paris. Puis, il y a eu le G20 et l'importance des questions internationales en Ukraine et au Moyen-Orient.

    Mais surtout, c'est le choix de l'Azerbaïdjan qui s'est révélé complétement contre-productif. Non seulement c'est un pays producteur de gaz et de pétrole, ces « dons de Dieu », selon son président, Ilham Aliev, mais c'est aussi un régime autoritaire accusé d'atteintes aux droits de l'Homme au Haut-Karabakh, face à la population arménienne, ou à l'intérieur de ses frontières. Le Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe a ainsi appelé à libérer les journalistes et les militants emprisonnés.

    Bakou s'est révélé très vite l'épicentre de tensions diplomatiques beaucoup plus que de convergences de vues. On l'a vu lorsque le président argentin Javier Milei a claqué la porte. Ou lorsque la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annulé sa venue après les propos d'Ilham Aliev, accusant la France de crimes en Nouvelle-Calédonie. La question centrale du dérèglement climatique, après l'année la plus chaude de l'histoire, a souvent été masquée par ces incidents.

    À écouter, notre série de reportages :Les effets visibles du changement climatique

    Une couverture médiatique qui n'est pas à la hauteur des enjeux

    Dans l'ensemble, la couverture médiatique n'a pas été à la hauteur des enjeux, même si certains médias, dotés d'équipes conséquentes sur l'environnement, comme Le Monde, ont apporté un traitement éditorial important. Le journaliste de Reporterre, le média de l'écologie, qui est allé en train à Bakou, a pointé les attentes dans les pays du Sud : un impôt sur les ultra-riches face au coût écologique des jets privés, une hausse du financement de la transition climatique avec 1 200 milliards de dollars attendus contre 100 aujourd'hui, la fin de la répression des militants écologistes qui luttent contre la déforestation ou les gazoducs.

    Globalement, la COP29 a échoué à mobiliser les médias. En France, on mesure sur le site de l'INA data que le climat est une vague verte qui retombe à partir de 2023 dans les journaux télévisés. Des progrès ont été faits, comme le fait de ne pas illustrer une canicule par un sorbet de glace ou d'associer des catastrophes comme les inondations dans la région de Valence à la question climatique. Mais, on l'a bien vu en Espagne, les gens ne sont pas encore informés à la mesure de l'urgence.

    À écouter dans C'est pas du ventCOP29 : comment faire face au chaos ?

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  • De grands journaux abandonnent le réseau social X d'Elon Musk
    2024/11/15

    Le réseau social d'Elon Musk, X, anciennement Twitter, est ostensiblement abandonné par de grands journaux. Après le Guardian, le journal britannique, c'est au tour du quotidien de Barcelone, La Vanguardia, d'annoncer qu'il ne publiera plus de contenus sur X.

    Le Guardian avait été très marqué par le rôle du réseau d'Elon Musk dans les émeutes racistes de cet été en Angleterre. La Vanguardia, elle, retient l'influence néfaste de bots indiens qui ont poussé sur X de la désinformation au moment des inondations de la région de Valence. Le Guardian parle de « plateforme médiatique toxique », La Vanguardia de « réseau de désinformation ».

    Les deux journaux estiment que les inconvénients à publier sur X sont aujourd'hui supérieurs aux avantages, même s'ils n'empêchent pas de partager leurs articles. Le quotidien britannique dénonce un « contenu souvent dérangeant promu ou trouvé sur la plateforme, incluant des théories du complot de l'extrême droite et du racisme ».

    L'appui apporté à Elon Musk dans l'élection de Donald Trump en cause

    Pendant la campagne, les utilisateurs de X avaient deux fois plus de chances d'être exposés à des contenus pro-Trump, qu'à des sources pro-Harris. Elon Musk a milité aux meetings de Trump, il a personnellement investi 130 millions de dollars dans sa campagne, notamment avec sa loterie et ses chèques d'un million de dollars dans les États clés. Il en a été récompensé en étant nommé à la tête d'un ministère de l'efficacité gouvernementale.

