Notre série estivale Menaces sur l'information nous emmène aujourd’hui en RDC. Le pays a connu une année électorale avec les élections générales du 20 décembre 2023. Une échéance qu’a ratée le journaliste congolais Stanis Bujakera. Il était en prison, accusé d'avoir fabriqué une note attribuée à l'Agence nationale des renseignements (ANR), utilisée dans un article de Jeune Afrique, dont il est l’un des correspondants à Kinshasa, mais qu’il n’avait pas signé. Condamné en mars dernier à six mois de prison, il est sorti le lendemain pour avoir déjà purgé sa peine. Depuis, il continue son combat pour « l’info certifiée ». Retour sur son histoire.
« Je poste ces vidéos pour alerter les autorités sur ce qui se passe dans cette prison, parce que les gens sont dans de très mauvaises conditions. Or, être prisonnier ne veut pas dire être puni à mort. Non, un prisonnier a des droits. » L’homme qui parle des conditions de vie à la prison de Makala, à Kinshasa, les connait bien, puisqu’il vient d’y passer près de six mois. Il s’agit du journaliste Stanis Bujakera, l’une des plumes de la presse congolaise, arrêté à l’aéroport de Kinshasa, le 8 septembre 2023, à trois mois de la présidentielle.
« À trois mois de la présidentielle ? Peut-être qu'on a juste voulu contrôler l'information. Donc, je pense qu'on reste mobilisés et attachés à défendre les fondamentaux. Nous ne sommes pas des journalistes qui soutiennent l'opposition où qui soutiennent le pouvoir et nous défendons l'exercice d'un journalisme indépendant », rappelle-t-il.
« Tout a été fabriqué »La machine judiciaire est alors lancée. Il est accusé de propagation de fausses rumeurs, suite à un article paru sur Jeune Afrique dont il est l’un des correspondants, mais qui ne porte pas sa signature. « Depuis le début de cette affaire, le procureur, le parquet et tous ceux qui étaient derrière ce dossier étaient dans ce que je vais qualifier, moi, d'une imagination. Tout a été fabriqué. Toutes les accusations ne reposaient sur rien, elles n'avaient aucun soubassement », dit-il.
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Autour de son cas, une forte mobilisation se met alors en place, notamment du côté des équipes de Reporters sans frontières (RSF), interrogées ici lors d’une des manifestations parisiennes pendant sa détention : « L'idée étant de dire aujourd'hui devant l'ambassade : nous continuerons à nous mobiliser pour la libération de ce journaliste », témoigne un membre de l'ONG. « Qu'ils sachent que nous sommes là, que nous ferons tout. Nous avons déjà fait beaucoup de choses. Nous donnons le maximum de soutien pour qu'il soit libéré, tout simplement », assure encore un autre, déterminé.
Même le président Félix Tshisekedi s'impliqueLes demandes de remises en liberté de Stanis Bujakera sont systématiquement refusées, et en février 2024, le président Tshisekedi s’exprime publiquement sur son cas : « Notre justice est malade. Je crois qu'il est victime un peu de ça et j'ai vraiment décidé d'y mettre mon nez. J'aurai le retour dès demain. »
Arrive le 18 mars 2024, Stanis Bujakera est finalement condamné à six mois de prison : une peine qu’il a déjà purgée, il est donc libéré. « Quel soulagement. Ça m'a manqué, depuis le 8 septembre 2023. Je suis juste très, très content. Très content de retrouver enfin ma femme, mes enfants, mes parents », se rassure le journaliste.
Depuis, il a bien repris la plume, mais surtout ses publications sur son compte X pour ses 627 000 abonnés.
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