    Sur son réseau social, Elon Musk a fait de la libre expression une vertu cardinale, quitte à relayer des infox et des intox, déclenchées par son algorithme. « Le média, c'est vous », a dit Musk à ses utilisateurs. En réalité, le média, c'est plutôt lui, Elon Musk.

    Reporters sans frontières a annoncé jeudi qu'elle poursuivait sa société, car X a diffusé, sans modération, une vidéo attribuée faussement à la BBC et reprenant le logo de RSF pour attester d'un prétendu penchant nazi des Ukrainiens.

    À lire aussi Présidentielle américaine : Elon Musk, poursuivi pour sa loterie électorale, sèche l'audience

    Des conséquences au niveau européen

    Une petite phrase du futur vice-président J.D. Vance, pendant la campagne, n'a pas manqué d'attirer l'attention à Bruxelles. Le recours à « la puissance américaine, a-t-il dit, est assorti de certaines conditions. L'une d'elles est le respect de la liberté d'expression ». Or, X fait en ce moment l'objet d'une enquête de la Commission européenne au nom du règlement sur les services numériques. Imagine-t-on la nouvelle Commission attaquer de front le principal soutien de Trump ? Elle espère surtout du futur président qu'il ne se désengage pas totalement de l'Ukraine et qu'il n'entre pas en guerre commerciale avec l'Union européenne.

    À lire aussiL’Union européenne s’attaque de front aux GAFAM

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  • Canal+ fête ses 40 ans et confirme ses ambitions de conquête à l'international
    2024/11/08

    La chaîne de télévision Canal+ a fêté ses 40 ans le 4 novembre. Et aujourd'hui, le groupe affiche de grandes ambitions internationales.

    Si on parle encore parfois de Canal+ comme d'une chaîne cryptée, c'est en référence à ses débuts, il y a 40 ans, lorsqu'elle a été la première à se lancer sur un modèle par abonnement. Elle était alors perceptible, avec son floutage et ses grésillements, sur le quatrième canal d'une télévision qui ne comptait à l'époque que trois chaînes.

    Son fondateur est André Rousselet qui, en tant que président de Havas, est un proche du président français François Mitterrand. C'est lui qui va faire le succès de Canal+. Il démissionne et est remplacé par Pierre Lescure en 1994, lorsque Canal+ tombe sous la dépendance de la Compagnie générale des eaux de Jean-Marie Messier. Puis, le groupe s'engage dans l'aventure américaine de Vivendi, qui rachète Universal et essuie son premier échec en Italie. Canal+ se redresse et développe ses séries originales sous la présidence de Bertrand Méheut. Ce n'est qu'en 2014-2015 que Vincent Bolloré prend le contrôle du groupe.

    Nouvelle stratégie sous Bolloré

    Et là, beaucoup de choses changent pour Canal+. D'abord parce que Vincent Bolloré apporte avec lui sa chaîne de la TNT qui va devenir C8. Sous sa houlette, la chaîne d'information en continu Itélé se transforme en CNews. Deux chaînes que le régulateur a plusieurs fois mis à l'amende et qui sont accusées de pencher à l'extrême droite.

    Vincent Bolloré fait subir une cure d'austérité à la chaîne Canal+ en supprimant la plupart de ses programmes gratuits comme le Grand Journal ou les Guignols de l'info. C'en est fini du ton libre et décalé de Canal. La chaîne conserve son engagement dans le cinéma mais arrête d'être le diffuseur de la Ligue 1. Le groupe va perdre sa fréquence TNT pour C8. Il se voit désormais d'abord comme un distributeur de programmes à travers MyCanal, qui diffuse les principales plateformes de streaming.

    Entendre son emprise à l'international

    Et c'est aussi un nouvel axe pour Canal+ à l'international, notamment en Afrique. Le groupe était déjà présent en Afrique, mais il se développe en Europe centrale et en Asie. Les deux tiers de ses 26 millions d'abonnés se situent désormais hors de France, où il reste déficitaire. C'est au printemps que le groupe lance une offre publique d'achat sur son rival sud-africain Multichoice, pour s'implanter en Afrique anglophone et lusophone. Il lui reste encore à convaincre les autorités anti-trust à Johannesburg, notamment en montrant qu'il prend des engagements pour le maintien de l'emploi, alors que la loi interdit à une société étrangère d'avoir plus de 20% des droits de vote.

    S'il réussit, le groupe arrivera à 50 millions d'abonnés. Il sera coté à Johannesburg, après avoir été coté à Londres à compter de décembre prochain. Un signe de sa volonté d'attirer les investisseurs et de poursuivre ses acquisitions.

    À lire aussiMédias: pourquoi le groupe français Canal+ veut racheter le sud-africain MultiChoice

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  • Les médias à la veille de leur nuit américaine
    2024/11/01

    Comment les médias se mobilisent pour couvrir l'élection américaine ? Avec un enjeu pour cette élection, montrer qu'ils ne sont pas que des machines à promouvoir les opérations de com.

    On le voit aux spots de pub incessants à l'approche du 5 novembre, notamment dans les États pivot, les fameux « swing states ». Pour une soirée sur la chaîne NBC, vous avez six à huit spots par candidat. Trump s'y présente comme le sauveur de l'Amérique quand Harris met en scène un ouvrier qui vote pour son avenir. Selon le cabinet eMarketer, la communication politique va totaliser 12,32 milliards de dollars de dépenses contre 9,5 en 2020. Une com qui se retrouve aussi sur les écrans à travers la stratégie de Donald Trump consistant à retourner en sa faveur des éléments de discours. Exemple : Kamala Harris dit avoir fait un job d'été chez Mc Donald's. « Elle ment » assure Trump qui apparaît en serveur dans un restaurant McDo. Mercredi, c'est au volant d'un camion poubelle qu'il est apparu pour rebondir sur la gaffe de Joe Biden traitant les supporteurs de Trump d'« ordures ». Une façon de prendre au pied de la lettre le mot du président qui répliquait lui-même à l'insulte d'un humoriste pro-Trump contre des Portoricains. Le candidat a un côté clown, mais il se met ainsi au centre de l'agenda médiatique et oblige la campagne à se définir autour de ses mises en scène. Pour les médias comme les réseaux sociaux, il est alors difficile de ne pas se mettre à la remorque du camion-poubelle.

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    Et en France comme aux États-Unis, les médias se préparent...

    Un studio délocalisé à Washington pour TF1-LCI avec 40 personnes sur place. Une centaine mobilisée pour France Télévisions avec un 20 heures de France 2 en direct de New York. 11 équipes de reporters et une quinzaine de figures de l'antenne pour BFMTV. Et pour France 24 qui sera en édition spéciale commune avec RFI dès 19 heures, cette nuit américaine sera francophone avec des partenaires belges et suisses de la RTBF de la RTS. Elle sera aussi diffusée sur les chaînes parlementaires Public Sénat et LCP. L'enjeu est de tenir l'antenne en évitant les pièges de la désinformation sur des tricheries éventuelles alors que les médias américains auront la responsabilité de dire par qui a été remporté un État clé. Pour cela, ABC, CBS, NBC et CNN s'appuient sur un même institut, Edison Reseach, mais aussi sur leurs « decision desks », des équipes de statisticiens. Enfin, il faut compter avec le rôle des grands quotidiens qui avaient appelé, dans leur très grande majorité, à voter Biden en 2020. Cette fois, ni le Washington Post de Jeff Bezos ni le Los Angeles Times de Patrick Soon-Shiong ne se prononceront, en raison de l'opposition de leur propriétaire. Un peu comme si là aussi se jouait une bataille entre deux Amériques : celle des milliardaires contre celle des citoyens.

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  • Au Mexique, les journalistes face à la violence des cartels
    2024/10/25
    Le 17 octobre, un journal a été la cible de tirs au Mexique, une attaque qui rappelle que le pays est l'un des plus dangereux pour les journalistes. Deux véhicules s'arrêtent devant un journal de Culiacan, dans l'État de Sinaloa, bien connu pour son cartel et la violence de ses gangs, le 17 octobre dernier. Et devant ce journal, El Debate, un homme tire une rafale contre les vitres de la rédaction. Heureusement, il n'y a eu aucune victime. Mais cette attaque montre bien que le Mexique de la nouvelle présidente Claudia Sheinbaum, qui a pris ses fonctions le 1er octobre, n'en a pas fini avec les menaces contre ses journalistes.En 25 ans, 160 professionnels des médias ont été tués au Mexique, selon Frédéric Saliba, l'ancien correspondant du Monde qui vient de publier Cartels aux éditions du Rocher. Cela en fait un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, même si, il faut le rappeler, le niveau de violence est très élevé pour l'ensemble de la population avec plus de 30 000 morts violentes par an, 450 000 en dix-huit ans. Les reporters sont précisément des cibles à cause de ce qu'ils révèlent de cette violence du crime organisé. À lire aussiMexique: Claudia Sheinbaum présente sa politique de sécurité et de lutte contre le narcotraficL'année 2024 ne montre aucune améliorationL'an dernier, Reporters sans frontières (RSF) a recensé quatre journalistes mexicains tués. Et depuis le début de cette année, il y en a eu déjà autant, dont Luis Martin Sanchez Iniguez, du quotidien La Jornada, ou Alejandro Alfredo Martinez Noguez, qui bénéficiait pourtant d'une protection de l'État avec des gardes du corps.À lire aussiMexique: un journaliste du grand quotidien «La Jornada» assassinéReporters sans frontières parle de « spirale incontrôlée contre les professionnels des médias » et relève que le précédent mandat d'Andrés Manuel Lopez Obrador n'a apporté aucune réforme pour lutter contre l'impunité sur ces crimes.Mario Gomez Sanchez, par exemple, a été assassiné en 2018 dans l'État du Chiapas après avoir dénoncé la corruption et le crime organisé. Trois hommes de mains sont en prison, mais les commanditaires, probablement liés au milieu politique, ne sont toujours pas inquiétés. La collusion entre les autorités et le crime organisé est courante au Mexique.À lire aussiLe Chiapas, un État mexicain qui s’enfonce dans la violenceLa présidente Claudia Sheinbaum s'est engagée à mieux lutter contre ces crimesLa nouvelle présidente a promis d'encadrer le système judiciaire pour assurer de véritables enquêtes sur les crimes commis contre les journalistes, en particulier au niveau local, en lien avec les parquets.Dans le passé, il y a aussi eu des cas de manipulation de la justice et même des médias audiovisuels Televisa et TV Azteca. L'affaire Florence Cassez, cette Française arrêtée après une mise en scène de l'ancien chef de la lutte anti-drogue, Genaro Garcia Luna, en est une illustration. Il est aujourd'hui en prison aux États-Unis, accusé de complicité avec le cartel du Sinaloa. Il aurait aussi tenté de faire assassiner la journaliste Anabel Hernandez, plume d'or de l'Association mondiale des journaux, qui a enquêté sur lui.À lire aussiMexique: le cartel de Sinaloa déchiré par une guerre ouverte, quinze morts
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  • Présidentielle aux États-Unis: la campagne électorale s'éloigne des médias traditionnels
    2024/10/18

    Le 5 novembre 2024, les citoyens états-uniens voteront pour leur nouveau président. L’une des particularités de cette campagne électorale, c’est que c’est sans doute celle qui est la plus éloignée des grands médias traditionnels.

    En 2024, la campagne électorale se tient éloignée des médias traditionnels et pour s'en convaincre, il suffit de regarder le nombre de débats politiques à la télévision entre Kamala Harris et Donald Trump : il n’y en a eu qu’un, le 10 septembre, après le débat Biden-Trump désastreux pour l’actuel président. Depuis, on le sait, Donald Trump refuse tout débat télévisé. Son face-à-face avec la vice-présidente n’a pas tourné à son avantage tant les journalistes de la chaîne ABC l’ont renvoyé à ses mensonges et à ses incohérences.

    Kamala Harris a eu recours au réseau social X d’Elon Musk, le farouche soutien de Donald Trump, pour dire qu’elle avait accepté un deuxième débat et une interview sur 60 minutes, de CBS, contrairement à son adversaire, et qu’il fallait donc se demander ce qu’il essayait de cacher. Elle-même s’est rendue sur l’antenne de la très conservatrice Fox News le 16 octobre et elle a joué le jeu d’un vétéran des ondes, Howard Stern, pour dévoiler ses goûts musicaux.

    Les candidats fuient les médias traditionnels... pour échapper à la contradiction ?

    On peut le penser s’agissant de Donald Trump, qui se retrouve à son tour attaqué sur ses capacités cognitives ou son âge. Il n’a sans doute pas envie non plus de répondre au récent livre de Bob Woodward qui affirme qu’il a continué d’avoir une relation avec Vladimir Poutine depuis l’invasion de l’Ukraine. Sans compter les multiples procès dans lesquels il est impliqué. Il préfère donc s’exprimer en public dans ses meetings, sur Fox News ou auprès d’influenceurs comme Andrew Schulz.

    C'est un peu comme si la campagne se jouait ailleurs : chez les podcasteurs, les influenceurs, où on peut dérouler son discours sans être contredit. Pour Kamala Harris, qui n’a pas plus accordé d’entretien à la presse écrite, c’est différent. Elle ne veut sans doute pas se laisser enfermer dans une image de candidate des journaux de la côte Est. Pour elle, ce n’est plus la bataille d’arguments qui compte, mais la mise en avant de sa personnalité sur des plates-formes comme Spotify avec la podcasteuse Alexandra Cooper.

    La question du fact-cheking est posée

    Lors du débat des colistiers, le républicain J.D. Vance a pu affirmer : « les règles étaient que vous ne deviez pas faire de fact-checking » à propos des migrants haïtiens illégaux. Vérité médiatique contre-vérité alternative, le camp Trump rejoue le même match.

    Au fond, il y a un seul domaine où les médias ne sont pas contestés. C’est celui d’un matraquage publicitaire record. Le camp démocrate aurait collecté près d’un milliard de dollars, et il aurait déjà dépensé deux fois et demie plus que son rival dans des spots télé de trente et même de soixante secondes.

    À lire aussiÉtats-Unis: en pleine campagne présidentielle, Elon Musk multiplie les fake news

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  • Un an de couverture médiatique au Proche-Orient
    2024/10/11

    Il est de plus en plus difficile de couvrir les guerres d'Israël contre le Hamas à Gaza puis contre le Hezbollah au Liban, alors même que se tient en Normandie le prix Bayeux des correspondants de guerre.

    À Bayeux, la soirée de ce vendredi était justement consacrée au grand reportage au Proche-Orient. La veille, a été dévoilée une stèle portant les noms de 56 journalistes tués dans l'exercice de leur profession durant l'année écoulée. 56 reporters dont une trentaine de Palestiniens pour lesquels un olivier a été planté. En réalité, selon Reporters sans frontières, ce ne sont pas 30, mais 130 journalistes qui ont été tués depuis le 7 octobre à Gaza et, précise RSF, au moins 32 de ces reporters ont été ciblés et tués en plein travail.

    La bande de Gaza difficile d'accès

    Les bureaux de journalistes locaux de l'AFP ont été la cible de chars israéliens à Gaza ville, en novembre 2023. On sait aussi qu'un reporter de Reuters a été tué au Liban Sud le 13 octobre, après deux tirs de chars blessant également d'autres journalistes. Quatre plaintes ont été déposées par RSF contre Israël devant la Cour pénale internationale.

    Et ce qui caractérise le conflit à Gaza, c'est le blackout médiatique imposé par Israël. Selon la presse allemande, c'est sans précédent dans l'histoire récente. L'armée israélienne empêche les journalistes occidentaux de se rendre à Gaza et les rares qui sont autorisés à le faire sont extrêmement encadrés. Le motif officiel est d'éviter qu'ils soient tués, mais c'est surtout une véritable stratégie. Car cette interdiction empêche toute intermédiation occidentale avec les traumatismes, les souffrances inouïes que vit la population gazaouie.

    Alors, bien sûr, les rédactions cherchent à contourner ce blocus en sollicitant les sources dont elles disposent sur place ou en vérifiant ce qui arrive sur les réseaux sociaux. Et c'est pourquoi les vidéastes et journalistes à Gaza sont visés, qu'ils soient en train de prendre des images ou, comme tout le monde, de rechercher un toit ou de la nourriture.

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    Des journalistes présents au Liban

    Mais pour la guerre que mène Israël au Liban, il est Impossible d'empêcher les envoyés spéciaux de constater les bombardements à Beyrouth. Les journalistes peuvent mesurer directement l'ampleur des destructions ou le dénuement du million de déplacés. C'est important, car on a vu à travers un sondage récent (Destin Commun) que les deux tiers des Français déplorent l'invisibilisation des morts palestiniens.

    Or, invisibiliser, cela permet à l’armée israélienne et à ses porte-paroles de continuer de dérouler sa propagande à travers des discours parlant de « raids terrestres localisés » alors même qu'elle se prépare à envoyer 15 000 hommes au sud du Liban. Une vérité de terrain qui incitera peut-être certains médias audiovisuels à écouter davantage ses reporters que ses éditorialistes.

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  • La Tunisie dans l’automne de ses libertés
    2024/10/04

    Les atteintes à la liberté d’expression se multiplient en Tunisie à l’occasion des élections présidentielles de ce dimanche, dont le président sortant Kaïs Saïed est le grand favori.

    Pour qui se souvient des espoirs que la révolution de Jasmin avait engendré, en 2011, avec ses agoras citoyennes sur l’avenue Bourguiba de Tunis et son printemps des blogs, la Tunisie de Kaïs Saïed ressemble à un automne des libertés publiques, et en particulier pour les journalistes et les médias.

    En mai dernier, une journaliste de France 24 et son caméraman avaient filmé en direct l’arrestation brutale de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani qui a depuis été condamnée en appel à huit mois de prison ferme. En vertu du décret-loi 54 de 2022 sur la « diffusion de fausses nouvelles », elle s’était rendue coupable – selon la justice tunisienne – de propos jugés critiques à l’égard du président. Comment ? Eh bien en ironisant sur la théorie du grand remplacement à la tunisienne alors que Kaïs Saïed avait fustigé des « hordes de migrants subsahariens » et un « complot » pour changer la démographie de la Tunisie. « Mais de quel pays extraordinaire parle-t-on », avait demandé l’avocate sur un plateau de télévision. Quelques jours après, elle était arrêtée.

    Une dégringolade de 48 places au classement mondial de RSF

    Reporters sans frontières a alors parlé d’« escalade répressive » à l’encontre des journalistes. Car en effet, les images où l’on voit l’équipe de France 24 bousculée par les services de sécurité ne sont rien à côté de la réalité que vivent les médias tunisiens. Alors qu’une vingtaine de journalistes et une quarantaine d’avocats et de figures politiques ont été poursuivis sur la base du décret 54, selon le syndicat des journalistes tunisiens, deux chroniqueurs de la radio IFM et de la chaîne Carthage+, Bohren Bsaïes et Mourad Zeguidi, ont été condamnés à un an de prison.

    Le motif est toujours le même : la diffusion de fausses nouvelles. Mais pour avoir refusé de livrer leurs sources sur une opération antiterroriste, comme l’ont fait Noureddine Boutar et Khalifa Guesmi, de Mosaïque FM, la peine peut aller jusqu’à cinq ans de prison. Sans compter les intimidations et les coups pendant les manifestations. Comme dit l’humoriste exilé Lofti Abdelli à France 24, « On est le seul peuple arabe qui peut dire : "on est en dictature" ».

    Dérive autoritaire

    Et de son côté, le président Saïed ignore la presse. C’est bien simple : il ne fait pas campagne, il se refuse absolument à répondre aux journalistes et il ne participe à aucun débat télévisé, à la différence de sa première candidature lors de l’élection de 2019. Dans le plus pur style populiste, le président rejette toute forme d’intermédiation avec des journalistes et entend parler directement au peuple sur les réseaux sociaux. C’est du reste sur ces réseaux que viennent, le plus souvent, la désinformation et les campagnes contre la presse.

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